Re: V2022 - Topic officiel

par **Gosseau** Dim 22 Mai 2022 - 22:09

République hellénique
Ellinikí Dimokratía

Mitsotákis glisse son bulletin en bonne compagnie.

Le retour d'Icare

……..Le voisin asiatique a choisi son destin et balaie son parti présidentiel lors de ce scrutin. La Grèce est elle aussi doit faire un choix, les astres brillent intensément, plus encore le soleil, qui assomme cet été. Les Grecs sont fatigués : l’épidémie du coronavirus, la crise migratoire qu’Athènes doit gérer malgré elle avec un soutien européen insuffisant, puis la crise de la dette en 2011. Mitsotákis a fini sa campagne en martelant qu’avec l’économie assainie, l’avenir de la Grèce sera le meilleur et le retour au travail des gens. Les médias vont dans son sens et l’odeur de l’hégémonie de fer de Néa Dimokratía se fait sentir partout dans la société. Les communistes grecs se sont tiré une chevrotine dans le pied après une polémique homophobe de dernière minute, le soleil leur a trop frappé à la tête. De toute façon, personne ne les attendait au tournant ces vieux bourricots, par contre, toutes les caméras restent braqués sur Aléxis Tsípras, le principal opposant à la droite au pouvoir. Il n'a pas ménagé ses efforts alors que tout joue contre lui et a fait des déplacements dans tout le pays ou presque. Candidat de SYRIZA (Coalition de la gauche radicale – Alliance progressiste), portant sur ses bras les espoirs d’une jeunesse désœuvré face à la violence du pouvoir de Mitsotákis. Ses discours sont des remarquables satires de la droite grecque et de son pitbull de Premier ministre. Et faut croire que les efforts paient.

La carte des résultats des élections législatives de ce mois de juin 2023.

Le retour d’Icare comme le titre la presse, Aléxis Tsípras arrive en tête des élections législatives. Mitsotákis tombe de son trône et entraîne dans sa chute Néa Dimokratía qui subit un revers national malgré un pourcentage de voix total honorable. Le PASOK (l’autre grand parti historique du pays, toujours hait par beaucoup de Grecs depuis la crise de 2011) n’a pas convaincu non plus en faisant pas mieux qu’en 2019. Le KKE du communiste Koutsoumpas entame une descente aux enfers après la polémique homophobe qui a marqué les esprits et descend un peu en-dessous de 2%. À l’inverse, les choses vont bien pour MéRA25 (aussi connu sous le nom de Front de désobéissance réaliste européen), une autre force de gauche de l’échiquier politique grec qui a doublé son score par rapport au dernier scrutin avec 6% des suffrages. Deux nouvelles entrées dans ce champ avec l’apparition de Plefsi Eleftherias (Cap sur la liberté) au parlement, dirigée aussi par une ancienne de SYRIZA, Zoé Konstantopoúlou qui obtient 3,2% avec son parti ancré comme socialiste. Tandis qu’à l’extrême-gauche, ANTARSYA (jeu de mot signifiant « mutinerie » mais concrètement veut dire : Coopération anticapitaliste de gauche pour le renversement) surprend et obtient 2 députés. Qui aurait cru voir des trotskistes ici ? Tout ça a de quoi largement titiller le PASOK, tétanisé face à l’atomisation de la scène politique nationale. En toute logique, l’affaissement de la droite sortante renforce l’extrême-droite Ellinikí Lýsi (Solution grecque) qui envoie un signal fort aussi en se hissant devant les communistes et autres partis mineurs de gauche avec 5,8%.

Il est de retour.

La joie collective au siège du parti après cette victoire inespérée reste de courte durée : SYRIZA n’a pas obtenu la majorité absolue au Voulí (chambre unicamérale), comme en 2015. Le flamboyant dirigeant de la gauche grecque se remet au travail pour s’adapter à la situation. Peu importe la façon de voir les choses, il n’y a qu’une solution : conclure à nouveau un accord avec une autre formation politique pour former une coalition. La précédente expérience gouvernementale de Tsípras le convainc d’aller cette fois-ci sur sa gauche pour retrouver un ancien allié, la formation de Yanis Varoufakis, MéRA25. Lui et Aléxis Tsípras se sont retrouvés lors d’une réunion privée à Athènes le lendemain des résultats. Varoufakis n’a pas oublié ce que lui a fait Aléxis, le lâchant en 2015 à cause des pressions de la Troïka. Logiquement, après avoir mis de côté, il a décidé de tracer son propre chemin politique en quittant SYRIZA en 2015 et monte son propre mouvement en 2018. Mais le contexte politique n’est plus le même aujourd’hui et les rancœurs du passé sont mises entre parenthèses pour laisser place à des longues heures d’échanges productives. Au bout desquelles les deux hommes se sont mis d’accord pour que MéRA25 soutienne la majorité de SYRIZA et participera au nouveau gouvernement au sein donc d’une coalition. Deux jours plus tard, Aléxis Tsípras est élu pour la seconde fois de sa vie Premier ministre de la République Hellénique et annoncera son gouvernement prochainement.

par **Gosseau** Dim 22 Mai 2022 - 22:20

République hellénique
Ellinikí Dimokratía

Varoufakis, l'homme qu'on attendait plus.

And I also say to you that you are Petros, and on this rock I will build My church

……..L’annonce du nouveau cabinet de Tsípras ne s'est pas fait attendre, il fallait prendre les devants avant que les médias ne s'impatientent. La plupart des membres du troisième gouvernement Tsípras ne furent guère compliqués à choisir dans les rangs du SYRIZA, mais il restait la question très épineuse de la place de Yanis Varoufakis à celui-ci. Il y tient et Yanis ne veut pas être traiter comme un vulgaire toy boy. Non. Il a donc négocier avec Tsípras pour obtenir le poste au combien important de Ministre des Affaires étrangères et de vice-Premier ministre. C’est ce qu’il vaut, les années de vie passées aux Etats-Unis et son influence intellectuel dans les milieux leftists lui ont assurément fait gonfler l’ego. Son mouvement politique le Front de désobéissance réaliste européen ou MéRA25 arrache une solide participation au gouvernement avec des postes clé dans leurs mains (l’environnement, les réformes administratives, l’immigration…). Zoé Konstantopoúlou rejoint aussi l’aventure et obtient le ministère de la Justice. Au moins, le gouvernement Tsípras III possède une cohérence idéologique inédite, et jamais autant de femmes n’ont fait partie d’un cabinet grec de l’histoire. Une autre nouveauté, l’apparition d’un ministère de l’industrie et d’un ministre-député (qui répond directement au Premier ministre et au nouveau porte-feuille de l’industrie) de l’industrie de la défense.

Vice-Premier ministre, Ministre des Affaires étrangères : Yanis Varoufakis - MéRA25
Ministre de l'Économie et du Développement : Nikos Kotzias - SYRIZA
Ministre de l'Intérieur : Rena Dourou - SYRIZA
Ministre de la Politique numérique, des Télécommunications et de l'Information : Fotini Bakadima - MéRA25
Ministre de la Défense nationale : Geórgios Katroúgalos - SYRYZA
Ministre de l’Industrie : Ioánnis Dragasákis - SYRIZA
Ministre-député de l’Industrie de la défense : Nikos Pappas - SYRIZA
Ministre de l'Éducation, de la Recherche et des Religions : Kóstas Gavróglou - SYRIZA
Ministre du Travail, de la Sécurité sociale et de la Solidarité sociale : Mariliza Xenogiannakopoulou - SYRIZA
Ministre des Affaires étrangères : Geórgios Katroúgalos - SYRIZA
Ministre de la Protection du citoyen : Ólga Yerovassíli - SYRIZA
Ministre de la Justice, de la Transparence et des Droits de l'homme : Zoé Konstantopoúlou - PE
Ministre des Finances : Euclide Tsakalotos- SYRIZA
Ministre de la Santé : Ioannis Mouzalas - Indépendant
Ministre des Réformes administratives : Maria Apatzidi - MéRA25
Ministre de la Culture et des Sports : Myrsíni Zorbá - SYRIZA
Ministre de l'Environnement et de l'Énergie : Kriton Arsenis - MéRA25
Ministre des Infrastructures et des Transports : Giorgos Logiadis - MéRA25
Ministre de la Politique d'immigration : Sofia Sakorafa - MéRA25
Ministre de la Marine et de la Politique insulaire : Panayótis Kouroumblís - SYRIZA
Ministre du Développement rural et de l'Alimentation : Stávros Arachovítis - SYRIZA
Ministre du Tourisme : Elena Kountoura - SYRIZA

Le bouillonnant Varoufakis n’a pas attendu très longtemps non plus pour prendre les devants pour dissiper les nombreux doutes autour de la ligne diplomatique qu’il veut défendre. Son premier geste est de proposer à Nicosie de céder les 36 Mirage 2000 EG/BG grecs à Chypre qui ne possède pas d’aviation de combat en service. Athènes remplaçant ces appareils avec ceux en cours de transferts depuis les EAU n’en a maintenant plus grande utilité, mais l’aval de Paris reste nécessaire pour accomplir l'opération. Ce qui n’inquiète pas les autorités grecques qui comptent sur les liens tissés par les deux alliés depuis des années.

Un Mirage 2000 grec, bientôt entre les mains de Nicosie ?

De plus, Varoufakis propose de venir à Nicosie avec Tsípras pour rencontrer leurs homologues cypriotes. Maître qu’il est pour capter l’attention, le Ministre des Affaires étrangères grec déclare que Chypre « devrait rejoindre l’Organisation de l’Atlantique Nord : la menace russe subsiste à Tartous, le Liban inquiète toute la région et la Syrie enfonce le clou d’un climat dangereux en Méditerranée orientale. La guerre d’Ukraine est la preuve que la politique d’élargissement de l’OTAN doit continuer et inclure Chypre ». Varoufakis espère après cette annonce pouvoir discuter en profondeur de cette possibilité avec l’ami chypriote.