V1915 - Revue de Presse Officielle

Bessarabie
Brève
Evènement

La terre bénie moldave est dans un profond désordre après avoir été retournée par toutes les armées de la région. Tout le monde a cru un temps qu’elle devenait sienne, mais la destinée de cette terre appartient bien à ses habitants. Plusieurs groupes de déserteurs et autres avaient déjà formé des comités de soldats aux slogans appelant à la fin de la guerre et à la liberté. C’est grâce à ces nombreux conseils de soldats que la situation politique en Bessarabie évolue aussi. Dans ces conditions d’anarchie, émerge le Comité Central Moldave composé d’officiers de Bessarabie ayant servi du côté russe. Le CCM envoie d'abord un télégramme à la Stavka, propoposant la création d’une force national de Bessarabie autonome au sein de l’armée russe. L’officier moldave Vasile Cijevschi a déjà commencé à la mettre sur pieds, bien que celle-ci soit très faiblement entraînée elle est remarquablement composé de toutes les nationalités de la Bessarabie. Dans le même temps, la figure centrale du CCM, l’officier Gherman Pântea organise un Congrès des soldats moldaves à Kishinev/Chișinău. Ces derniers mettent au point leur propre journal et une autorité locale se constitue réellement. Puis ils décident d’organiser des élections pour élire un corps plus représentatif composé de toutes les origines et groupes sociaux de Bessarabie. Cela devrait prendre un moins pour former le Conseil du Pays (Sfatul Țării), le CCM espérant que le gouvernement russe reconnaîtra celui-ci.

Roumanie
Brève
Evènement

Enfin, le cœur de la Roumanie s’enflamme brusquement à son tour. Les initiatives militaires bulgares sans consentement et l’absence de réel soutien de Berlin furent la dernière goutte d’eau nécessaire pour provoquer un soulèvement contre le gouvernement conservateur. Ce dernier était totalement discrédité alors que les Russes approchent à grands pas. À l’appel de Take Ionescu qui prend fait et cause pour les principes hughiens, une grève générale se déclencha et la violence embrasa Bucarest le temps d’une nuit d’une exceptionnelle violence. Le régime conservateur roumain n’aura finalement pas su résister à la contradiction de l’opinion de sa population. Carol II assiste impuissant à la brutalité de son peuple qui semble le haïr à ses yeux (un sentiment largement vrai). Sentant la fin venir et ne souhaitant pas mourir alors qu’il vit enfin le grand amour, il fait ses bagages avec Ioana Lambrino et s’enfuit en voiture avant de prendre un ferry pour le Danube pour enfin s’installer en Suisse bientôt. L’armée roumaine du côté de la révolution (fatigue de la guerre et officiers francophiles) Take Ionescu proclame la République roumaine à Bucarest et rend sa capitulation au gouvernement russe sur la base des 14 points de Hughes. L’attention reste toutefois vive en face des troupes bulgares, le gouvernement provisoire roumain formé par Ionescu exigeant à ce que Sofia se retire immédiatement de Constanța et du Dobroudja.

EMPIRE OTTOMAN
Brève

Les troupes du Levant affluent en Thrace, où des positions défensives sont prises. Mustafa Kemal, prenant un rôle ouvertement politique pour la première fois, envoie une missive urgente à Sofia demandant le retrait immédiat du territoire ottoman. Les troupes ottomanes sont cependant majoritairement sur des axes défensifs, et aucune offensive n'est possible pour l'instant ni pour reconquérir la partie Sud-Ouest de la Thrace ottomane, ni pour punir la Bulgarie sur ses propres terres.

Un second message tout aussi important est envoyé à Londres, demandant au Royaume-Uni de faire pression sur Sofia, et surtout exigeant des réparations de guerre bulgare. L'Empire ottoman est longuement présenté comme victime du Triumvirat des Pasha, de la Grande Guerre, et maintenant de l'impérialisme bulgare.

Le Yémen, vilayet sur lequel l'Empire ottoman n'avait plus qu'un contrôle théorique depuis le début de la guerre, a officiellement déclaré son indépendance.

Royaume du Yémen (beige pâle)

L'imam Yahya Hamid ed-Din s'autoproclame ainsi Roi du Yémen, et forme un gouvernement de ses plus proches hommes et parents afin de régner sur ses terres. Le petit Etat ne compte officiellement aucune armée, mais l'imam pourrait mobiliser aisément ses troupes pour se défendre. Sana est désigné capitale, siège du gouvernement et du Roi.

PORTUGAL
Brève

La République portugaise est en émoi. S'estimant la première victime de l'impérialisme espagnol, et sujette à une invasion de son territoire qu'elle a défendu avec succès, la République est cependant la plus lésée des forces de l'Entente dans le Traité d'Argenteuil mettant fin à la participation espagnole à la Grande Guerre.

Lisbonne, été 1918

N'ayant reçu que les miettes de l'Empire colonial espagnol (alors que le Portugal comptait bien étendre son influence au Rif) et surtout aucune réparation de guerre, le petit Etat ibérique est fortement déçu de la France et du Royaume-Uni, et estime qu'il s'agit là d'une quasi-trahison.

ESPAGNE
Brève

Les tensions politiques restent majeures en Espagne, et la gauche et la droite sont toujours prises dans un terrible face-à-face immobile. L'Armée d'Afrique, qui compterait entre 15 et 20 000 soldats armés de manière illégale, campe toujours sur ses positions à Valence où la République peine à s'imposer.

Agustín de Luque y Coca continue de mener le pays, mais de manière difficile. Si son coup d'état a mis fin à la guerre et à la monarchie, il n'arrive toujours pas à former un gouvernement efficace. Les troupes de l'Entente continuent d'occuper le pays. 50 000 français, le même nombre de portugais et 30 000 britanniques sont toujours présents en Espagne, et leur présence n'est pas que symbolique. Les troupes françaises ont maté une révolte basque lors des 6 derniers mois, causant la mort d'une cinquantaine de militants sécessionistes.

De la même manière, l'Espagne se voit forcée à participer à l'effort de guerre français à travers le Traité d'Argenteuil. Les usines espagnoles, bien que peu nombreuses, tournent à plein régime dans des conditions déplorables pour fournir la France en armes et en munitions. Ceci n'aide pas les tensions, notamment dans le monde ouvrier.

Une usine d'uniformes françaises à Saragosse

GRECE
Brève

L'armistice consenti par la Bulgarie laisse le Royaume de Grèce dans une bien fâcheuse posture. Ce n'est pas la maigre armée montée par l'état fantoche qui réussirait quoi que ce soit, et ils le savent. Alors ils demandent de capituler, à la condition que les dirigeants de l'état fantoche disposent d'une amnistie pour leurs actes. Vénizélos, en tant que dirigeant de la République de Grèce, accepte. Il veut rentrer vite dans la pays libéré pour sauver les meubles. Sa cote de popularité en Grèce est au plus bas. Même si la victoire vient enfin, tout le pays se souvient que c'est lui qui, à Salonique, a forcé l'entrée en guerre du pays et mené au désastre qui s'ensuivit. En tout cas, les Britanniques atteignent à leur tour la frontière bulgare. Les moujiks rencontrent leurs homologues des Indes et boivent le thé de la paix qu'ils espèrent prochaine

PORTUGAL
Brève
Evènement

Au vu de la tournure que prend l'occupation de l'Espagne après la pacification de Valence et du mécontentement général suite au traité de paix d'Argenteuil, les troupes portugaises décident d'évacuer leurs positions à travers le pays pour se concentrer sur une présence de 10 000 hommes à Huelva, 10 000 hommes à Badajoz, 10 000 hommes à Salamanque, 5 000 hommes à Valladolid et 10 000 hommes à Vigo.

Ce faisant les effectifs du corps portugais en Espagne passent de 50 000 hommes à 45 000 hommes et se concentre sur les villes frontalières de la République portugaise, afin d'assurer la sécurité du territoire national et la stabilité des régions frontalières. Le maintien de l'ordre dans les villes du reste du pays, qui semble de plus en plus compliqué, est abandonné par Lisbonne.

Un soldat britannique et un portugais en Espagne, 1916

La mesure prise par le gouvernement portugais s'inscrit dans le cadre d'un refroidissement général des relations avec l'Entente.

L'état des Serbes, Croates et Slovènes compte bien assumer sa position en faveur de l'Entente. Ante Pavelic a annoncé autoriser les troupes russes et britanniques présentes dans les Balkans à naviguer dans le territoire serbo-croate-slovène désormais frontalier de l'Autriche occupée. Dans le même temps, un ensemble de généraux serbes et croates a formé un état-major pour la jeune armée yougoslave. Leur tâche n'est pas simple, tant ils doivent composer avec des déserteurs croates de l'armée austro-hongroise, des serbo-monténégrins prisonniers de guerre ou revenus de Grèce, et certains volontaires.

Alors que les troupes serbes et monténégrines retournent dans l'état des Serbes, Croates et Slovènes, la question des anciennes monarchies yougoslaves se pose. Quand bien même les deux monarques protestent contre le nouvel état serbo-croato-slovène, l'enthousiasme monarchiste parmi leurs troupes est bien trop faible pour qu'ils tentent un coup de force monarchiste. Plutôt que de rester dans les Balkans, les deux rois ont pris un bateau en direction de la France. Ils espèrent, depuis Paris, peser suffisamment sur le traité de paix pour récupérer leurs couronnes.

Dans l'Autriche désormais occupée par les Russo-Britanniques, une jeune république est (re-)proclamée par un conseil de notables viennois. Si les socialistes tendent à être pro-russes et les libéraux pro-britanniques, l'alliance entre les deux puissances occupantes force à la cohabitation entre les mouvements politiques. Un gouvernement de transition où sociaux-démocrates et libéraux font jeu égal s'installe au pouvoir en l'attente d'un traité de paix. Les nationalistes allemands, écartés de fait de par leur collusion avec le Reich, restent cependant une force majeure, bien que souterraine, dans le paysage politique autrichien.

Albert Ier, désormais de retour à la tête de son pays, souhaite absolument rétablir l'autorité de la Belgique contre les communes wallonnes, et surtout celle de Liège. En tant que commandant des armées, il détache une grande partie de la maigre armée belge du front pour tenter de reprendre le contrôle de la région par la force. Les opérations de l'armée belges sont le lieu d'affrontements particulièrement violents au sein même des villes. Les insurgés cependant, répondent farouchement à l'attaque, et tiennent suffisamment les troupes royales en échec pour qu'Albert Ier demande l'intervention de l'armée britannique. L'appui des 40 000 troupes britanniques, et de leur matériel, notamment en artillerie, permet finalement l'écrasement de la commune de Liège, et à sa suite du reste des villes industrielles wallones dirigées par des conseils ouvriers.

Le paysage urbain détruit par ce qui est de fait une guerre civile reste comme une blessure visible de ces combats fratricides. Si les bâtiments seront finalement reconstruits, il ne fait nulle doute que la plaie béante ouverte dans l'imaginaire politique wallon mettra bien plus longtemps à cicatriser.

FRANCE
Brève
Évènement

Après Albert I, c'était au tour du gouvernement de la Troisième République de gérer les retombées révolutionnaires Franco-Allemandes. Et nul doute que le régime, fondé en partie sur la répression de la Commune de Paris, n'allait pas donner une seule once de crédit aux mouvements ouvriers naissants en Alsace, de plus jugés "complaisants" envers la cause Allemande par leur internationalisme et refus de l'adhérence à la France.

Troupes Françaises à Strasbourg, Février 1919

La venue des troupes Françaises à Nancy et dans la majeure partie de la Lorraine fut acclamée par les habitants et les révolutionnaires qui proclamèrent la dissolution. L'ambiance était tout autre en Alsace, où les communes avaient vent de ce qui s'est passé en Wallonie. Certains villages tenant becs et ongles contre l'occupant Français, c'est par les menaces et la force que ceux-ci cédèrent à l'obéissance à la République.

Les évènements de Lorraine culminèrent par ce que certains médias révolutionnaire ont décrit comme la "Seconde Semaine Sanglante". Galvanisés en partie par les spartakistes, les communards de Strasbourg refusaient d'accepter l'entrée de l'occupant Français au sein de la ville. Situation où, malgré quelques tentatives de négociation, culmina le 11 Février 1919 par l'ordre donné aux troupes Françaises de prendre la ville par la force. Les pertes se sont comptés à près de 1500 hommes côté communard, alors que le franchissement des troupes Françaises des barricades une à une condamnaient les révolutionnaires à la reddition ou la fuite. Dans cette optique là, le camarade Liebknecht n'avait plus trop le choix: il fallait venir en territoire sécurisé à Munich, et avertir le président Tchernov de la situation.