V1980 - Topic officiel
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Re: V1980 - Topic officiel
Le président Jimmy Carter sous la pression des sondages
Reagan en campagne en Caroline du SudEn ce mois de mai, deux sondages pronostiquent la victoire de Ronald Reagan à l'élection présidentielle. Le gouverneur de Californie réussit à convaincre avec son programme qui met l'accent sur des principes fondamentaux simples : réduction des impôts pour stimuler l'économie, moins d'intervention du gouvernement dans la vie des gens, renforcement des droits des États, renforcement de la défense nationale et ré-indexation du dollar sur l'étalon-or. Mais plus dangereux encore, sa personnalité particulière plaît à des électeurs qui ne sont pas membres de son camp, notamment les Dixiecrats du Sud profond.
Le président Jimmy Carter, quant à lui, paye lourdement la crise des otages américains en Iran. Aucun progrès notable et chaque jour son lot de critiques faisant passer l’homme à la tête des États-Unis pour un homme faible et sans charisme. Mais ce que ne sait pas l’Amérique, c’est que dans le plus grand secret, plusieurs unités de la Delta Force et de la Special Forces se tiennent prêtes pour une opération spéciale. D’ores et déjà, le porte-avions USS Nimitz se dirige vers le Golfe Persique. Carter a été clair avec son secrétaire d'État : si aucun résultat ne sort des négociations secrètes avec l’Iran, la solution militaire sera lancée.
Pierremenez- Ministre
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Re: V1980 - Topic officiel
La mort du président Yougoslave Tito le 4 Mai 1980 fit grand bruit à travers le pays, annoncée par le biais de nombreuses émissions publiques. Plus d'une centaine de représentations nationales vinrent à ses funérailles pour honorer le héros de la seconde guerre mondiale, de l'unification Yougoslave et figure incontournable du mouvement des non-alignés.
Tito laisse derrière lui, décidée depuis la constitution de 1974, une présidence Yougoslave représentée par huit membres, six pour chaque république et deux pour les régions autonomes de Voïvodie et du Kosovo. Le pays espère désormais que ce conseil puisse à bien mener les affaires du pays et continuer de garder la vigueur de Tito.
Rêveur_Lucide- Ministre
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Re: V1980 - Topic officiel
Des yeux sur le Panshir
Que dire en maintenant plus de 6 mois de maintient de l'ordre en Afghanistan?
Nul doute que le bilan est plus que mitigé sur le plan militaire, politique et diplomatique. Alors que l'Etat-Major prévoit une hausse de moitié de l'effectif militaire Soviétique présent, qui devrait atteindre les 120 000 combattants d'ici l'année 1983, l'investissement commence déjà à coûter cher, et l'impopularité de l'opération se fait sentir. Dans les grands centres urbains, la loi martiale imposée par la conjointe Armée Rouge et Armée Afghane ne manque pas de faire des victimes, alors qu'une répression à Kaboul recense un bilan coûteux de 1000 morts. Les annonces de Babrak Karmal passent inaperçues à côté, ne taisant pas non plus au passage la contestation interne au parti. Malgré l'introduction d'une constitution provisoire en Avril 1980 se voulant démocratique et respectueuse de certains droits de l'homme, à savoir la garantie de la liberté d'expression et à la condamnation de la torture, une large faction du parti encore discrètement fidèle à la ligne Maoïste accueille d'un mauvais sentiment ce qu'ils perçoivent comme nul autre qu'une n-ième occupation du pays par une force étrangère.
C'est dans les zones rurales, à savoir 80% du territoire restant incontrôlé par les troupes Soviétiques que les enjeux principal se jouent. Tout particulièrement le long de la frontière avec le Pakistan, ainsi que dans une curieuse poche territoriale du nom de vallée du Panshir où les partisans du commandant Ahmad Shah Massoud coupent véritablement de l'herbe sous le pied de l'Armée Rouge. La vallée est stratégique pour la position depuis laquelle les rebelles peuvent effectivement porter atteinte sévère aux convois acheminant Kaboul via le col de Salang. Sur la question, le commandant de la 40ème Armée Yuri Tukharinov ne souhaite pas rester sur une simple défense du col: des offensives régulières et de plus en plus intensives auront lieu pour reconquérir le Panshir aux rebelles.
Mais que dire d'autre en 6 mois?
L'obtention d'une condamnation internationale assez prononcée, ainsi que l'embargo sur les céréales, posent de grands problèmes à un pays de plus en plus nécessiteux d'importations étrangères. L'URSS s'est isolée de la scène internationale sur le bourbier Afghan en dehors du Pacte de Varsovie, et nul doute que non seulement les ingérences Chinoises et Pakistanaises sont particulièrement à redouter dans le conflit, mais l'Union Soviétique risque d'être définitivement mis à mal par la cumulation de sanctions si celles-ci devaient avoir lieu.
Par l'intermédiaire de déclarations de l'incontournable Andreï Gromyko pour apaiser ou au contraire attiser les remontrances Américaines et étrangères, celui-ci n'a pas hésité à énoncer les conditions pour ne serait-ce que considérer retrait Soviétique d'Afghanistan: un arrêt des infiltrations et de l'ingérence Pakistanaise en Afghanistan, un maintien et un contrôle strict des frontières, et une disposition du gouvernement Afghan pour lutter contre les rebelles.
Rien n'entachera la tenue des Jeux Olympiques de Moscou, Pravda n'hésitant pas à tourner en dérision les accusations de dopages et de tricheries des athlètes soviétiques, curieusement présentes au sein de nombreux articles et journaux Occidentaux. Sur quoi diable la décadence de la presse Occidentale prend-elle source? Le KGB l'ignore!
Ceci n'est pas des dopées.
Les affaires d'Afrique Australes passent au-delà de l’œil de Moscou, qui applaudit à deux mains l'indépendance du Zimbabwe et continue de guetter attentivement les réactions Sud-Africaines. Il va sans doute cependant que la priorité Soviétique, accordée à l'Afghanistan, fait passer beaucoup d'informations cruciales sur la région sous le radar des Soviétiques. Ces derniers guettent cependant avec bien plus d'attention l'évolution de la situation au Proche-Orient, et la crise des otages...
Rêveur_Lucide- Ministre
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Re: V1980 - Topic officiel
- Composition de l’unique chambre parlementaire iranienne, l’Assemblée consultative islamique:
Indépendants: 115 sièges ; Grande Coalition: 85 sièges ; Office de coopération des peuples avec le président: 33 sièges ; Groupe Eponyme: 20 sièges ; Autres: 17 sièges
TOUR DE FORCE. Une situation politique loin d’être idéale donc pour le second homme de l’Etat. Il faut dire que Président Banisadr ne ce n'est pas beaucoup investi dans cette campagne et ce n’est que grâce à l’action de ses plus fidèles partisans qui fondèrent l’Office de coopération des peuples avec le président qui fit office de structure politique pour soutenir l’action présidentielle. Plusieurs motifs de satisfaction existent néanmoins pour lui, à commencer par la formation du premier gouvernement du nouveau régime. Celui-ci fit l’objet d’âpres négociations entre Banisadr et les députés du Madjles - ces parlementaires membres de l’Assemblée consultative islamique -, ceux du Parti de la République islamique (PIR) mettant de côté systématiquement tous les profils jugés trop à gauche ou libéraux. Les discussions furent particulièrement tendues sur le choix du Premier ministre, poste avec assez peu de responsabilités puisque c’est le Président qui dirige le gouvernement selon la constitution, mais qui reste hautement visible. C’est une première pour Président Banisadr qui fit face à une très farouche résistance politique et il est apparu évident que les membres PIR et les autres clercs indépendants étaient main dans la main pour empêcher celui-ci de prendre un quelconque ascendant sur la vie politique iranienne et surtout sur le Guide Suprême. Paradoxalement, c’est pourtant lui qui déboucha la situation après que Banisadr fît preuve d’audace pour ce défaire l’inextricable et proposa aux députés de nommer au poste de Premier ministre Ahmad Khomeini, fils même du Guide suprême avec qui il entretient de bonnes relations. Devant cela, les parlementaires acceptèrent, tout comme l’Ayatollah Khomeini qui mit du temps à accepter de se séparer de son fidèle bras droit.
- Cabinet Ahmad Khomeini:
Président : Abolhassan Banisadr
Premier Ministre : Ahmad Khomeini
Affaires Étrangères : Mohammad-Ali Rajai
Agriculture : Mohammad Salamati
Commerce : Hossein Kazempur
Poste : Mahmoud Ghandi
Culture et Orientation islamique : Abbas Duzduzani
Défense et de la Logistique des forces armées : Javad Fakoori
Économie : Hossein Namazi
Éducation : Mohammad-Javad Bahonar
Énergie : Hassan Abbaspur
Santé : Hadi Manafi
Logement et développement urbain : Mohammad-Shahab Gonabadi
Industries : Mohammad-Reza Ne'matzadeh
Intérieur : Mohammad-Reza Mahdavi Kani Justice Ebrahim Ahadi
Travail et Affaires Sociales : Mir-Mohammad Sadeghi
Pétrole : Mohammad Javad Tondguyan
Routes : Mousa Kalantary
Science et Culture : Hassan Arefi
DANS LA FOULÉE. Concrétisant l’accord secret conclu avec les Etats-Unis et avec leur aval, la diplomatie iranienne a communiqué officiellement au secrétaire-général des Nations Unies une demande pour établir au plus vite une commission d’enquête visant à une résolution rapide de la crise des otages et pour prendre en compte les griefs iraniens vis-à-vis de l’Amérique. Aussi, du fait de la formation du premier gouvernement de la jeune République, le Président Banisadr a fait dissoudre par décret le Conseil de la Révolution Islamique qui agissait tel un gouvernement parallèle non-élu le temps que les événements révolutionnaires se tassent, il n’a de fait plus de raison d’être et disparaît en accord avec le Guide suprême.
Gosseau- Secrétaire général des Nations Unies
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Re: V1980 - Topic officiel
ETAT D'ISRAEL
Communiqué [SECRET] à l'Afrique du Sud :
Le partenariat entre l'Afrique du Sud et Israël concernant notre sécurité collective est bien entendu toujours d'actualité. La demande sud-africaine d'appui israélien au développement d'une filière nucléaire militaire est tout à fait validée, et se fera dans la continuité des accords déjà existant.
Une mission scientifique militaire confidentielle se rendra en Afrique du Sud en novembre 1980 afin de mettre en place une chronologie plus concrète de développement de capacités nucléaires militaires pour l'Afrique du Sud.
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Re: V1980 - Topic officiel
ETAT D'ISRAELCommuniqué [SECRET] à l'Etat Libre du Liban :
Afin de soutenir les forces armées chrétiennes du Liban dans leur lutte contre le sectarisme et la puissance militaire de la Syrie et de ses milices, le gouvernement israélien entre en contact avec le chef de l'Etat Libre du Liban, le très généralissime Saad Haddad.
L'Etat d'Israël demande le partage d'informations militaires de renseignement, notamment les effectifs et le positionnement des milices maronites et de leurs alliés, et ce de manière permanente. Les positions des forces armées de l'Etat Libre du Liban devront être partagées à l'armée israélienne afin d'assurer la sécurité des opérations de soutien venant d'Israël.
Saad Haddad, chef de l'Etat Libre du Liban
En contrepartie, bien entendu l'Etat d'Israël continuera son soutien militaire et politique à la reconnaissance de l'Etat Libre du Liban et à sa sécurité. En guise de gage de bonne volonté, 30 systèmes MANPAD FIM-43 Redeye seront livrés dès le mois d'août aux forces de Haddad, afin de protéger les troupes maronites d'attaques aériennes syriennes.
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Re: V1980 - Topic officiel
Le ticket Reagan/Bush
Reagan et Bush quelques jours après la conventionLa course électorale effrénée continue aux États-Unis. La réussite des négociations avec l’Iran dope le président dans les sondages, qui se retrouve au coude à coude avec Reagan. Dans l’entourage de Jimmy Carter, on exulte et on pense déjà à l’énorme coup de communication que sera la libération prochaine des otages américains. Plus rien ne semble gêner le sudiste pour remporter l’investiture du parti démocrate, face au sénateur du Massachusetts Ted Kennedy.
À contrario, le 17 juillet 1980, Ronald Reagan est officiellement investi comme candidat par le Parti républicain lors de la Convention nationale du parti à Détroit. Immédiatement, dans un souci d’apaisement, le gouverneur de Californie choisit son ancien adversaire des primaires, George H. W. Bush, comme son colistier.
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Re: V1980 - Topic officiel
Ainsi, malgré que le timing ne soit pas excellent en ce bon mois de juillet et avec des moyens limités, le chef d'état-major général Kenan Evren passe à l’action sans grande protestation de la classe politique du pays. Il annonce dans la journée du 20 juillet sous les ondes de la télévision nationale que l'armée turque prend le contrôle du pays. Au bout de quelques heures seulement, la totalité des chefs de garnison des forces armées ont rallié la cause du général Evren, laissant aucune possibilité au président Fahri Korutürk de regagner le contrôle du pays. Le président de la République abdique plus tard dans la journée devant le fait accompli et souhaite épargné au pays une guerre civile qu’il ne peut pas gagner de toute façon.
Le désormais président autoproclamé Kenan Evren annonce la mise en place la loi martiale dans tout le pays qui sera maintenu par l’armée, suspendant le parlement et le gouvernement civil. Dans la même journée et laissant à ses ennemis aucun temps pour se préparer, le président Evren ordonne l’arrestation de milliers de politiciens, de militants, de syndicalistes et de journalistes. Parmi eux, de nombreux dirigeants de partis politiques, y compris des anciens premiers ministres. Le premier ministre Süleyman Demirel est épargné par les arrestations massives de la junte, acceptant de laisser sa place et ses pouvoirs à l’admiral Bülend Ulusu qui prend la tête d’un gouvernement exclusivement composé de militaires endurcis.
Voici un court extrait du discours du président Everen au peuple turc :
Aujourd'hui, en cette période de grande turbulence et d'incertitude, nous avons pris la décision difficile mais nécessaire de prendre le contrôle du gouvernement pour garantir la stabilité, la sécurité et l'unité de notre nation.
Depuis plusieurs mois, notre pays est plongé dans une crise profonde. L'instabilité politique, marquée par des querelles incessantes et des gouvernements incapables de répondre aux besoins de notre peuple, a conduit à une paralysie administrative. La violence entre factions opposées a atteint un niveau insoutenable, menaçant la vie quotidienne de nos citoyens et mettant en péril l'intégrité de notre société.
Face à cette situation désastreuse, nous ne pouvons plus rester inactifs. Notre devoir, en tant que protecteurs de la nation, est de restaurer l'ordre et de garantir un avenir prospère et sécurisé pour tous. Nous agissons aujourd'hui avec un seul objectif : le bien-être de notre pays et de ses habitants.
Nous appelons tous les citoyens à rester calmes et à soutenir nos efforts pour reconstruire notre nation. Cette période de transition est essentielle pour établir une base solide pour la paix et la prospérité futures. Nous nous engageons à transférer le pouvoir à un gouvernement civil dès que les conditions permettront des élections libres et transparentes.
Nous sommes conscients des sacrifices que cette décision implique, mais nous croyons fermement que c'est le chemin nécessaire pour sauver notre pays du chaos et lui offrir un avenir meilleur.
Pour la sécurité, la stabilité, et l'unité de notre nation
Que Dieu bénisse la grande Turquie
GeorgeV- Grand Consul
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Re: V1980 - Topic officiel
Gosseau- Secrétaire général des Nations Unies
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Re: V1980 - Topic officiel
Pologne
EvenementLa stupéfaction saisi la communauté internationale: pour la première fois depuis 1917, un pays communiste autorise l'existence d'un syndicat libre et indépendant du parti.
Mobilisés contre le licenciement politique et la hausse des prix des denrées alimentaires, les ouvriers du chantier naval de Gdansk en Pologne se sont mis en grève, notamment sous l'impulsion de l'électricien Lech Wałęsa. Pas qu'un simple électricien, étant donné que l'homme avait déjà été à la manœuvre en 1970 lors de grèves similaires, qui avaient hélas aboutit en émeute puis répression.
L'homme a cependant précautionneusement évalué les échecs de la précédente tentative gréviste, et non sans un franc succès. Tout d'abord, la discipline des grévistes et leur organisation furent grandement amélioré. Mais toute la manigance aurait pu passer inaperçu si Lech Wałęsa n'avait pas sollicité l'attention de la communauté internationale, et par le biais de nulle autre que le Pape Jean-Paul II.
Ce dernier, demandant à ses fidèles de prier pour la Pologne et exprimant un sincère soutien pour un syndicalisme libre, aura activé la manœuvre conduisant à des pressions de l'Eglise Catholique sur le gouvernement communiste Polonais en vue d'une sortie de crise. Cumulant pressions externes et internes, c'est ainsi en toute surprise que le gouvernement Polonais céda aux revendications syndicalistes par le biais des Accords de Gdansk le 30 Août 1980: une hausse des salaires et du niveau de vie, mais surtout la garantie du droit de grève et d'association en syndicats libres.
Le lendemain, ce fut la création du premier syndicat libre qui fut décrétée: Solidarność, "Solidarité" en Polonais. Un jour historique, pour lequel la réaction Soviétique se fait étrangement assez silencieuse.
Syndicat des méchants agents de l'Ouest
Rêveur_Lucide- Ministre
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Re: V1980 - Topic officiel
Wojtyla
Des bourrasques s'agitaient dans les couloirs. De nombreux bureaucrates vivaient et défilaient, sans visage, voguant chacun de leur bureau A vers le bureau B, avant de revenir à nouveau dans le bureau A. Chaque engrenage à la manœuvre, dans un système qui pourrait sembler encore durer des décennies.
Et pourtant, dans toute cette cacophonie administrative, une petite équipe bien plus distinguée que la moyenne était réunie dans une salle cette fois beaucoup plus silencieuse. Une salle des interdits, avec en son chef d'orchestre nul autre que le patron. Monsieur Andropov.
- Camarades, messieurs, prenez-place. Je ne compte pas m'éterniser.
Le bureaucrate à lunette, annonçant ainsi le début de son discours, restait pour sa part levé, liasses de papiers disposés devant le bureau, presque prêt aussitôt à décamper une fois son envolée verbale expédiée.
- Vous avez été nombreux à me demander ce qu'il en était de ma consultation avec messieurs Gromyko et Ustinov. Outre que cela ne vous concerne pas, j'ai le regret, ou la sagesse, de vous annoncer que nous ne prendrons pas de mesures particulières. Notre secrétaire général ainsi que nombreux de nos alliés Européens appliquent déjà la pression nécessaire sur le nouvellement secrétaire Polonais, Stanisław Kania. Nous attendrons de lui la fermeté qu'il faut pour maintenir son pays dans l'ordre.
Le vieux guettait alors un à un les officiers dans la pièce, reprenant aussitôt.
- Je ne vous ai pas appelé pour cela. Je vous ai appelé car vous avez la possibilité d'agir sur la seule ingérence qui échappe à notre contrôle. Cette ingérence étrangère là. L'ingérence de celui qui se voile derrière l'Eglise Catholique pour poursuivre son agenda contre-révolutionnaire. Ai-je besoin de préciser de qui je parle?
Un silence lui répondit.
- Bien. Alors vous avez un ordre. Vous enquêtez toutes les cellules et moyens possibles. Et vous me l'éliminer. Allez, disposez.
La scène était dès lors plus que kafkaesque, alors que la quasi-totalité des hommes médaillés de la pièce vinrent à quitter la pièce à l'ordre donné par le patron, presque machinalement et sans questionner l'ordre venant d'être énoncé pourtant de manière si nonchalante. Dans le tas, seul un officier, un peu plus jeune que les autres, demeurait. Rapidement, il se retrouvait seul avec Andropov dans la pièce, qui triait la liasse de papiers sur la table.
- Je savais que vous alliez rester, camarade. Et vous savez que je n'apprécie pas particulièrement vos questions.
- Président... Avez-vous seulement pensé aux conséquences et au coût de tout cela?
- Conséquences?
Andropov releva le regard, presque interloqué par le propos de l'officier.
- Conséquences... Et vous, brillant officier. Avez-vous pour sûr calculé les conséquences d'une intervention du Pacte de Varsovie en Pologne, aujourd'hui en 1980? Prenant en compte qu'une bonne poignée de nos hommes se battent déjà avec persévérance et difficulté de l'autre côté du continent? Prenez-vous seulement en compte que si nous continuons de laisser l'Ouest s'infiltrer, nous ne pourrons pas donner suite au projet de camarade Kania et devrons intervenir sous des sanctions qui nous croulerons encore plus qu'elles nous posent déjà problème? Avez-vous calculé tout cela, officier?
Andropov s'était alors déjà approché de l'officier dans une manoeuvre quelque peu intimidante, qui lui répondit nul autre que par le silence. Andropov, qui tenait une feuille volante, lui tendit alors celle-ci.
- C'est ce que je me disais. Alors vous entendrez l'ordre. Et vous avez de la chance, je vais vous laisser travailler sur les réseaux islamiques et nationalistes Turques.
Rêveur_Lucide- Ministre
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Re: V1980 - Topic officiel
ctrez- Secrétaire d'État
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Re: V1980 - Topic officiel
L'exode de Mariel
L'United States Coast Guard stoppant un navire de réfugié en provenance de Mariel CubaCela fait un mois que Jimmy Carter a été à nouveau désigné comme candidat à la présidence par le Parti démocrate lors de la Convention nationale à New York, dans une atmosphère tendue. En effet, une partie des partisans de Ted Kennedy refuse de se rallier à lui. Mais les déboires du président se poursuivent avec l’affaire de l’exode des Cubains. L’opinion publique est inquiète : près de 125 000 Cubains sont arrivés depuis mai 1980, et pire encore, on a découvert que certains exilés avaient été libérés de prisons et de services de santé mentale cubains. Cyrus Vance est vindicatif : il faut trouver un accord avec Cuba, car établir un cordon de sécurité pour arrêter les navires n’est pas suffisant. Il est dans l’intérêt des États-Unis, mais aussi de Fidel Castro, de mettre un terme à cette hémorragie qui risque de vider l’île. Carter a toute confiance en son secrétaire d'État depuis les négociations avec l’Iran et lui donne son accord pour prendre en charge ce dossier. Sans plus attendre, la diplomatie américaine demande, via les chargés d'affaires suisses, à Cuba de stopper ses ressortissants.
La polémique du débat téléviséLors de la campagne pour les primaires, Jimmy Carter avait refusé de débattre contre Ted Kennedy. Ce scénario s'est reproduit en septembre quand le président a rejeté le débat télévisé à Baltimore. En cause : la présence du candidat indépendant Anderson qui ne plaît pas au président. Cette raison est balayée par le gouverneur de Californie, qui affirme que son adversaire a peur de débattre. Quoi qu’il en soit, cette situation est un élément de plus qui fait chuter les intentions de vote en faveur de Carter.
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Re: V1980 - Topic officiel
Liban
Evenement
Les milices de Saad Haddad et de son Etat Libre du Liban, non reconnu par la communauté internationale, intensifient leurs partenariats militaires avec Israël, mais de manière secrète. Les positions des miliciens seront transmises à Tel-Aviv, en échange de quoi l'Etat hébreu livrera quelques dizaines de systèmes anti-air aux miliciens.
Re: V1980 - Topic officiel
ETAT D'ISRAELRéflexions orientales :
L'opération militaire qui vient d'avoir lieu de la part de l'Irak en Iran n'est pas une réelle surprise pour le gouvernement israélien, mais elle reste un événement majeur.
"Ils l'ont fait", s'exclame le Premier Ministre Begin lorsqu'on l'informe des frappes sur l'Iran. Maintenant, il faut décider de quelle politique à mener dans ce conflit. Il est très probable que la République islamique d'Iran, jeune et fragile, ne résiste pas aux coups de boutoir du régime de Saddam Hussein et de son armée endurcie.
L'Etat d'Israël prévoit ainsi un effondrement relativement rapide de l'Iran, voir une issue positive à la guerre : l'émergence d'une contre-révolution qui alignerait à nouveau la Perse comme un allié de l'Etat hébreu dans la région.
Quoi qu'il en soit, la politique à tenir est celle d'un attentisme, et d'une surveillance renforcée vis-à-vis de l'Irak. Bagdad est un régime puissant, et aux côtés de Damas, il représente aujourd'hui de loin la plus forte menace pour la sécurité israélienne. Le voir empêtré dans une guerre est une bonne chose, mais si Saddam sortait victorieux de son aventure contre l'Iran, le monde arabe pourrait bien voir naître un second Nasser...
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Re: V1980 - Topic officiel
Saga Africa
« – C’est pas très palatial ici, mais la vue vaut le détour, faut l’admettre. Le moustachu alluma son cigare puis tendit son zippo à son interlocuteur, qui se contentait quant à lui d’une cigarette.
– Je m’attendais à plus palatial qu’un bungalow, oui lui rétorque son hôte, Topaze. Porthos te surnomme le vice-roi, mais il te prendrait pour un gueux s’il te voyait ici.
– J’emmerde le Pachyderme. Tu vois, ici, c’est un château comparé à mes camps dans la jungle. Il me veut quoi, ce gros con…te ?
– Certainement pas tes manières, Bob. Topaze esquissa un fin sourire qui laissait transparaître un certain mépris aristocratique, avant de tirer une latte sur sa cigarette.
– T’aurais dû faire diplomate si tu ne voulais parler qu’à des gens bien élevés, Vimont du Plessis-Turenne.
– Tu sais que Marenches m’a proposé d’être ambassadeur ici ?
– J’y suis déjà, la place est prise. »
Un sourire entendu, de part et d’autre, vient ponctuer cette discussion bien plus amicale qu’il n’y paraît de prime abord. Louis Vimont du Plessis-Turenne et Robert Denard, c’est l’histoire d’une franche camaraderie depuis Saïgon. Si le deuxième a préféré le mercenariat, très souvent au service de la France, après quelques déboires - dont une tentative d’assassinat contre Pierre Mendès France -, le premier s’était mieux tenu, et, après son service en Indochine, s’était engagé au SDECE, où il couvrait de nombreuses opérations secrètes extérieures - généralement en lien avec Denard. Tout aussi improbable soit-il, ce duo fonctionne pour autant. Il y a deux ans encore, les deux hommes géraient le putsch qui plaça Abdallah à la tête de Moroni. Et Bob avec.
« – La montée en puissance des rouges en Afrique australe inquiète sérieusement à Paris. Mobutu est quasi-encerclé, au sud et à l’est, par des socialistes ou des communistes.
– Si vous aviez traité les Africains comme nos égaux, ils n’auraient peut-être pas été tentés par l’indépendance et le communisme, Topaze.
– Ou si Moscou ne leur avait pas fait croire qu’ils pourraient se gérer eux-mêmes. Bref. L’aristocrate recentra le sujet, après une gorgée de whisky et une nouvelle latte. Paris a besoin de tes services dans le cadre de sa lutte contre le communisme. Tant vis-à-vis de l’Afrique du Sud, pour contourner l’embargo international, que pour armer, entraîner et financer les groupes anti-communistes en Angola et au Mozambique.
– Rien de nouveau sous le soleil, donc. Denard lève les yeux vers le ciel, avant de regarder brièvement l’horizon. Il soupire.
– Sauf que l’Elysée veut accélérer la cadence, et accentuer ses opérations. Dans deux semaines, je dois être à Moanda avec la CIA, le Zaïre et Henrique N'zita Tiago. Faut recommencer à Cabinda, et régler le problème là-bas. Si on coupe la province de l’Angola, le MPLA perdra le gros de ses financements internes, et devrait s’effondrer.
– Et vous vous assurez un approvisionnement fiable en pétrole, plus que l’Irak qui part guerroyer contre l’Iran.
– Accessoirement. »
Topaze étire sa jambe droite, et grimace. Une vieille blessure au Katanga fait des siennes, et démange quelque peu l’aristocrate-espion. Denard le remarque, mais ne dit mot. Lui aussi ne connaît que trop bien ces sensations, et se contente d’un regard compatissant à son ancien frère d’armes. Quelques secondes de silence passent, et la douleur s’efface au gré d’une nouvelle gorgée de whisky. Le verre se vide, et une servante vient le remplir rapidement avant de se retirer de nouveau quelques mètres plus loin, feignant de ne rien entendre de la discussion qui reprend à l’initiative de Denard.
« – Soutenir à la fois l’UNITA en Angola et le RENAMO au Mozambique, ça va demander quelques efforts financiers de la part du Service.
– Washington devrait pouvoir aligner quelques planches de billets au besoin, comme il y a quelques années.
– Faulques sera de la partie ?
– Il doit encadrer une centaine de gars, pour beaucoup d’anciens militaires, afin de gérer l’Angola et Cabinda, avec le Service. Toi, tu aurais en charge le Mozambique depuis Moroni. Tu composeras ton équipe comme bon te semble.
– Mmh, ma foi. »
Bob Denard feignit de réfléchir quelques instants. Il fallait bien garder les apparences, même si Topaze savait d’ores et déjà que la réponse serait positive. C’était après tout l’accord secret entre l’Elysée et le vice-roi des Comores : une indéfectible loyauté envers Paris et la défense de ses intérêts à chaque fois que nécessaire, contre une protection totale. Le mercenaire tira quelques lattes sur son cigare, avant d’incliner la tête en direction de l’espion. Ce dernier lui sourit, avant qu’une poignée de main ne vint formellement sceller l’accord.
« – Et alors, l’Orient ? s’enquiert Denard, pour le plaisir de faire durer encore un peu la discussion.
– Oh, le Quai affirme son soutien à l’Irak. On a trop de ventes d’armes en cours et trop d’engagements économiques là-bas pour les laisser tomber, tu sais.
– C’est con, Hussein est un proto-communiste.
– Si tu le dis, mais au moins, on peut faire affaire avec lui » conclut Topaze, avant d’écraser son mégot dans le cendrier.
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Re: V1980 - Topic officiel
Türkiye Cumhuriyeti
Le président-général Kenan Evren s’installe au palais de Çankaya, la résidence officielle des chefs d’État de la République de Turquie qui ne paye franchement pas de mine. Totalement en deçà de ses attentes, le président-général Evren jongle avec l’idée d’intégrer l’ancien palais des Sultan de Topkapı, il est toutefois soucieux de son image et du précédent que celà créerait.
Le 44ème cabinet des ministres est officiellement formé avec à sa tête l’admiral Bülent Ulusu. Le mandat donné par le président-général Evren à son premier ministre Ulusu et son cabinet est clair : former une nouvelle constitution qui va faire en sorte que la division entre la gauche et la droite politiques ne se transforme pas à nouveau en violence. En ce sens, il est important de prendre les mesures nécessaires afin de démobiliser la jeunesse turque et de promouvoir les valeurs du Kémalisme. Une commission nationale multi-parti, mais essentiellement composée de militaires, est ainsi créée afin de se pencher sur le contenu de la prochaine constitution de la République. Celle-ci devrait produire un rapport au courant de l’année prochaine.
Le gouvernement Ulusu n’attend pas la tenue des prochaines élections afin de réformer en profondeur la société. Pour la junte, le système éducatif et l'infiltration des intégristes religieux au cœur du ministère de l’éducation est au centre des problèmes de radicalisation de la jeunesse turque. Le ministre de l’éducation nationale Hasan Sağlam expose les 10 points de Sağlam qui serviront de nouveaux guides éducatifs afin de baser les futurs réformes de l’éducation nationale :
1. Éducation Laïque: Assurer que l'éducation reste laïque et met l'accent sur les valeurs de laïcité, la science, et la pensée critique.
2. Enseignement de l'Histoire: Inclure des cours détaillés sur l'histoire de la Turquie, en mettant en avant les réformes et les contributions d'Atatürk.
3. Programmes Scolaires Modernisés: Adapter les programmes scolaires pour inclure des matières comme l'éducation civique, les droits humains, et la démocratie.
4. Culture et Arts: Soutenir les productions artistiques et culturelles qui célèbrent les valeurs du khémalisme, telles que les films, les livres, et les expositions.
5. Organisations de Jeunesse: Créer et soutenir des organisations de jeunesse qui promeuvent les principes d'Atatürk et encouragent la participation active dans la société.
6. Activités Extracurriculaires: Mettre en place des activités qui enseignent la coopération, le leadership, et l'engagement communautaire.
7. Mentorat: Encourager les échanges entre les générations, où les plus âgés peuvent partager leurs expériences et l'importance des réformes d'Atatürk.
8. Conférences et Séminaires: Organiser des événements où des experts et des historiens peuvent discuter de l'impact du khémalisme sur la Turquie moderne.
9. Échanges Culturels: Favoriser les échanges culturels et éducatifs avec d'autres pays pour exposer la jeunesse à différentes perspectives et renforcer les valeurs de tolérance et de laïcité.
10. Coopération avec des Organisations Internationales: Collaborer avec des organisations internationales pour promouvoir les principes démocratiques et laïques à un niveau global.
Les arrestations de l’opposition politique en particulier les mouvements marxistes et socialistes continuent d’être en tête des préoccupations du gouvernement. Le ministre de l’intérieur Selahattin Çetiner confirme l’emprisonnement de près de 300 000 personnes au cours des derniers mois et l’ouverture de camp temporaire afin d'accueillir un flot de prisonniers aussi important est confirmer. Des juges sont nommés à la hâte afin d’accélérer le processus. Le Parti des Travailleurs de Turquie, le Parti Communiste de Turquie, et plusieurs autres organisations de gauche comme les syndicats les plus radicaux sont démantelés et leurs têtes dirigeantes arrêtées. À ce jour, près de 50 personnes ont été condamnées à mort par les tribunaux mis en place par la junte. Une véritable éradication de l'extrémisme autant de gauche que de droite est en cours. Sinon, la plupart reçoivent de lourdes peines de prison et l’obligation de participer à des programmes de rééducation politique basés sur les principes du kémalisme. Le ministère doit mettre en place un programme de suivi afin de calculer le taux de réinsertion des prisonniers politique dans la société après leur libération et évaluer les changements de comportement et d'attitudes des participants envers les valeurs khémalistes et démocratiques.
La guerre entre l’Irak et l’Iran oblige les forces armées turques à mobiliser les troupes dans les provinces aux frontières entre les deux pays. La République de Turquie militarise davantage les frontières en les fermant partiellement ces-dernières afin de contrôler le flot de migrants qu’Ankara anticipent. La Turquie a assez de sa propre racaille qu’elle doit maintenant s’occuper des gueux aux frontières.
GeorgeV- Grand Consul
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Re: V1980 - Topic officiel
Saga Africa - Partie II
La radio grésille. Chevalier frappe, machinalement, son poing dessus, avant de grommeler et de jouer avec la molette jusqu’à entendre des morceaux de phrases plus ou moins audibles. Le haut parleur restitue péniblement la voix du journaliste, qui semble d’un attentat, de Barre, d’israélites et de Français innocents. L’homme ne comprend rien. Un avion atterrit. Topaze regarde sa montre, puis lui ordonne de couper tout : il est l’heure de quitter la chambre pour se rendre dans la salle à manger de l’hôtel de l’aéroport de Moanda. En descendant l’escalier, l’espion-aristo ne peut retenir une remarque désobligeante sur les lieux.
« – Faudra trouver une meilleure ville, la prochaine fois. Ca pue la défaite, ici.
– C’est sûr que Porthos aurait pu nous envoyer à Pointe-Noire.
– Il déraille un peu en ce moment. »
Quelques instants plus tard, les deux hommes entrent dans la salle, et s’installent au fond, à la table réservée. Autour d’eux, l’endroit est assez désert. Une partie des lieux a été privatisée, et à dix mètres à la ronde, il n’y a pas un seul convive. Peu de temps après, deux hommes armés entrent à leur tour, précédant un homme d’une cinquantaine d’années, le visage creusé par la guerre et la prison : Henrique N'zita Tiago s’installe à table, saluant les deux espions. Topaze, pour meubler, s’enquiert de son voyage depuis Paris. Tiago répond qu’il aurait préféré que la réunion se fasse au Ritz qu’ici. L’aristocrate acquiesce. Puis, tour à tour, deux autres individus arrivent. Un gradé zaïrois, en tenue militaire, lui aussi accompagné par deux gardes, et un américain en costard, clope au bec et Rayban sur le nez. Un serveur s’approche et prend la commande en alcool.
« – Bien, messieurs, merci d’être venus commence Topaze, avant de regarder plus directement Tiago et notamment vous, Monsieur le Président. Comme vous le savez, Paris est de plus en plus inquiète de la situation en Afrique australe, de même que Washington. Il posa brièvement ses yeux sur Shark, de la CIA. Ce n’est pas notre pré-carré habituel, mais nous y avons des intérêts. Et l’Angola nous préoccupe largement. Le MPLA est une menace aux intérêts occidentaux.
– Allons au fait, si vous le voulez bien, Monsieur Vimont du Plessis-Turenne interrompit Henrique N'zita Tiago dans un français assez bien maîtrisé.
– Mmh, oui. Chacun ici sait que Paris avait soutenu, il y a quatre ans, une insurrection à Cabinda, grâce à ses mercenaires. Ce fut un échec, mais nous sommes d’avis de réitérer, cette fois avec le support américain, pour permettre au peuple du Cabinda de se libérer.
– Yes, toujours besoin des Américains pour libérer. ironisa Shark, avant de boire une gorgée d’un whisky passablement mauvais qui le fit grimacer. Les français ne goutaient pas à la blague.
– Nous avons une centaine de gars prêts à reprendre les armes pour soutenir le FLEC. Les Américains peuvent fournir des armes en quantité, la logistique, des renseignements, ainsi que financer l’opération. Nous pouvons aussi former, dans des camps au Congo, au Gabon et au Zaïre, les rebelles du FLEC, afin de préparer une nouvelle phase insurrectionnelle intense au printemps prochain.
– Et le Zaïre, dans tout ceci ? interrogea le gradé zaïrois.
– J’y viens, mon général. Le MPLA est bien ancré dans le territoire, l’objectif n’est pas de le vaincre par l'insurrection mais de légitimer une intervention militaire zaïroise, avec un fort soutien occidental. Nos Etats interviendront pour rétablir l’ordre public, puisque des intérêts pétroliers seront menacés, et nous favoriserons alors le FLEC dans le cadre d’un processus de pacification du territoire. Et ainsi, la République de Cabinda pourra naître. »
La discussion dura encore plusieurs dizaines de minutes, Topaze expliquant plus amplement les détails de l’opération qui était prévue par Paris, si les rebelles de Cabinda et le Zaïre acceptaient de se lancer dans l’aventure. Des insurrections locales depuis la jungle frontalière avec le Zaïre et le Congo, des coups d’éclats par les mercenaires français menés par Roger Faulques, la prise d’une ou deux villes, l’attaque de puits de pétrole, puis l’opération militaire conjointe à proprement parler.
« – Tout ceci mérite réflexion indiqua Tiago, après avoir fini son verre. Si vous le voulez bien, je dois en référer à mon état-major avant de vous répondre.
– Et moi au maréchal-président informa le général zaïrois.
– Bien, revoyons-nous dans deux semaines à Pointe-Noire, dans ce cas conclut Topaze.
Sirda- Modérateur
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Re: V1980 - Topic officiel
Cuba
Evenement
Fidel Castro a bien reçu la demande américaine et y répond positivement. L’exode des Cubains doit être stoppé pour le bien de l’île ; c’est ainsi que les forces révolutionnaires endiguent tout départ par la mer, en prenant possession de Mariel. Pour les Marielitos, il est devenu presque impossible de rejoindre la Floride avec cet accord mutuelentre le régime castriste et les États-Unis.
Pierremenez- Ministre
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Re: V1980 - Topic officiel
Pour la première fois de l'histoire de l'Afrique du Sud annonce des assouplissement du Bantu Labour Act, avec la possibilité pour une entreprise sud-africaine de recruter des travailleurs noirs, sans limite de quotas, à condition qu'il réside depuis un township à proximité du lieu de travail (25 km). D'autres assouplissements sont prévus par Faf de Klerk, ministre du travail, avec la possibilité pour les entreprises d'organiser le transport de leur ouvrier. Cette annonce parvient alors que le premier ministre Botha vient d'annoncer l'abrogation du Bantu Education Act de 1963 et un immense plan d'investissement de 45 milliards de rand pour améliorer la formation professionnels des noirs. L'objectif : octroyer une main d’œuvre semi-qualifiée ou non qualifiée au capital industriel sud-africain, qui réclame de nouvelles petites mains. Ça ne suffira pas à transitionner d'une économie de capital vers une économie du travail, mais le gouvernement sud-africain espère tenir à carreau une jeunesse noire toujours plus problématique en lui donnant un travail. 24 TVET (technical and vocational education and training) ont été annoncés en construction, dont 17 réservés au noirs, 4 aux coloureds et 2 aux indiens. Le plan d'investissement s'adosse à des plans d'aménagements des townships les plus proches des centres industriels, pour que ces townships deviennent des modèles de paix et de calme au sein de la nouvelle Afrique du Sud, certains township comme Alexandra proche du centre financier de Sandton, pourront même bénéficier d'une piscine municipale. Le Black Local Authorities Act, présenté par le premier ministre Botha, devrait permettre aux townships de se doter de leurs premiers maires noirs. Une manière de pacifier les townships, dont la proximité avec les centres industriels du pays effraie Pretoria.
Aetius- L'Alexandre du Nord
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Re: V1980 - Topic officiel
Liban & Syrie
Evenement
L'armée de l'air syrienne a effectué en ce mois d'octobre 1980 des frappes sur des cibles de haute priorité de l'armée libre du Liban de Saad Haddad. Deux Mig-21 ont en effet frappé un peu au Nord de Beyrouth un complexe de bâtiments sensé abriter une réunion des forces séparatistes maronites.
Si une dizaine de soldats et quelques officiers sont tués par les bombes syriennes, un Mig-21 venu de Damas est touché mais non abattu par un MANPAD maronite, forçant un retour précipité en Syrie et un atterrissage en urgence.
Re: V1980 - Topic officiel
Le cimetière des éléphants.
................Coup de théâtre rue de Solférino. Après son allocution à la mairie de Conflans Saint Honorine lors de laquelle il a annoncé être candidat à l’élection présidentielle, Michel Rocard a annoncé se maintenir face au Premier secrétaire du parti, François Mitterrand, ainsi que Jean-Pierre Chevènement. Le héraut de la Deuxième Gauche n’a pas caché son ambition : mettre fin à l’archaïsme politique incarné par Mitterrand, qui a conduit la gauche à deux défaites en 1974 et en 1978, tout en refusant l’union avec la gauche révolutionnaire. Face à cette situation, le Parti socialiste a organisé un vote de ses membres pour trancher. Fin novembre, les adhérents désignèrent dès le premier tour Michel Rocard comme candidat du parti, avec 54% des suffrages, contre 37% pour François Mitterrand et 9% pour Jean-Pierre Chevènement. La défaite est de taille pour le député de la Nièvre, qui voit s’envoler ses chances d’être le premier président socialiste de la Ve République - bien que les sondages le donnaient battu avec 41% des voix face à un VGE à 59%. Michel Rocard devra néanmoins faire face à une candidature surprise : celle de Coluche, donné à 12,5% dans les sondages.
Le Koweït de l’Afrique.
................La réunion de Moanda a porté ses fruits : tant Henrique N'zita Tiago, dirigeant du FLEC, que le maréchal-président Mobutu du Zaïre, ont accepté le plan américano-français visant à relancer une insurrection massive dans l’enclave de Cabinda pour contraindre à une intervention étrangère, et, de là, permettre l’indépendance du territoire en laissant le FLEC en prendre les commandes ensuite. Dans le plus grand des secrets, Roger Faulques et ses mercenaires lancent la formation de plusieurs centaines de rebelles du FLEC dans des camps au Zaïre, tandis que les premières livraisons d’armes (fusils, MANPAD, pistolets, pick up armés, etc.) sont opérées, notamment par les Etats-Unis d’Amérique. Tout doit être prêt pour lancer le début de l’opération à la fin de la petite saison des pluies, mi-mai.
Question d’Orient.
................Les conflits au Moyen-Orient préoccupent vivement Valéry Giscard d’Estaing, qui veut se montrer proactif dans la région. D’une part, concernant la guerre Iran-Irak, le chef de l’Etat réitère son soutien indéfectible à la République d’Irak, et confirme que les commandes militaires de Bagdad seront honorées par Paris. Par ailleurs, la Marine nationale déploie la frégate lance-missiles Suffren et le pétrolier-ravitailleur Isère, en plus des avisos Schoelcher et Bouvet, dans le Golfe pour défendre les intérêts français sur place. D’autre part, s’agissant du Liban, le Président de la République a indiqué que l’envoi d’un contingent militaire français dans le cadre d’une opération de type casques bleus était sérieusement envisagé, afin d’imposer la mise en place d’un cessez-le-feu entre les différentes parties au conflit.
Sirda- Modérateur
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Re: V1980 - Topic officiel
UNE ÉPINE DE MOINS. Le travail de la commission d’enquête onusienne a pu se finir sans accrocs, si ce n’est d’être dans le collimateur de la presse nationale qui n’a pas vu d’un bon œil d’être au centre de l’attention internationale. Même dans les médias d’Etat, l’action de la commission était jugé sévèrement, beaucoup n’y allant pas de main morte en insinuant haut et fort que la commission n’était qu’un énième moyen pour l’Oncle Sam pour manipuler l’Iran et en extraire toutes les gouttes de pétrole. Les rumeurs sont alimentées par le départ de la commission concomitant avec le transfert des otages américains dans des hôpitaux de la capitale iranienne. La commission d’enquête onusienne n’a pas voulu de prendre de risques pour elle-même, tout en sachant que son travail et son rapport étaient terminés. Son Président Andrés Aguilar Mawdsley a informé le gouvernement iranien que pour crédibiliser son rapport, qu'il serait de bon ton que l’Iran en profite pour libérer les otages. Prenant acte de cela, le Président Banisadr a ordonné la préparation de celle-ci et transmis un communiqué public admettant le tort moral de la prise d’otages et exprime ses regrets en promettant de respecter le droit international et d’affirmer vouloir établir des relations normales fondées sur le respect mutuel, l'égalité et le droit international.
RAPPORT ONUSIEN. Le rapport remit au Secrétaire général Kurt Waldheim contient plusieurs conclusions et recommandations accessibles publiquement depuis sa publication dans la foulée de la libération. Dans ce document des Nations unies, le rapport exprime et pose des principaux devant valoir comme des recommandations à tous les gouvernements. Ainsi, dans le cadre du droit et lois internes de l’Iran, cet Etat doit être en mesure a) d’engager des poursuites contre le Shah, sa famille ou ses associés sur la base de la grave présomption de crimes graves énoncé dans le rapport ; b) d'engager des poursuites pour récupérer les biens qui, sont présumés avoir été illégalement soustraits à l'Iran par le Shah, sa famille ou ses associés. Néanmoins, aucune responsabilité américaine n’est véritablement mise en évidence dans le rapport qui c’est voulu sur ce point particulièrement prudent.
LIBÉRATION. L’évolution saugrenue a surpris pour beaucoup des révolutionnaires radicaux, mais l’heure étant à la guerre, l’idée a fait son bout de chemin dans l’esprit du leadership iranien de tout bord qui a besoin de liquidités et de songer au futur de ses relations extérieures. Le Président Banisadr se décida alors à tendre en retour la main à l’Amérique et son ordre émis pour la libération des otages fut mis en place en quelques heures, tous sont alors placés dans un avion en partance pour Alger, où ils pourront reprendre rapidement un avion pour traverser l’Atlantique.
PRAGMATISME. L’heure est donc être au pragmatisme, des choix diplomatiques de premier ordre sont faits afin d’éviter un effondrement militaire. Les officiels iraniens ce font nettement moins l’échos d’une opposition frontale contre l’Amérique et les projets de nationalisation mis en stand-by pour une durée indéfinie du fait de la faction radicale devenue moins audible de part le contexte exceptionnel que la nomination récente du fils du Guide suprême au poste de Premier ministre, qui agit tel une soupape face aux forces révolutionnaires les plus extrémistes mais ne sachant plus sur quel pied danser puisque le Président Banisadr est toujours dans les beaux papiers de l’Ayatollah Khomeini et qu’il s’agit de ne pas le froisser. Plusieurs communications top-secrètes sont donc transmises, avant tout vers Washington avec le gouvernement proposant à la Maison Blanche la mise en place d’une commission commune pour régler les différends diplomatiques pouvant tendre à une inflexion des sanctions américaines à l’encontre de l’Iran et peut-être même vers une sorte de normalisation des relations. Et d’autre part vers Tel Aviv en proposant la venue à Téhéran d’une délégation de militaires israéliens pour évaluer et conclure un accord d’assistance technique et logistique visant à fournir des pièces de rechange pour l’équipement militaire iranien d’origine américaine et britannique ainsi que de faire venir environ 300 techniciens pour former leurs homologues iraniens et maintenir en état opérationnel la précieuse flotte aérienne. Cette coopération avec Israël resterait totalement secrète pour lutter contre l’hégémonie iraquienne naissante au Proche-Orient et ce ferait en échanges de paiements principalement en pétrole qui pourraient venir abonder une caisse noire du Likud si tel est le souhait du gouvernement israélien.
Gosseau- Secrétaire général des Nations Unies
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Re: V1980 - Topic officiel
Noir sur blanc- Et Ian, il en pense quoi ? S'il se met à soutenir les radicaux, il risque de faire sauter Lancaster House !
- Je sais, je sais. Ian est un idiot, franchement. Dans le fond, il sait que la bonne chose à faire est d'appuyer inconditionnellement le nouveau gouvernement, mais il est trop borné pour accepter l'autorité de Mugabe sur lui.
Dans une odeur de clope rance, David Smith répond aux inquiétudes de Denis Norman. Les deux ministres blancs du premier gouvernement zimbabwéen se voient beaucoup, ces derniers temps. En tant que ministres du commerce pour l'un et de l'agriculture pour l'autre, c'est eux qui doivent endosser le gros de la gestion des sanctions commerciales sud-africaines.
- Le commerce extérieur devrait progresser quand même, continue Smith. Moins que sans les sanctions sud-africaines, mais toutes les autres sanctions internationales ont été levées avec l'indépendance. Les fermiers, par contre...
- Oui, les idiots de Pretoria ne se rendent pas compte qu'en limitant nos importations d'intrants agricoles, c'est les fermiers blancs qui en pâtissent, peut-être plus encore que les noirs. J'en connais déjà quelques uns qui ont fait leurs valises pour le sud. Tu penses qu'ils sacrifieraient les blancs rhodésiens pour punir l'indépendance du pays ?
- Je pense oui. Dans le fond, ça nous arrangerait presque. Ceux qui partent sont des radicaux qui risqueraient de poser problème, et cela nous fera des terres à redistribuer sans avoir besoin de faire payer des compensations par les Britanniques. Ils n'ont pas le droit de partir du pays avec plus de deux cent dollars, de toute manière.
- Et ensuite ?
- Ce n'est pas le travail de nos ministères, mais on soutiendra le gouvernement mozambicain le plus possible à l'avenir. C'est d'eux que dépend le gros de notre commerce extérieur, désormais. Et puis, j'ai entendu dire que Mugabe avait commencé à suivre la Zambie en accueillant des révolutionnaires noirs sud-africains pour leur servir de base arrière.
Affaires militairesLa réorganisation de l'armée zimbabwéenne continue, lentement mais non sans tensions. Le gouvernement a promis une place dans l'armée pour tous les guérilléros, et cela prend du temps. Il faut former des cadres, mettre en oeuvre des structures régimentaires, et tout le tralala bureaucratique. Et la liste des promotions n'est pas sans susciter des rivalités entre vétérans des ailes militaires de la ZANU et ceux de celle de la ZAPU, principal parti d'opposition. Dans un discours tenu à Bulawayo, deuxième ville du pays, le ministre des finances Enos Nkala s'en est directement pris aux seconds, en les qualifiant "d'ennemis de la ZANU" qui devaient être contestés par la force si nécessaire. La réponse fut immédiate à Entumbane, un faubourg de Bulawayo. Des guérilléros des deux camps, internés temporairement dans des camps se faisant face, se sont livrés à des combats au point de porter atteinte à la sécurité de l'état. La paix n'est revenue qu'après deux jours grâce à l'intervention d'unités blanches de la sécurité d'état pas encore dissoutes. Le nombre de morts, quiant à lui, est à trois chiffres.
Thalassin- Modérateur
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Re: V1980 - Topic officiel
ETAT D'ISRAELCommuniqué [SECRET] à l'Iran :
La proposition iranienne est alléchante pour de nombreux cadres du Likoud. Dans le plus grand des secrets, le gouvernement Begin lie ainsi un accord et enverra dès la semaine prochaine en Iran, via l'aviation civile, des comités d'experts et de techniciens, ainsi que dès le mois prochain un cargo de pièces de rechanges pour le matériel militaire iranien.
C'est à moitié l'appât du gain et à moitié la volonté d'en finir avec l'Irak qui motive le Likoud.
Dans les couloirs du Quartier Général du Mossad à Tel-Aviv, des hommes se préparent et affinent leur persan avant d'embrasser leurs femmes et enfants. Ils partent pour Téhéran, mais personne ne peut le savoir.
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