V1919 - Topic Officiel - Année 1921

ROYAUME D'IRAK
Brève
Evènement

Bis in idem : comme en Syrie, le retrait des troupes ottomanes d'Irak, après deux mois de combats entre d'une part les rebelles irakiens chiites ayant répondu à l'appel du grand ayatollah Mirza Taqi al-Shirazi et d'autre part les soldats de la Sublime Porte a été rapidement suivi par la proclamation du Royaume d'Irak à la tête duquel le neveu de l'ayatollah a été placé, Mahdi al-Shirazi. Mais la comparaison entre les deux nouveaux pays arabes s'arrête ici. Si, à Damas, l'institution de l'Etat s'est fait dans une globale unanimité, à Bagdad, la situation est bien plus divisée. Déjà, lors du choix du régime, une importante minorité - environ un tiers - des dirigeants indépendantistes avait préféré la république à la monarchie.

Une division qui s'est aggravée, et révélée au grand jour, dès l'élection de la Chambre des Députés, qui n'a pas permis de dégager de majorité claire mais voit largement s'opposer deux visions contraires de l'Irak. Ainsi, Abd al-Hadi al-Shirazi, à la tête du parti islamique (panislamisme chiite), est arrivé en tête de l'élection avec 65 sièges sur les 141 à pourvoir, ratant de 6 sièges la majorité absolue, ce qui ne l'empêche pas d'être nommé Premier ministre. Il est suivi de près par Muhammad Hasan Abi al-Mahasin et son parti national panarabe (panarabisme, conservatisme) qui obtient 54 sièges. Les deux autres partis, à savoir le parti progressiste (démocratie parlementaire, nationalisme irakien, libéralisme, sécularisme) de Abdul Muhsin al-Sa'dun et le parti national irakien (nationalisme irakien, chiisme, conservatisme) de Mehdi Al-Khalissi n'obtiennent quant à eux que respectivement 11 et 9 sièges.

L'établissement de la constitution irakienne a été, là aussi, l'occasion de profondes divisions au sein de la Chambre des Députés, et cela plus particulièrement à l'occasion des dispositions relatives à la place de la religion dans l'Etat. Les deux visions se sont frontalement opposées. D'une part, le parti islamique prônait la reconnaissance de l'islam chiite comme seule et unique religion d'Etat, et l'absence de liberté de culte, permettant ainsi la discrimination des autres cultes à des degrés plus ou moins importants selon leur place dans l'islam. Face à cette vision, le parti panarabe a quant à lui prôné, comme la Syrie, un Etat totalement sécularisé sans religion officielle, avec une liberté de culte. Après un premier vote lors duquel aucune majorité ne put être trouvée, les députés du parti national irakien, favorables à un compromis mêlant chiisme d'Etat et liberté de culte, se sont finalement reportés sur la proposition du parti islamique, lui permettant d'imposer sa vision, en échange de places au sein du gouvernement.

Un autre point d'achoppement majeur fut la politique étrangère du nouveau royaume. Une majorité des députés s'est prononcé en faveur de l'ouverture de négociations avec la Syrie pour la création d'un grand royaume arabe uni, sous l'impulsion du parti panarabe. Cependant, le gouvernement a bloqué cette initiative, sa vision d'un nationalisme irakien mêlant arabité et chiisme étant contraire avec le projet panarabe laïc développé par Damas. Le Premier ministre Abd al-Hadi al-Shirazi a obtenu l'accord des députés pour revendiquer le Khouzistan iranien comme partie intégrante du royaume, et un émissaire irakien va être dépêché auprès de l'émir Mohammerah afin de l'inciter à la révolte contre Téhéran afin de rejoindre l'Irak.

Contrairement à la Syrie et son nationalisme ouvert à tous les Arabes, l'Irak prend quant à elle le chemin d'un nationalisme fermé, conditionné à la fois à l'arabité et au chiisme. Une conception novatrice de la nation irakienne, mais qui n'est pour l'instant qu'une théorie d'intellectuels vivement contestée par les panarabes irakiens, et pourrait rapidement sombrer dans les oubliettes de l'Histoire si le gouvernement, qui ne tient que par son alliance avec les nationalistes irakiens, venait à tomber.

Spleen

Cinq heures que Thomas cravachait en plein cagnard, et il lui en restait cinq de plus derrière. Rapatrié de Malte à Scapa Flow suite à un vote des camarades, il aurait du être renvoyé chez lui, à Belfast, puisque la lutte contre les sous-marins allemands ne nécessitait pas de fusiliers-marins. Il avait appris sur place que la ville était déjà tombée aux mains des hommes de Collins avec sa maison, ses biens, ses parents et ses vieux copains de l'école protestante dont beaucoup étaient devenus conseillistes dès 1917. Lui n'avait pu connaître l'effervescence de Belfast la rouge que par les récits epistolaires endiablés qu'ont avait pu lui faire, il était pendant ce temps là trop occupé à defendre l'Empire, il aurait peut être du défendre sa maison maintenant qu'il y pensait. Il n'y pensait pas à l'époque, c'était inimaginable.

Alors l'Armée rouge ne l'avait pas laissé tomber et lui avait trouver un appartement à Aberdeen, ensuite lui, l'homme de la ville, avait été mobilisé pour l'été afin d'accomplir les travaux agricoles dans une ferme de l'Aberdeenshire. Il fallait bien le faire sans quoi personne ne mangerait mais tout de même, il se disait qu'il aurait préféré la mine. En tant que membre important du conseil de marins de son unité ce n'était pas nécessaire mais il avait décidé de rejoindre le Parti travailliste par conviction. Le retour en Grande-Bretagne lui avait fait voir les effets concrets de la Révolution. Bien sur la misère était omniprésente mais l'Écosse était un des cœurs révolutionnaire et la grande ferveur qu'il y avait trouvé l'avait convaincu qu'il devait faire sa part.

Il finit avec grand peine sa journée de travail puis un garçon de ferme vint lui annoncer qu'il avait terminé. Il était 18 heure. Il rangea ses outils dans la remise, s'autorisa un brin de toilette puis il mangea. Au menu aujourd'hui : deux sardines en conserve, de la margarine, deux tranches de pain, un morceau de fromage et deux tasses d'un ersatz de café local à base de racines de roseau. Il s'alluma ensuite une vraie cigarette pour clore ce festin et pour se préparer à la suite de sa journée. Il allait en effet marcher les six kilomètres le séparant du village afin d'assister au conseil paysan local.

Comme beaucoup d'autres il adorait y aller, bien sûr c'était en partie parce que c'est à cette occasion que se faisait les distributions de biens de première nécessité, mais aussi parce que l'on pouvait parler librement de tas de choses. Cela allait des problèmes du quotidien à la politique internationale en passant par des anecdotes piquantes à propos de ceux qui se pavanaient autrefois et que l'on ne voit aujourd'hui plus, ceux que l'on nomme avec mépris les "émigrés". On y discute du couard Edward VIII qui a préféré les gros et les planqués plutôt que de partager les difficultés de son peuple, regardez les à présent, ils en sont à collaborer avec les frisés. Ce ne serait pas George V qui aurait fait ça, d'ailleurs c'est sans doute pour ça qu'il est parti, il serait en Angleterre à ce qu'on dit.

Thomas profita de l'assemblée du jour pour longuement parler de Belfast et du mal du pays. Ensuite il lit un poème parlant de son enfance en Irlande qu'il avait écrit quelques jours plus tôt. Il pleura un petit peu. Ces discussions c'était un vrai moyen d'extérioriser, Dieu sait que les britanniques en avaient besoin ces temps ci.

Russia

Ma très chère Marie,
Je profite de la reprise sans doute brève des services postaux internationaux pour te faire parvenir cette lettre, il me brûlait de te donner de mes nouvelles. Ici rien n'est plus comme avant, il m'a fallut adopter le train de vie quotidien du peuple car plus personne ne reçoit de traitement de faveur et, de toute façon, notre pays n'aurait plus les moyens de l'offrir. Je te rassure cependant, je suis heureux de ma vie et de mon destin. Comme tu le sais sans doute, chez nous la guerre n'est pas finit. Jai pu obtenir récemment mes gallons de lieutenant-commander et j'ai pris la tête du destroyer HMS Indomitable avec lequel je patrouille au large des inhospitalieres Féroé à la recherche de sous-marins allemands. Lorsque j'ai demandé pourquoi l'on appelait encore nos navires HMS, l'on m'a répondu que notre nouvelle majesté, c'était le peuple. L'ambiance est excellente dans la marine bien que la vie soit dure, il nous faut nous serrer les coudes face au péril mais nous croyons en la victoire. J'ai souhaité récemment reprendre contact avec George, notre ancien roi, l'on m'a dit qu'il était quelque part au Pays de Galles mais je n'ai pu obtenir d'adresse.

Ne t'en fais pas pour moi, notre Patrie est forte, notre peuple vaillant et je les accompagne.
Ton dévoué, Lieutenant-commander Louis Francis Albert Victor Nicholas von Battenberg.

Pour Philip Snowden, il est évidemment important de reprendre pied dans le plus de marchés possible. En tête on trouve bien sur les Scandinaves et les pays américains. Mais sans représentation diplomatique, il devient très difficile de faciliter les liens commerciaux. Tout devient très compliqué au moindre différent entre deux acteurs. C'est pour cette raison qu'on tente tout de même de convaincre les plus gros partenaires commerciaux, et particulièrement pour le moment les États-Unis, l'Italie et la Norvège, d'autoriser l'installation de bureau du commerce informels sur leur sol afin de permettre le traitements de certains dossiers. Cependant, la Russie, seul pays au monde à reconnaître le gouvernement londonien pour le moment semble pouvoir devenir le partenaire commercial privilégié de la Grande-Bretagne. Maintenant que les liens avec l'Europe continentale sont extrêmement difficiles, la Russie représente un marché de choix pour les biens manufacturés britanniques. A l'inverse, elle regorge des ressources naturelles et agricoles dont la Grande-Bretagne à tant besoin.

Ainsi, des premières tractations diplomatiques sont menées avec la Russie avec pour objectif de conclure à terme un accord commercial facilitant l'installation de bureaux du commerce dans les deux pays et permettant la mise en place de commissions d'arbitrage ainsi que la baisse des taxes douanières sur divers produits arrangeants les deux pays. La Grande-Bretagne s'engagerait aussi à apporter sans contrepartie une aide technique à la Russie, en particulier dans le domaine pétrochimique.

Afin d'éviter la Baltique allemande, la Grande-Bretagne reste traumatisée par le double blocus allemand, Londres souhaiterait discuter de la faisabilité de la mise en service d'une ligne express entre Mourmansk et Glasgow, la même ligne qui servit dans le passé à ravitailler la Russie dans les moments les plus critiques de l'offensive finale allemande.

Août 1921, Beauce :


" Allez les gars, encore un peu ! " laisse échapper Adolphe en grinçant des dents.

Dans un champ de blé de la Beauce, un étrange attelage se dessine sur le soleil couchant. Une quinzaine d'hommes tirent une charrette pleine à craquer de boisseaux de blés fraîchement coupés. Ils ont passé la journée à les faucher à la main, puis à les charger, sous un soleil de plomb. La lourde charrette de bois gémit à chaque bosse dans le chemin fracassé par la boue séchée, et la cargaison vacille dangereusement par moments.

Les hommes sont devenues des bêtes cette année. A l'image de ces scènes de l'Empire russe où des convois de forcenés tirent des péniches entières sur la Volga, dans la Beauce on tire des charrettes. Ils sont tous habillés de vêtements déchirés par l'effort, et tirent sur une corde en chanvre qui leur arrache la peau des mains, malgré les gants de fortune en tissu que beaucoup portent.

La roue bloque dans un nid de poule et la moitié des hommes s'effondrent au sol en ressentant l'arrêt brutal. On se relève, on se tend la main : ici pas de rivalités. L'effort nourrit une camaraderie similaire à celle des tranchées, et la compagnie de paysans beaucerons partage quelques rasades d'eau tiède avant de pousser à grands cris la charrette hors de son piège, et de reprendre la route.

Allez les gars, encore un peu.

New Objectivity

Une grande exposition s'est tenue en cette fin août 1921 à Cardiff. Ce genre d'événement à son importance en sois puisque les représentations artistiques se font très rares ces temps-ci. A Cardiff, c'est le soutien décisif du syndicat local des mineurs qui a permit de le financer. Si les événements artistiques se font très rares, la production d'art en Grande-Bretagne est au contraire très importante ces temps-ci, portée par la Révolution et par une forme de renouveau artistique libérateur. Cette exposition a l'autre particularité de mettre en avant une avant-garde audacieuse portée par de jeunes artistes venant principalement d'Écosse, du Pays de Galles et d'Irlande du Nord. Ce style inédit que ses admirateurs parmit les observateurs du monde de la peinture appellent New Objectivity tente de trouver beauté et dignité dans les affres de la vie quotidienne en utilisant les avancées techniques démocratisées par l'impressionnisme et l'expressionnisme.

Un tableau particulier fait grande impression. Il montre deux soldats : un poilu et un tommy reconnaissables à leur uniforme. Leurs visages sont rendus difformes par ce qu'on devine être des blessures de guerre. Assis côte à côte, ils partagent une cigarette en pleurant. Comme pour la majorité des œuvres exposées, il s'agit du travail d'un peintre jusqu'ici anonyme, Owain Gragh, mineur de fond résidant à Swansea et ancien combattant du front de la Somme, la joue droite arrachée le 17 octobre 1918 par un éclat de schrapnel allemand.

Si l'exposition fait grand bruit dans les milieux artistiques et attire les éloges de la critique, elle a la spécificité de faire se déplacer un grand nombre de gens n'ayant jamais participé à une exposition de peinture, attirés par la réclame du syndicat ou simplement heureux de participer à une représentation artistique.

Royaume de Pologne - Królestwo Polskie

Août 1921 :

       Le royaume de Pologne, alors que commence le mois d'août 1921, entre dans une période de conflits et de presque-révolution. Le mois dernier, l'arrestation d'un ouvrier innocent et le meurtre d'un curé par les autorités polonaises lors de la répression d'une manifestation de soutien à Karl Gostmoski devant le centre pénitencier de Varsovie, ont mis le feu aux poudres révolutionnaires d'une Pologne qui subit depuis un an une quasi-dictature qui empêche l'expression de toute forme d'idée associée ou même proche du socialisme et surtout, de l'anglosocialisme, du communisme. Le 4 août, après avoir contenu l'information depuis le 27 juillet, l'ensemble des journaux, malgré la menace gouvernementale qui pèse sur leurs publications et leur existence même, publient ce qui s'est passé devant le centre pénitencier. Beaucoup reprennent le titre du journal clandestin et ce malgré sa faible diffusion, et des dizaines de milliers de journaux pullulent désormais dans toute la Pologne, avec écrit en gros : "L'ANGLOSOCIALISME N'A PAS PÉNÉTRÉ LA POLOGNE, LE CHRIST SOCIALISME Y ARRIVERA-T-IL : ARRESTATION D'UN OUVRIER À VARSOVIE ET MEURTRE PAR LA PSP D'UN HOMME DE DIEU !" La situation échappe désormais aux mains du Roi qui, conscient des évènements à venir, décide, dès le 6 août, de s'enfermer dans sa maison de campagne, loin des villes. Il laisse alors un gouvernement désoeuvré, paniqué, aux commandes d'un pays au bord de l'insurrection. Une chose est certaine : en Pologne, il peut bien y avoir des milliers de socialistes emprisonnés et assassinés, mais il est inconcevable que cette violence s'exerce à l'égard d'un clerc, d'un homme du Seigneur. 

       Il n'aura fallu que peu de temps après les premiers articles pour que des manifestations s'organisent dans l'ensemble des villes du pays. Le 8 août, une émeute éclate à Varsovie, où la police et la PSP sont repoussés, mutilés, voire pour certains tués. Dans les rues, l'on voit sortir des églises des foules de robes noirs de clercs, qui, bien que prétendant apaiser les esprits, convoquent ce qui s'apparente à des sortes d'assemblées générales, où ils insistent sur la nécessité de combattre la dictature anti-catholique d'un Roi qui n'a aucune foi catholique véritable, et qui n'est devenu catholique qu'après un concours de circonstance, et à cause des Allemands, qui ont décidé, à la place des Polonais, de qui se devait de les gouverner. Les curés insistent aussi, par ailleurs, sur la libération immédiate des prisonniers socialistes, qui sont de meilleurs enfants du Seigneur que ne l'est le Roi Ernst Ier, surnommé désormais "le Roi Impie" ou l'Impie. Le 12 août, les forces de police et l'armée, qui se sont pour la plupart désolidarisés du meurtre d'un clerc - des rumeurs raconte même, dans les bars et cafés, que le militaire responsable du meurtre de cet homme d'Église aurait été tué chez lui par ses propres camarades, mais la rumeur n'est évidemment pas fondée et en réalité, ce militaire a été certes démis de ses fonctions, mais s'est enfui vers l'Allemagne, conscient du courroux qui allait s'abattre sur lui si quiconque apprenait qu'il s'agissait de lui comme meurtrier - laissent les militants, les manifestants, guidés par une petite troupe de clercs, entrer dans les prisons où sont retenus les socialistes pour les sortir de leurs geôles. 

       Le Premier ministre a une quasi-révolution à gérer et lui qui pensait pouvoir compter sur son bras droit dans la répression, Wicentys Witos, il s'est bien trompé car celui-ci a annoncé ne plus obéir à tout ordre qui émane de Ernst l'Impie, car il ne tolère pas le meurtre d'hommes de Dieu. Ainsi, Wicenty Witos a remis sa démission au Premier ministre, et s'en est suivi, jusqu'au 20 août, des journées de mobilisations. Des grèves ont éclatés dans les usines, initiées par les curés et les militants socialistes, qui appellent, conjointement, à la fin du règne de Ernst Ier et à l'organisation d'élections, ainsi que le retour de l'autorisation pour les journaux, partis et organisations socialistes et communistes d'exister. Pendant ce temps, un parti politique, présidé par Karl Gostmoski, a vu le jour le 15 août 1921. Ce parti, nommé le "Parti du Socialisme Catholique" (PSC) entend concilier le respect envers le Seigneur, et les volontés du socialisme d'abolir la société capitaliste et bourgeoise, et de redonner aux prolétaires le droit sur leurs usines, leur force de travail, et surtout le pouvoir de gouverner eux-mêmes. Le parti est co-présidé par un clerc catholique, connu des cercles socialistes, Père Kamil Kasak. C'est ce parti, qui a été fondé après l'interdiction des autres partis socialistes, qui coordonne et organise la mobilisation. 

       Avant d'accepter les demandes de la population, qui paralyse le pays à travers les grèves, les manifestations et certaines attaques à l'égard de commissariats, de préfectures mais aussi à l'égard des hôtels de villes, le Premier Ministre a préféré consulté le Roi, qui, depuis des semaines, ne semble plus dormir, tout comme sa femme. Lorsque Ostrowki pénètre la chambre du Roi, c'est donc un homme affaibli, fatigué, au visage maigri et aux yeux noircis par le manque de sommeil, qu'il retrouve, affalé dans son fauteuil, enchaînant les cigarettes, un whisky sur le bord de sa table. Le Premier Ministre, constatant que le Roi est dans un état presque végétatif, a ainsi décidé, seul, de rejoindre Berlin, pour s'entretenir avec le Kaiser et le ministre des affaires étrangères sur ce qu'il doit faire, et pour éventuellement, demander à ce que Ernst Ier soit éloigné du trône, et que des élections soient organisés, en autorisant un unique parti socialiste, le PSC. En attendant la réponse de l'Allemagne, la Pologne, qui était pourtant le fer de lance de la lutte contre le socialisme dans la Mitteleuropa, se retrouve au final complètement ravagée par le socialisme, faute d'avoir su doser la répression. Toutes les réformes entamées par le gouvernement d'Ostrowki n'ont pas abouti, et celui-ci reste persuadé que son temps est venu à lui aussi, tout comme celui de Sa Majesté. Dans une lettre au Pape, Ostrowki, bon catholique, a tenu à demander à Sa Sainteté : 

       

       Votre Sainteté, ai-je bien agi ? Ces socialistes, ces anglosocialistes, cette peste rouge a ravagé l'esprit de la population, et même de vos clercs, et la colère populaire s'abat sur moi, sur mon Roi, sur mon gouvernement. Le Seigneur me pardonnera-t-il ? Me pardonnerez-vous pour avoir tué un homme de Dieu ? Le pardon du peuple, peu m'importe : c'est le vôtre, et celui du Seigneur, que je quémande, que je souhaite avoir, quitte à mourir dès que je saurais que j'ai été pardonné. Le Seigneur approuve-t-il cette lutte ? Votre Sainteté, guidez-moi, rassurez-moi, dans ce que je dois faire.

Karl Gostmoski, président du PSC :

NORVÈGE
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Evènement

Le  gouvernement norvégien autorise les autorités britanniques a installer des bureaux du commerce à Oslo et Narvik afin de faciliter les échanges commerciaux entre les deux pays.

ÉTATS-UNIS
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Evènement

En Amérique, cette question d'installation de bureaux du commerce par la Grande-Bretagne révolutionnaire est beaucoup plus épineuse. Il est finalement accordé l'installation de deux d'entre eux à Philadelphie et Chicago.

Cependant, par suspicion, ceux-ci seront fortement surveillés par le FBI afin de s'assurer qu'aucune tentative de subversion politique n'est menée depuis ces installations.

COMMONWEALTH
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Evènement

Suite à l'annonce du Canada de ne plus entretenir la Home Fleet, Canberra, avec Wellington, propose un financement des flottes du gouvernement en exil. L'Australie et la Nouvelle-Zélande prendraient en charge le financement de la flotte de Singapour, alors que le reste de l'empire financeraient conjointement la Home Fleet. Les colonies africaines se disent d'accord pour participer avec le Canada à l'entretien de la Home Fleet, seuls les gouvernements indiens refusent d'en entendre parler pour le moment

SUÈDE
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Evènement

Coup de tonnerre en Suède. Le parti social-démocrate de Hjalmar Branting, premier parti du pays depuis 1914 et grand favoris du scrutin a été défait par la coalition conservatrice dirigée par l'industriel Arvid Lindman. C'est ainsi ce dernier qui a été appelé par le monarque suédois pour former un gouvernement.

Les nouvelles de la révolution britannique semblent avoir joué un rôle décisif dans ce résultat. La peur de la contagion révolutionnaire qui frappe tout le continent a poussé à une mobilisation électorale exceptionnelle de la classe moyenne pour faire face à une classe ouvrière bien décidée à se déplacer massivement pour les sociaux-démocrates. La crainte des partageux provoque donc un séisme politique qui sort la Suède de son train-train quotidien.

NORVÈGE
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Evènement

En Norvège aussi le résultat des élections générales est une surprise. L'historique parti libéral du Venstre qui dominait la vie politique de la monarchie scandinave depuis de nombreuse années est balayé. Le parti conservateur d'Otto Bahr Halvorsen n'arrive quant à lui pas à atteindre son objectif de victoire malgré l'alliance avec le centre-droit.

C'est l'inattendu parti travailliste qui tire les marrons du feu de l'effondrement du Venstre en gagnant de belle manière ces élections, porté par une campagne électorale exemplaire et par la mobilisation de son électorat sans doute échaudé par la révolution britannique - certain de ses opposants les plus farouche voyant même dans ce résultat l'intervention directe de la main de Londres.

L'utilisation pour la première fois de la proportionnelle force toutefois nos travaillistes à former une coalition parlementaire avec le vénérable Venstre qui veillera au grain.

The Lansbury Telegram

A son excellence Sun Yat-Sen,
J'ai personnellement eu l'occasion de lire avec attention votre Petit livre bleu afin de m'enquérir avec sérieux des principes politiques qui sont les vôtres et ceux de votre parti et gouvernement en dehors de la propagande et de la haine sinophobe qui peut, comme vous le savez mieux que moi, se déployer pernicieusement en Europe. J'y ai retrouvé beaucoup de choses qui nous inspirent dans le combat que nous menons depuis les îles britanniques, la lutte pour notre souveraineté, la lutte pour la préservation de notre démocratie et pour la construction du socialisme, la lutte contre l'impérialisme hégémonique, ce sont les nôtres et, comme vous, nous en payons chaque jour le prix. Nous subissons dans nos chaires le prix que souhaitent nous faire payer nos anciens maîtres pour notre liberté. Ayant ses simples faits en tête, je ne peux, pour ma part, que prier pour qu'au fond de votre cœur vous nous considériez comme des camarades car vous en êtes au fond des nôtres.

Je n'ose demander à votre gouvernement la reconnaissance de la souveraineté du notre sur la Grande-Bretagne car je connais les principes de la realpolitik et la nécessité pour accomplir le travail qui est le votre de préserver vos relations avec Berlin. C'est évidemment quel que chose que je respecte. J'imagine cependant que, comme beaucoup d'autres empêchés de l'annoncer publiquement par les rudesses de la diplomatie moderne, vous savez pertinemment où siège le gouvernement britannique légitime. Soyez en tout cas assuré que lorsque viendra l'heure de nouer des relations diplomatiques officielles, vous obtiendrez de notre part la reconnaissance symbolique de votre souveraineté pleine et entière sur le territoire de Hong-Kong.

En attendant, nous souhaiterions obtenir de votre part l'accueil d'un de nos camarades sur votre sol où il agirait en tant que diplomate officieux chargé de maintenir un lien minimal avec le gouvernement chinois. Deuxièmement, nous souhaiterions travailler au rétablissement de liens commerciaux d'importance avec la Chine, sur un pied d'égalité entre nos deux Nations cette fois-ci, incluant donc la mise en place de bureaux du commerce britanniques en Chine et inversement, encore une fois de façon absolument officieuse.

Mes salutations les plus fraternelles,
George Lansbury, Premier ministre du gouvernement provisoire du Royaume-Uni de Grande Bretagne et d'Irlande du Nord.

État espagnol

Août 1921 : la diplomatie espagnole s'active

Après les troubles du printemps, l’Espagne traverse un été placé sous le signe de la reprise en main. Du Pays Basque à l’Andalousie en passant par la Castille et la Catalogne, le gouvernement central réaffirme avec force son autorité afin de tourner la page des « évènements » de mars-avril et ainsi  briser dans l’œuf toute nouvelle tentative de sédition. La reprise en main est particulièrement sévère à Barcelone, où le gouverneur militaire Severiano Martínez Anido continue de faire régner la terreur grâce aux pleins pouvoirs qu’il détient dans le cadre de l’état de guerre qui n’a pas encore été levé en Catalogne.

Au total, plus de 4 000 personnes, essentiellement des militants de la CNT et de l’UGT mais aussi de simples grévistes, ont été emprisonnés suite aux grèves. Une cinquantaine ont d’ores et déjà été passés par les armes pour sédition, sans compter les exécutions sommaires hors de tout cadre judiciaire qui ont eu lieu à Barcelone. D’autres encore ont été condamnés à la prison à perpétuité ou aux travaux forcés. Mais beaucoup de détenus ne sont pas encore passés devant les tribunaux militaires et continuent de croupir sans jugement dans les sordides prisons espagnoles. De grands procès spectacle seront néanmoins organisés à l’automne afin de juger les principaux meneurs, dont les deux grandes figures du PSOE Pablo Iglesias et Francisco Largo Caballero, actuellement emprisonnés au pénitencier de Carthagène.

Francisco Largo Caballero

En bref, c’est une véritable chape de plomb qui s’abat à nouveau sur l’Espagne. Pour la junte militaire, le prix à payer pour maintenir l’ordre et la stabilité dans le pays est lourd, d’autant plus que les perspectives économiques sont bien sombres : il ne sera pas possible dans l’immédiat d’« acheter » la population en lui garantissant une amélioration de ses conditions de vie. Heureusement le gouvernement de José Millán-Astray  peut compter sur le soutien d’une bonne partie des élites (à l’exception de la bourgeoisie catalane, qui se satisfait certes du retour à la stabilité mais reste très méfiante vis-à-vis de Madrid suite à l’épisode de la République barcelonaise et ses suites) ainsi que sur celui de l’Église catholique, très influente dans les campagnes (qui sont par ailleurs restées calmes durant les troubles du printemps) mais aussi auprès d’une partie de la classe ouvrière.

Pour José Millán-Astray la situation reste donc précaire, même si tout n’est pas catastrophique et que son pouvoir ne semble plus menacé dans l’immédiat. Le pire est sans doute passé. Mais avec un contexte international aussi tendu, la stabilisation intérieure de l’Espagne passe nécessairement par une sortie du relatif isolement diplomatique dans lequel se trouve le pays depuis la fin de la guerre, ne serait-ce que pour des raisons strictement économiques. L’Espagne ayant presque totalement rompu ses relations commerciales avec Londres depuis plusieurs mois, le pays va tôt ou tard se retrouver obligé de renforcer ses échanges avec d’autres partenaires afin de sécuriser ses approvisionnements (notamment en charbon ou encore en produits manufacturés). Plus largement se pose la question de la la réorganisation de l’espace méditerranéen, devenue inéluctable au vu de l’effondrement de l’Empire britannique. Pour José Millán-Astray il est hors de question de se faire totalement damer le pion et de laisser passer l’opportunité que représente l’affaiblissement de la puissance anglaise : l’Espagne a des intérêts bien compris au Maroc et à Gibraltar et le moment semble propice pour avancer sur ces sujets.

C’est ainsi que le président du Directoire militaire de gouvernement a pris la plume pour rédiger trois missives, adressées aux chefs de gouvernement des principales puissance d’Europe occidentale (France, Allemagne, Italie).

Dans sa lettre rédigée à l’intention d’Alexandre Millerand, José Millán-Astray exprime clairement sa volonté de tourner la page de la Grande Guerre, qui a vu les armées françaises et espagnoles s’affronter bêtement dans un conflit stupide. Face à la menace anglosocialiste, il serait criminel que Paris et Madrid ne fasse pas front commun, d’autant plus que nos deux pays sont tous deux affaiblis ont du faire face à d’importants troubles civils liés aux évènements britanniques. Dans ce cadre, le chef du gouvernement espagnol propose à son homologue français un réchauffement des relations diplomatiques qui passerait dans un premier temps par la mise en place d’une véritable coopération policière (accords d’extradition, collaboration entre les forces de sécurité…) afin de lutter efficacement contre la menace rouge, et plus globalement contre tout groupement susceptible de menacer l’ordre intérieur de l’un des deux pays. L’autre axe d’amélioration des relations franco-espagnoles pourrait être économique, avec l’ouverture de négociations commerciales, une intensification du trafic maritime et, surtout, une réouverture partielle de la frontière pyrénéenne.

Dans sa missive envoyée à Berlin, José Millán-Astray assure le chancelier Ebert, et à travers lui le Kaiser, de ses bonnes dispositions envers le Reich et se dit prêt à coopérer sans réserve à toute initiative allemande visant à lutter contre l’anglosocialisme. Dans cette veine, le maître de l’Espagne multiplie les appels du pied envers la première puissance d’Europe (proposition d’adhésion au Pacte de Varsovie, d’ouverture de négociations commerciales afin de renforcer l’intégration de la péninsule ibérique dans la EE…). Le sous-entendu est clair : il est dans l’intérêt de Berlin de soutenir l’Espagne (notamment au point de vue économique mais aussi au niveau géostratégique) afin que celle-ci ne se transforme pas en une nouvelle zone d’instabilité aux marges de la Mitteleuropa. En définitive, une visite du ministre des Affaires étrangères dans la capitale du Reich est mise sur la table. Celle-ci pourrait être l’occasion de fructueuses discussions. En outre une telle visite représenterait une opportunité pour reprendre officiellement le contact avec la famille royale espagnole, en exil à Berlin depuis plusieurs années maintenant…

Enfin, le président du Directoire militaire espagnol rédige une longue lettre à l’attention du Président du Conseil des ministres du royaume d’Italie : Mr Paolo Boselli. Là encore, il s’agit de renouer un dialogue fructueux avec le chef d’un pays devenu incontournable au vu de la nouvelle donne géopolitique européenne. En ce qui concerne la situation en Méditerranée, le chef de la junte espagnol propose à son homologue italien de coordonner leurs actions afin de garantir l’ordre et la stabilité dans la région et de pallier les conséquences négatives de l’effondrement de l’Empire britannique. Il serait en effet intolérable que Gibraltar et Malte tombent aux mains des anglosocialistes… Dans un autre registre, José Millán-Astray insiste sur les dangers communs auxquelles doivent faire face l’Italie et l’Espagne au plan intérieur, et notamment sur la menace rouge. Là aussi un renforcement de la coopération policière est donc mis sur la table. Pour conclure sa missive, le général espagnol aborde les enjeux économiques et se dit prêt à faire tout ce qui est en son pouvoir pour renforcer les échanges entre les deux péninsules, toutes deux frappées par la crise économique et le déclin du négoce britannique. Pour ce faire des négociations commerciales pourraient s’ouvrir dans les plus brefs délais. Pour discuter de toutes ces questions, un émissaire espagnol se tient prêt à partir pour Rome, où il pourra s’entretenir plus en avant avec Mr Boselli et présenter les hommages de José Millán-Astray au roi Victor-Emmanuel III.

SUÈDE
Brève
Evènement

La victoire des conservateurs aux récentes élections suédoises a ébranlé la toute puissance du parti social-démocrate suédois que certains soupçonnent de sympathies pour la révolution anglosocialiste. Pour la base sociale de la Ligue électorale, industriels et membres de la classe moyenne, la confiance de la classe ouvrière suédoise en elle même et en ses organisations est désormais vécu comme un véritable défi mortel au maintient de l'ordre établit dans le royaume scandinave.

Le mandat du nouveau premier ministre Arvid Lindman débute ainsi par la prise de mesures musclées contre les chevilles ouvrières de la puissance du parti social-démocrate : les syndicats et les organisations de masse. N'hésitant pour cela pas à remettre en question le droit de libre association, les libertés syndical ou la liberté d'expression, Lindman souhaite au plus tôt mettre à terre le géant rouge afin d'assurer l'avenir de la Suède.

ÉTATS-UNIS
Brève
Evènement

Le climat social aux États-Unis est particulièrement précaire depuis la fin de la guerre et l'explosions de troubles ouvriers à travers le pays. Ceux-ci ne semblent pas vouloir se calmer alors que le pays continue de s'enfoncer dans la crise économique en lien avec le climat moribond de l'économie mondiale. C'est une nouvelle explosion qui a secoué le pays après le lancement d'une grève très suivie par les United Mine Workers dans les Appalaches. Le cœur du conflit social se déporta en Virginie occidentale où association de patrons et autorités étatiques se mirent en commun pour écraser la révolte avec le talon de la répression.

Cela ne plaît pas aux grévistes et à leur très puissant syndicat qui décide de ne pas se laisser faire et d'affronter les compagnie de sécurité privées de briseurs de guerre et la police locale avec des armes si il le faut. Ceux-ci obtinrent des succès remarquables dans cette stratégie, provoquant un vent de panique chez les exploitants miniers et chez le gouvernement de Virginie occidentale qui en appela au pouvoir fédéral sans demander son reste. La Maison Blanche prit la décision de faire intervenir l'Army qui s'occupa sans perte de discipline de déloger les mineurs à l'aide d'avions bombardiers et de mitrailleuses lourdes. Le bilan est terrible avec une centaine de mort du côté des syndicalistes. C'est un coup très dur porté au mouvement syndical américain qui n'abandonne cependant pas le combat.

AFRIQUE DU SUD
Brève
Evènement

Le Dominion sud africain n'est pas exempt de difficultés sociales non plus. La fin de la guerre a provoqué une chute brutale du cours de l'or, en grande partie à cause de la vente d'immenses réserves d'or par divers acteurs, en premier lieu les États, pour rembourser les dettes aux proportions inédites contractées pendant la guerre. Ces évènements se sont répercutés sur la filière aurifère par des suppressions de postes importantes et brutales. Ces décisions ont provoqué une réponse massive et surprenante des syndicats mais aussi des partis politiques de gauche, en premier lieu le parti travailliste sud africain.

La grève est massive et fait tâche d'huile au delà des mines d'or vers l'ensemble des filières d'extraction minières du pays, provoquant en réponse une mouvement d'unité chez les exploitants. Le gouvernement libéral, fidèle à sa philosophie, refuse d'intervenir dans un conflit qui ne le concerne pas.

Communiqué à l'Allemagne et l'Autriche :

La France invite officiellement une délégation allemande et une délégation autrichienne à se rendre à Lyon afin d'être reçus dans l'objectif de la signature d'un moratoire sur les remboursements des indemnités de guerre française.

Communiqué aux Etats-Unis :

Au vu des graves difficultés financières qui frappent la France et de la détresse économique de son peuple, le gouvernement français requiert un moratoire de 3 ans sur les paiements de la dette de guerre française à l'encontre des Etats-Unis.

Communiqué à l'Espagne :

Alexandre Millerand, Président du Conseil des Ministres & Ministre des Affaires Etrangères

La France et l'Espagne ont traversé la guerre, et si l'épreuve fut dure, tout comme la déroute espagnole, il s'agit là d'un passé proche mais qui appartient à un autre monde. L'Europe d'aujourd'hui, qui se construit sous la houlette de l'Empire allemand, que cela plaise ou non à Paris comme à Madrid, traverse d'autres crises non moins mortelles.

La France, en conséquent, apporte son accord à :

- la mise en place de traités d'extraditions de personnes jugées et condamnées à des crimes de haut-vol, comme la trahison, la sédition, la rébellion, la participation à une organisation révolutionnaire ou le financement de telles activités. En accord avec ces traités, les criminels espagnols seront renvoyés en Espagne pour y être punis, et les criminels français en Espagne seront rapatriés en France avec le concours de l'Espagne pour y être punis.

- la réouverture au 1er octobre 1921 de la frontière franco-espagnole entre Andorre et la Méditerranée.

- la fin de la mise en place du régime d'exception, en vigueur depuis 1920, visant à une inspection accrue des navires de la marine marchande espagnole lors de leur arrivée à quai.

Il ne fait aucun doute que malgré l'animosité passée entre la France et l'Espagne, la situation présente comme l'avenir demandent une coopération franco-espagnole accrue.

Third Internationale

L'ensemble des partis membres du Popular front - Travaillistes, Socialistes, Nationaux-socialistes et agrariens - ont tenu une large conférence de plusieurs jours à Londres portant le titre « the consequences of the Great War for the worker’s movement ». Un travail attentif fut mené afin de faire de l'évènement quel que chose de très médiatisée. On pu y parler de théorie et de pratique politique, de l'état du monde. Mais le sujet principalement discuté fut l'état de désorganisation historique du mouvement ouvrier international dans un contexte où, pourtant, les révoltes ouvrières portant des objectifs politiques étaient à des niveaux absolument inédits. Si ce paradoxe se résous dans la théorie anglosocialiste par l'état d'effritement de la bourgeoisie internationale, ouvrant un certain nombre de vides politiques que les ouvriers même désorganisés tentent de combler.

Rapidement, c'est un membre du Labour qui vendit la mèche en annonçant que la grande faiblesse du mouvement ouvrier qui expliquait notamment ses multiples défaites malgré sa détermination depuis 1917 s'expliquait par la trahison historique du Parti social-démocrate allemand qui s'était aplati devant la bourgeoisie et l'aristocratie au premier claquement de doigts malgré sa puissance impressionnante. Il devenait donc nécessaire d'organiser la construction d'une nouvelle Internationale afin de regrouper toutes les forces croyant dans la lutte des classes et la construction du socialisme et de définitivement mettre en déroute les adversaires de la classe ouvrière internationale dans les années à venir.

L'ensemble des organisations reliées au mouvement socialiste ou ouvrier sont ainsi invitées à se joindre au premier congrès de l'Internationale ouvrière et socialiste - ou Troisième Internationale - qui se tiendra à l'été prochain à Londres si les conditions le permettent.