Topic Officiel - Année 2023

THAILANDE
Brève
Evènement

Le parti d'opposition à la junte, le Pheu Thai Party, remporte les législatives thaïlandaises du mois de mai 2023. Ces élections annoncent la fin officielle de la junte militaire au pouvoir depuis le coup de 2014. Si le parti est libéral sur le plan constitutionnel et promet des réformes d'ouverture politique, il n'en reste pas moins un parti relativement conservateur à l'échelle internationale. Ce pas vers la démocratie est cependant salué par la communauté internationale.

SOUDAN
Brève
Evènement

Hemetti et son gouvernement putschiste sont officiellement reconnus par l'Arabie Saoudite, tandis que du côté du Soudan du Sud, aucune reconnaissance n'est toujours accordée aux Forces de Réaction Rapides qui ont saisi le pouvoir à Khartoum par les armes.

Bien que le gouvernement du chef militaire du Darfour soit désormais reconnu par un acteur majeur du jeu international, les tensions avec son voisin du Sud sont au plus haut.

Une humeur nationale maussade - Acte II

Messaoud n'avait que 13 ans lorsqu'il a perdu la vie le 21 avril 2023, jour de l'Aîd El-Fitr dans des circonstances qui sont encore troubles. Son corps inanimé avait été jeté d'un van non-immatriculé non loin du domicile de ses parents. Cet évènement avait perturbé les festivités de la communauté musulmane et entraîné une série de manifestations spontanées à Jérusalem, en soutien à la famille de la jeune victime. Pour les Palestiniens les coupables étaient logiquement l'occupant israélien. De nombreux débordements ont eu lieu, mais rien de bien grave à part des dommages matériels et une dizaine de blessés légers.

Les autorités israéliennes avaient promis de faire la lumière sur cette tragique affaire. Mais un nouvel élément, non prévu, venait les mettre à mal. Dans la nuit du 18 au 19 mai 2023, jour de Jumu'ah, une vidéo d'une violence extrême a circulé sur les réseaux sociaux. Il s'agissait de la vidéo de la mise à mort du petit Messaoud, battu à mort par ses assassins filmant la scène, et s'exprimant en hébreu.

Ronen Bar, directeur du Shabak le service de sécurité intérieur d'Israël, en personne fut réveillé au milieu de la nuit pour être informé de la situation. Au petit matin, mille cinq cent policiers et militaires étaient mobilisés pour sécuriser la Mosquée Al-Aqsa et les autres lieux de culte musulmans afin d'éviter tout rassemblement de la part des Palestiniens.

Alors que des premiers affrontements avaient eu lieu entre les forces de sécurité et les palestiniens, au milieu de l'après-midi une fusillade éclata en plein Jérusalem. Deux individus armés ont fait feu sur une patrouille de militaire israéliens en tuant un et en faisant deux blessés graves.

La situation s'est rapidement embrasée et les affrontements se sont prolongés jusqu'au mardi 23 mai 2023. Des roquettes ont été tirés depuis la bande de Gaza, des bombardements ont eu lieu en représailles.

Ces évènements, dors et déjà appelés comme étant le Week-end Noir se sont conclus par la mort de 4 membres des forces de sécurité, dont un militaire, et de 56 blessés. La population civile n'a pas été épargnée et plusieurs faits de violences ont été réalisés auprès des juifs, soutien ou non des autorités israéliennes. 15 civils israéliens ont été tués, dont 8 membres d'une même famille de colons juif en Cisjordanie assassinés, 46 civils ont été blessés au cours des affrontements, dont 10 un même soir, à l'issue d'un tir de roquettes revendiqué par le Hamas. Côté palestiniens, 53 morts sont à déplorer, 224 blessés, et plusieurs centaines d'individus ont été interpellés.

Le premier ministre Benjamin Netanyahou, particulièrement discret pendant les évènements, a pris la parole à l'issue de cette épisode de violence, en affirmant que des mesures seront prises  pour conduire devant les tribunaux, les responsables derrière ces attaques. Du côté Palestinien, les différents groupes insurrectionnels ont promis d'intensifier leurs attaques à l'encontre de l'entité sioniste, en hommage aux martyrs, et plus particulièrement, le martyr Messaoud.

Joukov en sueur

Les images font le tour des médias russes et internationaux, encore et encore et encore. Prigojine à la fête avec des wagnerites dans Bakhmout vaincue et conquise. La ville de toutes les convoitises est enfin dans les mains de l'armée russe au prix de plusieurs mois d'efforts. Un peu plus au sud, Choïgou tient lui aussi sa victoire avec la chute de Marinka. Le ministre de la défense, de son côté, ne sera pas vu sur le front. Quelque part, le commandant russe d'Avdiivka dort sur ses deux oreilles, son poste absolument pas menacé par le désastre de la dernière offensive.

Ces victoires, et en particulier celles de Bakhmout, font l'objet d'une intense campagne de propagande extérieure incluant reportages, nouvelles, bots twitter par milliers, interviews auprès de journaux occidentaux complaisants ou attirés par des images exclusives. L'objectif est clair. Crier sur tous les toits que l'Ukraine perd, que son gouvernement extrémiste refuse de négocier pour atténuer les souffrances des populations civiles, que l'armée russe est la plus forte et que leurs gouvernements les prennent pour des tanches.

La fuite du Reis

Nous sommes 10 jours après l'élection de Kemal Kılıçdaroğlu à la tête de la République, et la défaite de l'AKP et de son leader Recep Tayyip Erdoğan. Ces 10 premiers jours du Nouveau Tournant (Yeni Dönem) comme l'appellent les cadres du CHP ont été marqués par plusieurs événements.

Tout d'abord, dans la nuit du 14 mai au 15 mai, des manifestations spontanées ont eu lieu à travers le pays, qui se sont déroulées sans heurts notables. Mais surtout, sans surprise générale, Recep Tayyip Erdoğan qui n'a pas commenté sur le résultat des élections, aurait pris un avion privé pour les Etats-Unis dans la matinée, très tôt, du 16 mai. Accompagné de sa femme, il aurait atterri une dizaine d'heures plus tard sur l'aéroport de New-York.

Prétextant une urgence familiale et médicale, mais sans en dire plus et en restant très évasif, ce n'est une surprise pour personne que l'ancien Président quitte le pays. En effet, la justice promise par l'Alliance Nationale vise également l'inculpation de nombreux cadres de l'AKP. De nombreux ministres d'Erdoğan ont été élus au Parlement, notamment Mevlüt Çavuşoğlu (Affaires Etrangères), Süleyman Soylu (Intérieur) et Fahrettin Koca (Santé) ce qui les rend intouchables car disposant de l'immunité parlementaire. Le reste du cabinet s'est éparpillé soit dans leurs villas en Turquie, soit à l'étranger.

24 mai 2023, annonce du gouvernement

Ce sont dix jours d'effervescence politique qui ont secoué la Turquie. Le gouvernement et le cabinet ministériel, qui rappelons le, ne dispose pas d'un Premier Ministre car le poste a été aboli par la réforme Constitutionnelle de 2018 menée par l'AKP, est enfin publié à 9h00 du matin.

Les négociations ont été âpres. En effet, l'Alliance Nationale a des intérêts parfois divergents, et au sein même du CHP la mise sur liste des élections législatives de plusieurs anciens membres de l'AKP "repentis" fait jaser, et la branche la plus conservatrice du parti kémaliste est proche du iYi et demande une influence notable sur les plus grands ministères.

Ainsi la liste est publiée.

67ème Cabinet ministériel turc, promulgué le 24 mai 2023 par le Président de la République Kemal Kılıçdaroğlu

Président de la République : Kemal Kılıçdaroğlu (CHP)
Vice-Président :  Burcu Köksal (CHP)
Ministre de la Justice :Mehmet Bekaroğlu (CHP)
Ministre de la Famille et des Affaires Sociales : Ayfer Yılmaz (iYi)
Ministre du Travail et de la Sécurité Sociale : Özgür Çınar (CHP)
Ministre de l'Environnement : İbrahim Özdemir (Indépendant)
Ministre des Affaires Etrangères : Öztürk Yılmaz (Indépendant ex-CHP)
Ministre de l'Energie : Gültekin Uysal (DP)
Ministre de l'Intérieur : Meral Akşener (iYi)
Ministre de l'Education : Selin Sayek Böke (CHP)
Ministre de la Culture et du Tourisme : Ahmet Davutoğlu (GP)
Ministre de la Défense Nationale : Levent Gök (CHP)
Ministre de l'Agriculture et de la Foresterie : Bülent Tezcan (CHP)
Ministre de l'Economie : Ali Babacan (DEVA)

Il faut noter que le Ministère de l'Economie et absorbé par le Ministère du Commerce, aboli en 2018, est réinstauré et absorbe à son tour le Ministère du Commerce. Conjointement, le Ministère de l'Energie perd la main sur le secrétariat des ressources naturelles qui est alloué au Ministère de l'Environnement.

Burcu Köksal, Vice-Présidente, ancienne parlementaire, élue du CHP et proche de iYi

Concernant les forces armées, Yaşar Güler, commandant d'Etat-major depuis 2018, est remercié et prendra sa retraite. C'est Arif Çetin, ancien Commandant des forces de Gendarmerie qui prendra sa place.

C'est un gouvernement de coalition qui prend donc la tête du pays. Bien que le HDP et ses alliés n'en fasse pas partie, à la fois par refus de iYi et par refus du HDP de s'associer avec certains membres du gouvernement, il a accordé sa confiance à l'Assemblée.

Le Tournant en marche :

Dès les premiers jours du nouveau gouvernement, de fortes mesures symboliques sont prises. Il faut en effet marquer une rupture nette et claire avec la période AKP.

Complexe présidentiel construit par l'AKP

Ainsi le complexe présidentiel construit par l'AKP est la première victime des réformes. Cet ensemble de bâtiments aura coûté 1.2 milliards de dollars au contribuable turc après plusieurs années de construction. Inauguré en 2014, il n'a été que très peu utilisé. Il concentre en effet à la fois la plus grande bibliothèque du pays avec plus de 5 millions d'ouvrages (largement inaccessibles au public) et plus de 1 150 pièces individuelles dont seulement quelques dizaines sont en réalité occupées par les bureaux de la Présidence de la République.

La décision du Président Kemal Kılıçdaroğlu tombe comme un couperet pour le complexe, mais n'est pas une surprise : il n'y siègera pas. Il retournera vivre et travailler depuis Çankaya, le manoir qui servi de résidence et de bureau à tous les présidents turcs de 1923 à 2014.

Çankaya

Le complexe présidentiel de l'AKP est quant à lui transformé en bâtiment public de manière immédiatement effective. La grande bibliothèque sera ouverte au public et aménagée pour l'accueillir, tandis que les locaux gigantesques seront progressivement cédés à METU, l'Université de Technologie du Moyen-Orient et plus grande et prestigieuse université d'Ankara, dont le campus est adjacent.

Une humeur nationale maussade - Acte III

Alors que les esprits restent marqués par les évènements du Week-end Noir, le gouvernement Israélien a sauté sur l'occasion pour remettre au devant de la scène la réforme du système judiciaire.
"Au vu des attaques auxquelles notre nation a du faire face ces derniers jours, il paraît évident que cette réforme est d'une condition sine qua none à la sécurité de nos concitoyens. Il s'agit désormais d'affirmer qui est du côté de la nation israélienne, et qui est au service des vermines terrorisant nos parents, nos femmes, nos enfants, par leur indulgence, leur complaisance et leur opposition à notre projet garant de la sûreté de chacun d'entre vous." Ces paroles du ministre de la justice Yariv Levin ont fait l'effet d'une bombe. Très rapidement le chef de l'opposition, Yair Lapid figure de proue de Yesh Atid, a dénoncé une manœuvre "criminelle" de la part du gouvernement profitant de la situation sécuritaire, et violant le deuil des familles des victimes, pour faire voter une loi manifestement illégale pouvant accorder les pleins pouvoirs à la coalition gouvernementale.

Le projet de réforme a été représenté à nouveau comme suit :

De la sélection des juges - Le comité chargé de recommander la nomination des juges est actuellement composé de juges en exercice, de représentants de l'Association du barreau israélien, de membres de la Knesset et de ministres du gouvernement, et sa composition est telle qu'un accord est nécessaire entre ces différents groupes. Les changements proposés visent à modifier la composition de la commission, en donnant une majorité de voix au gouvernement et en lui permettant ainsi de contrôler la sélection et la révocation de tous les juges, y compris ceux de la Cour suprême.

Du contrôle judiciaire - Les modifications proposées visent à limiter le contrôle judiciaire de la législation, notamment en légiférant explicitement contre l'exercice par la Cour suprême du contrôle judiciaire des lois fondamentales, et en exigeant qu'un collège complet de juges de la Cour suprême préside toute affaire dans laquelle la légalité d'une législation ordinaire adoptée par la Knesset est évaluée, et que 80 % d'entre eux se prononcent en faveur de l'invalidation de cette législation.

De l'annulation par la Knesset - Les modifications proposées visent à permettre à la Knesset d'annuler une décision de la Cour suprême sur la légalité de la législation, lorsque la Knesset vote à une majorité (de 61, sur 120 membres de la Knesset) contre la décision de la Cour.

Des conseillers juridiques des ministères - Les modifications proposées visent à reclasser les conseillers juridiques des ministères d'autorités indépendantes, soumises au contrôle professionnel du ministère de la justice, à des conseillers choisis par le pouvoir politique et dont les avis ne lient explicitement pas le gouvernement et ses ministres, permettant ainsi aux ministres de choisir et de révoquer individuellement leurs conseillers juridiques et de décider d'adhérer ou non aux conseils juridiques.

De la notion de caractère raisonnable - Les modifications proposées visent à limiter la portée du contrôle judiciaire des décisions gouvernementales et administratives, en légiférant contre le concept de "caractère raisonnable". Cela empêcherait les tribunaux d'entendre des pétitions ou des appels contre des décisions gouvernementales et administratives au motif que ces décisions sont "déraisonnables".

Pour le premier ministre Benjamin Netanyahou, il s'agit ici d'une réforme "dont l'actualité récente et tragique a démontré l'impérativité d'être votée, afin de mettre un terme au viol des principes démocratiques par les magistrats de gauche, préférant servir leur idéologie nauséabonde, plutôt que d'assurer la pérennité d'Israël."

A l'annonce de la nouvelle charge du gouvernement, des manifestants spontanées ont éclatées à Tel Aviv et Jérusalem, où quelques milliers de personnes se sont réunis pour dénoncer le coup de force de la coalition gouvernementale. Une journée de mobilisation et de grève a été appelée pour le 3 juin 2023.

Made in China

Des munitions chinoises vont arriver ! La nouvelle est retentissante. Lavrov et, à vrai dire, tous les services secrets et des affaires étrangères sont surpris mais pas déçus du revirement pro-russe de la Chine dans ce dossier qu'ils travaillaient à bras le corps depuis des mois. Pour les faucons qui composent en majorité le gouvernement, c'est simplement l'évidence que la Chine rejoigne la grande croisade contre l'influence occidentale. Enfin, les militaires s'en moquent bien de toutes ces considérations : ils auront des munitions en nombre bien plus grand que ce que l'Iran, la Corée du Nord et la Biélorussie pourront jamais fournir. Tous ces obus n'arriveront bien sûr pas dans l'immédiat, mais ils seront stockés pour servir lors de l'offensive d'automne, voire d'hiver, qui trotte dans les plans de l'état-major.

Reste la question des réactions occidentales. Evidemment le Royaume-Uni, en bon toutou de garde, s'est jeté pour aboyer aux sanctions contre la Chine. À Moscou, on reste calme. Les sanctions contre la Russie elle-même peuvent difficilement s'intensifier, et la puissance économique de la Chine en fait un Etat que les marchés ne pourront pas endommager sans conséquence de leur côté. En quelque sorte, on se dit que la balle est dans le camp de Joe Biden et qu'il revient au catholique du Delaware de décider du chemin que prendra cette crise en incubation.

Mise en marche du réacteur numéro 1 d'Akkuyu :


Le 27 mai 2023, en fin d'après-midi, le premier réacteur de la centrale nucléaire d'Akkuyu, dans la province de Mersin, a été lancé. Après une procédure de plusieurs jours, le réacteur est enfin opérationnel et fourni un total de 1114MW modulables au réseau électrique turc. C'est le premier de quatre réacteurs similaires, tous construits et détenus par un subsidiaire de l'agence russe ROSATOM.

Le lancement a été effectué en présence de l'ambassadeur de la Fédération de Russie à Ankara, Alexei Yerkhov, et du Ministre de l'Energie Gültekin Uysal qui voit là sa première apparition officielle. Bien entendu, une manifestation a eu lieu aux abords de la centrale pour protester contre la mise en marche, prétextant que la zone sismique était dangereuse, et que les eaux rejetées par la centrale dans la baie de Mersin provoqueraient une déstabilisation de l'environnement marin, ou encore la dépendance vis-à-vis de la Russie en ce qui concerne les savoirs techniques et le traitement des déchets de la centrale.

Le gouvernement prend cependant une mesure immédiate, le jour même. L'Autorité sur l'Energie Atomique Turque (Türkiye Atom Enerjisi Kurumu ou TAEK) avait été dépossédée de ses pouvoirs de contrôles sur la centrale au profit d'un Bureau de l'Energie Atomique crée en 2018 par le gouvernement AKP. Ce dernier sera fermé en date du 1er juillet 2023 et les compétences relatives au contrôle de l'énergie nucléaire civiles rendues à la TAEK.

24-31 mai 2023 : la diplomatie américaine s'active :

Alors que l'actualité américaine était dominée par l'affaire des fuites de documents classifiés, la crise taïwanaise et les débats sur le relèvement du plafond de la dette, la chute de Bakhmout a subitement remis l'Ukraine au centre de l'attention médiatique. Certes la chute de cette ville, théâtre d'une sanglante bataille depuis plusieurs mois, ne change pas fondamentalement la donne, mais il s'agit indubitablement d'un important succès symbolique pour les Russes. Sur les réseaux sociaux les vidéos de Prigojine célébrant sa victoire deviennent virales et sont largement relayées, tandis que certains élus républicains et autres éditorialistes proches du GOP dénoncent l'incompétence de l'Administration Biden, qui a fourni des dizaines de milliards de dollars à l'Ukraine (45 milliards de crédits d'aide votés pour la période budgétaire s'étalant jusqu'à septembre 2023) pour de bien maigres résultats. Ainsi Donald Trump a-t-il déploré lors d'un meeting que le contribuable américain serait encore le "dindon de la farce" de toute cette affaire et que, lui aux commandes, il mettrait rapidement fin à cette folie en faisant ce que "Sleepy Joe" se refuse à faire : négocier en tête-à-tête avec Poutine et Zelensky pour parvenir à un bon deal acceptable par la Russie. Du côté des autorités les réactions sont restées très discrètes, même si le Pentagone s'est bien entendu attaché à minimiser la portée de l'avancée russe tout en insistant sur la contre-offensive en préparation.

Quelques jours plus tard, les médias américains ont révélé que la la Chine s'apprêtait à commencer à livrer des munitions et du matériel militaire à la Russie, ce qu'elle s'était bien gardée de faire jusque là. Rapidement confirmée, cette information a fait l'effet d'une bombe à Washington, poussant le Président Biden a réunir le Conseil de Sécurité Nationale pour faire le point sur la situation. Puis, dans la soirée du 28 mai le locataire de la Maison Blanche s'est adressé au peuple américain et au monde dans une courte déclaration enregistrée. Dans celle-ci, Joe Biden a dénoncé dans des termes très fermes la décision chinoise :

"Par cette décision, le Président Xi Jinping engage la Chine dans une voie périlleuse, qui ne fera que mettre de l'huile sur le feu en prolongeant une guerre injuste et immorale, que la Russie ne gagnera pas [...] Désormais il est clair que cette guerre dépasse de loin le cadre russo-ukrainien : il s'agit d'un lutte acharnée entre la démocratie, les droits de l'homme et l'autoritarisme, le mépris de la vie humaine et de la souveraineté des peuples et des nations. Que les choses soient claires les Etats-Unis et leurs alliés de par le monde ne flancheront pas et ne cesseront jamais de soutenir l'Ukraine et, plus largement, les peuples libres de cette planète. Quant à la Chine, elle devra, comme la Russie, payer les conséquences de ses actes immoraux et faire face à de vigoureuses mesures de rétorsion que nous déciderons et mettrons en œuvre en concertation avec nos alliés de par le monde".

Dans sa déclaration le Président est resté très vague sur cette question des mesures de rétorsion contre la Chine : on ne peut en effet sanctionner la RPC aussi facilement que la Russie... Il n'empêche que Joe Biden a ordonné à l'ensemble des départements ministériels de plancher sur la question et a prévu de s'entretenir à ce sujet avec les dirigeants des grands pays occidentaux (France, Royaume Uni...) afin de définir une stratégie commune. De premières annonces seront faires au début du mois de juin.

Le Président des Etats-Unis a en revanche promis une nouvelle augmentation de l'aide militaire à l'Ukraine afin de favoriser les futures contre-offensives. Interrogé lors d'une conférence de presse sur d'éventuelles livraisons d'avions de chasse modernes, Mr Biden a répondu que "tout était désormais sur la table". En coulisse le Pentagone informe les autorités de Kiev que des pilotes ukrainiens pourront être formés de façon massive sur le sol américain et que la Maison Blanche va donner son feu vert à la livraison de F-16, même s'il reste encore de nombreux points à éclaircir. Pour aller plus vite une solution pourrait être de transférer des chasseurs polonais à l'armée de l'air ukrainienne, tandis que Varsovie recevrait en contrepartie de nouveaux appareils américains, plus modernes. Mais ces détails devront être tranchées dans le cadre de l'OTAN. En outre Washington fait savoir à Kiev que certains transferts de matériels pourraient être revus à la hausse (notamment les livraisons à venir de char Abrams, qui seront effectives à l'automne), si les autorités ukrainiennes en expriment la demande. Plus largement ces dernières sont invitées à faire le point sur leurs besoins et à transmettre leur "liste de course" au Pentagone. Quant aux pays d'Europe de l'Est (Pologne, Slovaquie...), ils sont encouragés à accélérer leurs programmes d'envoi de matériels issus de l'époque soviétique vers l'Ukraine : pour ce faire Washington assure les anciens membres du Pacte de Varsovie que l'industrie américaine produira suffisamment pour remplir leurs arsenaux avec de nouveaux équipements modernes.

Ces annonces s'ajoutent aux dernières livraisons des mois de mars-avril : ainsi les premiers systèmes de défense anti-aérienne Patriot ont été remis à l'armée ukrainienne (qui en recevra 20 en tout d'ici à la fin de l'été, des opérateurs ayant pu être formé en nombre suffisant), et une nouvelle aide, composée essentiellement de munitions d'artillerie, a été débloquée par le Département de la Défense, pour un montant de plus de 300 millions de dollars.

Pour l'heure la politique de fermeté de l'Administration Biden reste soutenue par une majorité d'Américains, mais à droite de de plus en plus de voix se font entendre pour dénoncer l'aide illimitée à l'Ukraine, et notamment celles des deux favoris de la future primaire républicaine, Donald Trump et Ron de Santis, qui totalisent plus des 2/3 des intentions de vote en promettent de mettre fin au soutien à l'effort de guerre du Président Zelensky. En outre Joe Biden devra sans doute batailler lors du vote du prochain budget pour faire voter de nouveaux crédits à destination de Kiev. Dans ce contexte, la réussite ou l'échec de la contre-offensive ukrainienne sera un élément déterminant.

Communiqué au Royaume-Uni :

Le gouvernement turc fait savoir au Royaume-Uni que le Ministère des Affaires Etrangères et le Ministère de la Défense Nationale sont prêts à se rendre à Londres afin de rencontrer une délégation suédoise et ouvrir des négociations sur l'adhésion de la Suède à l'OTAN.

24-31 mai 2023 : la diplomatie américaine s'active II :

Outre l'Ukraine, la, diplomatie américaine est attentive à de nombreux dossiers de par le monde.

Tout d'abord la situation en Israël, qui préoccupe au plus haut niveau à Washington, où l'on craint une nouvelle escalade de la violence. Pour l'heure le secrétaire d'Etat Anthony Blinken s'est contenté de déclarations convenues en ce qui concerne la situation sécuritaire et a appelé au retour au calme. En revanche le chef de la diplomatie américaine, et plus important, Joe Biden en personne ont eu des mots durs envers le Premier Ministre israélien. Mr Blinken a ainsi jugé regrettable et inapproprié dans le contexte actuel le relance du projet de loi relatif à la réforme de la justice qui avait provoqué il y a quelques mois un vaste mouvement de protestation. Quant au Président, il a précisé lors d'une conférence de presse qu'il n'était pour l'heure pas question d'une visite du chef du gouvernement israélien à Washington, faisant de fait de Mr Netanyahu une persona non grata aux Etats-Unis...

Du côté de la Turquie, Washington a salué l'élection du nouveau Président Kemal Kılıçdaroğlu et Joe Biden a déclaré souhaiter que l'arrivée au pouvoir de la nouvelle équipe gouvernementale permettra de renforcer l'alliance américano-turque. Mais dans ce contexte l'arrivée de Recep Erdogan sur le sol américain embarrasse l'Administration Biden, qui s'est refusée à tout commentaire. Le département de la Justice et le département d'Etat suivent toutefois l'affaire de près : l'ouverture de poursuite contre l'ex-président (qui n'est pour l'heure accusé de rien) pourrait en effet poser l'épineuse question de son extradition...

UNION EUROPÉENNE - RUSSIE
Brève
Evènement

Après la chute de Bakhmout, les États membres de l’Union européenne se sont mis d’accord pour adopter un 11e paquet de sanctions contre la Russie.
Plusieurs propositions qui n’arrivaient pas à trouver suffisamment de soutien dans l’Union ont finalement convaincu au vu de la situation sur le terrain en Ukraine.
Ainsi, la Belgique qui bloquait le dossier des diamants russes a finalement dit oui, au prix de voir le nombre de diamants échangés à Anvers chuter d’entre 10 à 30% en moins. Sans doute que cela profitera à l’Inde qui transforme ces pierres en important celles-ci des mines du monde entier, alors qu'on estime que jusqu'à 10 000 emplois belges sont menacés.
Le plus surprenant reste du côté de la France qui a mis fin à son jusqu’au-boutisme concernant le nucléaire. Mais, la fin du tabou du côté de Paris ne signifia pas de renversement du côté de Budapest, la Hongrie posant son veto à toutes sanctions trop dures à cause de sa dépendance à Moscou. Dans les faits donc, seule une dizaine de cadres dirigeants de l’entreprise Rosatom sont sanctionnés sur la liste établie par la Commission. La coopération entre les États du l’UE et la Russie est toujours permise dans ce domaine, de même pour l’importation d’uranium (20% de l’uranium européen provient de Russie), les projets de construction d’un réacteur russe en Slovaquie et de rénovations de deux en Hongrie se poursuivent, mais restent incertains. Enfin, la Commission européenne dit avoir renforcé l’application des précédentes dispositions des paquets pour en éliminer les vides juridiques perceptibles et empêcher au mieux les entreprises russes de contourner les sanctions prises.

UNION EUROPÉENNE - CORÉE DU SUD
Brève
Evènement

Ça faisait longtemps que le Président du Conseil européen et la Présidente de la Commission européenne n’avaient pas fait un déplacement en commun. Il fallut un contexte international bien plus incertain qu'au début de l’année pour que l’importance de nouer un dialogue de premier plan avec la Corée du Sud arrive passer au-dessus des différences personnelles entre Charles Michel et Ursula von der Leyen qui n’a jamais pardonné au turbulent Belge d’avoir causer le sofagate en 2021 lors de la visite en Turquie en pleine pandémie.

Les dirigeants européens ont donc rencontré le Président sud-coréen Yoon Suk Yeol alors que la Chine s’est mise à livrer des munitions à la Russie après sa démonstration de force contre Taïwan. Le sommet de Séoul est loin d’être anodin pour la diplomatie européenne qui estime à son tour être en train d’envoyer un message fort face à ceux qui tentent de mettre à mal l’ordre international. Ainsi, von der Leyen et Michel se sont entretenus longuement avec les dirigeants sud-coréens afin d’obtenir l’alignement de Séoul sur l’UE concernant les sanctions contre la Russie et la Biélorussie. Ils souhaitent aussi que la Corée du Sud fournisse une assistance militaire létale à l’Ukraine. Enfin, sur le plan du soft-power, les deux dirigeants européens ont proposé à Séoul de finaliser les discussions exploratoires pour que la Corée puisse rejoindre le programme européen pour la recherche et l’innovation Horizon Europe. Si ce dernier point est validé, Séoul pourrait être associé au programme - doté d’un fond de 95,5 milliards d’euros - à partir du 1er janvier 2025. Pour rappel, d’autres pays non membres de l’Union en font partie, tels l’Ukraine, la Turquie ou encore Israël.

République Populaire Démocratique de Corée
Brève



Alors que la Corée du Sud accueille des représentants de premier ordre de l’Union Européenne pour notamment inciter le pays à aider l’Ukraine, la Corée du Nord incarné par son charismatique dirigeant Kim Jong-eun est fortement mécontent. A nouveau, et malgré quelques mois de silence de la part du pays hermite, deux nouveaux tests de missiles balistiques sont effectués. Le premier est un test en mer, c’est-à-dire venant d’un SLBM encore en phase de test. Le missile balistique n’a fait qu’une courte distance, traversant à peine la mer du Japon avant de s’écraser au large du Japon. Le second test, depuis un TEL, dont les images de propagandes ont fait le tour du pays et du monde.  Suite à ces tests, Kim Jong-eun s’est exprimé à propos de l’impérialisme occidentaux, venant quémander de l’aide aux colonisés du Sud pour leur conflit meurtrier en Ukraine avant de réaffirmer la toute-puissance nord-coréenne détentrice de l’arme ultime nucléaire.

SOUDAN
Brève
Evènement

Alors que le chef militaire Hemetti proclamait haut et fort qu'il était le nouveau le chef d’État du Soudan, il était clair que le pays n'était pas encore sous sa coupe. Passé le choc de la prise du palais présidentiel par les Rapid Support Forces, les forces armées soudanaises menées par le porte-parole Shamseddine Kabbashi se reconstituèrent dans le nord de Khartoum. L'ensemble de la banlieue nord étant occupée par les forces régulières, l'objectif de Kabbashi est de reprendre le centre de Khartoum et ses institutions prestigieuses et vitales pour l'armée soudanaise. Une immense offense fut lancée depuis le pont Kobar ! En quelques heures, les RSF surprises par l’âpreté des combats ne purent lutter et abandonnèrent les institutions ministérielles et le palais présidentiel. Le Nil blanc bloqué à l'ouest, les troupes paramilitaires se replièrent vers l'est. C'est un coup de revers majeur pour Hemetti qui pensait le pays endolori après sa victoire éclair des jours passés.

Depuis la situation n'évolue pas à Khartoum, les troupes régulières se heurtent aux RSF autour de l'aéroport international comme une vague s'abat sur un puissant récif de corail. S'il est impossible de donner un vainqueur pour l'instant, la situation s'agite dans le reste du pays. Occupée par un détachement des RSF, Merowe fut attaquée par les forces armées de Kabbashi. D'intenses combats donnent pour l'instant les forces loyalistes gagnantes. Mais au Darfour, c'est le contraire. La force loyaliste de Nyala a presque été balayée et l'ensemble du Darfour pourrait tomber aux mains des RSF.

Port-Soudan et El-Obeid demeurent sous le contrôle de Kabbashi, mais les forces armées soudaines seraient bien incapables de protéger El-Obeid et de se battre à Khartoum concomitamment. Dans le pays, des forces miliciennes se génèrent. Elles prêtent allégeance à l'un ou l'autre des deux camps. Toutefois, certaines ne respectent que leur propre obédience. C'est le cas des milices tchadiennes ou celle du Darfour. A al-Fashir, dans le nord du Darfour, les RSF ont essuyé un terrible attentat où une dizaine de paramilitaires sont morts.

ÉTHIOPIE
Brève
Evènement

Toujours au prise avec le Tigré, le gouvernement éthiopien annonce son inquiétude face à la situation politique du Soudan. Bien évidemment, le pays annonce ne pas reconnaître le putsch armé et décide de déployer plusieurs brigades d'infanterie aux frontières du Soudan. Une brigade spéciale de gendarmerie est mise sur pied pour lutter contre la contrebande et les gardes-frontières reçoivent des directives claires pour éviter que les réfugiés affluent en direction de l’Éthiopie. En bref, le gouvernement ne veut pas d'une crise migratoire à proximité du Tigré.

La chancellerie diplomatique éthiopienne annonce par ailleurs la suspension pour une durée indéterminée du dialogue tripartite Khartoum/Le Caire/Addis-Abeba sur le processus de remplissage des bassines du barrage Renaissance. Le gouvernement éthiopien estime en effet que le Soudan n'est plus en mesure de négocier sérieusement avec ses partenaires. En catimini, le gouvernement éthiopien espère profiter de la guerre civile soudanaise pour poursuivre le remplissage des bassines du barrage Renaissance sans aucun cadre légal international. Voilà qui risque de froisser une nouvelle fois les officiels égyptiens.

Sri Lanka
Brève
Evènement

Le Président du Sri Lanka Ranil Wickremesinghe

« Le Sri Lanka est en faillite et si rien n’est fait le pays le sera au moins jusqu'en 2026 », a déclaré au Parlement le président Ranil Wickremesinghe, appelant à soutenir son plan de restructuration de la dette. C’est ainsi que le chef d l’État sri lankais entame un processus de négociations pour la restructuration de la dette avec la Chine, principal créancier d’une dette extérieure, évaluée actuellement à 46 milliards de dollars.

A cet égard, Ranil Wickremesinghe a précisé que le Sri Lanka était en pourparlers directs avec la Chine sur l'encours de sa dette, mais avait reçu pour l’instant "des réponses positives de toutes les parties". On parle ici d’un package comprenant une annulation d’une partie de la dette couplée à un allongement de la durée des prêts contractés. La balle est dans le camp de Pékin pour la conclusion d’un accord final. Pour autant Colombo ne se ferme aucunes portes, une lutte d’influence pourrait très bien se jouer dans cette île d’Asie du Sud entre chinois, occidentaux, et indiens.

Barbarossa II

Les chars ukrainiens déferlent sur la plaine. Après seulement deux semaines d'offensive ukrainienne, les troupes russes dépassées sont déjà en train de défendre l'intérieur de Polohy, profitant de la possibilité de défense contre les chars qu'accorde le milieu urbain. Cependant personne n'est vraiment dupe, et la ville devra être évacuée par l'armée russe et laissée à l'ennemi.

Les efforts de propagande se concentrent donc sur la bataille de Vasylivka, où les positions défensives tiennent pour l'instant avec brio contre les coups de boutoir ukrainiens. Les réseaux sociaux, avec l'aide des services secrets russes, se retrouvent inondés de vidéos d'escouades ukrainiennes oblitérées là-bas, dans un bras de fer propagandiste avec les vidéos publiées par l'autre camp sur le secteur où les Ukrainiens avancent.

SOUDAN
Brève
Evènement

- Rouge : Hemetti
- Bleu : Kabbashi
- Violet : autonomes

Une brume jaunâtre plane au-dessus de Khartoum, le sable emplit les poumons des habitants de la ville des deux Nils. Mais pour ceux qui côtoient l'Aéroport de Khartoum, le sable n'a pas d'importance. Car ce qui les marque, c'est l'odeur pestilentielle du charnier qui s’amoncèle à leur pied. 310 morts, c'est le prix payé par le peuple soudanais pour un simple aéroport. Pourtant, c'est un prix qu'était prêt à payer le général Kabbashi, le nouveau commandant des forces armées soudanaises. Une pitrerie d'après les observateurs internationaux qui ne voyaient pas comment Kabbashi pouvait reprendre l'aéroport avec une telle organisation logistique. Les RSF ont fait preuve de témérité et sont parvenus à maintenir leur position dans la capitale du pays, malgré leurs déboires des jours passés.

Mais la ville est encerclée par les forces armées soudanaises et les RSF doivent absolument passer par le pont du Nil blanc pour venir en aide à leurs combattants piégés dans les quartiers est. Une opération qui s'avère compliquée : l'autre côté du pont est gardé par des brigades ATGM, des tanks et un mi-35. Les troupes se font face dans une attente écrasante et la communauté internationale s'impatiente. En effet, de nombreux pays ne peuvent évacuer leurs compatriotes dans une ville privée de son aéroport et dont les combats incessants privent les expatriés d'un point de fuite. Hier, une voiture de l'ambassade américaine explosa. Sacrilège pour la maison blanche ! Comment évacuer l'imposante délégation américaine ? Sûrement la plus grande délégation occidentale de la région. De l'autre côté, d'autres pays doivent gérer cette situation houleuse : l'armée de l'air égyptienne opérait dans l'aéroport de Khartoum et se retrouve à devoir gérer la prise en otage de plusieurs dizaines de ses membres. La Belgique est également en crise, car le bureau de développement belge, Enabel est très actif à Khartoum. Cinq employés belges sont coincés entre les feux de l'armée soudanaise et des RSF. D'après l'Union Européenne, près d'une cinquantaine de citoyens européens sont exposés aux violences contre les étrangers. La Chine estime à peu près la même chose pour ces concitoyens. Pour l'ONU la situation est bien pire : les hauts-gradés de l'organisation internationale ont littéralement abandonné les agents de terrain qui sont "sommés de prendre les décisions d'eux-même pour préserver leur intégrité physique et morale".

Les frappes aériennes se multiplient. Au sud du pays, une impressionnante série de dix frappes simultanées ont balayé de la carte une colonne de pick-up des RSF. Près de 70 morts, c'est une énorme victoire loyaliste qui force Hemetti à abandonner l'offensive sur el-Obeid. Au nord du pays, les RSF prennent le contrôle de la rive occidentale du Nil, mais ne peuvent défier les forces loyalistes majoritaires sur la rive orientale. Les forces armées soudanaises s'assurent par ailleurs le contrôle de Port-Soudan et du sud-est du pays.

En parallèle, des forces indépendantes parviennent à prendre des territoires entiers. La frontière avec le Tchad et l’Éthiopie est au main de groupes neutres, forçant les belligérants à recomposer leur stratégie. Au Darfour, la situation terroriste s'aggrave et les civils en sont les premières victimes.  

SUD-SOUDAN
Brève
Evènement

Le gouvernement sud-soudanais est extrêmement concerné par l'escalade de violence chez son voisin du nord. Pour faire bref, la situation économique sud-soudanaise est extrêmement compliquée. Alors que le gouvernement transitionnel du Soudan du Sud doit faire face à une crise économique sans précédent, la guerre au Soudan prive le pays failli d'une manne pétrolière considérable : le Soudan du Sud exporte 170 000 barils par an via les pipelines de son voisin du nord. Dans le même temps, près de 800 000 réfugiés sud-soudanais vivent au Soudan. Un déferlement de réfugiés de retour dans leur pays d'origine serait dévastateur pour l'équilibre alimentaire du Sud-Soudan qui lutte actuellement pour nourrir et soutenir financièrement les quelques deux millions de déplacés internes qui survivent dans un pays sévèrement touché par la crise inflationniste du blé.

En réaction, le Soudan du Sud renforce comme il peut se frontière avec son encombrant voisin et s'organise pour coprésider la médiation égyptienne pour la crise soudanaise. Cette médiation onusienne pourrait permettre au Soudan du Sud de souffler un peu, à moins qu'il ne soit déjà trop tard. Pour l'instant, le Soudan du Sud refuse de reconnaître le nouveau gouvernement de Hemetti.