V1919 - Topic Officiel - Année 1923

ILES BRITANNIQUES
Brève
Evènement

L'Irlande est en guerre. Le gouvernement dublinois sait que cette guerre, la première sur le sol de l'île qui est aussi violente depuis des siècles, voir depuis toujours, définira le sort de son pays, son peuple et peut-être la Grande-Bretagne toute entière. A la fin du mois de juillet au début du mois d'août, l'Armée Irlandaise s'est lancée dans une vaste opération de contre-offensive contre les positions britanniques.

Dundalk, au Nord de Dublin, reste un verrou imprenable. Des milliers d'hommes se font face, et les vétérans comparent cela à certaines sections du Front Ouest lors de la Grande Guerre. Toute avancée est neutralisée, des tranchées construites, la ville ravagée. Mais à Galway, les troupes de Collins réussissent à se rapprocher de la ville et à commencer à repousser les anglais. Il est du domaine du possible que la ville soit libérée du joug britannique et socialiste d'ici quelques jours ou semaines.

De l'autre côté de la Mer d'Irlande, pour faire face à la résistance des troupes adverses, une décision majeure est prise : les conseils de soldats et vétérans sont suspendus par décret. Officiellement de manière temporaire, l'Armée Rouge se dote d'une hiérarchie militaire stricte, rigide, se voulant efficace. Dans la pratique, l'autonomie des conseils est détruite et c'est depuis les Quartiers-Généraux londoniens et celui de campagne de Belfast que tout se décide.

Deux officiers britanniques à Londres, préparant les offensives d'août 1923

L'Armée Rouge passe à l'offensive. Le message est clair pour Londres : il faut sauver la Révolution, écraser les forces irlandaises, et vaincre une bonne fois pour toute les dublinois. Le 16 août, Dublin est saisie par la 11ème division d'infanterie formée de vétérans de la Grande Guerre et d'ouvriers mobilisés. Le 18 août, le gouvernement irlandais est dos au mur : l'aide d'Ottawa ne s'est jamais concrétisée plus que l'aventure navale du mois de mai, et aucune puissance européenne ne semble décider à se lancer dans une guerre coûteuse pour sauver l'île d'Emeraude. Dans la matinée, le gouvernement capitule, et ordonne aux soldats irlandais réguliers et irréguliers de déposer les armes face à l'Armée Rouge de la République Populaire de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord.

Dès le lendemain, le 19 août, à Dublin est proclamée la République Populaire d'Irlande qui recouvre l'entièreté de l'île. L'Armée Irlandaise est démantelée, et ne subsistent que des forces révolutionnaires disparates, prenant la forme de milices paramilitaires dont les commandants sont largement choisis par Londres durant le reste du mois d'août.

L'entièreté des Îles Britanniques est désormais socialiste.

The United States of America

Dead horse

La convention nationale républicaine est encore loin, cependant, le chemin semblait tout tracé. Warren G. Harding, sénateur de l'Ohio et représentant modéré des nouveaux républicains allait s'affronter à son principal concurrent, le gouverneur de l'Illinois Frank Orren Lowden, représentant le vieux courant majoritaire au sein du parti. Ancien proche de Hughes, il s'est évidemment raccroché à l'isolationnisme malgré des prises de positions pro-guerre à l'époque. Lowden a obtenu une stature national en tenant des positions conservatrices populaires sur la prohibition, la peine de mort, les socialistes et la question raciales. Lowden représente en réalité un véritable espoir des vieux gardiens de parti de reprendre la main sur les jeunes loups qui donnent le tempo depuis l'échec terrible de Fairbanks. Le dernier candidat d'importance de la primaire devant être Hiram Johnson, l'ancien Secrétaire d’État est le plus important représentant du courant progressiste mourant et de plus en plus marginalisé au sein du parti républicain et tentera sans doute un dernier baroud d'honneur.

Le problème, c'est que Harding décède ce 2 août 1923 d'une congestion cérébrale dans la chambre d'hôtel qu'il occupait à Chicago. Pour les nouveaux républicains, cette perte est une catastrophe absolue bien qu'il reste un petit peu de temps pour refaire émerger un candidat naturel, le temps presse. Pour l'essentiel des observateurs, l'adversaire de Frank Orren Lowden sera soit le gouverneur du Massachusetts Calvin Coolidge, soit Herbert Hoover, rendu célèbre par son action humanitaire aussi bien durant la guerre que dans la période d'après-guerre. Il n'empêche que cette perte semble renforcer Lowden qui verra se tenir face à lui quelqu'un de plus novice et d'impréparé.

CHINE
Brève
Evènement

Les trois principes du peuple, en particulier le principe d'une unité nationale, est celui qui peine le plus à s'appliquer pour la jeune République de Chine. La province du Qinghai, reculée dans les terres et dirigée par Ma Qi, commandant de l'Armée Nationale Révolutionnaire, est un exemple de cette faiblesse doctrinale.

En effet, le gouverneur lui-même favorise sa propre vision de l'éducation. Plutôt que d'ouvrir des annexes d'universités et des écoles laïques, il préfère rediriger les financements accordés à sa région en faveur de l'éducation religieuse islamique et des mosquées. Se voulant figure représentant la communauté musulmane de Chine, Ma Qi théorise selon lui l'importance de la liberté religieuse pour représenter sa minorité. Il s'engage ainsi, malgré lui, dans une bataille d'influence de la communauté musulmane contre la société secrète Gelaohui (société secrète xénophobe, anti-Catholique, anti-Mandchoue et anti-Occidentale), opérant aussi au Qinghai. Il fait ainsi parvenir une lettre au gouvernement central, avisant du danger représenté par la société secrète Gelaohui et urgeant plus généralement le gouvernement central à régulariser ou dissoudre le statut des sociétés secrètes, nuisant plus qu'autre chose à la bonne poursuite de l'héritage révolutionnaire.

Lettre laissée sans réponse et classée sans suite par le gouvernement central.

ESPAGNE/RIF
Brève
Evènement

L'arrivée des schutztruppen Allemandes accord enfin bénédiction à l'Espagne dans son espoir de reconquête du Rif. Tandis que la plupart des yeux se rivent à Dublin, une plus petite opération militaire Germano-Espagnole défait ainsi assez rapidement les forces Rifaines, reprenant Tétouan au Rif le 23 Août 1923.

S'il y a une chose que Abdelkrim reconnaît désormais, c'est que l'Allemagne ne sera certainement plus pour le moment un médiateur fiable dans le conflit. Souhaitant donner une leçon aux forces impérialistes osant se frotter aux Rifains, Abdelkrim prépare ainsi avec la garnison ayant saisi Melilla une offensive qui continuera de pousser vers l'est, c'est à dire en territoire du Deutsch-Marokko.

PERSE
Brève
Evènement

A la demande du Parti des Travailleurs Iraniens, la IIIème Internationale accepte l'adhésion de celui-ci.

Organisation juridique indienne :

La Fédération Indienne doit se doter d'un arsenal juridique pour garantir sa stabilité et l'impossibilité d'une nouvelle guerre civile. C'est un fait totalement consensuel entre l'écrasante majorité des élites à la fois de la Ligue Musulmane et du Congrès. Certains dissidents de la Ligue Musulmane, qui réclamaient l'établissement d'une nation islamique notamment au Bengale, ont été évincés de la Ligue et ont formé le All-India Muslim Front. Moins inquiétant, un parti Tamoul et un parti nationaliste Dravidien se sont formés, mais ils ne semblent pas du tout recevoir un écho dans les coeurs des indiens du Sud. Quoi qu'il en soit, la Commission de paix, qui fait office de gouvernement provisoire, a décidé de suivre le chemin suivant, dernière touche avant les élections :

Constitution de la Fédération Indienne, septembre 1923


1. Organisation Constitutionnelle Régissant Les Relations Entre Etats, Principautés Et Gouvernement Fédéral

1. Le pouvoir législatif, base démocratique du gouvernement fédéral indien, réside dans la Lok Sabha et la Rajya Sabha, représentant respectivement le peuple et les Etats et Principautés qui forment la Fédération Indienne.

2. La Lok Sabha sera composée de membres élus par le peuple au 3/4, à travers un suffrage direct de type scrutin uninominal majoritaire à un tour. Le dernier quart des membres de la Lok Sabha sera élu par les Assemblées Locales. La Lokh Saba ne peut pas siéger plus de trois ans sans répétition du processus électoral.

3. La Rajya Saba sera élue par les Assemblées Locales, et chaque Etat ou Principauté sera représenté par au minimum 4 et au maximum 12 représentants, en accord avec la proportion de sa population officiellement recensée au dernier recensement fédéral en vigueur à la date des élections.

4. Les Assemblées Locales seront composées de membres élus par le peuple de chaque Etat ou Principauté, et dotera le gouvernement de chaque Etat ou Principauté d'un Chief Minister en accord avec la majorité parlementaire démocratiquement élue. Ce Chief Minister devra répondre devant l'Assemblée Locale et sera le chef du gouvernement de l'Etat ou Principauté dont il est issu.

5. Chaque Etat ou Principauté se dotera d'un Head of State, élu ou non, selon les modalités propres à son organisation constitutionnelle interne. Ce Head of State sera privé de tout pouvoir exécutif au sein de son Etat. Il le représentera au sein du Presidential Privy Council.

6. Le gouvernement fédéral indien sera mené par le Federal President of India, élu par la Rajya Sabha. Il représentera l'Inde à l'étranger, sera garant de l'ordre constitutionnel, signera toutes les lois fédérales avant leur entrée en application. Il a le devoir de refuser la promulgation d'une loi fédérale si celle-ci viole la Constitution. Il nomme, avec l'accord du Prime Minister, les juges de la Cour Suprême.

7. Le Presidential Privy Council a un accès direct au Federal President of India et dispose d'un rôle consultatif. Il est formé des Heads of State de chaque Etat ou Principauté.

8. Le Federal President of India nomme un Prime Minister parmi les élus de la Lok Sabha, en accord avec la majorité parlementaire qui y siège, ou minorité plurale. Si aucun Prime Minister n'est proposé par la Lok Sabha dans les 28 jours suivant sa formation, le Federal President of India dispose du pouvoir de dissoudre l'Assemblée et de convoquer de nouvelles élections.

9. Le Prime Minister forme un gouvernement et met en application les lois votées par la Lok Sabha et promulguées. Les lois relatives aux domaines de la souveraineté des Etats ou Principauté, des frontières fédérales, des forces armées indiennes, de la diplomatie et plus spécifiquement l'entrée en guerre et la signature de la paix doivent être votées par la Lok Sabha et la Rajya Sabha pour entrer en vigueur.

10. La Indian Federation Supreme Court est formée de 25 juges nommées par le Federal President of India. Elle assure la liberté démocratique, politique, religieuse, et le rôle de gardienne et interprète de la Constitution en derniers recours. Ses membres sont nommés à vie. Ils ne peuvent être démis de leurs fonctions. Ils doivent être âgés d'au minimum 50 ans et être citoyens indiens de naissance.

2. Organisation Des Forces Armées Indiennes

1. Chaque Etat ou Principauté peut disposer d'une force militaire qui ne peut excéder 75 000 hommes sous les drapeaux, sous l'appellation de State Guard ou Principality Guard. Celle-ci est subordonnée au gouvernement de son Etat ou sa Principauté pour son fonctionnement usuel, financé par celui-ci et devra respecter l'organisation hiérarchique et les équipements en vigueur dans les Indian Federation Armed Forces. Ces forces militaires peuvent être réquisitionnées par le gouvernement fédéral pour accomplir des missions relatives à la sécurité de la fédération, si l'état de guerre est en vigueur.

2. Les Indian Federation Armed Forces sont sous le contrôle du Prime Minister, et organisées selon les directives de son gouvernement. Il s'agit d'une armée professionnelle, et son rôle est de défendre la Constitution et la sécurité de la Fédération.

3. Les Indian Federation Armed Forces peuvent être déployées sur n'importe quelle partie du territoire fédéral.

3. Droits Fondamentaux

1. Tout citoyen indien dispose d'une liberté religieuse inconditionnelle.

2. La liberté d'expression politique est garantie par le gouvernement fédéral.

3. Tout citoyen indien dispose d'une liberté de circulation totale sur le territoire fédéral.

4. Tout citoyen indien dispose du droit de mener une vie décente, et de disposer de conditions matérielles nécessaires à sa subsistance.

La Constitution ainsi formée reprend en grande partie le Traité de Kolkata et le cimente dans un pacte solide pour l'Inde toute entière. Les élections qui s'ouvrent maintenant en Inde doteront d'ici la fin de l'année le pays de son premier gouvernement démocratique. Plus d'une centaine de partis ont été enregistrés à l'échelle fédérale, mais il faudra convaincre un certain nombre d'électeurs pour qu'ils puissent siéger à la Lok Sabha.

Bureau de vote indien, 1923

La Constitution est saluée par la majorité des indiens qui s'y intéressent. Les élites locales sont rassurées sur leur statut, qui semble être cimenté et confirmé par la Constitution. Si les familles princières perdent une grande partie de leur pouvoir politique direct, elles ne perdent pas leur rang. Nombre d'entres elles s'imaginent déjà contrôler leurs Chief Ministers et pérenniser leur pouvoir. Du côté des plus fervents défenseurs des droits sociaux et civiques, la garantie pour chaque indien du droit à disposer de conditions matérielles pour sa subsistance est saluée comme une profonde victoire, et l'assurance d'une démocratie saine et relativement égalitaire. Enfin, la liberté religieuse totale pour chaque citoyen indien est bien évidemment perçue comme la clef de voûte de la paix, notamment dans les Etats partagés entre une forte population musulmane et une forte population hindoue, comme le Punjab.

Répartition des Musulmans indiens sur le territoire, 1909

République Populaire de Grande-Bretagne

Red Emerald

Les forces armées britanniques défilent dans Dublin. Aux côtés du général britannique Alexander Godley, qui a commandé l'invasion de l'île, se tient le dirigeant de la nouvelle République Populaire d'Irlande, James Connolly. À la tête de l'Irish Labour Party, le principal parti de gauche de l'île, il salue les troupes. À la suite des militaires britanniques, des miliciens de la Garda battent le pavé. Ils sont la seule force de défense dont dispose le pays, le reste étant assuré par le voisin britannique. Il faut dire que le gouvernement irlandais est, dans les faits, une république soeur à l'indépendance digne de celles que la France installait un peu partout en Europe un siècle et demi plus tôt. De manière à assurer l'entrée de l'Irlande dans le socialisme, des mesures autoritarisantes ont été mises en oeuvre. Interdiction de l'ensemble des partis politiques non affiliés à l'Irish Labour Party. Collins, Valera et la plupart des membres importants de leur clique, quant à eux, ont été forcés à l'exil en Amérique du Nord.

-----------------------------

À Ennis, Thomas regarde silencieusement l'ensemble des représentants dans la salle. Comme de nombreux Nord-Irlandais révolutionnaires, il forme la colonne vertébrale de l'administration socialiste de la nouvelle Irlande. En effet, Londres a respecté son engagement auprès de l'Irish Labour et a acté la réunification de l'île. Dans tout cela, les socialistes ex-britanniques sont des gens de confiance dans le nouveau gouvernement.

Placé à la tête de la Garda dans le comté de Clare, l'officier Edmundson assiste à la réunion des autorités locales. Très largement rural, l'endroit est très loin d'être un bastion socialiste. Et du côté du Comhairle (conseil) de Clare, ce désamour pour la gauche se ressent très fort. Pour composer un gouvernement local, l'Irish Labour a dû assembler une équipe fort hétéroclite. Des pêcheurs, des ouvriers agricoles, un enseignant, un ancien soldat qui vient de Cork mais qu'on a assigné ici.

L'Irlande est divisée, et, dans un contexte où seule l'Irlande du Nord et partie de Dublin sont réellement à la cause, il ne s'agit pas de préparer la démocratie ou quoi que ce soit. Pas d'élections, simplement la mise en place des institutions du régime. Perdu au milieu de tout ce beau monde, Thomas soupire. Ce n'est pas ainsi qu'il songeait travailler après la chute du régime nationaliste de Collins

---------------------------------

"La libération de l'Irlande marque la fin de la période révolutionnaire. Partout dans les îles britanniques, les travailleurs sont désormais libres, maintenant et à tout jamais, des attaques impérialistes de la bourgeoisie internationale. Il nous faut maintenant travailler, avec toute l'ardeur qui est la nôtre, à la construction de la société socialiste. Une société de paix, afin que dans le monde entier, le mouvement ouvrier voie à l'horizon le soleil qui s'est levé en Grande-Bretagne."

Joseph lisait avec attention, dans le journal, la fin de l'allocution prononcée par le Président Tom Mann. L'annonce de la victoire, mais surtout, de la paix. Le gouvernement britannique espère ainsi envoyer un signal clair à l'Allemagne et ses alliés européens : La Grande-Bretagne n'a pas l'intention de s'aventurer sur le continent. Pour le Gallois, un tel avenir est un petit soulagement. Il se dit que le retour de la paix parviendra sans doute à atténuer un peu le trafic de charbon qui sévit et qu'il doit combattre. Alors qu'il pose son journal, quelqu'un toque à la porte.

La personne qui entre est Wyn Broderick, un confrère avec qui il avait combattu en France. Ce dernier s'avance, l'air des jours sans, et s'assoit.

- Joseph, j'ai quelque chose à te demander
- Oui ? Ça ne va pas ? Je ne t'avais pas vu dans cet état depuis longtemps
- Personnellement, je vais bien. Le problème c'est autre chose. Comment te dire, tu sais ce qui s'est passé avec l'armée en Irlande ?
- Oui, ils ont mis fin aux conseils de soldats, et ils refont fonctionner la chose comme pendant la guerre. Il semblerait que cela ait fonctionné contre le régime de Collins
- Ils ont coupé les fonds à l'Union of Veterans Council aussi
- Ah !
- On a essayé de tout réorganiser dans la section locale pour continuer de faire fonctionner le plus de choses possibles, mais, enfin, l'aide aux anciens combattants reste la priorité majeure, et il ne reste plus grand chose pour ce qui est des actions politiques
- Je vois... Qu'est-ce que je peux faire pour aider ?
- Si tu pouvais faire sortir un peu de charbon, ça nous aiderait grandement à dégager de l'argent. On pourrait aider bien du monde à se chauffer, et ça nous libèrerait des fonds
- Je ne peux rien faire, tu le sais bien. Je surveille qu'on ne vole rien, si je fais sortir du charbon à mon tour, plus rien ne fonctionnerait
- Mais...
- Je ne ferai rien, Wyn. Désolé. Tu devrais partir maintenant.

Joseph retourne s'assoir, sans un mot. Il évite de croiser le regard de son ami, afin de ne pas avoir à confronter la déception qu'il a provoqué. Il sait bien que les vétérans sont une des organisations les plus influentes de l'après-guerre britannique. S'ils n'ont plus de fonds, alors ce sera l'état central qui les remplacera. Tant de ces gens ont combattu pendant la guerre civile, et on les remercie comme cela ? Le Gallois soupire, et, se maudissant intérieurement de ce qu'il va faire, arrête Broderick au moment où il passe la porte

- Je ne ferai rien. Par contre, les ouvriers vont oublier des sacs de charbon derrière les baraques à outils ce soir. Son ami sourit
- Merci Joseph, tu es un bon

The United States of America

Americas

La crise continue et touche l'ensemble des exploitations agricoles de notre région paisible, beaucoup sont à la corde et la saison de récolte des fruits de cette année était charnière. Cela n'a pas empêché des agitateurs socialistes militants de venir troubler cette période si cruciale pour notre vallée arrivé d'Oakland pour agiter les travailleurs saisonniers. Malheureusement, certains d'entre eux ont cédé aux sirènes de ces prophètes de pacotille et des évènements de désordre se sont déclenchés dans plusieurs vergers de la région, mettant possiblement à mal l'ensemble de la récolte et l'avenir économique des nôtres. Fort heureusement, des milices de patriotes ainsi que nos forces de l'ordre sont intervenus afin de briser ces actes de sabotages, dans les évènements, deux des fauteurs de troubles extérieurs identifiés sont malheureusement décédés et un autre a pris la fuite et n'a pu être interpellé. Les travailleurs saisonniers ont ensuite heureusement repris le travail, permettant de sauver ce qui pouvait l'être.

The Napa Valley Register.


----------------------


Nous le savons, la misère s'étend dans notre État et avec elle la peur des patrons de la révolte. Nous en avons eu une funeste manifestation dans la Napa valley. Alors que beaucoup d'ouvriers de San Francisco et d'Oakland étaient partis effectuer les travaux saisonniers de ramassage de fruits, les salaires inacceptables, les conditions de travail érodées par la concurrence chinoise et l'arrogance patronale rappelant la période de l'esclavage ont eu raison de la patience des américains intègres partis accomplir un travail honnête. La grève a fini par être votée dans la majorité des exploitations de la vallée afin d'obtenir des salaires décents et des conditions de vie sur place salubres. La réponse des maîtres a été d'une brutalité sans limite, laissant morts deux des leaders de la grève en plus de plusieurs dizaines de blessés et de centaines de laissés pour compte ayant perdu leur travail. Cette situation n'est plus tenable et doit cesser, la dignité du travailleur américain ne peut être bafouée à ce point. Que les responsables s'attendent à des répercussions.

The Oakland Herald.

The United States of America

Discomfort

L'Amérique vit mal cette période de son histoire. Balafrée par la défaite militaire, effrayée par un futur qu'on ne pense plus si clair qu'avant, sceptique face au modernisme capitaliste et les profonds changement qu'il annonce, une grande partie du pays est plongée dans un conservatisme figée et se trouve flanquée de réactionnaire virulents obsédés par le retour à l'age d'or fantasmé qu'était le XIXème siècle américain. La mythique classe moyenne américaine est la colonne vertébrale de cette immobilisme puissant. Cela se reflète dans la vie politique par un tournant conservateur borné au sein des deux grands partis politiques. Pourtant, le courant progressiste existe toujours et conserve une certaine puissance au sein de la population, en particulier chez les ouvriers qui estiment que le temps du changement est venu en leur faveur et qui souhaiterait voir la société bouger un petit peu plus vite. La montée de la radicalité ouvrière, dans la Midwest et tout particulièrement dans l'Ouest, provoque tout de même quelques inquiétudes chez les grands industriels américains qui n'ont aucune envie de finir mangés à la sauce à la menthe comme leurs collègues anglais et sans perspectives politiques, cela pourrait très bien finir ainsi. Au delà de ça, beaucoup d'entre eux estiment aussi que l'immobilisme et le puritanisme religieux ne suffiront pas à sortir l'Amérique de la crise et à relever les taux de profits.

Pour ces raisons, un lobby de grands patrons et d'intellectuels favorables au maintient d'un courant progressiste structuré et capable de peser au sein des partis politiques traditionnels se mobilise avec en ligne de mire les prochaines élections de 1924. Les deux candidats principaux de ces courants pour les primaires républicaines et démocrates, respectivement Hiram Johnson et James M. Cox, qui n'ont pourtant aucune chance de victoire finale, voient les donations financières arriver à un rythme beaucoup plus important que ce qui aurait pu être imaginé. Cela devrait leur permettre de mener une campagne solide et active qui, leurs soutiens l'espèrent, permettra d'éviter la disparition complète de leurs groupes idéologiques.

EGYPTE
Brève
Evènement

Saad Zaghloul

Un coup d'Etat place Saad Zaghloul à la tête de la proclamée République d'Egypte, qui inclut le Soudan. L'été 1923 a été mouvementé le long du Nil. L'homme fort des idées libérales promet un renouveau égyptien majeur, et menace directement l'emprise coloniale européenne et turque au Levant. Des élections sont promises à l'hiver. Le Wafd, auquel appartenait jusqu'à très récemment Zaghloul, est fracturé entre libéraux et royalistes/conservateurs. Zaghloul fonde le Parti Républicain Nationaliste Egyptien et en scissionne, avec environ la moitié des cadres politiques. Le Wafd devient plus conservateur.

La République d'Egypte se trouve ainsi face à un carrefour. La route de l'indépendance a déjà été prise, profitant de la faiblesse britannique et d'une ferveur populaire favorable au nationalisme. Mais quelle route pour l'Egypte, désormais indépendante de fait et de droit ? Sera-t-elle reconnue comme une nation égale par l'Europe ?

HEJAZ
Brève
Evènement

L'Emirat du Hejaz, sauvé in extremis par un deus ex machina de l'attaque de son puissant voisin Jabd al-Shammar, consolide sa position. Militairement d'abord, le pays se tient prêt à éviter une nouvelle invasion, d'où qu'elle vienne. Mais politiquement surtout, le pays se renforce. La défense de l'Emirat et des Lieux Saints a été menée avec brio, et la légitimité du pouvoir hejazi est renforcée.

SYRIE
Brève
Evènement

Fayçal Ier, Roi de Syrie

En Syrie, des forces politiques souhaitent mettre fin à la laïcité d'Etat et proclamer un Royaume islamique. Le Roi Fayçal, garant de l'ordre, de la constitution et surtout fervent défenseur de la liberté de culte, s'est opposé de manière ferme et indiscutable à ce projet. L'abandon de la neutralité religieuse de l'Etat syrien n'est donc pas à l'ordre du jour, et musulmans, juifs et chrétiens continuent de prendre part à l'administration.

FRANCE
Brève
Evènement

En France, les élections de 1923 renouvellent l'Assemblée Nationale et c'est la surprise : C'est le PRRRS, la gauche modérée, qui obtient une courte majorité ! Joseph Caillaux est nommé Président du Conseil par sa coalition parlementaire, et dirigera le pays.

Joseph Caillaux, Président du Conseil de la République française

Il forme son gouvernement avec quelques Radicaux Indépendants dissidents, mais en exclut la SFIO, la CGT et la Ligue Révolutionnaire Syndicaliste, perçus comme trop radicaux, non sans ironie.

Alors que Staf De Clercq (le type du Frontparij) débarrassait ses poubelles dans la benne à ordure à Anvers, il rencontra un animal qui déterminera la suite des politiques environnementales belges. Un gros raton laveur de 6 kg en train de finir les restes de harengs pour se préparer à l'hiver. Animal jusqu'alors inconnu en Belgique, les bons raccoons furent une entrée fracassante qui ne manque pas de rendre salé l’extrême droite flamande. Pour eux, un animal inconnu, et venant d’Amérique représente un danger pour l'idéal de fixation de l'écozone des plaines flamandes à son état pré-industriel. Bien sûr, il n'est pas question de voir ressortir les forêts primaires du début de l'Holocène, mais bien de garder un simulacre du Moyen-Âge.
Et donc les poubelles de Staf ont fait l’objet d'une réunion d'urgence où l'on a conspué les autrichiens. Des listes d'espèces à exterminer ont été établies, selon le critère de l'allochtnonitée : Raton laveurs, Achigans à grande bouche, Berces du Caucase, Kudzus ... De même pour les espèces à surveiller, pas encore présentes en Belgique : Ragondins, Mouffettes, Rat musqués, Coyotes, Opossums. Une liste appelée à s’étendre et devenir de plus en plus ingérable. La pomme de terre fut évoquée mais pour des raisons évidentes d’acceptabilité, les plantes d’Amérique domestiquées ont un passe droit.
La population est globalement indifférente au rant bioconservateur du FP. Elle reste dans la banalité de modifier l’environnement au profit de soi-même. Tant qu'une forme de vie apporte un avantage, l'aider à se développer (au coût le plus bas possible), sinon l'éliminer. Simple as. Secrètement, par pure rancune, chez les opposants du FP, c'est-à-dire l'alliance de circonstance BWP-Industriels, une petite idée de modifier l'environnement juste pour faire chier fait son chemin.
Et pour les eucaryotes concernés ? Le principe reste le même : L’environnement impose des pressions qui changeront la proportion des allèles parmi la population. Et donc les phénotypes. La Belgique, à défaut d'avoir des théoriciens de l'évolution, sera une expérience à échelle réelle.

Naissance du ministère des travaux publics.

Si l’influence étrangère en Iran est si prégnante c’est bien parce que les étrangers possèdent tant de choses dans le pays et que les capitaux nationaux sont si peu développés. Les infrastructures iraniennes sans la présence des étrangers au sein du pays se réduiraient à peau de chagrin. Le coup d’Etat qui a emmené Ghassem Khan Vali à promis à ses partisans de réduire les influences des occidentaux en Perse. Contre la mainmise impérialisme, il se doit d’agir. C’est donc dans cette optique, qu’il crée le ministère des travaux publics. En mettant un de ses partisans à sa tête, l’objectif est de développer les infrastructures en Iran notamment les infrastructures de communication (routes,etc), et ce, sans recourir à l’aide occidentale. Pour financer ses travaux, il compte s’appuyer notamment sur la rationalisation du système fiscal mis en place par la mission étrangère, le secteur privé iranien encore balbutiant, sur l’augmentation des frais de douane et aussi l’instauration d’une nouvelle taxe sur le sucre.

Fondation de l’armée nationale iranienne.

C’est de l’armée que Ghassem Khan Vali tient son pouvoir. C’est grâce à un coup d’Etat qu’il a pu devenir premier ministre et gagner la majorité au parlement. C’est parce que la majorité de l’armée le soutient que son rival Reza Khan n’a pu lui dérober les rênes du pouvoir. Qui plus est, l’armée est dans une situation extrêmement critique où sa faiblesse rime avec décadence de l’Iran. Ghassem Khan, s’il veut conserver le pouvoir, doit à la fois réformer l’armée pour en construire une plus forte mais aussi resserrer son emprise sur cette dernière.

La première action que Ghassem Khan Vali entreprend pour se faire est de remplacer le ministre des Armées, Reza Khan, par un ministre plus fidèle à sa personne. En effet Reza Khan à la fois minoritaire au parlement et dans l’armée ne peut pas vraiment s’opposer de manière efficiente à cette décision.

Le projet qui mûrit dans son esprit depuis sa prise de pouvoir en 1922 est le suivant : la création d’une armée iranienne unifiée, ce qui équivaut à la fusion de la division des cosaques, de la gendarmerie et d’une partie de la police, pour fonder une armée forte de 21 000 hommes soit une division complétée. Pour le moment, cette armée se base sur le volontariat mais Ghassem Khan a pour projet plus tard d’introduire le service militaire en Iran. Cependant il ne souhaite pas s’attirer encore plus les foudres des tribus, il a déjà bien à faire avec les gendarmes récalcitrants.

Pour diriger cette armée, le premier ministre iranien choisit évidemment de favoriser les militaires totalement fidèles à sa personne et de donner une position subalterne aux gendarmes qu’il soupçonne d’être des partisans de Reza Khan. De plus, Ghassem Khan Vali encourage grandement la formation d’officiers en Europe, notamment en France. Lui-même ayant été formé à Saint-Cyr, il sait reconnaitre la supériorité des écoles occidentales.

Mohammad Taqi Pessian dit le colonel Pessian.

Face à cette réforme et l’éviction d’une partie des officiers gendarmes (et quelques cosaques) peu fidèles à Ghassem Khan Vali, un front de gendarmes anti-Ghassem Khan Vali se forme. Mené par Reza Khan, les gendarmes semblent contester les tendances autocratiques du premier ministre persan. Ce qui motive certains gendarmes à rejoindre pareil front est soit la défense de leur intérêt dans l’armée, c’est le cas notamment pour le colonel Pessian, soit leur appétence socialiste comme pour le major Abolqasem Lahouti ou bien leur tendance républicaine. Sans contester le bien-fondé de la réforme, les militaires dénoncent son instrumentalisation par le pouvoir en place, ce dernier tente d’évincer toute forme de contestation au sein de son armée et de faire de l’armée iranienne, le serviteur de sa personne

AUTRICHE
Brève
Evènement

Les élections législatives autrichiennes de 1923 étaient attendues avec angoisse par les sociaux-démocrates au pouvoir qui, si ils ont été capables d'écraser la tentative sécessionniste hongroise, font face à d'intenses difficultés économiques et doivent composer avec la présence de plus en plus étouffante de l'Allemagne dans la région. La crise et la dépendance du pays à son encombrant voisin du nord ont d'ailleurs été les grands sujets de la campagne électorale en tant que grandes obsessions de la classe moyenne autrichienne. Cela a profité à deux partis. Les chrétiens-sociaux d'un côté, qui emportent une belle majorité au parlement, élus sur un programme économique libéral et austéritaire rassurant visant à combattre la crise. Les ultranationalistes du BEK de l'autre, ayant mené une campagne vivace contre l'hégémonie allemande et contre ce qu'il nomme une capitulation en rase campagne du gouvernement face aux slaves et aux tchèques. Le BEK fait une entrée tonitruante au parlement en emportant un nombre non-négligeable de sièges. Le SDAPO est quant à lui balayé.

PORTUGAL
Brève
Evènement

La coalition de gauche au pouvoir à Lisbonne s'était donnée comme principal cheval de bataille la préservation de la précaire démocratie portugaise et le renforcement de la République. Cet objectif semble devenir de plus en plus réaliste semaine après semaine, la grande menace venant actuellement de l'armée, le gouvernement est parvenu efficacement à manœuvrer afin de purger l'institution militaire de ses éléments les plus réactionnaires et anti-démocratiques en s'appuyant sur les officiers progressistes mais aussi sur ceux conservateurs étant d'accord pour s’accommoder du système démocratique. Signe de la réussite de ce gouvernement, il s'apprête à fêter ses deux ans au pouvoir et parvient à se maintenir.