V1915 - Topic Officiel

JAPON
Brève
Evènement

Le Japon ne recule pas face aux demandes chinoises, appuyées par Washington, de quitter Tsingtao et les concessions allemandes de Chine pour les rendre au gouvernement chinois.

Marine japonaise

La Marine Impériale Japonaise organise des exercices à tirs réels au large de la péninsule du Shandong, de manière assez provocatrice, faisant clairement comprendre à la Chine que les soldats japonais ne quitteront pas les territoires allemands occupés. Le gouvernement japonais a fermement ordonné à ses troupes de défendre les concessions occupées, par l'usage de la force s'il le faut, contre des insurgés chinois.

Australie

Ouverture de l’armée aux indigènes :

Alors que l’armée australienne peine à recruter des volontaires pour combler les pertes, le premier ministre Billy Hughes annonce un amendement au Aboriginals Protection Act de 1897 permettant l'ouverture de l’Australian Imperial Force aux indigènes du Commonwealth au sein d’unités spécialement créées. Sont concernés les aborigènes, les indigènes du détroit de Torrès, les samoans ansi que les fidjiens.

En espérant attirer plus de volontaires, le premier ministre Hughes mentionna dans son discours la participation indigène à l’effort de guerre pourrait leur permettre une meilleure intégration au sein du Commonwealth d’Australie, bien que beaucoup doutent de l’honnêteté de ces propos.

C’est en tant que Privates seulement qu’ils pourront s’engager, mais les postes de sous officiers seront eux ouvert aux métisses, qui pourront monter jusqu’au grade de Sergeant.
Ce sont 20 000 volontaires qui sont attendus pour 1917, leur entraînement en Australie ne durera que 2 semaines avant l’embarquement pour l’Europe ou ils rejoindront un des Anzac Corp. Les officiers britanniques choisiront ensuite leur affectation au front, et si besoin un entraînement supplémentaire.

La guerre continue

La Russie révolutionnaire continue la guerre aux côtés de l'Entente, et le prince Lvov a promis aux alliés de l'ouest une offensive pour cet été. Alors que Kerenski, ministre de la guerre, travaille sur les plans de l'assaut avec la Stavka, les oppositions à une offensive se multiplient. Les comités de soldats, échaudés par l'agitation bolchévique dans les rangs, sont peu motivés pour attaquer, et cela n'est pas sans remonter aux oreilles de l'état-major. Nicolas II, peu enthousiasmé par l'idée d'une offensive d'été à la lumière des circonstances, a signifié au ministre de la guerre son opposition à la mise en oeuvre de celle-ci, d'autant plus que les Français ont avancé leur offensive à avril, annihilant tout potentiel d'offensive conjointe. Kerenski, cependant ne l'entend pas de cette oreille, et ne compte pas laisser le commandement des armées, et encore moins le tsar, se mettre dans les pattes du gouvernement provisoire. Histoire de s'assurer que l'offensive, déjà planifiée et prête à l'exécution, soit mise en oeuvre, le tsar se voit retirer le commandement des armées par décret du gouvernement provisoire à la demande du ministère de la guerre, et exilé de fait en Asie centrale. Les journaux et les soldats, eux, ne reçoivent qu'un communiqué laconique signifiant "la mutation du maréchal Nikolaï Alexandrevitch Romanov à la tête des armées engagées contre la révolte basmatchi". Alors que Broussilov prend la tête de l'armée russe, Kerenski fait le tour des tranchées pour haranguer les troupes à défendre la révolution contre le militarisme allemand.

La lente Révolution :

Aucune période dans l'histoire ottomane n'a concentrée autant de changements politiques et économiques aussi brutaux et profonds que ce début de siècle.

Engagé dans la guerre depuis déjà presque sept ans, avec les Guerres Balkaniques et la guerre contre l'Italie, l'Empire fait face depuis deux ans maintenant à son plus grand défi contemporain : la Grande Guerre. Le Comité Union et Progrès, et son projet quasi révolutionnaire d'Ittihadisme (Unionisme), ont profondé changé les institutions ottomanes.

Le Sultan, dont le rôle ne cesse de diminuer depuis un siècle, hormis la parenthèse Abdülhamid, se voit de plus en plus exclu des décisions politiques, et entièrement exclu des décisions militaires. Il n'est qu'informé, parfois avec plusieurs jours de retard, des nouvelles du front par le gouvernement et l'Etat-major.

Les Trois Pashas

Le projet moderniste du CUP se poursuit en interne. La mobilisation générale, des hommes et de l'économie, donne un nouvel élan à la puissance de l'Etat ottoman sur son territoire. Jamais celui-ci n'avait eu autant de capacité d'action sur le quotidien de ses sujets. A travers l'Organisation Spéciale (O.S.), le pouvoir des Pasha s'exerce de manière totalitaire dans certaines régions, notamment les régions arabes, de l'est de l'Anatolie, et dans les grandes villes. Arrestations sommaires suivies bien souvent de disparitions sont monnaies courantes, pour les leaders des groupes dits insurrectionnels ou les opposants politiques.

La société ottomane change également. La fracture religieuse, qui ne fait que s'agrandir depuis 40 ans, devient insoutenable dans plusieurs régions. Chrétiens et musulmans entretiennent des relations de plus en plus tendues. Les Arméniens, dont les déportations ralentissent non pas car l'Etat les stoppe mais car l'Anatolie est désormais quasiment vide de sa population arménienne, sont rasés du paysage social. Les Grecs sont dans une situation plus complexe. Ceux du Pontus ont été majoritairement déportés, même s'il en reste environ 100 000. La population chrétienne urbaine du Pontique n'est plus, et seules quelques familles isolées restent dans la ville de Trébizonde, tout au plus 200 à 300 personnes. Les Grecs du reste de l'Empire sont sous surveillance active, en raison de la guerre contre la République grecque. Si pour l'instant aucun incident sérieux n'est à déplorer, des clash ont lieu régulièrement notamment en Anatolie Occidentale, causant plusieurs morts à chaque fois. L'Organisation Spéciale prépare depuis début 1916 des plans de déportation, qui sont rôdés. Les tenir en laisse devient également de plus en plus difficile, plusieurs officiers exhortant le gouvernement à prendre des mesures préventives.

La question arabe est elle également de plus en plus prise au sérieux par le gouvernement. Si l'insurrection ne touche pour l'instant pas le Levant à proprement parler de manière sérieuse, la péninsule arabe est en feu. Le CUP joue la carte de l'Islam pour raccrocher les populations arabes du Levant à la défense de l'Empire, en tentant de contrer les nationalismes saoudiens et du Hejaz. La réalité, pour l'instant, est que la population arabe de l'Empire est majoritairement apathique face à ces questions. Ils ne s'engagent que très peu dans les forces armées, désertent beaucoup, mais ne rejoignent pas non plus les rangs des insurgés ou des britanniques. Ils défendent leurs terres mais uniquement lorsque le front avance. L'Empire ne sait pas comment mobiliser ces hommes, mais la situation pourrait être pire et le gouvernement sait bien que la poudrière arabe pourrait porter un coup dur aux opérations militaires de défense de la Palestine.

BRESIL
Brève
Evènement

Le Brésil, dont le gouvernement est depuis des années lentement poussé par les sous marins allemands vers une forte sympathie envers l'Entente, saute le pas. La guerre est déclarée à l'Allemagne et à l'Espagne le 3 juillet 1917.

La société brésilienne soutient entièrement la déclaration de guerre. Motivés par l'invasion espagnole du Portugal, avec qui les relations sont complexes mais profondes, les brésiliens pétitionnent depuis plusieurs semaines pour un soutien militaire direct à l'ancienne métropole.

Ainsi, dès le 10 juillet, 8 000 soldats formant la Force Expéditionnaire Brésilienne (Força Expedicionária Brasileira - FEB) embarquent de Rio à destination de Porto. Ils viendront épauler les forces portugaises. C'est l'occasion pour le gouvernement brésilien à la fois de cimenter sa position de puissance régionale et de renforcer son prestige international (ainsi que ses relations avec l'Entente), mais aussi de jouer un jeu double avec Lisbonne. Le Brésil compte bien montrer qu'il est aujourd'hui assez puissant pour mener une politique indépendante, et dispose d'une force militaire sérieuse et capable de mener des opérations avec succès. Dans les discours, le ton paternaliste des brésiliens envers le Portugal se fait sentir.

Le corps expéditionnaire russe

La décision française d'interner en Algérie le corps expéditionnaire russe, sans en avertir Petrograd, et alors même que le gouvernement provisoire russe s'est totalement engagé en faveur de la continuation de guerre avec l'Entente, passe mal. Dans la presse russe, l'affaire passe mal, et des soldats ont passé la chose devant le soviet de Petrograd, qui a dénoncé les agissements français. Le prince Lvov, ne pouvant rester inactif, mais toujours fermement engagé envers l'Entente, doit riposter. L'ensemble des membres des forces armées françaises sur le territoire russe, à l'exception des délégués de l'ambassade, sont ainsi rassemblés loin du front. Si les plus virulents veulent qu'ils soient déportés vers l'arrière à leur tour, le prince Lvov a simplement décidé de leur renvoi en France par Arkhangelsk.

Sur une autre note, des membres du gouvernement provisoire ont rencontré monsieur Philander Knox, afin d'étudier la possibilité d'une participation américaine à l'effort de guerre russe en matière d'équipements et de munitions, par des livraisons via la mer Blanche.

Siam
Brève
Évènement

Le Siam vient d'entrer en guerre avec les puissances de l'Entente, principalement pour avoir une cause ralliant la population à l’État. Le propose à la France une participation sous la forme de pilotes (autour d'une centaine) et de l'arrivé d'un petit corps expéditionnaire composé pour l'instant d’officiers observateurs, qui pourrait former d'ici l'année prochaine le noyau d'un régiment d'environ un millier de soldats.

Serbie
Brève
Évènement

Dans le comité yougoslave et l'armée serbe, la victoire d'un allié l'Italie, passe mal. En effet avec leur avancé en Istrie, ils empiètent sur la Slovénie et le Croatie qui sont aussi revendiqués la Serbie dans son projet Yougoslave. En faisant valoir leur rôle dans le front macédonien et le fait que les croates, les serbes et les slovènes sont opposés à la fois à une domination austro-hongroise crépusculaire comme à une occupation italienne, le comité yougoslave appellent encore une fois à la France, le Royaume-Uni et les États-Unis de garantir leur revendications. En plus de ces garanties, l'armée serbe cherche à recruter des volontaires aux États-Unis, dans la diaspora. Cela dépend cependant de l'autorisation du président Hugues, lequel reçoit une demande du régent Alexandre 1er de Serbie pour obtenir une brigade (autour de 3.000) de volontaires.

Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande

Première quinzaine du mois de juillet 1917

Steady as she goes ? III :

Des troupes africaines organisant une position d'artillerie en Picardie

Malgré les difficultés organisationnelles et logistiques, mais aussi la grogne tonale de l'armée, regrettant de devoir sacrifier des ressources alors que la situation militaire est si tendue, les élections générales ont pu se passer relativement bien. Le vote a, dans les faits, pris plus de deux semaines, et tout un tas de mesures quelques peu illégales vis à vis des lois électorales ont du être mises en places, justifiées par les circonstances. Cependant, personne ne s'est plaint de quelconque fraude et le Royaume-Uni a pu enfin se doter d'une nouvelle chambre, mettant fin de fait à la crise politique. Le pari risqué des libéraux est un échec majeur. Sur les 707 sièges à pourvoir, ils n'en obtiennent que 158, une nette baisse par rapport à 1910, le parti se rétractant fortement sur ses bastions, le sud-est de l'Angleterre, les Cornouailles, les quartiers aisés de Londres ou une partie des Midlands. Les conservateurs et les travaillistes sont les grands gagnants avec respectivement 291 et 132 élus. Les premiers font carton plein dans l'Angleterre rurale alors que le Labour  profite du suffrage universel masculin pour se tailler des bastions en Écosse, au Pays de Galles et dans les centres urbains anglais, en particulier Londres, Birmingham et une sorte de "mur rouge" passant par Liverpool, Manchester, Leeds, York et Whitby. Le Sinn Fein frappe lui aussi très fort comme attendu en emportant 80 des 106 sièges réservés à l'Irlande, les candidats unionistes dominent cependant l'Ulster alors que Labour emporte la plupart des sièges de Belfast et a même réussi à battre les indépendantistes irlandais dans une circonscription dublinoise. Les 46 sièges restant allant donc à des indépendants, dont David Lloyd George, ou à des petits partis incluant les unionistes irlandais. A noter l'élection de deux représentants du Parti socialiste britannique se réclamant du pacifisme dans la banlieue est de Londres mais aussi de Christabel Pankhurst, sœur de Sylvia, à Smethwick, en fait l'unique représentante du Parti des femmes à Westminster.

Le Sinn Fein a d'ors et déjà annoncé qu'il ne siègera pas à Londres, ne se sentant pas concerné par les affaires britanniques, il n'a cependant pas poussé son audace plus loin alors que Londres avait confirmé accepter l'offre de médiation américaine tout en affirmant se préparer à des tractations "sans tabous". Ce qui se passe aux marges de l'empire ne doit pas gâcher la principale nouvelle, le renouvellement de la confiance du parlement à Lloyd George grâce à une coalition conservateurs-travaillistes à laquelle s'est rattaché un parti libéral dépité n'ayant pas à cœur de jouer plus longtemps les troubles fêtes. La guerre continue.

La guerre justement se passe mal, le front français, sauvé in extremis à l'automne dernier, craque à nouveau et cette fois de manière d'autant plus inquiétante que le partenaire français semble faire face à de très graves mutineries, désormais forcé d'abandonner l'ensemble du secteur Aisne à un BEF déjà bien étiré. C'est un signal très grave pour l'état-major qui craint maintenant la potentialité d'un effondrement de l'ensemble des fronts continentaux. Pour y remédier, le gouvernement fort de sa légitimité renouvelée va relancer l'effort de mobilisation en durcissant à nouveau les règles de conscriptions en profitant de l'appui matériel américain. L'objectif est désormais de passer l'armée britannique - aujourd'hui à environ 4.4 millions d'hommes - à 5.1 millions d'ici février 1918 (en prenant en compte les pertes encaissées d'ici là), dont plus de 3 millions devront être déployés sur le front français. Aujourd'hui déjà, des conscrits jusque là placé sur le Home front (milices, ouvriers dans l'industrie de guerre ou mineurs par exemple) sont envoyés à toute bringue à travers la Manche alors que 10 000 hommes du front grecs, 20 000 du front mésopotamien, 15 000 du front égyptien, 5 000 du front portugais, sont rassemblés pour être rattachés au plus vite au BEF. Dans le même temps, des notes sont fournies au gouvernement américain l'informant de la situation du point de vue britannique et l'exhortant à accélérer sa mobilisation. Un câble secret est finalement envoyé à la république de Chine l'informant que dans le cas d'une élévation importante des bataillons de travailleurs chinois déployés au Royaume-Uni, Londres pourrait revoir sa position quand au conflit qui oppose la Chine au Japon. On ne manque jamais d'idées pour faire les fonds tiroirs, mais la société britanniques reste fermement tiraillée. Seule vraie bonne nouvelle, les soldats de Sa Majesté semblent être relativement insensibles à l'esprit défaitiste, preuve en est le vote massif des contingents de déployés pour les partis favorables à la guerre mais aussi l'impeccable discipline dont ont fait preuve les Tommies depuis le déclenchement de la guerre, y compris ces derniers mois. L'exceptionnalisme britannique vient probablement de l'attachement continue de ses classes laborieuses à l'esprit patriotique, esprit qui semble faiblir aussi bien chez les russes que chez les français. Les services de renseignements rapportent tout de même que si le soldat britannique est toujours disposé à se battre, il souhaite éviter une "nouvelle Somme" c'est à dire un autre massacre inutile.

Alors que pour beaucoup, une fin similaire aux Romanov attends les Habsbourg, chacun des indépendantistes prépare son plan de sortie de la guerre et de la double monarchie, deux action pour ainsi dire synonymes (sauf pour le cas autrichien). En Galicie, c'est tout simplement confirmer par les faits la promesse de réunion vers le Royaume de Pologne. Soit disant pour préparer la transition à la fin de la guerre, des plans sont déjà ébauchés pour commencer ce processus. Nul doute que dès un signe de morcellement de l'empire austro-hongrois, ces plans seront mis en œuvre immédiatement ...
Plus au sud, en Bohème et en Slovaquie, c'est des activités d’espionnage, de sabotage et de trahisons ayant pour but de servir ces deux régions sur un plateau d'argent à la Légion Tchécoslovaque stationné en Galicie.
En grande Hongrie, Karoly a toujours son plan de rendre nul et non avenu l'Ausgleich, et donc déclarer l'indépendance de la Transleithanie et alors chercher un armistice immédiatement. Bien sûr, ce plan rentre en conflit avec celui des tchécoslovaques, mais aussi des slaves du Sud dont l'empressement ne fait que grandir avec les nouvelles du front.
Là encore un moment de faiblesse de l'Autriche-Hongrie est attendu pour saisir l'appareil étatique de ces régions pour former un état des Serbes, Croates et Slovènes et se réunir au plus vite avec le Royaume de Serbie, en forçant de plus les italiens devant le fait accompli.
En Autriche et chez les Sudètes, il n'y a pas de plan de sortie de guerre, mais des murmures d'Anschluss avec l'Allemagne dans le cas où les Habsbourg devrait faillir sont présents. Là encore, c'est en contradiction avec les aspirations tchèques.

Journées de juillet

L'échec de l'offensive Kerenski compte à Petrograd. Alors que le gouvernement provisoire peine à résoudre l'entièreté des problèmes logistiques, l'opposition à la guerre se fait de plus en plus ressentir. De nouvelles manifestations ont lieu dans Petrograd par des militants révolutionnaires proches des bolcheviks. L'élément déclencheur est la crainte dans les troupes de Petrograd de voir s'appliquer les rumeurs selon lesquelles Kerenski souhaiterait re-discipliner l'armée. Les manifestants cherchent à renverser le gouvernement provisoire, et sombrent dans la violence. En revanche, le pouvoir bolchevik, qui soutenait à l'origine ces militants, se retrouve bien embêté de les voir sombrer dans la violence. Le parti refuse finalement de les soutenir, alors que leur escalade mène à l'intervention de la police et des échauffourées armées. Finalement, lorsque le Soviet de Petrograd vote pour refuser le mot d'ordre de ces individus qui voulaient donner tout le pouvoir au soviet, la pseudo-insurrection bide. Kerenski, encore populaire, se retrouve propulsé à la tête du gouvernement suite à la démission du Prince Lvov, et réorganise rapidement un gouvernement très provisoire, étant donné l'imminence des élections constituantes. De son côté, le parti bolchevik se retrouve décrédibilisé.

Le Soviet de Petrograd de son côté, pourrait bien être le meilleur allié de monsieur Erzberger. En effet, les principes de la Friedensresolution, à savoir l'absence d'annexion territoriale et d'indemnités de guerre, sont une porte de sortie qui convient largement à la majorité du Soviet, qui vote une motion similaire pour l'avenir de la paix russo-allemande. Le gouvernement provisoire, bien que cette résolution ne concerne pas ni l'Autriche, ni les Ottomans, ni les autres randoms de la Triplice, se retrouve ainsi fort embêté : ou il ignore le Soviet dans le cas où l'Allemagne propose une paix séparée sur ces principes, ou il le suit et se met en porte-à-faux vis-à-vis de l'Entente. Pour l'instant, on temporise en attendant les élections.

Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande

Deuxième quinzaine du mois de juillet 1917

Un doux parfum d'été :

Le MP Winston Churchill au côté de permissionnaires de Dundee revenus pour les moissons

Le bon Winston Churchill, artisan de la défaite de Gallipolli en qualité de secrétaire à la marine, puis partisan du malheureux Asquith lors de la dernière crise politique a été logiquement rétrogradé par le miséricordieux Lloyd George à son simple rôle de représentant de la belle ville écossaise de Dundee. Ce n'est pourtant un secret pour personne à Londres que le tonitruant libéral conserve une ambition à toute épreuve, sans parler de ses indiscutables qualités qui n'ont malheureusement pu être suffisamment mises à profit au service de la Couronne ces derniers temps.

Bien que les libéraux ait été plus ou moins forcés par la célèbre bienséance britannique à se ranger dans la coalition d'union nationale menée avec énergie par David Lloyd George, le courant pacifiste reste très puissant, même majoritaire, en son sein. La surprise du vote par le Reichstag d'une motion autorisant le gouvernement allemand à négocier une paix sans gain a pris tout le monde de court. La position libérale n'a pu s'en retrouver que renforcé par quelques solides arguments supplémentaires, il fallait bouger au plus vite pour profiter de la situation nouvelle qui ne pouvait manquer de faire perdre pied aux jusqu'au boutistes conservateurs mis face au pied du mur. Asquith étant trop occupé à ruminer sa défaite depuis sa maison de campagne d'où il accomplissait mollement ses tâches liées à sa nouvelle qualité humiliante de patron du bureau des postes et télégraphes. L'équivalent politique trouvé par Lloyd George pour incarner l'esprit de la séculaire fessée disciplinaire. Il fallait donc trouver quelqu'un, la personnalité de Churchill vint immédiatement à l'esprit des pontes libéraux, déterminés à se trouver un nouveau chef.

La nouvelle étoile montante commença donc par plaider la cause de l'ouverture de négociations par le biais de la presse partisane, évitant tout de même des mots trop dur envers la majorité à laquelle il appartenait théoriquement, Lloyd George ne s'embourba pas dans un tel débat et se contenta d'une fin de non-recevoir en public. Cependant, Churchill allait bientôt être approché par les proches conseillers du premier ministre pour lui demander d'entamer des discussions secrètes avec l'Allemagne via la Suède. Voilà donc le natif de l'Oxfordshire s'embarquant pour Stockholm avec une liberté de parole de totale mais dont il est précisé qu'elle n'engage en rien le gouvernement britannique, il s'agit simplement d'une prise de contact officieuse, un évènement tout de même. L'émissaire doit faire savoir à l'ambassadeur allemand sur place la satisfaction britannique quand à l'arrêt de l'illégale guerre sous marine illimitée qui sévissait  jusque là et être prêt à s'engager des rounds de discussions informelles.

Déportation de Tel-Aviv & Jaffa :

Alors que les armées britanniques mettent en péril le contrôle ottoman sur le Levant, le gouvernement a ordonné la déportation de la population juive encore sous contrôle ottoman en Palestine du Nord et dans le Sud de la Syrie. Le 2 août 1917, en pleine canicule, les juifs reçoivent notice qu'ils ont 48h pour quitter ces territoires et se rendre dans le Nord de la Syrie, au Nord d'Alep au minimum. Ils reçoivent également des informations sur des camps qui les attendent sur place pour subvenir à leurs besoins essentiels. C'est évidemment faux, rien n'est mis en place, et personne n'est dupe. La tragédie arménienne qui s'est déroulée à quelques centaines de kilomètres est un secret de polichinelle.

Le 3 et le 4 août, près de 40 000 juifs ottomans quittent ces territoires de force, dans de longs convois. 3 000 d'entre eux meurent sur les routes, le reste atteint les banlieues d'Alep où ils vivent désormais dans des bidonvilles insalubres.

Décret ottoman du 2 août 1917

L'avancée britannique :

Le front du Levant s'effondre, après une période de stabilisation de plusieurs mois. Kudüs est tombée, c'est un choc pour la population ottomane. C'est en effet le premier centre urbain majeur à tomber depuis le début de la guerre.

Une des dernières images de la garnison ottomane de Jérusalem, juillet 1917

L'Empire est désemparé face à la décision du parlement allemand d'autoriser son gouvernement à signer une paix, et encore plus par l'apparente volonté du gouvernement britannique de la saisir. L'idée d'une paix entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne laisserait l'Empire en proie aux armées britanniques quasiment seul, étant donné l'état misérable de l'Autriche-Hongrie. Si cela devait se produire, des millions de soldats britanniques se déverseront sur les terres de l'Empire.

Pour faire face à l'avancée britannique, le gouvernement ottoman ordonne à l'Organisation Spéciale de recruter en masse des brigands, criminels, meurtriers, et de leur promettre une amnistie s'ils s'engageaient dans des Bataillons Pénaux. A l'heure actuelle, 8 000 ont été recrutés, et forment le Premier Bataillon Pénal du Levant. Celui-ci a été assigné à la défense d'Amman.

La mobilisation ottomane se durcit également. Jusqu'à présent, le plus gros soucis de l'armée ottomane a été la désertion des troupes, notamment pour rentrer au village effectuer les récoltes. Malheureusement, les récoltes d'août devront se passer de plusieurs dizaines de milliers d'hommes. La peine pour désertion devient désormais automatiquement la peine de mort, et des officiers de l'Organisation Spéciale sont assignés à chaque division afin de traiter des déserteurs. La mobilisation forcée s'accroit également, et l'Empire compte pouvoir mobiliser 50 000 hommes supplémentaires pour la défense du Levant d'ici un ou deux mois.

CHINE
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Evènement

La Chine, prise dans une confrontation avec le Japon, répond favorablement à la proposition britannique. 30 000 travailleurs sont recrutés, principalement dans le Sud du pays, pour partir vers l'Empire britannique, à travers le Canada, pour rejoindre les ports anglais et être ensuite dispatchés vers les usines et l'arrière du front.

Le gouvernement chinois a cependant été très ferme envers Londres : si les promesses de pression sur le Japon ne sont pas tenues, c'est l'entièreté du corps travailleur chinois en Europe qui sera rapatrié, et ce peu importe l'impact sur le Home Front. Pékin attend également un communiqué immédiat de Londres envers le Japon, lui demandant de cesser ses provocations militaires et de réduire les garnisons des concession allemandes occupées.

HA'IL
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Evènement

Voilà deux mois que Saoud ben Abdelaziz Al Rachid est entré à Riyad. Le jeune adolescent est maître du Ha'il et du Nedj depuis que ses armées, soutenues par un régiment ottoman, ont écrasé l'armée saoudienne à Qassim. Le jeune garçon est encore sous la tutelle de son régent qui est menacé par les luttes sanglantes de la famille royale rachidi. Mais les luttes dynastiques qui affaiblissent Ha'il depuis trois décennies n’empêchent pas le conseil de guerre de Jabal Shammar d'être uni par une seule et même cause : écraser les anciens soutiens tribaux des Saoud. Une armée se lance en direction du sud du pays pour écraser la police religieuse Ikhwan qui menace le pouvoir royal avec ses 4 000 hommes loyaux au mouvement wahhabite. Certains traités d'amitié sont signés avec les tribus arabes de la péninsule, le mouvement tribal Al-Awazem se soumet à Ha'il après une longue campagne diplomatique.

Si les Rachidis sont toujours perçus comme des traîtres par de nombreuses tribus arabes, leur puissance ne cesse de croître et certains murmurent que les tensions entre les Hachémites et Rachidis pourraient déboucher sur une guerre.

Armée et nations

L'armée russe tire les leçons de l'offensive Kerenski. Contre l'avis des comités de soldats et à l'encontre de la première décision du soviet de Petrograd, Kerenski autorise à nouveau diverses mesures disciplinaires à l'encontre des soldats, incluant la peine de mort pour les déserteurs. Sur un autre ton, parmi les groupes qui se sont malgré tout illustrés, on trouve les nouvelles divisions d'assaut, notamment celle du général Kornilov qui a été promu à la tête du front roumain, et la légion tchécoslovaque. Celle-ci, dont les effectifs explosent depuis la révolution et devraient bientôt atteindre les 40 000 hommes, est un rayon de soleil permanent dans le coeur des propagandistes russes.

D'un autre côté, il a été remarqué par Kornilov que - bizarrement - les soldats ukrainiens étaient plus motivés et enclins à se battre que les autres quand il s'agissait de récupérer les terres volhyniennes et défendre l'arrière du front. Sur sa proposition, un corps d'armée ukrainien d'environ 60 000 hommes a été fondé autour d'un noyau composé de troupes commandées par Pavlo Skoropadsky. Celui-ci ne sera pas rempli par une vague exceptionnelle de mobilisation mais par des réaffectations entre unités de soldats et officiers ukrainiens vers le corps. La question de corps militaires nationaux interroge, et nul doute que les potentielles performances de ce corps ukrainien seront scrutées, alors que des projets sont déjà en place concernant la potentialité d'autres corps ukrainiens ainsi que de corps lettons, lituaniens et arméniens.

Elections constituantes russes de 1917

L'Assemblée constituante russe est enfin élue, et les résultats sont édifiants. Trois formations politiques sortent du lot. Le parti socialiste-révolutionnaire sort vainqueur absolu de l'exercice avec un score magistral qui lui permet quasiment d'atteindre la majorité absolue. Les bolchéviks, deuxièmes, doivent se contenter d'un peu moins d'un quart des scrutins. En troisième place, les socialistes-révolutionnaires ukrainiens font également une performance majuscule, mais il faut cependant noter que partout les SRU n'ont pas choisi les mêmes alliances locales, soit avec les SR russes soit avec des mouvements ukrainophiles. À côté les Mencheviks et les Cadets sortent hyper-marginalisés du vote, bien que les premiers disposent du soutien de leurs alliés Dashnaks (révolutionnaires arméniens). Quant à eux, les octobristes disparaissent purement et simplement du champ politique, signe du désintérêt massif des Russes pour la monarchie.

Partout dans l'Empire, des listes natio-régionalistes se sont formées et représentent un nombre notable de députés. Les deux plus gros partis de ce type à l'assemblée sont en premier les listes cosaques, ayant survolé les élections dans leur territoire du Don, et et ensuite le parti Alash, parti moderniste représentant les intérêts des nations kazakhe et kirghize. Dans le Caucase, outre les Dashnaks, une grosse partie du contingent menchevik est issue de Géorgie. Le parti Musavat, aux tendances pro-turques, complète la triade caucasienne grâce à ses résultats parmi les tatars du Caucase. Se rajoutent sur le lot des députés tatars, lettons, lituaniens (majoritaires à Vilna), polonais, juifs, bashkirs, diverses listes musulmanes, bouriates, etc... ainsi qu'un député allemand et un député yakoute. En revanche, les listes biélorusses sont un flop total, amassant moins d'1% des suffrages dans leurs circonscriptions phares, et se font même ratio par les listes juives à Vitebsk et Gomel.

Dans les territoires occupés où des nouveaux gouvernements ont été établis sous la supervision de l'armée russe, les élections ont eu lieu. Sans surprise, dans la région de Van ce sont les Dashnaks qui l'emportent, et qui envoient le chef de leur république autoproclamée, Aram Manoukian, comme député à Petrograd. En Galicie du Sud cependant, les listes polonaises et ukrainiennes font des scores comparables et envoient autant de députés, alors qu'une liste Rusyn s'étant présentée n'est pas parvenue à obtenir plus de 8% des voix.

Suite à ce résultat, le gouvernement provisoire a été remanié pour représenter cette nouvelle assemblée de la meilleure manière qui soit. Ce gouvernement est archi-dominé par les SR, avec quelques inclusions mencheviks et SR ukrainiens tendance russophile. Kerenski redevient ministre de la guerre, et laisse la place de Ministre-Président à Viktor Tchernov. Concernant la guerre, la majorité des SR du gouvernement sont de la droite du parti et adeptes d'une position défenciste, c'est-à-dire en faveur de la défense du pays et de la révolution par la continuation de la guerre. En revanche, le président, quant à lui est sur une position de recherche d'une paix anti-impérialiste entre socialistes. Rien de surprenant pour l'Allemagne donc, quand un émissaire du gouvernement provisoire contacte en secret le Reich via Stockholm pour entamer des discussions avec des proches de monsieur Erzberger, centriste mais pacifiste, ainsi qu'avec des amis de monsieur Liebknecht et madame Luxembourg, braves socialistes qui ne sont pas des chiens du Kaiser contrairement au SPD.

Mexique
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Evènement

La fuite des documents militaires paru dans les médias oblige l'Etat-Major de Carranza à revoir ses ambitions. En effet, cet évènement met en lumière la fragilité de l'autorité Mexicaine sur le pays et le manque de loyauté et de confidentialité de certains officiers, choses jugées trop handicapante pour considérer une expédition militaire contre les Etats-Unis.

La rupture des relations diplomatiques initiée par l'administration Hughes, et la mobilisation Américaine ne fait cependant aucun doute: l'armée des Etats-Unis serait prête à l'invasion. Ainsi, l'Etat-Major mobilise pour la défense du territoire: des dizaines de milliers d'hommes se positionnent derrière la frontière avec le Texas, et des fortifications et tranchées sont construites, dont un réseau quelque peu chaotique reliant Nuevo Laredo et Matamoros. Un deuxième corps militaire est quand à lui assigné à la défense de Baja California en cas d'attaque.

Malgré ces préparations préventives, le gouvernement de Carranza reste sur sa priorité principale: solidifier sa légitimité. Et le premier objectif reste de traquer les bandits de Pancho Villa, ainsi que d'affirmer la légitimité du gouvernement au sud. Pas de simples affaires...

Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande

Deuxième quinzaine du mois d'août 1917

Un doux parfum d'été II :

Manifestantes contre la guerre et la conscription

Alors que le gouvernement a fortement renforcé sa campagne de conscription afin de subvenir aux difficultés rencontrées en France, la population sur la Home Island ne l'entend pas de cette oreille. La question de la conscription a toujours été très compliquée au Royaume-Uni et fait lever plus d'un sourcil lorsqu'elle a été mise en place en 1915. Provoquant dès ce moment là des mouvements importants d'objecteurs de conscience et de femmes de conscrits contre la guerre qui ont connu diverses intensités depuis lors. Ces dernières semaines cependant, la police fait part d'une intensification de grande ampleur des activités militantes des dits mouvements et d'une percée de ces idées dangereuses au sein de milieux ouvriers radicalisés jusque là plutôt épargnés par le pacifisme, la percée du Parti socialiste d'Albert Inkpin en est une illustration inquiétante.

La situation est donc mauvaise pour Lloyd George qui doit composer avec une société britannique poussée dans ses derniers retranchements, fatigué par le rationnement encore très difficile qui continue de peser sur les corps et les esprits mais aussi sur le retour des estropiés et de cercueils dans une ampleur inédite pour l'histoire humaine. L'armée reste encore et toujours le seul véritable bon point dans ce tableau contrasté puisque les actes de désertion ou d'opposition à la guerre restent pour le moment extrêmement marginaux.

Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande

Deuxième quinzaine du mois d'août 1917

Vent d'est :

Sir George Buchanan, ambassadeur de Sa Majesté à Petrograd

L'annonce par la Chine de l'envoi d'un plus fort contingent de travailleurs vers l'Europe de l'ouest, 30 000 hommes qui prendront la place de britanniques qu'on enverra en première ligne, est un très bonne nouvelle pour l'état-major toujours occupé à faire les fonds de tiroirs pour trouver quelque viande fraîche disponible pour l’abattoir picard, un met de plus en plus difficile à trouver de nos jours.En contrepartie, la diplomatie britannique a annoncé appuyer les revendications chinoises sur les possessions continentales allemandes, s'appuyant en particulier sur la position américaine pour dérouler son argumentaire.

L'ambassadeur britannique en Russie a quand à lui félicité le nouveau gouvernement provisoire russe - y compris sa décision de se maintenir dans la guerre, Londres étant prêt à faire tous les lobbying nécessaire pour un maintien même défensif de la Russie dans le conflit - et à fait savoir le grand respect du Royaume-Uni envers la grande réussite qu'à été la formation de l'assemblée constituante. Le Royaume-Uni et la Russie étant désormais les seuls pays à avoir brillamment tenus des élections au cœur du conflit mondial, la transition démocratique russe est évidemment vue d'un bon œil tant que les gouvernants de Petrograd réussissent à maintenir le couvercle sur la cocotte minute sociale que représente leur pays.