V1919 - Topic Officiel - Année 1920

United States of America

Février 1920 : vers la récession ?

Les nouvelles ne sont pas bonnes pour l’économie américaine. Après une période d’inflation liée à la guerre puis à la démobilisation, les prix commencent maintenant à baisser partout dans le pays, au point que les économistes craignent l’ouverture d’une période de déflation. Le constat est tout aussi sombre du côté de l’emploi puisque le chômage ne cesse d’augmenter mois après mois.

Cette hausse du chômage qui frappe de plein fouet les travailleurs américains est essentiellement le produit de deux facteurs : le retour sur le marché de l’emploi de millions de soldats démobilisés et la fin de l’économie de guerre, qui se traduit mécaniquement par une forte réduction des commandes de l’État fédéral visant à approvisionner l’armée. Alors que les forces armées  employaient près de 3 millions de citoyens en 1918, ils seront à peine 300 000 à servir sous les drapeaux à la fin de l’année 1920 selon les prévisions du département de la Guerre. Au total, la population active a augmenté de près de 1,5 millions de personnes au cours de l’année écoulée, et les chiffres devraient être à peu près similaire au cours de l’année à venir.

Ce retour massif et quelque peu désorganisé des soldats à la vie civile provoque des tensions sur le marché de l’emploi que ni le gouvernement fédéral ni les autorités locales n’avaient vraiment anticipé. Conséquences naturelles de ce phénomène : le chômage augmente (il pourrait atteindre les 5 % de la population active cette année) du fait de la concurrence pour les emplois disponibles et les salaires stagnent voire vont diminuer.

Les temps sont durs pour les travailleurs américains...

Au niveau de la production, la réduction drastique des commandes de l’État fédéral visant à approvisionner les forces armées a un impact direct sur les entreprises impliquées dans l’effort de guerre. Ces dernières doivent en effet réduire la voilure en fermant certaines lignes de production et en se séparant d’une partie de leurs ouvriers. En outre les anticipations des entrepreneurs ne sont pas bonnes du fait du spectre de la déflation, qui les conduit à entamer une baisse volontaire de leur production. Si pour l’heure cette contraction de la production industrielle ne constitue pas un phénomène généralisé, des signaux particulièrement inquiétants remontent de certaines régions et de certaines branches de l’économie (notamment l’automobile).

Financièrement parlant la politique monétaire de la Réserve fédérale n’arrange pas les choses puisque, face à l’inflation qui a marqué les années 1918-1919, celle-ci s’est engagée dans une politique de hausse de ses taux d’intérêt (qui atteignent 6 % dans le cas de la Federal Reserve Bank of New York en ce début d’année 1920) , qui renchérit d’ores et déjà le coût de l’emprunt.

Plus largement, les investisseurs et les banquiers de Wall Street ne s’inquiètent pas seulement de la situation économique états-unienne mais également de la situation en Europe. En effet, l’avenir  des créances qu’ils détiennent sur la France paraît bien incertain : comment la République va-t-elle honorer ses engagements financiers à l’heure où l’Allemagne exige d’elle de lourdes réparations de guerre ?

Pour l’heure l’Administration Fairbanks, dominée par des hommes acquis au laissez-faire et au conservatisme en matière économique, à l’image du Président lui-même, reste relativement passive face à la dégradation de la conjoncture. Plus inquiets de la situation sociale après une année 1919 marquée par de nombreuses grèves et par la mission du Colonel House en Europe, le locataire de la Maison Blanche et ses conseillers se rassurent en se disant que le marché fera son œuvre et que la situation se rétablira d’elle-même, comme d’habitude.

AZERBAIDJAN
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Evènement

A la suite de la visite d'Enver Pacha à Bakou, les dirigeants de la République démocratique d'Azerbaïdjan se sont concertés quant aux suites à donner la proposition du ministre des Affaires étrangères ottoman. Après de longs débats internes, le gouvernement azéri a finalement accepté la proposition d'union entre l'Azerbaïdjan et l'Empire ottoman, sous réserve de respect des garanties d'autonomie offertes par Constantinople, certains doutes quant au dessein panturquiste du Comité Union et Progrès subsistant, du fait du double jeu officiel du parti entre sa promotion de l'ottomanisme d'un côté, et d'un autre côté, celle du panturquisme. En outre, les dirigeants azéris indiquent que des élections partielles devront être tenues le plus rapidement possible afin que les azéris puissent être représentés à la Chambre des Députés.

BULGARIE
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Evènement

Le Tsar rejette fermement la proposition d'échanges de population adressée par l'Empire ottoman. En effet, un tel échange lui paraît matériellement impossible, au regard du nombre de personnes qui serait à échanger ; et de surcroît, s'il venait à être réalisé en l'état, il n'en ressortirait qu'un chaos certain dans les régions concernées.

FRANCE
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Evènement

Addendum rétroactif au Traité de Strasbourg :

- La conscription et le service militaire sont interdits en France.
- Les contrats d'engagement dans l'armée sont limités à 12 ans pour les soldats et à 25 ans pour les officiers.
- Les officiers retraités sont interdits de présence sur le territoire militaire (casernes).

ROUMANIE
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Evènement


Alexandru Marghiloman

Le premier ministre Roumain Petre P. Carp était un vieil homme. Suite à son décès en Janvier 1920, le ministre de l'intérieur Alexandru Marghiloman, particulièrement actif dans la répression contre les opposants politiques à la ligne conservatrice pro-Triplice pendant la guerre, juge nécessaire de réorganiser très vite de nouvelles élections générales. Mais Marghiloman, se présentant alors à la candidature du parti conservateur, a plus d'un tour dans son sac.

Tout d'abord, il se livre à une véritable purge du parti Conservateur-Démocratique regorgeant de politiciens pro-Entente. Organisant un faux procès grandement médiatisé dans le pays, il fait arrêter Take Ionescu pour complicité avec l'ennemi, et après avoir emprisonné ou menacé plusieurs têtes de parti, les membres restants ont été encouragés à prononcer la dissolution du parti Conservateur-Démocratique.

A la vu des évènements d'une violence politique inouïe, Ion I. C. Brătianu du parti National-Libéral prend peur et se retire donc définitivement de la vie politique. Au désarroi de son frère Vintilă Brătianu, ayant insisté longuement pour qu'il tienne tête au gouvernement conservateur. Une insistance malheureusement insuffisante. A la place de son frère, Vintilă Brătianu présente ainsi sa candidature pour le parti National-Libéral, mais son manque de charisme et le manque de volonté de la part des membres du parti de confronter une réelle opposition face à Marghiloman affaiblissent réellement sa position.

Enfin, l'historien et idéologue d'extrême droite Nicolae Iorga, a présenté sa candidature pour le Parti Démocrate Nationaliste; Les accents antisémites et irrédentistes de son discours, combiné à sa position très minoritaire, confortent Marghiloman: quoi de mieux que l'extrême droite pour conforter un semblant de démocratie.

Dans ce climat là, Marghiloman a ainsi sécurisé sa candidature et le renouvellement du parti Conservateur à la tête de la nation. Les résultats tombent en Février 1920: le parti Conservateur occupe 85% des sièges, le reste étant laissé au parti National-Libéral et quelques sièges pour le parti Démocrate Nationaliste. Une gouvernance inquestionnable, même si elle n'a pas les mains propres.

FINLANDE
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Evènement

Précision rétroactive dans le résumé contextuel: les conservateurs Finlandais désireux d'établir une monarchie, Frédéric-Charles de Hesse-Cassel, landgrave de Hesse-Cassel, a été nommé Roi de Finlande sous le nom de Charles Ier en 1918, et Pehr Evind Svinhufvud est son premier ministre d'un gouvernement exclusivement conservateur. Le traité de paix Germano-Finnois de Mars 1918 renforce les liens économiques du Royaume de Finlande avec l'Allemagne et autorise cette dernière à implanter des bases/présence militaire en Finlande.

Commentaire de documents : Imaginer la Russie en 1920

"L'évidence prouve que les mêmes agents provocateurs qui s'en sont pris à la Russie sont les traîtres que nous n'avions cessé de combattre. En Pologne, à Minsk, à Mogilev, à Brest, partout les Juifs ont accueilli les armées allemandes les bras ouverts, si heureux qu'ils sont de démanteler la Russie millénaire. Ils ont pris Petrograd, ils ont renversé le tsar, la couronne, et ils ont placé les leurs au pouvoir. Maintenant ils se mettent à vouloir intégrer les musulmans à leur dessein de destruction systématique de la Russie. Il est temps de dire non. L'éternelle Russie doit son salut à la foi inébranlable en Jésus le Christ, au respect de l'autorité de la Couronne, et à la discipline de fer inhérente aux peuples slaves. La Douma, c'est l'avènement de l'Anti-Russie, c'est l'association de tous les servants de l'antéchrist. Nous, les vrais Russes, il est de notre devoir de balayer cet infâme artifice de souveraineté populaire pour permettre à la nation de ressusciter plus forte que jamais. Alors, comme Saint-Georges, nous mènerons les armées qui abattront les dragons qui dévorent la chair encore vivante de la Russie ! - Discours de Vladimir Pourichkévitch à un rassemblement de l'Union du Peuple Russe

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"Plus que jamais la Russie est eurasiatique. Les ambitions de ceux qui voyaient dans notre pays une puissance européenne ont été détruites par l'Allemagne. Nos frères ukrainiens et biélorusses nous ont été séparés par la baïonnette, et pourtant nous sommes toujours aussi russes qu'avant. Je ne pense pas qu'il soit déshonorant d'admettre les choses. Pierre le Grand a eu tort. La Baltique n'est pas l'horizon de la Russie. L'ambition que les terres russes portent ne les tournent pas vers les terres d'Allemagne, encore moins vers cette Méditerrannée si obsédante pour tant de penseurs russes. Le dessein de la Russie, depuis que Kazan s'est unie à Moscou, c'est l'Est, le sud. C'est la grande Volga qui part se reposer dans son berceau caspien. C'est, du haut de ces monts Oural, le siège de la Russie qui voit à l'horizon sa patrie s'étendre jusqu'à ses frontières les plus lointaines. De là l'esprit national voit à la fois l'Europe sur ses côtes baltes et ses contreforts carpathiques, et l'Amérique étendue à son Levant. Il voit le grand Nord et son froid imperturbable battre les terres comme un défi à l'ardente humanité russe. Et au sud, salut Prométhée dans ton tourment caucasien ! salut Noé au sommet de ton Ararat ! Salut la Caspienne qui porte la Volga jusqu'aux rives persanes ! Salut les chemins de fer qui percent la steppe infinie jusqu'aux montagnes chinoises !"  - Discours introductif du Pr Ivan Vassilenko lors d'un colloque de géographes à l'Académie Russe des Sciences

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"La terre de Russie est à tout le pays" - Illustration d'un tract du Parti Populaire-Socialiste en Carélie

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"L'internationalisme est le principe suprême qui doit guider les organisations révolutionnaires du prolétariat. Nul ne peut être bolchévique et se contenter de libérer sa nation, fusse-t-elle russe, ukrainienne, géorgienne ou d'autres. Mars 1917 a brisé l'ancien régime du tsar, il appartient désormais aux prolétaires de toutes les nationalités de l'ancien empire de s'unir pour accomplir la révolution communiste. Notre état ne sera pas russe, il sera pour tous les prolétaires du monde ! Portons fièrement dans nos coeurs le drapeau rouge de l'avant-garde socialiste !" - Tribune de Vladimir Antonov-Ovseenko dans un journal bolchévique

La perte de la Wallonie a entrainé la perte de la majorité du cheptel bovin belge. Pourtant, la population veut toujours de la viande, et les peaux, les os, le gras sont fort utile à toute l'industrie agroalimentaire mais aussi au textile et la chimie. Cependant, les Flandres sont déjà intensément cultivés, avec des fleures, des fruits et légumes, et bien sur des céréales. Le seul moyen de reconstituer une industrie bovine sera comme celle des porcs des Flandres, intensive et dans des étables. Mais dans ce cas, il faut trouver une plante fourragère. Les agronomes du pays recherchent une plante, qui pousse rapidement sur des sols marginaux et rudéraux (ce n'est pas ce qui manque dans la Belgique dévasté), d'une espèce européenne ou extra-européenne.
La Belgique adhérera au projet de coopération économique étendue de l'Allemagne (EE). Elle espère l'adhésion des Pays-Bas, de la France et du Royaume-Uni, qui victoire allemande ou non, sont encore ses partenaires commerciaux.

United States of America

Février 1920 : les tribulations du Colonel House en Europe

Edward M. House est ressorti très satisfait de son long entretien avec le chancelier du Reich. Le principal objectif que lui avait assigné le Président était de prendre langue avec de hauts responsables allemands et d’ouvrir la voie à une normalisation des relations germano-américaines : mission accomplie. Friedrich Ebert s’est en effet montré très avenant avec le Texan et n’a ouvertement rejeté aucune de ses propositions, tout en lui fournissant à demi-mot de précieux éléments sur la future conduite des Allemands vis-à-vis de la France en ce qui concerne les réparations de guerre.  

Seule ombre au tableau : les Germains ont remis sur la table la question du Groenland, un abandon des prétentions de Washington sur cette possession danoise étant à leurs yeux la condition sine qua non d’une non-ingérence de leur part dans le pré-carré états-unien que constitue le continent américain. Le Colonel a soigneusement pris note des déclarations du chancelier à ce sujet mais, n’étant pas un plénipotentiaire officiel disposant du pouvoir de négocier, il s’est contenté de lui répondre qu’il transmettrait le message au Président Fairbanks et au secrétaire d’État. Dans l'immédiat, le Texan a informé le dirigeant allemand que l'un de ses collaborateurs resterait à Berlin dans les mois à venir si jamais son gouvernement souhaitait contacter de façon discrète la Maison Blanche ou le département d'Etat, en attendant la réouverture d'une ambassade.

Sitôt sorti de son entretien avec le chef du gouvernement allemand, House s’est empressé de transmettre par télégramme un premier rapport à Washington. Pour le reste, le Colonel a profité de son séjour à Berlin pour prendre un peu de bon temps et apprécier les bonnes tables de la ville, désormais vouée à devenir le cœur de l’Europe et la vitrine d’un puissant Empire.

Une fois sa mission dans la capitale allemande achevée, Edward M. House a repris le chemin de la gare centrale de Berlin et pris place à bord d’un train direction Rome. La capitale italienne constitue en effet la seconde étape de la tournée européenne de l’émissaire de la Maison Blanche. Naturellement cette étape transalpine revêt une importance bien moindre que le passage à Berlin. Mais tout de même, l’Italie est désormais une puissance qui compte en Europe et il pourrait être avantageux pour Washington de renouer avec Rome et de tourner ainsi la page de l’ère Hughes qui avait été marquée par une dégradation des relations italo-américaines. Là encore il ne s’agira pas pour le Colonel de négocier quoi que ce soit mais plutôt d’établir un contact avec les hauts dirigeants de la péninsule et de poser ainsi les bases de discussions futures.

 

The Popular Front

Georges Lansbury était un homme très à gauche, combattant acharné en faveur de la justice sociale et des droits des femmes depuis des décennie. Le pragmatisme avait fait de lui un libéral radical pendant un temps avant qu'il ne rejoigne un Labour party en plein essors juste avant la guerre. Marxiste convaincu et proche en son temps des milieux de la Social Democratic Federation (dissoute en 1911), il avait logiquement gravit les échelons du parti à la faveur de la grande grève général de l'automne 1917 et de la plateforme de Leeds qui avait fait adopter le socialisme aux travaillisme britannique. En 1919, au congrès de Liverpool, il avait été nommé chef du parti, sa carrière démontrant qu'il était à la fois un homme d'expérience, de convictions ainsi qu'un pragmatique, les congressistes avaient vu en lui un homme capable de garder le parti uni tout en ouvrant le chemin d'une victoire électorale.

Alors le soixantenaire s'y était penché. Si le Labour avait indéniablement le vent en poupe au point qu'il aurait de fortes chances de sortir d'élections générales comme le premier parti du pays, la présence sur sa gauche de petits partis à l'audience non négligeable rendait tout de même incertain le résultat d'une élection et en particulier la capacité des travaillistes à se tailler une majorité absolue. Avec le système électorale anglais du first past the post, il est facile de perdre un siège en théorie acquis à la gauche à cause de la division des voix. Pour pallier à ce problème, Lansbury à longtemps travaillé grâce à ses vieux contacts de la SDF pour joindre les dits petits partis et construire avec eux un bloc électoral. C'est désormais chose faite pour les prochaines élections de 1921. Le Popular Front est né.

Il regroupe outre le Labour, le National-socialist party d'Henry Hyndman, le British Socialist party d'Albert Inkpin, le Women's party d'Emmeline Pankhurst ainsi que le jeune Farmers' and laborers' party créé en 1918 et largement relié au retour dans la campagne anglaise d'anciens combattants ayant découvert le socialisme sur le front au contact d'ouvriers avec qui ils partageaient les tranchées. C'est une coalition large construite sur un programme largement inspiré du manifeste de Leeds. Les partis signataires s'accordent pour condamner la conduite bourgeoise de la guerre et pour défier l'ordre mondiale réactionnaire imposé par le Kaiser et les traîtres du SPD. Ils sont d'accord pour déclarer la classe ouvrière britannique prête et capable d'exercer le pouvoir et souhaitent, si ils l'emportent, diriger le pays dans cette direction dans le cadre de la reconstruction d'après guerre.

La gauche britannique se met en ordre de bataille et aiguise sa rhétorique alors que l'hiver 1919-1920 a vu se dérouler des grèves d'une intensité et d'une violence inédite depuis 1917. Ses adversaires seront-ils en capacité de tenir face à elle ?

Douma

Après plusieurs semaines de tractations interparlementaires marquées par une opposition profonde entre les Troudoviks ayant pris le contrôle du Parti Socialiste-Révolutionnaire et leurs anciens copartisans passés aux Mencheviks, un gouvernement a enfin pu voir le jour à la Douma. Celui-ci se compose d'une alliance entre les Populaires-Socialistes, les Socialistes-Révolutionnaires et l'Alliance Kirghize. Les trois groupes parlementaires échouent cependant à un rien de la majorité, et ne doivent leur salut qu'à l'acceptation faite par certains indépendants de gauche de soutenir le nouveau gouvernement.

Ministères notables
Premier Ministre : Alexis Peshekhonov (Populaires-Socialistes)
Ministre des Affaires Etrangères : Pitirim Sorokine (Socialistes-Révolutionnaires)
Ministre de la Guerre : Timofei Opokine (Populaires-Socialistes)
Ministre de l'Intérieur : Alexis Aladin (Socialistes-Révolutionnaires)
Ministre des Forêts : Alikhan Bukeikhanov (Alash, le seul ministre kirghiz)

The War Cabinet ?

La petite salle de réunion du Ten Downing Street avait été minutieusement préparée par le petit personnel rattaché à l’historique hôtel particulier. Le Premier ministre, Winston Churchill, accueillait en effet une réunion de la plus grande importance, cachée à la presse, elle rassemblait les plus fidèles compagnons de l’opportuniste libéral.

Il faut dire que l’heure était grave, des rapports de Scotland Yard démontrant l'ampleur du péril rouge qui guettait le pays étaient étalés sur la table. L'annonce de l'alliance électorale du Popular Front unissant le Labour à son extrême gauche avait clairement mit le feu aux poudres, l'émergence d'un leadership uni dans lequel les ouvriers pouvaient pleinement se reconnaître constituait aux yeux de Churchill une forme d'escalade inacceptable qui appelait une réponse. Le plupart des personnes présentes à la réunion étaient pleinement convaincus que la coalition électorale construite par les travaillistes remporterait largement une majorité absolue à Westminster qui serait à terme fatale à l'existence même du Royaume-Uni, de la Couronne et de la démocratie britannique. Il fallait donc frapper avant les élections de 1921 qui approchaient à grand pas.

C'est dans cette logique qu'allait être mis sur pied le Plan Daffodil. L'objectif du Premier ministre sera de rapidement faire l'inventaire de ses soutiens au sein des diverses forces politiques et de sécurité ainsi que dans l'Empire afin d'avoir un bilan de ses forces et de pouvoir entamer la reprise en main des administrations défaillantes ou gangrenées par les socialistes. Il fallait en effet être sûr de son rapport de force avant de bouger, Scotland Yard estimait à un million et demi et en croissance le nombre de membres de l'Union des conseils d'anciens combattants dont un tiers environ était prêts au combat. Une force colossale qui faisait peser une menace immense sur le pays et ses institutions, d'autant qu'elle profitait de sympathies importantes dans l'armée, la marine et la police. Les dix millions de syndiqués revendiqués par le Trade Union Congress suffisaient aussi à eux seuls à mettre en péril le plan du gouvernement.

L'objectif de Churchill était en effet d'obtenir l'interdiction pure et simple du Labour party et des franges les plus radicales du TUC d'ici le printemps 1921 puis de lancer toutes ses forces dans la bataille afin de définitivement décapiter le péril rouge sur le long terme et mettant au pas le syndicalisme et en contrôlant fermement les futurs partis de gauche britanniques. La première étape pour Churchill était de reprendre en main le ministère de l'armée dirigé par un Bonar Law considéré comme peu fiable sans pour autant trop antagoniser l’aile anti-Traité du parti conservateur dirigé par le vieux bonhomme. Pour éviter toute trop grande polémique, Churchill a décidé de placer le respecté Field Marshal John Denton Pinkstone French à la tête du ministère à la place de Bonar Law à qui l'on a proposé de devenir Chancellor of the Exchequer à la place du libéral Hilton Young. Une proposition refusé par le loup de mer Tory qui quitte de fait le gouvernement.

La France en Europe :

Auguste Isaac a répondu favorablement à la participation de la France à la E.E. allemande. C'est une évidence pour l'industriel, il faut que la France ne s'isole pas économiquement. Certains dans le gouvernement assurent que grâce à l'Empire colonial français, la République pourrait se passer de cette organisation germano-centrée. Mais la majorité refuse de se risquer à une aventure solitaire, qui renforcerait encore plus les difficultés du peuple français. Ainsi Isaac, appuyant fortement sur le caractère pan-européen de la E.E., assure que la France trouvera sa place en son sein.

Mais quelle place pour la France en Europe au juste ? Le gouvernement de Russie, ancien allié, a été invité dans un tête à tête à Königsberg. La France quant à elle finit visiblement au même rang que la Belgique ou les Pays-Bas, voir la Suisse, voir pire encore les états semi-autonomes d'Europe orientale comme la Pologne : aucune individualisation du cas français. Ce constat blesse considérablement les esprits des sphères politiques, journalistiques et intellectuelles françaises. La République française, phare depuis plus d'un siècle d'idéaux de Liberté d'Egalité, de Fraternité et véritable moteur de la libéralisation politique européenne (du moins c'est ce que l'on croit à Paris) ne serait au final qu'un pays parmi les autres...

The Plan Montagu

Le très honorable Edwin Montagu, secrétaire d’État pour l'Inde est parvenu a un plan satisfaisant la plupart des parties à la suite d'une longue négociation avec le Congrès indien ainsi que la Ligue musulmane. Suite à un vote du Parlement, celui-ci sera rapidement appliqué au grand dam de Winston Churchill qui désespère de voir l'Empire petit à petit dépecé à cause des errements de son prédécesseur mais qui s'accroche cependant encore et toujours à l'idée d'aller de l'avant et de mettre le traumatisme de la Grande Guerre derrière le pays. Le Premier ministre est donc resté extrêmement discret sur ce dossier, laissant une totale discrétion à Montagu, un homme de confiance, pour gérer aussi bien en Inde qu'à Londres la bonne avancée de l'indépendance indienne.

Le Plan Montagu prévoit :
- L'acceptation pour le Royaume-Uni d'un principe de partition de l'Inde Britannique à négocier entre les acteurs locaux.
- L'accès du ou des États successeurs au statut de Dominion.
- La possibilité pour le ou les États successeurs de décider de leur constitution en tout souveraineté.

Bref, Montagu acte le départ en douceur des britanniques du sous-continent et passe la patate chaude du futur de la région à des organisations politiques aussi immatures que le Congrès ou la Ligue qui devront désormais se débrouiller.

Vereinigtes Baltisches Herzogtum

EUROPÄISCHES EISENBAHNUNTERNEHMEN:

C’est avec enthousiasme que Riga répond positivement à l’invitation de Berlin concernant le projet ferroviaire européen. Le Duché Balte Uni dispose pour l’instant d’un réseau de rails ancien et qui ne correspond pas aux normes du Reich en terme d’écartement des rails. Erwin Von Weber est envoyé à Berlin afin de représenter le duché dans les décisions concernant la Europäisches Eisenbahnunternehmen, notamment concernant la standardisation des rails qui semble indispensable à l’intégration du réseau de la Baltique au reste de l’Europe.

EUROPE
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Evènement

L'Espagne, le Danemark, la Finlande, la Lituanie, la Pologne, l'Ukraine, la Biélorussie, la Serbie, la Roumanie et la Bulgarie, répondant à l'appel de Berlin, adhèrent à la Europäisches Eisenbahnunternehmen.

Peu désireux de s'engager dans une organisation internationale excluant la présence de Londres, le Portugal, les Pays-Bas, la Norvège, la Suède et la Grèce, n'ont pas rejoint la EE.

En dehors du collimateur de la guerre et tenant à une neutralité, l'Irlande et la Suisse n'ont pas non plus décidé de rejoindre l'organisation.

MAROC
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Evènement

Alors que la révolte rifaine perdure après la fin de la guerre, le gouvernement espagnol se démène pour détacher des troupes à envoyer à Ceuta, dans l'optique de lancer une offensive pour récupérer Tétouan aux révoltés. Dans le même temps, des rumeurs font état de discussions entre Abdelkrim et les dirigeants de tribus rebelles des montagnes de la partie non-espagnole du Maroc. Le Sultan, inquiet face à la potentielle érosion de l'autorité de la monarchie chérifienne, a demandé formellement au Résident général d'Allemagne de faire en sorte d'assurer que le conflit ne sorte pas de la zone espagnole, ce qu'assurait l'armée française par le passé

Situation au Rif

PAYS-BAS
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Evènement

Les Pays-Bas, inquiets de l'aventurisme japonais notamment en Papouasie, prennent contact avec les autorités britanniques de Malaisie et américaines des Philippines afin de chercher leur soutien au cas où Tokyo s'en prendrait aux Indes Orientales Néerlandaises

ALBANIE
Brève
Evènement

Au nord de l'Albanie, une attaque contre un poste militaire italien a fait douze morts. Celle-ci est revendiquée par des partisans locaux opposés au protectorat de Rome sur la petite nation balkanique, et est le symptôme d'un mal plus profond, à savoir une certaine colère dans la population albanaise d'avoir été envahis puis annexés au cours d'une guerre où ils ne s'étaient pas impliqués.

FRANCE
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Evènement

Des émigrés catalans fondent "L'organisation pour la République Catalane" clandestinement en France, sans l'accord du gouvernement français. Des antennes existent dans tout le sud de la France et a Paris. L'OLC a un but clair : organiser de l'étranger la résistance au régime espagnol pour obtenir l'indépendance de la Catalogne.

Auguste Isaac dans la tourmente :

Cela fait maintenant 5 mois qu'Auguste Isaac, le conservateur proche des milieux industriels lyonnais issu de la Fédération Républicaine dirige le Conseil des Ministres, et donc la France. Son pouvoir est contesté de plus en plus ouvertement au vu de la situation économique du pays.

Flaminius Raiberti, Ministre de la Marine depuis janvier 1920

Le vieux moustachu et ses plus proches acolytes dînent en effet souvent de manière très festive, et un dîner en particulier, celui du 8 mai 1920 à Lyon, a défrayé la chronique. Dans les journaux rhodaniens comme nationaux, on décrit le luxe et le faste des plats qui ont été servis au Président du Conseil des Ministres accompagné de Flaminius Raiberti (Ministre de la Marine) et Louis Loucheur (Ministre de l'Intérieur). On leur aurait servi du coq au vin, de la daube de veau, des cailles, du confit, des pommes de terres à la graisse d'oie, bref un festin.

Les repas d'Isaac contrastent avec la pauvreté qui frappe la France. Abattue par la guerre, désarmée par l'Allemagne et enfoncée par les conséquences du Traité de Strasbourg, le pays est en crise. La production industrielle française est retombée, depuis l'hiver 18-19, aux niveau de 1885, notamment dans le domaine de la métallurgie. La consommation moyenne de viande annuelle a été divisée par 4 depuis 1910, et près de 50 000 français sont morts de faim ou de maladies depuis juillet 1918 et la capitulation de l'Armée française.

A cela s'ajoute bien évidemment les flux de réfugiés des départements qui ont vécu la guerre de plein fouet, et surtout ceux qui ont été annexés par le Reich allemand. Si la majorité des citoyens français qui avaient fui l'avancée de l'armée allemande sont retournés dans leur lieu d'origine, pour une bonne partie ce n'est pas le cas. L'hiver 18-19 a vu pas moins de 15-20% des propriétaires ruraux vendre leurs possessions, le plus souvent à bas prix à des acheteurs allemands ou français restés sur place. Par la suite ils ont tout simplement quitté les lieux. Le phénomène touche de manière particulièrement forte les Ardennes, qui ne compte quasiment pas de germanophones. Dans certains villages ardennais, près de 80% de la population a émigré depuis juillet 1918 vers la France et s'entasse désormais dans des bidonvilles autour de Paris ou Lyon.

Ainsi, les statistiques économiques publiées en mai 1920 montrent que près de 40% des français vivant en région parisienne vivent dans des conditions insalubres. Leurs habitations, détruites par les bombardements allemands en partie ou alors simplement construites à la va vite, ne sont pas saines.

Dans ce contexte terrible pour le peuple français, les dîners d'Isaac passent mal, très mal.

Ligue Révolutionnaire Syndicale

Le divorce est acté à la CGT entre les partisans de Jouhaux, réelu à la tête de la Confédération, et Monatte, partisan d'une ligne révolutionnaire.

A l'occasion du 1er mai 1920, Monatte et Broutchoux ont annoncé la fondation de la Ligue Révolutionnaire Syndicale à Amiens, et emmènent avec eux pas moins de 15% des adhérents de la CGT. La LRS rejette fermement la Charte d'Amiens, rejette toute forme de négociation avec le gouvernement, entérine la grève et les actions violentes comme moyens légitimes, et ne s'interdit pas de présenter de potentiels candidats aux futures législatives. Monatte en effet, juge que refuser de participer aux élections démocratiques nuit à la possibilité d'action de la LRS et à la diffusion de ses idées.