V1919 - Topic Officiel - Année 1922

AFRIQUE DU SUD
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Après plusieurs mois de combats acharnés, les troupes sud-africaines appuyées par le bienvenue matériel lourd canadien et australien est parvenue à rétablir l'ordre sur l'essentiel de la région du Rand. On compte quasiment un millier de mort et cinq fois plus de blessés chez les insurgés et les civils et à peu près cinq fois moins de pertes chez les militaires et la police loyaliste. L'état d'urgence est pour le moment maintenu et l'armée continue de montrer sa présence au quotidien dans les anciens bastions grévistes.

Pour la classe ouvrière sud-africaine, le choc est dur. Les mineurs retournent au travail la tête basse et leurs patrons se gargarisent d'avoir pu imposer les baisses de salaires et les suppression d'emplois prévus à l'origine aux frais de l'armée et des Dominions alliés.

AUSTRALIE
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En Australie, la décision du leadership travailliste de faire parvenir des armes aux troupes sud-africaines engagées dans des opérations de repression du mouvement ouvrier d'Afrique du Sud ont créé un véritable malaise au sein du parti et en particulier des militants de la base.

C'est finalement l'appel des travaillistes britanniques à désavouer le parti qui mit le feu aux poudres. Une scission menée par une minorité bruyante se met rapidement en place. Portée par le bruyant et charismatique John Thomas Lang, surnommé Jack Lang, cette scission aboutit à la formation de l'Independant Labor Party qui défend une ligne plus radicale que celle du gouvernement. Si quelques députés et membres d'administrations locales suivent, les cadres et les élus du Labor rechignent à rejoindre l'ILP qui attire principalement des membres de la base militante. Rapidement, ils sont rejoins par les forces socialistes australiennes jusque là dispersées.

EMPIRE D'AUTRICHE
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La guerre civile austro-hongroise, initiée en février 1921, dure depuis maintenant dix mois. Les désaccords entre Transleithanie et Cisleithanie, initialement confinés aux parlements, se sont transformés en conflits armés.

Si l'Empereur et son gouvernement de Vienne ont pu compter sur les tchécoslovaques et les croates, la situation est en train de changer à Prague. En Tchécoslovaquie les succès de la Légion Tchécoslovaque en Slovaquie mènent à un grand mouvement nationaliste tchécoslovaque à Prague qui demande l'autonomisation immédiate de la Tchécoslovaquie comme entité politique au sein de l'Empire, bien que l'indépendance ne soit pas demandée.

De l'autre côté de l'Empire, l'offensive roumaine pour libérer Cluj et les hommes qui y sont encerclés par l'armée hongroise est un vif succès, et l'armée roumaine revient en force avec plus de 70 000 soldats pour sécuriser les gains territoriaux qu'elle avait perdu. La propagande de guerre roumaine tourne à plein régime.

La Croatie-Slavonie, galvanisée par la promesse du Banat comme la défense de Zagreb, un devoir sacré pour les autorités locales, reste contrairement aux tchécoslovaques entièrement fidèle à l'Empereur. Grâce à un sursaut héroïque des armées croates et impériales autrichiennes, l'armée hongroise se voit Zagreb interdit et est repoussée. La Bataille de Zagreb de décembre 1921 clôt l'année sur une victoire croato-autrichienne, que beaucoup attribuent à un miracle de Noël. La capitale croate est saine et sauve.

La capitale hongroise, Budapest, reste la pomme de la discorde pour les affrontements entre hongrois, c'est-à-dire ceux qui voient s'opposer la République de Hongrie et la République des Conseils de Hongrie, de tendance socialiste. Cette dernière avait pour objectif de sécuriser la région autour de Budapest, mais le froid mordant et des soucis logistiques ont empêché l'opération d'être un succès. Ainsi si Budapest en elle même est fermement sous drapeau rouge, de nombreux districts à proximité immédiate sont sous le contrôle de la République de Hongrie.

L'armée impériale autrichienne quant à elle se ressaisit et participe à la ruée vers Budapest. Les forces de l'Empereur parviennent à saisir Györ, dernière grande ville avant Budapest qui se trouve une centaine de kilomètres plus à l'ouest. Le succès de l'offensive sur Györ donne espoir aux autrichiens de pouvoir arriver à Budapest et pacifier la région, et ainsi peut-être mettre fin aux affrontements.

En Autriche, le déroulement de la guerre et ce qui semble être un rejet définitif de la coopération avec la noblesse hongroise de la part du gouvernement, donne naissance à un mouvement réactionnaire pro-germanique et raciste, le Mouvement pour la Préservation de l'Empire ( Bewegung für die Erhaltung des Kaiserreichs) ou BEK. Largement dominant dans le milieu militaire autrichien et dans les universités, il cherche à écraser la nation hongroise pour de bon et préserver l'Empire. Le BEK n'est pas apprécié des minorités non-germaniques de l'Empire.

Carte du conflit:

En date du 1er janvier 1922, la guerre civile est loin d'être terminée. La défense héroïque de Zagreb a donné des ailes aux croates, tandis que la prise de Györ et l'opération de secours de Cluj ont donné espoir respectivement aux autrichiens et aux roumains. Les hongrois quant à eux sont dans une situation compliquée. La République de Hongrie commence à sérieusement manquer de moyens, et il en est de même pour la République des Conseils de Hongrie qui ne parvient toujours pas à sécuriser militairement l'entièreté du coeur du pays. Plus au nord en Slovaquie, les succès de la Légion Tchécoslovaque épargnent à la région les affres les plus terribles de la guerre.

The merchant navy

La nationalisation de la flotte commerciale britannique a permit d'optimiser les coûts en maximisant l'usage de chaque navire, permettant de ranger un grand nombre de navires en réserve, inactifs. On espère bien pouvoir réactiver tous ces bateaux et même en construire de nouveaux au plus vite mais pour le moment, tant que le commerce maritime britannique reste exsangue, c'est inenvisageable. Il est aujourd'hui estimé par le Board of Trade que la Grande-Bretagne à perdu environ 60% des ses échanges commerciaux avec l'extérieur en comparaison avec 1913. C'est un véritable désastre quant on prend en compte la grande dépendance de l'île aux échanges océaniques. La réduction à peau de chagrin du commerce avec les anciennes colonies et l'Europe occidentale est évidemment responsable, le temps que de nouveaux débouchés puissent compenser les anciens, il faut serrer les dents, et cette situation pourrait tout à fait durer un certain temps.

Pour assurer le fonctionnement effectif de la marine marchande étatisée, a été nommé un conseil d'administration regroupant d'anciens administrateurs haut placés et d'anciens patrons restés au pays auxquels on a associé des syndicalistes expérimentés. C'est Joe Cotter, président de l'Amalgamated Marine Workers' Union qui prend la tête du conseil, assisté par le jeune Chris Braithwaite, jeune Barbadais de 37 ans et membre du parti socialiste et du syndicat des marins. Il est la caution des franges radicales du TUC dans cette institution si importante et s'est déjà fait remarquer pour ses discours endiablés et sa grande motivation pour lutter contre l'exploitation raciale et l'impérialisme.

Le grand projet de cette nouvelle administration est la militarisation de la marine marchande, non pas en y incluant des destroyers, mais en formant dès le départ équipages et officiers à réagir efficacement à une attaque de sous-marins ou de navire de chasse. En apprenant l'ensemble du personnel à naviguer efficacement en convois et à se coordonner avec la marine de guerre ou avec l'aviation. En développant chez ces marins une discipline et une conscience propre aux militaires. Il est notable que la guerre sous-marine illimité menée pendant la Grande Guerre qui a abouti à plus de sept millions de tonnes coulées rien que pour la marine marchande britannique, mais aussi les menaces de blocus qui continuent de peser ont provoqué ces changements qui sont rendus possible par la modification du régime de propriété dans la marine marchande et par l'intervention du politique.

AFRIQUE DU SUD
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Après des mois d'une intensité extrême, la poussière retombe enfin sur le Rand et l'Afrique du Sud. Jan Smuts, le premier ministre libéral du pays aura passé la dure épreuve du feu, il ne pouvait s'empêcher de sourire en y pensant, il avait réussi à résister à une révolte ouvrière, battant Churchill sur ce terrain. Après la répression militaire, il était temps de revenir à celle judiciaire. Le gouvernement fait interdire la parti travailliste et à organiser l'interdiction de plusieurs syndicats radicaux, en particulier la Mine Workers' Union ainsi que l'arrestation d'une importante partie du leadership de la Fédération industrielle sur des motifs de révolte armée.

Le Labour qui s'attendait à devoir faire face à un tel évènement passe dans la clandestinité et commence la lente tâche de construire une organisation parée aux nécessités de la vie politique en illégalité. Dans le même temps, il fait savoir sa volonté d'inscrire l'égalité raciale dans la loi, une évolution absolument inédite en Afrique du Sud, et lance une campagne d'ampleur destinée au recrutement d'ouvriers noirs. En effet, dans la population ouvrière sud-africaine, le rébellion du Rand s'impose comme un évènement héroïque dont les nombreux martyrs sont à célébrer. Les choses bougent quant à la question des rapports avec les noirs qui ont prit leur part dans les affrontements avec l'armée et qui en ont rudement payé le prix.

Dès leur entrée dans la capitale, les trois généraux passent à l’action. A Téhéran, ils instaurent la loi martiale, pénètrent dans le palais du Shah et démettent les membres du gouvernement de leurs fonctions.  Rapidement, les conjurés constituent un nouveau gouvernement en nommant respectivement Ghassem Khan Vali, premier ministre, Reza Khan ministre des Armées et Kazem Sayyah, ministre des Affaires étrangères. Leur première mesure forte est d’enfermer les aristocrates corrompus, qui ont des arriérés d’impôts. Cela ne fait pas sans heurts chez ce groupe social et plusieurs protestent contre pareille mesure mais avec la force de l'armée nul n'ose contester le pouvoir des conjurés.


Les trois généraux sont bien conscients que l’euphorie de leur coup d’éclat passée, il leur sera bien difficile de gouverner s’ils n’ont pas des appuis politiques conséquents au sein de la population. C’est donc dans ce contexte que Ghassem Khan Vali décide d’accorder une entrevue aux principales forces politiques du pays. Le premier ministre rencontre ainsi, en premier lieu, les modérés/conservateurs du Parti réformiste d’Hassan Modarres, il tente tant bien que mal de rassurer ces derniers et argumente en ces termes : « son objectif n’est pas de renverser la monarchie ni même de s’opposer aux lois sacrées de l’Islam mais plutôt de faire pleinement entrer l’Iran dans la modernité et d’assurer l’indépendant nationale du pays, notamment en restaurant l’ordre dans les provinces séditieuses ».

Le discours de Ghassem Khan semble particulièrement divisé au sein du parti, certains ne voient pas d’un bon œil l’arrivé de personnage qui pourrait menacer leurs privilèges au sein de l’appareil d’Etat iranien et ne supportent pas ses méthodes autoritaires, notamment l’enfermement d’aristocrates corrumpus.

D’autres au contraire semblent plus réceptifs au discours de Ghassem Khan Vali, il faut dire que son profil a de quoi les enthousiasmer. Aristocrate de naissance, petit-fils de l’illustre Mohamed Ghassem Khan Vali, arrière-petit-fils de Doust Ali Moayyer ol-Mamalek, héro de Tabriz, sa lignée est liée à celle du Shah. D’autant plus que l’espoir d’un Iran indépendant et forte peut les séduire.

Le deuxième parti politique que Ghassem Khan rencontre est le parti de la renaissance. A ces derniers, le nouveau premier ministre promet une vaste série de réformes notables, comprenant entre autres la fin des capitulations, la construction d’un Etat moderne en Perse ainsi que création d’une armée puissante. En somme, Ghassem Khan Vali reprend plus ou moins le programme du parti de la renaissance. Toutefois une question reste en suspend pour les dirigeants du parti de la renaissance, cette question c’est celle de l’Islam. En effet pour le « Revival’s Party », la question de la séparation entre le fait religieux et le fait politique est une question fondamentale. Ils militent notamment pour réduire un maximum le pouvoir des oulémas. Cependant sur cette question, Ghassem Khan ne peut s’engager, tout simplement parce que sa position est bien trop précaire pour se mettre à dos une partie si influente de la population.

L’objectif de ces manœuvres de toutes ces rencontres est de trouver des soutiens politiques conséquents pour constituer une majorité au Madjles et ainsi gouverner. Les généraux n’ont pas fait le choix de la junte militaire et ne sont pas prêt à revenir sur l’ensemble des acquis de la révolution constitutionnaliste. Ils savent bien que le peuple ne l’accepterait pas.


Un désaccord apparait entre Reza Khan et Ghassem Khan sur le jeune parti socialiste iranien. Reza Khan est partisan de s’adresser aux socialistes pour que ces derniers puissent participer à la majorité que les trois généraux veulent constituer. Or le premier ministre trouve les socialistes beaucoup trop radicaux et ne désire pas les attirer à lui. Finalement sous la pression, Reza Khan fait machine arrière et consent à obéir à Ghassem Khan, du moins pour le moment

INDE
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Etat des lieux de la guerre civile indienne en janvier 1922
- À l'Ouest, les combats dans l'arrière-pays sont verrouillés par des systèmes de tranchées : les champs de bataille ressemblent de plus en plus à ce que l'Europe a connu lors de la Grande Guerre
Néanmoins, au sud, une offensive du gouvernement musulman a réussi à grandement désorganiser les positions congressistes et pousser jusqu'aux portes du Kâthiâwar. L'état-major de la Ligue prépare une offensive prochaine pour tenter de prendre la ville symbolique d'Ahmedabad
- À l'Est, ce sont les forces congressistes qui progressent, alors que d'intenses combats urbains ont commencé à Calcutta, dans une bataille qui semble partie pour durer et devenir une boucherie
- Au sud, et principalement dans les régions tamoulophones, des discours prêchant une différence raciale entre les Indiens du Nord et les locuteurs de langues dravidiennes au sud commencent à émerger dans les milieux intellectuels, sans grand écho pour l'instant
- Les escarmouches deviennent régulières aux frontières entre l'état d'Hyderabad et les territoires congressistes.

Back to basics

Le gouvernement provisoire, encouragé par un certain retour à la normale, a annoncé la tenue de nouvelles élections aux printemps afin de constituer une nouvelle Chambre des Communes, la Chambre de Lords étant de toute manière virtuellement morte à cause de la fuite, de la mort ou de l’emprisonnement de l’essentiel de ses membres. Premières élections depuis la Révolution de 1920, elles seront sans aucun doute d’une importance capitale pour décider du destin prit par le pays et les îles britanniques. Les partis libéraux et conservateurs, déclarés traîtres à la patrie et ennemis du peuple ne pourront évidemment pas y participer.

Le gouvernement provisoire a décrété une nouvelle loi électorale qui s’appliquera à ces élections. Celle-ci prévoit l’expansion du suffrage universel à l’ensemble des femmes qui étaient jusque là encore limitées dans leur capacité à s’exprimer par le vote par un cens. Il est aussi à noter que l’ensemble des anciens sujets de l’Empire aujourd’hui présents sur le sol britannique pourront voter à condition de s’inscrire à temps sur les listes électorales.

615 sièges seront ainsi à pourvoir bien que les 13 sièges nord-irlandais ne pourront être départagés à moins d’un miracle et resteront ainsi a priori vacants. Cette annonce est en réalité une véritable bouffée d’air frais pour la population qui se passionnent pour cette nouvelle campagne électorale dans laquelle se jettent tous les partis allant du national libéral au socialiste. Le Trade Union Congress a décidé de mettre un terme à sa politique de soutien centralisé à un seul parti étant donné que la situation et ne s’y prête plus et tous les partis reçoivent des subventions des puissants syndicats britanniques. On retrouve aussi un très grand nombre de candidats indépendants qui se présentent sans étiquettes pour des raisons extrêmement variées puisqu’on retrouve sous cette appellation vague aussi bien des conservateurs souhaitant contourner l’interdiction prononcée contre leur ancien parti que des syndicalistes charismatiques ou des militaires nationalistes. Bref, la Grande-Bretagne peut profiter d’une respiration démocratique bienvenue dans ces circonstances difficiles qui permettra au peuple de s’exprimer et au futur gouvernement d’acquérir une légitimité renforcée, lui donnant le pouvoir de mettre en place des réformes plus profondes, pas uniquement justifiées par l’effort de guerre et la nécessité de sauvegarder la Révolution.

Spoiler:

Les Ersatz nutritifs ont trouvé leurs niches, celle des miséreux qui n'ont pas le choix. Mais alors que le dernier décile à trop faim pour regarder autre chose que les calories, le premier cri au scandale. Il demande une nourriture non transformée, produit avec des méthodes traditionnelles, dont la définition relève du fourre tout de tout ce qui n'est pas neuf. Le gouvernement belge, en essayant de maintenir l'ordre public en évitant la disette, s'est fait l'ennemi de toute la sphère nationaliste flamande.
Comble de l'ironie, l’extrême droite flamande assimile très bien les enseignements Blud und Boden et Völkisch semés par la clique de Tripitz et son DVNP. Le Frontpartij de Staf De Clercq est appelé être le bras armé local pour la dictature navale allemande. L'opinion de Tripitz des flamands ne s'améliore que de peu pour autant : De personnes très peu engagés dont il soupçonne du crypto-socialisme, il doit maintenant côtoyer le contraire : des fayots. De cette indifférence, le Frontpartij réagit vers la radicalisation dans la pensée ésotérique et anti-modernité. Des royalistes plus royalistes que le roi en somme ...
Leur première ambition est de faire capoter les mesures d'urgence pour pallier à la disette : la pureté idéologique vaut mieux que l'estomac des pauvres. Les anciens collabos, apolitiques et méprisés par la junte allemande, se lancent dans leur baroud d'honneur. Il arguent que c'est une question d'ordre public, une population nourrie est moins réceptive au socialisme anglais version BWP. Mais on sait déjà qui Tripitz préfère, de peu certes, mais préfère quand même.

HONGRIE
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La situation pour la République de Hongrie est compliquée, c'est peu de le dire. Privée de son coeur industriel et visiblement en fin de course sur le plan tactique au vu des revers de l'hiver 1921-1922, le gouvernement hongrois séparatiste tente une nouvelle carte : la diplomatie.

István Friedrich, l'homme fort du régime hongrois, contacte ainsi urgemment Berlin en faisant proposant que :

- L'Allemagne force la main à l'Autriche afin de reconnaître la souveraineté hongroise sur ce qui est la Transleithanie.
- L'Allemagne appuie militairement les forces armées hongroises afin de mater la République des Conseils de Hongrie et pacifier la région de Budapest.
- L'Allemagne appuie l'indépendance de la République de Hongrie.

En échange de ces actions allemandes, la Hongrie s'engage à devenir un allié de premier rang de Berlin, notamment en signant immédiatement et sans conditions le Pacte de Varsovie, à engager des tarifs préférentiels pour l'export de produits agricoles et notamment céréaliers vers l'Allemagne, autoriser le stationnement d'une garnison de 12 000 hommes à Budapest et bien entendu un soutien indéfectible aux côtés des forces armées allemandes dans ses futures opérations militaires.

ROYAUME-UNI & FRANCE
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Les navires français stationnés en Ecosse depuis la fin de la guerre demandent officiellement a rejoindre la marine britannique pour défendre la Révolution anglaise. Sur les 800 membres d'équipage, seule une centaine environ demande un droit de passage vers la France pour y retourner. C'est un coup de force du capitaine Marty, héros de Scapa Flow et proche de la révolution britannique.

Il semblerait ainsi que la question des navires français en Ecosse soit définitivement réglée.

The military

Les seuls affrontements auxquels à du faire face l'Armée rouge ont eu lieu contre les troupes de milices irlandaises et se sont terminés sur un fiasco sans nom et la conquête de l'Irlande du Nord par la République de Collins. Il est urgent d'accomplir une réforme afin que cela ne puisse se reproduire. Les milices sont désormais strictement cantonné à un travail de police et de défense en profondeur du territoire sur lequel elles sont actives par des actions de guérilla et d'harcèlement. Il est inenvisageable de les retrouver en première ligne comme cela a pu être le cas sur certains secteurs de combat nord-irlandais. Les unités de l'Armée rouge déployées en première ligne doivent obligatoirement être équipées d'armes lourdes et avoir suivi une formation leur en autorisant l'utilisation. L'Armée rouge devra se stabiliser autour de 250 000 hommes prêts au combat (hors milices), un service militaire de six mois au sein soit d'une milice soit de l'Armée rouge, soit de la marine soit de l'aviation devra être obligatoirement mené entre 18 et 23 ans. La Royal Military Academy et le Royal Military College sont fusionnés au sein d'un Military Academy installée à Sandhurst. Sa direction est confiée à Edmund Allenby. Les futurs officiers de l'Armée rouge y seront formés. Ce lieu jouira d'une large liberté académique permettant de trouver les raisons de l'échec militaire britannique depuis 1914 et des moyens de changer cette trajectoire.

Le rattachement des navires français de Scapa Flow à la flotte britannique est évidemment accepté, la Grande-Bretagne à un grand besoin de navires pour se défendre. Le camarade André Marty pourra évidemment poursuivre sa charge de chef du conseil de marins de Scapa Flow qu'il accompli avec brio. Le sort des 100 marins français ayant demandé à pouvoir rentrer en France reste très incertain étant donné que Paris à rompu toutes les relations diplomatiques y compris les plus informelles avec Londres. La Grande-Bretagne fait tout de même savoir au monde et donc à la France la réalité de la situation et se déclare tout à fait disposé à permettre aux marins de rejoindre leurs familles de l'autre côté de la Manche. En attendant, ceux-ci seront logés dans la base militaire de Southampton.

CANADA/AFRIQUE DU SUD/AUSTRALIE/NOUVELLE ZÉLANDE
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La rupture brutales des liens économiques avec la Grande-Bretagne provoque d'importants remous économiques aussi bien chez les Dominions que chez les anciennes colonies. Concrètement, ces territoires subissent ce que les économistes anglo-saxons commencent à nommer une "crise des ciseaux". Le secteur agricole qui exportait jusqu'ici sa production vers la métropole peine à trouver des débouchés pour ses produits, provoquant l'effondrement des prix agricoles. De l'autre côté, la production industrielle qui était largement assurée par la Grande-Bretagne peine à répondre à la demande. Les prix des biens manufacturés explosent donc quant à eux.

Ainsi, tant que le rééquilibrage n'aura pas été accompli, les paysans préfèrent réduire leur production plutôt que de travailler longuement pour quelques kopecks supplémentaires et envoient leurs enfants à la ville où ils trouveront des petits boulots permettant de faire vivre le foyer familial. Les villes ne sont cependant pas en mesure d'absorber aussi vite et dans de bonnes conditions de telles populations, provoquant au passage misère, surpopulation, insalubrité, chômage dans les quartiers populaires. Cette crise importante appelle des réponses qui seront très importantes pour le développement futur des Dominions.

ETATS-UNIS
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Des attentats anarchistes frappent les États-Unis ; face à ces évènements et au ralliement du Parti socialiste à la IIIème Internationale, le département de la Justice intensifie sa surveillance des mouvements de gauche et des militants étrangers sont expulsés des États Unis.

PORTUGAL
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Les élections législatives portugaises de février 1922 étaient très attendues par la population qui allait enfin avoir l'occasion de s'exprimer sur le règne mené par le Parti libéral républicain depuis cinq années. Ces années restent marquées par une forte instabilité politique renforcée par les ondes de choc de la révolution britannique et de la grève générale espagnole. Les libéraux-républicains ont peu ou prou suivit la ligne qui s'est imposée sur toute l'Europe continentale : pas ou peu de concessions au mouvement ouvrier, rassembler la population contre l'épouvantail anglosocialiste et serrer les dents sans trop se compromettre avec l'Allemagne. C'est une réussite puisque la République n'a pas été emportée ni dans une révolte ouvrière ni dans un putsch militaire sous la domination du gouvernement de centre-droit. Cependant, la population désavoue son trop grand conservatisme en faisant perdre plus de 45 sièges aux libéraux-républicains et en offrant une majorité à une coalition baroque composée de l'historique Parti démocrate, du Parti républicain de la gauche démocrate - mené par Duarte Leite, et d'autonomistes issus de la région du Beira.

SUEDE
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Après avoir organisé le démantèlement progressif de la galaxie social-démocrate suédoise perçue comme un trop grand danger envers le système du Royaume scandinave, le gouvernement de droite de l'énergique Arvid Lindman prône le rapprochement avec Berlin et sa Mitteleuropa. Bien qu'il ne soit pas en capacité d'imposer à son parti l'adhésion du pays à l'alliance militaire du Pacte de Varsovie, la neutralité suédoise restant pour le moment intouchable, la question de l'EuropEisen est quant à elle bien plus flottante. Si le Parti social-démocrate avait mit son véto lorsque l'Allemagne s'était rapprochée de Stockholm au sortir de la guerre, la situation est cette fois-ci bien différente puisque la droite et les libéraux possèdent la majorité au parlement. Le premier ministre suédois appel solennellement l'EuropEisen à considérer une candidature suédoise à l'adhésion.

NORVEGE
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A l'ouest, c'est l'inverse qui se produit. Le gouvernement du très à gauche parti travailliste modéré par son allié centriste du Venstre engage de profondes réformes du système social norvégien. Le gouvernement barde le ministère du Travail de bureau de statistiques pouvant s'appuyer sur des enquêtes sociologiques aussi bien qualitatives que quantitatives. La croyance première étant que la connaissance permette la mise en place de politiques efficaces. La journée de 8h - une quasi première en Europe - est mise en place ainsi qu'une assurance retraite publique et généralisée pour les vieux. Le gouvernement organise la nationalisation des banques ainsi que de l'ensemble du secteur énergétique - seul l'hydroélectricité l'était jusque là.

Asie centrale

Suite aux rapports produits par l'état-major de l'armée russe en Asie centrale, Voronenko a été démis de ses fonctions de commandant des forces de police de Tachkent. Les témoignages accumulés à la suite de l'émoi provoqué par les couvertures journalistiques de l'affaire ont été confirmés par les autorités militaires, poussant Petrograd à intervenir dans la chose en faisant pression sur le pouvoir civil de la métropole centre-asiatique.

Si la mesure est saluée par les milieux intellectuels russes, et que la plupart des paysans n'en ont pas grand chose à faire de qui dirige la police de Tachkent, l'intéressé a évidemment fait parler de lui. Sans s'opposer directement à sa démission forcée, il a directement accusé les généraux Romanov et Sakhalinski, commandants militaires, d'être des "rebuts socialistes traîtres à la nation russe vendus aux bandits musulmans". Un discours repris dans les jours qui ont suivi par des manifestations rassemblant une bonne partie de la population russe de la ville, avec le soutien plus que tacite des policiers. Une cagnotte recueillie par des Russes tachkentois a même été remise à Voronenko en signe de reconnaissance de son écrasement des émeutes ouzbèkes.

Le sang noir du Caucase

Société Panrusse des Pétroles, voilà le nom de la compagnie d'Etat que le gouvernement a adopté après le passage de la loi nationalisant le secteur pétrolier dans le pays, et en particulier le gisement de Grozny, de très loin le plus gros du pays depuis la perte de l'Azerbaïdjan. Celle-ci réunit l'ensemble des actifs pétroliers détenus à Grozny par des investisseurs russes (27% du total) qui seront compensés au prix de l'action, et par des investisseurs britanniques non compensés au vu de la situation en Grande-Bretagne (36% du total). Les positions de sociétés françaises (18%), belges (10%) et néerlandaises (9%) ne sont pas impactées, les SR ayant fait pression sur leurs collègues de coalition afin de ne pas altérer les relations économiques avec l'EE. Une décision qui constitue une éraflure de plus dans la bonne entente de ce gouvernement minoritaire de peu, qui a bénéficié cette fois-ci de l'apport des menchéviks pour faire passer sa loi.

Cette nationalisation provoque également des remous au sein de la République autonome du Nord-Caucase, seule institution sur ce modèle ayant actuellement lieu en Russie, ayant été instituée après l'Ukraine avant la défaite lors de la guerre. Les remaniements gouvernementaux successifs au sein de cette petite république ont en effet peu à peu évincé les Caucasiens de l'ouest (Circassiens, Ossètes, Kabardes, etc...) au profit d'un resserrement autour de politiciens originaires du Daguestan ou de Tchétchénie. Ceux-ci, qui bénéficient déjà des retombées économiques de l'exploitation pétrolière, sont critiqués par leurs compères occidentaux pour n'avoir pas exigé une participation de la république dans la SPP, ce qui aurait permis de subventionner les régions les moins prospères du ?Nord-Caucase. Affaire à suivre donc...

Petites soeurs

Le développement autoritaire de la situation au Belarus, mais aussi en Livonie et, surtout, en Ukraine, affolle en Russie et fait les choux gras de la presse. "Les colonies du Kaiser : Après Neu-Frankfurt au Congo, Neu-Hamburg remplacera Odessa" est ainsi le titre du tirage journalistique le plus acheté dans le pays au cours de l'hiver. On s'inquiète évidemment en Russie de la colonisation massive de l'ouest ukrainien par des familles allemandes, à qui le grassouillet Ludendorff a donné les terres saisies à la paysannerie ukrainienne réduite à l'état de travailleurs agricoles.

Sur ce sujet, les SR, plus par patriotisme russe faisant fi de la nation ukrainienne que par partage de l'idéologie du parti du Premier ministre, s'accordent avec les Populaires-Socialistes. Le ministre des Affaires Etrangères Pitirim Sorokine a fait parvenir à l'ambassadeur d'Allemagne un gros pavé de critiques gouvernementales vis-à-vis de la politique impérialiste menée par l'Allemagne en Europe de l'Est, des saisies de terres agricoles jusqu'à l'usage de l'armée pour réprimer l'expression politique des populations.

Sur le même sujet, le parti Populaire-Socialiste, plutôt de niche avant la fin de la guerre et l'implosion des SR, a annoncé ne plus limiter ses activités au seul territoire russe, mais également à l'ensemble de l'ex-Empire sauf la Pologne et la Finlande. Le programme mis en avant est le même, fin de la grande propriété terrienne, réforme agraire, politiques socialisantes. À charge donc aux pouvoirs est-européens, géorgien et turc de réagir à l'arrivée d'une nouvelle organisation partisane basée en Russie, après les Bolchéviks.

The irish volonteer

La vie n’était évidemment pas simple mais Thomas était drôlement heureux. Il avait réussi à trouver une public house proposant un petit déjeuner composé de deux tartines de margarine et d'une tasse de faux thé à un demi-shilling. Une affaire. C’était aussi cela les petits plaisirs en temps de guerre. Cela faisait plusieurs jours qu'il s'y restaurait et ce matin encore, il se régalait. Il attaquait tout juste sa deuxième tartine lorsqu'une voix l'interrompit.

- Thomas Edmundson ?
Thomas reconnu immédiatement l'accent de la campagne nord-irlandaise et se retourna, passablement irrité par cette interruption.
- C'est moi oui, vous êtes qui ?
- William Ghost, je travail pour le ministère de la défense.
- Eh bien quoi ? Qu'est ce qu'il y a de si important ? Vous n'auriez pas pu envoyer une lettre ?
L'homme sembla prendre conscience qu'il avait dérangé Thomas dans un moment privilégié et laissa transparaître un air gêné. Il se remit à parler mais en baissant d’un ton.
- Non pas vraiment pour être honnête. Pour tout vous dire je travail pour le Secret Intelligence Service et nous n'avons pas l'habitude de travailler par lettre. Retrouvez moi dehors après votre repas si vous voulez, nous pourrons parler, votre employeur est prévenu.

Sans attendre de réponse, l'homme sorti du pub. Il laissa Thomas qui fini son repas avec nervosité, il savait que le SIS s'occupait particulièrement des cas d'intelligence avec l'ennemi et de trahison. Il savait qu'il n'avait rien à se reprocher mais une erreur est si vite arrivée ces temps-ci, il n'avait pas vraiment envie de finir ses jours sous-alimenté dans une prison écossaise. Encore moins pour un crime qu'il n'avait pas commit. Quand il sortit, l'homme lui proposa d'aller marcher dans un parc. Il lui posa quelques questions sur sa vie, sa jeunesse, l’Irlande, Belfast, la guerre, le départ pour la Méditerranée, la révolution, la décision de Thomas de s’encarter. Il sentait bien que l’homme tentait de lui faire prendre des positions qui pourraient potentiellement le trahir, mais il décida de rester droit dans ses bottes et de tout raconter sans mentir sur ses opinions, il se sentait un vrai révolutionnaire après tout, il n’avait rien à se reprocher. L’homme l’écoutait, les mains dans le dos, sans perdre son petit sourire bienveillant – sans doute un truc typique des agents secrets se dit Thomas.

Au bout d’un moment, William en vint aux faits. Il lui expliqua qu’il avait pleine confiance en Thomas mais que ce petit interrogatoire était nécessaire. La révolution et la patrie avaient besoin de son aide. Le SIS cherchait désespéramment des soldats de qualité, nord-irlandais et ayant une éducation politique. Vous vous doutez bien que ce type de profil ne court par les rues, surtout pas ces temps-ci. Si il acceptait de s’engager avec les services secrets, il serait transporté à Belfast où il aurait pour mission de rejoindre les quelques agents déjà sur place afin de renforcer la cellule du SIS. Sa mission est d’assurer le lien entre la Grande-Bretagne et les membres du parti travailliste nord-irlandais dirigé en clandestinité à Belfast par Samuel Kyle et Harry Midgley. Thomas ne les connaissaient pas. Il doit aussi s’occuper de réceptionner des armes qui sont parfois passées par le détroit lorsque c’est possible afin d’armer les camarades, préparer un réseau de sources locales, enfin, se tenir prêt à prendre les armes si l’ordre est donné et à mourir pour la révolution.

Thomas n’avait rien de mieux à faire, ils pourrissaient à Aberdeen depuis plusieurs semaines et l’action et la mer lui manquaient, à Belfast il pourrait trouver les deux, alors il ne réfléchi pas beaucoup et dit oui. Quelques jours plus tard, Thomas était débarqué de nuit par un petit chalutier sur une crique située à une trentaine de kilomètres de Belfast. Il retouchait sa terre natale.

The Trade offices diplomacy

Le gouvernement provisoire n'a pu profiter d'aucun élan de reconnaissance internationale et cette situation ne semble pas prête de changer. Il s'agit d'une situation très compliquée pour Londres mais aussi pour les habitants de la Grande-Bretagne qui se retrouvent comme coupés du monde - le moindre échange postal devenant un chemin de croix terrible - mais il faut faire avec pour le moment. La diplomatie des bureaux du commerce est une tentative de remédier à cette situation, c'est du bricolage mais l'établissement de ces infrastructures à l'étranger équivaut du point de vue de Londres à une reconnaissance officieuse et permet tout de même l'installation de fonctionnaires britanniques sur un sol étranger. Bien que ceux-ci ne soient pas censés sortir de leur rôle de facilitateurs des échanges marchands, cela veut dire quelque chose. D'autant que la différence entre ces bureaux remplis d'activités et les ambassades vides maintenues symboliquement par un gouvernement en exil moribond à quelque chose de saugrenue. Le nouveau gouvernement britannique fait ses preuves et souhaite prouver à la communauté internationale qu'il est capable de fonctionner sereinement.

Alors que les liens commerciaux avec l'Amérique du Sud tendent à se développer fortement ces derniers mois, le gouvernement britannique va tacher d'installer des bureaux sur l'ensemble du continent latino-américain. De la même manière, l'Australie et la Nouvelle-Zélande sont aussi contactés afin d'obtenir ce droit et de faciliter la reprise des échanges, il en va de même pour le Portugal et son nouveau gouvernement qu'on estime plus favorable à Londres. Finalement, le cas du sous-continent indien est mis sur la table, il est très complexe à cause du conflit qui y fait rage et de la présence maintenue des autorités britanniques à Ceylan et en Birmanie. Le reprise des liens commerciaux avec cette région est pourtant absolument vitale à la Grande-Bretagne. C'est le camarade Eric Blair, jeune loup membre des comités étudiants d'Eton et ayant prit une part importante au sein des évènements révolutionnaires qui ont secoué la ville qui se voit chargé de cette mission. Étant né et ayant grandi en Inde, on l'estime bien placé pour réussir, il connait le pays. Il aura pour mission de se rendre auprès des deux gouvernements en place et de tenter d'obtenir un retour du commerce, l'installation de bureaux et le droit pour les marchands britanniques de se déplacer sans crainte dans le pays. Il fera en même temps part aux gouvernements rivaux de la position de Londres sur leur brouille : établir un cessez-le-feu et retourner à la table des négociations, trop de pays ennemis du peuple indiens étant occupés à se lécher les babines pendant qu'ils s'entretuent, il faut faire front.

Il tentera ensuite d'effectuer un discret détour par Rangoon et Colombo afin de voir si il est envisageable de redémarrer sans faire d'esclandres le commerce entre ces territoires isolés et la Grande-Bretagne dans un deal donnant-donnant. Des tentatives similaires seront faites avec les anciennes colonies impériales de l'est et de l'ouest de l'Afrique mais aussi avec les îles caribéennes avec pour idée que tout le monde aurait intérêt à voir se rétablir, au moins partiellement, les vieilles lignes commerciales maintenant que la situation semble partie pour durer. La Révolution fêtera en effet bientôt son année et demi d'existence.

Alors que le nouveau ministre des Affaires étrangères Kazem Sayyah venait tout juste de prendre ses fonctions à Téhéran, un dossier brûlant arriva sur son bureau. En Asie centrale, les Turkestanais s’étaient soulevé et réclamé leur indépendance. Par le biais d’une ambassade, les révoltés demandèrent aux iraniens de reconnaitre l’existence de leur Etat.

Cela laissa l’ensemble du gouvernement particulièrement sceptique. L’inconnu dans cette équation, c’est l’aptitude du gouvernement russe, est-ce que ce dernier, nonobstant la défaite lors de la grande guerre allait maintenir vis-à-vis de la Perse une aptitude impérialiste ou au contraire se montrer moins belliciste. En fonction de la réponse à cette question, les perses dans cette crise aurait une aptitude bien différente.

C’est donc en contactant directement le gouvernement russe que le ministre Kazem Sayyah propose une rencontre à ce dernier dans l’objectif de renégocier une partie du traité de Turkmenchay, notamment la partie ayant à trait aux capitulations et au libre-échange entre nos deux nations. En échange de cela, les perses s’échangent à ne pas reconnaitre les Turkestanais et à tout faire pour lutter contre ces derniers.

États-Unis
Brève
Evènement

Les ouvriers de Détroit qui viennent d'être licenciés

La crise déflationniste qui s'est installée aux États-Unis pousse les industriels américains à trouver des solutions. Le manque de débouchés internationaux laisse l'industrie du pays dans une situation de surproduction, les stocks s'accumulent et les pertes aussi. C'est ainsi que le secteur automobile prend les devants en entamant des plans sociaux d'ampleur. À Détroit, Ford, symbole de la puissance états-unienne, licencie des milliers d'ouvriers, suivi quelque temps plus tard par General Motors. Bientôt, par effet domino, les grandes sociétés métallurgiques procèdent elles aussi à des licenciements de masse. L'Amérique connaît, après l'opulence, le début du chômage de masse.

Amérique du Sud & ex-territoires impériaux
Brève
Evènement

Les états sud-américains ont rejeté les avances britanniques visant à organiser le développement du commerce entre eux et la Grande-Bretagne par l'installation de bureaux du commerce. Du côté des territoires impériaux sondés dans l'éventualité d'une  potentielle reprise des liens commerciaux avec la métropole, c'est un refus net qui est opposé à Londres.

Australie & Nouvelle-Zélande
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Evènement

Pour les deux Dominions océaniens qui ont décidé de ne pas respecter l'embargo sur la Grande-Bretagne appelé par le gouvernement en exil, on refuse aussi la présence de bureaux du commerce britanniques. Les deux pays qui font face à la crise économique qui touche l'ensemble de l'ancien empire britannique ont décidé d'y répondre par des mesures novatrices. Il a été voté par leurs parlement un plan d'investissement par l’État et réfléchit en commun par les deux pays afin  de développer une industrie capable de répondre aux besoins des deux pays dans un soucis de quête d'autonomie. La puissance publique va aussi s'intéresser au développement urbain, il a par exemple été lancé un grand projet de construction d'immeubles publics dont les loyers seront encadrés par l’État afin de faire face à la crise du logement à Melbourne. Un projet test qui pourrait être amené à se généraliser.

Portugal & Indes
Brève
Evènement

Les deux pays (et trois gouvernements) acceptent l'idée du développement des liens commerciaux avec la Grande-Bretagne et l'échange de bureaux du commerce.

Hold on tight

« Hold on tight ». C'est la phrase accrocheuse qui était inscrite sur les millions d'affiches collées dans la semaine à travers l'ensemble de la Grande-Bretagne, dans un style rappelant celui des affiches ayant recouvertes le pays entre 1914 et 1918. Comme avant, elles appellent bien sur la population à tenir bon. Elles marquent surtout le point de départ d'une importante campagne de communication lancée par le gouvernement et qui va de paire avec l'inauguration de la British Broadcasting Company sur laquelle le Premier ministre George Lansbury s'est exprimé le soir même de son premier jour d'activité. Après avoir fait part de sa grande fierté quant à l'impressionnante résistance du peuple britannique face à l'adversité, il a évoqué l'échec de négociations visant à rétablir le commerce reliant la Grande-Bretagne au reste du monde et son pessimisme quant à l'évolution des graves difficultés qui touchent le pays et de la situation sur le court-terme. Il a évoqué la guerre menée au peuple britannique par des forces étrangères, supérieures en nombre et en armes ainsi que l'impossibilité d'y mettre fin à moins de courber pour de bon l'échine. Le peuple britannique plie mais ne rompt pas.

Il a durant cette intervention dévoilé les grandes lignes d'un rapport alarmant publié le matin même par l'Office for food resilience. On y apprend que depuis la signature du Traité de Strasbourg, la Grande-Bretagne a subit une surmortalité de plus de 200 000 hommes, femmes et enfants pour des cause de manques de nourriture ou de médicaments. Une situation qui tend à s'aggraver fortement depuis l'établissement de l'embargo planétaire. Ce même rapport indique que près de 85% des britanniques survivent essentiellement de leur potager personnel ou collectif - les jardins ouvriers ont connu un boom inédit - et qu'un pourcentage équivalent est en situation de malnutrition à un degré plus ou moins élevé. Les enfants sont les premières victimes de cette situation, les conséquences de long terme pour cette génération sont encore à découvrir mais aujourd'hui un très grand nombre d'écoliers ne se rend plus sur son lieu d'apprentissage faute de pouvoir s'y nourrir. Lansbury finit son intervention en appelant tous les gens honnêtes de ce monde à faire parvenir du pain ou des médicaments au peuple britannique afin d'éviter l'aggravation de la catastrophe humanitaire. Le discours du Premier ministre sera reproduit quasiment intégralement dans la presse travailliste, syndicaliste et socialiste et tous les relais de la Révolution, que ce soit en Grande-Bretagne ou ailleurs, sont appelés à faire écho à cette campagne qui ne vise qu'à sauver des vies.

La croix, la couronne et la nation

Alors que le soir tombe sur Petrograd, Marie s'assoit dans un fauteuil du salon de thé de la résidence impériale. Elle prend une grande respiration histoire de faire redescendre la pression. Avant de rouvrir les yeux, elle attend un moment une reproche éventuelle, mais rien ne vient. Pas de grand-duc à l'horizon. Tant mieux. La journée lui avait été assez éprouvante, elle n'a pas besoin d'avoir le vieux corbeau obsédé par l'Ancien Régime pour lui jacasser ses histoires. En revanche, une odeur qu'elle reconnaîtrait entre milles attire son attention, et elle tourne la tête. Sa grand-mère, l'impératrice douairière Marie Feodorovna, a un parfum particulier qu'elle utilise depuis aussi loin que la tsarine se souvienne.

- Comment s'est passé votre entrevue avec le Patriarche, ma chère ?
- Sa Sainteté est épuisante. Je ne compte plus le nombre de fois qu'il s'est plaint auprès de moi à propos de la réforme agraire. Le patriarche ne comprend pas que l'impératrice n'a absolument aucun pouvoir sur la question. Il n'arrête pas de me dire que c'est une honte que les monastères soient considérés comme des propriétaires terriens dont les terres doivent être redistribuées, qu'il faut intervenir, et puis que les projets du gouvernement de rétablir le Saint-Synode seront catastrophiques si je n'assume pas les responsabilités majeures de direction de l'Eglise, eh gros ça y est ! l'impératrice souffle
- Ne parlez pas comme ça voyons ! Que diraient vos parents !
- Le patriarche a également dit que le gouvernement se comportait comme les Allemands qui volent les terres de l'église en Ukraine
- Il a dit ça ?!

Marie sourit, se retenant de rire. Elle sait très bien qu'elle vient d'éviter un sermon, car sa grand-mère hait profondément la Prusse et les propos du Patriarche l'ont touché. C'est une princesse danoise, et pourtant elle ne parle même plus à sa famille au Danemark depuis que le pays s'est rangé aux côtés du Kaiser. En même temps, Marie a de quoi être agacée à cause du patriarche. Le retour du Saint-Synode, sous une forme non-monarchique, est un des serpents de mer du nouveau gouvernement. Personne, pas même les cadets, ne veut voir l'église orthodoxe servir de contre-état. Les bolchéviques veulent abattre les religions, ça n'arrivera pas. Mais les autres veulent le Saint-Synode pour imposer un ordre concordataire à toutes les religions du pays. Et si la question de qui pour représenter les orthodoxes est vite répondue, trouver une représentation aux Musulmans n'est pas encore fait.

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Le lendemain matin
L'impératrice Marie, dans ses quartiers privés, se tient devant le miroir de sa chambre, se regarde un moment, puis va s'assoir à table, attrape un fusain, et dessine son autoportrait à partir de ses observations. Le dessin faisait partie des choses qu'on lui apprenait avant la guerre. Ça, le chant, les bonnes manières, dure dure la vie d'aristo. Après avoir fini ses dessins, elle pliera le papier, et le glissera dans une pochette en cuir remplie de photographies diverses et variées de la cour russe, de Saint-Pétersbourg, de la Douma, pleins de choses qu'elle enverra. Elle envoie régulièrement ce genre de cadeaux à Louis Mountbatten. Lui répond moins souvent, obligations militaires oblige, mais cela ne rend que plus précieuses ses quelques lettres. Le dessin que la tsarine fait actuellement, elle le mettra dans une cachette, camouflée dans la doublure du cuir, comme elle fait avec tout ce qu'elle ne veut pas que d'autres que Mountbatten voit. Il sait où regarder, mais pas les autres, et c'est très bien comme ça. Il serait fâcheux qu'un zélé anglosocialiste ait accès à leurs échanges les plus privés. Toc toc toc

- Votre altesse, êtes-vous prête ?

La tsarine inspire de surprise, finit rapidement son dessin, et le dépose dans la planque. Il était déjà presque dix heures du matin, et elle n'a même pas encore commencé à s'habiller. Elle allait probablement être en retard à la cérémonie d'inauguration au musée, quelle andouille. C'est important en plus, il ne faut pas que la Couronne ait l'air de s'en moquer.

Sainte Relique

- Je veux le voir, soulève moi papa ! Je vois rien du tout il y a trop de monde !
- Attends, viens là que je t'attrape

La fillette lève les bras en l'air, laissant son père la saisir pour la poser sur ses épaules. Tout autour, des badauds s'affolent, à la limite de se grimper dessus pour dégager une ligne de vue sur l'objet du rassemblement. Un artefact acquis par l'Etat auprès d'un ancien marin de Kronstadt, et qui allait être entreposé au musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg. L'enfant, au-dessus du brouhaha, l'aperçoit très bien, entouré d'un cordon de policiers chargés de protéger la chose.

- Il est là ! Je le vois !
- Il est beau ?
- Je sais pas. Il a l'air normal. Il est comme le tien, c'est normal ?

L'ouvrier rigole. Oui, il en a un tout pareil à la maison. Mais cela n'a rien à voir. Ce qui compte n'est pas la forme physique de l'objet. C'est un simple revolver comme il y en a littéralement des millions à travers le pays. Non. Ce revolver là, c'est celui avec lequel Viktor Tchernov a défendu son bureau dans la citadelle de Kronstadt. Celui qu'il avait dans la main quand l'armée allemande l'a abattu. Après sa mort, des régents ont remis un Empire. Et pourtant, il suffit de voir la Douma pour se rendre compte que l'esprit révolutionnaire est plus vivant que jamais. Aujourd'hui, l'ancien dirigeant russe repose dans sa ville natale, à Kamychine.

De son vivant, Tchernov était loin de faire l'unanimité, que ce soit auprès des Bolchéviks dont il a mis les leaders au trou après leur tentative de coup d'état, ou bien des Troudoviks suite à son tournant autoritaire. Néanmoins, tout le monde à part l'extrême-droite s'accorde désormais pour célébrer sa mémoire. Les Populaires-Socialistes d'abord et en premier lieu, évidemment, puisqu'ils sont les héritiers les plus directs de sa pensée. Le premier parti de Russie a pris l'initiative de financer et fleurir sa tombe, et il est fréquent de trouver un portrait de Tchernov dans les domiciles de familles rurales, aux côtés des icônes. Le martyr de la révolution représente, dans l'esprit et le discours, l'espoir de la Russie nouvelle. Voilà pourquoi les gens viennent voir une relique tangible de son action. Là où des étrangers verraient une arme à feu, les Russes voient la promesse d'un futur idéal et merveilleux dont on les a privés, et qu'ils aspirent à construire. Toute la journée, des représentants du gouvernement enchaîneront les discours élogieux à l'égard de l'homme à qui le pays doit tant.

Sandhurst

Près de vingt minutes que Levy cherchait l’endroit où il pourrait s’inscrire. Il redemanda son chemin à quelqu’un qui passait dans le couloir mais cette fois-ci, il eu le plaisir de se voir répondre des indications plutôt précises. Après trois couloirs et deux tournants, il pénétra sans toquer dans le bureau où il avait été orienté, trop heureux d’y être enfin arrivé. Devant lui, un homme d’une trentaine d'années le regarda avec surprise, il mâchait sans entrain une tranche de pain sur laquelle semblait avoir été étalée une sorte de bouillie d’avoine ou quelque chose dans le genre. Levy se dit qu’il aurait sûrement du toquer. L’homme l’apostropha la bouche pleine pour lui demander ce qui l’amenait ici.
- Je cherche à m’inscrire, je vous ai envoyé une lettre il y a quelques semaines mais je n’ai pas eu de réponse alors j’ai décidé de venir à Sandhurst moi même pour voir ce qu’il en était.
- Bon, bon, voyons voir ça, c’est quoi votre nom ?
- Levy, Bert Levy.
- Aucun souvenir de votre lettre, faisons votre dossier maintenant si vous voulez. L’homme avait terminé sa tartine et croqua à pleines dents dans un beau citron bien jaune à la fin de sa phrase. L’Académie fait importer des citrons de Sicile pour éviter le développement du scorbut, vous savez il n’y a rien à manger par ici. Et conscient que sa phrase sonnait faux, il revint rapidement au sujet qu’il maîtrisait. Vous êtes né où.
- Hamilton, Ontario. Mais j’ai grandi aux États-Unis.
- Qu’est ce qui vous a amené en Grande-Bretagne.
- La guerre. Je me suis engagé dans la marine marchande britannique en 1916 et en 1918 j’ai rejoint les fusiliers royaux. J’ai servit en Syrie et puis après le traité en Égypte. Quand j’ai compris que la révolution était pas très loin, je suis revenu en Angleterre et je me suis engagé comme docker à Southampton et puis j’ai rejoins le syndicat. Le patron m’a vite foutu à la porte et les gars n’ont pas trop bougé pour moi, vous imaginez, un juif étranger qui vient d’arriver. J’ai fais des petits boulots et j’ai continué d’aller aux réunions du syndicat alors ils ont pas trop eu le choix que de m’accepter. En novembre 1920 c’était la grève et j’étais sur le piquet. Les gars de Churchill ont du nous virer à l’artillerie de campagne un bon mois plus tard alors on s’est réfugié dans la Nouvelle Forêt pour les emmerder un peu. Ça a été sacrément efficace et quand l’Armée rouge est arrivée dans le coin, on était toujours là. C’est un de mes gars qui a monté le drapeau rouge sur la mairie de Southampton. Et puis à partir de cette expérience j’ai écrit ça. Il posa nerveusement sur la table un tas d’environ deux cents feuillets qu’il avait gardé sur ses genoux depuis qu’il s’était assis. Ça parle de guérilla, ça a un but pédagogique.
- Vous avez de sacrés états de service, vous pouvez nous laisser votre manuscrit, ce sera ajouté à votre dossier je pense que ça intéressera certaines personnes de le lire. Comment vous gagnez votre vie ?
- Je ne sais pas si on peut gagner sa vie dans ce pays mais je fais des combats de boxe dans les pubs du coin contre de l’alcool, et puis je bosse pour un fermier depuis trois semaines contre le logis et le couvert, mais bon je ne sais pas si ce sera très compatible avec l’emploi du temps de l’académie si je suis pris.
- Ne vous inquiétez pas, si vous êtes prit, tout vous fera fournit par l’État. Nous voulons des étudiants concentrés sur leurs études, surtout par les temps qui courent.

Le fonctionnaire du service d’inscription termina rapidement le dossier du dénommé Bert Levy et laissa partir le petit bonhomme canadien qui avait tout d’une force de la nature aussi bien par son physique trapu que par sa voix ou son énergie. La force de la nature retourna quelques temps à sa boxe et à son travail de ferme avant de recevoir une lettre où était indiqué qu’il était reçu à l’Académie militaire de Sandhurst, on le priait de se présenter sur place le 18 août prochain, jour de la rentrée universitaire. Dans l’enveloppe étaient aussi glissés des coupons de rationnement lui permettant de se nourrir jusqu’à cette date.