V1915 - Topic Officiel

Le fantôme de Kiev

Dans Kiev, le général Sakhalinski savoure un repas de victoire avec des soldats volhyniens. Une grande tasse de kvas et du pain américain aux oignons. Avec du beurre dessus ! L'officier est un des plus brillants hommes issus de la Révolution, et le plus jeune général de l'armée du haut de ses trente-trois ans. Né à Ioujno-Sakhalinsk, il y est devenu fourreur comme son père, un ancien bagnard. Il a connu sa première expérience militaire lors de la guerre de 1905, lorsque, conscrit dans la garnison de l'île, il a héroïquement mené une escouade de compères fermiers lors des 17 heures de résistance de l'armée locale au débarquement ennemi à Korsakov. Suite à la défaite russe et au transfert du sud de l'île aux Japonais, il a quitté Sakhaline et rejoint Vladivostok, dans une Russie en proie aux tourments révolutionnaires. C'est à ce moment qu'il a rejoint les socialistes-révolutionnaires, qu'il n'a plus quitté depuis. Après toutes ces années passées à vendre des chapeaux de fourrure aux marins et ouvriers, la guerre a de nouveau appelé en 1914, et il a dû reprendre son fusil pour aller au front dans un régiment sibérien. Vif d'esprit et courageux, il s'est illustré jusqu'à être décoré pour actes exceptionnels lors de la campagne de Vilnius où il a mené la capture d'une cinquantaine de soldats allemands. La montée en grade pour lui s'arrêta au poste de Capitaine, et de nouvelles promotions après les batailles roumaines lui furent refusées. Il faut dire que les obstacles s'accumulaient puisqu'il n'était ni militaire de carrière ni noble. En plus de ça, Artyom Nikitevitch Sakhalinski est particulièrement effeminé, de sa morphologie - il flotte dans son uniforme - jusqu'aux traits de son visage, en passant par ses cheveux blonds qu'il tient en une longue tresse depuis que le relâchement de la discipline consécutif à février 17 lui a permis de les laisser pousser à nouveau. Son engagement politique, cependant, lui a permis de s'envoler dans les rangs, rares étant les SR dans une armée gangrénée par les réactionnaires et les bolchéviks.

À la tête du front du Sud-Ouest, et ayant récupéré une étoile de plus dans les rues de Kiev, Sakhalinski sait la jalousie que lui portent des généraux plus expérimentés. L'autre jour, il a surpris Kalédine, le chef des Cosaques, en train de le traiter de "follasse de Doukhonine" en riant avec d'autres généraux. Tout ça fait sourire le natif de Sakhaline. Si son réseau auprès de la Stavka s'est effectivement renforcé dans le lit de Doukhonine, c'est bien sans la présence de monsieur à la maison. Mais ça personne n'a besoin de le savoir, et il est de toute manière bien occupé à préparer la suite de l'offensive d'été. La suprématie navale en mer Noire a permis l'évacuation des POW de Crimée et le ravitaillement total de la péninsule, où des hommes sont envoyés à nouveau pour planifier la suite des opérations. Kiev offre quant à elle une magnifique tête de pont en Transdnieprie. Chasser l'Autriche et ses supplétifs de la majorité de l'Ukraine orientale avant l'automne est la seule chose qu'il autorise à travailler son esprit.

Panique sur le Bosphore :

Le Triumvirat des Pasha et son bras armé l'Organisation Spéciale ont de plus en plus de mal à contenir les informations sur l'avancée britannique. Ces derniers se trouvent désormais à quelques dizaines de kilomètres seulement d'Adana, et des fertiles plaines du Delta de la rivière Seyhan, qui nourrit une grande partie du pays.

Talaat Pasha a provoqué la surprise générale lorsque dans un discours le 20 juin 1918 il a annoncé sa démission du leadership du Comité Union & Progrès, mais surtout sa démission du poste de Grand Vizir et de toutes ses fonctions. C'est un coup de tonnerre pour la classe politique ottomane, qui est désormais face à un vide. C'est Ahmed Izzet Pasha qui est nommé par le Sultan pour lui succéder, et à contre-coeur le général accepte.

Ahmet Izzet

Dès le 21 juin, l'entièreté du gouvernement s'effondre. Enver Pasha le Ministre de la Guerre et Chef d'Etat-Major démissionne, suivi de Cemal Pasha le Ministre de la Marine et gouverneur de Syrie. C'est un effondrement politique en bonne et due forme qui a lieu. Le CUP quant à lui voit son secrétaire-général Mithat Şükrü Bleda devenir leader par intérim, mais le chaos ambiant rendent impossible la désignation d'un nouveau chef.

Ce chaos soudain dans la vie politique ottomane a plusieurs conséquences :

Premièrement la ville d'Istanbul est dans un état de panique général, notamment parmi la classe dirigeante. Plusieurs membres du Parlement ont d'ors et déjà quitté le pays, affrétant des bateaux pour la Bulgarie ou même la Russie. Le Sultan quant à lui est profondément perdu. Détaché de la politique, il vit renfermé dans son palais de Dolmabahçe et n'avait pas reçu de visite du Vizir depuis des mois.

De manière secondaire mais non moins importante, l'effondrement politique a un impact majeur sur l'organisation des forces armées. Enver Pasha régnait d'une main de fer sur les forces armées ottomanes, et il avait au fil des années placé ses hommes à tous les postes importants. Ceux-ci ont pour la très grande majorité abandonné leurs postes après que leur maître se retire de la vie politique, laissant une multitude de chaines de commandements brisés.

SYRIE | Balfour-Briand
Brève
Evènement

Hussein ben Ali signe officiellement l'accord Balfour-Briand. Il n'est pas ravi. Ses revendications d'une terre islamique indépendante (La Mecque, Médine) sont réalisées - il pourra également ajouter Jabal Shammar et le Nedj à son domaine royal. Il n'en demeure pas moins qu'il est extrêmement sceptique face à la création d'une grande Syrie arabe, regroupant les vilayets de Damas, de Homs, d'Alep, de Transjordanie et du nord de l'Irak. Il évoque pendant les négociations, un panarabisme de façade et incomplet devant les mandats britanniques d'Irak et de Palestine et les mandats français du Liban et de Lattaquié. Mais la majeure partie de la déception ne vient pas de là pour Hussein, le Shérif est déçu du comportement des Britanniques qui exploitent les divisions qui règnent entre ses enfants pour établir un mandat sur la Grande Syrie. Les Britanniques ont décidé de confier le trône syrien à Faisal, Abdullah n'aura probablement rien. Il sait qu'en signant les accords, il sécurise l'avenir du Hedjaz. Mais il sait aussi qu'en signant les accords, il signe le début des tensions internes au sein de son propre camp.

La réticence neutre de Hussein contraste avec la joie manifeste de Faisal. Bien évidemment, il aurait pu obtenir plus. Mais il sait qu'il aurait pu obtenir moins, surtout face à son frère et rival, Abdullah. Il sera le roi d'une Syrie unifiée. Pour l'instant, il serre les dents. Il entretient l'espoir que son alliance avec les Britanniques lui permette d'obtenir plus d'autonomie et de lorgner sur les territoires palestiniens. Faisal signe le traité.

Abdullah n'est pas associé à l'accord franco-britannique. Néanmoins, il apprend le contenu des négociations quelques jours après la signature de l'accord. Il fustige immédiatement les Britanniques ; la brouille est telle qu'il ne s'entretient plus avec T.E. Lawrence qu'il considère désormais comme un traitre. Abdullah, en réaction de l'accord, forme "la grande légion panarabe" ou "légion arabe". Il s'agit d'un regroupement politico-militaire qui vise à établir "l'unité réelle du monde arabe". Son alliance bricolée avec quelques milices bédouines, regroupe 10 000 hommes, les mieux entraînés et les plus aguerris de l'armée du Hedjaz. Abdullah poursuit son effort de guerre auprès des Britanniques, tout en s'opposant à l'établissement d'un mandat britannique sur la Syrie et la Palestine. Il sera probablement une épine dans le pied pour les Britanniques et pour Faisal dans les années à venir.

Le prince Zeid est déçu de ne pas être récompensé par le traité franco-britannique. Il embrasse le panarabisme par pur opportunisme. Zeid fonde le Bloc National (الكتلة الوطنية), une organisation politique transjordanienne. Il reçoit le soutien d'Auda Abu Tayi, un seigneur de guerre bédouin basé dans le désert de transjordanie. Grâce à ses moyens, il fonde une darak de 1 000 hommes. Il est proche de son frère Abdullah et pourrait s'allier avec lui contre les britanniques.

France/Allemagne/Belgique
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Evènement

Proclamation de la Commune de Strasbourg, 20 Juin 1918

Le massacre de Zollverein par la gendarmerie Allemande est devenu l'affront de trop de la puissance impérialiste Allemande contre le mouvement socialiste et ouvrier. Laxisme de Falkenhayn sur le contrôle de la presse ou retentissement inarrêtable, toujours est-il que les nouvelles des grèves et manifestations ouvrières parvinrent aux populations occupées par l'Allemagne en Europe de l'Ouest. A la fois méfiante de la propagande de guerre Allemande et préservée de celle des Alliés, le prolétariat des territoires occupés perçoit son avenir dans le mouvement ouvrier de la Ruhr et aux aspirations anarcho-syndicalistes et pacifistes de l'Association libre des syndicats allemands, qui donne une claque bien méritée à l'autorité du Kaiser.

L'élément déclencheur de la révolte massive se déclenche: face aux traitements infligés aux ouvriers à Zollverein, combiné aux offensives à outrance sur le front ouest engageant des hommes parfois peu équipés, de nombreuses unités de réserve sur le front ouest, les fameux "freikorps", désobéissent aux officiers, parfois désertent. La population occupée et les ouvriers soutiennent alors les initiatives des freikorps et s'organisent: les premiers conseils mixtes soldats-ouvriers se constituent, et se répandent partout dans les parties germanophones d'Alsace et de Belgique.

La nouvelle parvient presque simultanément dans les parties francophones de la Belgique, de la France, jusqu'à la ville de Strasbourg, où la population, descendu dans la rue, organisa une occupation de masse de la Place Kléber. Même scénario partout dans les grandes villes comme Liège et Nancy, où l'autorité militaire Allemande, perdant ainsi progressivement pied à la fois dans les campagnes et dans les grandes villes, laissait presque faire...

Là où dans la majeure partie de l'Alsace, les comités se contentent de suivre les revendications de l'alliance syndicale Allemande, c'est à Liège et Strasbourg que des ambitions politiques plus poussés se développent. A Liège, c'est la continuité de la grève générale de 1913 qui semble se revigorer, et c'est même une narrative qui commence à prendre pied: certains demandent en effet la fin des monarchies Allemandes et Belges, le système monarchique et autocrate vu comme responsable de la guerre. A Strasbourg, la communauté Française s'exalte de la victoire des protestataires sur le contrôle de la ville et proclame la Commune le 20 Juin 1918. Cette communauté affirme se porter ainsi comme héritage de la Commune de Paris et démontre ainsi une hostilité tout d'abord envers le Kaiser mais aussi envers la Troisième République qui a fondé son mythe sur l'écrasement des ouvriers et le refus de la démocratie directe.

Le tableau

Il y a du beau monde à l'académie russe des Beaux-Arts. Le président Tchernov, notamment, a été invité comme tout le gratin de la République. Il faut dire que c'est un artiste renommé qui dévoile sa dernière oeuvre, sûrement la dernière d'importance de son illustre carrière. Ilya Répine a en effet fait don au gouvernement russe de sa toile la plus récente. Intitulée Pharaon et la dernière plaie d'Egypte, celle-ci représente le Pharaon biblique en état de choc, son fils mort en arrière-plan. Ce qui surprend les plus les spectateurs est que, sous les habits d'inspiration slave recouverts de motifs orientalisants du Pharaon, celui-ci a tous les traits physiques de Nicolas II. Répine a en effet reproduit directement l'expression qu'avait le tsar lorsqu'il est venu lui supplier de peindre sa femme, en l'associant à l'image d'un autre tyran dépassé par les conséquences de son oppression. Les critiques d'art sont unanimes pour décrire le tableau comme un des grands chefs d'oeuvre de l'artiste. Le président Tchernov, recevant au nom de l'Etat le tableau, a annoncé qu'il serait exposé temporairement aux Beaux-Arts de Petrograd, avant d'être prêté par l'Etat au siège de la future Ligue des Nations, afin de "rappeler au monde que partout où ils existent, les tyrans seront rattrapés par la marche inévitable de l'Histoire".

En parlant de la LDN, la commission russe chargée de réflechir à la position de la République sur la question a rencontré l'ambassadeur d'Amérique afin de lui transmettre un dossier officiel concernant certaines des positions de l'Etat russe. Parmi-celles-ci, on compte :
- La nécessité de l'égalité totale entre les Etats, sans discrimination aucune, dans leurs rapports avec la LDN, et entre eux dans le cadre des activités de la LDN
- La nécessité de l'application des principes de l'Etat de droit et de démocratie dans les pays membres de la LDN, et par la LDN elle-même dans son fonctionnement
- L'opposition aux comportements impérialistes, y compris coloniaux, est à inscrire dans les traités fondateurs de la LDN.
- Des mécanismes devront être mis en place qui assurent l'exercice de la sécurité collective des membres de la LDN.

Exil  :

Talaat Pasha, ancien Grand Vizir et le plus influent des Pasha, a été aperçu à Berlin. Il aurait rejoint la capitale allemande pour s'y réfugier, accompagné d'un très grand capital financier.

Proche des cercles politiques allemands, il est fréquemment invité aux diners de la haute société berlinoise, et ne tarit pas d'insultes à l'égard des puissances de l'Entente. Si le Grand Vizir est toujours officiellement disparu (il n'a informé aucune autorité ottomane de ses va et viens), il semble pourtant bien profiter de retraite anticipé.

Enver Pasha quant à lui, Ministre de la Guerre et chef de la police, est beaucoup plus difficile à tracer. Il aurait quitté Istanbul à la fin du mois de juin. Personne n'en sait vraiment plus, même si des rumeurs circulent sur un voyage vers le Caucase ou la Crimée, en bateau privé. Enver Pasha est un fantôme.

Cemal Pasha quant à lui, aurait pris le large lui aussi, mais il est quasiment sûr qu'il se trouve aujourd'hui en Bulgarie, même si l'information n'est pas réellement confirmée.

Un spectre hante l'Europe

Devant le palais de Tauride, une estrade a été installée en prévision d'une annonce teasée dans les journaux. Des foules militantes s'amoncellent autour de celles-ci, alors que trois personnalités se tiennent derrière un pupitre. En retrait on trouve Julius Martov, chef des Mencheviks, et Nestor Lakoba, le fameux leader des scissionnistes bolcheviks. Enfin, en avant et qui va prendre la parole, c'est Viktor Tchernov. Le vigoureux président de Russie et fondateur-théoricien des SR a, depuis la révolution d'octobre et la trahison allemande, largement viré à gauche dans son discours. Pas au point de rejoindre les léninistes, mais il est désormais évident que les SR de gauche dominent désormais largement leurs compères de droite dans le rapport de force du paysage politique de Russie. L'existence de négociations transpartisanes a fuité dans la presse, et tout le monde s'attend à l'annonce d'un nouveau gouvernement. Le président prend la parole.

Camarades-citoyens et camarades-citoyennes,
Malgré l'assaut combiné des impérialistes allemands, des contre-révolutionnaires et des opportunistes, la République a tenu. La République a tenu bon face à tous ses adversaires. Maintenant nous avons cessé de lever un bouclier, et nous levons notre glaive vengeur sur nos ennemis afin que triomphe la liberté, la démocratie et le socialisme ! Nous avançons de manière irrésistible, et désormais Kiev est libérée. Demain nous libérerons Odessa, Vilnius et Minsk. Nous avons dans notre dos la flamme ardente du peuple pour éclairer les ténèbres, et nous ne reculerons plus jamais. À Liège, à Strasbourg, en Italie, des camarades voient ce que nous bâtissons ici, et prennent exemple. Les tyrans du monde entier tremblent de peur en pensant à l'affaissement de leur monde ! Nous vaincrons !
Nous avons déjà achevé le plus dur. La révolution a triomphé. Nul ne sert désormais d'être révolutionnaires, il suffit simplement de retrousser nos manches pour s'atteler à la plus magnifique des tâches, construire et défendre le socialisme ! Le parti socialiste-révolutionnaire a vécu, et sa mission accomplie, il doit se transformer. C'est pour cela que le parti SR, le parti menchevik et les bolcheviks fidèles à l'oeuvre socialiste ont décidé d'unir leurs forces au sein du Parti Socialiste Unifié de Russie.
Les travailleurs du monde entier nous regardent lutter héroïquement, alors que nous agissons pour vaincre l'hydre de l'impérialisme et poser les fondations d'un ordre mondial juste et sincère. Portons haut la bannière rouge et soyons l'avant-garde du socialisme. Soyons ce à quoi aspirent tous les opprimés du monde. Soyons la paix et la justice autant que leurs plus féroces défenseurs !

Mort aux envahisseurs allemands !
Mort à l'impérialisme !
Longue vie à notre glorieuse République, sa liberté et son indépendance !
Longue vie à l'Internationale Socialiste !
Sous la bannière écarlate, jusqu'à la victoire !

Le monde découvre Tchernov sous un nouveau jour. Le théoricien peu à l'aise en discours a été transformé par la guerre, et le voilà en sueur à tenir des paroles quasi-prophétiques. Le monde constate également ce que certains se refusaient jusqu'alors à admettre. Quelque chose s'est passé au coeur de la Russie qui va durablement changer la marche du monde.

Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande

Première quinzaine du mois de juillet 1918

Révolution allemande ? :

Quoi qu'on dise, l'Allemagne est comme souvent à sa manière à l'avant garde de l'Europe occidentale. Elle le prouve à nouveau aujourd'hui en ne pouvant cacher au monde le vent révolutionnaire qui souffle sur le Reich. Les ouvriers se soulèvent, hissent le drapeau rouge, les soldats refusent de réprimer. Strasbourg, Liège, sont désormais des communes ouvrières laissées à la merci de la foule sans règle. L'après-guerre est finalement déjà dans toutes les têtes.

Dans les suites des mouvements de novembre-décembre 17, dans les suites de la révolution russe - qui à d'ailleurs annoncé son soutien aux ouvriers révoltés - et des mutineries françaises, un vent de panique souffle sur la bourgeoisie et l'aristocratie britannique qui craint plus que tout la contagion et le retour des grèves insurrectionnelles de début novembre, l'extension à des revendications politiques sur le modèle allemand deviendrait intenable. Les ouvriers anglais lisent les journaux et tous ces évènements ne pourront évidemment pas être cachés. Alors en attendant de savoir ce qui pourra bien se passer dans les prochaines mois, chacun tente de s'organiser, la vie politique reprend du souffle sans pour autant que la coalition nationale n'explose.

Conscient de l'état de politisation de la classe ouvrière britannique comme internationale et désormais totalement pieds et poings liés avec ce bon vieux Trade union congress, le Parti travailliste a dévoilé en ce lourd été la Leeds Platform, un document destiné à devenir le programme politique du Labour élaboré pendant plus d'un mois par des représentants du parti et des syndicats lui étant affiliés. La guerre n'est pas fini ? Les travaillistes sont encore au gouvernement ? Peut être mais il n'est pas bon de prendre du retard sur l'histoire, les SR russes l'ont bien compris et il faut savoir s'inspirer des exemples qui fonctionnent. L'Angleterre n'est pas la Russie bien entendu mais le mouvement ouvrier s'entre nourrit toujours. La plateforme est ambitieuse, si elle proclame sur le court terme des objectifs entendables : la garantie d'un niveau de vie digne pour tous, la mise sur pied de nationalisations industrielles d'ampleur, le renforcement des taxations sur le capital et les très hauts revenus, une clause participe à révolutionner le Labour et à définitivement l'inscrire dans l'esprit de novembre-décembre 17.

Assurer aux travailleurs manuels et intellectuels l'intégralité des fruits de leur travail et leur partage le plus équitable n'est possible que par la propriété collective des moyens de production, de distribution et d'échange, le meilleur système d'administration de la chose économique.

Il s'agit là sans aucun doute du passage le plus discuté après publication du document puisqu'il ancre définitivement le travaillisme britannique dans le marxisme et le socialisme. Signe d'une radicalisation importante. Les conservateurs sont définitivement aux abois et il n'est pas un secret que la coalition implosera à la minute même où la paix sera signée, Lloyd Georges est lui aussi déboussolé, il tenait ses amis travaillistes pour de braves ouvriers, ils sont en fait comme les autres. Pour le Labour il s'agit aussi de couper l'herbe sous le pied du Parti socialiste en pleine dynamique depuis six mois, qui attaque constamment les ministres travaillistes sur leur gauche, les accusant de participer à un gouvernement réactionnaire. Cette stratégie offensive porte pour le moment ses fruits puisque plusieurs syndicats liés au TUC ont déjà annoncé ces derniers temps apporter leur soutien au British socialist party, la direction travailliste ne pouvait pas rester les bras croisés, c'est le virage à gauche qui a été choisi, en accord avec l'air du temps il faut le reconnaître.

Accueillons l'aube de l'Humanité nouvelle..

Tout l'échiquier politique britannique s'en trouve secoué. Après quelques jours de matraquage médiatique de la presse conservatrice sur le tournant collectiviste de la gauche mettant en péril l'armée, la coalition et la monarchie tous ensemble, le leadership des Tories se prépare à incarner le parti de la contre-révolution, il en faudra bien un, sur le long terme. David Lloyd George accepte pour le moment d'endosser ce difficile fardeau mais il sait bien que sa carrière sera plus courte que celle du Labour party. En attendant, il a donc décidé les confortables habits de l'indépendant pour fonder le National-liberal party pensé comme un sas de décontamination des classes laborieuses vis à vis des idées collectivistes. Le premier ministre est populaire chez les ouvriers, il peut offrir suffisamment de temps aux conservateurs pour que ceux-ci rétablissent la situation. Son parti a réussi à débaucher des membres des trois grands partis, chez les libéraux pro-guerre, chez les conservateurs pro-Lloyd Georges et chez les travaillistes de droite dont le fameux Lord of the Exchequer James Parker.

L'après-guerre s'annonce sans aucun doute féroce et chaque classe sociale voit bien que tout un chacun pourrait sortir les marrons du feu, les couteaux s'aiguisent. Peut-être tout de même faudrait il déjà la gagner cette guerre.

CHINE
Brève
Evènement

Les velléités indépendantistes de la Mongolie depuis la conflagration de 1911 et de la Révolution sont connues de tous. Le régime d'Oulan Bator entretient même des relations relativement normalisées avec, si ce n'est la Russie entière, au moins les Oblasts sibériens russes.

Pékin ne peut pas laisser la situation continuer à s'envenimer. Maintenant que le pays jouit d'une relative stabilité, il est l'heure d'agir. Avec l'aval du Président Sun Yat-Sen et du Parlement, Cai'E mène une expédition vers le coeur de la Mongolie.

Troupes républicaines en préparation à Pékin

Ainsi une formidable colonne de 35 000 hommes, dont une bonne partie de cavaliers, quitte Pékin pour s'enfoncer dans les steppes. Le 2 juillet le départ est salué par quelques milliers de citoyens et des parlementaires. Le 5 juillet la Muraille de Chine est franchie, dans un pied de nez à l'histoire. Le 8 juillet les premiers heurts avec les rebelles mongols s'annoncent : quelques harcèlements sur le train logistique. Tout ça n'empêche pas l'Armée Nationale Révolutionnaire d'atteindre la capitale mongole le 14 juillet 1918, et après de très brefs affrontements, démettre les rebelles.

Le Khagan autoproclamé, Bogd Khan, est traité avec respect. Sa hiérarchie dans le bouddhisme tibétain fait préférer à Cai'E un bon traitement. Le général chinois a en effet le nez fin, et sait que les questions religieuses sont importantes non seulement ici, mais également au Tibet et au Xinjiang. Bogd est ainsi transféré à Pékin dans un palanquin militaire, et résidera dans un monastère impérial de la ville.

Tögs-Ochiryn Namnansüren, Premier Ministre et cerveau de la révolte indépendantiste est cependant en fuite à travers les steppes.

Tögs-Ochiryn Namnansüren

Si le gouvernement est démis, et la capitale largement pacifiée ainsi que sa proche région, la Mongolie reste difficile à contrôler. Les patrouilles de cavalerie de l'Armée Nationale Révolutionnaire, qui cherchent à pister le Premier Ministre tout autant qu'à maintenir l'ordre et fournir des renseignements sur la situation sur le terrain sont régulièrement attaquées et parfois avec succès. Le tigre mongol est blessé, mortellement sûrement, mais il n'a pas encore donné son dernier souffle.

Le prix de la guerre :


L'Empire était le foyer d'environ 19 à 20 millions de sujets en 1914, un an avant la guerre. La violence du conflit dans lequel il a été entraîné a révolutionné le rapport à l'armée. Pour la première fois de son histoire séculaire, le gouvernement ottoman a ordonné dès 1915 la conscription générale, peu importe le millet, c'est à dire la communauté ethnico-religieuse. Pour la première fois, les chrétiens et les juifs de l'Empire servaient sous le drapeau. Ce n'est pas rien, quand sur les 19 millions de sujets, seuls 12,5 millions sont musulmans.

L'Empire n'était pas prêt à une guerre de masse. Un seul hôpital militaire existait, le plus grand, à Van. Il est aujourd'hui dans les mains des arméniens. Rapidement d'autres ont été construits, à Istanbul, Ankara, Adana, Antep, Halep, Izmir, Edirne, ... et ils ont vu affluer des centaines de milliers de blessés, civils et militaires.

Les pertes humaines sont colossales pour l'Empire. Le nombre total de soldats et d'officiers mobilisés est de 3,4 millions. La majorité des hommes ont servi sous le drapeau ottoman et la bannière du Sultan. 200 000 ont été tués directement au combat, et 320 000 ont été grièvement blessés et morts par la suite, rejoignant le rang des martyrs. A ces 520 000 morts dans l'action s'ajoutent 80 000 disparus, environ 150 000 prisonniers de guerre toujours captifs, et 650 000 morts de froid, de soif, de faim ou de maladie.

Les pertes sont colossales. Sur 3,4 millions de combattants, presque 1,2 millions sont confirmés morts. La désertion est un problème depuis 1915, mais depuis le mois de juin 1918 et l'effondrement politique du pays, sur les 600 000 hommes environ encore sous les drapeaux, ce serait 150 000 d'entre eux qui auraient déserté dans les dernières semaines, un chiffre catastrophique et qui ne semble pas s'arrêter. Ces désertions ont principalement lieu, non pas sur le front, mais dans les garnisons d'Anatolie. Les hommes rentrent chez eux, fatigués, affamés, malades.

Les pertes civiles sont également importantes, avec bien évidemment les victimes des massacres chrétiens.  1 million d'arméniens, 200 000 grecs du Pontus (la quasi totalité de la population locale), et 30 000 assyriens sont morts. A cela s'ajoute quelques dizaines de milliers de civils chrétiens tués lors des combats ou morts lors des vagues de réfugiés. Du côté du millet musulman, les estimations vont de 300 000 à 600 000 victimes civiles, difficile de savoir exactement, notamment maintenant que la majorité des territoires arabes sont occupés par l'armée britannique.

La steppe

La Mongolie s'enflamme devant le retour des Chinois, et évidemment tout cela a des conséquences en Russie. En même temps que l'indépendance mongole en 1911, le kraï Uriankhai - approximativement l'actuelle république touvaine - s'est retrouvé rattaché à la Russie. On craint désormais que la Chine tente un coup de force à Khem-Beldyr - Kyzyl - contre la garnison russe présente sur place. Impossible cependant d'agir directement au vu de l'extension préexistante des forces armées russes du fait de la situation et front, et Petrograd se contente d'une neutralité inquiète, et surveille les évènements.

CHILI
Brève
Evènement

"¡Trabajadores del mundo, únanse!"

Depuis la guerre du Pacifique, le Chili est le maître incontesté du Tarapaca, d'Arica et d'Antofagasta. Ces régions gagnent en importance avec la guerre en Europe puisqu'elles regorgent de cobalt, de nickel et surtout de salpêtre. Une ressource indispensable pour la conduite de la guerre ; à mesure que les arsenaux mondiaux amoncèlent des ressources militaires, le nord chilien se creusent et les paysages sont marqués à jamais par l'humanité.

L'exploitation de ces ressources, toutes plus toxiques les unes que les autres, posent des défis que le gouvernement chilien ne parvient pas à surmonter. Les conditions de travail des prolétaires chiliens, péruviens et boliviens qui affluent dans la région sont déplorables et de nombreux ouvriers réclament un régime de médecine du travail, comme en France. Au moment où l'effort industriel du Chili se porte à son apogée, les ouvriers descendent dans les rues pour réclamer l'amélioration de leurs conditions de travail et le dédommagement des blessures et des incapacités produites après des accidents de travail. Le gouvernement chilien répond avec la plus grande des fermetés et avec la plus grande des insolences. Les ouvriers chiliens sont chassés de leur usine, l'usage de la force létale porte la confusion sociale à son paroxysme et le mouvement ouvrier s'embrase. Après la mort d'une vingtaine d'ouvriers, une charge de police dans une usine à Antofagasta trouve un drôle dénouement. Après une rixe mortelle devant l'usine, une dizaine de policiers pénètrent dans l'usine alors que les ouvriers fuient l'édifice. Les policiers se retrouvent enfermés à l'intérieur quand le bâtiment, bourré de salpêtre explose. Les cris des policiers sont désormais parodiés dans les journaux syndicalistes locaux et deviennent un cri de ralliement pour les sentinelles de la lutte ouvrière.

Face aux troubles syndicalistes dans le nord, les entreprises de salpêtre, incapables de fournir la marchandise à leurs clients européens et américains, déclarent la faillite. Le gouvernement chilien, relativement stable depuis la guerre civile de 1891, ne manque pas de s'effondrer face à la situation catastrophique du nord du pays. Lorsque l'armée chilienne mobilise ses six divisions pour mettre fin à l’embarras national, le parti radical mené désormais par un jeune Pedro Aguirre Cerda glisse en faveur des syndicalistes et demande de nouvelles élections. Alors que l'armée se dirigeait vers le siège du Parti Radical, la marine nationale prend fait et cause pour la classe ouvrière de son pays et déclenche une bataille dans les rues de Valparaiso et de Santiago. L'armée est vaincue et se soumet à la marine qui sait tirer profit d'une dizaine de torpilleurs construits pendant la rivalité argentino-chilienne. Pedro Aguirre Cerda forme un gouvernement provisoire d'unité nationale et déclare la fin des grèves syndicalistes.

Personne ne sait si Cerda sera dompter la fureur syndicaliste. D'autant plus que la marine nationale est désormais partiellement acquise aux idées syndicalistes. Le jeune Marmaduke Grove, mène une faction syndicaliste au sein de la marine. Il promet de saisir le pouvoir civil si Cerda s'avère être un traître à sa classe. On estime que 57% des marins de Valparaiso sont membres du nouveau Partido Sindicalista Chileno.

Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande

Première quinzaine du mois de juillet 1918

Un invité de marque :

Le voyage de John Spargo en terre britannique bien qu'il fut annoncé quelque peu au dernier moment fut malgré tout préparé avec une grande minutie par l'ensemble des acteurs du mouvement ouvrier britannique soucieux de mettre de côté leurs brouilles pour afficher un visage uni à ce représentant du socialisme américain. La presse socialiste et travailliste avait travaillé d'arrache-pied pour offrir au Yankee l'attention méritée.

Son arrivé à Liverpool, capitale du travaillisme, bastion des luttes de novembre-décembre 17, avait été pensé pour être une démonstration de force visant à démontrer au camarade la puissance du mouvement ouvrier anglais. Le port avait été redécoré de rouge pour l'occasion par le syndicat des dockers et l'arrivé du bateau de Spargo coïncida avec un débrayage d'une demi-heure qui fut à peu près suivi par l'ensemble des ouvriers portuaires. Il s'agissait de démontrer qui faisait la loi à Liverpool, ce fut un succès. Une délégation composée des élus travaillistes de la ville et de représentants des principaux syndicats. Il fut invité à y rester plusieurs jours afin d'observer cet avant-poste de la démocratie ouvrière en gestation. En effet, les Workers' councils sont restés à Liverpool très actifs malgré la reprise du travail par tous comme une extension du syndicat. Il ne fait pas de doute que l'américain qui était venu pour apprendre de ses camarades fut surpris de voir que ceux-ci étaient au contraire pris d'un complexe d'infériorité vis-a-vis du mouvement ouvrier outre-Atlantique perçu ici comme mieux organisé, plus politique, plus puissant, moins corporatiste. Ici, les conseils sont vécus comme des moyens de briser les habitudes corporatistes prises par certains bureaucrates syndicaux et pour vérifier qu'on ne retombe pas petit à petit dans ces travers.

Après plusieurs réunions lors desquels Spargo pu observer l'état de politisation et l'intelligence tactique des ouvriers de Liverpool, le TUC qui organisait le voyage du camarade lui prépara un voyage en train à travers le Yorkshire et les Midlands afin de lui montrer la grande pluralité des situations, le travail d'un Miners' council, l'action de militantes féministes, l'organisation de métayers et d'ouvriers agricoles au sein de la National Agricultural Labourers and Rural Workers Union, le syndicat des travailleurs de la terre.

Les leaders du syndicats des dockers et John Spargo prenant la parole face aux débrayeurs

Après ce long périple ponctué de longues et éreintantes réunions publiques et conférences-débats auxquelles la foule se pressait toujours, Spargo pu enfin atteindre Londres. Après un tour de la ville organisé par des représentants fiers comme des paons de l'East End Workers' Councils Federation qui a affermi sa puissance sur les quartiers de l'est londoniens depuis le début de l'année, l'ami américain put ainsi rencontrer le bon Arthur Henderson, chef du Labour party, qui n'avait pu l'accueillir jusqu'ici à cause de ses activités gouvernementales. Il lui exprima sa joie de voir un américain venir découvrir les avancées de la classe ouvrière britannique et sa volonté de commencer à travailler au plus vite avec des camarades internationaux à la mise en place d'un nouvel ordre économique et social à travers le monde afin que le catastrophe ne puisse plus jamais se reproduire. Une nouvelle Internationale en quelque sorte, et Henderson souhaiterait sonder Spargo afin de savoir si celui-ci serait intéressé pour être son ambassadeur de l'autre côté de l'Océan. Henderson a dans le même temps tenu à le rassurer sur l'engagement du Labour en faveur du socialisme. Si le mot n'a toujours pas pu être officiellement inscrit dans les statuts du parti pour le moment pour ménager l'aile droite, le virage à gauche est clair et net et la direction s'engage à ce qu'il soit mené à son terme sans tergiversation. L'aile droite sera prise en charge en temps voulu mais la guerre rend difficile les grandes manœuvres, ce n'est qu'une question de temps.

Après dix jours épuisants, l'américain pu enfin rencontrer l'homme pour lequel il était vraiment venu : Henry Hyndman, the infamous ajouterait on peut être en américain. Si il n'est plus dans sa prime jeunesse physique, l'esprit reste vif et alerte. L'évocation du futur fait immanquablement naître une étincelle dans les yeux du vieillard. Le socialisme est a portée de main et la race anglo-saxonne est plus que prête à en faire la structure économique majoritaire sur le globe, ouvrant ainsi la porte à un monde nouveau. Il est très heureux d'avoir des amis aux États-Unis et fait savoir à son visiteur qu'il rejoindra probablement le Labour à l’issue de la guerre, la Leeds Platform adoptant une trop grande partie des idées qui sont les siennes pour qu'il crache dessus.

ROUMANIE
Brève
Evènement

Le comportement de Sofia, à contre-courant total des derniers signaux envoyés par la Bulgarie concernant la Dobrogée, provoque un sentiment de panique en Roumanie. Le coup de force bulgare et le comportement hostile du pays vis-à-vis de ses alliés a poussé l'état-major roumain à retirer 250 000 hommes du front de l'est pour les placer face à la ligne Samuel, de manière à avoir la parité numérique contre l'armée bulgare. Bucarest appelle également Berlin et Vienne au secours pour récupérer la Dobrogée.

Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande

Première quinzaine du mois de juillet 1918

Rififi méditerranéen II :

Rien n'a changé en Grèce libre, cependant la base navale britannique d'Héraklion commence à prendre forme et l'armée d’Égypte est désormais en capacité d'élargir son déploiement sur l'île méditerranéenne. La deuxième phase du plan de reprise en main du théâtre d'opération grec par Allenby peut commencer. La flotte britannique va commencer à organiser par roulement le rapatriement d'unités grecques et monténégrine en Crète où elles auront droit à un stage d'entrainement et de réorganisation mené par l'armée britannique. Les troupes des membres balkaniques de l'Entente sont vu à tort ou à raison - probablement à tort - comme largement responsables du fiasco. Il semble ainsi logiquement légitime aux autorités militaires britanniques de leur offrir ce stage qui doit théoriquement constituer une phase préparatoire à une reconquête hypothétique de  la Grèce occupée.

KURDISTAN
Brève
Evènement

Abdulkadir Ubeydullah, Président de la Société pour l'Elévation du Kurdistan, est entré en contact avec les forces britanniques après avoir appris leur arrivée en Irak. Lui et ses collaborateurs politiques ont eu vent de la liberté proposée par l'Amérique, et ont rédigé une lettre destinée au Président Américain et au Premier Ministre britannique, présentant le projet d'un Kurdistan libre et indépendant. Les points majeurs sont :

- L'instauration d'un Etat kurde souverain, libre, indépendant, et démocratique en accord avec les principes hughiens.
- Un appui à la modernisation est demandé au Royaume-Uni tout particulièrement, qui est très bien perçu par la Société

Le cadre territorial de cet Etat est largement sujet à débat, et flou. Les britanniques comprennent cependant que si certaines zones sont indubitablement conçues comme kurdes (le Nord du Vilayet d'Irak, le Sud-Est de l'Anatolie), les différences entres kurdes et l'influence très forte des grandes familles nobles kurdes sur leurs terres rend la possibilité d'un interlocuteur unifié difficile, et la présentation d'un territoire réellement national impossible à l'heure actuelle. Bien que non précisé dans la lettre, Abdulkadir Ubeydullah insiste par exemple sur le fait d'inclure Ourmia, Van et des parties de la région de Tabriz dans le projet, des zones où il a mené il y a 40 ans maintenant une rébellion contre l'Empire ottoman et la Perse.

Autriche-Hongrie

En Hongrie comme ailleurs...

Désastre à l'est. En moins de deux semaines, l'offensive "marteau et enclume" à menacé d'un énorme encerclement de la K.u.K, ayant donc forcé une retraite hors du saillant du Dniepr, et les agissement bulgares ont forcé une deuxième retraite dans la panique la plus totale sur le Prout. La K.u.K est totalement désorganisé, et a quasiment perdu toutes les terres occupés après l'offensive post-Brest Litovsk. La fin de l'empire a été repoussé d'un mois par le véritable miracle sur le Prout et le Danube, où la K.u.K a fait coopérer roumains et bulgares contres des cosaques enragés, et donc hydrophobes. Un mois précieux pour maintenir l'ordre sur le flanc sud, et se réorganiser autant que possible. Il n'en reste pas moins que la situation est plus que critique.
Dans l'armée, le désarroi est total: Certes ils ont retenus les russes, mais plus personne ne veut mourir. Mutineries et désertions sont désormais courants, la guerre est perdue, tout le monde le sait. Il reste à savoir quand est-ce qu’elle finira. Il risque d’être difficile de retrouver une capacité combative quelconque, alors que les russes pourront préparer une nouvelle offensive, très probablement fatale. Les objectifs militaires changent et deviennent de plus en plus pitoyables. Le message envoyé à Straussenburg: Minimiser les morts, s'assurer d'un retour possible en Hongrie et en Galicie-Lodomérie. En bref sauver ses hommes en fuyant dans les Carpates si une offensive sérieuse advient, avant qu'ils ne le fassent eux même en forçant une capitulation de masse, la captivité russes où les noix américaines sont garanties devenant de plus en plus désirable par rapport à la famine en Autriche-Hongrie ...
Alors que Tchernov doit savourer les déboires des centraux, la situation à l'interne devient intenable. Manifestations, grèves, la dislocation de l'empire est très proche, en tous cas aux yeux des militants indépendantistes. La fin de la guerre, et la défaite l'est aussi. Et cela tout le monde l'a compris, jusqu'à Charles 1er pourtant le plus idéaliste de l'Empire, qui se terre dans son palais en déprimant. Pour gagner encore quelques semaines, la chancellerie austro-hongroise envoie un message désespéré: une proposition d'armistice. Peu importe les conditions. On ne s'attend pas à une réponse, mais cela devrait suffire à calmer la situation interne. Et si la réponse est un utlimatum demandant une capitulation sans condition, toute façon l’État austro-hongrois se disloquera avant de pouvoir accepter.