V1919 - Topic Officiel - Année 1921

AFRIQUE DU SUD
Brève
Evènement

Alors que la grève des mineurs sud africains s'installe, la direction des mines décide de refuser toute négociations et d'accélérer le recrutement d'ouvriers noirs afin de briser le mouvement au plus vite. S'en est trop pour la fédération industrielle qui décide d'appeler l'ensemble des travailleurs sud-africains à la grève générale afin de faire basculer la situation.

La situation s'emballe et certains appellent ouvertement au renversement du régime, c'est le cas d'un député travailliste qui parraine une résolution appelant à l'établissement d'une république en Afrique du sud. La motion est largement rejetée par le parlement mais elle suffit à faire sortir de ses gonds le chef du gouvernement libéral qui dénonce une tentative d'installer un régime anglosocialiste en Afrique du sud.

La situation s'envenime et l'appel à la grève générale fonctionne bien. C'est particulièrement le cas dans la région minière du Witwatersrand, située entre Johannesburg et Welkom. Là bas, des milices ouvrières armées prennent le contrôle de puits de mines et d'usines et même de petites bourgades desquelles les forces de sécurité sud africaines sont chassées.

Le gouvernement répond en mobilisant l'armée, en décretant l'état d'urgence et en autorisant la police à ouvrir le feu. La tentative de briser la grève en utilisant la division raciale est pour sa part farouchement combattue par les syndicats et le parti travailliste qui appellent d'une même voix à la solidarité de classe aux couleurs du drapeau rouge et aux mots d'ordres de "workers of the world, unite". Le parti national qui soutenait jusque là de loin le mouvement panique et émet de son côté des appels à s'en désolidariser.

Malte
Brève
Evènement

Le Baron Plumer est vu par la population locale comme l'homme providentiel avec notamment l'arrivée du grain Italie. Ce succès est le résultat de sa politique d’autonomie diplomatique envers le gouvernement britannique en exil. Il poursuit dans cette direction en acceptant la proposition de la diplomatie italienne d’une rencontre à Naples. L’île se rapproche de plus en plus d’une indépendance de fait.

Somaliland
Brève
Evènement

Dans la colonie britannique du Somaliland, le chaos provoqué par la révolution anglaise donne de l'élan à la rébellion des derviches. Cette dernière lance des attaques efficaces contre les troupes coloniales. Mohammed Abdullah Hassan, leader incontesté, se rapproche de plus en plus de la capitale Hargeisa. Les autorités locales appellent les autres colonies anglaises du secteur à l'aide et, en désespoir de cause, l'Italie.

Le plan de Kazem Sayyah

Dans le Gilan les combats sont toujours en cours, ils durent depuis 1914 et sont la conséquence directe de la révolution constitutionnaliste de 1906. Les deux généraux mandatés par le gouvernement persan pour combattre les rebelles, semblent retrouver depuis quelques mois les chemins de la victoire. Même si la révolte n’est pas encore écrasée, les succès des gendarmeries et des cosaques sont assez nombreux.

Les renforts que le gouvernement iranien a octroyés aux cosaques ont joué un rôle important dans le rapport de force. Le surnombre des soldats du Shah est assez criant, mais le coût d’une telle opération n’est pas sans conséquence sur les finances de l’Etat persan. Elles qui ne sont déjà pas vraiment en bonne forme. L’archaïsme de l’appareil d’Etat n’aidant pas à lever de nouvelles taxes pour financer les expéditions militaires, et l’impopularité du Chah ne lui donnant pas l’opportunité politique et la marge de manœuvre suffisante pour augmenter les impôts, les troupes de Ghassem Khan et Reza Khan se retrouvent en plein milieu de la campagne du Guilan, sans que l’Etat central ne daigne leur verser leurs soldes. Pire le ravitaillement que l’on leur octroie est de piètre qualité. Tout cela fait monter le mécontentement au sein des armées iraniennes, les gendarmeries particulièrement, eux qui en leur sein sont remplis de fervents nationalistes.

Chez les hauts-gradés aussi on s’agite. Kazem Sayyah, le gendarme persan chargé de coordonner les deux forces du Shah dans le Guilan, complote contre la couronne persane. Il essaye en effet de convaincre le général de la brigade des cosaques ainsi que le général de la gendarmerie iranienne de le suivre dans son projet : Faire un coup d’Etat pour renverser le Shah. En effet le gendarme est un fervent nationaliste, qui ne supporte pas de voir son pays sombrer dans la décadence, et n'être que le pantin des puissances européennes. Pour lui, il faut qu’un homme fort gouverne l’Iran pour rétablir l’ordre et autorité de l’Etat central et moderniser le pays

Reza Khan soutient cette initiative et se monte particulièrement intéressé par ce projet politique, ses réserves sont assez minimes, attiré par le pouvoir, il se voit déjà au sommet de l’Etat. Pour Ghassem Khan, la chose est plus complexe. Il se montre assez loyal envers son souverain et a aussi peur des conséquences si leur plan devait échouer, ce n’est qu’après une longue rhétorique de Kazem Sayyah, qu’il fut finalement convaincu de la noblesse de leurs actes. Cependant il imposa une condition à Reza Khan et à Kazem Sayyah, Ghassem désire certes restaurer l’ordre dans le pays, le moderniser et réduit l’influence des étrangers mais il ne souhaite pas pour autant renverser le Shah. Pour lui, l’objectif de ce coup d’Etat militaire est de former un gouvernement capable de faire les réformes nécessaires pour restaurer la grandeur de l’Iran. Ces deux compères consentent à cela, de toute manière ils ne peuvent pas faire autrement. Ils ont besoin de l’appui de Ghassem Khan et de sa gendarmerie pour mener à bien leur projet.

Le mouvement des officiers libres était né

Affaires diplomatiques

La naissance du royaume d’Irak n’a pas laissé le gouvernement persan indifférent, certes ce dernier bien occupé par ses propres troubles internes n’a pas eu le désir d’intervenir lors de la révolte contre la présence ottomane en Irak mais il a eu tout le loisir d’observer le rapprochement entre l’Irak et l’émir de Mohammerah. Ahmad Shah ne voit pas d’un bon œil pareille chose et tente de resserrer les liens qui l’unit à Khaz'al Khan al-Kaabi. C’est donc par le biais d’un émissaire qu’Ahmad Shah offre, au nom de la Perse, des cadeaux à l’émir de Mohammerah. Proposition est faite aussi d’offrir en mariage la princesse Maryamdokht Qajar à un des fils de l’Emir de Mohammerah quand cette dernière sera en âge de se marier (Elle a 7 ans à l’heure actuelle)

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JAPON
Brève
Evènement

Le krach économique suscite une instabilité qui plonge le Japon au bord du précipice économique. Un front commun se forme entre les pacifistes et les manifestants contre la faim, et la situation critique provoque les dénommés "Secondes Emeutes du Riz". Mis sous pression par le peuple, l'opposition, la bureaucratie et le ministère des affaires étrangères, le Rikken Seiyūkai est contraint par tout les bords de trouver un arrangement pour sortir le pays de la guerre et de l'isolement diplomatique.

Contraint de négocier, le Japon signe avec la France et l'Allemagne le traité de paix suivant :

Spoiler:

Fête à Nouméa :

Nouméa, 1921

La nouvelle de la paix se propage à travers l'Empire colonial français comme une traînée de poudre. C'est enfin terminé ! Les troupes françaises arrivent à Nouméa et reprennent la Nouvelle-Calédonie des mains japonaises le 2 octobre 1921, et une grande fanfare est organisée. La situation sur place a en réalité été relativement peu affectée par l'occupation japonaise qui aura duré presque un an. Certes les familles européennes ont du se serrer la ceinture car la ville de Nouméa était essentiellement coupée de l'Europe : plus de nourriture luxueuse pour ceux qui pouvaient l'acheter, mais surtout plus de courrier. Dans les campagnes et chez les Kanaks l'occupation n'a pas impacté le quotidien à vrai dire, hormis de rares passages de convois japonais somme toute tout à fait respectueux.

En Indochine également, c'est le soulagement. Avec la paix, la colonie est désormais en sécurité. Le Leon Gambetta, véritable héros de la guerre, a reçu une ovation populaire dans la rade de Saïgon et devrait arriver en France à Toulon d'ici la fin du mois ou en décembre.

La gauche française :

Dans la gauche française, l'appel de Londres résonne fort. La CGT de Jouhaux a été la première à répondre à l'appel du sommet des partis socialistes mondiaux, et a annoncé participer avec une délégation menée par Jouhaux en personne. Immédiatement après, la Ligue Révolutionnaire Syndicaliste, scission de la CGT, a également communiqué sa présence en la personne du camarade Broutchoux.

Du côté de la SFIO, c'est Ludovic-Oscar Frossard qui sera envoyé outre-manche. Ancien secrétaire général de la SFIO jusqu'en 1920, c'est un homme de confiance qui saura mener la représentant de la SFIO avec brio.

Frossard en 1920

Pour le gouvernement français, cette participation relativement massive de la gauche française aux manigances des révolutionnaires britanniques est particulièrement inquiétant. Aucune décision n'est prise en ce qui concerne l'arrestation des délégués avant qu'ils ne quittent la France, mais ils sont tous (avec leurs collaborateurs) placés sur le Carnet B, l'outil de surveillance politique du Ministère de l'Intérieur. Une centaine de nouvelles fiches sont ainsi créées.

SERBIE
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Evènement

Dans le contexte du chaos qui frappe l'ancien empire austro-hongrois, certaines voix s'élèvent, moins effrayées qu’auparavant de la potentiel répression de Vienne et de ses relais dans le Royaume de Serbie. Ces voix, se sont principalement celles d'anciens combattants membres d'associations de vétérans de la Grande Guerre qui assument de plus en plus de tenir des discours nationalistes et revanchards véhéments.

IRLANDE
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Evènement

L'Irlande s'enfonce dans la guerre et dans la crise économique concomitante à la rupture brutale des liens commerciaux avec la Grande-Bretagne desquels l'île d'émeraude était très dépendante. Le chef du gouvernement Michael Collins profite de ces évènements malheureux pour annoncer la suspension de la Constitution démocratique de 1920. L'opposition est réprimée et étouffée. Les organisations de la gauche quant à elles, c'est à dire le parti travailliste de James Connolly ainsi que le grand syndicat qu'est l'Irish Transport and General Workers Union de James Larkin se voit tous simplement dissoutes.

CHINE
Brève
Evènement

La République de Chine accepte les propositions émises par le gouvernement révolutionnaire britannique concernant l'établissement de liens diplomatiques officieux et l'installation de bureaux du commerce afin de renforcer les liens économiques entre la Chine et la Grande-Bretagne.

Reconstruction

Le grain états-unien fauché dans le Midwest a pu arriver à bon port, déchargé à Liverpool, il a ensuite été dispatché dans le pays par trains entiers. Une demi-douzaine de dockers syndiqués du port de Liverpool ont été surpris en train de tenter de faire sortir quelques tonnes de blé et de maïs au moment des opérations de déchargement, sûrement dans l'objectif de le revendre au marché noir et de s'en mettre plein les fouilles. Ces pratiques de spéculatrice qui s'apparente carrément à du sabotage sont absolument inadmissible, surtout venant de membres du syndicat des dockers, c'est à dire des représentants vivants de la Révolution. Pour l'exemple, ils ont été condamné à de lourdes peines de prison.

L'arrivée de céréales étrangères fait beaucoup de bien et participe à faire pression à la baisse sur les prix tout en autorisant le gouvernement à adoucir le rationnement. Cela dit, le problème est encore loin d'être résolu. L'Office for food resilience a pris la décision de parier d'avantage sur la hausse de la production locale à moyen terme par la modernisation des méthodes de production et par l'expansion des terres cultivées (portée justement par l'effondrement du commerce  britannique et par l'appui financier du TUC) que sur un contrôle strict des prix qui verrait l'Office acheter à prix faible la production des paysans, les empêchant d'investir dans du matériel agricole moderne, les poussant à écouler leur production au marché noir voir à ne pas produire plus que nécessaire, les gains étant trop faible. Ce choix à le défaut de prolonger la crise alimentaire qui, si elle ne dégénèrera pas sur une famine généralisée pour le moment, continue d'être un problème humanitaire majeur pour le pays.

Finalement, maintenant que le pays sort péniblement la tête de l'eau dans laquelle le blocus allemand l'avait plongé, la question de la reconstruction des destructions occasionnées par la guerre civile se pose. Londres bien sur est concernée, surtout que son centre-ville a été le cœur des combats ayant agité la capitale. Mais en réalité, la ville martyr du conflit est Birmingham. Autrefois flamboyante cité industrielle célèbre pour ses hauts-fourneaux, ses joailliers ou sa manufacture d'armes, elle n'est plus que l'ombre d'elle même. L'activité industrielle s'est largement effondrée comme partout dans le pays et, seule la Birmingham small arms s'en sortant péniblement grâce aux importantes subventions de l’État à l'industrie militaire. Beaucoup des habitants de la ville sont ainsi partis à la campagne pour y trouver du travail et de la nourriture. Birmingham se rapproche désormais de la ville fantôme. Le gouvernement souhaite à tout prix relever la ville dans les années à venir.

AFRIQUE DU SUD
Brève
Evènement

Des affrontements violents secouent le Witwatersrand, provoquant plusieurs dizaines de morts. Confronté à un escalade de la violence qu'il n'est pas certain de pouvoir maîtriser totalement, le gouvernement sud-africain transmet un appel à l'aide au gouvernement britannique en exil afin d'essayer d'obtenir un appui militaire, en particulier de l'artillerie, des chars et des avions afin d'écraser les milices insurgées. L'armée sud africaine  est en effet essentiellement équipée d'armement léger et montre ses limites face à des milices ouvrières bien organisées.

Du côté des grévistes cependant, le Labour et la Fédération industrielle doivent faire face à la désertion de certaines de leurs troupes, farouchement opposées à tout pas en avant vers les travailleurs noirs. Tout cela est aussi à relier aux appels du parti national, influent au sein de la classe ouvrière blanche, à quitter le mouvement. Il n'empêche que les insurgés profitent des hésitations du gouvernement et de l'armée pour renforcer leurs positions dans le Rand - dans le reste du pays, le mouvement est largement écrasé - et se préparer au choc prochain.

ETATS-UNIS
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Evènement

Aux Etats-Unis l'on suit avec attention les développements de la révolution anglosocialiste et ses répercussions à travers le monde, jusqu'en Afrique du Sud où le gouvernement fidèle à la monarchie britannique vacille face aux grévistes. Dans la classe ouvrière américaine ces évènements représentent un immense espoir et suscitent l'enthousiasme. Jusque dans la moindre usine les militants syndicaux et autres prolétaires politisés se passionnent pour l'actualité anglais, et plus largement européenne, et des collectes d'argent et de matériel sont organisés pour soutenir les camarades du vieux continent. Certains syndicalistes entament même la traversée de l'Atlantique, la menace des U-Boots allemands étant maintenant écartée, pour voir de leurs propres yeux la Révolution d'Angleterre.

De son côté le Parti socialiste d'Amérique fait lui aussi bloc avec les camarades britanniques et annonce qu'il enverra une délégation au Congrès de l'Internationale ouvrière et socialiste qui se tiendra l'été prochain à Londres. La Fédération américaine du travail fera de même.

A contrario, toute cette agitation provoque des sueurs froides chez les élites économiques et politiques et, plus globalement, chez les hommes de droite et autres modérés, qu'ils soient républicains ou démocrates. En effet les ouvriers états-uniens ne se contentent pas de s'enthousiasmer pour la Révolution anglaise mais passent eux aussi à l'action, comme l'a montré la récente grève des mineurs qui a tourné au bain de sang en Virginie occidentale.

Au sein du parti républicain, du patronat et des milieux conservateurs, l'on craint maintenant une véritable subversion de l'ordre social par les franges les plus radicales de la gauche, syndicalistes, militants du Parti socialiste d'Amérique et activistes noirs en tête. Dans ce contexte une véritable psychose face à la menace rouge se répand dans tout le pays, largement relayée par la presse conservatrice.

Dans certains Etats, des lois visant à limiter l'action syndicale et les actes anti-patriotiques sont votées. A New York, un appel à déchoir de leur mandat les représentants socialistes siégeant à l'Assemblée législative locale est lancé.

Au niveau fédéral l'Etat peut s'appuyer sur les lois votées en temps de guerre (loi contre l'espionnage...) pour surveiller de près les mouvements de gauche et éventuellement agir contre eux. Bien que démocrate et élu sur la base d'un programme de "gauche" sur le plan économique, le Président William J. Bryan craint la contagion révolutionnaire et n'hésite pas à apporter le concours de l'Etat fédéral aux autorités locales pour réprimer les grèves.

A Washington le département de la Justice prend en charge le dossier et mobilise ses meilleurs agents pour surveiller le mouvement ouvrier en recourant à des informateurs et même à des méthodes plus ou moins illégales dans le cadre de la démocratie américaine (écoutes téléphoniques...). Des listes de militants sont dressés et au mois d'octobre 1921, après le choc des sanglantes grèves de Virginie occidentale, près de 300 "radicaux", dont une bonne moitié d'ouvriers et d'activistes étrangers destinés à être expulsés (notamment des Italiens, des Irlandais, des Juifs originaires d'Europe de l'Est mais également quelques Anglais présents sur le sol américain) sont arrêtés par la police.

Canada
Brève
Evènement

Afin de lutter contre l'influence italienne à Malte et Espagnol/Allemande à Gibraltar, le gouvernement britannique en exil demande officiellement au gouvernement canadien d'ouvrir des lignes de ravitaillement en fourniture militaire et civil afin de sauvegarder l'influence britannique sur ces deux territoires.

AUSTRALIE & NOUVELLE ZÉLANDE
Brève
Evènement

Les gouvernements australiens et néo-zélandais s'accordent pour faire parvenir des armes lourdes à l'armée sud-africaine afin de l'aider à écraser la rébellion du Rand.

Australia

Chers camarades,
Comme vous le savez, nous avons toujours refusé de nous ingérer dans les affaires internes de partis établis dans d'autres pays. Nous savons bien comme les situations peuvent être compliquées, nous mêmes nous trouvons dans une situation compliquée et nombreux sont ceux qui tentent de nous donner la leçon sur la manière dont nous devrions travailler. Nous ne nous autorisons pas à donner de leçons. Par ailleurs, l'exemple du travaillisme australien a longtemps été un phare pour nous, en particulier durant la Grande Guerre, démontrant au monde que le travaillisme était capable d'obtenir des résultats importants grâce à une stratégie déterminée et clair.

Cependant, il est une ligne rouge que nous ne pouvons nous permettre de tolérer. Quand un parti représentant des travailleurs offre des armes pour l'assister dans sa tâche répressive à un gouvernement sanguinaire qui tente d'asservir ses propres travailleurs alors il n'est plus un parti ami. Nous nous déclarons pleinement solidaires des ouvriers sud-africain et de leur lutte juste pour la dignité de la classe laborieuse.

Dans ces conditions, il nous semble impossible de pouvoir accueillir une délégation du Labour australien l'année prochaine. Nous appelons les camarades membre de ce parti qui continuent de croire dans la cause travailliste à s'atteler dès à présent à l'établissement d'une organisation indépendante large pouvant jouer un rôle dans l'opposition aux politiques anti-ouvrières du gouvernement australien et étant en capacité de faire parvenir à Londres une délégation pour le congrès fondateur de l'Internationale ouvrière et socialiste.

Fraternellement,
Labour Executive Comittee.

4 novembre 1921, Marseille :


Dans un café bistro du Vieux Port de Marseille, une tablée d'hommes discute sérieusement. L'établissement a été privatisé pour la journée. Dans l'intimité la plus totale, sous le seul regard approbateur d'un patron de café complice et de deux garçons de service, on débat, on critique, on écrit, on déchire. La table rassemble plusieurs personnalités politiques nationales, locales, ou des sympathisants enthousiastes.

Charles Maurras de l'Action Française

Pujo et Maurras de l'Action Française tout d'abord, qui sont venus représenter leur organisation royaliste. Celle-ci a longuement fait parler d'elle depuis le pogrom anti-italien d'il y a un an. Pujo, qui y avait pourtant participé en personne, n'a pas été inquiété par la justice. La préfecture des Bouches-du-Rhône est en effet dans la poche de l'Action Française, et ils ont su graisser les bonnes pattes.

Henri Malassagne aussi, proche de la mairie de Marseille et qui représente les intérêts de la ville mais aussi de nombreux notables de la région. Face aux troubles révolutionnaires en effet, la Provence comme le reste du pays voit se tisser un réseau de bourgeois réactionnaires qui font appel à de nombreuses milices et organisations paramilitaires afin de mater leurs ouvriers et employés.

Hervé Frontignan enfin, chef de section pour le Sud-est de la France de la Ligue pour la République, sûrement la plus importante des milices paramilitaires antirévolutionnaires. L'homme est fin, athlétique, sobre. C'est le seul qui ne boit pas, ne fume pas, et il a à peine touché à son assiette.

A ces quatre personnages centraux s'ajoutent une bonne dizaine. S'ils sont réunis ici, c'est pour la fondation officielle et la signature en personne du Comité pour l'Ordre, le Travail et la Patrie. Rassemblant une nébuleuse de petits partis de droite et d'extrême droite et un bon nombre de vétérans, mais aussi et surtout de jeunes étudiants, le Comité voit officiellement le jour le 4 novembre 1921. Il n'est salué par quasiment aucun communiqué de presse, à part localement dans les journaux marseillais de bas-étage. L'organisation, qui est sujette à de fortes tensions internes, notamment entre Hervé Frontignan et Charles Maurras et leurs organisations respective, se voit comme la matrice d'un vaste mouvement populaire visant à assurer à la France de ne jamais tomber ni dans l'anglosocialisme ni dans la soumission absolue à l'Allemagne.

Lettre d'Hervé Frontignan à sa femme Louise Bonpont :

Chère Louise,

Je sors d'une journée de discussions et de négociations avec les diverses forces qui ont participé au maintien de la République en décembre 1920. Nous avons signé une charte, et le Comité dont je t'avais parlé est né. Maurras n'a pas voulu y inclure la défense de la République. C'est un abruti. Tous les hommes de l'Action Française que j'ai croisé aujourd'hui sont de véritables abrutis je dois te le confier.

Empêtrés qu'ils sont dans le passéisme et leurs institutions mythiques qu'ils n'ont jamais vu de leurs yeux, ils ne comprennent pas que le salut de la France se trouve ailleurs. Je n'ai pas pu les convaincre eux, mais je pense avoir réussi à attirer l'attention de nombreuses personnes autour de la table. J'ai même croisé un ancien de la 87ème Division d'Infanterie. Ils étaient avec nous dans les Flandres. Il s'appelle Jacques, et demain nous prendrons un café ensemble avant que je ne reprenne le train pour Lyon et te retrouver.

Bises et à bientôt,

Hervé

From scratch

Joseph relisait les documents étalés sur son bureau. Ça ne rentrait pas. C'était à peu près certain que du charbon avait disparu à une étape ou une autre du processus de production. Ce satané marché noir commençait à devenir un vrai problème au Pays de Galles, il comprenait très bien pourquoi ses gars se sentaient obligés de tirer un peu de la production pour mettre un peu de beurre dans les épinards, mais son travail désormais, c'était de les en empêcher.
Ses états de service au syndicat puis au sein de l'Armée rouge pendant la guerre civile l'avaient rapidement propulsé à des postes importants dans le nouvel ordre social qui se construisait petit à petit en Grande-Bretagne. Depuis deux semaines, il avait été nommé par le syndicat à la direction des mines du sud du Pays de Galles et s'occupait directement de l'essentiel des puits nationalisés de Swansea. La production repartait petit à petit grâce au retour du commerce et au retour à la discipline imposé par le syndicat. Le nouveau problème qui se posait désormais, c'était la perte d'une partie de cette production vers le marché noir. Pour Joseph, c'était très simple, la seule solution pour le moment était de renforcer la surveillance accomplie par des milices ouvrières sur les travailleurs afin de s'assurer que tout soit fait en bonne et due forme.

Il soupira, il savait bien que les gars viendraient le voir pour l'engueuler et qu'il allait falloir discuter pendant des heures pour finalement les convaincre de la justesse de sa décision. Rien n'était simple ces temps-ci et peu de gens gardaient l’œil sur la vue d'ensemble tant la vie quotidienne était dure. Il regarda l'heure, plus qu'une petite heure avant l'arrivée des représentants du syndicat des cheminots et du syndicat des dockers. Tout autour du pays, les membres de ces deux organisations s'étaient associés à ceux du syndicat des mineurs afin de former l'aile radicale de la révolution britannique. C'était par leur action que le TUC avait du consentir à nommer Fred Bramley à sa tête. C'était une victoire importante pour la Triple Alliance du syndicalisme britannique mais il y avait encore beaucoup de choses à discuter. Le sujet brulant du moment était le manque d'investissement du gouvernement dans la situation révolutionnaire qu'avait connu l'Afrique du Sud. Par sa passivité, le Labour avait signé l'arrêt de mort de centaines d'ouvriers sud-africains. Ce genre de situation ne devaient pas se reproduire. De même, la lutte contre la réhabilitation de nombreux politiciens bourgeois, à commencer par Bonar Law, devenait désormais une priorité des radicaux qui craignaient de voir la révolution et ses acquis sacrifiés sur l'autel de l'union nationale et de la lutte aveugle contre l'Allemagne. La réunion de cette après-midi devait permettre de coordonner les actions des trois syndicats au Pays de Galles sud afin de faire savoir leurs positions sur ces questions précises. En attendant, il avait le temps d'avancer sur la meilleure manière de lutter contre le marché noir dans sa ville.

Perse

Brève

Évènement

Khaz'al Khan al-Kaabi, l’émir de Mohammerah, reste assez sceptique face aux propositions irakiennes, lui qui jouit d’une si grande autonomie au sein de l’Etat persan n’a pas la moindre raison de se rebeller contre les Kadjars. Toutefois, il ne s’offusque pas d’une telle offre de la part du Royaume irakien et continue de maintenir des relations amicales avec ce dernier.

Les propositions des Iraniens ne trouvent pas non plus grâce à ses yeux, il n’accepte pas la proposition de mariage des Kadjars au motif qu’il ne souhaite pas lier sa lignée à celle du Shah.

Après de moult discussions entre les trois généraux, Reza Khan, Ghassem Khan Vali ainsi que Kazem Sayyah sont prêts à agir. Tel Darius Ier et les sept en leur temps, ils sont décidés à écrire une page de l’Histoire de la Perse.

Prétextant une réorganisation tactique de l’armée, Ghassem Khan Vali et Reza Khan accompagnés de 1000 cosaques et gendarmes de confiance se rendirent dans la ville de Qazvin. Cette dernière ayant la particularité de se trouver à la fois à proximité de la capitale Téhéran et la province en révolte, le Gilan. Dans la ville, ils ourdirent leur complot puis sans piper mot avec leurs forces ils marchèrent sur Téhéran.

Ghassem Khan Vali qui connaissait bien le chef de la garnison de Gendarmes de Téhéran (Hassan Arfa) puisque ce dernier se trouvait être techniquement son subordonné, l’appela pour lui informer que ses troupes ainsi que celles de Reza Khan allait marcher sur Téhéran. De manière quelque peu laconique, il lui ordonna de ne pas s’interposer entre lui et le palais de Téhéran et que son désir était simplement de mettre en place les reformes nécessaires pour que la Perse puisse pleinement rentrer dans la modernité. Hassan Arfa décida par loyauté envers le Shah de l'informer du coup d’Etat qui était en train de se dérouler mais n’osa pas contester les ordres de son général. Le prestige de Ghassem Khan jouait clairement en sa faveur.

C’est donc le 21/10/21 que les gendarmes et les cosaques firent leur entrée dans la ville de Téhéran. Mais les conséquences politiques de pareil coup d'éclat sont encore à venir.

Feux turciques

Le général Romanov, assis à l’ombre d’une aubépine, était en pleine discussion avec le chef de la dernière grande armée de bandits qui sévissait dans la vallée du Fergana. Fin de partie pour les conflits militaires d’ampleur dans la région. La discussion entre le chef militaire russe, parti en tant que commandant des divisions de cavalerie emmenées en campagne, et son adversaire vaincu est cordiale. Hors de question de le condamner à la peine de mort. Il bénéficiera du même traitement que bien des chefs politiques et militaires dans les frontières coloniales russes : la soumission contre un exil dans une jolie datcha en Russie à l’ouest de l’Oural, loin de là où il pourrait poser problème. Pour ses hommes par contre, le tribunal décidera. La discussion est interrompue par une estafette dépêchée depuis Tachkent, siège de l’état-major en Asie centrale. L’expression du jeune soldat qui porte le message est grave. Il n’a pas ouvert le message, mais il sait parfaitement ce qu’il y a dedans.

Il en vient, de Tachkent. Il sait ce qui s’est passé. L’émir de Boukhara avait été renversé quelques semaines plus tôt par le mouvement des Jeunes Boukharans. Le gouvernement républicain autoproclamé avait aussitôt exigé de Petrograd la reconnaissance de l’indépendance du protectorat. La réponse du gouvernement : non, et l’annexion officielle de Boukhara à l’Empire du fait de l’absence de continuité de la monarchie. Une réponse largement insuffisante pour des Jeunes Boukharans gravitant autour des galaxies jadidistes. En réponse, ceux-ci ont proclamé, d’abord à Boukhara puis à Samarcande, l’indépendance d’une République du Turkestan. Les remous de cette déclaration avaient circulé jusqu’à Tachkent, où des troubles civils de grande ampleur ont éclaté entre révolutionnaires turkestanais et loyalistes à l’Empire russe. Ordre est donné au général Romanov de revenir immédiatement au siège de l’état-major avec l’entièreté des troupes emmenées par lui en campagne.

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Une semaine et demi plus tard, à Tachkent

La vie dans le siège du commandement des forces russes en Asie centrale est rythmée par le bruit des bottes du général Sakhalinski. Alors que Romanov reste tranquillement assis sur sa chaise en réfléchissant aux côtés d’aides de camp, le blond a l’habitude de faire les cent pas quand il pense. Il faut dire que la situation a de quoi le rendre particulièrement nerveux. Tachkent, troisième ville de l’empire, est en état de siège depuis un moment déjà. La ségrégation géographique de la métropole d’Asie centrale permet au commandement d’être à l’abri dans les quartiers russes, mais le reste de la ville a été laissé au chaos, enfermé par des avant-postes militaires à chaque sortie.

- Nicolas, combien de temps va encore durer cette empoignade
- Autant de temps que Voronenko aura besoin pour pacifier la ville. À moins que vous n’ayez envie de tirer sur les gens pour les forcer à rentrer chez eux ?
- Tss, grommelle le natif de Sakhaline, évidemment que non. Mais c’est angoissant. Chaque jour que l’on perd à mettre fin à ces maudites émeutes est un jour de plus où l’armée n’est pas disponible pour combattre les rebelles. Rien que cette semaine, Kokand, Fergana et les régions avoisinantes ont été renversées par les nationalistes turkestanais. Fort heureusement que la garnison de Khoudjand a réussi à empêcher un coup similaire, autrement ils auraient pu faire la liaison avec ceux de Boukhara.
- On a reçu un télégramme d’Achgabad, via Orenbourg. Les Turkmènes sont calmes. C’est déjà ça. Vous vous fatiguez à tourner en rond, attendez calmement que l’on puisse agir

Voronenko, c’est le chef des forces de police de Tachkent. Depuis le début des émeutes, c’est lui qui s’occupe de maintenir l’ordre dans les quartiers musulmans. Ses méthodes sont plutôt violentes, usant d’un couvre-feu instauré à coups de bâtons, voire d’armes à feu quand les civils ont le malheur de ne pas se laisser faire. Néanmoins, force est de constater que cela finit par fonctionner. Dans quelques jours, il aura mis fin aux conflits urbains de Tachkent en reprenant le contrôle des derniers pâtés de maison oubliés. Et avec un bilan humain qu’il dit « honorable » en tout points. « Seulement trois Russes morts » il dit. Les 400 familles musulmanes endeuillées apprécieront de ne pas être assez russes pour que le commissaire se soucie d’elles.

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Carte de la révolte turkestanaise