V1915 - Topic Officiel

Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande

Première quinzaine du mois de mai 1916

Easter rising :

A la fin du mois d'avril 1916, les forces républicaines irlandaises clandestines qui s'organisaient depuis de nombreuses années maintenant à l'écart du Home Rule ont déclenché une violente insurrection armée à Dublin après plusieurs jours de démonstrations de forces dans l'ensemble du pays. L'effet de surprise est indéniable et les forces de l'Irish Citizen Army réussissent dans les premiers moments à prendre plusieurs bâtiments stratégiques de la capitale irlandaise. Deux éléments viennent mettre nos aventureux fenians en difficulté. Si la population locale ne porte pas l'administration britannique dans son cœur, loin de là, le contexte de guerre totale et les revers subies par l'Entente sur le front de l'Ouest - sans compter le matraquage de la propagande de guerre - ont soudé la population autour de l'objectif de victoire contre l'Allemagne. Ainsi, Dublin n'a point connu de mobilisation populaire pour soutenir la jeune République d'Irlande autoproclamée. Au contraire, les population a même parfois accusé le soulèvement d'être le fruit d'un complot du Kaiser et s'y est activement opposée. Deuxièmement, les troupes britanniques ont mené sans états d'âme une répression sans merci à l'encontre des révoltés. Une semaine de combat étant tout de même nécessaire pour reprendre le contrôle de l'ensemble de la ville, on dénombre près de 600 morts et plus de 2000 blessés, dont une écrasante majorité de civils que l'artillerie britannique n'aura pas épargné. Des milliers d'arrestation sont en cours, en Irlande comme sur le British Isle, pour démanteler l'organisation et les condamnations à mort sont quasiment automatiques. Deux exceptions notables tout de même, Eamon De Vallera, l'un des leaders de l'opération s'est vu épargner de la peine capitale à cause de sa nationalité américaine et de la nécessité pour Londres de ne pas provoquer de crise diplomatique avec Washington. James Connolly, autre leader, a quand à lui réussi à prendre la fuite et serait, d'après des informations récentes des services de renseignements policiers, déjà en direction des États-Unis où il a de nombreux contacts, hors de toute juridiction impériale.

Dublin en ruine après les combats

L'essentiel est sauf, le peuple irlandais n'a pas décidé de mettre un coup de poignard dans le dos de son bon roi, la situation a été rétablie. Dans la panique tout de même, le parlement a décidé d'accord plusieurs avantages nouveaux à l'Irlande pour éviter toute nouvelle explosion. Le principal d'entre eux étant l'exemption de conscription, les irlandais pourront toujours entrer dans l'armée impériale bien sur si ils sont volontaires mais le Military Service Bill de janvier 1916 ne s'appliquera plus à eux.

More meat for the meatgrinder :

Le désastre de la Somme, la situation catastrophique à Verdun, le front de l'Ouest est dans un état désastreux qui demande à l'immense démographie impériale de fournir de nouveaux efforts inédits pour combler les trous, remplacer les pertes, rétablir la situation. La fin de la conscription des irlandais n'est qu'un caillou supplémentaire dans le pied de l'armée britannique. Face aux besoin, le Military Service Bill qui ne s'applique pour le moment qu'aux hommes célibataires ou veufs sans enfants de 18 à 41 ans. Le parlement a décidé de mettre en œuvre son inévitable extension aux hommes mariés, en faisant enfin une véritable conscription. Cette politique reste hautement impopulaire et plusieurs manifestations se sont déjà tenues depuis le début de l'année contre la guerre et contre la conscription. Pire, le ministère de la guerre fait été d'un taux de 30% des appelés n'ayant pas répondu. Une politique de tolérance zéro devra se mettre en place pour dissuader toute esquive de son devoir envers la Couronne.

Affiche d'appel aux volontaires

La proposition faites par le nouveau gouvernement chinois de dépêcher de la main-d’œuvre de Chine en Europe de l'ouest est acceptée. Cela permettra de faire sortir nombre d'ouvriers britanniques bloqués dans les usines nécessaires à la production militaire ou dans les fermes nécessaires à la production agricole pour les mettre sous l'uniforme.

Enfin, pour continuer de soulager autant que possible le front ouest en attendant de pouvoir reprendre des opérations offensives sur ce théâtre d'opération, l'empire britannique va renforcer ses livraisons d'armes et de munitions à l'armée russe victorieuse à l'est par la route Inde-Iran.

Le sorcier increvable

Au bord de la Neva, des badauds s'activent, se groupant autour d'une scène peu commune. Tous observent les quais, où une main s'est accrochée au rebord. Se hissant sur la berge, un barbu en robe noire émerge du fleuve et s'allonge sur le côté, reprenant son souffle. Les passants qui s'approchent constatent que l'homme est criblé de blessures, infligées par des coups, des armes blanches ou à feu. Et pourtant, il se relève, titubant, comme un miracle. Effrayée par l'impossible phénomène, la foule recule, avant d'être transpercée par des bruits de botte. Entouré de deux miliciens, le populiste Vladimir Pourichkévitch sort un revolver et tire deux coups de feu supplémentaires au milieu de la poitrine de l'homme, qui retombe au sol avant d'être massacré par les coups de talon des deux malabars. Comme une furie, Pourichkévitch se tourne vers les passants avant d'annoncer ce qui vient de se passer.
"Raspoutine, l'agent de Berlin, est mort. La Russie est sauve de l'influence néfaste de ce faux croyant vendu au Kaiser !"

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Au milieu de l'état-major, Nicolas II observe des cartes, surveillant l'avancée de l'armée roumaine et préparant la prochaine tentative d'offensive. Le front étant fixé, il n'y aura sûrement plus de gigantesques prises de territoires, et il faut de toute façon attendre la reconstitution des stocks de munitions, notamment avec l'arrivée des importations d'armes britanniques depuis la Perse. Le monarque se voit cependant interrompre par une estafette, lui indiquant l'arrivée d'un télégramme à son attention, envoyé par son cousin.

Dmitri Pavlovitch avait participé à l'assassinat de Raspoutine, ainsi qu'au pillage des quartiers de ce dernier, et l'affaire avait remonté jusqu'aux oreilles de la tsarine, qui en a immédiatement averti son mari. Le fait que Pourichkévitch a été pris sur le fait épargnera le membre de la famille impériale de toute accusation directe, et même de toute mise en cause officielle. Seul Nicolas II peut décider de l'inverse. Attrapant le papier dans la main de l'estafette, l'autocrate n'y lit qu'un seul mot.

"Oui."

L'empereur souffle, s'assoit dans un fauteuil de la petite pièce, et reste silencieux un long moment, perdu dans ses pensées. Seul un général se penchant dans l'ouverture de la porte pour l'inviter à donner son avis sur une proposition militaire le sortit de sa torpeur. Se redressant, le tsar fixa une reproduction de l'icône de l'Archange Michel posée sur une commode avant de soupirer légèrement dans un murmure. "Dieu te sauve, chère Alexandra"

Bulgarie dominante :

L'ensemble des espoirs bulgares semblent enfin se concrétiser, alors que sur le front balkanique, le pays semble largement dominer ses adversaires, notamment en Serbie où c'est une défaite cuisante qui est infligée aux Alliés. Au pays, la population a confiance en son souverain, qui pour l'instant ne semble pas prêt de les décevoir et n'y compte pas, espérant bientôt achever la conquête de la Serbie, puis achever les Grecs dès que possible. Les batailles victorieuses s'enchaînent, la France et le Royaume-Uni, ainsi que les Grecs, les Italiens et les Albanais, s'embourbent et ne parviennent pas à résister aux attaques coalisées de l'Autriche, de l'Allemagne et des Bulgares, motivés et renforcés par leur volonté de venger les affronts faits pendant les guerres balkaniques. L'entrée de la Roumanie dans le conflit, toutefois, a fait froncer les sourcils aux nationalistes, au Parlement, qui fustigent pendant les séances et réclament des comptes aux Allemands et aux Autrichiens, pour avoir fait basculer Bucarest dans leur camp alors que la reprise de la Dobroudja du Nord était un des premiers objectifs que s'était fixé la Bulgarie. Mais S.M. Ferdinand II est conciliant, et tolère la présence des "frères roumains" sur le champ de bataille, mais espère négocier à l'issue du conflit - et après leur victoire commune - les conditions de vie et les détails concernant la situation de la Dobroudja.

Attaque bulgare sur des troupes alliés.

Mais en vérité, l'issue du conflit ne peut pas être déterminée maintenant. Même si la situation semble échapper des mains des Français, des Grecs et de leurs alliés, une contre-offensive bien placée et diablement efficace ne pourra jamais être évitée, et la suprématie bulgare pourrait bien être remise en jeu si cela venait à arriver. Cependant, le front unique qui s'est formée avec l'intervention de la Roumanie en faveur des alliés de la Triplice, permet aux Bulgares de ne se concentrer que sur la Serbie et la Grèce, et d'asseoir leur suprématie numérique - cependant, uniquement numérique - sur les adversaires. Le gouvernement bulgare a par ailleurs consulté le souverain Ferdinand pour tenter de négocier des nouveaux emprunts à l'Allemagne ou à l'Autriche pour subvenir aux besoins économiques de la nation qui sinon, ne tardera pas à se retrouver en disette. La possibilité d'acheter de l'équipement militaire allemand, et d'utiliser les fonds des emprunts pour améliorer les équipements militaires, qui n'ont pas été mis au niveau des grandes puissances des guerres balkaniques et qui ont valu à la Bulgarie son humiliation. L'essentiel de l'efficacité bulgare dans le conflit repose aussi, et surtout, sur les victoires qu'enchaîne Sofia, mais les soldats sont fatigués, de même que la population, par les conflits dans lesquels la Bulgarie est plongée depuis 1913, avec peu d'interruptions entre temps.

Révolution culturelle :

Depuis plusieurs mois maintenant, les idées promues par le Comité Union et Progrès, qui dirige d'une main de fer l'Empire Ottoman, circulent avec vigueur dans les sphères intellectuelles. D'Istanbul à Bagdad, on ne parle que de ça dans les salons, hormis bien sûr la guerre.

Les grands noms sont Ahmet Ağaoğlu et Yusuf Ziya Özer, un historien journaliste et un juriste. Le premier est né dans le Caucase, et a fuit les persécutions russes. Le second est un intellectuel stanbouliote. Hamdullah Suphi Tanrıöver, le troisième nom, est un poète qui reprend leurs idées avec une élégance et une force qui investit les journaux du pays.

Le magazine Türk Yurdu, ou Patrie Turque, gagne en effet en popularité avec la guerre. Les idées d'une nation turque se font de plus en plus puissantes, au détriment d'une identité musulmane au sens large, et sunnite au sens restreint.

Quelles sont les idées promues par ces intellectuels, qui profitent du climat de guerre pour développer leur portée ?

La première est celle de la Théorie Historique Turque (Türk Tarih Tezi). Le peuple turc, originaire d'Asie centrale, s'est déversé par des conquêtes et des migrations héroïques en Chine, en Sibérie, en Iran, en Inde, dans le Caucase, en Ukraine et en Anatolie. Issu d'une souche racialement supérieure aux populations locales, en tant que sous-groupe de la Race Caucasienne, le peuple turc s'est rapidement imposé dans sa mission civilisatrice. Il a apporté bienfait et modernité aux territoires conquis, en remplaçant petit à petit les populations présentes par absorption.

Ainsi, il y a environ 35 000 ans, un peuple blond aux yeux bleus occupant l'Altaï s'est répandu à travers le monde, donnant naissance à la civilisation égyptienne, hittite, indienne. Les théories sont rapidement reprises par des harangueurs de foule qui continuent la surenchère, certain déclarant que les Allemands, venus de l'Oural, sont d'origine turque. Pierre le Grand serait également turc.

Il n'y a pas que les foules qui aiment lire ces propres. Plusieurs officiers de l'armée ottomane sont séduits par ces thèses dont Mustafa Kemal. Les Trois Pasha qui dirigent le pays sont bien évidemment entièrement pris dans le filet de la Théorie Historique Turque.

La seconde est celle du pan-turquisme. Ainsi les idées de Yusuf Akçura, connu du grand public depuis une dizaine d'années pour son travail de reconnaissance de l'unité culturelle et biologique du peuple turc, gagnent en popularité.

Ces idées n'ont évidemment pas la même résonance dans les provinces arabes de l'Empire. De Damas à Bagdad, elles ne sont pas accueillies avec enthousiasme, et la noblesse arabe shérifienne se sent outrée de ce qu'elle perçoit comme une trahison à ses propres droits et légitimité politique.

EGYPTE
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Evènement

Abbas II, ancien khédive d'Egypte et démis par les britanniques au profit de son oncle qui leur est très favorable, a réussi à rejoindre Le Caire. Accompagné d'environ 200 fidèles à sa cause, il se lance dans un assaut sur le palais de Hussein Kamel, Sultan d'Egypte a la solde des britanniques.

Les combats sont brefs mais intenses. La garde du Sultan appuyée de la garnison britannique rapidement dépêchée sur place parvient à défaire les attaquants. En deux heures à peine les environs du palais sont criblés de balles, et une trentaine de corps jonchent les rues. 14 fidèles d'Abbas II, 10 gardes du Sultan, 4 britanniques et une dizaine de civils. Abbas II lui même a réussi à prendre la fuite, prenant la route du Delta où il se cacherait.

L'attaque passe inaperçu dans la presse internationale, mais en Egypte elle rend paranoïaque le Sultan Hussein Kamel, qui se voit comme une cible de choix pour les agents ottomans ou même allemands. Il décide de se calfeutrer dans son palais et ne le quitte plus.

La reformation de l'armée austro-hongroise au prix de la soumission effective de la monarchie duale à l'Allemagne prendra du temps. Si il est imaginable d'ici 1917 d'avoir une armée reconstituée, avec un million de soldats supplémentaires, la moité en renforcement pour de nouveau atteindre les effectifs nominaux, l'autre moité pour créer de nouvelles armées, nécessaires avec l'extension du front par l'entré en guerre de la Roumanie et l'enlisement dans les Balkans, tout cela reste bien loin pour le reste de l'année 1916.
En attendant le retour des capacités offensives, l'Autriche-Hongrie doit changer ses plans de guerre pour survivre 6 mois de plus. Il n'y a plus de possibilités d'offensives, qui demandent des quantités colossales d'obus, des troupes lourdement équipés, une supériorité numérique, un bon train logistique avec des locomotives mais aussi des camions, et des opérations de contournement et d’encerclement (que l’Autriche-Hongrie n'a pas). A la place, en attendant les armes allemandes, payés par la mise en gage du pays et l'obéissance aux directives des commandants prussiens, une position défensive et passive est adopté. A partir des leçons des fronts des Balkans et slovène, l'idée est de faire une défense par couche et ne pas s’acharner à garder une première ligne de défense rapidement intenable avec la médiocrité austro-hongroise face à une offensive déterminé . Après tout, si l'armée austro-hongroise a été battue sur les frontières de la Grèce, elle a pu tenir la Tsnra Reka 50 km plus au nord. De même, la chute de Gorizia, Montfalcone et Tolmin, si elles sont regrettables, mettent les italiens devant le Karst et d'autres chaines de montagnes. Les retraites vers des positions plus défendables au fil des offensives devrait économiser les vies et l'équipement, aux prix des territoires. Mais l'Autriche-Hongrie n'a pas les moyens de préserver les trois.

CHINE
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Evènement

L'Empereur Yuan Shikai est déposé par les troupes républicaines du Général Cai E le 20 mai 1916. Après un règne et une restauration impériale de quelques mois, la Chine renaît sous un régime républicain. Les troupes républicaines sont arrivées à Pékin le 18 mai, et après deux jours de négociation, la ville se rend sans combattre, et la garnison livre son Empereur.

Li Yuanhong

Li Yuanhong, l'homme fort du gouvernement républicain aux côtés de Sun Yatsen, voit son nom mentionné dans le testament de Yuan Shikai qui meurt de soucis de santé le 24 mai 1916. En effet, dans la tradition impériale mandchoue, l'Empereur désigne son successeur dans son testament. La République, si idéologique soit-elle, voit là un signe du destin de Li Yuanhong à assumer les plus hautes fonctions. Le 27 mai, pressé par l'armée, et soutenu par Sun Yatsen, Li Yuanhong devient Président de la République de Chine.

Il annonce sa volonté d'organiser des élections rapidement, afin de reformer l'Assemblée Nationale qui avait été dissoute par l'usurpateur. Seuls les hommes, disposant d'une certaine fortune et âgés de plus de 24 ans seront habilités à voter. Au total, entre 3 et 5% de la population chinoise pourra s'exprimer. Les élections auront lieu "avant le nouvel an", selon le Président Li Yuanhong, et dotera la République d'un organe législatif solide.

Le retour de la République est salué par l'armée, dont Cai E est nommé Généralissime. Celui-ci, avec sa réputation d'intégrité morale et son refus de toute forme de corruption, n'est pas spécialement apprécié par les officiers du rang, mais jouit d'une forte appréciation populaire et politique. Pour la première fois de l'histoire de la République, l'armée et le politique semblent former un couple fonctionnel.

Dans les provinces périphériques cependant, l'exercice de l'autorité nationale est difficile. Si les frontières Qing sont revendiquées par la République, la Mongolie, les marges de Mandchourie, le Turkestan, le Tibet et le sud du Yunnan sont de facto des régions qui échappent au contrôle de Li Yuanhong.

GRECE
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Evènement

Scandale en Grèce. Alors que le pays est désormais en guerre contre les Empires Centraux, et que Thessalonique est menacée, il a été révélé que le Roi Constantin et trois officiers majeurs de l'armée hellène organisaient des pourparlers de paix avec l'Autriche, cherchant à obtenir la fin des hostilités et l'inviolabilité du territoire grec actuel en échange de l'expulsion des soldats alliés et de l'envoi du roi de Serbie à Vienne pour être emprisonné.

Venizelos, le puissant homme d'Etat, a immédiatement ordonné à ses troupes d'arrêter le Roi. Celui-ci, mis sous fers pour haute-trahison, est incarcéré à Corfou depuis le 28 mai 1916.

Venizelos et Constantin

Il semble que les sympathies germaniques du Roi aient été trop puissantes, et qu'il ait cherché à trahir son peuple. La Grèce vit un traumatisme. Si Constantin n'a pas encore abdiqué, et est actuellement prisonnier (ce qui est une situation pour le moins cocasse), le statut même de monarchie de l'Etat grec est menacé, et plusieurs proches de Venizelos en appellent à la destitution du monarque et à la proclamation d'une République hellène.

Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande

Deuxième quinzaine du mois de mai 1916

Britannia, rule the waves :

L'éclatante et inattendue victoire remportée par la marine britannique au large des côtes allemandes en pleine Mer du Nord a d'importantes conséquences. La première est patriotique : largement exploitée par le gouvernement et la presse à des fins propagandistes, la bataille du Jutland a pour effet de calmer la contestation anti-conscription qui avait commencé à s'installer et, à la divine surprise du ministère de la guerre, de provoquer une vague d’enrôlement de volontaires souhaitant partir au casse-pipe, dans les glorieux pas de la marine du roi. Il est évident que tout cela est lié à l'évènement et retombera tout aussi vite, l'ensemble des problèmes liés au recrutement reviendront bien assez vite. Cependant, ces évènements rappellent que ce qu'on nomme le Home front ne peut être mis de côté. La foi du peuple britannique et de l'ensemble des sujets de Sa Majesté décideront, à la fin, de la victoire ou non du Royaume-Uni face à la barbarie allemande. Chaque occasion est bonne pour le leur rappeler.

Désormais que la Hochseeflotte et ses marins sont d'avantage occupés à nourrir la faune sous-marine, la flotte britannique peut s'atteler à d'autres priorités puisqu'il n'est plus possible pour la marine allemande de menacer le blocus imposée par la Royal Navy. Sur les 160 bâtiments qui composent la Grand Fleet, une vingtaine vont s'en détacher pour former une escadre qui devra rallier Gibraltar puis Alexandrie pour faire jonction avec la Mediterranean Station et appuyer les efforts britanniques en Méditerranée orientale. Environ vingt navires, rien de colossal, cependant, feront partie du voyage le HMS Warspite et le HMS Malaya, deux navires de la désormais légendaire classe de cuirassées Queen Elizabeth. Véritables artisans de la victoire du Jutland, ce sont les fleurons technologiques de la Royal Navy et leur présence sur le front méditerranéen sera sans doute décisive. Les trois autres représentants de cette classe, le HMS Queen Elizabeth, en maintenance au moment des affrontements du Jutland, le HMS Valiant et le HMS Barham maintiendront leurs positions autour du British Isle.

His Majesty Ship Warspite au combat en Mer du Nord

Last but not least, la destruction de la flotte du Kaiser place le Royaume-Uni dans une situation de maître des mers incontesté pour très longtemps. Cette position permet à Londres de demander très solennellement à ses partenaires hollandais et scandinaves, qui ont déjà concédé à la Grande-Bretagne, depuis 1915, le droit de mener des visites inopinées pour s'assurer que rien n'est destiné à l'Allemagne, leur pleine collaboration dans cette opération en mettant en place le contingentement total de l'Allemagne, lui interdisant de fait toute possibilité de contact maritime extérieure. Le Royaume-Uni préfère largement atteindre ses objectifs par l'action diplomatique que par l'emploi, comme l'Allemagne, de la barbare guerre maritime indiscriminée.

États-Unis d’Amérique
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Evènement

L’émissaire du Président américain en Europe, Edward M. House, aussi appelé Colonel House (fonction qu’il n’a occupée que virtuellement)

La guerre en Europe s’accélère et l’Amérique s’enlise dans une nouvelle crise politique. Un navire sous pavillon français a été torpillé par un U-Boot allemand, ne faisant aucun mort parmi les ressortissants américains présents à bord heureusement. Mais c’est suffisamment pour embraser une nouvelle fois l’opinion nationale. De quoi mettre sur les nerfs la diplomatie américaine. Mais quelques semaines plus tard, la cours d’arbitrage international à New York doit faire face à l’actualité majeure de ces derniers jours, la Royal Navy qui a balayé la flotte de surface allemande en Mer du Nord. C’est un succès impressionnant pour tout le monde ici, mais elle repose sur la table à Washington D.C la controverse du blocus britannique sur une Allemagne mutilée à Jutland. C’est un scénario que les juges n’avaient pas prévus, et pour cause puisque qu’elle repose toutes les cartes. Pour les juges, cela veut dire que les problèmes avec Berlin sont en passe d’être réglés, le verdict ne saurait trop tarder, mais invalidera très certainement la plainte du gouvernement américain et refusera de prononcer l’illégalité de la guerre sous-marine (utilisée intensivement par l’Empire allemand). Pour la Maison Blanche, c’est donc l’effroi. Le Congrès venait de valider le National Defense Act ce 3 juin dans l’ire du scandale de l’Essex (le navire français), permettant à POTUS de fédéraliser la garde nationale si besoin, une augmentation des effectifs de celle-ci et de l’armée régulière, la création d’un corps d’officiers et un centre de formation pour eux. En somme, la continuité de la préparation militaire des Etats-Unis. Mais maintenant, les élus américains demandent aussi des comptes à la Maison Blanche, le blocus britannique jusqu’ici politiquement contrôlé par la Maison Blanche. Elle ne peut plus fermer les yeux sur le nouvel équilibre en Mer du Nord, la Royal Navy régnant impérialement et affamant la population civile allemande. Si le Président veut se sauver du guet-apens du Sénat, il faut impérieusement que la Maison Blanche agisse et affirme sa neutralité maintenant. Afin de se sortir de ce guêpier, l’un des plus proches conseillers de POTUS, Edward M. House se mobilise. Le businessman texan reconverti en diplomate au chevet de Wilson, est le négociateur américain en chef en Europe. L’Ambassade américaine à Paris lui demande de se rendre au plus vite à Londres et lui transmet un télégramme provenant du Président :

« Il semblerait que nos diverses difficultés avec l'Allemagne soient bientôt réglées.

Dès qu'elles le seront, la demande ici, en particulier de la part du Sénat, sera impérative pour que nous forcions l'Angleterre à faire des concessions au moins égales à nos revendications de droit irréfutables.

Ceci est à portée de main.

J'envoie ceci pour vous informer et vous guider. »

Prenant le premier ferry disponible pour la Grande-Bretagne, il se rend dans un luxueux palace londonien pour rencontrer à la première heure le Sous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères britannique, Lord Robert Cecil. Une fois les gestes de bienséance passés, House pose sur la table le câble diplomatique signé par POTUS en personne, pointant directement du doigt le blocus britannique considéré non seulement comme inutile, mais aussi intenable aujourd’hui pour les États-Unis d’Amérique. Wilson demande ainsi au gouvernement britannique de détendre le blocus maritime contre l’Allemagne, implorant pour que la Royal Navy laisse passer tous navires contenants de la nourriture pour Berlin qui seraient acheminés au sein de plusieurs ports neutres (y compris en Allemagne). Le message passé, deux jours plus tard un dîner d’honneur pour l’arrivée de House est organisé à l’Ambassade américaine à Londres. C’est surtout là un prétexte organisé par l’Ambassadeur Walter Hines Page pour réunir en cercle restreint l’émissaire du Président américain, lui-même et le gratin gouvernemental britannique. Autour de la table du Texan, on retrouve ainsi le Chancelier de l’Echiquier McKenna ; David Lloyd George le Ministre aux Munitions ; Sir Austen Chamberlain le Secrétaire d’Etat à l’Inde ; le Lord juge en chef Reading et enfin une fois de plus Lord Robert Cecil. Le dîner commence abruptement quand Cecil demande à l’émissaire américain ce que le Royaume-Uni pourrait faire pour l’Amérique. House sans tact après avoir déjà vidé son troisième verre répond : « Les Etats-Unis voudraient que la Grande-Bretagne fasse les choses qui permettraient aux États-Unis d'aider la Grande-Bretagne à gagner la guerre. » Puis il se mit à lire à voix haute le câble diplomatique du Président d’il y a quelques jours. De quoi surprendre quelques convives, puis le Texan poursuit en argumentant qu’il obtiendra la fin de la guerre de la guerre sous-marine à outrance, ce qui ouvrirait des couloirs maritimes massifs pour les matériels qui partent soutenir l’Entente à bout. Puis House conclu devant ses invités en disant qu’il a reçu la promesse personnelle du Président Wilson que rien n’empêchera les Américains de coopérer avec l’Entente.

Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande

Première quinzaine du mois de juin 1916

Coup de chaud chez les Yankees :

L'aventure diplomatique américaine à Londres a laissé dubitatifs les vieux roublards du Foreign Office qui pensaient au contraire que la brillante victoire de la Royal Navy en Mer du Nord rapprocherait les américains du Royaume-Uni, l'Allemagne étant désormais définitivement écartée de la gestion du commerce internationale pour longtemps. Par ailleurs, la demande de lever du blocus maritime sur l'Allemagne à un moment où, justement, les diplomates britanniques sont à l’œuvre pour tenter de le renforcer - chose qui est forcément arrivée à l'oreille de Washington - est presque vécue comme une provocation.

Il est de toute façon dans les faits impensable d'organiser une levée même partielle du blocus à un moment où la situation est aussi désastreuse sur le front de l'Ouest - les allemands ont percé à Verdun -, puisqu'il est certain que tout laxisme en la matière profitera à l'armée allemande, à son ravitaillement, ainsi qu'à l'industrie de guerre allemande. Il est évidemment parfaitement impossible de s'assurer que chaque cargaison autorisée à passer le blocus soit uniquement rempli de nourriture si l'on veut que cela ait un impact réel, cela aussi est bien connu de Washington. Finalement, personne au Foreign Office ne croit sérieusement à l'obtention de la fin de la guerre sous-marine allemande par la diplomatie américaine alors que cette politique est si efficace : 1.1 million de tonnes coulés en 1915, un chiffre qui va vraisemblablement sensiblement augmenter en 1916. Bref, il est impensable pour le Royaume-Uni de sacrifier les courageux Poilus sur injonction de quelques gros cochons yankees bien à l’abri de l'autre côté de l'Atlantique.

Cela dit, pour rassurer les américains, Londres consent officiellement à mettre sur pied une Commission regroupant britanniques, français, américains, hollandais et scandinaves afin de réfléchir à la mise en place concrète du relâchement du blocus. Par ailleurs, en attendant, la Royaume-Uni pourra s'entendre avec les Pays-Bas pour laisser passer quelques cargaisons de nourritures qui seront dûment contrôlées par l'armée britannique sur place. Des opérations largement symboliques puisqu'elle devront être organisées de l'amont à l'aval en coopération avec la Royal Navy pour s'assurer que rien ne puisse filtrer.

Changement de locataire au 10 :

Le Royaume-Uni est en crise politique, Asquith est de plus en plus violemment critiqué par les conservateurs comme par une partie des libéraux qui estiment qu'il n'est plus adapté à la réalité de la guerre. Trop timoré, il n'aurait pas le courage de terminer la transformation de l'Empire vers la guerre totale. Pire pour lui, les électeurs des classes supérieures - le suffrage n'est pas encore universel - semblent donner raison à ses détracteurs puisque les quelques élections partielles ayant eu lieu depuis le début de la guerre ont été des plébiscites pour les conservateurs, allant jusqu'à mettre en difficulté la majorité relative libérale et enhardissant les Tories qui sont allés jusqu'à exiger honteusement de la part de George V la dissolution du Parlement suite aux fiascos de la Somme, requête sagement rejetée par le monarque. Malgré tout la crise s'est installée ces dernières semaines, renforcée par l'état du front Ouest, où sont basés la plupart des soutiens militaires à Asquith, alors que les succès en Égypte, où se trouvent au contraire ses adversaires, affaiblissaient le premier ministre et sa stratégie.

Après quelques manœuvres politiques et une session houleuse au Parlement, le gouvernement est mit en minorité et se retrouve renversé. Pour le remplacer, le "sorcier gallois" libéral David Lloyd George est investi par le parlement. En apparence, la coalition continue, cependant, une petite moitié des libéraux étant restée fidèle à Asquith, elle se base cette fois-ci désormais sur les députés conservateurs. Ce changement dans les rapports de force permet aux Tories de se tailler la part du lion au gouvernement puisqu'il prenne 11 des 24 postes du nouveau Cabinet dont les finances, les affaires étrangères, l'intérieur, l'amirauté et la guerre. Une tectonique des plaques importante dans le paysage politique britannique.

Un nouveau Premier ministre proche du peuple

La composition du Cabinet est de toute façon finalement secondaire face à la nouveauté mise en place par Lloyd George, condition posée par lui pour accepter la charge de Premier ministre que lui demandaient d'assumer les conservateurs. Il s'agit du War cabinet, pensé comme un moyen de faciliter la prise de décision et la gestion du conflit, il s'agit d'un organe extérieur visant à "représenter" toutes les forces patriotiques du pays. Il se compose de 5 membres permanents : Lloyd George, l'unique libéral ; Lord Curzon et Bonar Law, deux ministres conservateurs ; Arthur Henderson, unique ministre travailliste du nouveau gouvernement ; ainsi que Lord Milner, ministre sans portefeuille, considéré comme un très proche de Lloyd George, il servira de principal technicien. Le cabinet devra être régulièrement renforcé par de nombreux acteurs, industriels de guerre, syndicalistes, dirigeants de Dominions, membre des états-major..

Lloyd George en sera évidemment la tête de proue, une méthode qui lui permet de centraliser le pouvoir autour de sa personne et de relativement court-circuiter le Parlement. Ce sera une des pierres angulaires de la nouvelle politique qu'il compte mener, centraliser le pouvoir dans le respect de l'union des forces politiques plurielles afin de faciliter le renforcement de la main mise de l’État britannique sur l'économie et la société, clés de la victoire selon lui.

Modernisation et purification :


Medenileşme & Arınma. Modernisation et purification. Les deux maîtres mots des nouveaux décrets du triumvirat à la tête de l'Empire.

Les succès de Suez sont désormais passés. L'opinion publique est préoccupée par la menace britannique qui pèse sur la Palestine, l'avancée des troupes indiennes vers Bagdad et l'offensive majeure russe en cours qui pourrait menacer les alliés d'Istanbul. Talaat Pasha, la figure phare du CUP et des politiques répressives de l'Empire, a annoncé au journal officiel ottoman ainsi que dans plusieurs discours aux élites politiques du pays les directions suivantes :

- Medenileşme ! L'Empire doit se moderniser à marche forcée, et adopter les techniques occidentales pour assurer sa survie. Le Japon y est arrivé, et a infligé une défaite humiliante aux russes il y a 10 ans. Conservant son âme, mais s'armant de la Science, le Japon est un exemple pour les Ottomans qui doivent s'en inspirer pour construire une société moderne, résiliente, et capable de se défendre face aux agressions externes. Le Japon est aujourd'hui protégé par ces réformes, il n'est menacé par personne et en paix.

- Arınma ! Les menaces qui pèsent sur la stabilité de l'Empire sont nombreuses. Les armées russes sont toujours présentes dans le Caucase, et Kars n'est pas libéré. Plus loin encore derrière les frontières de 1878, nos frères sont sous l'occupation russe et menacés dans leur existence même. Les armées britanniques saccagent nos lieux saints, et se préparent à mener des assauts décisifs sur Bagdad et Jérusalem. Des groupes existent au sein de l'Empire qui ne sont pas de vrais ottomans, et appuient ces armées étrangères du mieux qu'ils peuvent. Il faut les neutraliser.

Plusieurs réformes majeures sont passées par le gouvernement, dont la fin du calendrier islamique, et l'adoption du calendrier grégorien afin de se ranger sur les puissances européennes. De la même manière, les femmes sont désormais autorisés à occuper des postes dans l'armée et l'administration, notamment au niveau des infirmeries. Près de 20 000 devraient être recrutés dans les prochains mois pour servir d'infirmières militaires.

Du côté fiscal, la nécessaire mais compliquée réforme cadastrale visant à mettre à jour les registres est entreprise. Elle sera lente et douloureuse. Enfin au niveau juridique, un pas symbolique est franchi : la Shariah est abandonnée en ce qui concerne les affaires familiales, au profit d'un code juridique appelé "Loi familiale laïque".

Sur le côté purification, c'est toujours les forces de la police secrète qui traquent les élites grecques - à défaut des arméniens qui sont de plus en plus rares - et les envoient vers les camps. Plusieurs villages grecs en Thrace ont été pris à partie par des milices ottomanes, notamment les 20 000 hommes envoyés en Bulgarie qui sur leur route, ont massacré pas moins de 3 000 civils d'Adrianople. Les tensions sont fortes.

La politique génocidaire ottomane continue, et près d'un million d'arméniens ont été assassinés depuis 1915. Depuis l'extension de la répression aux grecs, ce sont 150 000 d'entre eux qui ont été tués, et un peu moins d'un demi-million déplacés de force vers l'intérieur du pays et la Syrie, où ils végètent dans des camps de travail.

Les bataillons pénitentiaires, formés de grecs, d'arméniens, et de criminels, sont assignés à diverses tâches comme la construction d'infrastructures et le maintien des chemins de fer vers Bagdad.

Pays-Bas, Danemark, Suède, Norvège
Brève
Evènement

Mis face au fait accompli de la suprématie navale britannique sur les mers européennes, les nations neutres qui se sont tout de même mises en évidence par une coopération particulièrement poussée avec Londres depuis 1914 sont forcées de céder aux exigences de la diplomatie britannique.

Le très honorable Arthur Balfour, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères du Royaume-Uni

L'étau du blocus se ressert donc autour du coup du Kaiser même si les tractations diplomatiques américaines, mues par un idéal humanitaire, pour alléger un blocus considéré comme inhumain ne tombent pas dans l'oreille de sourds au sein des diplomaties hollandaises ou scandinaves. Alors que l'émergence d'une suprématie états-unienne sur les affaires mondiales liée à l’essoufflement des puissances britanniques et allemandes semble de plus en plus évidente, les neutres ont aussi intérêt à se placer dans les bonnes grâces de Washington en prévision du futur ordre mondial s'annonçant.

Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande

Deuxième quinzaine du mois de juin 1916

Réorganisation estivale :

L'échec d'Allenby en Palestine est un coup dur qui remet en cause les choix stratégiques faits au printemps. L'Egypt Expeditionary Force s'est vu amputer par une armée ottomane plus coriace que prévue de la grande partie de ses capacités offensives. Il faudra désormais recompléter, ce qui sera déjà bien assez difficile dans un contexte où tous les fronts ont besoin de renforts et où l'armée britannique est nécessaire presque partout. Dans ce contexte, les nouvelles parvenues au Caire de la chute de La Mecque aux mains d'insurgés arabes est une excellente nouvelle et l'on espère qu'elle permettra de dévier les ottomans. Il est vrai que dans tous les cas, les températures extrêmes que connaît la région moyen-orientale durant l'été aurait rendu toute opération militaire d'envergure très compliquée. Il est décidé de poursuivre la concentration de troupes en Égypte jusqu'à ce que la météo soit d'avantage clémente et de fortifier le Sinaï. Ce sont en particulier des soldats indiens, africains et venant de Nouvelle-Zélande et d'Australie qui seront mobilisés pour cela. L'objectif est d'apporter 50 000 troupes fraîches d'ici la fin août sur le secteur, très majoritairement issus des colonies ou des Dominions.

La tonitruante victoire printanière de l'armée allemande à Verdun, sur le front Ouest, rend crédible un effondrement effectif du front français avant la fin de l'année alors que les beaux jours sont encore nombreux. La première réunion du War cabinet a acté la redirection de la majorité des recrues mobilisées pendant l'été vers la Picardie au sein du BEF. Environ 130 000 hommes, l'équivalent de dix divisions supplémentaires, devront ainsi être acheminés à travers la Manche d'ici le mois de septembre selon les plans établis par le ministère de la guerre. L'état du front français sert aussi de prétexte au durcissement des conditions d'exemptions à la conscription mais aussi des sanctions en cas de désertion. Plus que la répression, l'objectif est aussi de faire savoir au peuple britannique que la guerre peut être perdue dans les mois à venir et qu'il est absolument vital qu'ils n'échappent pas à leur devoir sous peine de désastre absolu pour la Patrie.

États-Unis d’Amérique
Brève
Evènement

John Bull n’est guère convaincu par les protestations de Washington.

Les bruits de couloirs étaient vrais puisque la cours d’arbitrage international vient de rendre son verdict : la guerre sous-marine n’est pas jugée illégale, mais l’Allemagne est reconnue responsables des dommages qu’elle a causé et devra s’acquitter de réparations financières pour les citoyens Américains et des autres pays neutres plaignants. C’est une victoire pour la diplomatie allemande qui passe à côté du pire et parvient à temporiser sa situation aux États-Unis, mais l’opinion américaine est très divisée en voyant ça : les sympathisants de l’Entente y voyant un verdict complaisant et les germanophiles miment l’étonnement. Wilson y perd des plumes, mais peut compter sur la commission mise en place par Londres qui a reçu l’aval du Sénat américain. De quoi gagner du temps aussi pour l’Entente pendant que POTUS passe pour le dindon de la farce.

Douche froide aussi pour la mission de House en Grande-Bretagne. Malgré ses tentatives, aucun membre du gouvernement britannique n’est convaincu par les avances américaines. La fin de non-recevoir de l’unanimité de ses rencontres londonienne l’a surpris. Mais le Colonel qui doit déjà reprendre la route, le Président décidant de l’envoyer à Berlin pour sonder la classe politique allemande. Il arrive donc 6 jours plus tard en passant par la Suisse, c’est la troisième fois qu’il passe dans la capitale berlinoise. Il rencontre ici aussi tout le gratin politique allemand lors de dîners et soirées. House s’indigne à devant eux de la boucherie quotidienne de la guerre et du bain de sang qui recouvre l’Europe détruite. Le texan graveleux - gravyleux -, s’attèle à sa mission aussi, analyse, et avance plusieurs sujets habituels aux Allemands qui importe à POTUS comme la paix en Europe et surtout la guerre sous-marine allemande. L’émissaire américain n’a pas prévu de rester longtemps non plus ici, quand il aura fini de discuter avec les responsables politiques prussiens, il prévoit de retourner à Paris après ce séjour pour rencontrer des membres du gouvernement français.

Les nouvelles du front italien (ou plutôt slovène maintenant) comme celui du front de l'est a de quoi semer le désespoir partout en Autriche-Hongrie. L'offensive Brussilov risque d'engloutir et briser la K.u.K et en conséquence acter la subordination totale du pays aux Allemands pour non seulement faire des offensives, mais simplement tenir le front. Les désertions sont toujours massives, avec 75.000 disparus cette moité d'année. L'armée est dans une apathie totale et le défaitisme y est une opinion relevant du secret de polichinelle. La grogne, chez les slaves, est canalisé vers l'indépendance, en particulier chez les tchèques et les slovaques, tandis que l'idée d'un trialisme (c'est à dire la formation d'une composante slavique-méridonale) à la double monarchie est refusée d'office par les hongrois. La gendarmerie, en sous effectif et en même temps engloutissant près de la moité des soldats (500.000), ne peut pas juguler la monté du défaitisme, des désertions, comme des volontés d'indépendance.
Pour que l'Autriche-Hongrie survive, il faudra faire des concessions. Peut-être décharger vers l’Allemagne des pans entiers de la souveraineté du pays, la gestion des usines militaires, des ressources stratégiques, des chemins de fer. Peut être aussi céder aux italiens le Trentin, l'Istrie voir plus dans une paix séparée.
En tous cas, toutes les options sont murmurés à Vienne alors qu'une crise politique arrive à grande vitesse: François-Joseph, surchargé par la gestion d'un pays en défaillance, est malade. Charles 1er à été rappelé en urgence du front italien, la question de la succession devant un véritable éléphant dans la cour de Vienne.

Le voyage de Şehzade Yusuf Izzeddin :

La situation au Levant s'est fortement dégradée dans les derniers mois. Afin de renforcer le moral des troupes, Şehzade Yusuf Izzeddin, fils du Sultan Şehzade Yusuf Izzeddin (mort en 1876), a décidé de se lancer dans un tour vers Damas et Bagdad.

Le Prince Şehzade Yusuf Izzeddin

Alors qu'il traversait les plaines du Nord de la Syrie dans un convoi motorisé, le Prince aperçoit au loin un convoi de civils à pied. La longue colonne noire avance lentement, sous le soleil de juillet, gravissant les petites dunes du désert proche de Deir-ez-Zor. Il fait signe à son chauffeur de faire changer de cap aux voitures pour s'approcher de la longue file, semblable à de laborieuses fourmis.

Alors que Şehzade Yusuf Izzeddin pose le pied à terre en sortant de sa voiture, devant lui défilent des centaines et des centaines de femmes et d'enfants, quelques vieillards. Visages émaciés, vêtements déchirés, pieds nus,  la peau brûlée par le soleil, ils avancent en silence. Seuls quelques cris brisent le silence, certains provenant de soldats ottomans encadrant la marche, les autres des pénitents.

- " Qu'est-ce que ... "

Un officier à cheval s'approche au trot. Son uniforme est sale, plein de poussière. Son fez n'est même plus rouge, mais tend vers le rosâtre, brûlé lui aussi par le soleil. Il salue le Prince et descend de cheval. L'air fier, il regarde la colonne qui continue d'avancer lentement.

- " Ce sont des Grecs de Trébizonde votre Altesse. Ils ont trahi. Nous les emmenons vers Alep. Ils seront relogés, et participeront à l'effort de guerre. "

Şehzade Yusuf Izzeddin ne dit rien. A une centaine de mètres sur sa droite, une femme et son nourrisson s'effondrent et tombent dans le bas-côté, sans faire de bruit. Le Prince accourt, et une fois sur place, il faudra plusieurs secondes pour que le rutilant officier le rejoigne, visiblement pas aussi pressé qu'Izzeddin. Ce dernier arrache la gourde de l'officier à sa ceinture. Un soupir est vite calmé par un regard noir. Versant un peu d'eau dans la bouche de la femme, celle-ci ne réagit pas. Elle est morte. Son enfant, mort également. Depuis combien de temps marche-t-elle en portant un cadavre ? Pourquoi ?

Le Prince se relève, remonte dans sa voiture et se prend le visage à deux mains. Les roues crissent sur le sable grossier, avant que le convoi royal ne quitte la longue file indienne de déportés grecs, essemant ci et là des corps dans le sable.

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Deux jours plus tard, Şehzade Yusuf Izzeddin est retrouvé mort dans sa chambre à Damas. Il s'est suicidé. Dans son journal, on trouvera une note qui dira que le visage de la femme grecque morte sur la route d'Alep est imprimé sur sa retine et qu'elle le rend fou. Des insultes envers le triumvirat des Pasha sont détruites avant qu'elles n'atteignent Constantinople. Son corps sera ramené dès le lendemain par convoi spécial pour être inhumé dans le cimetière des Sultans, proche de Topkapi.

GRECE
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Evènement

Le 30 juin 1916 est un jour historique pour la Grèce.

Eleftherios Kyriakou Venizelos annonce officiellement la dissolution du régime monarchique et la proclamation de la République Hellène devant le Parlement. Le Roi Constantin a en effet été exilé à Londres, et le projet constitutionnel républicain contient un article qui lui interdira à lui, ses proches, et leurs descendants, de fouler le  territoire national grec.

La République Hellène divise fortement l'opinion publique. La frange conservatrice de la société ne voit pas d'un bon œil le projet républicain, ni les accointances de Venizelos avec la diplomatie française et les idées laïques de Paris. On a peur, à Athènes, que le projet républicain ne tourne en projet détruisant le lien entre l'Eglise orthodoxe grecque et son peuple. Venizelos, dans des communications officieuses, a tenté de rassurer cette frange conservatrice en assurant que l'Etat ne se séparera pas de l'Eglise.

Les plus fidèles supports de la République se trouvent dans l'armée, de manière surprenante. Les liens forts tissés entre l'état-major grec et les officiers français, britanniques et dans une moindre mesure italiens, se font sentir. La défense du nord de la Grèce, opération conjointe avec les grandes armées occidentales, ne serait pas possible sans elles, et l'état-major le sait.

Pour attiser les foules et consolider la nation, Venizelos a annoncé que la Grèce ne cessera pas la guerre tant que la République ne sera pas unie, c'est à dire par l'addition de Constantinople, la Thrace, l'Asie Mineure, Chypre et le Dodécanèse à la République Hellène. Ces deux derniers point n'ont pas manqué de faire hausser des sourcils à Londres et Rome.

Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande

Première quinzaine du mois de juillet 1916

Home front :

La mobilisation humaine qui s'est renforcé depuis le début de l'année et la proclamation du Military Service Act passe par la question du Home front, en opposition au War front, qui mobilise une masse d'hommes colossale qui ne peut être ramenée sur le front. La production industrielle britannique est pourtant absolument vitale à la British army bien sûr, mais aussi à l'ensemble des armées de l'Entente. Le nouveau gouvernement Lloyd George a pris la décision de s'atteler à l'optimisation de ce front de l'arrière afin de permettre la mise sous l'uniforme d'un maximum de britanniques. En effet, il n'est aujourd'hui pas rare qu'un mineur ou qu'un ouvrier qui s'engage comme volontaire finisse de toute façon remplacé dans la semaine par un conscrit tiré au sort, provoquant une opération nulle pour le ministère de la guerre.

Une chaîne de montage d'obus opérée par des femmes

La mère de toutes les réformes est la mise sur pied d'un département du Travail, qui sera confié au Labour et qui aura pour mission pure et simple de prendre le commandement de la grande majorité de l'industrie britannique, de la rationaliser et de la planifier. Notons que l'ensemble se fera avec le concours des organisations syndicales et du patronat. La première grande opération sera donc d'organiser le ravitaillement en ressources et en travailleur.se.s des entreprises afin de prioriser évidemment celles nécessaires à la poursuite de la guerre mais aussi afin d'éviter le gaspillage et les filouteries habituelles du capitalisme. Il faudra ensuite accélérer drastiquement la mise au travail des femmes, y compris en forçant les entreprises là où les patrons et les syndicats sont encore peu motivés. L'emploi des prisonniers de guerre en Grande-Bretagne va lui aussi devoir se généraliser, en particulier pour les travaux agricoles saisonniers. Finalement, il faut faire appel à l'Empire. L’État va tenter de recruter en masse dans les mois à venir des travailleurs irlandais, mais aussi indiens, caribéens ou africains, afin de les faire venir en Grande-Bretagne travailler dans l'industrie, l'agriculture, les mines, en échange d'un salaire d'anglais. Si l'opération est un succès, le gouvernement a prévu de mettre en place massivement à Birmingham, à Cardiff, à Londres, à Liverpool, partout où cette nouvelle main-d’œuvre pourra s'installer, des foyers de travailleurs immigrés.

Il s'agit d'une révolution qui ne manquera sans doute pas de provoquer une grogne dans toutes les strates de la sociétés, mais Lloyd George n'est pas un bien pensant, c'est un gallois, et il a été élu pour gagner la guerre, c'est ce qu'il est en train de faire.