V1915 - Topic Officiel

Juin 1915

The War To End All Wars

La Grande Guerre fait rage. L'échec du plan Schlieffen force à un entranchement des deux camps sur leurs positions en Europe de l'Ouest, alors que l'offensive Gorlice-Tarnów à l'Est présente un certain succès et témoigne au contraire d'une mobilité du front. En Anatolie, les Alliés espèrent faire tomber l'Empire Ottoman par la campagne de Gallipoli, mais rien n'est moins sûr dans ce pari. Le conflit fait aussi rage au Moyen-Orient et en Afrique, où les rares possessions coloniales Allemandes tombent une par une.

Inédite par sa violence et par la brutalité des armes introduites, cette guerre voit le jour de nouvelles technologies, sur terre comme en mer, et même dans les airs. Cette nouveauté ne manque pas de faire réagir la communauté internationale, alors que le naufrage du Lusitania perpétré par un sous-marin Allemand suscite plaintes et indignations, notamment de la part du président Américain Woodrow Wilson.

Le bourbier de la Grande Guerre s'élargit, alors que l'Italie entre aussi en guerre. De quel côté va donc tourner le vent?

Ce qui devait être une guerre rapide pour restaurer la réputation martiale de l'Autriche Hongrie, humiliée depuis 1866 et sa double défaite face aux italiens et aux allemands a tourné au fiasco et une guerre pour la survie même de l'empire. La Serbie résiste depuis un an, les armées russes sont jusqu'aux Carpates et l’Italie est entrée en guerre du coté de l'Entente.
L'armée, comme l’État et l'économie du pays, sont très mal préparés pour la continuation de la guerre. En ne se focalisant ici que sur les affaires militaires, il y a déjà nombre de problèmes. Il y a un manque d'armes, de pièces d'artillerie, mais encore plus menaçant, d'armes d’infanterie. Dans le même temps, il y a un manque de munitions et de ravitaillement. Toutes ces carences sont due à la production et la distribution anémique d'un pays avant tout agraire et pauvre en infrastructures ferroviaires. Dans la conduite de la guerre, l'agressivité n'a pas suffit en Serbie à compenser les lacunes au niveau de la communication (pas de radio, et une bonne dizaine de langues) et de la reconnaissance entre la cavalerie, l'artillerie et l’infanterie.
Les priorités de l'Etat Major sont les suivantes: Avec environ 400.000 soldats, s'accorder un répit en Russie par une contre attaque en Galicie/Lodomérie en profitant du revers russe plus au nord face aux allemands. Ensuite, conquérir la Serbie, une fois une marge de main-d’œuvre libéré par l'espéré revers russe. Les 200.000 soldats présents sur ce front ne sont pas assez, il faudra sans doute avoir le concours des Bulgares. Enfin, contenir les ambitions italiennes le long des Alpes et de l'Isonzo. Cela est à la fois le moins prioritaire et le plus facile, l'Autriche Hongrie ne devant que tenir une position défensive, sur des montagnes et des rivières, avec environ 100.000 soldats.

La Question arménienne :

Les Arméniens sont suspectés de collusion avec la Russie, et doivent être impérativement surveillés de manière assidue. Talaat Pasha, Ministre de l'Intérieur et l'un des trois hommes forts du gouvernement impérial a signé dans la nuit du 24 avril dernier l'ordre de déportation des élites arméniennes d'Istanbul. Au total 600 arméniens dont 150 citoyens russes sont déportés vers le coeur de l'Anatolie dans des camps.

Les déportations des populations arméniennes vers la Syrie qui ont commencé en avril sont étendues par décret du Ministère de l'Intérieur à l'entièreté de l'Empire, jusqu'en Thrace. Tous les Arméniens sont désormais activement pourchassés par les forces de l'ordre ottomanes, et embarqués de force dans des convois parfois à bord de trains, souvent à pied, vers la Syrie et la ville de Deir-es-Zor.

Arméniens en attente de déportation

La répression est d'une violence absolue, et partout à travers l'Empire les Arméniens sont attaqués, et jamais défendus ni par la police ni par l'armée ottomane qui parfois, selon certains observateurs, participeraient même aux massacres. Des dizaines de milliers de civils sont assassinés et le rythme ne fait que s'accélérer.

Dans l'armée ottomane, c'est la même chose. Les 200 000 soldats arméniens au service du Sultan sont désarmés, et rejoignent leurs confrères dans les marches de la mort.

A travers la Sud de l'Anatolie et la Syrie, c'est l'horreur sur les routes. Des familles entières périssent de faim, de froid, d'insolation, de soif et de fatigue.

Une femme arménienne agenouillée aux côtés de son enfant mort d'épuisement, Syrie ottomane 1915

FRANCE
Brève
Evènement

La France, toute entière mobilisée pour défendre son territoire, vient de faire passer au gouvernement une loi permettant pour la première fois depuis le début des hostilités avec l'Empire allemand des permissions de décharge du front. En effet, dans certaines unités jugées non critiques au maintien de la ligne de front, les hommes recevront une permission de 6 jours. Ceux qui outrepasseront ces 6 jours seront bien évidemment jugés devant une cour martiale.

Cavalerie française avec des prisonniers de guerre

Toute la République est mobilisée, et le retard technologique sur l'équipement du soldat individuel est rapidement rattrapé par les bleuets. Le casque Adrian est introduit dans les armées françaises, permettant à l'infanterie de disposer d'une protection solide contre les schrapnels d'artillerie légère.

Sur le plan diplomatique, le gouvernement français à travers René Viviani Ministre des affaires Etrangères émet une missive à l'Empire ottoman dénonçant les massacres sur les populations civiles arméniennes. "Ces massacres sont abominables, trahissent l'esprit de la guerre, et dénotent d'une absence de morale de la part du gouvernement ottoman. La République française demande la fin immédiate des représailles contre les populations civiles chrétiennes en Orient. "

La missive ne reçoit aucune réponse de la part de la Sublime Porte, mais la France espère ardemment que l'Angleterre, l'Italie et la Russie se joindront à sa condamnation.

États-Unis d’Amérique
Brève
Evènement

La Maison Blanche a reçu le télégramme du Kaiser allemand avec surprise. Devant la progression des puissances centrales en Europe, le message fut attentivement analysé. Pour le Président Wilson et ses conseillers il n’y aucun doute : le Kaiser bluffe et n’osera pas s’attaquer aux navires américains. Dans la réponse écrite par le dirigeant américain, celui-ci prévient le Kaiser : « Les Etats-Unis conserveront une comptabilité stricte des citoyens qui perdraient la vie ou des navires sous pavillon américain qui seraient coulés par la marine impériale allemande ». Sans plus de précisions, l’énigmatique Wilson souffle toujours le chaud et le froid. Mais l’administration continue d’alerter ses concitoyens du danger que représente la traversée de l’Atlantique pour leurs vies.

Le 28e président des États-Unis, Woodrow Wilson

En tout cas, si le Président reste en observation, le Congrès cherche une fois de plus à forcer la main de l’administration démocrate qui a là aussi une position attentive vis-à-vis du Royaume-Uni. Londres impose depuis un certain temps un blocus à l’Allemagne, mais les élus américains sont furieux par la présence d’armes dans les cargaisons du Lusitania. Un nouveau texte est en préparation au Sénat pour proposer une fois de plus un embargo sur les armes sur l’ensemble des belligérants d’ici. Plus inquiétant encore pour les Alliés, certains appellent aussi à un embargo sur les dettes. Londres et Paris doivent entretenir impérativement leurs relations avec Washington sans quoi ils risquent de prendre un pari très incertain.

Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande

Deuxième quinzaine du mois de juin 1915

Ruée vers les centres de recrutement :

En cette fin du printemps 1915, cela fait maintenant plus de 10 mois que le Royaume-Uni de Grande Bretagne et d'Irlande est entré de plein pied dans ce que l'on appelle d'ores et déjà la Grande Guerre. Initialement, les Britanniques s'étaient contentés de déployer un corps expéditionnaire de moins de 100 000 hommes en France. Mais à l'heure de l'enlisement des combats et de la guerre industrielle, ces modestes effectifs ne suffisent bien entendu pas. Pour autant, à la différence des les autres belligérants, le gouvernement de Lord Asquith ne s'est pas résolu à introduire la conscription et est en cela resté fidèle à la tradition britannique. A la place, une vaste campagne de recrutement de volontaires a été lancée, avec succès, par le secrétaire d'Etat à la Guerre : Lord Kitchener. Sur le terrain cette campagne se matérialise notamment par une campagne d'affiches martiales appelant les hommes à s'enrôler dans les forces armées, "pour le roi et la patrie".

A l'heure actuelle le moins que l'on puisse dire est que ce choix se révèle payant puisque c'est par centaines de milliers que les sujets de Sa Gracieuse Majesté se sont rendus dans les centres de recrutement, permettant aux forces armées britanniques de porter leurs effectifs terrestres à environ 2 millions d'hommes (en comptant les soldats de métier). Selon les prévisions du secrétariat d'Etat à la Défense, le nombre d'enrôlés volontaires devrait dépasser la barre des 2 millions d'ici le début de l'année 1916.

Les premières unités d'enrôlés volontaires arrivent en France

Pour l'heure il n'est donc pas question d'introduire la conscription en Grande-Bretagne. Mais sur le terrain les pertes sont de plus en plus nombreuses sur le front français, comme l'ont montré la bataille d'Ypres (avril-mai 1915), marquée par l'usage de gaz de combat, et la récente contre-offensive allemande dans l'Artois, qui ont coûté la vie à plusieurs dizaines de milliers de Britanniques. Le constat est le même en Orient, où l'homérique bataille des Dardanelles s'annonce elle aussi des plus meurtrières.

Visite de Sa Majesté le roi George V sur le front français :

Dans ce contexte, le roi George V a fait un déplacement remarqué en France pour soutenir le moral des Tommies. A pied ou monté sur son cheval, le souverain s'est rendu le plus près possible du front pour rencontrer officiers et hommes du rang et échanger avec eux. Une façon pour celui-ci de faire taire les mauvaises langues qui se plaisent à rappeler son ascendance allemande et sa proximité avec le Kaiser Guillaume II, qui n'est autre que son cousin germain...

Le Roi saluant les troupes

Foreign Office :

A l'image de son homologue français, le secrétaire d'Etat britannique aux Affaires étrangères, le vicomte Grey of Fallodon, a lui aussi dénoncé publiquement les massacres sur les populations civiles arméniennes, qu'il a qualifiés de "crimes contre l'humanité et la civilisation". Dans un document notifié officiellement au gouvernement de la Sublime Porte, le gouvernement du Royaume-Uni prévient celui-ci que les puissances alliées tiendront personnellement responsables des crimes commis tous les membres du Gouvernement Ottoman, ainsi que ceux de ses agents qui se trouveraient impliqués dans les massacres.

Au plus haut niveau le Cabinet a par ailleurs approuvé le principe de potentielles opérations d'évacuation de civils arméniens en lien avec les forces françaises, si jamais la possibilité s'en présentait.

Dans un autre registre, le Premier Ministre Asquith en personne a rédigé un télégramme adressé au Président américain Wilson, dans lequel il exhorte ce dernier a tenir bon face à la pression des élus Congrès qui militent en faveur d'un embargo sur les armes et les crédits aux belligérants. Dans son message, le chef de l'exécutif britannique insiste sur le caractère indispensable des échanges économiques avec les Etats-Unis pour la conduite de la guerre et rappelle les tristes états de service du Kaiser et de son armée de barbares, responsables du torpillage du Lusitania (à bord duquel se trouvait 128 citoyens américains), bien entendu, mais également d'atrocités en Belgique. Sans parler du recours au gaz de combat, ni des agissements des Ottomans, alliés des Allemands et bourreaux des Arméniens... En cas de défaite des alliés, qui pourra se dresser face à ces menaces qui, un jour ou l'autre, finiront par atteindre les Etats-Unis et leurs ressortissants ? Sans la Royal Navy, qui protégera les citoyens américains désireux de traverser l'Atlantique ?...

États-Unis d’Amérique
Brève
Evènement

La démocratie américaine s’est mis en branle une fois de plus. Dans les rues, on voyait comme un dernier souffle de mobilisations des communautés germano-américaines dans le nord du pays pour l’implantation d’un embargo sur les armes qui aurait un important impact pour les Alliés. Le Président Wilson a vu la plupart de ses doutes dissipés par le télégramme du Premier ministre britannique Asquith. Il est vrai que l’Empire britannique et la France sont des partenaires commerciaux primordiaux pour l’économie américaine. Une once de méfiance persiste, la Maison Blanche n’oublie pas que le coup-bas de Londres du faux pavillon.

Le diplomate Robert Lansing qui aiguille Wilson vers Londres

Wilson suit la ligne de son nouveau Secrétaire d’Etat Robert Lansing qui est devenu le principal conseiller du président sur la guerre en Europe. Anglophile, il est convaincu que l’Empire allemand vise une domination mondiale. Après un récent bombardement par la flotte impériale allemande d’un navire sous pavillon américain en mer du Nord (qui n’a fait que quelques dommages matériels, sans faire de blessés) Lansing a envoyé un télégramme à Berlin qui sort de la morne rhétorique de comptable : « Nous attendons des réparations intégrales du gouvernement allemand de l’acte de sa force navale qui doit ainsi être répudié, s’en excuser et donner des assurances pour que cela ne se reproduise pas ». Sans quoi, Washington promet de prendre « les mesures nécessaires pour sauvegarder les vies américaines et leurs matériels ».
Enfin, au Congrès, sans surprise le Sénat a recalé l’embargo de 10 votes d’écart. Le sujet que ce soit sur les armes ou les dettes ne mobilisent manifestement plus l’opinion américaine qui est passée à autre chose.

Le triumvirat :

L'Empire est dominé depuis le coup de 1913 par l'idéologie du CUP (Comité Union & Progrès), et dirigé d'une main de fer par trois de ses plus fidèles lieutenants.

Mehmed Talaat Pasha, Ministre de l'Intérieur et architecte des réformes ayant mené l'Empire à une dictature à parti unique, est de loin le plus influent des trois. Né à Kırcaali, en Thrace ottomane, il est issu d'une famille romani-bulgare, comme il y en a des dizaines de milliers dans la région. Son père était un petit baron de la politique locale, chef de village et homme de main de la pègre locale. En 1877, lors de l'invasion russe, Talaat a fui à Constantinople avec sa famille, son père mourant dans le chaos de l'invasion. L'expérience lui a laissé une haine profonde de la Russie, et un nationalisme ottoman exacerbé.

Mehmed Talaat Pasha, Ministre de l'Intérieur

Ismail Enver Pasha est Ministre de la Guerre. Le Sultan en qualité de commandant en chef des armées ottomanes se repose principalement sur Enver pour mener les opérations militaires. Des bruits de couloir font même état que le Sultan aurait été tout simplement écarté des affaires militaires, rendant Enver Pasha dirigeant suprême des armées ottomanes en tout sauf en nom. Il est issu d'une famille de Monastir, en Albanie. Diplômé de l'académie de guerre en 1902, il se familiarise entre 1903 et 1908 aux opérations de guérilla contre les troupes bulgares.

Ismail Enver Pasha, Ministre de la Guerre

Cemal Pasha est Ministre de la Marine. Nommé en 1911 en tant que gouverneur de Bagdad, il démissionne et s'engage dans l'infanterie pour défendre Salonique contre les attaques étrangères. En 1913, suite au coup, il devient gouverneur militaire de Constantinople et fait usage des forces armées pour réprimer toute opposition au coup d'état du CUP. En 1914 il devient Ministre de la Marine. Contrairement à Enver et Talaal, il était favorable à une alliance avec la France. En plus de son poste de Ministre de la Marine, il est actuellement gouverneur de Syrie, et maintient l'ordre dans les provinces arabes de l'Empire. Il est issu d'une famille turque de l'île de Lesbos, dans la mer Egée.

Cemal Pasha, Ministre de la Marine

C'est d'une main de fer, sous le gouvernement mené par le Grand Vizir Said Halim Pasha, un autre homme d'état albanais issu du CUP. Il est le petit fils de Mohammad Ali, fondateur de l'Egypte moderne, et revendique depuis 1914 à demi-mot le trône d'Egypte. Il a été l'architecte principal de l'alliance germano-ottomane. Au sommet de la hiérarchie institutionnelle ottomane se trouve le Sultan, Mehmed V Reşâd.

Âgé de 69 ans, le vieil homme n'est pas au meilleur de sa forme physique. Sous son règne, entamé en 1909, l'Empire a perdu une partie importante de ses territoires, en Afrique du Nord et dans le Dodécanèse, mais surtout dans les Balkans. C'est le tragique règne d'un homme succédant à son demi-frère Abdülhamid II, qui a été renversé par le CUP lors de l'incident du 31 mars  1909, après avoir voulu réaffirmer son rôle politique.

Mehmed V Reşâd, Sultan et Calife

Continuation des persécutions arméniennes :

Malgré les lettres reçues par le gouvernement menaçant l'Empire de répercussions si les opérations contre les arméniens se poursuivent, l'Etat continue. A l'aide de l'Organisation Spéciale (O.S.), une police secrète obéissant directement au Ministre de la Guerre Enver Pasha, ce sont des centaines de milliers d'arméniens qui continuent d'être déportés vers la Syrie.

Sur place, des camps sont installés, où les arméniens sont parqués.

Colonne d'arméniens en marche vers la Syrie, encadrée par la Gendarmerie et l'O.S.

Sur les routes, la marche forcée tue. Les brigands attaquent les convois toujours dans une impunité la plus totale. Les cadavres jonchent les abords des routes.

Dans les Elayet de l'Est, notamment Bitlis et Hakkari, les chrétiens sont persécutés sans distinction. L'opération est cependant moins systématique que celle menée contre les arméniens, mais les assyriens et autres groupes chrétiens d'Orient sont massacrés par les troupes ottomanes de manière fréquente, sans qu'aucune punition ne soit jamais donnée, au contraire.

La seule minorité chrétienne protégée actuellement sont les Grecs. La Grèce a été très ferme sur le sujet : une persécution contre les minorités grecques engagera la Grèce dans la guerre ainsi que dans des massacres des populations musulmanes de Grèce. Qui plus est, les projets de déportation des Grecs furent fortement découragés par l'ambassadeur allemand en 1914, et restent pour l'instant à l'état de projet.

Dans les campagnes d'Anatolie, certains villages résistent cependant à la pulsion destructrice. Si la majorité des hommes arméniens sont déjà morts, femmes et enfants fuyant les convois sont parfois recueillis par des familles musulmanes, kurdes ou turques. Ils sont alors cachés et protégés. Le chiffre exact d'arméniens protégés par des civils musulmans n'est pas clair, mais il pourrait attendre plus de 100 00 selon des estimations de l'O.S. La peine pour accueillir un arménien chez soi en situation de fuite est la peine de mort par pendaison, mais cela ne fait pas reculer certaines personnes.

Average Austro-hungarian squad

Des victoires militaires...
A Vienne, on se réjouit des victoires austro-hongroises - ou plutôt des désastres militaires russes et italiennes. La débâcle russe donne des espoirs fous au QG. Avec le support logistique et informationnel (avions, radio, wagons) fournit par l'Allemagne, l'armée Austro-Hongroise espère pourchasser et capturer le maximum de soldats et de terres de l'Empire Russe. La Galicie Lodomérie est déjà presque reprise, et on rêve de Pinsk, Brest voir Minsk et Kiev au delà des marais de Prypiat. Certes, plus l'armée austro-hongroise avance, plus les capacités martiales de celles-ci diminue, embourbées dans du manque de chemins de fer et de matériel roulant (d’ailleurs saboté par les Russes) - et donc de munitions, de vivres, de carburants. Mais le QG considère que des soldats en sous nombre, en carence alimentaire et malades (dysenterie, typhus et autres maladies de camps) dans un gigantesque marais n'est pas un si gros problème : Les armées russes doivent être dans un état encore pire - en tout cas, c'est ce qui est espéré, sans quoi il y aurait une très mauvaise surprise...
En Italie, malgré des assauts féroces et désespérées des italiens - des rapports de combats à la pelle et aux armes improvisés lors de le deuxième offensive de Luigi Cadorna, l'Autriche Hongrie tient toujours l'Isonzo et les Alpes. Alors que la situation est désastreuse des deux cotés, l'Autriche Hongrie ne peut pas capitaliser sur l' échec italien: Toutes les forces sont occupés en Russie. Tout au plus, dans le front alpin, remplacer les 50.000 morts et blessés et faire des rotations et des permissions pour les 50.000 survivants. Cela devrait prendre deux ou trois mois (donc octobre-novembre) pour retrouver les capacités de Juin 1915 - à savoir 100.000 soldats équipés, approvisionné et prêt à se battre.

Les paysans de l'Empire

Mais toujours des problèmes ...
Mais ces grandes "victoires" ne changent pas les énormes problèmes qui gangrènent le pays. L'économie austro-hongroise n'est pas prête pour une guerre de longue durée. La récolte de cette année, la première depuis la guerre, a été très décevante, car il y a moins de monde pour travailler la terre. Avec cela, le prix du blé monte, ce qui entraine une inflation générale. Pour l'instant, les capacités de productions militaires ne sont pas touchés, mais cela se fait au prix de la dilapidation des réserves de l’État. Plus inquiétant encore, des paysans, les "cadres verts" , plus préoccupé par leur parcelles que de la guerre, désertent. Cette année, environ 25.000 ont été arrête par la gendarmerie. Qui sait combien ont filé entre les patrouilles ... La seule solution contre la sous production et les désertions - l'industrialisation d'un pays ne se faisant pas en un an - serait de démobiliser. Mais c'est un luxe inaccessible pour l'Autriche Hongrie.
La seule note positive est la reconquête de la Galicie et la Lodomérie - et donc ses champs, sa main d'oeuvre et surtout ses précieux gisements de pétrole. Reste à mettre tout ça en marche, les russes ayant fait attention à saboter autant qu'ils ont pu tout cela lors de leur retraite.

États-Unis d’Amérique
Brève
Evènement

Le Secretary of War Lindley Garrison

La Maison Blanche a pris note de la réponse de Berlin. Les accidents qui se succèdent n’arrangent pas l’administration américaine, prise à l’étau entre la responsabilité de ses citoyens et sa ligne diplomatique très ferme assumée par Wilson et Lansing. L’entêtement de l’Allemagne dans son utilisation des sous-marins contre les navires marchands représente pour le Président américain « une violation des principes sacrée de la justice et de l’humanité ». Dans les rangs de l’administration, le Secretary of War Lindley Garrison a proposé de déclarer la guerre à l’Allemagne, considérant le télégramme comme une provocation. Et de ses longues minutes de réflexions, le Président s’est finalement opposé à la guerre, suivant la position de Lansing et du reste du cabinet. Les Etats-Unis entérinent son enfermement une position diplomatique forte et floue en même temps, qui risque de conduire tôt ou tard à une escalade entre elle et l’Empire allemand.

Tsarat de Bulgarie
Evènement

En conséquence des accords conclus avec les puissances centrales, le Royaume de Bulgarie entre en guerre aux côtés de la Duplice. Le roi Ferdinand I a officiellement déclaré la guerre au Royaume de Serbie, d'ores et déjà attaqué par l'Autriche-Hongrie - même si la situation est, pour l'instant, au beau fixe -, et a proclamé la mobilisation générale des troupes bulgares. Ce sont plus de 200'000 soldats qui sont ainsi appelés sous les drapeaux et qui marchent désormais vers l'ouest, afin de lancer une vaste offensive contre la monarchie voisine une fois que les détails des plans auront été peaufinés par les états-majors respectifs afin de faire plier Belgrade, et, pour Sofia, venger l'humiliation subie en 1913. De quoi, peut-être, aussi réveiller les autres puissances balkaniques, à commencer par la Grèce et la Roumanie.

C'est la dramada les amis

À l'ouest, le front est un désastre. Il ne fait plus aucun doute que le nombre d'hommes perdus dans la Grande retraite dépassera le million, et que les Austro-Goths parviendront non seulement à libérer l'entièreté de la Galicie, mais aussi à s'emparer de la Pologne russe. En plus du désastre militaire, l'Empire russe perd là environ 30% de sa production industrielle, ce qui nécessitera des sacrifices encore plus durs pour l'effort de guerre dans le reste de l'Empire.

Au fur et à mesure de la retraite russe, des mesures de terre brûlée ont lieu, et s'appliquent également aux populations. Les peuples considérés comme non sûrs sont massivement déportés vers l'arrière-pays, généralement sibérien. Les Allemands de Pologne sont les premiers à subir ce sort, accompagnés dans la répression militaro-policière par 250 000 juifs. À Petrograd, un pogrom anti-allemand a lieu, visant les commerces tenus par des Allemands, voire certaines propriétés foncières détenues par des aristocrates Allemands de Russie.

Cette défaite porte un coup très dur au moral des Russes. On raconte même que Nicolas II se prépare à remplacer son oncle Nicolas Nicolaïevicth à la tête des armées, et des rumeurs se murmurent quant à l'identité du général qui sera choisi pour les remplacer. La propagande de guerre, elle, se donne un peu de répit en vantant partout la victoire obtenue par Ioudenitch sur les Turcs dans le Caucase. Le général, qui souhaitait retraiter jusqu'à la frontière, se retrouve forcé de rester en territoire anatolien par l'opinion publique.