[V1919] Topic officiel

Asie mineure
Brève
Evènement

Les nombreux conflits en Asie mineure ont de lourdes conséquences sur les populations civiles, premières victimes de ces incessants combats, échanges de populations et déportations. Dans le cadre des politiques de déportations et de massacres conduites par la Grèce et la Turquie, ce ne sont pas moins de 500'000 Turcs, 150’000 Grecs, 20'000 Arméniens et 8'000 Juifs qui ont été tués lors des lynchages ou qui ont péri lors des marches de la mort en l’espace d’un an, soit presque un dixième de la population de la région – sans compter les centaines de milliers voire millions de victimes des génocides arméniens, assyriens et grecs pendant la Grande Guerre.

Outre ces massacres, les échanges de populations, ou surtout les déportations massives, ont un effet considérable sur la démographie régionale. Jusqu’alors, les anciennes régions turques de la mer Egée et de Marmara comptaient 2,775 millions de turcs : après 400'000 morts et 1,3 millions de déportés, ils ne sont désormais plus qu’un million. Quant au littoral de la mer Noire, les quelques 100'000 morts et 700'000 déportés réduisent la population turque à 1,3 million de personnes au lieu de près de 2,1 millions avant-guerre. Les quelques 2 millions de turcs déportés sont désormais réfugiés dans les territoires occupés par la Turquie, lesquels, jusqu’alors peuplés de près de 3,5 millions d’habitants, passent ainsi à plus de 5,5 millions d’habitants, dont une minorité grecque de plus en plus réduite : de 240'000 habitants environ, celle-ci a drastiquement été réduite aux alentours de 40’000 habitants, entre environ 50'000 grecs de la région d’Ankara rapatriés en Grèce, et le reste de massacrés.

Ces déplacements massifs de réfugiés turcs sur les territoires encore contrôlés par Kemal et ses troupes n’est pas provoquer une grande famine, les terres concernées étant relativement peu propices à l’agriculture et qu’elles doivent désormais nourrir une population quasi-doublée en l’espace de quelques mois, un an tout au plus. Dans de nombreuses régions, des cas d’anthropophagie sur des cadavres ont été relevés par les autorités, une famine dont les dégâts pourraient être considérables sur la population turque.

Début de la guerre des chefs

Alors que la famine frappe et comme si cela ne suffisait pas, la Russie soviétique semble apercevoir le commencement de la guerre des chefs anticipé par l'affaiblissement de Lénine. Staline, militant bolchévique historique qui s'est taillé une place importante au sein de l'appareil bureaucratique du Parti bolchévique au fil de la guerre civile demande relativement ostensiblement depuis quelques temps la place de président du secrétariat du Parti, pour le moment occupé par un de ses hommes depuis mars, Viacheslav Molotov. L'offensive est bien comprise de ses adversaires et la contre-attaque ne se fait pas attendre. La presse publiée par l'Opposition ouvrière et ses réseaux dans les syndicats publie opportunément des informations compromettantes sur le géorgien. Commissaire politique sur le front polonais, celui-ci aurait une responsabilité particulièrement difficile à assumer dans l'échec de l'offensive de l'été 1920 sur Lwow, que Yegorov aura réussi à enlever aisément, sans lui, un an plus tard. Staline aurait envoyé en chaire à canon des milliers de braves conscrits russes à l’abattoir pour sa gloire personnelle. Sans même parvenir à ses fins malgré ces sacrifices.  La nouvelle fait grand bruit dans les milieux ouvriers de Petrograd et Moscou. Les leaders de l'Opposition ouvrière s'appuient sur la nouvelle pour organiser un mécontentement plus large, les manifestations anti-guerre étant interdites, autour de la gestion de sanguinaire de l'ambitieux bolchévique. Au plus haut du Parti, il parait évidemment que les ficelles sont tirées de plus haut, comment en effet les cadres de l'Opposition ouvrière qui n'ont pas vu un kilomètre de ligne de front depuis le début de la guerre civile auraient ils pu savoir tout ça.

Dans tous les cas, l'incendie est allumé et le Comité Central se retrouve fort embarrassé, après avoir validé le droit à l'expression de l'Opposition ouvrière lors du Xème Congrès du Parti, comment pourrait on les réprimer désormais alors qu'ils utilisent justement ce même droit qui leur a été accordé. Peu habitué aux remous interne, la gestion est précaire et l'on se promet qu'on essayera de régler ce problème de liberté d'expression interne aussi vite que possible. En attendant, l'impopularité de Staline grandit dans les milieux conscientisés des grandes villes ouvrières russes et dans ce contexte, il est demandé à Staline de se faire petit et de renoncer temporairement à ses prétentions sur le Secrétariat. Plusieurs entretiens apparemment très vifs entre Lénine et Staline dont le contenu n'a pas fuité ont eu lieu et font courir une rumeur sur une possible mésentente entre les deux hommes.

Le bordergore des états allemands est immonde, et surtout, le redécoupage permettra de redistribuer les cartes et de caser les amis de Göring à des fonctions de pouvoir au dépens des Junkers à l'est et des Rhénans à l'ouest. Il ne s'agit pas d'une centralisation mais au contraire d'une décentralisation sauvage: les administrateurs, nommées par Göring personnellement, auront carte blanche et pourront se comporter en tyran locaux. Tant qu’ils sont loyaux, le Dickführer en a rien à foutre de leur abus, puisqu'ils sont responsable devant personne.

Spoiler:

Les noms, concoctée en 2h après une injection de morphine tranquillisante, sont bien peu imaginatif et se résument en "nom du chef lieu"gebeit , Hamburggebeit ou Münchengebeit par exemple. Elles sont au nombre de 26 et le découpage est justifié par des région d'influence urbaines et économiques. (sauf en le long du Rhin pour des raisons évidentes d’occupation françaises)
Si cela permet de liquider avec aisance le pouvoir politique des Junkers, réduit à leurs propriétés foncières, cela force les Rhénans à un choix: soit ils se rangent et acceptent d’être démis, puisque l'Allemagne est sensé contrôler nominalement l’État de Rhénanie, soit ils refusent et entrent ouvertement en sédition, ce qui permettrait de mettre au clair leur intentions.

Affaires Rhénanes

Dans le Rhin, l'arrivée du nouveau gouvernement français vient chambouler les choses. Isaac est en effet bien déterminé à renverser la dynamique volkiste dans le Rhin, sachant très bien à quel point les bourgeois et autres politiciens du Freistaat se sont montrés hermétiques aux projets de Göring. La France a en effet strictement condamné la réforme territoriale de Berlin. Considérant que le démantèlement du Freistaat Rheinland venait contredire les dispositions du plan Millerand encore en vigueur, la France, par la voix de son président Clemenceau, a annoncé que "la République prendra toutes les mesures à sa disposition pour faire respecter l'unité de l'Etat libre de Rhénanie si jamais l'Allemagne venait à la violer".

De plus, à Mayence, chef-lieu de la zone d'occupation française, la Rheinische Volksvereinigung de Hans Adam Dorten et la Rheinischen Unabhängigkeitsbund de Josef Friedrich Matthes ont proclamé leur réunion au sein du Vereinigte Rheinische Bewegung, ou Mouvement Rhénan Uni, qui réclame l'indépendance du Freistaat Rheinland en tant que république sous protection française. Celui-ci organise bien rapidement des manifestations contre le gouvernement, s'imposant ainsi comme le seul parti d'opposition du pays et ralliant un peu tous les opposants au volkisme (ex-Zentrum conscients de l'horreur qu'ils ont créé, démocrates, libéraux, sociaux-démocrates). Si effectivement le MRU est illégal dans la dictature monopartisane de l'ancien aviateur, dans les faits la Police Militaire du Rhin est bien plus que complaisante à leur égard, allant même jusqu'à agir comme leur service d'ordre contre les éventuelles milices volkistes, ou comme tampon entre les manifestants et les éventuelles oppositions des forces d'occupation britanniques et américaines.

Roumanie
Brève
Evènement

La Bulgarie accepte l'idée d'un sommet pour la paix avec la Roumanie et son premier ministre se rendra à Constanța dès que cela sera possibel.

Iran
Brève
Evènement

L'ambitieux général iranien Reza Khan a mené avec l'appui des dernières unités d'élites de l'armée iranienne fidèles au Shah un coup d'état à Ispahan visant à mettre au fin au gouvernement actuel considéré comme faible et inefficace contre la menace communiste. Les soldats perses mettent aux arrêts les ministres et une grande partie de la classe politique conservatrice constituée de grands propriétaires terriens, remplacés par une clique de modernisateurs et de jeunes officiers. Reza Khan qui obtient le portefeuille de ministre de la guerre est considéré par la plupart des observateurs comme le nouvel homme fort d'Iran alors que le Shah a été incapable de réagir et le nouveau premier ministre, Hassan Mostofi, étant perçu comme un homme de paille. Reza Khan appel à bouter les communistes et leurs alliés hors d'Iran avant de moderniser à marche forcée le pays.

Situation iranienne

L'Iran se stabilise et cette situation profite de plus en plus au Parti communiste Iranien qui parvient petit à petit à renforcer son influencer sur le pays. Téhéran est particulier devient un véritable bastion au point que le PCI s'amuse désormais à tenir hebdomadairement des défilés et manifestations ou autres évènements visant à montrer ostensiblement sa puissance. Cet état de fait inquiète le chef du gouvernement révolutionnaire, Mirza Koutchak Khan, qui n'est pas communiste, et qui s'inquiète de la perte d'influence des forces non-communistes qui avaient rejoint la révolution, dont il est le principal représentant. Plusieurs évènements ont émaillé les relations entre Mirza et les communistes dont un en particulier qui a rendu la situation particulièrement difficile pour le chef de gouvernement. Un défilé communiste qui s'était approché un peu trop de son ministère a provoqué une panique intense chez l'homme qui s'est enfui sans réfléchir dans les montagnes au nord de Téhéran, croyant à un coup d'état. Revenu quelques jours plus tard la queue entre les jambes alors que rien ne s'était passé, l'évènement avait eu le temps de faire le tour des milieux de pouvoir de Téhéran et de finir de décrédibiliser l'homme. Malgré tout, rien n'a fuité en dehors, permettant au premier ministre de conserver, pour le moment, sa grande popularité qui lui avait ouvert les voie du poste qu'il occupe actuellement. Mirza reste pour le moment coincé et faiblit de jour en jour.

La montée en puissance du PCI n'est pas non plus une si bonne nouvelle en Russie. Le leadership du parti, très radical, est en rupture avec sa base, très urbaine évidemment, mais aussi rural, basé sur des réseaux tribaux complexes. Il fallu toute l'intelligence d'Ordjonikidze et de Zinoviev pour mettre progressivement de côté les plus grands partisans de la collectivisation à marche forcée et de l'affrontement violent avec les institutions religieuses et pour mettre en orbite des individualités plus raisonnables. Une politique agricole plus ou moins calquée sur la NEP va être imposée par Moscou afin de sortir l'agriculture iranienne du marasme et de l'instabilité qui la caractérise depuis le début de la révolution qui à vu redistribution hasardeuses de terres et collectivisation sauvage mises en place par des militants sans gestion centralisée et planifiée depuis la capitale. Autre point innovant, la mise en place d'un Comité des musulmans socialistes à Téhéran, appuyé sur les travaux sur le sujet déjà faits en Russie dans les régions musulmanes du pays, afin de développer un corpus idéologique liant islam et socialisme et de cadrer les projets de révolution au Moyen Orient portés par l'Internationale.

Husain, étudiant à la faculté de droit de Bagdad, regrette amèrement la situation en Iran. Suite au conflit ayant secoué l’ancienne Perse, le jeune irakien a dû annuler son voyage au sein du Raj Britannique. Véritable polyglotte, Husain maîtrise plusieurs langues européennes, et a pu en 1919 voyager à Berlin. Ce séjour en Allemagne, l’apprenti juriste en a profité pour ramener d’Europe bon nombres d’ouvrages portant sur le marxisme et la révolution du prolétariat.  Le jeune homme de vingt et an est convaincu que c’est la solution à tous les problèmes de la société irakienne. Husain discute de ces sujets avec une dizaine de copains de faculté. Ces derniers envisagent d’ouvrir un journal, dans lequel les thématiques autour de la révolution marxiste seraient abordées. Mais pour Husain, sa vie a pris un tournant le jour où le Roi Faisal a visité l’Université de Bagdad.

Alors que le peuple irakien s’était soulevé en 1920 face aux britanniques, au cours d’un enseignement d’histoire de la Common Law, Husain s’est fait remarquer par son professeur sur ses capacités linguistiques. Un anglais parfait, marqué par un léger accent notamment sur la prononciation des « r » se fait toutefois entendre, l’a distingué de ses pairs. Intrigué, l’enseignant s’est penché sur cet étudiant, maîtrisant aussi l’Allemand, le Français et disposant de quelques bases en Russe.

Ce sont ces qualités qui ont entraînés une rencontre aussi inattendue qu’inespérée. En visite officielle, sa majesté le Roi Faisal a entendu parler de cet étudiant juriste, au profil multi-linguiste et aux idées aussi bien connu par son entourage que par le corps enseignant. Seulement, aucune prise de contact n’a eu lieu au sein de l’université. Leur première rencontre a été pour le moins la surprenante et effrayante pour Husain.

Alors qu’il quittait la mosquée d’Haidarkhanah, Husain fut enlevé par un groupe trois hommes, ces derniers profitant que le juriste soit dans une rue peu fréquentée afin d’effectuer ce rapt. Les yeux bandés et bâillonnées, Husain fut transporté dans un lieu inconnu à sa connaissance. Sur place, les hommes lui retirent bandage et bâillon, avant même que celui-ci eut le temps d’hurler, un homme prit la parole :
« Vous m’excuserez pour cette frayeur et cette méthode criminelle, mais à l’issue de cette entrevue, vous comprendrez que les enjeux dépassent largement toutes règles de bienséance. » Cet homme, ce n’était personne que le Roi en personne. Sa majesté, étant de dos à Husain, s’avança de sorte à se tenir devant lui et reprit en lui regardant droit dans les yeux. « Husain al-Rahhal ? » Ce à quoi le juriste, médusé par la situation, ne lui répondit que par un hochement de tête dans un premier temps, avant de rétorquer « O-oui, fils de Muhammad et Rania Rahhal ».
Le Roi Faisal regarda de haut en bas le jeune homme, complètement sous le choc et tremblotant face à la situation. Le hachémite laissa un lourd silence peser dans la pièce avant de reprendre. «  J’ai entendu dire que vous maîtrisiez bon nombre de langues européennes, qu’en est-il ? » Etonné Husain plissa ses yeux, stupéfait quant à cette question, puis il répondit « Oui, l’anglais, l’allemand, le français, un peu de russe. » Faisal sourit et posa sa main gauche sur les cheveux bruns et bouclés du jeune juriste, de sa main droite il sortit un papier de la poche de son manteau et le tendit à Husain. « A partir de maintenant tu t’appelles Ali Husain, une caravane de pèlerins chiites quitte Bagdad demain pour la mosquée Shah-Abdol-Azim. » Husain n’en revenait pas, sans avoir le temps de répondre le Roi poursuivi « Tu pars pour Téhéran, et sur place tu vas entrer en contact avec les représentants de la Russie bolchévique, et je veux que tu leur fasse passer de ma part ces messages. »

Les politiciens rhénans ont refusé l'ultimatum. Ils sont donc en sédition ouverte, et beaucoup sont d’ailleurs prêts à franchir le pas et à déclarer l’indépendance, sous le giron français évidemment. Il est inutile de présider que les relations entre les deux rives du Rhin seront alors glaciales.
Pour faire face à cette déconfiture, il ne reste plus qu'a enfumer la population allemande, des deux rives du Rhin et au delà, les anglais et les américains aussi. Pour cela, Göring a trouvé son homme: un écrivain raté boiteux, antisémite salé, nommé Goebbels, maintenant ministre de l’information.
Le ramassis de torchons d’extrême droite est très réactif, et Goebbels donne maintenant une direction claire aux journaux sous son contrôle. Le seum allant dans tous les sens à propos de l'occupation à base de troupes coloniales, à base de la PMR, de la République de Weimar, du Zentrum, du SPD, d'USPD, de IIe Reich et de vielle garde de la Reichwehr, ainsi que des juifs (dont certains sont allée jusqu’à faire une étude en voulant prouver qu'ils auraient moins participé à la guerre de 14-18 que le reste des allemands, ce qui s'est avéré contredit par les statistiques) est orienté dans un gigantesque complot judéo-franco-républicano-rhénano-adenauero-hindenburgo-weimarien par le boiteux.
Le ministère de l’information est donc prêt pour une guerre de propagande de masse, avec ses gros meetings, ses émissions radiodiffusé et du matraquage médiatique. L'objectif est de lobotomiser les Allemands (en ressortant la dégaine de l’Allemagne victime par exemple), faire détester l’État Rhénan à la population rhénane (en accusant tout les dirigeant de juifs par exemple), faire en sorte que les "volkdeutsche" partout en Europe soient des véritables 5eme colonnes ou immigrent dans le Reich et non en Rhénanie (en encourageant le communautarisme et les marqueurs identitaires comme la langue ou les pratiques culturelles), et aussi acquérir anglais et américains à la cause allemande (le classique argument de la balance des puissances et le racisme anti troupes coloniales devrait faire mouche).
Enfin, pet projet de Goebbels, soutenu par Göring y trouvant aussi son compte, l’humiliation et la mort sociale pour les ésotériques toujours plus ou moins là, dans des organisations non politiques (médecine, agriculture). En effet Goebbels trouve ridicule les idées fantasques de Rosenberg et ses pairs, et prend un malin plaisir à les humilier publiquement et à provoquer l'exclusion de ces cassos. Le meilleur étant de les laisser faire, puis de monter comment le retour de la réalité leur retombe dessus: la médecine anthroposophique à base de corps astral, ça ne marche pas. Les témoignages d'agronomes se foutant de la gueule des procédés biodynamique de Steiner ça fait aussi son effet, la simple lecture des théories ariosophes (à propos d’hommes de glaces hyperboréen) est aussi très marrante.

Politique culturelle

La transformation de la culture d’outil de légitimité bourgeoise à concept offert aux masses est une des priorité de tout gouvernement révolutionnaire. Des Unions regroupant les artistes spécialisés dans un art en particulier et regroupant les sociétés artistiques de l’époque tsariste, qui mettaient généralement en contact les artistes d’une ville ou d’une région, vont être mises en place progressivement. Chacun de ces Unions sera divisée en deux pôles principaux, l’un dédié à l’agit-prop et la propagande révolutionnaire, d’avantage contrôlé par le Parti. L’autre qui aura pour seul objectif le développement de la discipline et de courants d’avant-garde, ou pas, et qui jouira d’une certaine autonomie sous la direction des artistes eux mêmes. Des grands noms issus justement de la pointe de leurs disciplines prendront la tête de celles-ci, ce sera par exemple le cas de Kandinski dans le domaine de la peinture qui prendra la direction de l’Union des artistes peintres en plus de sa fonction de directeur de l’Institut de culture artistique de Moscou. Segueï Prokofiev que Lénine a réussi, au terme d’une correspondance houleuse, à convaincre de revenir en Russie en échange d’une promesse de grande liberté, prendra la tête de l’Union des musiciens. Gorki s’occupera quand à lui de l’Union des écrivains. Lénine, qui change ostensiblement depuis la fin de la guerre civile et l’apparition de ses premiers symptômes graves et qui s’inquiète de son héritage et de celui de sa révolution, impressionné par la qualité de la création artistique au service de la révolution durant la guerre civile a insisté pour éviter la mise sous coupe réglée de ce secteur particulier par le Parti. Il reçoit depuis quelques temps très régulièrement des artistes de toute la Russie dans sa datcha de Leninskie Gorki.

Se mettra en place une politique volontaire d’ouverture de la pratique culturelle aux jeunes soviétiques par le biais d’un contrôle des prix sur les biens en lien avec cette industrie. Les grands classiques, musicaux, littéraires, ou autres, au même titre que les instruments de musique, les crayons et cahiers devront être le plus abordables possibles, au même titre que les cours artistiques. C’est une grande révolution qui doit se faire dans ce secteur aux cris des inépuisables mots d’ordres inventés par le Parti pour offrir à la jeunesse les clés de son émancipation. L’investissement dans des secteurs culturels de pointe, en particulier le cinéma, est d’ors et déjà acté. Le théâtreux Sergueï Eisenstein qui a combattu dans l’Armée rouge dès 1917 et qui se fait remarquer pour son utilisation de techniques cinématographiques dans la mise en scène de ses pièces est choisi pour mener le nouveau Congrès pan-Russe pour la développement de l’industrie cinématographique. Il pourra bénéficier d’appuis politiques et financiers de premier plan dans sa tâche de construction d’une activité cinématographique de pointe au pays des soviets.

Affaires Rhénanes

Dans le Rhin, la France est tout aussi active que l'Allemagne, et utilise exactement les mêmes armes que Goebbels, réutilisant les compétences en propagande acquises au cours de 4 ans de guerre totale. Le Mouvement Rhénan Uni, avec la bénédiction de la France, organise ainsi des rassemblements de masse à travers la Rhénanie, et organise la distribution de masse de presse antivolkiste, échappant à la censure par le biais d'imprimeurs sarrois. Dans ces discours et tribunes, un ennemi est tout aussi désigné : le prussien, caricaturé sous la forme d'un énorme junker ou d'un militaire. Celui-ci est accusé de tous les maux : la crise économique, les morts de la Ruhr, l'organisation de masse du chômage en Rhénanie au profit de la Prusse, la mise en oeuvre d'un complot visant à asservir l'Allemagne puis l'Europe, tant de choses dont le Prussien, contrairement au Juif, est réellement coupable.

Si le gouvernement Göring a l'avantage de n'avoir pas à contourner la distribution de presse, les Rhénans ont un atout de poids : la Police Militaire du Rhin. En effet, celle-ci, sous couvert de maintien de l'ordre public, prend un malin plaisir à disperser au plus vite tout rassemblement volkiste, à protéger ceux du MRU, et à fermer inopinément les yeux sur la violence de rue des militants rhénanistes quand elle touche des partisans de Göring.

En France également, on commence à se passionner pour la cause rhénane. À gauche, sous l'impulsion du résolument antivolkiste Léon Blum, un discours émerge qui veut que les Rhénans se battent contre la forme la plus crasse du capitalisme. À droite, la Ligue Binet-Valmer et ses anciens combattants dont les rangs grossissent encore et encore organise des défilés patriotiques anti-allemands, faisant flotter au milieu des drapeaux français des drapeaux rhénans. Il ne fait désormais nulle doute que toute issue défavorable à la France dans les troubles rhénans entraînera la chute du gouvernement Isaac, qui ne peut que soutenir encore et toujours le MRU dans l'espoir de se présenter en vainqueur à l'assemblée nationale lorsqu'il faudra faire les comptes.

Affaires Culturelles

C'est la folie dans les cinémas français. Partout l'on se presse pour assister au Monstre des Catacombes, premier succès commercial majeur d'Ermolieff-Cinéma. Ce studio a la particularité d'avoir été mis sur pieds par des émigrés russes, à la tête desquels Joseph Ermolieff et Alexandre Kamenka. Ceux-ci, à l'origine installés en Crimée, ont fui en France pour échapper à la nationalisation de l'industrie cinématographique.

Le Monstre des Catacombes, donc, est l'oeuvre d'un des réalisateurs phares d'Ermolieff, Victor Tourjansky, assisté en cela par la jeune étoile montante Yakov Protazanov, co-réalisateur surprise. En effet, alors que, pour continuer à vivre en tant que studio indépendant, Ermolieff souhaitait continuer à tourner des films réalistes à petit budget, Protazanov a réussi à le convaincre de tenter une aventure fantastique et novatrice, sortant de derrière les fagots un conseiller fauché mais incroyablement talentueux en la personne de Georges Méliès.

Le film raconte l'aventure d'une bande de gamins des rues parisiens qui, s'aventurant dans les catacombes de Paris, tombent dans une grotte tropicale où vivent des petits hommes appelés affectueusement les Catacomiques par les personnages. De raccourci en détour, ils se retrouvent à défendre le village de leurs amis contre un Spinosaurus yusufii. Le tout, d'inspiration vernienne, utilise des techniques d'avant-garde, développées par Méliès au fil des ans, pour un résultat incroyable (pour l'époque ofc, c'est pas Jurassic Park le bail).

Le résultat est tellement probant, et rentable, qu'Ermolieff a décidé de scinder sa production en deux axes : des films "normaux" réalisés par Tourjansky, et des films féériques frôlant avec la science-fiction par le duo Protazanov-Méliès. Si Méliès a par le passé réalisé un film sur l'affaire Dreyfus, les évocations politiques directes ne seront pas à l'ordre du jour, au risque de heurter l'ambiance au sein du studio entre les Russes réellement blancs et ceux qui ont juste suivi le studio sans être farouchement opposés à Lénine. La seule chose sûre est que Protazanov comme d'autres de ses collègues entretiennent une correspondance avec Eisenstein, et cette connexion russe risque fort bien d'être un jour apprise dans toutes les écoles de cinéma.

Pendant que Goebbels enflamme la radio en allemand, le 2eme volet de la liquidation des Junkers se met en place. Déjà réduits à leurs propriétés foncières, il ne reste plus qu'a détruire leur agriculture en la remplaçant par une nouvelle, subordonné aux entreprises pro-göring. Ainsi les terres sont ouvertes à l’achat de force (avec l’utilisation abusive du droit de préemption), et la filiale agro-alimentaire d'IG Farben est prête pour s’étendre agressivement dans le secteur terrien. Une autre élimination politique escomptée est celle des paysans et agrarien, le sac à patate particulariste de Marx sera tué dans l’œuf par sa marginalisation la plus totale, et sa mutation vers un secteur productif standardisé comme les autres, subordonné à l’industrie et au commerce. Les Ésotériques déjà massacrés par la parole de Goebbels prendront aussi un nouveau coup sur leur mystique blod und bodem.
La filiale, nommée Deutsche Nahrung, est dirigé par un conseil d'administration mi experts mi laquais, à l'objectif du profit. C'est une société anonyme ou les actions sont partagé par des gros oligarches. Une agriculture capitaliste, productive, technicienne intégrée au marché, et subordonné à l'agroalimentaire et la distribution de masse est l'objectif de cette entreprise. Les manières de marger sont diverses.
Bien sur, pour noyer le marché et pousser à la ruine les Junkers, et en plus désengorger les campagnes elles aussi en surnombre et sous productives, il faut aussi baisser les prix des aliments. La chimie d'IG Farben vient à la rescousse, avec la réutilisation de matière peu chère, type gras pour la margarine, ou les rebuts de viandes pour les saucisses. A vrai dire Göring n'invente rien, puisque par exemple les petits artisans boulangers du 19e coupaient leur farine avec du plâtre. En réalité les produits industrielles standardisés, plus nutritifs car avec des additifs alimentaires type vitamines et en plus moins cher sont en tout pont supérieur à l’alimentation archaïque, qui doit disparaitre d’ici. Des aplications non alimentaires sont envisagés, principalement du carburant de synthèse à partir de la biomasse.
La systématisation de la conservation est aussi prévue: moins de pourriture, moins de perte, plus d'argent. Les boites de conserves sont utilisés, la précuisson rapide et les produits transformés aussi.
La centralisation de la distribution dans de grand magasins permet aussi d'aider à faire plus de profit: déjà car cela permet d'avoir des chambre froide par exemple, de simplifier les circuits logistiques, et surtout de faire disparaitre la masse petite commerçante et artisane qui ferait mieux de trouver un emplois dans les cartels göringiens. De même, les silos, et le transport en gros (par chemin de fer par exemple) permet de réduire les couts, surtout si ce transport se fait dans des boites de tailles standardisé et facile à déplacer.
D’ailleurs les CA n'ont rien à foutre des vielles pratiques culturales traditionnelles. L'homme doit conquérir sur la nature son droit à la subsistance, et les capitalistes eux le droit de se faire des grosses liasses de Reichmarks en passant. L'utilisation très demandeuse de capitaux, pour l'irrigation, la sélection des cultivars, la mécanisation (en concertation avec le conglomérat automobile pour les machines agricoles), les pesticides et les engrais d'IG Farben doivent forcer les champs a produire plus pour gagner plus.
Une conséquence de cette augmentation quantitative et qualitative de la production, sera la fin du déficits de denrées comblées par l’importation.

Situation économique

Comme prévu, la sécheresse historique de 1921 a réduit à peau de chagrin les récoltes estivales. Des campagnes, premières touchées, la famine s’est déplacée vers les villes. En fait, c’est Moscou qui est la plus touchée par la disette. Petrograd est préservée grâce aux cargaisons de grains importées par la mer Baltique. Pour les mêmes raisons, l’Ukraine et la Biélorussie s’en sortent relativement bien face à la crise. Le deuxième grave problème, en plus de la quantité très limité de nourriture produite, réside dans la désorganisation des infrastructures de transports. Ainsi même dans les régions épargnés par la sécheresse et qui ont pu produire des quantités très intéressantes de grains grâce à une productivité boostée par la NEP, la livraison vers les villes lointaines ressemble bien souvent à une odyssée. Pour poursuivre dans la transformation de l’agriculture russe, les autorités économiques soviétiques vont profiter des liens avec l’Allemagne pour entrer en contact avec les leaders de l’industrie agro-alimentaire allemande. L’on souhaite ici essayer d’obtenir une coopération dans ce secteur qu’on considère d’avant-garde pour s’inspirer du savoir faire allemand et utiliser des méthodes similaires en Russie. Cette fois-ci au service du socialisme et non des profits de la bourgeoisie allemande.

Le chemin de fer russe est en effet dans un état très mauvais. Exception faite du Transsibérien, devenu quasiment sous contrôle de l’American Relief Adminstration qui a pris à sa charge le logis et la nourriture de ses travailleurs ainsi que l’entretien de ses infrastructures. En fait, l’ARA qui maintien un « express » Californie-Vladivostok, a atteint un point où elle se retrouve à nourrir quasiment seule dix millions de soviétiques quotidiennement. La situation reste évidemment complexe et la situation des volontaires occidentaux venus en Russie est elle aussi extrêmement dure, ceux-ci partageant les misères des paysans soviétiques, beaucoup mourant de maladies désormais hors de contrôle dans les campagnes sujettes à la famine comme le typhus ou le choléra. Il est malgré tout estimé que le pic de difficulté sera touché durant l’automne avant un rétablissement progressif de la situation jusqu’à l’été 1922 durant lequel, on l’espère, les récoltes seront massives grâce à l’ensemble des mesures prises et permettront de rétablir des réserves de nourritures et de sortir définitivement le pays des risques de famines.

Autre fait notable, cette fois-ci au bénéfice du gouvernement de Moscou, la gravité de la famine a réduite à peau de chagrin les capacités militaires des insurrections paysannes. Les politiques visant à laisser à leur compte les régions révoltés fonctionnent à merveille, il est compliqué de résister à l’Armée rouge lorsqu’on est occupé à chercher des racines pour survivre une journée de plus. Dans ces endroits, la famine atteint des gravités cataclysmiques et pas un rapport de la Tchéka n’est rédigé sans inclure des cas d’anthropophagies.

Trotski, toujours Commissaire du peuple aux affaires militaires, a commencé à se mettre en scène régulièrement aux côtés de ses Armées du Travail dans une grande campagne de communication visant à le sortir de son image d’arrogant éloigné des problématiques populaires. On le voit régulièrement maniant la faux au champ ou partageant le frugal repas de la disette, ne regroupant que quelques calories quotidiennes, avec une famille paysanne dans une région sinistrée. Le leader bolchevique poursuit d’ailleurs ses manigances. La sortie du « communisme de guerre » s’accompagne par la transformation des institutions, théoriquement prévues pour la guerre, en institutions civiles. Le Conseil du Travail et de la Défense est réorganisé en Comité d’État à la Planification, dit Gosplan, ou encore la Tchéka, transformée en Administration Politique d’État, dites Guépéou, rattachée à l’administration civile du Commissariat du peuple aux affaires internes, le NKVD. Ces nouvelles institutions doivent inclure de plus en plus de spécialistes civils plutôt que des membres du Parti, sûrs politiquement, mais moins qualifiés. Trotski profite de ces transformations pour pousser à des changements de personnalités allant dans son sens. Félix Dzerjinski, reconnu pour ses qualités d’organisateur à la tête de la Tchéka prendra pour le moment la direction du Gosplan. On espère que son inflexibilité permettra de remettre de l’ordre au plus vite au sein de l’économie soviétique, son expérience à la Tchéka devrait aussi lui permettre de mener efficacement la chasse aux bureaucrates opportunistes. Il sera remplacé par Alexandre Beloborodov qui s’occupera désormais de la police politique soviétique.

Une République famélique


La toute jeune République de Turquie est dans un chaos indescriptible. Après l'Incendie d'Ankara il y a quelques mois, la reprise de la ville et la famine qui touche l'Anatolie, la Turquie est dans une position très très difficile. C'est surtout la famine qui commence à réellement frapper le pays. On estime que sur les quelques millions d'habitants de la République de Turquie (les chiffres sont difficiles à obtenir en raison du chaos ambiant et du nombre de réfugiés), pas moins de 200 000 sont morts de faim dans les derniers mois.

Si la famine continue de sévir avec la même intensité, d'ici 3 à 4 mois le nombre de civils turcs morts depuis 1919 atteindra le million.

Jeunes hommes turcs en armes

Outre la famine, quelque chose de bien plus profond secoue les fondations de la Turquie. En effet, Mustafa Kemal et sa clique d'officiers ont réussi certes à sécuriser une partie de l'Anatolie pour le territoire national de la République, mais ils ont failli à repousser les armés grecques. Dans les rangs de l'armée, on commence à sentir quelques vélléités de contestation du pouvoir de Mustafa Kemal.

Les idées socialistes, infusées dans les penseurs de la guerre d'indépendance turque et qui avaient déjà menés à la Constitution de 1921 continuent de se répandre. Alors que la Turquie fait face au monde entier avec un acharnament sans pareil, le fait que la Russie bolchévique et Moscou soient les seuls à porter attention aux souffrances du peuple turc n'est pas sans propulser le drapeau rouge bolchévique haut dans les coeurs de la majorité des turcs.

Si la guerre contre la Grèce semble perdue, la Révolution ne l'est peut-être pas encore ...

La Deutsche Nahrung a reçu un message soviétique disant vouloir coopérer avec eux pour éradiquer les moujiks de la surface de leur pays. Pourquoi pas, les experts sont toujours prêt à partager leur savoirs, et les laquais placés par Göring sont prêt à tout pour briller, et être pionnier et s'illustrer en Russie est à l'égal de leurs ambitions.
L'agriculture et l'industrie sont sujet déjà à un plan pour rendre ultra compétitif le nord de l’Allemagne et ainsi pousser la Rhénanie à la ruine, tout en intoxiquant les rhénans en leur faisant croire que ce sont les français et Adenauer les responsables de leurs problèmes. Il reste maintenant à attaquer le secteur du logement, surtout que des réfugiées miséreux allemands reviennent en masse suite à l'appel du pied de Goebbels.
Le Bauhaus, dont l'objectif d’allier fonctionnalité à esthétique, est dénaturé par des considérations monétaires. Les architectes pourront toujours rêvasser de beaux bâtiments dans leur tour d'ivoire (ou bloc de béton esthétique plutôt), le BTP allemand (cartelisé de la même façon que l'alimentation) ne voit dans cela que des frivolités coutant cher. Au contraire, l'adaptation du fordisme et du taylorisme pour rationaliser l’habitation et l'urbanisme, et ainsi remplir les fonctions mieux tout en réduisant les couts, est préféré. L'objectif est simple, pour les habitations, de loger confortablement (on attirera pas les ouvriers rhénans dans une Deng-Xiaponigerie sans confort matériel, faut bien réussir à chasser les souris) le plus efficacement possible, pour les axes de transport de permettre un flux de masse entre zones spécialisés. Les zones industrielles, pour produire, seront séparés des zones commerciales, pour distribuer, des zones d’habitations, pour habiter (et se distraire avec quelques loisirs et services divers). Les matériaux sont l'acier et le béton préfabriqué, facile à produire en masse et pas cher et les formes seront tout à fait régulières.
Alors que le coup d’état et les liquidations qui ont suivit ont mis un frein à l'embellie Stresemann, le capitalisme débridé fait remonter les statistiques économiques. La dette diminue, de manière relative au PIB, celui-ci récupère 11% en 8 mois tandis que pour la première fois, les flux migratoires se font renversés: on ne fuit plus l’Allemagne chaotique, on n'y vient comme dans l'intro de Cyberpunk 2077 pour chercher de l'espoir (et en effet le niveau de vie monte, comparé à l’anarchie 19-21). 4 Millions d’allemands hors d’Allemagne ont fait ce choix (douteux).

Affaires internes

La valse des postes se poursuit de mois en mois sans que l’on parvienne forcément à saisir l’ensemble des tenant et des aboutissants de ces grands changements. C’est en tout cas au tour d’Ivan Smirnov, un proche de Zinoviev, d’être nommé directeur du secrétariat du Parti suite au départ de Molotov de ce poste, écarté par Lénine. Il est par ailleurs pressenti que le prochain Congrès du Parti qui devrait se tenir début 1922 entérinera la montée en puissance de Nikolaï Boukharine qui a effectivement pris en main la mise en œuvre de la NEP malgré les complications actuelles. Le véritable père de celle-ci est bien Trotski mais celui-ci est trop occupé par ses activités de Commissaire du peuple aux affaires militaires pour continuer de s’en occuper. Plus, il considère Boukharine comme plus qualifié que lui pour cette tâche. L’économiste bolchevique devrait être nommé comme membre à part entière du Politburo alors qu’un de ses alliés, Mikhail Tomski, prendrait sa place en tant que membre suppléant. Le moment politique marque en tout cas un renforcement de ceux qui forment de plus en plus clairement un bloc au sein du Parti centré autour de la défense de la NEP, voir de son élargissement.

Justement, s’inspirant de la « vague verte » qui secoue l’Europe de l’est, et en particulier la Roumanie depuis la proclamation de « l’État paysan », Boukharine a déclaré « la Russie soviétique ne peut être autre chose qu’un « État ouvrier-paysan », sans quoi nous auront raté notre révolution. »
Évidemment, le bonhomme est au courant que la nouvelle de Roumanie a fait grand bruit dans les campagnes soviétiques et que, de l’autre côté, les suites de la guerre civile et les famines provoquent le renfermement du monde rural sur lui même avec l’apogée des « communes paysannes » qui s’attachent à renforcer leur autonomie, à vivre en quasi-autarcie et à rejeter le pouvoir bolchevique perçu comme celui des villes et des urbains. Boukharine sait le danger de perdre la classe paysanne dans un pays où 80 % de la population vit à la campagne. Alors il renforce la NEP, et plus largement la politique d’ouverture du Parti vers le monde paysan. Mise en place de journaux tournées vers la paysannerie, renforcement des cellules rurales du Parti par des campagnes de recrutement et l’envoi de moyens supplémentaires, récupération et inspiration des discours des sociaux-révolutionnaires, désormais purgés.
Malin comme un singe, Boukharine s’inspire ouvertement des réformes mises en place en Roumanie pour compléter la NEP, et il l’assume. Il espère ainsi contribuer à renforcer la popularité du Parti en reprenant à son compte les revendications paysannes et en se présentant comme véritable allié, et non plus comme durant l’époque du communisme de guerre, comme adversaire. Les coopératives, vues par Boukharine comme des potentielles proto-Kolkhozes, vont être petit à petit fortement encouragées, en particulier par des mesures fiscales, permettant aussi par la même occasion de limiter la montée en puissance de « Nepmen ». Autre avantage, la mise en commun des lopins de terre pour un travail collective permet d’augmenter la productivité.

A Bakou, la commission mise sur pied pour réorganiser la production de pétrole et sortir le pays de la crise du fuel arrive à son terme avec des résultats plutôt probant. Si la guerre a laissé les installations pétrolières en friche, un travail acharné a permis de débuter la relance de l’activité, bien que l’on soit loin de retrouver les niveaux de 1914, 7 millions de barils par an, 15 % de la production mondiale. On espère retrouver ce niveau avant 1925, puis le dépasser rapidement. Dans cette prévision, la commission a aussi organisé le développement d’infrastructures dans la région afin de faire de la ville une métropole industrielle.  

Alors que la stabilité est de nouveau là, et que les réfugiées retournent en masse, on observe un boom démographique en Allemagne. La conjoncture de ces deux faits expliquent ce renouveau, qui est causé par les opportunités nouvelles et la vision d'un futur meilleur pour les couples nouvellement installés et enfin en sécurités. Mais l'accès à une vie sécurisée et un établissement rapide est aussi le résultat, non escompté mais cela n'a jamais empêcher quelque chose d'exister, du projet de modernisation économique. Sans le savoir, Göring et sa clique ont crée une situation économique où l'on se case très rapidement. Sans capote, ni avortement (on est en 1921 hein) un mariage précoce veut aussi dire beaucoup de naissances. En effet les logements de masse permettent au ménages de quitter le domicile parental facilement, la simplicité du travail à la Ford permet une intégration dans le marché de l'emploi à des vitesses inouïe, l'abondance de la production promet un futur meilleur et un enrichissement certain. De même, le dénigrement du petit artisanat, de l'agriculture et du monde rural, qui sont par nature économiquement inextensibles, et donc ou les jeunes doivent attendre l'héritage (foncier ou monétaire) de leur parents pour s’établir, permet aussi de faire sortir de la stagnation démographique les derniers reliquats arriérés en Allemagne. En bref, le matérialisme (dans le sens où la démographie est déterminé par les conditions matérielles et pas autre chose) fait son effet.
Cela, le gouvernement ne le sait pas, surtout puisque la croissance démographique en 1921 est due a la conjecture, les projets de modernisation étant tous justes élaborés. Mais au moins, cela évitera la psychose du déclinisme démographique, accusant à tord la modernité et préférant les culs de sac paysans et religio-moralisateurs en réalité contre productifs. Il faudra laisser cette psychose à la droite catholique française s'exaspérant du 40 millions de métropolitains, tout en ne voyant pas que leur vision passéiste est la cause de leur soucis.
Le IIIe Reich compte bien accompagner ces nouvelles naissances,après tout, plus de potentiels soldats c'est toujours mieux. Il fait ce pari sur 20 ans, en prenant en charge les enfants, par un système sanitaire, par l'éducation et surtout par les organisation de scouts (qui n'ont rien de paramilitaire, pour l’instant).
Dans un tout autre registre, les plans urbanistiques du Reich ont inspiré un certains Speer, encore un adolescent random, à devenir architecte.

Troisième Congrès de l'Internationale Communiste

Le troisième Congrès de l'Internationale s'ouvre, plus d'un an après le précédent, à Moscou, dans une situation très évolutive avec toujours pour ambition la construction de la stratégie révolutionnaire du mouvement communiste. Des représentants de mouvements venant de plus de 50 pays sont présents. Fait notable, l'invitation de délégués observateurs issus de l'Association pour la Défense des Droits de l'Anatolie et de la Roumélie, majoritaire au sein de la Grande Assemblée Turque, en plus d'un représentant du Parti communiste turc.  

Cette fois, c'est fait, la révolution est victorieuse en Russie, mais elle n'aura pas été assez forte pour pousser au delà des frontières de l'ancien empire tsariste. La contagion est timide, mais elle se passe dans des lieux théoriquement peu propice à la poussée révolutionnaire. En Iran, comme en Mongolie, des gouvernements révolutionnaires ont été proclamés et la lutte contre les impérialistes bat son plein. Ainsi Lénine peut dérouler dans un grandiose discours, malgré son affaiblissement physique, sur l'importance de la lutte anti-coloniale décrétée à l'ancien congrès. Mais aussi sur la réussite de celle-ci, la Russie a pu constituer une lumière pour les prolétaires européens, l'Iran en est une pour les colonisés d'Asie et d'Afrique. Les interventions des membres du Parti communiste iranien qui suivent confirment une logique de poursuite de la lutte anti-coloniale partout et du rôle des piliers de ces militants dans la lutte générale contre l'impérialisme. La séquence s'est clos sur un appel à intensifier et à élargir la lutte partout où cela est possible, dans les logiques du front ouvrier unique, en profitant de l'instabilité toujours importante qui règne dans les colonies des suites de la Grande Guerre.

Le second grand sujet posé fut le renforcement de la citadelle révolutionnaire, pour renverser le rapport de force avec le monde capitaliste, puisque la révolution mondiale n'a pas eu lieu aussi vite que l'on pensait. En demi teinte donc, se pose aussi la question de la NEP et de sa justification par les soviétiques. Se lançant dans un effort de théorisation, c'est au tour de Boukharine, qui porte aussi des responsabilités au sein de l'IC, de prendre la parole. L'économiste bolchevique convainc et démonte les détracteurs de la NEP, tout en justifiant la mise en place de politiques agricoles similaires en Iran ou en Mongolie. Évidemment, si la révolution avait lieu en Allemagne ou aux États-Unis, il ne serait pas nécessaire d'appliquer de telles politique là bas, mais la Russie révolutionnaire doit désormais constamment s'adapter pour sa survie même. La question de la grande famine, de la solidarité de classe qui en résulte sous la forme du grand succès qu'est le Secours Ouvrier International fut discutée. La nécessité de poursuivre stratégiquement des politiques visant à renforcer encore et toujours la solidarité avec la Russie fini par être voté.
L'idée que la révolution mondiale ne pourra donc pas se faire en quelques mois ou années tout au plus, comme espéré à l'origine est désormais bien acquise. Se pointe sur ces conclusions une théorie rejoignant plus ou moins l'idée qu'il faut désormais agir par des actions partielles, mais qui soient en permanence concentrées sur l'objectif de construire puis provoquer la lutte révolutionnaire finale. Les communistes ont confirmé leur stratégie unitaire vis-à-vis du problème syndical en luttant dans les organisations existantes pour les amener sur une ligne révolutionnaire. Est aussi confirmé le droit à l'existence de fractions au sein des partis communistes liés à la Troisième Internationale.

Les réformes de paix

Le rétablissement de la normalité et la transition vers un régime civil se poursuit. Il faut calmer la colère, confirmer les avancées sociales, bien réelles, mise en place dans les suites de la révolution et parfois suspendues le temps de mener la guerre civile.
Le régime spécial qui touchait cheminots, mineurs, ouvriers des industries militaire ou agricole, ou encore dockers, va être largement amolli. On confirme le retour aux 48h hebdomadaires partout dans le pays, alors que les semaines de travail pouvaient largement atteindre 60 à 70 heures pendant la guerre civile. Les heures supplémentaires sont organisées par la direction des entreprises d'État et doivent servir à atteindre les quotas de production contre une paye majorée. Le droit de grève est rétabli partout dans le pays et sans exception. La pratique des "samedis communistes" encourageant, parfois vivement, les ouvriers à sauter leur jour chômé hebdomadaire, se maintient mais s'apaise grandement et la pression qui pesait sur les épaules des travailleurs pour qu'ils y prennent part va s'affaiblir. Les congés payés sont pour le moment confirmés à deux semaines annuelles avec pour objectif de les passer, une fois la production relancée, à quatre semaines.
Tout cela permet, sans doute, à la Russie bolchévique de s'afficher comme le pays au système social le plus avancé et aux conditions de travail théoriques les plus tranquille, tout cela dans un des pays les plus pauvres d'Europe. Ces mesures sont aussi politiques car elles permettent de vigoureusement rattacher la classe ouvrière au régime en allant plus loin que ses revendications. Il semblait prioritaire de lui donner des garanties, elle qui avait montré d'inquiétants signes de rébellion durant la fin de la guerre civile.

Anastase Mikoyan a rendu son avant-projet visant à organiser l'ensemble des territoires libérés par l'Armée rouge durant la révolution et la guerre civile. Lénine a fait confiance à l'arménien pour ne pas donner ce projet à un grand-russe qui aurait probablement favorisé la Russie et sa centralité dans le territoire tenu par les communistes. Mikoyan prévoit l'adhésion de sept entités fédérées au sein de l'entité fédérale : la RSFS de Russie, les RSS de Biélorussie, d'Ukraine, du Turkestan, d'Arménie, d'Azerbaidjan et de Géorgie et enfin la République d'Extrême Orient. En plus de ces entités constituantes, de nombreux échelons administratifs, allant de la Commune, prenant en compte le particularisme d'une simple ville, à la République Socialiste Soviétique Autonomne, qui prend elle l'échelle d'une Nation, seront créés afin de remplir la promesse des bolchéviques de défendre les minorités autrefois soumises à la domination grand-russe. Mikoyan préconise de créer un très grand nombre de ces entités à travers toutes les républiques fédérées. Le travail se poursuit désormais impliquant l'ensemble des instances dirigeantes des partis de toutes les républiques concernées et l'on espère bien l'achever dans le courant de l'année suivante.