V1919 - Topic Officiel - Année 1920
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
Pays du baroud
L’astre chaud tapant fort, Joseph se promenait parmi ces dernières colonnades encore debout, accessibles qu’en s’engouffrant sous un jardin de la ville. Les yeux gris çà et là, il remarque qu'il n'est pas suivi, tout va bien. L’esprit à l’air frais, il fuyait les ragots des colons pestant contre les bolcheviques qui se révoltent en Basse-Égypte. Ils ne sont pourtant pas là où ils pensent, Joseph participant au premier plan la vieille à une réunion fondatrice, dirigée par un docteur grec installé à Alexandrie et un avocat égyptien, de la Confédération Générale du Travail (CGT). Véritable consécration d’années de vie donnée à la lutte, lui qui a pris part dès son arrivée dans le pays, à la création de syndicats pour les tailleurs, les ouvriers de la métallurgie et des imprimeries. Tous étaient constitués très majoritairement d’ouvriers étrangers (grecs, italiens, etc.), les Égyptiens n’occupent qu’une part minoritaire dans l’ensemble de ces métiers. C’est aussi le symbole de la portée des vagues de grève en Égypte et de la multitude de nouveaux espaces ouvriers, qui apporte une vague de syndicalisation inédite. Modelé selon ceux qui existent en Europe, 21 syndicats s'y sont affiliés pour l'instant et comptant pour 3000 ouvriers membres.
L’horizon qui flambe, vide et superbe, n’était qu’une étape. Fruit de discussions avec d’autres militants socialistes qui contribuèrent décisivement à la fondation de la nouvelle confédération syndicale, une nouvelle convergence est née de ces esprits. Au premier plan duquel figure deux avocats, l’un syrien et l’autre égyptien, et Joseph, encore. Ce dernier parachevant le texte fondateur d’un nouveau parti, rassemblant des intellectuels égyptiens et des radicaux étrangers, grecs, juifs et autres.
Il le transmit à un ami qui se rendait au Caire par l’un des rares trains fonctionnant par intermittence, la gare étant alors sous étroite surveillance par les soldats britanniques. Malgré cela, cet homme se fond au milieu des nombreux individus qui fréquentent la gare, et rejoint sans aucun mal la capitale. Là-bas, le texte remit aux deux avocats, les bons larrons diffusent ici et au reste du monde, le manifesto du PSE, le Parti socialiste égyptien.
- Manifeste du Parti socialiste égyptien à l'intention des travailleurs manuels et intellectuels du monde entier:
Le ton brutal et agressif avec lequel les militaires britanniques et les fonctionnaires coloniaux ont répondu aux demandes sacrées du peuple égyptien a ouvert les yeux des plus naïfs et des plus crédules d'entre nous. Le voile s'est déchiré et les traits hideux de nos oppresseurs ont été révélés dans toute leur laideur.
C'est avec fierté et dignité que nous rejetons le défi lancé à la face du peuple égyptien par les militaristes et les impérialistes britanniques. Quarante ans d'occupation étrangère avec tout son terrorisme militaire et ses lois arbitraires de persécution n'ont pas pu affaiblir un seul instant notre ferme résolution de lutter et de faire tous les sacrifices nécessaires pour la conquête de notre indépendance.
Le soulèvement depuis le début de l’année 1920 a démontré au monde et à nos oppresseurs la vitalité de notre peuple qui n'a reculé devant aucune menace pour proclamer haut et fort son droit à la vie et à la liberté nationales. Ce n'est pas par des démarches diplomatiques et des négociations entre ministres ou délégations qui ne représentent pas les souhaits du peuple que l'on peut obtenir l'indépendance. Seuls les ouvriers et les paysans, conscients et organisés, peuvent la conquérir.
L'idéal socialiste qui est l'expression de la renaissance des peuples du monde est apparu sur la scène de la vie politique égyptienne. Le Parti socialiste égyptien se placera à l'avant-garde et aux premiers rangs de la bataille pour la revendication de nos droits à une indépendance nationale complète, libérée de tout asservissement impérialiste et capitaliste, tant domestique qu’extérieur.
Le Parti socialiste égyptien, porte-drapeau du prolétariat et parti de la lutte des classes, déclare que, dans l'union du peuple égyptien tout entier dans sa lutte suprême contre le pouvoir oppressif de l'impérialisme britannique, il maintiendra intégralement son programme socialiste et ne renoncera pas à sa lutte contre les tyrans et oppresseurs capitalistes égyptiens, complices et associés de la tyrannique domination étrangère.
Le prolétariat intellectuel égyptien cessera toute collaboration, de quelque nature qu'elle soit, avec nos oppresseurs et quiconque adoptera une attitude contraire sera un traître aux intérêts supérieurs du peuple et de la sainte cause nationale.
Le prolétariat égyptien, ouvriers et paysans, tend une main fraternelle au prolétariat mondial et particulièrement au prolétariat de Grande-Bretagne, afin qu'ensemble ils montent à l'assaut de la citadelle impérialiste qui, sous son poids, étouffe non seulement les peuples asservis d'Orient, mais exploite impitoyablement toutes les masses laborieuses et productrices d'Europe. Les peuples d'Orient comptent sur l'aide et le soutien du prolétariat mondial dans leur lutte contre l'ennemi commun.
La lutte pour la conquête de l'indépendance de la part des peuples d'Orient est également une lutte qui revêt un caractère socialiste évident. Le prolétariat mondial est asservi et exploité par le même ennemi, le capitalisme rapace.
Laissons les diplomates comploter, intriguer et trahir les intérêts des masses. Nous, le prolétariat, sommes prêts pour une longue et meilleure lutte, nous formons nos lignes de combat, nous organisons nos forces dans les syndicats et nous rassemblons les travailleurs de la ville et de la campagne. Que les intellectuels aillent vers les paysans pour créer un front politique et économique uni qui fera en même temps contrepoids à l'influence de la bourgeoisie.
Sans hésitation et sans crainte, groupons-nous autour de la bannière de l'Internationale pour la lutte finale contre notre seul ennemi, l'impérialisme britannique, qui est à ce jour la plus haute expression du capitalisme mondial. De la victoire du socialisme et de la prise du pouvoir par le prolétariat dépendent l'indépendance et l'émancipation des peuples d'Orient. Et c'est par l'union indissoluble des travailleurs d'Occident et d'Orient que nous vaincrons notre ennemi commun : l'impérialisme capitaliste.
Vive l'Égypte indépendante !
Vive l'Internationale des travailleurs ! Vive la révolution sociale !
Le Parti socialiste égyptien.
Le Caire, 9 juillet 1920
Gosseau- Secrétaire général des Nations Unies
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
Etat ottoman exalté
Le Prince de Beyrouth.
En quelques jours seulement, la nouvelle de l’attaque du train militaire aux alentours de Serghaya s’était répandue comme une traînée de poudre à travers le Liban, mais également une bonne partie de la Syrie, dont Damas. Les Lions de la Bekaa, dont la participation à la Grande Guerre leur avait assuré un certain soutien parmi la population arabe musulmane, étaient acclamés par les élites arabes mais également par une partie de la population, lasse de siècles de domination ottomane. A Beyrouth, des cris de joie éclatèrent spontanément lorsque des émissaires vinrent proclamer la bonne nouvelle dans les établissements de la ville : les six cents civils massacrés par l’armée ottomane en mars dernier étaient vengés. Pas une seule communauté religieuse n’avait manqué, à sa manière, de faire savoir sa satisfaction, bien que ces célébrations furent rapidement interdites par le gouverneur ottoman, avec le renfort de la Teşkilât-ı Mahsusa.
Depuis sa maison familiale située dans le quartier musulman d’al-Musaytiba, Salim Ali Salam, président de la municipalité de Beyrouth ne pouvait cacher sa satisfaction. Ce richissime sunnite, homme politique de premier plan du Liban, et représentant à la Chambre des Députés de l’Empire, était devenu au fil des années un farouche opposant à ce même Empire. Lors de l’annexion de l’Azerbaïdjan, il avait été le chef de file des députés arabes quittant l’hémicycle pendant qu’Enver Pacha pérorait et que les députés azéris faisaient leur entrée. Sept ans auparavant, il avait été l’un des acteurs majeurs du Congrès général arabe, lors duquel les représentants arabes de l’Empire avaient réclamé davantage d’autonomie. En vain : le Comité avait refusé, et la Grande Guerre avait balayé ce qu’il leur restait d’espoir. Alors, l’autonomisme s’était naturellement transformé en indépendantisme dont Abou Ali était l’une des voix les plus écoutées.
La légende voulait que rien ne se passait à Beyrouth et dans le Liban sans qu’Abou Ali en soit informé, voire l’approuve. A son habitude, Salim Ali Salam recevait dans sa demeure, qui surplombait tout le quartier depuis qu’un troisième étage avait été construit par ses soins, les doléances des Beyrouthins. Mais aujourd’hui, c’étaient les barbouzes de la Teşkilât-ı Mahsusa qui vinrent lui rendre visite, non pour obtenir ses conseils ou son accord, mais pour l’appréhender. La menace qu’il représentait pour l’autorité ottomane était devenue trop importante, et après quelques faux documents habilement rédigés pour prouver son implication dans l’attaque de Serghaya, Djemal Pacha, ministre et gouverneur de Syrie, avait ordonné son arrestation et sa mise en accusation, avec le concours et la bénédiction de son collègue Talaat Pacha.
L’entrée des miliciens de l’Organisation spéciale dans le quartier n’était pas passée inaperçue, ni leur trajet jusqu’à la demeure du prince de Beyrouth. Quelques badauds les avaient insultés, tout en les suivant. Quelques minutes passèrent, comme une éternité, après qu’ils furent entrés dans la maison d’Abou Ali. Des éclats de voix en provenance de son bureau alertèrent les passants, et la foule curieuse qui s’était entassée devant sa maison ne tarda pas à bousculer et à piétiner les quelques barbouzes postés devant, malgré les coups de feu, avant d’envahir les lieux et de secourir un Salim Ali Salam le visage ensanglanté des mains des miliciens, rapidement passés à tabac par la foule. Sitôt les officiers turcs mis hors d’état de nuire, leurs corps furent traînés dans le quartier et jetés à même le sol, couverts de sang, de crasse, et de crachats.
La nouvelle ne tarda pas à se répandre dans toute la ville, provoquant des émeutes contre les autorités ottomanes. La présence militaire ottomane réduite, depuis le départ d’une partie de la garnison à la suite de la précédente révolte matée, ainsi que la destruction partielle du chemin de fer Beyrouth - Damas, empêchaient toute répression rapide par les autorités. Ce qui évita un nouveau bain de sang terrible pour les Beyrouthins, qui venaient d’incendier la résidence du gouverneur, contraint à la fuite, et de s’emparer des locaux de l’Organisation spéciale dont les miliciens furent passés à tabac et, pour nombre d’entre eux, tués, à l’instar de soldats. Beyrouth se soulève de nouveau, cette fois pour la liberté, alors que l’autorité impériale ottomane paraît plus que jamais discréditée dans la région.
Sirda- Modérateur
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
Des changements aux lois électorales sont rares en temps d’élections, mais pas inconnus. Voté pendant la session parlementaire du printemps, l’élargissement du droit de vote aux aux amérindiens et le droit des femmes à se présenter aux élections fédérales à reçu un certain push back au sénat, alors que plusieurs sénateurs conservateurs du Québec s’inquiétaient de possibles interventions du gouvernement fédéral dans les affaires de la province pour obliger le suffrage féminin au niveau provincial. La Belle Province est la seule du Dominion qui ne reconnaît pas le droit de vote des femmes. Si Ottawa a donné certaines garanties à Québec concernant ce cas précis, le droit de vote pour les amérindiens est toutefois reconnu dans tout le Dominion étant donné que les affaires indiennes sont des compétences qui relèvent directement de la Couronne. Un compromis acceptable pour Québec qui garantit la mainmise des mœurs catholique dans les affaires de la province avec la complaisance d’Ottawa. La loi reçoit finalement la sanction royale mi-juin et ce dans l'indifférence générale alors que les canadiens profite de la courte été 1920.
Coup de force d’Henri Bourassa au Labrador
Le premier ministre du Québec Henri Bourassa profite du congé parlementaire et de la chaleur afin de se rendre dans le Labrador, territoire occupé illégalement par le Dominion de Terre-Neuve. Un voyage de près de deux semaines afin de se rendre sur place s'ensuivit, dans les vastes Tundra du nord du Québec. Des paysages magnifiques infestés par les mouches noires et les brûlots. Peu de colons se sont rendus aussi loin dans les immensités de la province. Pour Henri Bourassa toutefois il s’agit d’un coup de pression important pour son allié fédéral William Lyon Mackenzie King. La demande du gouvernement de Québec qu’Ottawa demande officiellement à Londres le contrôle de ce territoire occupé depuis des centaines d’années par les français d’amérique est lancé. Profitant du manque totale de moyens de Saint-Jean pour asservir l’autorité de Terre-Neuve sur le Labrador et accompagné de dizaines d'ecclésiastiques catholique, Henri Bourassa officialise une première mission catholique sponsorisée directement par Québec dans le territoire du Labrador dans la vallée heureuse à l'embnouchure du fleuve Churchill. Le bras droit du candidat libéral, Ernest Lapointe, donne son soutien implicite à l’initiative de Québec. Toutefois, silence radio de Mackenzie King et de sa campagne en dehors du Québec.
GeorgeV- Grand Consul
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
Vereinigtes Baltisches HerzogtumCréation de la Baltische Landgendarmerie:
Le gouverneur militaire de Riga, Graf von Goltz, annonce sur le bulletin officiel la création de la Baltische Landgendarmerie, une force de police militarisée qui devra agir en soutien des polices locales lorsqu’elles en ont besoin.
Les effectifs initiaux seront de 6 000 hommes, avec un objectif de 12 000 d’ici 1926, recrutés parmi les populations allemandes, russes et estoniennes.
Le Generalmajor Erwin von Plettenberg un officier vétéran de la Weltkrieg sur le front de l’Est nouvellement promu, est nommé à la tête de la Landgendarmerie.
Les casernes seront réparties dans les grandes villes, particulièrement Libau (Liepaja), Mittau (Jelgava), Riga, Dünaburg (Daugavpils), Windau (Ventspils), Rositten (Rezekne), Wolmar (Valmiera), Reval (Tallinn), Tartu, Narva, Pernau (Pärnu) et Peskau (Pskov).
En plus des missions de police, la Baltische Landgendarmerie sera aussi chargée de mener les missions anti-terroristes contre les cellules bolchéviques présentent encore un peu partout au sein du Duché.
Ils seront équipés majoritairement d’armes légères allemandes et de quelques automitrailleuses.Neue Heimatland:
Le parlement de Riga malgré la vive opposition des onze députés lettons qui le compose, vote favorablement le projet de réforme d’immigration et de répartition des terres dans les cantons de Kurland, Lettgalen, Südlivland et Nordlivland. D’après les derniers recensements, 52 % des terres de ces cantons appartiennent encore à des lettons, incapables d’utiliser les techniques modernes d’agricultures et d’exploiter le potentiel de ces terres.
Pour remédier à cela, le parlement décide d’interdire la propriété de terres et de forets aux lettons dans ces quatre cantons.
Le deuxième volet de cette loi concerne la « réinstallation » d’allemands dans ces régions par le biais d’un programme pour inciter à l’immigration dans le Duché Balte Uni à travers les journaux du Reich, promettant des terres à un prix dérisoire pour toute famille allemande se présentant au bureau de l’immigration du port de Riga.
Le programme sera ensuite étendu aux pays européens suivant : Autriche, Belgique, Pays Bas, Danemark, Suède, Norvège et l’Angleterre, aussi au travers d’annonce dans les journaux locaux de ces pays.
L’expropriation des lettons se fera de force si il le faut, avec l’aide de la Deutsches Heer encore forte de plus de 80 000 hommes dans le Duché, et de la toute nouvelle Baltische Landgendarmerie, ainsi que des autorités locales.
Les expropriés seront interdit de propriété même si ils se déplacent dans d’autres régions du Duché, l’objectif est de les forcer à travailler dans les fermes de colons nouvellement installés ou à l’immigration dans les pays voisins.Message pour l’Empire Allemand:
Une demande est envoyées à Berlin afin d’organiser une réunion à Riga entre des représentant du Reich et des officiels baltes pour pérenniser la présence des troupes allemandes en Baltique et intégrer leur logistique sur le long terme.
Baptiste- Secrétaire d'État
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
Etat ottoman exalté
Le Protecteur des Deux Mosquées.
En cette fin juillet, la chaleur était étouffante dans le désert du Hedjaz. Les kouffars d’Europe, habitués à des climats plus cléments, ne résisteraient pas à de telles températures, eux qui crient à la canicule dès que le thermomètre dépasse les 20°. Mais rien n’empêchait l’imposante caravane d’'avancer à travers les montagnes ensablées. Au moins deux cents chevaux et chameaux transportaient autant d’hommes, protégés du soleil par de sublimes keffiehs finement tissés et ornés de maints dessins. En tête de ce cortège se tenait Fayz Bey el Azm, un damascène issu d’une des plus grandes familles de notables de la ville, ayant dirigé la Syrie pendant plusieurs décennies, et dont le père était député au Parlement ottoman, avant d’être pendu par les Turcs. Il avait mené l’armée du nord lors de la grande révolte arabe, aux côtés de Faysal et de Laurence d’Arabie, et après la défaite de l’Entente et la reconquête ottomane de ses provinces arabes, Fayz s’était réfugié dans les hauteurs du Hedjaz pour se faire oublier, tout en restant en relation avec ses frères d’armes.
Fayz Bey el Azm et son flow légendaire, fixant l’horizon en direction de La Mecque
Quelques jours plus tôt, l’émir Yazbek, secrétaire de Faysal, était revenu incognito des alentours de Médine, un message à la main. Les évènements de Beyrouth du 10 juillet s’étaient propagés à travers les provinces arabes, et un émissaire acquis à la cause arabe avait pris le train depuis Damas jusqu’à Médine pour apporter la nouvelle. Le bras droit du Hachémite se chargea ensuite de la faire connaître à ses différents contacts, qui, dès le 20 juillet, se réunirent dans les montagnes pour prendre les décisions qui s’imposaient. Sitôt la réunion achevée, tous se mirent en route vers La Mecque. La ville sainte de l’Islam était aux mains d’un chérif turc depuis l’éviction de Hussein ben Ali de cette charge, et Ali Haidar Pasha l’avait formellement remplacé à compter de 1918 et la défaite alliée. Ali, après avoir survécu à quelques assassinats, s’était réfugié dans les montagnes, attendant son heure qui semblait enfin être venue. L’agitation arabe depuis plusieurs mois se concrétisait enfin.
Alors que la nuit tombait, l’imposante caravane approchait enfin de La Mecque. Au loin, le calme semblait régner. Mais dans la Ville Sainte, une certaine agitation commençait à s’emparer lentement des badauds, provoquée par quelques émissaires qui annonçaient les nouvelles de Beyrouth, au grand dam de la garde ottomane qui craignait une révolte, tant elle était faiblement constituée : trois cents soldats et vingt-cinq cavaliers. Lieu sacré oblige, la présence militaire était réduite à une portion congrue, tandis que le gros des troupes ottomanes était entre Djeddah et Médine, sous la ferme direction du Lion du Désert, Fakhri Pasha. Fayz Bey el Azm en était pleinement conscient, et escomptait profiter de l’occasion pour s’emparer de la cité, et ainsi donner une nouvelle impulsion à cette agitation qui secouait le monde arabe. Nonobstant la fin du soutien de l’Entente et deux défaites, d’aucuns gardaient l’espoir qu’à force de révoltes, l’Empire s’effondrerait sur lui-même.
Quelques heures plus tard, la caravane s’était divisée en plusieurs groupes de plus faible taille, pour entrer par différentes routes dans La Mecque. Une trentaine de cavaliers était resté plus loin, en dehors, patientant. Le muezzin appela la Salat Icha, et tous se mirent à prier. Les quatre rak'ahs récités, Fayz Bey el Azm fit signe à ses hommes. Chacun sortit son arme et vociféra quelques injures envers les Ottomans, et la révolte de La Mecque débuta. Lorsque le muezzin appela la Salat Fajr, la ville était libérée, et la garde était soit massacrée, soit prisonnière. Le chérif Ali Haidar Pasha fut traîné à travers les rues de la ville, avant d’en être sorti. Agenouillé sur le sable, il leva les yeux lorsqu’un cheval s’approcha de lui. Il n’eût que brièvement le temps de voir le visage du cavalier avant que le sabre manié par Fayz Bey el Azm ne le décapita. Hussein ben Ali, lui, entra dans La Mecque et, après avoir prié à la Kabba, reprit possession de sa maison et de son titre de Chérif et d’Emir de la Ville Sainte.
Sirda- Modérateur
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
L'épineuse question agraireLa réforme agraire est le projet majeur du parti populaire-socialiste. Elle est également le plus difficile à mettre en oeuvre. Surtout dans une coalition avec des troudoviks bien trop antimarxistes pour soutenir tout ce que le gouvernement souhaite mettre en place. Dans son bureau, Nikolai Larsson arrache ses cheveux blonds en lisant les nouvelles d'Ukraine. Il sait que la situation de l'autre côté de la frontière va mettre une double pression sur ses épaules : d'abord les paysans vont se faire encore plus impatients et revendicatifs pour que la réforme soit menée à bien, ensuite la droite du gouvernement va faire des pieds et des mains pour dénigrer la réforme agraire en agitant le spectre d'affrontements si l'Etat s'en prenait aux gros propriétaires terriens. Tout cela dans un contexte où les violences paysannes sont légion, certains ouvriers agricoles refusant d'attendre plus pour se saisir des terres des riches et se les partager.
À coups de griffonages et de schémas, celui qui a été élu sur le siège du défunt Tchernov essaie, imagine, met ensemble les chemins possibles de réforme qui pourraient fonctionner, et c'est dur. Les plus idéalistes souhaitent l'abandon des réformes Stolypine pour revenir à l'établissement des Mirs, mais c'est en réalité peine perdue. Ceux-ci donnaient une large importance à l'héritage, on ne peut pas les remettre en place comme cela ni même intégrer des gens dedans. La collectivisation, à l'ukrainienne, est également un gros non. D'abord les SR seraient absolument contre, ensuite même au sein des Populaires-Socialistes, on caresse l'idéal d'un monde rural démocratique et localisé, plutôt que d'un Etat qui gère directement les terres agricoles. La solution qui semble être la plus faisable, et idéologiquement compatible avec le programme populaire-socialiste, serait celle d'une redistribution des terres à un niveau des localités "communales", entre les familles de la région. Beaucoup de travail encore, et en attendant ça n'avance pas.
La seule avancée réelle est, dans le cadre de l'accord de gouvernement avec l'alliance kirghize, l'abrogation dans les oblasts kirghizes (Semiretchie, Akmolinsk, Semipalatinsk, Turgaï, Ouralsk) des mesures d'aide financière créées par Stolypine à l'installation de paysans russes au-delà de l'Oural. Initialement, les députés kirghizes réclamaient l'interdiction pure et simple de l'immigration russe dans leurs provinces, mais une telle mesure était proprement impossible à accepter alors même que le gouvernement cherche à abattre au plus possible les frontières internes au pays.
Baltique rougeDepuis Petrograd, Zinoviev assiste à une réunion majeure du parti bolchévik. Celui-ci vient en effet d'organiser sa branche destinée aux pays baltes. Pas vraiment une surprise, étant donné que le Parti bolchévik est sans doute la seule organisation politique non-syndicale russe de masse à avoir des réseaux militants encadrés à travers tout l'ancien empire. Du côté des SR et des Populaires-Socialistes, il s'agit bien plus d'échanges et de liens personnels entre notables et intellectuels avec leurs confrères des pays nouvellement indépendants. Le projet est dans les cartons depuis assez longtemps, et le timing, au moment même où le duché balte uni lance son intense campagne anti-lettone, une coïncidence. Cette section balte au sein des Bolchéviks russes est dirigée par un duo biethnique : Jaan Anvelt, figure estonienne du soviet de Tallinn, et Reinholds Bērziņš, militant letton ayant participé aux organisations bolchéviques du front. Cachés dans la capitale russe, à l'abri des autorités germanobaltes, ils organiseront la lutte dans leur région qui avait majoritairement voté pour eux en 1917.
Problèmes d'argentAvec un budget serré pour l'Etat russe, Petrograd doit faire des choix. Plutôt que de prendre le risque de cesser de payer les réparations aux Centraux, les versements liés à l'emprunt russe en France ne seront pas versés au second semestre de l'année 1920. De quoi toucher la crédibilité des banques russes, mais il faut bien gratter de l'argent où il y en a.
Thalassin- Modérateur
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
Vent de Volhynie
Trois divisions. Le bruit d'une centaine de milliers d'hommes, et le double de bottes, retentit sur les plaines Ukrainiennes. La démobilisation progressive de la Deutsches Heer suite à la Weltkrieg a ramené son effectif continental vers environ 1 200 000 hommes. Un nombre qui constitue cependant presque le double de l'effectif Allemand d'avant-guerre. L'explication réside derrière la main des Dioscures, qui a tenu à commander de nombreuses unités encore dispersées en Europe de l'Est et et de les charger d'un maintien de l'ordre, parfois musclé. Celles-ci avaient cependant évacué de la plupart des grandes régions rurales d'Ukraine, la rendant terrain prolifique pour la rébellion paysanne.
L'ordre est clair pour les troupes: écraser les communes paysannes les plus récalcitrantes et casser dans la moelle toute sympathie socialiste-révolutionnaire. Les dioscures commandent cependant aussi directement des manœuvres politiques auprès du téméraire hetman d'Ukraine Pavlo Skoropadsky: il faut reculer sur la radicalité des nationalisations. Le Hetmanat est concrètement encouragé à revoir le projet et conclure un accord de partage des dividendes au sein des fermes collectives, afin de permettre aux moins récalcitrants de revenir sur le bon chemin.
L'armée Allemande espère pouvoir mater cette crise d'ampleur importante, et dans ce sens là, souhaite se préparer au long terme. La proposition de concertation militaire avec la Livonie est donc acceptée.
Rêveur_Lucide- Ministre
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
CHINE
Brève
Evènement
La République de Chine a adressé ses remerciements sincères à l'Empire du Japon suite au transfert de nombreuses concessions précédemment sous occupation Japonaise et Allemande à la Chine. La République de Chine se retrouve cependant malgré elle dans de nombreux jeux de séduction et de désillusions entre les puissances impérialistes, et pour cette raison souhaite se préoccuper avant tout par ses problématiques internes.
IRLANDE
Brève
Evènement
Michael Collins joue de moins en moins le jeu démocratique. Forcé de coopérer avec la société de la République et les Travailliste s'il devait passer par des méthodes parlementaires, celui-ci contourne de plus en plus le Dail pour faire avancer l'agenda du Sinn Fein. Entre autres, les plans de modernisation et de lutte contre l'influence de l’Église Catholique reviennent au premier plan. Mais à quel prix, étant donné qu'un tournant de plus en plus autoritaire est pris?
Rêveur_Lucide- Ministre
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
Le Colonel House à Paris :
Le Président de la République George Clémenceau, le Ministre des Affaires Etrangères Millerand et le Président du Conseil des Ministres Isaac étaient tous les trois là pour accueillir le légendaire Colonel House.
Millerand
L'accueil est assez lugubre. Les trois français sont vêtus de noir et tels des corbeaux ils se tiennent prêts sur les marches du Palais de l'Elysée pour accueillir l'Américain. La poignée de main, surtout celle de Clemenceau, est chaleureuse. Lors du déjeuner, on évite un faste trop ostentatoire. Non seulement c'est déplacé, mais surtout les remontrances que le peuple français ont faites à Auguste Isaac depuis son dîner de Lyon il y a quelques semaines ne laisseront pas d'impair rester impuni. Le repas est cordial, et on cherche surtout à s'enquérir de nouvelles de l'Amérique, mais aussi de l'Italie et de l'Allemagne où le Colonel a effectué une partie de sa tournée.
Après le repas, les choses passent au sérieux. Autour d'un excellent cognac, les quatre hommes discutent. La France est humiliée, martyrisée, amputée, rappelle-t-on au Colonel. Et malgré tous les sacrifices des peuples français, britanniques, américains, russes, serbes, grecs, belges et portugais ; la défaite est un enfer qui entraîne toute la Nation dans les flammes. La participation américaine à la guerre est saluée, et le Président Clémenceau tient à inaugurer d'ici quelques mois ou bien l'année prochaine un monument dans le port de Brest. Le gouvernement aurait préféré le port du Havre mais il est en zone démilitarisée et sujet à la surveillance des troupes allemandes.
Le gouvernement français demande aux américains de réduire les paiements que la France doit à Washington suite aux emprunts de guerre. Le pays est exsangue et les réparations allemandes commencent à être dues. Il n'échappera pas non plus à House que la Russie a annoncé suspendre le paiement de ses emprunts français, ce qui place le pays dans une situation encore plus tendue. Paris espère ainsi que le Colonel House pourra convaincre ses collègues à Washington d'accorder un moratoire sur la dette française envers les Etats-Unis.
Auguste Isaac tient également très fermement à signaler aux Etats-Unis que si les aventures japonaises, autrefois un allié de l'Entente, se soldaient par une invasion d'un territoire américain dans le Pacifique, la France fera ce qu'elle peut, dans les limites du Traité de Strasbourg, pour participer à la défense des territoires américains. De la même manière, si Guam venait être envahie, Isaac autorise de manière secrète le gouverneur général américain de Guam à se replier temporairement sur la Polynésie Française où il sera accueilli et protégé. Tout ceci ne reste que théorique bien entendu, mais la France laisse également sous entendre qu'elle a espoir que les Etats-Unis fassent pression sur le Japon pour stopper sa campagne militaire qui menace l'Indochine et le Pacifique français.
Enfin, le sujet de la rencontre est surtout et avant tout de continuer à maintenir les liens qui unissent la République française et les Etats-Unis d'Amérique. Le Président Clemenceau, grand américanophile, a très chaleureusement pris les mains du Colonel dans les siennes et dans un anglais imparfait lui a déclaré : " La France et les Etats-Unis sont des nations soeurs. Cette fraternité, forgée de manière continue depuis la Révolution américaine et Yorktown en 1781 jusqu'aux champs de bataille de la Marne il y a peine quelques années est immortelle. Il n'y a pas de Nation sur cette terre qui partage plus avec la République que l'Amérique. Si aujourd'hui la France est vaincue, le peuple américain doit savoir que les français sont éternellement reconnaissants et liés par la dette de sang versée par ses fils. "
Le 25 juillet, le Colonel House quitte Paris. Il part vers l'Angleterre et prendra un bateau depuis le Havre. Sur le chemin du retour, le faste du centre-ville parisien s'estompe vite. Le long de la Seine, des bidonvilles de réfugiés sont l'arrière-plan de scènes de misère. Les femmes lavent leur linge dans des bras stagnants et puants de la Seine, des enfants en culotte jouent dans la boue au lieu d'être à l'école, et des hommes au visage difforme et arraché par les obus allemands sont assis sur les berges à côté de bouteilles d'alcool.
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
United States of AmericaÉté 1920 : les émeutes raciales se multiplient
Alors que la crise économique fait rage et que des centaines de milliers de citoyens se retrouvent sans emploi voire sombrent dans la misère, les troubles raciaux opposant Blancs et Afro-Américains se multiplient dans tout le pays.
Cette lame de fond ne sort pas de nulle part : elle ne fait que prolonger le climat d’intolérance qui s’est développé pendant la guerre. L’un des symboles les plus fort de cette recrudescence des violences racistes est sans conteste la renaissance de la société secrète suprémaciste blanche du Ku Klux Klan (KKK) sous la houlette de William Joseph Simmons, un ancien prédicateur méthodiste qui l’a exhumé de l’oubli à Atlanta en 1915 en surfant sur la vague du succès rencontré par le film La Naissance d’une nation. Même si les effectifs de l’organisation restent très limitée (environ 5 000 membres), le symbole est fort.William Joseph Simmons, le refondateur du terrible KKK
A la différence des précédentes vagues de violence contre les Afro-Américaines, celle-ci ne concerne pas que les États du Sud et s’explique en partie par le contexte économique. En effet la mobilisation de nombreux citoyens dans l’armée et l’arrêt de l’immigration en provenance d’Europe durant la guerre ont provoqué une importante pénurie de main d’œuvre dans les zones industrielles du Midwest et du Nord-Est. Pour faire face à cette situation, les patrons se sont tournés vers les populations noires du Sud, ce qui a entraîné la migration de plusieurs centaines de milliers de travailleurs Afro-Américains vers les villes du Nord.
Sans surprise, cette arrivée massive de Noirs dans les centres urbains du Nord-Est et du Midwest provoque vite des tensions avec les travailleurs blancs, d’autant plus que les premiers sont volontiers utilisés comme briseurs de grève par les patrons. Pendant la guerre la situation est néanmoins globalement restée sous contrôle. Mais sitôt les hostilités terminées, le retour des soldats au pays et le début de la crise économique entraînent une montée du chômage qui se traduit inévitablement par un accroissement des tensions, les ouvriers blancs accusant les Afro-Américaines de leur voler leur travail et de faire pression à la baisse sur les salaires.
Dans ce contexte, les épisodes de lynchage voire les émeutes raciales se multiplient à partir du printemps 1919 dans tout le pays (Géorgie, Caroline du Sud, Texas, Arizona, Tennessee, Nebraska, Arkansas…). A chaque fois ce sont les Blancs qui sont à l’offensive et prennent l’initiative des violences.
Au total, plus d’une soixantaine d’Afro-Américains perdent la vie dans ces émeutes et autres troubles raciaux au cours de l’année 1919, bien souvent dans des conditions atroces (lynchage par la foule, pendaison, immolation…). Les coupables peuvent quant à eux compter sur la passivité et l’inaction de la justice et des autorités qui ne mettent guère de zèle à les poursuivre, alimentant un sentiment d’injustice sans cesse croissant chez les Afro-Américains.
Ce climat de guerre raciale latente, sans embrasement généralisé toutefois, se prolonge tout au long de la première moitié de l’année 1920, d’autant plus que face à la violence raciste les populations afro-américaines se laissent de moins en moins faire et commencent à résister de façon significative aux attaques des groupes de Blancs.
A la fin du mois de juillet 1920, c’est au cœur même des États-Unis, à Washington DC (où vit une importante communauté afro-américaine), qu’un énième épisode de violence éclate. Le scénario est classique : une rumeur rapportant le viol d’une femme blanche par un homme noir se répand comme une traînée de poudre et chauffe les esprits, ce qui débouche sur des représailles aveugles et des lynchages en pleine rue de Noirs ayant eu la malchance de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Washington s’embrase, mais cette fois les victimes ne se laisseront pas faire…
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
Sandstorm
Price, assis sur le siège passager d’une vieille Alba d’avant-guerre fonçant à tout berzingue sur un chemin de terre, terminait la lecture de l’exemplaire quotidien du Tercüman-ı Hakikat. On pouvait y lire les nouvelles du jour concernant les évènements inquiétant qui secouaient le monde arabe de l’Égypte à la Syrie. Ce grand peuple disait stop à la soumission et prenait son destin en main pour le meilleur ou pour le pire. Les derniers jours avaient été extrêmement éprouvant mais il arrivait au bout de son périple. Alors qu’il était en train de suivre un VIP ottoman se rendant au Hedjaz dans l’objectif de l’assassiner avec Lawrence et quelques guerrieros, la nouvelle du soulèvement du Cham s’était ébruitée jusqu’au fin fond du désert arabe. Jour après jour, des dizaines de tribus rejoignaient l’insurrection, forçant les britanniques à prendre au sérieux la situation.
Lawrence avait décidé de partir directement pour la Syrie avec ses hommes afin de rejoindre le plus fort du mouvement. Price quant à lui, isolé de sa hiérarchie depuis des mois, avait décidé à contre cœur de retourner en Égypte avec l’idée de reprendre contact avec le SIS sur place et de trouver des armes et de l’argent pour soutenir les révoltés. Il savait que l’Égypte était en plein chaos mais il espérait que cela n’entravait pas l’action des services secrets britanniques.
Après la traversée extrêmement risquée en solitaire du désert du Sinaï à dos de chameau, Price avait pu retrouver un vieil ami sur la rive est du Canal qui l’avait fait passer. Ils se ruaient désormais tous les deux au Caire alors qu’autour d’eux, le pays brûlait littéralement. Mais Price en avait vu d’autre. Sur la demi-douzaines d’agents du SIS qui étaient partis avec lui dans le désert levantin, trois étaient partis au Kenya, recrutés comme mercenaires par des colons soucieux d’assurer leur sécurité et ratissant le Moyen-Orient et l’Afrique de l’est à la recherche de vétérans de la guerre prêts à se vendre. Un était mort au cours d’une embuscade menée sur un avant-poste de l’armée ottomane. Les deux derniers étaient partis en Syrie avec Lawrence.
Sur place, Price allait être déçu. Si le SIS parvient à maintenir un semblant de présence, la grande majorité de ses efforts sont tournés vers la préservation des intérêts britanniques en Égypte, devenus la priorité numéro une. Le gouvernement reprend d’ailleurs petit à petit la main sur ces institutions et Hugh Sinclair est placé sous haute surveillance par le nouveau ministre de l’armée, John French. Il ne trouvera donc au Caire pas grand-chose pour appuyer les insurgés arabes.
En Égypte justement, Churchill a fait connaître aux responsables britanniques de la région sa volonté de voir l’ordre se rétablir au plus vite. Dans les faits, l’armée est totalement débordée et ne tient plus grand-chose. Dans ce contexte, il a été décidé de se replier sur un triangle stratégique organisé autour du Delta du Nil entre Port-Saïd, Alexandrie et Le Caire. Le reste du pays sera purement abandonné à l’insurrection. Par ailleurs, 10 000 soldats supplémentaires seront envoyés sans délais à Alexandrie afin de soutenir les efforts de rétablissement de l’ordre. Il s’agit aussi là pour Churchill d’un moyen d’éloigner de Métropole des officiers trop proches des milieux anti-Traité. Finalement, le gouvernement britannique s’est déclaré ouvert à la négociation avec les nationalistes égyptiens.
La diplomatie britannique à fait transmettre aux Allemands une lettre de Churchill destinée au Kaiser Guillaume II. Il fait savoir dans celle-ci au monarque allemand se volonté personnelle ainsi que celle du gouvernement de tourner au plus vite la page et de rétablir des relations apaisées entre les deux pays. Utilisant l’exemple de la standardisation des passeports, Churchill explique que si il est favorable à un certain nombre des projets allemands, la situation intérieur du Royaume-Uni et la menace constante que font peser sur l’État des forces factieuses bien infiltrées jusqu’au sommet des institutions rendent toute tentative de rapprochement avec Berlin très compliquée, d’autant que l’opinion publique est à l’heure actuelle très hostile à cette idée. Churchill demande donc de la patience à l’Allemagne et assure qu’il tient les choses bien en main. Il demande finalement aux Allemands de ne pas intervenir en Égypte pour éviter d’aggraver la situation.
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
Out of the pitLloyd George avait réuni l’ensemble des parlementaires du parti National-libéral dans un pub proche de Buckingham. Il leur fit sobrement savoir qu’il ne comptait pas se représenter lors des prochaines élections générales de 1921 et qu’il allait se mettre en retrait de la vie politique d’ici là. Il savait que ses proches étaient tous de fortes têtes ayant traversé le conflit mondial avec force et honneur, la tête haute et les intérêt de la Patrie chevillés au corps. Il ne doutait pas de leur capacité à continuer à faire vivre à Westminster l’héritage qu’ils avaient bâti. La dignité des anciens combattants, du peuple qui avait refusé le diktat du Kaiser, était entre de bonnes mains pour longtemps avec eux. L’empoignade virile chargée d’émotion qui suivit l’annonce du vieux lion gallois pouvait rappeler celles de militaires et des tranchées. C’était leur culture, leur vie.
Une fois cette annonce difficile faite à ses proches, Lloyd George se dirigea vers le palais royal pour faire savoir à son vieil ami George V que c’était fait. Dans la foulée, le roi convoquait des journalistes des papiers du pays à la plus forte audience afin de leur faire une annonce qui allait changer l’histoire britannique. Le roi allait abdiquer la semaine suivante. Conscient de l’état du pays ainsi que de son état individuel, George V ne se sentait plus en capacité d’exercer ses fonctions de chef de l’État et de garant de l’unité du royaume. Il comptait passer la main au jeune prince de Galles Edward, que Dieu le garde, afin d’affronter les défis attendant le pays.
Lorsque ce fut accompli, George rejoignit David dans ses appartements afin de fêter cela comme il se devait avec quelques bouteilles de whisky, des cigares et des discussions endiablés lui rappelant sa prime jeunesse. En réalité, les deux hommes s’étaient rendus à l’évidence, ils couvaient depuis la signature du Traité de Strasbourg une dépression qui ne leur laissait comme choix que le suicide ou un changement radical. Ils n’étaient plus capable de poursuivre comme ils le faisaient et souhaitaient par ce geste se sauver à défaut de sauver le Royaume-Uni. Bien sûr, ils étaient des hommes d’État de grand responsabilité et étaient bien conscient de ce que tout cela impliquait, mais la réalité était qu’ils ne pouvaient faire autrement. D’ailleurs, une fois l’annonce faite, George se senti extrêmement léger.
L’abdication du roi surprit tout le monde et en premier lieu le Premier ministre qui éclata dans une mémorable crise de colère de ne pas avoir été consulté ou même informé en amont par Buckingham de la folle décision de George V. Cela créait malgré tout un terrible imbroglio juridique qui demandait la mise sur pied par le Parlement d’une loi spéciale faite sur mesure : His Majesty's Declaration of Abdication Act of 1920. Pour ne pas aggraver la crise, les parlementaires se plièrent sans discuter au souhait de George V et celui-ci pu signer l’acte d’abdication devant quatre témoins membres de la famille royale qui officialisait pour de bon son choix. Les services royaux se pressaient déjà pour organiser la cérémonie de couronnement du futur Edward VIII qui ne devaient pas traîner selon les souhaits du Premier ministre qui espérait pouvoir clore cette affaire abracadabrantesque au plus vite. Il est vrai que Churchill n’avait quasiment pas échangé un mot avec George V depuis sa prise de fonction, peut être qu’Edward se révélerait plus loquace et plus sympathique.
Le dernier souhait de George V était de passer son dernier jour en tant que responsable de la Couronne avec ses soldats et ses marins. Ceux dont il avait tenté de partager au mieux les difficultés durant la précédente guerre. Si la vie civile l’avait rendu dépressif, le contact de la troupe faisait partie des quelques dernières choses qui pouvaient le rendre heureux, même si ce n’était que le temps d’une journée. Un défilé grandiose fut organisé à Londres lors duquel furent aussi invité des anciens combattants en uniforme sur la demande express du roi. Ce fut un moment magnifique, une dernière symbiose entre le roi combattant et ses hommes. Un monde se terminait sous les yeux des britanniques venus massivement assister à l’évènement les yeux humides de larmes. Mais il fallait bien en finir et tout le monde rentra chez sois, le cœur lourd à l’idée de ce qui allait se passer ensuite. Tout cela aurait été inimaginable avant la guerre mais désormais tout était possible. Jusqu’où le pays allait il se déliter. Seul George s’endormit léger comme il ne l’avait jamais été. C’était terminé, il avait bien mérité sa retraite se disait il. Drôle de pensée pour un ex-monarque.
Edward commençait quant à lui le cycle inverse, le lourd processus du couronnement d’un nouveau roi. La tradition veut que la cérémonie se déroule normalement à l’issue d’une période de deuil justifié par la mort de l’ancien monarque. Mais il n’y avait cette fois ni mort ni deuil et le politique faisait pression pour que la cérémonie se fasse le plus vite possible, une dizaine de jours seulement après l’abdication de George V. En plus du gratin habituel, sont présents à l’abbaye de Westminster des représentants de choix des anciens pays alliés invités en trombe par le service diplomatique : George Clémenceau pour la France, le secrétaire d’État Hiram Johnson pour les États-Unis, Victor-Emmanuel III pour l’Italie ou encore la Tsarine Maria pour la Russie. L’ensemble des chefs de gouvernement des Dominions sont aussi présents ainsi qu’une pléthore de représentants venant de nombreux pays du monde. Pour les anciens adversaires de la Triplice, le choix de la sobriété a été fait pour éviter tout quiproquo, seuls des représentants diplomatiques mineurs ont été invités.
La cérémonie eu lieu dans une ambiance étrange. Si de nombreux britanniques étaient présents, beaucoup en étaient encore à se demander quelle mouche avait piqué George V. Les scènes de liesses furent ainsi très limitées et c’est surtout une ambiance de peur et d’attentisme qui marqua l’évènement malgré les efforts des participants officiels qui firent le maximum pour en faire une cérémonie « normale ».
Quelques heures seulement après la cérémonie, George V et David Lloyd George étaient vus en route pour une propriété de l’ancien premier ministre située dans la campagne galloise. Sur place, les deux hommes n’achetaient pas le journal, ils passaient leurs journées à chasser, pécher, jouer aux cartes, fumer et boire. Et ils étaient heureux comme rarement ils ne l’avaient été. Il n’y avait pas de raison de rentrer à Londres. Ils se sentaient enfin sortis du trou.
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
Royaume de Pologne - Królestwo Polskie
Août 1920 :
Depuis une année maintenant que le nouveau roi de Pologne a pris ses fonctions, et à présent que les ministères sont finalement occupés par quelqu'un à leur tête, le pays est encore à la traîne dans sa reconstruction totale. Dans les grandes villes, certains quartiers sont encore abîmés, et il ne va de même pour des villages, qui ont pour certain disparus, et entraîné une certaine vague de migration paysanne vers les villages environnants, mais surtout vers les grandes villes. La population de Varsovie, de Lodz ou de Cracovie ont vu leur population augmenter jusqu'à 30%, avec des arrivées massives de paysans qui pourtant, n'ont pas forcément d'endroit où loger. C'est dans ce contexte que le ministre de l'économie, M. Grabski, avec l'aide de M. Kwiatkowski, s'est engagé dans un plan, dont la durée a été calculée pour être de 3 ans au maximum, visant à la reconstruction totale des villes polonaises.
Le plan consiste en plusieurs éléments. La première étape, la plus classique, vise à employer les paysans arrivés dans les villes, qui se trouvent être en majorité sans-emploi, pour entamer la reconstruction des parties encore délabrées voire détruites de certaines villes. Ces paysans seront considérés comme des agents employés par l'Etat, et seront payés à hauteur d'un salaire minimum qui doit leur suffire à pouvoir trouver un logement dans les quartiers ouvriers qui ne sont pas en ruines, et pour payer de quoi vivre - nourriture, eau, etc. - décemment. Ce travail se fera en association avec l'industrie polonaise, qui devra mettre les bouchées doubles pour fournir de quoi reconstruire les quartiers abimés et détruits, que ce soit pour les matériaux comme pour les machines employés dans les chantiers de reconstruction.
La seconde étape consiste en la construction d'extensions urbaines dans les villes de Cracovie, de Lublin, de Lemberg et de Holm. Ces villes, pour la plupart étant dans des territoires intégrés de l'Autriche-Hongrie, n'ont pas connu le même développement que d'autres villes, comme Lodz ou Varsovie, et ne sont pas capable de répondre convenablement aux besoins de logements des populations paysannes qui y ont émigré. On envisage donc la construction, en un an, d'un ensemble d'habitations et d'infrastructures - écoles, commerces, commissariats - qui sauront assurer à la fois un cadre de vie convenable et un environnement sécurisé et paisible dans lequel vivront les paysans relogés.
La troisième et dernière étape, enfin, implique un appel aux entreprises polonaises - mais aussi, et surtout, aux entreprises allemandes et autrichiennes - et consiste en l'établissement de nouvelles zones industrielles annexes aux nouveaux quartiers qui seront construits dans les villes listées plus haut. Tout cela fait partie d'un plan de relance économique majeur pour l'industrie polonaise, qui n'est clairement pas au niveau de l'ensemble des voisins allemands, autrichiens et même russes. L'objectif de la Pologne est de devenir, à terme, une puissance industrielle majeur, tout en assurant en parallèle un système agricole fonctionnel. Le faible taux productif des terres polonaises au sortir de la guerre de 14-18 laisse penser à la nécessité d'une réforme agraire, sur laquelle, depuis sa nomination, planche le ministre de l'Agriculture, M. Sadlak. Celui-ci sera surveillé et supervisé de très près cependant, au moment de cette réforme qui ne devrait pas tarder à être votée, par le Premier Ministre Ostrowki, ainsi que le ministre de l'Economie, M. Grabski.
Ce plan de trois ans maximum, qui parait massif, nécessite une mobilisation de fonds, que le gouvernement et Sa Majesté espèrent trouver auprès des partenaires allemands, et qui, surtout, devront être remboursés par l'industrie nouvelle qui en naîtra et l'apparition d'une nouvelle classe de consommateurs dans les villes, qui pourront participer à l'économie du pays. Avec presque un siècle de retard, la Pologne espère se lancer sur les voies de l'industrialisation massive, et être le bastion industriel de la Mitteleuropa. L'heure est à la gloire économique et à la paix, et le travail des ministres sera focalisé sur ce projet économique et urbain gargantuesque, et à la surveillance de toute potentielle opposition, notamment venant des socialistes et des communistes, qui, bien que relativement absent du paysage politique polonais, pourraient se réveiller si le plan venait à échouer et entraînait une crise économique et sociale.
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
De la première guerre mondiale, la Perse sort particulièrement affaiblie. La neutralité affichée par le gouvernement du Shah ne fut pas vraiment respectée par les belligérants. Des combats entre les forces de l’entente et les alliés eurent lieu sur son sol. Les Russes et les Anglais se battirent contre les ottomans dans le cadre de la campagne du Caucase.
La politique panturquiste de l’empire Ottoman menée par les trois Pachas eut pour conséquence dévastatrice de soulever la ville de Tabriz et ses alentours. Ce n’est bien que grâce à l’intervention des South Persia rifles ainsi que de leurs alliés, la brigade des cosaques que le soulèvement a ainsi pu être écrasé. Cependant bien loin d’être écartée, la menace séditieuse continue de gronder.
Occupé par les troubles internes dans son propre pays, le gouvernement de sa Majesté n’a plus le désir ni l’argent pour maintenir une force armée permanente britannique en Perse. D’autant plus la présence sur le territoire national iranien d’une armée contrôlée par des Britanniques, alimente le sentiment anti-anglais déjà très présents chez l’intelligencia persane. Il est donc décidé comme un accord et avec l’assentiment de la Grande-Bretagne, de dissoudre les South Persia Rifles et d’autoriser les officiers anglais de cette unité à rentrer dans leurs pays si cela est leur souhait.
Quant aux soldats et officiers iraniens qui servaient dans cette force armée, il leurs sera proposé de rejoindre la gendarmerie iranienne, force armée nationale persane en pleine reconstruction depuis la défection d’une partie de ses membres durant la première guerre mondiale.
Ainsi la reconstruction de la Gendarmerie iranienne est aussi une des priorités du gouvernement du Premier ministre persan. La situation d’anomie qui règne en Iran nécessite que la dynastie Kadjar se dote d’une armée forte pour rétablir l’ordre.
La gendarmerie iranienne, force historiquement pro-constitutionnaliste, dirigée par des officiers suédois avait rejoint, pour une grande partie de ses membres, le comité de défense national (Gouvernement provisoire pro-puissance centrale) dès 1915. Ne laissant pour défendre le territoire persan que les gendarmes fidèles au Shah, les cosaques ainsi que les South persia Rifles.
En plus donc des officiers et des soldats iraniens issus des South Persia Rifles, il est décidé de continuer les vagues de recrutements initiées dès 1918, en faisant monter les effectifs de la gendarmerie à 8 000 hommes. Quant aux peu d’officiers suédois restés loyalistes envers la couronne persane (3 sur les 25), proposition est faite de leur offrir un poste d’enseignants à l’académie militaire de Téhéran. Cependant le premier ministre iranien Hassan Pirnia incite sur la nécessité de voir sur cette force gouvernementale être dirigée par des persans et non des étrangers. Cette nouvelle force armée est donc confiée à Ghassem Khan Val, proche du shah, connu notamment pour son rôle dans la répression de la république démocratique de Tabriz et pour être un aristocrate formé à la prestigieuse école de Saint-Cyr en France.
Le gouvernement iranien peut donc compter sur deux forces armées un peu près viables, la gendarmerie iranienne ainsi que la brigade des cosaques. Le tout placé sous la tutelle du ministère de la guerre.
Dernière édition par Nous york le Lun 3 Juil 2023 - 19:55, édité 1 fois
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
United States of AmericaAoût 1920 : le Colonel House termine sa tournée européenne
A Paris, le Colonel House a pu échanger avec les plus hautes autorités de la République et ainsi établir de fructueux contacts. Comme à son habitude il a néanmoins dû rappeler à ses interlocuteurs qu'il n'était qu'un messager officieux et non un négociateur. Ainsi le Texan n'a rien pu promettre sur la question des emprunts de guerre, mais il a pris bonne note des doléances françaises et les transmettra sans tarder à la Maison Blanche. S'il n'en laisse rien voir, le Colonel House a en réalité été très touché par l'accueil des Français. Les mots du Président Clémenceau et ses grandes envolées sur l'amitié franco-américaine et le sacrifice des Boys venus d'Outre Atlantique ont fait forte impression sur lui, tout comme les scènes de misère qu'il a pu observer au cours de ses déplacements. Si bien qu'au moment d'embarquer au Havre, Edward M. House était bien décidé à plaider ardemment la cause tricolore auprès du Président et du Secrétaire d’État. Même affaiblie et vaincue, la France demeure un allié de premier plan des États-Unis et l'abandonner à son sort serait à coup sûr une erreur historique, d'autant plus qu'Auguste Isaac a assuré au diplomate texan que l'Amérique pourrait compter sur le soutien de Paris, dans les limites de ce que lui permet le traité de Strasbourg, pour faire face à l'expansionnisme japonais si jamais celui-ci venait à menacer les possessions états-uniennes dans le Pacifique.
Après son périple français, le Colonel a finalement posé le pied à Londres à l'extrême fin du mois de juillet 1920. Mais cette fois l'actualité l'a rattrapé : la nouvelle de l'abdication du roi George V a fait l'effet d'une bombe et dans ce contexte aucun haut responsable du gouvernement britannique n'a pu prendre le temps de rencontrer l'émissaire du Président Fairbanks. Mais à vrai dire ce dernier n'a en fait guère cherché à nouer des contacts puisqu'un télégramme de Washington l'a informé que le Secrétaire d’État Hiram Johnson allait se rendre à Londres pour assister au couronnement du nouveau souverain britannique. Des discussions de haut niveau vont donc pouvoir avoir lieu immédiatement, rendant inutile un coup de sonde du Colonel auprès de Churchill ou de l'un de ses ministres. Dans l'immédiat le diplomate texan a pu s'entretenir avec le secrétaire d’État lors de son arrivée à Londres et lui a fait un rapport complet et détaillé de sa tournée européenne qui touche désormais à sa fin. Avant de quitter le Vieux Continent le Colonel a toutefois pris le temps d'assister au couronnement d'Edward VIII en tant que membre de la délégation américaine.
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
Généralités
Orlando futur interlocuteur privilégier des allemands
Le lobby allemand
En gage de respect pour les régions germanophones, Paolo Boselli répondit favorablement à la requête d'audience du parti tyrolien. Ce fut donc Josef Schraffl et Franz Stumpf, respectivement les présidents du Tyrol du Nord et du Sud, qui se rendirent dans la capitale du Royaume d'Italie. Dans la cité éternelle, les deux hommes et leurs délégations furent déboussolés par le chaos organisé typique bien loin de l'archétype ordonné de l'Autrichien, mais furent agréablement surpris de leur accueil. Très vite, ils purent constater que le gouvernement de Sa Majesté était réceptif à leurs différentes doléances, comme ils purent le constater lors de leur entrevue avec le président du conseil. Ce dernier trouva pertinent le projet de faire du Tyrol un pont entre le monde germanique et latin. Il confia lors de leur longue discussion que cette idée trottait déjà dans son esprit et qu'il avait d'ores et déjà missionné la diplomatie italienne pour faire des appels du pied en direction de Berlin.
C'était donc chose faite, Rome allait actionner ses canaux diplomatiques pour organiser une rencontre entre le ministre des Affaires étrangères Vittorio Emanuele Orlando et son homologue allemand. Reste à savoir où se déroulera cette rencontre au sommet, dans le nord de la péninsule italienne ou en Bavière ? Mais l'on sait déjà que les discussions porteront principalement sur les relations commerciales entre les deux grandes nations de l'Europe occidentale. Même si les Italiens ne s'interdisent pas d'aborder la question coloniale à la vue des événements qui se déroulent dans le Rif et en Égypte.
Dernière édition par Pierremenez le Lun 3 Juil 2023 - 22:26, édité 1 fois
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
La situation au Royaume-Uni et l'abdication du roi George V s’invite dans le tout dernier mois de la campagne électorale canadienne alors que même le très loyaliste premier ministre conservateur Arthur Meighen à assurer que s’il a la chance de former le prochain gouvernement, qu’il allait négocier avec le Royaume-Uni pour que le Canada puisse entretenir des relations diplomatiques sans l’intermédiaire de Londres. Une situation exceptionnelle pour les conservateurs canadiens, toujours très réticents à assumer la souveraineté du Canada.
De même, le candidat libéral William Lyon Mackenzie King exprime son désaccord avec le statut de Dominion du Canada. Très stratégique et ne souhaitant toutefois pas briser les liens avec la Couronne britannique qui assure l’indépendance de la jeune nation canadienne face à l’énorme voisin américain, il estime que le Canada devrait être un royaume à part entière, sur le même pied d'égalité que le Royaume-Uni et les nations composants l’Empire britannique. L’idée de la création d’une Couronne canadienne en union personnelle avec le Royaume-Uni fait son bonhomme de chemin dans les mentalités. À Québec, le gouvernement d’Henri Bourassa applaudit la volonté des partis politiques fédéraux de mener le Canada vers l’indépendance.
Alors que les Canadiens doivent s’exprimer dès le mois prochain sur qui devra former le prochain gouvernement fédéral, la situation dans l’Empire britannique se désagrège à vue d'œil, poussant les forces armées canadiennes à mettre en place des mesures exceptionnelles et d’imaginer l’impossible : la chute de l’empire britannique. Le premier ministre Arthur Meighen, le chef de l’opposition officiel ainsi que divers VVIP sont notamment briefer sur les mesures défensive du Canada en cas de chute du gouvernement à Londres et une possible intervention étrangère [lire ici américaine]; Le statut des stocks de rations, munitions et médicaments qui sont disponible à court terme à travers le Dominion; la situation de la réserve d’or et de devises étrangères que détient le gouvernement canadien ainsi que même un plan pour intégrer le Dominion de Terre-Neuve ainsi que les colonies britanniques dans les caraïbes.
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
Généralités
Le Prince d'Albanie
Justin I le débauché
Justin I Prince d’Albanie était dans sa somptueuse villa de Durrës perchée sur une colline surplombant la mer Adriatique. Ce monarque sans palais était à la merci du bon vouloir de Rome, lui qui n’avait pas plus d’ambition que cela a été propulsé monarque d’un pays dont il ne connaissait rien. Le mal de l’Italie le gagnait de jour en jour. Il commençait à douter et bien entendu avec le temps qui passait, il sombra dans la débauche la plus totale. Pas un jour sans une fête grandiose en compagnie des courtisans de sa cours d’opérette, mix étonnant d’italiennes en robe à frange et de chef de clan albanais en tenue traditionnelle. Tout ça saupoudré par une armée de valet abreuvant les convives de champagne pétillant et de cocktails exotiques. Cette opulence bourgeoise arriva très vite aux oreilles de Victor Emmanuel III. Excédé par le comportement de son petit cousin, il lui adressa un ultimatum des plus cinglant :
- Télégramme de Victor Emmanuel III:
Votre Altesse,
Il est de mon devoir de vous faire part de ma consternation face à vos actes de débauche et de frivolité sans fin. Votre comportement scandaleux et votre mépris pour les valeurs morales et les responsabilités qui accompagnent votre titre sont indignes d'un prince de la maison de Savoie.
Votre insouciance flagrante envers votre propre réputation ainsi que celle de votre famille est tout simplement révoltante. Vous semblez préférer les fêtes somptueuses, les excès sans retenue et les compagnies douteuses à la dignité qui devraient accompagner votre position.
Il est grand temps que vous preniez conscience de vos responsabilités en tant que prince. L'heure est venue de mettre un terme à vos comportements dépravés et de vous concentrer sur la noble tâche de servir votre nation. J’ose espérer que mon entreprise personnel envers le Tsar des Bulgares Ferdinand Ier pour que vous piussier épouser l'une de ses filles ne soit pas vain.
Un Observateur Préoccupé
Pierremenez- Ministre
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
CoronationL'annonce de l'abdication de George V avait été un choc, celle du couronnement d'Edouard VIII presque immédiatement quasiment autant. La tsarine et le cabinet impérial n'avaient eu qu'une poignée de jours pour préparer le départ. La présence même de la souveraine avait été un choix un peu hâtif mais sur sa décision propre. Ce n'est pas comme si le gouvernement russe avait besoin d'elle de toute manière, même si cela reste un drôle de contexte pour la toute première visite à l'étranger de la tsarine.
Marie avance vers son siège, et sent sur elle le regard de l'assemblée. Tous étaient curieux de voir pour la toute première fois la représentante de cet énigmatique Empire mort et en retrait de la scène internationale depuis la fin de la guerre. Les regards sont d'autant plus insistants que la tsarine ne porte pas la robe. Ni en Russie, ni ailleurs. Elle est en uniforme, à peu près le même que celui que son père utilisait. C'était le général Romanov, dans ses leçons mystiques tirées de la révolution, qui lui avait conseillé de ne pas s'habiller comme une reine mais comme une servante de la Russie. Et l'uniforme militaire était l'option la plus "noble" pour cela. L'état russe avait validé le choix, bien content de ne pas la voir se pavaner dans de riches robes alors que le pays est dans un sale état.
La rangée des représentants étrangers de haut rang avait été astucieusement arrangée. Dans l'ordre : Clemenceau, la tsarine, Hiram Johnson, le président de la République portugaise, les princes scandinaves, et, de l'autre côté, Victor-Emmanuel III. Il y a quelque chose de comique à l'image de voir l'énergique dirigeant français totalement à l'opposée du roi d'Italie. Marie les passe un à un, les saluant à chaque fois. La poignée de main avec l'Italien en particulier, est froide. Les autres bien plus chaleureuses. La dernière, avec Clemenceau, est d'autant particulière que les deux étaient le visage de pays blessés, vaincus, moroses. Des mondes pas si différents. Et pourtant c'est le plus énergique de tous les saluts : le vieux roublard investi du devoir de garder la France en vie et la jeune et rayonnante impératrice de toutes les Russies vont étonnament bien ensemble.
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Quelques heures après la fin de la cérémonie
Marie sort du salon où l'ex-roi George reçoit quelques invités de haut rang. Elle avait pu s'entretenir en privé avec l'ancien roi. Elle avait également pu lui remettre une lettre de son père à l'intention de son cousin, que le vieux Romanov avait transmise par télégraphe en apprenant la nouvelle de son abdication. Ils ont parlé de la Russie, de la révolution, de la guerre, de l'abdication, de la fatigue du pouvoir. Marie trouve que George ressemble beaucoup à son papa. Pourtant, à l'instant précis, ce ne sont pas les paroles du vieux lion qui travaillent l'esprit de la tsarine, mais la personne qui l'attend dans le couloir. Les yeux de la souveraine s'illuminent, et elle s'élance vers l'homme avant de le serrer dans ses bras, le plus fort qu'elle peut.
- Vous me serrez avec trop d'enthousiasme, Marie, vous n'étiez pas aussi forte la dernière fois
- Cela fait bien trop longtemps qu'on ne s'est pas vus
Le jeune homme sourit. Louis Mountbatten et la tsarine se connaissent bien. Ils s'étaient déjà rencontrés à de nombreuses reprises lors des visites anglaises de la famille impériale russe, et les deux partagent un amour d'adolescence qui ne s'est jamais effacé. Marie aimerait bien le marier. Il n'est pas un mauvais parti, et il n'a pas la pensée autocratique comme les Prussiens. Mais à chaque fois, elle se rappelle que c'est impossible, parce qu'ils sont cousins et l'église orthodoxe ne veut pas marier les cousins. Elle aimerait bien pouvoir forcer le patriarche à accepter, mais ce n'est pas possible. Même son père, avant la révolution, n'aurait pas pu forcer l'église à l'accepter. Elle sait que les membres de sa famille encore impliqués dans la dynastie souhaite qu'elle se marie avec un des frères du nouveau roi d'Angleterre. Albert Windsor est un chic type. Le mariage parfait. Mais ce n'est pas lui qu'elle aime.
- Allons marcher dans les jardins, nous pourrons parler en paix, propose le noble britannique, nous risquons d'attirer l'attention à l'intérieur
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"Très cher ami, mon cousin,
J'ai su que vous aviez décidé d'abdiquer. Je ne sais pas combien la situation au Royaume-Uni est tendue. Avant tout, je prie que Dieu te garde toi et ta famille. Quand j'ai abandonné la Couronne, il y a déjà plusieurs années de ça, j'ai eu très peur de ce qui se passerait. La révolution avait commencé la veille, et, dans le carnage des combats, Alexandra a perdu la vie. Quand on me l'a annoncé, j'ai cru tout perdre. J'ai senti sur moi le poids d'un million de péchés que j'ignorais jusque là, et j'ai eu profondément honte. Je sais, depuis ce jour, que moi, Nicolas Alexandrovitch Romanov, suis personnellement responsable de tout ce dont on accusait la couronne. Ce n'est évidemment pas votre cas. Les Britanniques ont toujours été respectueux du Parlement. Qui sait, si je l'avais été aussi. Mon père nous disait toujours que les Britanniques ne comprennent rien à rien. Je pense que vous comprenez très bien, et que c'est pour cela que vous avez abdiqué. Depuis que j'ai déposé mes insignes devant le soviet de Petrograd, je suis passé par plusieurs phases. Au tout début, j'étais totalement perdu, tant toutes mes certitudes venaient de s'effondrer. Je pense que c'est votre cas en ce moment. Je vous conseille de ne pas trop vous en faire, et de vous reposer. Vous trouverez bien dans vos occupations futures le bonheur que vous ne voyez plus. J'aimerais bien vous revoir, maintenant que nous sommes tous deux libérés des contraintes régaliennes, mais je ne peux malheureusement pas quitter l'Asie centrale, et je conçois très bien que vous n'ayez ni la volonté ni la possibilité de me rendre visite. Profitez bien de votre famille, de votre femme, de vos enfants. Nous ne comprenons véritablement à quel point c'est important que lorsque nous les perdons." - Lettre du général Nicolas Romanov à l'ex-monarque britannique George V
Affaires académiques- Za vashe zdorovie meneer politsie !
Sous le regard peu impressionné de l'agent de police, un groupe d'une cinquantaine de russes font la fête en s'abreuvant de la spécialité locale : de la bière. Tous sont des universitaires en agronomie, membres de diverses universités pétersbourgeoises. La raison de leur voyage au pays des moules-frites est bien simple. Alors qu'il y a un intérêt - considéré comme très bizarre du côté russe - du gouvernement belge pour une certaine plante d'extrême-orient, il s'avère qu'un des professeurs de la capitale russe, est un biologiste et agronome dont le terrain d'expertise est l'extrême-orient russe et la Mandchourie. Il s'est retrouvé contacté par l'Université catholique de Louvain dans le cadre d'un colloque organisé avec le soutien du ministère de l'agriculture au sujet des potentialités agronomiques d'espèces dites exotiques, ou en tout cas exogènes aux systèmes agriculturels du plat pays.
Venu avec toute une clique d'étudiants, le choc culturel a été intense pour les agronomes russes. Eux qui ont vécu dans un contexte où les facultés d'agronomie étaient des lieux hautement politisés à gauche, et notamment par les socialistes-révolutionnaires et populaires-socialistes, se sont retrouvés face à des comparses belges idéalisant la hausse des indices statistiques sans aucun intérêt outre-mesures pour une vie paysanne que beaucoup méprisent. Une sorte d'esprit anthropologique existe dans la déontologie agronomique russe que les Belges n'ont pas. Outre le colloque en lui-même, c'était également l'occasion pour la délégation universitaire russe de visiter des exploitations agricoles belges pour observer leur fonctionnement, leurs pratiques, leurs rapports à la terre. Et comme les Belges cherchent des merveilles à l'autre bout du monde, c'est en Flandres que l'agronomie russe découvre une nouvelle espèce. Une plante qu'on récolte en automne, juste avant les gels, qui a besoin d'un sol riche et dont l'exploitation, si elle demande une certaine méthode, reste accessible au quidam moyen. Et en plus c'est très bon avec du jambon. De quoi permettre à plusieurs étudiants de s'accorder pour axer leurs prochains travaux sur la culture de cette plante en Russie. Dans le port d'Anvers, les Russes repartent avec des caisses de livres, de plants, d'instructions, sur lesquelles sont marquées en gros ВИТЛОФ
Dernière édition par Thalassin le Mar 4 Juil 2023 - 1:44, édité 1 fois
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
Cousin from America ?Churchill qui suit avec une grande attention l’avancée de la campagne électorale canadienne a discrètement fait savoir au chef du gouvernement du Dominion, Robert Laird Borden, mais aussi à messieurs Meighen et Mackenzie King que le Royaume-Uni serait disposé à organiser une grand conférence à court terme afin de redéfinir le statut des Dominions. Il s’agissait de toute façon d’une promesse faite pendant la guerre en échange des efforts colossaux demandés au population de ces contrées pourtant éloignées qui ont accepté tous les efforts malgré leur faible intérêt concret dans cette guerre. Elles ont accompli, dans le sang et la sueur, le sacrifice ultime au service de la Couronne. Par ce fait même, la mainmise de Londres sur de trop importantes parties de la souveraineté des Dominions n’est plus justifié, leur fidélité étant inscrite à jamais dans l’Histoire.
De l’autre côté, et cette information doit absolument rester top secrète, l’éclatement d’un conflit armée au sein du Royaume-Uni ne semble aujourd’hui plus pouvoir être exclu selon les derniers rapports fournis par Scotland Yard. Le gouvernement s’y prépare activement et les forces de sécurités britanniques devraient être en capacité de décapiter une bonne fois pour toute la menace rouge. En attendant cependant, Churchill préférerait éviter de trop larges manœuvres politiques. Il prie donc le Canada d’attendre la fin de ce que l’on nomme désormais en interne au sein du gouvernement sous l’appellation de « Troubles » pour organiser la conférence sur le statut des Dominions.
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
Hard timesVillage de Llandrillo, nord du Pays de Galles, début septembre 1920
- George, je sors me promener, Mary m'a dit de passer chez elle, qu'elle m'avait mise de côté du charbon, des œufs bien frais et quelques tranches de lard. Tu veux venir ?
- Non merci David je vais rester ici. Tu lui passeras le bonjour de ma part.
- Je n'y manquerais pas.
Lloyd George enfila sa veste et son chapeau puis sortit. Même en plein été, les températures du nord du Pays de Galles n'avaient rien d'excessives et la pluie n'hésitait jamais à surprendre le promeneur imprudent. L'ancien premier ministre connaissait bien sa terre et il ne prenait pas de risque. George quant à lui s'assit à son bureau et roula une cigarette de Woodbine, désormais qu'il vivait dans la campagne galloise, il ne pouvait vivre avec le même luxe qu'à Londres, mais il avait facilement prit le plis, au contraire, il se sentait beaucoup mieux sans le faste auquel avait accès la famille royale. Avec David, ils avaient décidé de vivre ainsi. Ainsi désormais, comme les neufs dixièmes de leurs compatriotes ils peinaient à trouver de la viande, des vêtements, du tabac, du charbon, du bois de chauffage, de l'essence et même de l'alcool. Malgré tout l'or du monde, les épiceries du village étaient en pénurie permanente de biens de nécessité. Il ouvrit un tiroir du bureau et attrapa lentement une lettre close qui était posée à l'intérieure. Sur la partie de l'enveloppe réservée à l'envoyeur il était marqué Général Nicolas Romanov. Il était sans doute temps de l'ouvrir. Il s'était refusé de le faire depuis qu'il avait quitté Londres pour les mêmes raisons qui le poussait à refuser d'acheter les journaux ou de s'informer sur l'état du monde comme dans l'Angleterre, pour les mêmes raisons qui le poussait à refuser de prendre des nouvelles de ses amis et de sa famille restés à Londres. Il avait fallu se désintoxiquer de la folie de ces derniers mois, et la cure n'était certainement pas terminée. Il se sentait cependant suffisamment de force pour avoir des nouvelles de Nicolas. Le vieux russe avait vécu des épreuves plus dures que lui, il avait lui même perdu sa couronne pour des raisons finalement extérieure à sa volonté mais que le reste du monde semblait incapable de comprendre. Il saisit un ouvre-enveloppe et découpa minutieusement celle-ci. Finalement, il lut la lettre. La sincérité des mots de son cousin lui firent monter les larmes aux yeux. Il finit la lettre et se servit un verre de mauvais whisky qu'il bu très lentement en regardant la bougie éclairant son bureau fondre petit à petit. Finalement, il attrapa une plume et une feuille de papier et se mit à écrire.Mon très cher cousin,
Comme tu l'as deviné, c'est le cœur serré que je t'écris depuis une petite bourgade du nord du Pays de Galles où j'ai pu trouver un semblant de paix et de tranquillité. L'endroit est si isolé que je peux régulièrement sortir de chez moi sans être reconnu par les gens qui le peuplent. La plupart sont des paysans trop travailleurs pour avoir eu le temps durant leur vie besogneuse de retenir la photo d'un lointain roi londonien. Alors que j'ai été leur souverain pendant si longtemps, je découvre enfin la réalité de la vie de mon peuple. Ce malaise si profond qui touche le pays et que je pensais ressentir depuis Buckingham, je le découvre de mes yeux, de mes oreilles, depuis plusieurs semaines et j'ai extrêmement peur pour l'avenir de mon pays. Les gens ont faim et sont épuisés, ils ont le sentiment compréhensible d'avoir été purement et simplement trahis par leurs gouvernants, d'être morts dans les tranchées de France pour rien. Je crois savoir que c'est ce qui a conduit aux évènements révolutionnaires qui ont frappé ton pays. Dieu sait où cela nous mènera, mais je l'espère - je me prend parfois à y croire - au meilleur.
Mon cousin, mon ami, ta lettre m'a touché au plus profond de mon âme, je suis parti car j'avais le sentiment de n'être plus compris par personne depuis la fin de notre guerre. Pourtant, tes mots m'ont prouvé que je pouvais l'être par un homme situé aux antipodes, en pleine Asie centrale, nos destins sont probablement liés, c'est en tout cas ma conviction profonde en cet instant. Je souhaiterais moi aussi vous revoir au plus tôt mais je suis pour le moment bloqué dans ce Pays de Galles le temps de me reconstruire. Je tâcherais de te faire savoir lorsque je serais en capacité de me rendre en Russie.
Dieu te garde,
George Windsor
Alors que George relisait sa lettre, il entendit la porte d'entrée claquer, Lloyd George venait de revenir, il déposait les victuailles récupérées chez Mary sur la table à manger.
- David, il faudrait que tu me rendes un service un petit peu particulier.
- Qu'est ce qui se passe ?
- Serais-tu en capacité de faire parvenir une lettre en Asie centrale ?
Dernière édition par Mirage le Mar 4 Juil 2023 - 11:41, édité 2 fois
Mirage- Grand Consul
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
Le NordUn homme au visage marqué marche sur le sol recouvert de gravier, hache en main. Capuche baissée pour ne pas subir le lourd orage d'août qui court depuis le matin. Il fait ça régulièrement, chaque fois qu'il a besoin d'un peu de matières premières. La vie de pêcheur lui permet de vivre, mais c'est toujours plus confortable de ne pas avoir à payer. Ils sont beaucoup dans le coin à se fournir par des moyens détournés. Le Russe tourne autour du bâtiment, cherchant l'entrée. Ils ont laissé une des fenêtres ouvertes avant de partir. Devant l'ouverture, il respire une dernière fois, puis jette son sac à l'intérieur avant de se laisser glisser à son tour. Seul l'écho de sa chute vient l'accueillir. Il n'est pas en danger. Bien. L'intrus attrape son grand sac et l'ouvre en grand. Au travail maintenant.
Le pêcheur avance dans la grande salle, mettant tous les petits objets métalliques qui passent à portée dans sa hotte. Il a besoin de se faire des clous et autres matériels de bricolage pour pouvoir rafistoler son bateau, c'est parfait pour lui. Pour réparer tout et n'importe quoi, rien de tel qu'un entrepôt abandonné. Celui où il se trouve en ce moment n'est pas le plus proche de la ville, alors il y a encore pleins de bons trucs dedans. Le port d'Arkhangelsk, comme celui de Mourmansk, avait été mis à l'ouvrage pour accueillir l'aide matérielle envoyée par les Britanniques et les Américains pendant la guerre. Depuis que tout ça c'est fini, ils ont été laissés à l'abandon. Plus personne n'a besoin de passer par Arkhangelsk pour le commerce international. Alors les gens vont dans les immenses entrepôts conçus pour entreposer les arrivages le temps de les transborder dans des trains, et ils se servent sur les étagères, les murs, les vitres. Notre cher ami, quand à lui, a repéré un magnifique tas de planches bien lisses, et il compte bien, sur plusieurs passages, les couper dans la largeur pour en faire un tas de planchettes qu'il emportera chez lui pour alimenter le feu.
Les coups de hache résonnent dans l'immensité vide du hangar, et chaque coup net devient un tintamarre. D'un coup, un râle rugit dans l'entrepôt. Un cri bestial. Le Russe arrête immédiatement de prêter attention à son bois, terrifié. Il regarde autour de lui, brandissant sa hache à deux mains, et se déplace en longeant les murs. Son coeur bat, et son souffle est coupé. Impossible de savoir d'où vient la chose tant les grognements se réverbèrent sur toutes les parois. Puis, d'un coup, une montagne touffue surgit de derrière un container et fonce vers lui. Un ours brun qui avait trouvé un refuge sec dans l'entrepôt. Poussé par l'adrénaline, le récolteur lève sa hache en hurlant des syllabes insensées. L'ours arrête sa charge et fait demi-tour. Sans se faire prier, le Russe court. Il continue d'hurler sans se retourner, et il entend d'un coup le galop de la bête recommencer, et se rapprocher. Il y a une porte, tout près. Il a juste à tendre le bras, il tire la porte, se jette à l'intérieur, et la referme. Il se tient derrière, reprenant sa respiration. Un grand coup porté contre le fait tomber au sol, les mains en avant. Il se relève, sans grand sens de l'équilibre. Tout ce qu'il sait c'est qu'il doit tâtonner. Il a les yeux grands ouverts et pourtant il a la sensation de ne rien voir. Il sait juste. Il sait que le loquet est là, et il sait le fermer. Enfin en sécurité.
Une fois absolument certain que le plantigrade a cessé ses assauts, sa vision consciente lui revient. Il y a une chaise. Il s'assoit dessus, et regarde autour. Il y a une fenêtre, il pourrait sortir par là sans prendre le risque de repasser devant l'ours. Autrement, c'est un bureau qui était autrefois occupé par des logisticiens américains. Tout ce qu'il y a d'écrit l'est en anglais, et le pêcheur ne parle pas cette langue. Il sait que c'est des Américains parce qu'il y a un portrait de Wilson sur le mur. Il ne sait pas non plus qui c'est, mais les deux drapeaux américains qui l'encadrent laissent peu de doutes. Un endroit sain pour faire une pause. Il fouille dans son sac, au milieu des objets métalliques. Le tétanos ne fait pas peur si on ne sait pas ce que c'est. Il en sort un petit baluchon qu'il pose sur la table et ouvre, dévoilant un couteau et une miche de pain. Du pain aux noix. Il s'en coupe un morceau, et lève le bras pour porter un toast imaginaire à l'ancien président de l'Amérique. De la Russie reconnaissante à l'Amérique libre : Merci pour les noix.
Un des entrepôts abandonnés d'Arkhangelsk
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Re: V1919 - Topic Officiel - Année 1920
Pré-demande en mariageÀ peine revenue de Londres, la jeune impératrice est accueillie par des aînés. Dans le hall de l'humble palais où la tsarine réside, l'attend la silhouette sévère de son grand-oncle. Le grand-duc Nicolas Nicolaïevitch, ex-vice-roi du Caucase, la toise du haut de ses deux mètres. Elle sait déjà ce qu'il va dire. Il est populaire dans la noblesse et l'armée, et il s'est vu devenir tsar. C'est exactement ces "atouts" qui ont pourtant joué contre lui. Le vieux noble est cependant respectueux de la situation, mais s'est converti en une espèce d'ombre planant sur la dynastie, prenant l'initiative de faire pression sur la jeune femme pour qu'elle agisse dans les intérêts des Romanov.
- Alors, vous vous êtes décidée à propos d'Albert ?
La tsarine regarde derrière le Grand-Duc, cherchant de ses yeux le soutien de sa grand-mère, l'impératrice douairière Marie Feodorovna. La vieille femme détourne le regard. Elle ne s'implique pas dans les affaires politiques, et ne veut pas aller à l'encontre de son beau-frère. La tsarine n'a d'autre choix que de planter ses yeux dans ceux de l'oncle de son père. Elle pense à Mountbatten, elle pense à tout envoyer valser, et dire ses quatre vérités au bonhomme qui veut la marier à un prince pour mettre un peu plus de prestige sur une dynastie qui a perdu tant de ses sujets en quatre ans. Elle pourrait le frapper aussi. Il est très grand, et c'est un cavalier, il aura le dessus physiquement sur elle, mais il ne peut pas la blesser.
- Oui Nicolacha. Je veux le marier
- Très bien, je vais entrer en contact avec les Windsor afin qu'ils lui disent de demander votre main
- ...........
Ayant eu ce qu'il est venu obtenir, le grand-duc disparaît dans un couloir, avec un grand sourire, pour se mettre immédiatement à l'oeuvre. Il n'a pas l'intention d'en savoir plus sur sa petite-nièce. Tout ce qui compte à ses yeux, c'est d'envoyer au Windsor ce qui est, dans les faits, une demande en mariage. Ce serait bien évidemment mal vu que ça soit la tsarine qui demande la main de son futur mari et non l'inverse. La forme doit être l'oeuvre du Britannique, mais si tout se passe bien, il aura déjà accepté le principe de se convertir à la religion orthodoxe et renoncer à sa place dans la succession du trône britannique quand il demandera la main de la tsarine.
Marie, elle, est absolument dévastée. Elle se tient debout dans l'entrée, immobile. Son regard croise celui de sa grand-mère, mais il est vide. Vide du sentiment d'avoir été trop lâche pour refuser. Elle rêvait de dire non, mais elle s'est soumise à l'ordre du grand-duc. Pourquoi ? Pourquoi elle avait fait ça ? Elle ne sait pas, elle ne pense même plus, elle souffre simplement.
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