V1980 - Topic officiel - Année 1982
V1980 - Topic officiel - Année 1982
Sirda- Modérateur
- Messages : 2622
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: V1980 - Topic officiel - Année 1982
ETAT D'ISRAELLa question du Sinaï :
Le Sinaï est occupé par Israël depuis 1967. Suite aux accords de paix avec l'Egypte, Israël est sensé stopper son occupation et restituer le Sinaï à l'Egypte d'ici l'été 1982.
A Tel-Aviv cependant, les débats au sein du Likoud se font de plus en plus sérieux. Serait-il possible de retarder autant que possible l'évacuation ? Voir même, in fine, de l'annuler ? Les conséquences d'un refus de l'évacuation du Sinaï sont inconnues. Est-ce que l'Egypte, surtout maintenant que Sadat est mort, accepterait l'état de fait ? La pression américaine serait-elle assez forte pour que Le Caire ne rejette pas les accords de paix malgré le non-respect israélien ?
Refuser l'évacuation du Sinaï permettrait peut-être de mettre un coup dur à l'unité du gouvernement égyptien, marqué par la mort de Sadat. Mais si l'Egypte sort des accords de paix, la possibilité d'une guerre future contre Le Caire est réelle. En bref, personne ne sait vraiment quoi faire, et si le pari est rationnel ou non.
Pour beaucoup des conservateurs et des religieux de la coalition Likoud, le jeu en vaut la chandelle. Ainsi, la colonie de Yamit, non loin de la frontière entre le Sinaï et Gaza, qui a été fondée il y a plusieurs années par des colons juifs et compte désormais 2500 personnes, était sensée être évacuée en ce mois de janvier 1982. Les bulldozers et les camions de Tsahal ont cependant reçu l'ordre de stationner, et de ne pas se mettre en route. Premier signe d'un changement de politique ?
Gosseau, Thalassin et Pierremenez aiment ce message
Re: V1980 - Topic officiel - Année 1982
Gosseau- Secrétaire général des Nations Unies
- Messages : 4375
Date d'inscription : 22/08/2011
Aetius, Thalassin et Pierremenez aiment ce message
Re: V1980 - Topic officiel - Année 1982
UNITED KINGDOM OF GREAT BRITAIN AND NORTHERN IRELAND :
Deux ans de Thatcher : quel bilan pour la couronne ?
La Dame de Fer, qui occupe le 10 Downing Street depuis maintenant plus de deux ans, s'était faite élire en promettant la fin du déclin économique britannique, et une nouvelle prospérité pour la couronne. Mais qu'en-est-il vraiment après ces deux années ? Eh bien, le résultat n'est certes pas médiocre, mais ne répond en rien aux problèmes de la monarchie britannique, voire même les a pour certain aggravés. C'est sur le plan social notamment que la Première Ministre s'est faite le plus d'ennemis : le pays est traversé par de nombreuses grèves qui ont faite suites aux vagues de privatisations massives décidées par Thatcher. La production industrielle en a été ainsi affectée, mais pas comme escompté par les libéraux à la tête du pays : cette dernière a largement ralenti, et de surcroît, le taux de chômage semble exploser, ayant grimpé de 5% à près de 10% en seulement deux ans et quelques. Thatcher, qui entendait imposer le capitalisme populaire dans le pays, en permettant à chacun des citoyens britanniques d'être plus indépendants fiscalement et financièrement à l'égard de l'Etat, en mettant l'accent sur les investissements et l'entreprenariat. En bref, le bilan interne de Thatcher est mauvais, et beaucoup doutent qu'elle soit en capacité de convaincre ses concitoyens de lui redonner une chance l'année suivante. Ainsi, la Dame de Fer a tout intérêt à améliorer ses résultats si elle souhaite rester au pouvoir, faute de quoi elle sera remplacée, et sûrement par ceux qui l'ont précédé, ou une autre force politique plus convaincante, qui n'a cependant pas encore vu le jour.
Pour ce qui est du rayonnement international britannique, le 10 Downing Street aux commandes n'a pas été des plus actifs : mais l'on peut noter et remarquer l'investissement des forces armées britanniques dans la formation et l'encadrement des forces armées zimbabwéennes, et ce dans le cadre de la lutte menée en Afrique australe contre le régime raciste et suprémaciste sud-africain, avec lequel Thatcher est clairement en désaccord, bien qu'elle ait hésité avant de finalement prendre position. Londres condamne ainsi fermement les agissements sud-africains, et entend bien surveiller de très près la situation et apporter son soutien, financier et matériel au besoin, à quiconque sera le plus légitime à lutter contre les méfaits sud-africains. La décision et le bilan des enquêtes de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique ne laissent par ailleurs aux Britanniques pas d'autres choix que de prendre position plus clairement, et une annonce devrait être faite le mois prochain, cette dernière pouvant aller de l'ultimatum à la simple demande de rencontre, rien n'étant encore trop clair et le pouvoir britannique ne souhaitant pas prendre de décision précipitée. Mais une condamnation claire des incursions en Angola a été faite également publiquement par la Première Ministre. La situation est très tendue, et le Royaume-Uni se retrouve, comme on dit, « le cul entre deux chaises » : la couronne britannique doit-elle soutenir l'Afrique du Sud, un allié puissant et fiable dans la région, dont le risque de basculer vers le socialisme est faible ; ou bien doit-elle suivre les codes moraux qui pousseraient n'importe quel dirigeant à ne pas prendre le parti des sud-africains, et condamner très clairement ce qui se passe, en engageant des mesures et des sanctions ?
La situation au Moyen-Orient est également surveillée, avec un peu moins d'intérêts mais tout de même certains, et ce notamment du fait des possessions des diverses compagnies pétrolières britanniques en Irak. Le régime des Mollah en Iran s'est mis à dos le gouvernement britannique lors du coup d'Etat de 1979 et la nationalisation des parts britanniques dans les gisements pétroliers iraniens. Pour autant, cela ne signifie pas pour Thatcher qu'il faut agir trop vite et ne réfléchir qu'en termes d'actions/conséquences, et faire payer aux civils iraniens les décisions des extrémistes à la tête du pays. Le 10 Downing Street surveille de près cela dit cette situation, et envisage par ailleurs d'engager des pourparlers avec l'OMPI, que l'on pense plus raisonné et raisonnable et avec lequel des négociations pour tenter de régler la situation et éviter une catastrophe pétrolière internationale seront potentiellement plus simples, si l'on venait à soutenir ce dernier dans son accession au pouvoir.
Davoan- Haut Commissaire
- Messages : 67
Date d'inscription : 07/08/2021
Age : 21
Localisation : Strasbourg
Gosseau, Thalassin et Pierremenez aiment ce message
Re: V1980 - Topic officiel - Année 1982
La Fayette nous voilà.
................A Paris, le président Georges H.W Bush est reçu avec tous les honneurs dûs à son rang, dans le cadre d’une visite d’Etat de plusieurs jours au cours de laquelle le chef d’Etat américain a traversé une partie du pays, en compagnie de Valéry Giscard d’Estaing. Ici pour commémorer les soldats de 17, là pour ceux de 44, ou encore une visite du château natal de La Fayette. Mesdames, elles, sont conduites chez Cartier, Louis Vuitton, Hermès, ou encore Saint Laurent. Le tout, bien sûr, agrémenté de repas hautement gastronomiques dans des lieux d’exceptions, en cercle restreint - les deux couples présidentiels seulement - ou allongés - un grand repas d’Etat donné au Louvre en compagnie de centaines d’invités artistes, industriels, politiques, etc.
................Bref : VGE joue la carte de la splendeur française pour séduire son gros rustre texan d’invité. Et il en a bien besoin. Car, outre cette apparente balade touristique, plusieurs dossiers majeurs sont abordés entre les deux chefs d’Etat et leurs conseillers. D’abord, s’agissant des relations franco-américaines, les deux présidents se sont félicités de la commémoration commune de la bataille de Chesapeake en septembre 1981, avec des navires de guerre de l’US Navy et de la Marine nationale. Giscard en a profité pour rappeler qu’en ce temps-là, la victoire avait été obtenue par deux marines certes amies et alliées, mais indépendantes l’une de l’autre, et que la coordination avait été suffisante pour gagner, sans que l’une ne doive passer sous le commandement de l’autre. Une manière bien comprise d’indiquer que si la France était toujours l’alliée des Etats-Unis, elle n’entendait pas revenir dans le commandement intégré de l’OTAN.
................Ensuite, concernant la situation au Moyen-Orient, trois sujets ont été tour à tour abordés. Le premier est la guerre Iran-Irak, sur laquelle Giscard a indiqué que les récentes évolutions politiques à Téhéran le préoccupaient vivement, mais que le nouveau régime qui semblait se dessiner convenait davantage à Paris. Suffisamment pour infléchir quelque peu la politique de soutien absolu vis-à-vis de Bagdad, et envisager une médiation pour aboutir à un compromis entre l’Irak et l’Iran, avec le soutien respectif de la France et des Etats-Unis. En ce sens, VGE et Bush se sont entendus de se rapprocher respectivement de Bagdad et de Téhéran pour proposer une médiation via un intermédiaire neutre, sans pour autant que Paris et Washington n’apparaissent comme étant trop sur les devants de la scène dans cette affaire.
................Deuxième sujet abordé, celui de la force multinationale d’intervention au Liban a également été abordé. Valéry Giscard d’Estaing a confirmé que la France enverrait au printemps un contingent de 10’000 soldats sous les couleurs des Nations Unies, comme il s’y était engagé, tandis que Georges W. H. Bush a quant à lui refusé toute soumission des troupes américaines aux Nations Unies, mais envisage aussi d’envoyer des troupes avec un soutien aéronaval. Les deux hommes ont convenu que la frontière avec la Syrie devait être impérativement sécurisée, et les troupes syriennes chassées par tous les moyens possibles, afin de stabiliser le pays. Troisième sujet, le plan de paix entre Israël et la Palestine. La France a pris note de l’abstention américaine à l’ONU, ce qui est vu positivement. Paris compte sur Washington pour faire pression sur Jérusalem pour s’engager dans une telle voie diplomatique.
................Enfin, dernier dossier majeur abordé par les deux chefs d’Etat : la coopération économique entre les Etats-Unis et la France. Du côté américain, le succès technologique du TGV français - qui a établi un nouveau record de vitesse mondial à 380 km/h l’an passé - impressionne Washington, qui souhaite développer une ligne à grande vitesse au nord-est du pays. Ainsi, une joint venture entre Amtrak et la SNCF va être mise en place à compter de 1983 pour développer ce projet et permettre la création de cette ligne à grande vitesse. La France, notamment, fournira son savoir-faire technologique et construira les rames qui seront ensuite exploitées par Amtrak. En cas de succès, la production des rames destinée aux Etats-Unis pourrait y être délocalisée, notamment si d’autres projets similaires voient le jour.
................Du côté français, Paris poursuit sa politique de préférence américaine initiée depuis l’arrivée au pouvoir de Giscard, pourtant plus européen qu’atlantiste. Ainsi, plusieurs entreprises américaines et françaises vont développer des projets communs via des joints ventures, cela notamment dans le domaine des nouvelles technologies. Bull, par exemple, va s’allier avec IBM pour obtenir les droits de production des ordinateurs destinés au marché européen. Il en est de même dans la production de microprocesseurs, etc., où Paris - et la Communauté européenne en général - est très en retard. L’objectif de Giscard est simple : la France doit embrasser le tournant industriel de ce dernier quart de siècle, elle qui était jusqu’alors assez en avance dans le domaine, et devenir le leader européen de la conception et de la production de circuits intégrés, microprocesseurs, d’ordinateurs, de microélectronique, etc. Bref, produire sur son sol toute la chaîne ou presque, afin de fournir la Communauté européenne, et d’autres éventuels marchés à conquérir.
Sirda- Modérateur
- Messages : 2622
Date d'inscription : 18/09/2011
Gosseau et Pierremenez aiment ce message
Re: V1980 - Topic officiel - Année 1982
Affaires économiquesLa situation avec l'Afrique du Sud a des implications profondes sur le Zimbabwe. Les exportations, qui ont bondi avec l'arrêt des sanctions internationales, sont encore bien limitées dans leur potentiel par le comportement du régime sud-africain. Et pour mener une guerre, même indirecte, contre Pretoria, il faut de l'argent. De l'argent pour l'Etat. Le premier ministre Nkomo le sait très bien, et la solution qu'il a trouvée, en coordination avec ses ministres, implique de reculer sur d'autres choses.
En effet, Harare (le nouveau nom de la capitale Salisbury) a pris la décision de nationaliser le commerce et la distribution du tabac via une entreprise d'Etat monopolistique au nom peu inspiré de Zimbabwe Tobacco. Plus encore, l'objectif est à terme de mettre sous l'autorité directe de cette entreprise l'ensemble de la production tabacole du pays. Principale culture d'exportation zimbabwéenne, le tabac représente en effet une manne financière importante sur laquelle le gouvernement compte bien manger. D'ores et déjà, des projets d'expansion de l'activité sont pensés, et des fonctionnaires zimbabwéens sont envoyés au Royaume-Uni afin de discuter avec l'Imperial Brands et la British-American Tobacco de la possibilité de contrats quant à l'acquisition des droits sur les marques de ces groupes par la Zimbabwe Tobacco pour l'Afrique Australe.
La conséquence est cependant de taille. Les accords de Lancaster House, qui interdisent l'expropriation sans compensation des fermiers blancs, établissent également un système dans lequel le gouvernement britannique fournit des fonds pour lesdites compensations. Cependant, ces fonds sont limités - autrement tout aurait déjà été redistribué - et la décision du gouvernement de les diriger exclusivement dans la nationalisation pour une entreprise d'état des plantations tabacoles signifie aussi l'arrêt des redistributions de terres aux fermiers noirs. Seuls les terrains agricoles appartenant aux blancs ayant fait le choix de fuir en Afrique du Sud ou ailleurs, non protégés par les accords, sont redistribués au compte-goutte.
Affaires militairesLes forces armées zimbabwéennes accueillent avec grand plaisir et soulagement la mission militaire britannique. Les officiers envoyés par Londres encadrent les nouveaux régiments formés à partir de guérilleros, imposant des fonctionnements de casernes à des soldats jusque là habitués à une discipline plus laxiste. Un travail important pour faire des forces armées zimbabwéennes une véritable armée régulière.
De plus, une demande officielle a été faite à la République Populaire de Chine afin d'acquérir une cinquantaine de blindés Type 63.
Thalassin- Modérateur
- Messages : 2342
Date d'inscription : 27/10/2013
Age : 24
Gosseau, Alaminsk et Pierremenez aiment ce message
Re: V1980 - Topic officiel - Année 1982
Affaires militaires"Je vous écrirai à nouveau quand nous serons bien installés". Isheanesu pose le stylo qu'il a emprunté à un fonctionnaire qui réside dans le petit village, et cale la lettre dans une enveloppe. Il glisse le message dans une poche intérieure de son uniforme, et sort. Le vétéran a l'habitude des chemins de terre et de l'odeur âcre de la mauvaise essence. Il a combattu pendant des années pour les Rhodésiens. À l'indépendance, il a largement profité du vide laissé par le départ de nombreux officiers blancs pour monter en grade au sein du régiment. Néanmoins, le fait qu'il s'agisse, pour la première fois, d'une opération étrangère.
Le gouvernement zimbabwéen a décidé d'employer le régiment des Zimbabwean People's Rifles au Mozambique, et l'unité a passé la frontière dans son but de protéger le corridor de Beira, artère essentielle pour l'économie zimbabwéenne, contre toute incursion potentielle du RENAMO. Dans l'état-major du régiment, on commence, en plus de ça, des plans pour de potentiels assauts futurs, à l'aide de l'aviation légère : ressusciter les Fireforce rhodésiennes contre les anciens alliés du régime raciste...
Thalassin- Modérateur
- Messages : 2342
Date d'inscription : 27/10/2013
Age : 24
Gosseau et Pierremenez aiment ce message
Re: V1980 - Topic officiel - Année 1982
Sinaï"Begin est une saloperie de vipère ! Sadate lui a tout donné et c'est comme ça qu'il se comporte ?!", Moubarak tape du poing sur la table, décidément furieux en off. Les généraux égyptiens présents dans la pièce se taisent, tous conscients du séisme que serait le non-respect par Israël des accords de Camp David. En acceptant de signer la paix avec Israël, Anouar el-Sadate s'est mis à revers la quasi-totalité du monde arabe, et une grande partie de sa propre population. La présence en Egypte d'un puissant mouvement islamiste, qui a eu la peau de l'ancien dirigeant égyptien, serait attisée par un déchirement de ces accords pour lesquels le Caire a tant sacrifié.
"On ne peut pas rester sans rien faire, lancez le plan dont on a parlé". Le plan en question, envoyer une brigade d'infanterie prendre position à Bir-al-Abd. L'occupation militaire de la localité, située dans le Sinaï à proximité immédiate de Port-Saïd, constitue une rupture de la démilitarisation du Sinaï promise par l'Egypte, mais ne constitue en rien une menace pour la colonie de Yamit. Une démonstration de volonté plus qu'autre chose, qui s'accompagne de l'envoi à l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique d'une missive. Le Caire demande formellement à Washington de faire pression sur Israël afin d'obtenir l'évacuation des colonies dans le Sinaï d'ici l'été. Dès lors que Tel-Aviv fera part de son intention de respecter les accords de Camp David, la brigade égyptienne déployée dans le Sinaï se retirera de l'autre côté du canal de Suez.
Thalassin- Modérateur
- Messages : 2342
Date d'inscription : 27/10/2013
Age : 24
Gosseau et Pierremenez aiment ce message
Re: V1980 - Topic officiel - Année 1982
[left]Désaccord avec l'Etat Hébreux
Bush et son conseiller spécial sur les questions internationales Dick CheneyLa situation au Proche-Orient se complexifie encore après la décision d'Israël de ne pas évacuer la colonie de Yamit. Les actions égyptiennes font craindre le pire. Ainsi, le département d'État émet un avis sans ambiguïté auprès du président Bush et préconise, au vu de la situation au Caire, de faire pression sur Tel Aviv pour qu'elle respecte ses engagements d'évacuation. Ce point n'est pas négociable selon Alexander Haig : « Que pense Moubarak à l'heure actuelle ? C'est que les Israéliens ne rempliront pas leurs engagements d'évacuation du Sinaï s'ils ne font pas le nécessaire avec cette colonie de Yamit. C'est logique et sa réaction va dans ce sens. On ne peut risquer un conflit, ce ne serait pas dans l'intérêt d'Israël et des États-Unis. »
Dick Cheney, le conseiller spécial du président pour le Moyen-Orient, partage cet avis et fait remarquer à Bush que l'Amérique ne peut se permettre l'éventualité d'un conflit à proximité du canal de Suez, surtout dans le contexte actuel. « Les Israéliens foutent la merde ! Déjà que les Irakiens et les Iraniens nous la mettent profond avec leur guerre. On fait quoi si le Caire entre en conflit avec Tel Aviv ? On aura un risque énorme sur le trafic maritime et in fine sur le commerce international. George, il faut prendre Air Force One et aller voir Begin. Tu dois lui dire : 'Coco, tu fais une connerie monumentale. Tu fais le cow-boy avec la Syrie et l'Irak ok, on ferme les yeux, mais là, tu vas trop loin avec les égyptiens !'»
C'est ainsi que le président Bush se rendra très prochainement en Israël pour indiquer la position américaine concernant le respect strict des accords de Camp David. Sans quoi Washington sera moins magnanime au niveau international quant au soutien apporté à l'État hébreu, rappelant les récentes prises de décision opérées à l'ONU en faveur de Tel Aviv.
Pierremenez- Ministre
- Messages : 628
Date d'inscription : 16/08/2019
Gosseau, Aetius et Thalassin aiment ce message
Re: V1980 - Topic officiel - Année 1982
KRAMAT CAPABILITY La doctrine nucléaire du ministre sud-africain de la défense, Magnus Malan, vient d'être approuvée. Un document secret intitulé "Kramat Capability" fait l'objet d'une diffusion restreinte au sein du gouvernement et des forces armées de l'Afrique du Sud, il défini pour la première fois une stratégie nucléaire officielle. Cette stratégie de dissuasion progressive en trois phases offre une feuille de route pour identifier les besoins de progression à travers les phases successives :
- Phase 1 : Incertitude stratégique - durant cette phase, l'existence de la capacité sera niée.
- Phase 2 : Condition clandestine - durant cette phase, la capacité nucléaire sera révélée de manière secrète comme moyen de persuasion et de coercition.
- Phase 3 : Dissuasion ouverte - durant cette phase, les actions suivantes seront envisagées : * Annonce publique *Démonstration de force *Démonstration officielle dans le désert *Menace d'utilisation *Application sur le champ de bataille comme moyen de dissuasion contre les forces d'assaut conventionnelles
Le document stipule également : "Pour mener à bien cette stratégie avec crédibilité, les systèmes d'armes suivants sont nécessaires : vecteur aéronef capable de maintenir la dissuasion nucléaire, capacité de test en souterrain et vecteur balistique."
NOS AMIS FRANÇAIS ET ISRAÉLIENS Le brigadier John Huyser, investi des pleins pouvoirs par Magnus Malan, part à Paris avec une délégation militaro-industrielle d'Atlas. Le but : obtenir de l'équipement de pointe pour améliorer la capacité d'Atlas à améliorer les aéronefs de la SAAF. Avec ce transfert de technologie négocié, John Huyser se rendra ensuite à Jérusalem. Il souhaite acquérir, une version native sud-africaine de l'AI Kfir, lui-même un dérive du Mirage 5/IAI Nesher. Ce nouvelle avion, nommé l'Atlas Cheetah, sera le fer de lance de la SAAF.
Aetius- L'Alexandre du Nord
- Messages : 2085
Date d'inscription : 03/09/2012
Age : 84
Gosseau et Thalassin aiment ce message
Re: V1980 - Topic officiel - Année 1982
Les agissements de la CIA
Le Directeur de la CIA sous l'administration Bush Stansfield TurnerÀ Washington, Bush a tranché sur le rôle que devaient jouer les États-Unis au Nicaragua. Comme le voulait Reagan, il faut renverser le régime sandiniste, synonyme d’éventuelle tête de pont soviétique en Amérique centrale. Des directives sont établies et permettent donc d’entamer les actions subversives de la CIA. C’est ainsi que la Special Activities Division se lance dans cette guerre en finançant et en aidant les forces de la guérilla « contras ». Les contacts établis avec le Frente Democrático Nicaragüense (FDN) se font plus intenses et se concrétisent par la fourniture d’armes (armes légères, pick-up armés, mortiers, etc.). D’autres groupes, notamment ceux basés au Costa Rica, bénéficient des largesses de la CIA avec l’envoi d’instructeurs américains pour entraîner les dissidents sur les techniques de guérilla et d’assassinat.
De l’autre côté du globe, en Iran, les agents de la CIA ont réussi à mettre en place de solides lignes logistiques terrestres et maritimes pour fournir l’armée iranienne en armement et en pièces détachées yankees. Mais la situation sur le front reste précaire et le responsable de la mission est quelque peu alarmiste dans son rapport, indiquant que les livraisons actuelles ne permettront pas de stabiliser le front au niveau de Sanandaj. Selon ses dires : « La faiblesse du commandement de l’armée de terre iranienne et l’instabilité politique du pays provoquent une attrition alarmante des blindés. Ainsi, selon nos estimations, l’opération Dezful 2 a vu près de 214 chars détruits du côté iranien (…) Si la situation politique à Washington empêche la fourniture de M60, je préconise la livraison de M-48, que nous pouvons acquérir aisément et surtout en grande quantité auprès de certains de nos alliés comme la Turquie ou la Corée du Sud. » Quoi qu’il en soit, la CIA commence le déploiement d’un lot important de munitions, d’armes légères (M16A1, FN FAL et G3), d’anti-chars (FGM-77, BGM-71 TOW) et de MANPADS (FIM-92 Stinger). La stratégie est claire : déverser un maximum de matériel pour faciliter une possible guérilla en cas de défaite des forces conventionnelles iraniennes, rendant toute occupation étrangère très difficile.
Pierremenez- Ministre
- Messages : 628
Date d'inscription : 16/08/2019
Gosseau aime ce message
Re: V1980 - Topic officiel - Année 1982
MOZAMBIK MANIA Alors qu'à l'intérieur, l'apartheid se fissure, P.W. Botha s'emploie à renforcer ses positions nationalistes à l'extérieur, comme pour détourner l'attention. La destruction de Smokeshell, le QG du SWAPO en Angola, par l'armée sud-africaine, apporte une certaine accalmie dans le Sud-Ouest Africain. Cependant, l'armée sud-africaine est totalement dépassée par la situation au Mozambique. L'intervention du Zimbabwe aux côtés des troupes du FRELIMO représente une menace majeure pour Pretoria. Et que fait Magnus Malan ? Ignorant superbement la situation interne du pays, il décide de mener une intervention terrestre pour soutenir le RENAMO.
SOWETO UNREST La réforme constitutionnelle insuffle un nouvel élan à la lutte contre l'apartheid. Perçue comme un aveu de faiblesse, cette constitution libérale donne une image fragile et mortelle de l'apartheid. La majorité noire du pays aspire aux mêmes droits civiques que les Blancs, tandis que les coloureds et les Indiens restent insatisfaits par des réformes civiques qui ne sont pas totalement égalitaires et qui continuent d'opprimer la majorité noire. L'ANC, particulièrement bien implantée à Soweto, lance des opérations de sabotage contre les infrastructures électriques de Johannesburg. Ce sabotage, perturbant le bon fonctionnement du quartier central des affaires de Johannesburg, provoque une fuite des capitaux vers Sandton et d'autres villes sécurisées. Le 15 février 1982, 10 000 manifestants anti-apartheid défilent à Soweto. Dans la plus grande confusion, la police sud-africaine n'intervient pas, faute d'effectifs suffisants. Au parlement, des voix commencent à s'élever pour demander l'intervention de l'armée dans les townships afin d'assurer la transition entre les deux constitutions.
Aetius- L'Alexandre du Nord
- Messages : 2085
Date d'inscription : 03/09/2012
Age : 84
Gosseau et Thalassin aiment ce message
Re: V1980 - Topic officiel - Année 1982
ETAT D'ISRAEL
Sinaï
Cela semble acté. Les bulldozers israéliens resteront dans leurs baraquements en Israël même, et n'iront pas dans le Sinaï. Dans une décision politique osée, et très vivement critiquée par l'opposition, le Premier Ministre Begin a annoncé que l'évacuation des colonies du Sinaï sera "reportée à plus tard". Cette formule, cryptique, est peu comprise parmi certains dans les rangs du Likoud. Mais l'aura de popularité dont jouit Begin lui permet de faire rentrer la dissidence dans le rang et de la faire taire.
L'opposition de Shimon Peres vocifère à la Knesset que cela mènera l'Egypte à rejeter les accords de paix, et met en danger l'Etat d'Israël. Peu importe.
A Yamit et Ofira, deux des plus grosses colonies du Sinaï, la nouvelle est reçue avec une joie immense. Des célébrations ont lieu. Les garnisons israéliennes sur place sont dans l'attente. Quoi faire ? Ils étaient préparés à évacuer les civils israéliens de la région, et désormais, il devient très probable qu'ils devront les défendre d'une attaque égyptienne. La tension est au plus haut, probablement depuis 1973, à la frontière israélo-égyptienne.
Gosseau, Thalassin et Pierremenez aiment ce message
Re: V1980 - Topic officiel - Année 1982
SinaïL'Egypte est profondément choquée des agissements israéliens dans le Sinaï. L'annonce, dans les journaux, de la décision de Tel-Aviv de ne pas évacuer la région, sensée être rétrocédée dans le cadre de l'accord de paix israélo-égyptien, mobilise les foules. Des millions d'Egyptiens se massent dans les rues du Caire, d'Alexandrie et des autres grandes villes à grands discours anti-sionistes, mais aussi anti-gouvernement. Le régime militaire de Moubarak, héritier de Sadate, est en effet jugé par une partie de la population comme responsable d'avoir trahi les intérêts de la nation égyptienne en signant cet accord de paix. Pour quel résultat ? L'Egypte, qui a reconnu l'Etat d'Israel, se retrouve au ban de la ligue arabe et sans la restitution du Sinaï. Pour le moment, non sans larges violences d'Etat, les bâtiments administratifs sont gardés à l'abri des manifestants.
Moubarak et sa junte sont acculés. Ne rien faire, c'est s'assurer d'être renversé par la colère populaire. Faire quelque chose, c'est se lancer dans une guerre kamikaze. La brigade d'infanterie envoyée de l'autre côté du canal ne sera pas renforcée, de peur de provoquer une attaque directe d'Israël, néanmoins l'armée égyptienne est placée en état d'alerte maximale, et les militaires commencent à se masser à l'ouest de Suez et Port-Saïd, en prévision ouverte d'un conflit contre l'état hébreu.
Dans un dernier espoir de sauver le traité de paix, la junte égyptienne se tourne une fois de plus vers les Etats-Unis d'Amérique. La demande est simple. Le Caire demande à Washington d'envoyer des hommes dans le Sinaï afin d'escorter puis protéger des colons et militaires israéliens la cohorte de fonctionnaires sensée prendre possession du Sinaï dès cet été. Moubarak sait deux choses : de l'une la coopération de l'Egypte est un atout clé pour les Américains au Moyen-orient, et de l'autre le traité de paix assure, via un statut de partenaire, des financements américains juteux à l'Egypte. Les avantages des relations américano-égyptiennes sont donc, pour les deux pays, dépendantes du respect de ce traité.
Dernière édition par Thalassin le Lun 1 Juil 2024 - 0:34, édité 1 fois
Thalassin- Modérateur
- Messages : 2342
Date d'inscription : 27/10/2013
Age : 24
Shikkoku, Gosseau et Pierremenez aiment ce message
Re: V1980 - Topic officiel - Année 1982
ETAT D'ISRAELTroupes égyptiennes :
Les troupes égyptiennes commencent à s'activer de l'autre côté du Canal de Suez. Le Premier Ministre Begin ordonne immédiatement la mise en alerte des bases aériennes israéliennes, jusqu'à nouvel ordre. De la même manière, des préparatifs sont effectués sur les aérodromes du Sinaï pour camoufler le matériel militaire au mieux possible.
La mesure passe relativement inaperçu, Begin ne souhaitant pas pour l'instant, placer l'entièreté des forces armées en état de mobilisation.
Pierremenez aime ce message
Re: V1980 - Topic officiel - Année 1982
Proche Orient
Les porte-avions américains se préparant à leur déploiementLa situation tendue au Proche-Orient oblige les États-Unis à réagir. Le président Bush a accepté d’envoyer un important dispositif aéronaval afin de parer à toute éventualité. Ainsi est dépêchée en Méditerranée orientale une force navale composée des porte-avions Independence, Dwight D. Eisenhower, John F. Kennedy, des sous-marin nucléaire d'attaque Los Angeles et Omaha, du cuirassé New Jersey, des destroyers Arthur Radford, Caron, Claude Ricketts, John Rodgers, Mossbrugger et Tattnall, du croiseur Arkansas, des frégates lance-missiles Bowen et Sims, du porte-hélicoptères Tarawa et des navires amphibies Guam et Iwo Jima. Outre cela, une Marine Amphibious Unit est mise en état d’alerte, prête à agir à tout moment.
À la Maison-Blanche, la proposition égyptienne est analysée; rien n’est exclu. L’entourage de Bush et le département d’État veulent se laisser toutes les options sur la table. Cependant, le timing n’est pas au mieux à quelques semaines des élections de mi-mandat. Quoi qu’il en soit, le fait que Washington n’ait pas balayé d’un revers de la main la demande égyptienne montre bien le refroidissement des relations diplomatiques avec Tel Aviv. Certains, même au Congrès, appellent à une baisse substantielle des aides militaires allouées à Israël et le font savoir à la presse.
Pierremenez- Ministre
- Messages : 628
Date d'inscription : 16/08/2019
Shikkoku, Gosseau et Thalassin aiment ce message
Re: V1980 - Topic officiel - Année 1982
Monde arabe
ÉvènementLa Ligue arabe apparaît comme étant de plus en plus divisée sur les différents sujets qui la concernent directement. D'une part, la guerre Iran - Irak continue de fracturer l'organisation, dont certains membres n'hésitent pas soutenir l'Irak, d'autres l'Iran - à l'instar de la Syrie, essentiellement par opposition à Saddam Hussein et à cause des financements de groupes islamistes hostiles au régime syrien par ce dernier -, tandis que quelques-uns tendent à faire cavalier à part pour le moment, à l'instar du conseil de coopération du golfe.
D'autre part, la proposition française de plan de paix entre Israël et la Palestine a elle aussi provoqué des remous diplomatiques au sein de la Ligue. Malgré une large majorité de pays assez, voire très, favorables à la proposition faite par Paris auprès de l'Assemblée générale de l'ONU, laquelle s'est traduite par un franc soutien lors du vote, la Syrie s'est vivement opposée à ce projet. Tant ses liens avec l'Organisation de libération de la Palestine que le conflit diplomatique entre Damas et Paris sur fond de guerre civile libanaise ont poussé Al-Assad à s'isoler diplomatiquement du reste du monde arabe sur ce dossier, suivie en cela par Benghazi par opposition à ce qui est dénoncé comme une résurgence de l'impérialisme français par Khaddafi. Un discours qui n'est pas sans parler aux peuples anciennement colonisés par la France.
Malgré ces divisions, les récents évènements dans le Sinaï tendent à réunir une partie non-négligeable de ce même monde arabe, qui s'unit derrière l'Egypte pour dénoncer la violation des accords de Camp David par Israël. Ce soutien reste néanmoins essentiellement diplomatique pour le moment, car si une guerre venait à éclater entre Le Caire et Jérusalem, la mobilisation constatée lors des derniers conflits serait amoindrie, entre l'Irak en guerre contre l'Iran, la Syrie davantage préoccupée par l'intervention de l'ONU au Liban qui menace sa position dans le pays de cèdres, ou encore par les pays du golfe plus préoccupés eux aussi par la guerre Iran-Irak que par le Sinaï. Pour l'instant.
Sirda- Modérateur
- Messages : 2622
Date d'inscription : 18/09/2011
Shikkoku, Gosseau et Pierremenez aiment ce message
Re: V1980 - Topic officiel - Année 1982
Intervention américaine au Liban
Bush à la tribune du CongrèsLe président américain George H.W. Bush a obtenu, dans la nuit du jeudi 13 au vendredi 14 mai 1982, le feu vert du Congrès pour mettre en œuvre la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU au Liban. À une large majorité, les parlementaires ont autorisé M. Bush à utiliser la force « comme il le juge nécessaire au Liban, dans le cadre défini par la résolution de l’ONU ».
« L’Amérique, avec ses alliés et avec l’aval de la communauté internationale, propagera la paix au Liban. Dès à présent, nos troupes sous commandement exclusivement américain vont se déployer pour aider le gouvernement libanais à recouvrer sa pleine souveraineté », a déclaré M. Bush. D’ores et déjà, le groupe aéronaval suivi du 22nd Marine Expeditionary Unit (2200 marines) se prépare à débarquer à Beyrouth pour prendre position dans la capitale. Cette avant-garde sera rejointe par des éléments de la 2nd Marine Division et deux escadrons de la 1st SFOD-D (Delta Force), portant le total des effectifs américains au sol à 5 670 Marines et 170 opérateurs de la Delta Force.
Pierremenez- Ministre
- Messages : 628
Date d'inscription : 16/08/2019
Sirda aime ce message
Re: V1980 - Topic officiel - Année 1982
La vengeance des girondins.
................Cent quatre-vingt-neuf ans après la défaite des Girondins à la Convention, Valéry Giscard d’Estaing a permis leur grand retour en grâce en signant de sa plume le 2 juin l’ensemble de lois constitutionnelles, organiques et ordinaires, destinées à mettre en place une République certes indivisible mais décentralisée. Voire très décentralisée, au point d’apparaître à certains égards comme quasiment fédérale aux yeux de quelques jacobins mentaux. Il faut dire que le chef de l’Etat, qui a engagé depuis son élection en 1974 une révolution tranquille, selon ses mots, visant à promouvoir l’autonomie des collectivités territoriales, a initié ici un grand changement à même de bouleverser le fonctionnement administratif et institutionnel du pays, réputé pour sa tradition plus que centralisatrice depuis l’Ancien Régime.
................La plus importante des réformes est incontestablement la fin de la tutelle de l’Etat sur les collectivités territoriales, qui, désormais, se voient reconnaître une libre-administration dans les limites fixées par la loi. L’Etat s’en tient désormais à un contrôle a posteriori des actes pris par les collectivités, limité au demeurant à un pouvoir de saisine de la justice pour en vérifier la légalité. A cela s’ajoute également la définition de champs de compétences, avec la dévolution d’attributions jusqu’alors exercées par l’Etat et désormais transférées aux collectivités selon leur échelon, avec des compensations financières importantes pour les mettre en oeuvre, ainsi que la création d’impôts et de taxes locaux pour garantir une autonomie financière plus conséquente aux collectivités.
................Une autre grande nouveauté est la consécration de la région comme nouvelle entité administrative et politique dotée du rang de collectivité territoriale. Sur ce point, les frontières des régions évoluent. Plutôt que de vastes ensembles sans saveur ni identité, Valéry Giscard d’Estaing, très attaché au local, a privilégié des régions qui avaient un certain sens historique. Ainsi la Normandie se retrouve-t-elle réunifiée, tandis que Nantes est rattachée à la Bretagne, ou bien la Savoie érigée au rang de région. Ces changements font des heureux autant qu’ils font grincer des dents chez certains. La fonction élective de conseiller régional est par ailleurs fusionnée avec celle de conseiller général, repris sous l'appellation de conseiller territorial, afin de garantir une certaine cohérence entre les politiques mises en œuvre par les départements et par les régions, ces dernières étant notamment chargées du développement économique.
................Les départements, eux aussi, sont amenés à très largement évoluer. Leur nombre est multiplié par quatre, au profit d’un découpage moins abstrait et plus cohérent avec les réalités économiques et géographiques du pays ; et englobent en outre les communautés de communes, syndicats, et toutes ces strates administratives qui pullulent depuis des décennies et qui sont désormais supprimées. L’objectif est de concentrer les leviers d’actions à un niveau suffisamment grand pour permettre des économies d’échelles et des actions efficaces, tout en le maintenant dans un périmètre suffisamment restreint et cohérent géographiquement pour ne pas le diluer. Ainsi, la Manche est divisée entre le Cotentin et l'Avranchin, tandis que le Sundgau réapparaît en Alsace aux côtés de l’Oschenfeld. Une mesure qui, si elle rapproche souvent les administrés de leur culture locale, provoque aussi un grand bazar auprès de La Poste. Par ailleurs, dorénavant, un sénateur sera élu par département, soit 426 sénateurs désormais.
................Enfin, les différents traitements prévus dans la loi ou dans la Constitution pour les outre-mers sont juridiquement réorganisés par l’introduction du concept de statuts particuliers des territoires d’outre-mers dans cette même Constitution. Cette innovation permet désormais aux assemblées locales des outre-mers de négocier directement avec le Parlement français un statut fixant notamment le mode d’organisation de la collectivité, les compétences, etc. Une plus grande flexibilité est ainsi permise, quitte à permettre une plus grande différence entre les collectivités d’outre-mer entre elles, tant sur l’application des lois nationales que sur la fiscalité, l’éducation, l’économie, la monnaie, etc.. La Corse est également concernée par cette mesure. Quelques domaines restent intouchables, à l’instar des armées et de la diplomatie, de la sécurité intérieure ou encore de la justice.
Sirda- Modérateur
- Messages : 2622
Date d'inscription : 18/09/2011
Pierremenez aime ce message
Re: V1980 - Topic officiel - Année 1982
Entre modernité et tradition
Metroliner en service depuis 1969 entre Washington DC et New-yorkÀ Washington, l’été n’est pas de tout repos pour l’administration Bush qui poursuit tous azimuts les réformes. Les élections de mi-mandat approchent à grands pas et le président fait le VRP du camp républicain. Visitant les grandes villes de la côte est, le Texan promet, d’ici la fin de 1984, le début des travaux d’une ligne à grande vitesse sur le corridor Boston-Washington. S’appuyant sur la loi de 1965, le gouvernement américain lance les travaux préparatoires. On parle déjà du projet le plus ambitieux de création d’un nouveau réseau, même s’il semble que l’on se porterait plus sur la solution d’aménagement des lignes existantes permettant d'accélérer la vitesse commerciale des trains. Quoi qu’il en soit, le président Bush estime qu’un tel projet est nécessaire à la vue du contexte géopolitique au Moyen-Orient, offrant une alternative viable au transport routier et aérien. Cela permettrait aussi de créer des emplois dans le secteur du BTP dans une Amérique où le chômage est bel et bien présent.
Dans le sud profond, c’est le vice-président Eagleburger qui mène campagne afin d’apporter le soutien nécessaire aux représentants républicains. Ici, des griefs importants se font sentir depuis l’amendement du Congrès sur la loi Voting Rights Act renforçant la surveillance fédérale sur les droits de vote des minorités. Pour l’électorat traditionnel conservateur, Bush se socialise, mais Eagleburger est là pour les rassurer, reprenant les positions de la droite religieuse sur la famille et l’avortement.
Pierremenez- Ministre
- Messages : 628
Date d'inscription : 16/08/2019
Re: V1980 - Topic officiel - Année 1982
ETAT D'ISRAEL
Evacuation du Sinaï :
Le coup de poker de Begin n'aura mené à rien. L'armée israélienne a reçu l'ordre d'évacuer le Sinaï au plus vite. Ainsi, le 4 octobre 1982, des camions israéliens et des bulldozers traversent la frontière, tandis qu'une bonne partie de la garnison proche du canal de Suez reçoit l'ordre de quitter ses positions et de se rabattre vers Tel-Aviv.
L'évacuation des colonies israéliennes n'est pas sans heurts. Les colons sont plusieurs milliers, et si une très large majorité coopère, souvent à regrets, et insultant le gouvernement, à Yamit des heurts entre ultra-orthodoxes et l'armée israélienne font plusieurs blessés dans les rangs de l'armée.
Yamit, octobre 1982
Les soldats doivent parfois extraire de force les habitants de leur domicile, ce qui mène à de nombreuses rixes. Mais en moins de trois jours, Yamit est évacuée. Dans les 20 prochains jours, les forces armées israéliennes ont reçu un ordre très particulier : détruire toutes les infrastructures qui ne peuvent être emportées en Israël, commençant par les systèmes d'irrigation et de canalisations, d'électricité et d'agronomie.
Ainsi, alors que souvent, comme à Yamit, l'évacuation se prolonge, aux côtés des cris des colons qu'on arrache à leurs maisons, le rugissement des moteurs de bulldozers écrasant jardins, murs et installations agricoles se fait entendre dans les terres désolées du Sinaï.
A domicile, la situation est tendue. De nombreux partenaires du Likoud demandent la tenue d'une réunion d'urgence avec Begin. Ils pourraient bien retirer leur soutien au Premier Ministre, ce qui amènerait le gouvernement dans une situation dangereuse vis-à-vis d'une motion de censure de la gauche à la Knesset.
Thalassin aime ce message
Re: V1980 - Topic officiel - Année 1982
Election de mi-mandatL’heure fatidique des midterms est arrivée. Grâce à l’engagement personnel du président dans cette campagne et à sa stature de conciliateur, notamment avec le compromis trouvé avec les démocrates pour la validation du Tax Equity and Fiscal Responsibility Act, George H.W. Bush a réussi l’exploit de faire remporter aux républicains la Chambre des représentants (269 sièges) et le Sénat (54 sièges). Ce succès va accentuer le projet de « néo-libéralisme » de l’administration Bush mais permet surtout d’avoir les mains libres pour les deux années à venir.
Cependant, cette victoire doit très vite amorcer des changements majeurs dans le pays sans quoi les Américains pourraient très vite se détourner de Bush. Les États-Unis souffrent d'une récession brutale, la plus forte depuis la Seconde Guerre mondiale, d'un chômage élevé à 10,8% et d'une inflation forte à 6,2%. Ces mauvais indicateurs économiques sont couplés à une prévision de déficit public fortement aggravé avec une projection à 208 milliards de dollars. Quoi qu’il en soit, l’Amérique attend beaucoup de son président, à lui de faire le nécessaire pour ne pas les décevoir.
Pierremenez- Ministre
- Messages : 628
Date d'inscription : 16/08/2019
Re: V1980 - Topic officiel - Année 1982
Lors d’une nuit glaciale du mois de décembre 1982, les bâtiments du Zhongnanhai, le siège du gouvernement et du Parti à Beijing, grouillaient toujours de fonctionnaires mais peu s’afféraient avant l’aube. Les couloirs étaient vides, quelques fonctionnaires dormaient sur leurs chaises en attendant une urgence potentielle ; on remarquait plutôt les gardes enchaîner les cigarettes, montrant les gros bras les rares fois qu’une secrétaire passait. Un autre homme surconsommait du tabac dans un bureau confortable : Deng Xiaoping. Le petit homme, affalé dans un siège, profitait du calme qu’offrait l’heure tardive pour relire des rapports. Le premier dossier revenait sur le troisième recensement mené entre juillet et octobre.
C’est désormais officiel : la République populaire de Chine compte plus d’un milliard d’habitants, malgré quelques irrégularités. Selon les statisticiens, la croissance démographique est encore trop forte et la politique de l’enfant unique (mise en place en 1979) ne porte pas encore ses fruits. Le camarade Deng le sait : il faudra accentuer la répression pour éviter une catastrophe dans les décennies à venir, en comptant sur son autorité pour adopter des sanctions plus lourdes. Cette vision pragmatique justifiait bien son surnom dans le Parti : l’aciérie, d’après sa gestion réaliste et imperturbable pour certains mais glaciale et autoritaire pour d’autres.
Comment imposer cette autorité ? Le camarade Deng peut désormais compter sur un appareil politique en partie acquis à sa cause, fruit d’un travail de plusieurs années. En effet, alors qu’il a été purgé deux fois par Mao avant sa mort en 1976, il est parvenu à organiser son retour en politique et à s’imposer face aux néomaoïstes menés par Hua Guofeng lors du troisième plénum du XIe comité central du PCC fin 1978. Cet événement est surnommé réforme et ouverture par les encartés : conservateurs et réformistes se sont partagé le pouvoir, le camarade Deng naviguant entre les deux factions. Côté conservateur, il écrase le mouvement du Printemps de la démocratie et réaffirme les quatre principes fondamentaux de la RPC en mars 1979. Côté réformateur, alors qu’il lance les premières réformes économiques libéralisant la Chine (adoption d’une loi sur les entreprises mixtes sino-étrangères en juillet 1979 et la création des quatre premières ZES en 1980), le petit homme mène sa revanche contre les néomaoïstes : Hua est évincé du bureau politique et ses soutiens, appelés la Petite Bande des Quatre, sont arrêtés et condamnés en février 1980. Le dernier clou du cercueil néomaoïste est planté lors du sixième plénum du XIe comité central du PCC en juillet 1981 : des millions de condamnés de la Révolution culturelle (1966-1976) sont réhabilités, les proches de Mao sont critiqués même si la figure fondatrice reste épargnée.
Ce revirement dans la politique chinoise, impulsé par les débuts de la libéralisation économique lancée en 1978, doit donc être officialisé en 1982 (sujet du deuxième rapport consulté par Deng en cette nuit tardive). Le leader chinois s’est basé sur la motion adoptée par le comité central fin 1978 : engagement du Parti à séparer les fonctions de l’appareil partisan et de l’État, restaurer la légalité socialiste et démocratiser les institutions. C’est pourquoi après des mois de préparation le XIIe congrès national du Parti est réuni en septembre 1982, avec ses 1 600 délégués : les motions adoptées actent le renouvellement de la classe politique. Le camarade Deng grave ce changement dans le marbre quatre mois plus tard car le 4 décembre 1982, une nouvelle Constitution est adoptée.
- LE CAMARADE DENG XIAOPING, CHAPOTANT LA NOUVELLE CONSTITUTION :
En fermant ce dossier, Deng contemple le chemin parcouru mais reste pragmatique. Certes, le Parti communiste chinois est renouvelé : ses partisans sont bien implantés au sein XIIe du comité permanent (six membres), du Politburo (31 membres) et du comité central (210 membres). Il préside aussi la Commission consultative centrale du PCC, créée de toutes pièces à la suite du congrès : ayant pour tâche de conseiller le Parti, elle permet surtout à Deng de réunir officiellement ses plus proches partisans et notamment les Huit immortels. C’est sur cet organe que compte le leader chinois pour contrer ses opposants politiques qui cherchent à accroître leur influence (les conservateurs, les réformistes radicaux et les militaires). Ainsi, même si l’année 1982 fut celle de la domination politique de Deng au sein du Parti, il sait bien une chose : ce n’est pas parce qu’un nouveau système est adopté dans les textes qu’il est accepté par tous. Le président de la Commission consultative centrale s’est donné jusqu’au nouvel an chinois, en février 1983, pour fortifier sa ligne et veiller à ce qu’aucun soubresaut n’ait lieu jusque-là.
Avant d’aller se coucher, l’aciérie consulte un dernier dossier de la pile et pas des moindres : la diplomatie. Lors du XIIe congrès national du PCC, les Cinq Principes de Coexistence Pacifique furent réaffirmés, laissant les coudées franches à Deng Xiaoping pour mener une politique étrangère libre des carcans idéologiques. Trois canaux diplomatiques sont activés : le premier auprès de la République du Zimbabwe à qui sont vendus 50 blindés de Type 63 pour la soutenir dans son combat ; le deuxième auprès de la République islamique d’Iran qui a manifesté son intérêt auprès de Beijing pour conclure divers accords ; auprès du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord pour l’organisation d’une rencontre détaillant le cas hongkongais.
Alaminsk- Grand Consul
- Messages : 2826
Date d'inscription : 17/09/2011
Age : 28
Localisation : Paris, France.
» V1980 - Topic Officiel - Année 1981
» V1980 - Topic officiel
» Topic Officiel - Année 2023
» Topic Officiel - Année 2024