V1919 - Topic Officiel - Année 1921

Disaster

La chute de l'Irlande du Nord en moins d'un mois est un choc majeur pour l'armée comme pour le gouvernement provisoire. Alors que beaucoup se décarcassent pour tenter de protéger les acquis révolutionnaires face à une force écrasante, la plupart des troupes positionnés dans le nord de l'Irlande se sont rendues sans opposer de résistance sérieuse abandonnant au passage des armes lourdes auxquelles les irlandais n'avaient jusque là aucun moyens d'accéder.

Le pire a été évité puisqu'aucun navire n'est tombé dans l’escarcelle ennemie. Reste que l'Irlande du Nord devait avoir un rôle plus que stratégique dans la lutte contre le blocus allemand, la construction d'une base militaire à Derry était tout juste entamée afin d'offrir à la marine de guerre un accès direct à l'Océan Atlantique, c'est désormais totalement perdu.

Il s'agit d'un coup très dur porté à l'effort de guerre britannique. Matériellement et stratégiquement bien sur, mais aussi et surtout moralement. Si l'Armée rouge n'a pas été capable de tenir le choc face aux milices irlandaises, comment se comportera-t-elle si les forces du Kaiser tentent de débarquer à Douvres. Les troupes britanniques ont donné au monde le spectacle de leur faiblesse, ce qui embarrasse très fortement le gouvernement londonien. Bonar Law a donc été chargé de rétablir au plus vite discipline et moral parmi les troupes révolutionnaires.

Pays frère

Le mariage est sensé être royal, impérial même, et pourtant il a lieu dans un contexte plutôt terne. Quelques dignitaires de second rang sont là, des membres de la famille royale aussi, mais c'est tout. La tsarine est là, discrète, pour assister au mariage de sa soeur. Aucun membre du gouvernement n'est présent. La grande-duchesse Tatiana s'est unie au prince Alexandre Karadjordjevic. Ce dernier est le fils du roi Pierre de Serbie, déposé après la guerre, et il héritera de sa revendication sur le trône. C'est d'ailleurs précisément pour cela que le gouvernement ne s'est pas associé à la chose. Quand bien même le premier ministre Peshekhonov a donné son accord à l'union, il s'agirait de ne pas ajouter plus de provocation envers l'Autriche-Hongrie.

Une ambition de discrétion qui tombe à l'eau lorsque, à la sortie de l'église, les mariés sont accueillis par une foule d'à peu près 18 000 personnes, agitant des drapeaux russes et serbes. L'événement, largement repris dans les médias du pays, s'est transformé en feuilleton du moment pour la presse. C'est également la preuve que malgré le conflit et ses conséquences, la vision par les Russes de la Serbie comme nation amie ne s'est pas éteinte.

Réforme agraire

Après de longs mois de tractation, les contours de la réforme agraire ont finalement été déterminés par la coalition au pouvoir. Et ce qui en ressort, c'est une victoire pour les Populaires-Socialistes sur leurs confrères troudoviks. Les tenants de la réforme ont en effet obtenu que celle-ci soit particulièrement ambitieuse, avec une redistribution massive des terres. Les mesures incluent notamment :
- L'établissement par l'état d'un cadastre des terres agricoles ainsi que des terres agricoles non exploitées par commune (l'équivalent russe), l'officialisation de frontières intercommunales
- la saisie pour redistribution des terres agricoles de chaque individu au-delà de 65 hectares (limite symbolique représentant l'étendue de terres données par l'état aux colons européens au XIXe siècle)
- la saisie pour redistribution de toutes les terres agricoles appartenant à des individus ne résidant pas dans la commune
- la priorité de la redistribution envers les ouvriers agricoles non possédant sur les terres qu'ils travaillaient
- l'interdiction pour les descendants de propriétaires dont les terres ont été saisies de se voir distribuer des terres
- l'établissement de commissions dirigées par le ministère de l'agriculture, dans chaque gouvernement, chargées d'établir des lots de terres à redistribuer, et d'établir la redistribution après étude des demandes

Les règles établies, le feuilleton mettra tout de même plusieurs mois à s'achever, étant donné la longueur du processus de redistribution à venir

Les agronomes-explorateurs ont encore vécu des aventures. Ceux revenant du transsibérien ont été coincé dans les grèves en Russie. Encore heureux, ils n'ont pas eu a traverser l'Europe de l'est durant la répression allemande.
Ceux des Etats-Unis sont revenu avec des lianes à croissance rapide, mais aussi avec le goût des poulets de Kentucky. Les poulets américains sont devenu une viande courante grâce aux programme de sélection et à l’élevage intensif en batterie. Des idées a transposer en Flandres sans doute, comme les très impressionnantes machines agricoles du Midwest. Un voyage presque sans faute, si ce n'est le dernier mois à faire des escales pas possibles pour éviter au maximum la mer du nord pour des raisons de sous-marins allemands. Au final, la bande se réunit à Louvain pour faire un point sur leurs recherches. Relativement isolés depuis un an, ils découvrent surtout une Belgique sous le joug allemand. L'ambiance est morose chez les belges et on comprend que les casques à pointe qui patrouillent partout ne sont pas amicaux.
Mais l'université est un microcosme et la mission continue relativement non perturbée par le bruit des bottes. Croiser les spécimens et les acclimater en Belgique (Moules, Kudzu), faire une étude sur la possibilité d'introduire les produits et les idées (Poulets en batterie, Glutamate)

États-Unis d'Amérique
Brève
Évènement

Alors que l'Europe est secouée par des évènements révolutionnaires sans précédent, une nouvelle Administration prend les commandes aux États-Unis. Dans un pays frappé de plein fouet par la crise économique ainsi que par d'importants troubles sociaux et raciaux (émeutes raciales, mouvements de grève...), les électeurs américains ont choisi en novembre 1920 de porter le démocrate William Jennings Bryan à la Maison Blanche en lieu et place du Président sortant Charles W Fairbanks. Celui-ci a pâti de l'impopularité du parti républicain qui, malgré sa récente réorientation vers l'isolationnisme suite au retour de la paix, paie chèrement son soutien à l'aventurisme de Hughes qui a conduit à la catastrophe de 1918.

Le nouveau commander in chief

Né en 1860, William J. Bryan est une figure bien connue du parti démocrate et plus largement de la politique états-unienne puisqu'il a déjà été candidat à trois reprises aux élections présidentielles (1896, 1900, 1908). Au plan international, le nouveau locataire de la Maison Blanche se caractérise par ses positions isolationnistes et anti-impérialistes qui ont su séduire un électorat encore sonné par la défaite. Sur la scène nationale William J. Bryan se singularise en revanche par son progressisme en matière de politique et d'économie (soutien à l'impôt fédéral sur le revenu...), le tout mâtiné de rigorisme moral et religieux (opposition au darwinisme, soutien aux mesures de prohibition...).

Le nouveau Président des États-Unis a pris ses fonctions le 4 mars 1921 comme le veut la coutume, soit près de 5 mois après son élection. Il pourra compter sur l'appui d'un Congrès majoritairement démocrate dans les deux chambres.

En termes de politique étrangère le nouveau chef de l'exécutif états-unien ne renverse pas la table : comme son prédécesseur il ne reconnaît pas le nouveau gouvernement britannique et ne ferme pas la porte aux exilés, tout en ne suivant pas le Reich dans la mise en place d'un embargo à l'encontre du Royaume-Uni.

Perse

Brève

Évènement

En Irak ottoman, la révolte gronde. Les populations chiites d’Irak profitent de la faiblesse du vieil homme malade de l’Europe pour se rebeller contre les autorités ottomanes, elles sont rapidement rejointes par le nouvel Emir du Koweït.

De l’autre de la frontière en Iran, cette révolte ne laisse pas indifférent les populations arabophones persanes. En effet, les insurgés et leurs confrères iraniens partagent deux points communs notables, une même religion (l’islam chiite) ainsi qu’une même langue (l’arabe). Ce semblant de mêmeté produit de la sympathie chez les Iraniens arabophones pour les rebelles irakiens. Cela se traduit par un soutien dans les faits des populations iraniens arabophones aux révoltés.

Ainsi par exemple l’émir de Mohammerah, connu notamment pour ses liens avec les Al Sabah et sa richesse importante due à la vente de pétrole, soutient les rebelles irakiens en leur fournissant des armes. Toutefois, agissant avec parcimonie, il ne rompt pas officiellement avec les Kadjars et ne témoigne pas de volonté de rejoindre l’Etat irakien en construction.

War Socialism

Le secrétaire général du Trade Union Congress et de facto ministre de l'économie, Charles William Bowerman, a présenté sa démission de l'ensemble de ses fonctions après concertations avec le gouvernement. Le pauvre homme vient en effet de survivre à un accident cardio-vasculaire lié à une surcharge de travail et de stress qui l'a laissé partiellement paralysé. Son age n'était plus compatible avec ses fonctions. Il a été remplacé au cours d'un congrès exceptionnel par l'énergique Fred Bramley. Inspiré par les thèses bolcheviques, ancien partisan de Zimmerwald, il a été l'un des premiers à appeler à la révolution armée en 1920.

Lors du discours suivant son élection, Bramley a appelé à la mise en place d'un socialisme de guerre, seule voie possible selon lui à la sauvegarde des acquis de la Révolution. Il a promit d'orienter sans délais la politique économique britannique vers la recherche d'une autarcie nécessaire à la survie du pays. Concrètement, le contrôle politique sur la production agricole en particulier va se renforcer avec la mise en place d'une institution autonome et temporaire reliée au TUC, l'Office for food resilience. Les paysans et agriculteurs seront obligés de lui vendre l'ensemble de leur production afin de rendre optimale le rationnement. Petit à petit, l'adhésion pour tout salarié à un syndicat affilié au TUC va devenir obligatoire afin de rendre totalement effectif le contrôle politique sur l'économie. Suivra un renforcement sensible de la militarisation du travail. Les syndicats britanniques auront désormais la responsabilité de maintenir une discipline de fer au sein des espaces de production et devront s'occuper du maintient de la productivité. La production industrielle se concentre désormais sur la construction d'armements et d'équipements militaires, en particulier dans les secteurs aériens et maritimes. Au vu de la situation, le commerce extérieur passe sous monopole d’État jusqu'à nouvel ordre.

Our few friends

Le jeune belge Xavier Relecom et ses compagnons ont été rapidement interceptés par des miliciens britanniques en alerte dans la région. D'abord prit pour un espion ou un passeur faisant transiter des denrées par la Manche allant nourir le fleurissant marché noir qui s'est développé sur toute l'île britannique, il a passé une nuit dans une cellule. Son identité a pu finalement être révélée et à sa grande surprise, il a rapidement pu rencontrer à Londres Albert Inpkin, ministre des transports et important dirigeant révolutionnaire en tant que chef du Parti socialiste britannique.

Après avoir prit des nouvelles de la situation belge mais aussi européenne, Inpkin se lança dans une étrange diatribe mêlant détermination et désespoir. Une diatribe qui résume en réalité justement la position des dirigeants révolutionnaires britanniques et l'ambiance pesante qui existe à Londres et dans tout le pays.

Il n'y a actuellement pas de moment révolutionnaire en Europe. La victoire obtenue en Grande-Bretagne n'est pas une victoire révolutionnaire. Elle est simplement le résultat d'une guerre d'attrition sans merci qui aura résulté dans l'effondrement progressif de notre bourgeoisie. La classe ouvrière britannique elle même est aujourd'hui incapable d'exercer le pouvoir. Elle est désorganisée, épuisée, rongée par le ressentiment. Elle n'a plus la vue claire, si rien ne change tout s'effondrera tel un chateau de cartes. L'entreprise que nous menons aujourd'hui n'est rien de plus qu'un baroud d'honneur immature qui vise à prouver que contrairement au reste des peuples européens, l'homme britannique sait tenir sur ses jambes. La vérité est que nous n'irons pas très loin avec ça, notre peuple est simplement resté en guerre car il ne sait plus faire autrement. Nous tachons de nous améliorer jour après jour tant que nous survivons mais la réalité est celle-ci, il faudra un travail titanesque pour obtenir du bien de ce qui se déroule mais il s'agit de la tâche qui est la notre. Inpkin eu un sourire mélancolique. A ceux qui souhaitent nous suivre dans cette aventure je n'ai rien à proposer qu'un combat dur et pied à pied sans espoir de victoire. La stricte application politique de ce que nous avons vécu dans les tranchées. Une lutte sans pitié pour la démocratie et l'égalité entre tous. Batissez des appareils clandestins, la repression qui s'abat sur le continent est sans commune mesure. Nos camarades hongrois ont eu le courage de prouver qu'ils étaient des hommes et non des esclaves, mais je prie pour leurs âmes, ils finiront exterminés comme le peuple paysan d'Ukraine. Il s'agit du monde dans lequel nous vivons, il faudra nous y adapter et nous le ferons, c'est pour cela que nous appelons à batir des organisations militarisées pouvant s'appuyer sur les anciens combattants, le XXe siècle demande une discipline militaire, c'est ainsi. Les insurrections colériques et enfantines comme nous en avons vécu ces derniers mois ici, chez vous et dans toute l'Europe ne peuvent mener à rien d'autre que l'anéantissement. La barbarie ne peut se combattre par la violence pure, elle gagnera toujours à ce petit jeu.

Cette position va en réalité tenter d'être faite savoir par tous les moyens possible aux camarades de toute l'Europe et du monde, car l'une des nouvelles priorités de gouvernement londonien est la mise sur pied d'une Troisième Internationale afin de répondre à l'alliance militaire anti-britannique fondée par l'Allemagne.

Relief ?

L'annonce de la levée du blocus de l'Atlantique nord est une bonne nouvelle pour le gouvernement provisoire. Cependant, elle est accueillie avec méfiance à Londres et on s'attend à sa reprise à tout moment. Pour le moment rien ne changa, et surtout pas au sujet du strict rationnement qui se maintient. Il est annoncé que si les céréales états-uniennes et sud-américaines sont effectivement livrées à l'automne, alors seulement pourrait être envisagé une augmentation des calories allouées à chacun.

Le camarade Snowden - ministre des affaires étrangères qui s'est vu confier le monopole sur le commerce extérieur - va avoir la lourde tâche de tenter de restaurer les relations commerciales entre la Grande-Bretagne et les pays neutres. Retrouver le moyen d'importer des ressources nécessaires au fonctionnement de l'industrie britannique d'un côté et, de l'autre, trouver des débouchés au charbon et aux biens de consommations produits sur l'île. C'est un travail titanesque qui doit permettre de faciliter l'objectif d'atteindre une certaine autosuffisance économique. Pour faciliter ce travail de reprise des liens commerciaux, la marine marchande britannique est totalement nationalisée.

La levée du blocus fait apparaître au premier plan l'épineuse question des britanniques s'étant retrouvés coincés au quatre coins du monde dans le cadre de l'ancien Empire sans possibilité de rentrer chez eux à la chute de l'ancien gouvernement. Londres souhaiterait évidemment les rappatrier mais cela ne peut se faire qu'au cas par cas et implique de longues négociations avec une multitude d'acteurs issus de l'effondrement de l'Empire.

Communiqué à l'Allemagne :

La France participera à la conférence intereuropéenne de Varsovie dans l'objectif de fonder une force de frappe anti-anglosocialiste. Le gouvernement parisien émet cependant quelques réserves sur cette conférence et la volonté réelle de l'Allemagne à stopper le socialisme anglophile, et se trouve assez mécontent de la fin du blocus allemand sur les îles britanniques.

Débats de café :

La vie parisienne reprend petit à petit malgré la crise économique. Les cafés de la capitale, mondialement connus, se remplissent à nouveau même si la consommation a fortement changé. On ne boit plus du café en majorité, mais de la chicorée cultivée dans le Nord de la France. C'est dégeulasse, mais on s'y fait, et de toute manière le café est presque cinq fois plus cher qu'avant la guerre alors il n'y a pas le choix.

Publicité pour de la chicorée sur un cahier d'écolier

Les conversations vont bon train et c'est tout ce qui compte au final. On commente l'actualité, nationale bien sûr tout d'abord. La crise qui frappe la France est dure, et le chômage frappe durement les villes. A la campagne, c'est différent, parce qu'on peut vivre un peu de la terre et trouver quelques emplois agricoles. Ce n'est pas du vrai travail, mais au moins on se remplit la panse. Dans les bidonvilles parisiens et surtout ceux de Nanterre, c'est la disette qui domine.

Le gouvernement de Millerand est relativement impopulaire, et jugé comme totalement inactif et soumis aux diktats allemands. Aucune remise en cause des indemnités de guerre, aucune négociation avec l'Allemagne pour soulager le peuple français. Ces reproches sont sérieux, mais personne n'ose cependant s'opposer même verbalement à l'Allemagne et déclarer ouvertement sa germanophobie. Il y a la peur de la police bien sûre, mais surtout personne ne veut de la guerre. C'est un pacifisme total qui domine la société française en 1921, du moins vis-à-vis de l'Allemagne.

Les choses sont différentes dans l'Empire. Les récents développements à Suez inquiètent bien sûr, mais on s'en fiche pas mal comparé à la menace sur l'Indochine, coupée de la métropole depuis des mois. Tous les jours les français d'Europe guettent les journaux dans la peur d'un gros titre du type : LE JAPON DEBARQUE A SAÏGON. Sur le sujet japonais, au contraire de l'Allemagne, ce n'est pas le pacifisme qui domine mais une ferme intention de défendre l'Indochine et de ne pas reconnaître la souveraineté nippone sur la Nouvelle-Calédonie. Certains appellent même à envoyer la flotte régler leur compte à ces jaunes, en s'enfilant un Ricard hors de prix.

Puis il y a bien sûr la révolution britannique et les réfugiés. C'est un sujet majeur, et on les plaint beaucoup. Ils sont assez bien accueillis, et nombre d'entre eux logent chez d'anciens camarades de guerre dans l'attente d'un billet pour le Canada ou les Etats-Unis. Le gouvernement ne les prend pas du tout en charge, mais ne les chasse pas non plus activement. C'est là une fraternité populaire, forgée dans le sang dans les plaines du Nord de la France et de la Belgique qui s'exprime. Un anglais, et surtout un opposé à l'anglo-socialisme, on doit l'accueillir chez soi s'il en a besoin.

État espagnol

Février-juin 1921 : l’Espagne dans la tourmente

Dans les zones industrielles et les centres urbains espagnols, la nouvelle de la grève des ouvriers de Barcelone s’est rapidement diffusée malgré la censure. Dans tout le pays, les prolétaires s’efforcent de s’informer sur les évènements et s’enthousiasment devant le courage de leurs camarades catalans. Et puis l’exemple britannique est dans toutes les têtes : si la classe ouvrière anglaise est parvenue à mettre à bas l’ordre capitaliste et bourgeois, pourquoi les Espagnols, guidés par l’avant-garde barcelonaise, ne le pourraient-ils pas ? Et ne serait-il pas judicieux d’agir dès maintenant, avant que les sbires du Kaiser et de ses marionnettes dans les différents pays d’Europe ne se remettent de leurs émotions et ne réagissent ?

C’est ainsi que de multiples foyers de grèves se sont allumés à travers l’ensemble de la péninsule. A l’image des évènements barcelonais, c’est un mouvement très spontané, animé sur le terrain par des militants syndicaux désireux de se montrer digne de leurs frères anglais et d’abattre la dictature militaro-bourgeoise, qui se répand comme une traînée de poudre et atteint la majorité des zones industrielles du pays ainsi que les centres urbains : Catalogne (Barcelone), Biscaye, Madrid, Valence, Saragosse, Asturies, Leon…

A vrai dire cette explosion sociale n’est guère surprenante : les partis de gauche et les syndicats se sont beaucoup développés en Espagne depuis l’époque de la guerre, et ce phénomène n’a pas été vraiment enrayé par le régime militaire qui s’est surtout focalisé sur la lutte contre les militants régionalistes (basques et catalans). A Barcelone, environ un ouvrier sur deux serait un sympathisant de la CNT naracho-syndicaliste, tandis que l’UGT (proche du Parti socialiste ouvrier espagnol) rassemblerait environ 200 000 membres. Dans ce contexte, les difficultés économiques, l’autoritarisme de la junte qui a partie liée avec les classes dominantes et, surtout, l’avènement de l’anglosocialisme, sont autant de facteurs qui se sont combinés pour provoquer une poussée de fièvre inédite en Espagne.

Dans les zones touchées par la grève, les ouvriers cessent le travail et n’hésitent pas à occuper les moyens de production (usines de Barcelone, ateliers de Madrid, mines des Asturies ou du Leon…). Même le secteur stratégique du rail est touché avec l’entrée dans la danse des cheminots de la Compagnie des chemins de fer du Nord de l’Espagne . Dans un premier temps, ce sont les militants de la CNT qui sont à la manœuvre et appellent à la grève générale insurrectionnelle : objectif faire tomber le régime comme en Angleterre et instaurer un gouvernement de la classe ouvrière. La direction clandestine de l’UGT et du PSOE se montre elle plus mesurée, l’Espagne n’étant pas un pays très industrialisé le risque d’échec ne doit pas être sous estimé et il paraît bien audacieux de lancer un appel à la grève générale tout de suite. Mais sur le terrain les sympathisants de l’UGT se laissent entraîner par la hype et se voient déjà rééditer l’exploit des Anglais. L’enthousiasme est là.

C’est ainsi qu’au bout de quelques jours, début mars 1921, les directions clandestines de l’UGT et du PSOE finissent par faire diffuser un tract appelant à la grève générale. De façon tout à fait spontanée, les syndicalistes de l’UGT et de la CGT forment une sorte d’union sacrée et sur le terrain des comités de grève mixtes se forment. Du fait de l’interdiction des syndicats et des partis politiques, aucune coordination nationale officielle n’est bien entendu mise en place. Mais sur le terrain l’unité se produit dans les faits et la grève s’installe.

Pour ne pas s’aliéner totalement les classes laborieuses dans un contexte troublée (guerre civile…), le régime militaire de José Millán-Astray n’a pas réprimé de façon forte le mouvement ouvrier. Officiellement interdit, le PSOE et l’UGT pouvaient jusque là fonctionner dans la clandestinité sans être trop inquiétés tant que leurs militants ne faisaient pas trop de bruit. Des figures de premier plan comme Pablo Iglesias (le fondateur et président du PSOE) ou encore Francisco Largo Caballero n’ont d’ailleurs pas été emprisonné. Il en va différemment de la CNT, très présente en Catalogne et qui a fortement subi la répression consécutive à l’écrasement de la République catalane (emprisonnement de ses leaders, clandestinité totale…). En appelant à la grève générale en accord avec les anarcho-syndicalistes, le PSOE et l’UGT font donc un pari dangereux et entrent définitivement en dissidence vis-à-vis du régime.

Sur le coup, les autorités accusent le coup et tardent à réagir face au développement très rapide du mouvement. Mais très vite, la riposte s’organise. Du côté du patronat tout d’abord, aucun dialogue avec les grévistes ne se met en place : les patrons procèdent à des lock-out et peuvent compter sur le soutien de jaunes issus des milieux ouvriers catholiques et conservateurs. Très vite des affrontements éclatent entre ces briseurs de grève et les syndicalistes, menaçant la paix civile.

Du côté des autorités également l’on recourt aux grands moyens : l’état de siège est décrété dans les zones les plus touchées par l’agitation et notamment en Catalogne, où le général Severiano Martínez Anido reçoit les pleins pouvoirs pour ramener l’ordre. Dans tout le pays le gouvernement recourt la Guardia Civil et même à l’armée pour briser les piquets de grève et arrêter les meneurs.

Severiano Martínez Anido, le boucher de Barcelone

Contrairement aux espoirs des grévistes, les soldats, souvent issus du monde rural, ne rallient pas les ouvriers, ni même les paysans qui restent largement à l’écart des évènements. En Andalousie une certaine agitation se répand chez les salariés agricoles mais rien de révolutionnaire et la situation reste sous contrôle des grands propriétaires qui se chargent bien souvent eux-mêmes de maintenir l’ordre en collaboration avec les autorités.

Dès la mi-mars, il est manifeste que la grève générale est un échec. En quelques jours les forces de l’ordre brisent les piquets de grève dans la majorité des régions et des villes touchées et, si des troubles persistent, l’insurrection n’a pas lieu et, point essentiel, le gouvernement parvient vite à reprendre le contrôle des chemins de fer. La situation est différente à Barcelone et dans le bassin minier des Asturies où la grève s’installe dans la durée sous l’impulsion des militants de la CNT. Dans ces deux zones l’armée doit ouvrir le feu de façon conséquente pour mâter les grévistes et des arrestations massives ont lieu. A Barcelone, dans une ville encore marquée par les stigmates de la crise de 1919, de véritables combats de rue éclatent entre la troupe et les hommes de la CNT, armés de quelques fusils et d’armes artisanales (grenades, cocktails molotov…). Là aussi les grévistes sont interpellés sans ménagement par centaines et des exécutions sommaires sont signalés. Certains parlent déjà d’une nouvelle « semaine sanglante », en référence à la Commune de Paris.

Les grands moyens sont déployés à Barcelone

A partir du début du mois d’avril, la violence décroît et l’ordre est rétabli presque partout en Espagne, mais à quel prix. Au total près de 300 grévistes auraient été tués par les forces de l’ordre au cours du mois de mars et des milliers d’autres sont désormais sous les verrous. La répression s’abat de façon impitoyable sur les dirigeants syndicaux et les mouvements de gauche. Des figures importantes du PSOE et de l’UGT comme Pablo Iglesias ou Largo Caballero croupissent désormais en prison, où ils rejoignent les leaders de la CNT.

Dans tout le pays la classe ouvrière est sonnée par cet échec. Bon an mal an les prolétaires doivent retourner au charbon en traînant des pieds et les ex-grévistes sont réintégrés de façon sélective dans les usines par un patronat désormais opposé à toute concession. Des temps difficiles s’annoncent et les ouvriers espagnols vont maintenant devoir apprendre à agir dans la clandestinité la plus totale. Certains militants du PSOE et de la CNT décident d’ailleurs carrément de prendre la route de l’exil. A travers les Pyrénées et la frontière portugaise, plusieurs centaines de syndicalistes et d’adhérents du PSOE parmi les plus virulents s'expatrient, dont le socialiste Indalecio Prieto qui parvient à atteindre le Portugal et embarque au mois de juin 1921 sur un navire direction l’Angleterre avec une dizaine de militants du PSOE.

Indalecio Prieto

EMPIRE BRITANNIQUE
Brève
Evènement

Dans les suites de l'exil du gouvernement de Sa Majesté vers le Canada et l'organisation à Ottawa d'une conférence impériale qui s'est soldée par un échec à créer une unité des Dominions dans cette épreuve difficile, l'Empire britannique est dans une tourmente sans précédent. La plus vaste entité politique du monde voit son unité et sa camaraderie se fissurer petit à petit.

En Australie et en Nouvelle-Zélande, les insultes proférées à l'encontre de leurs délégations à Ottawa de la part du gouvernement britannique et des représentants canadiens ont défrayé la chronique. C'est l'inquiétude qui domine dans le Pacifique britannique, non seulement à cause de la disparition soudaine d'une stabilité politique à Londres, mais aussi car le Japon continue d'exercer de vives menaces contre les deux petits Etats.

Affiche de recrutement de l'ANZAC:

En conséquence, les gouvernements australiens et néo-zélandais ont décidé d'officialiser ce qui était déjà dans les faits une réalité : les forces armées de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande seront dirigées par un haut-commandement militaire unifié sur le modèle de l'ANZAC pour assurer la sécurité de leurs intérêts dans le Pacifique. Pour le célébrer, une revue de la flotte austro-néozélandaise a lieu dans le port de Sydney et une parade militaire rassemblant 1 000 vétérans autraliens et 1 000 vétérans néo-zélandais simultanément à Canberra et Wellington.

Face au recul britannique de la région et à la menace japonaise, les deux Etats ont également contacté le gouvernement américain pour des discussions sur un potentiel accord d'assistance mutuelle. En date du 1er juillet 1921, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis d'Amérique sont officiellement liés par un traité d'assistance mutuelle qui oblige le trio à se porter assistance en cas d'attaque sur leurs territoires nationaux respectifs dans le Pacifique. Si le Japon n'est pas mentionné par le traité ou les communiqués officiels, c'est bien l'adversaire présumé contre qui on veut se prémunir.

Enfin, en juin 1921, le commerce avec la Grande-Bretagne révolutionnaire a repris doucement, la fin du blocus aidant. Les conditions de vie difficile de nombreux cousins, grands-parents, frères et compatriotes dans les îles britanniques a poussé l'opinion publique australienne et néo-zélandaise a rompre l'accord tacite entre les Dominions et à commercer avec Londres révolutionnaire. Des cargos alimentaires sont également envoyés vers les ports britanniques, transportant des collectes alimentaires et des dons des deux Etats du Pacifique.

En Afrique du Sud, le gouvernement reste au contraire très proche du gouvernement de Sa Majesté. Aucune normalisation avec les révolutionnaires n'est à l'ordre du jour bien au contraire. La South African Border Patrol Forces est officiellement formée en juin 1921 et forme la première armée permanente de taille conséquente d'Afrique du Sud. Forte de 12 000 hommes, majoritairement des sud-africains mais également des vétérans britanniques de la Grande Guerre qui veulent préserver l'Empire, sa mission est de patrouiller les frontières de l'Afrique australe et de détecter, prévenir et repousser toute attaque allemande ou rébellion autochtone.

Affiche de recrutement de la South African Border Patrol Forces

Sur le plan intérieur, le gouvernement sud-africain met en place des politiques de discriminations envers les Boers, qui sont suspectés par de nombreux anglais du Dominion d'être des agents de l'Empire allemand potentiels. Tout n'est pas si rose en Afrique australe, mais le Dominion est certainement parmi les plus fidèles à la ligne loyaliste à l'heure actuelle.

Dans les îles Fiji, passées sous administration australienne après l'effondrement du gouvernement en métropole, les forces indigènes traditionnelles profitent de l'occasion pour tester les eaux. Une rébellion en mai et juin 1921 met à mal temporairement les forces australiennes, mais elles finissent par la mater et assurer l'ordre et la stabilité au prix d'une cinquantaine de pertes australiennes et d'environ 200 à 300 fidjiens tués.

Les Caraïbes britanniques quant à elles passent sous giron canadien, et le transfert de souveraineté se fait de la manière la plus efficace et douce possible. Aucun changement réel au quotidien pour les habitants de ces îles, si ce n'est les conséquences de l'arrêt du commerce avec la métropole pour l'instant en tout cas, et une certaine crise économique légère. Mais les Caraïbes britanniques sont apaisées et fidèles à la Couronne.

Malte, légendaire base navale britannique en Méditerranée, voit sa stabilité menacée par l'effondrement du gouvernement. Non seulement la flotte n'est plus vraiment présente, mais en plus l'approvisionnement en vivres et en biens de consommation commence à sérieusement se tarir. Pour y palier, le Baron Plumer, gouverneur de l'île depuis 1919, entreprend des négociations directes avec l'Italie pour assurer à la fois la sécurité de l'île et son approvisionnement en grain. Cette initiative est perçue comme les premiers pays vers une autonomie de fait de l'île. L'Italie se voit donc proposer des accords commerciaux notamment sur l'export de céréales vers Malte et le gouverneur Plumer demande gracieusement la protection de la Regia Marina contre une intervention étrangère.

A Gibraltar, pas de place pour une prise de distance avec Sa Majesté. Dans la forteresse britannique, les loyalistes à l'Empire s'organisent. La mémoire de la guerre contre l'Espagne est toujours très présente et des renforts de vétérans loyalistes se joignent aux forces locales. The Rock devient une forteresse militaire britannique loyaliste. On est prêts à repousser une attaque espagnol ou allemande et à pérenniser la présence impériale britannique aux Portes de la Méditerranée.

Dans le sous-continent indien, les réactions sont également très vives. L'Inde du Congrès tout comme la Ligue Musulmane émettent une protestation officielle envers le gouvernement britannique loyaliste de n'avoir pas été traité avec égalité à Ottawa alors que c'était une promesse vis-à-vis du sacrifice des indiens dans la Grande Guerre. Le ton est mesuré, mais les deux gouvernements annoncent reprendre le commerce avec la Grande-Bretagne révolutionnaire, jugé trop important pour être mis de côté, surtout au vu du traitement de l'Inde par Ottawa. La Principauté d'Hyderabad se range sur la même ligne plus ou moins, bien que le commerce entre cet Etat enclavé et la Grande-Bretagne soit minime.

Ceylan britannique, qui n'a pas été émancipé, est parcourue par des soubresauts insurrectionnels qui cherchent à suivre le chemin de l'indépendance nationale sur le modèle du Congrès. Les troubles sont matés par la garnison britannique sur place, et l'île de Ceylan est plus ou moins pacifiée en juillet 1921. Le gouvernement de Sa Majesté garde ainsi un solide point d'appui dans l'Océan Indien. Les mêmes troubles secouent la Birmanie, et suivent la même trajectoire de pacification, assurant aux britanniques un port important dans la région.

Au Kenya britannique, des révoltes anticolonialistes secouent l'arrière-pays qui se voit dans les faits interdit à toute présence britannique. Les faibles moyens dont dispose le gouvernement face à la détermination des rebelles kenyans rend toute opération de pacification compliquée à courte échéance. Dans la même veine, au Nigeria, une grande partie des campagnes est désormais hors de contrôle du gouvernement colonial qui ne peut simplement plus y accéder tant les milices autochtones font régner leur loi.

Enfin, en Grande-Bretagne, les troubles révolutionnaires ont poussé environ 100 000 britanniques à prendre le large et à traverser la Manche, souvent à bord d'embarcations de fortune ou de bateaux de pêche depuis la révolution. Ils ont rejoint les côtes belges ou françaises, mais la très grande majorité ne compte pas s'y installer. Ils n'ont qu'une idée en tête : prendre le premier navire pour l'Amérique, l'Afrique du Sud ou l'Australie et rejoindre leurs familles, une nouvelle vie, ou continuer la lutte en s'engageant dans les forces armées loyalistes.

COSAQUERIE DU DON
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Alors que des raids russes dans le territoire contrôlé par les Cosaques du Don depuis plusieurs mois, les troupes de Kalédine ont décidé de riposter. À leur tour, les Cosaques du Don organisent des raids de cavalerie en territoire russe.

GEORGIE
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Evènement

La Géorgie approche l'empire ottoman avec une proposition d'accord. Le chemin de fer transcaucasien, seule voie commerciale majeure pour le moment entre l'Azerbaïdjan et l'Anatolie (la ville ottomane de Batoumi), passe en Georgie. Tbilissi souhaiterait un traité de libre-circulation le long de cette voie. Le gouvernement géorgien espère ainsi conserver une manne fiscale importante en montrant patte blanche aux Turcs

Royaume de Pologne - Królestwo Polskie

Juillet 1921 :

     Le mois de juillet 1921 devait être celui d'un retour au calme. La politique répressive des autorités polonaises à l'égard des socialistes et l'usage de la PSP comme moyen de contenir et de réprimer toute tentative d'insurrection ou d'anglosocialisation de la classe ouvrière polonaise se sont avérés être très utiles. Le duché de Galicie-Lodomérie se développe comme tout le reste du pays. Mais l'ambiance n'est pas à la sérénité absolue non plus. Les évènements de plus en plus inquiétants qui ont lieu en Hongrie, et notamment les incursions tchécoslovaques dans les territoires frontaliers à la Pologne, font craindre pour leur vie à la population et aux Polonais qui vivent en Hongrie. Le ministre des armées, Rydz-Smigty, avec l'aval du roi Ernst Ier, a fait savoir aux autorités autrichiennes que les Polonais se tenaient prêts à intervenir pour mater les soulèvements hongrois, et notamment les socialistes dans le pays, car ils mettent en danger la paix et la stabilité - qui ne sont déjà que relatives malheureusement - dans la région. C'est pour cette raison que au 10 juillet, ce sont plus de 5 000 soldats et quelques batteries d'artillerie qui ont été positionnés le long de la frontière avec les territoires insurgés de Hongrie au sein de l'Empire autrichien. Ernst Ier assure cependant qu'il n'y aura aucun franchissement de la frontière autrichienne sans autorisation de l'Empereur d'Autriche, mais insiste cependant sur la nécessité, pour garantir la sécurité de la Pologne et de ses habitants, de placer des soldats à la frontière. 

     Dernièrement aussi, le Roi a pu recevoir des dignitaires étrangers, notamment allemands et français, pour ratifier la signature du pacte de Varsovie. Ce pacte vise à garantir la sécurité et la stabilité du continent européen dans un contexte de propagation du fléau anglosocialiste. Sa Majesté a été très fier que ce pacte soit signé et porte le nom de sa capitale, preuve de l'importance nouvelle de la Pologne aux yeux du reste des États européens, et ce malgré une difficile construction étatique. La ville de Varsovie, dans le contexte de présence de nombreux dignitaires étrangers, a été complètement bouclée. Toutes les nuits, la police a été chargée de surveiller, avec des effectifs pouvant aller jusqu'à 4 000 policiers, gendarmes et parfois même soldats, l'ensemble des quartiers de la ville, pour éviter tout débordement. Un important contrôle des entrées et sorties sur le territoire sont aussi réalisées, et notamment aux frontières orientales du pays, celle avec l'Ukraine surtout, mais aussi au sud, aux frontières avec l'Autriche. Toute personne ne pouvant justifier solidement de sa présence sur le territoire polonais est immédiatement exclue. Le contrôle est d'autant plus dur et rude avec les personnes de nationalité anglaise. Celles-ci sont tout simplement arrêtées et enfermées dans des prisons, avec les militants socialistes polonais. Wicenty Witos, ministre de l'Intérieur, a révélé qu'il n'allait avoir aucune pitié à l'égard des socialistes, qu'importe leur origine. Le moindre débordement ou la moindre insubordination dans les prisons, ou même lors d'une arrestation par la PSP, sera réglée tout simplement par le meurtre immédiat de l'individu. 

     Beaucoup estiment que la Pologne bascule complètement dans la dictature, et depuis les prisons, les militants socialistes, qui tentent malgré tout de continuer à faire connaître leur situation et leur existence aux yeux du monde, justifient cela par "la crainte rationnelle du gouvernement et de la royauté bourgeoise à l'égard de la colère populaire qui ne pourra pas être contenue éternellement." Lors d'une visite d'une usine qui a été réprimée suite à une grève par des militants socialistes, par le ministre du Commerce et de l'Industrie, Eugenius Kwiatkowski, celui-ci a eu un débat avec un ouvrier, où son interlocuteur, âgé de 56 ans, lui a dit : "Qu'importe à quel point vous sombrerez dans le totalitarisme, dans la répression, dans la violence à l'égard du peuple, des ouvriers, du prolétariat, lorsque le moment sera venu, lorsque Dieu le voudra, alors cette colère que vous essayez de taire finira par exploser, et vous ne pourrez vous cacher nul part". Cette interaction s'est soldée par l'arrestation de cet ouvrier, le soir-même.

     Bon catholique mais aussi socialiste des premières heures, son nom a été trouvé et révélé par la presse socialiste clandestine, et repris par d'autres journaux, eux autorisés : cet ouvrier se prénomme Karl Gostmoski. Né à Varsovie, son père était aussi un ouvrier, qui avait vite rejoint les cercles de socialistes en Pologne à la capitale. Karl Gostmoski a été désigné comme l'archétype du bon socialiste polonais, et bénéficie du soutien, et d'un appel à la justice, d'une part plus grande de la population, qui, bien que nourrie à la haine du socialisme depuis des mois, a su s'identifier cette fois-ci à cet ouvrier âgé, catholique, croyant et courageux. Le 27 juillet, une manifestation a lieu devant le centre pénitencier de la région de Varsovie, où est enfermé Gostmoski : dans cette manifestation, on retrouve des citoyens connus de la PSP mais pas encore arrêtés ou tués, mais aussi des citoyens lambdas, des démocrates, et plus étonnant, certains clercs. La répression n'a épargnée personne, et dans le contexte de violence des forces de l'ordre à l'égard des manifestants, un prêtre catholique a été tué. Sur ordre du gouvernement, tout les participants à la manifestation ont été arrêtés, et la presse a interdiction formelle de publier toute information quant à cet épisode sanglant, où ce sont plus de 100 civils qui ont été tués, et au moins 300 qui ont été blessés sévèrement, sans compter les 600 blessés moyen à léger. Mais la nouvelle ne pourra pas être retenue longtemps, et alors, le gouvernement perdra toute crédibilité aux yeux des catholiques, de l'Église et aux yeux du reste de l'Europe. Le 30 juillet, un journal clandestin titrait, dans sa quinzaine de tirages écoulés avant l'arrestation de ceux qui les distribuaient, "L'anglosocialisme n'a pas pénétré la Pologne : le Christ socialiste y arrivera-t-il ?".
       

MONDE
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La chute de Londres est une onde de choc qui aura mis du temps pour se propager dans les marchés financiers. Mais, entre la situation économique en Angleterre dû au blocus de nombreux pays d'Europe, la menace planante d'une reprise de la guerre maritime, et le ralentissement du commerce international, tout aura instauré un climat d'inconfiance à New York... Et ce jusqu'au drame, alors que les valeurs boursières de New York ont dévissé et que la circulation mondiale des capitaux ont pris la chute libre lors du dénommé "Vendredi Noir" du 1er Juillet 1921. Ricochet de l'onde de choc initial venant de Londres, toutes les places boursières du monde sont affectées durement par cette crise qui promet malheureusement de s'installer dans la longueur.

HRP:

Les points suivants ont été approuvés par la modération collective comme étant canon pour les prochains mois voir années de gameplay. Les joueurs sont priés d'en prendre compte dans leur roleplay.

- Réduction drastique du commerce international, particulièrement maritime.
- Explosion du chômage aux Etats-Unis et dans l'ensemble des pays particulièrement dépendant du commerce maritime.
- En Europe, orientation progressive des flux commerciaux continentaux et financiers au profit de l'Allemagne et de la Mitteleuropa. Installation progressive d'une place boursière de haute importance à Berlin.
- Paradoxalement, le krach engendre un phénomène de déflation dans de nombreux pays, ce qui stabilise les prix alimentaires (ce n'est pas pour autant une bonne nouvelle)

CHINE
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Un curieux surnommé "petit livre bleu" circule partout en Chine. Le dernier ouvrage de Sun Yat-Sen, intitulé "Les Trois Principes du Peuple" et reprenant les discours du président depuis 1912, fait l'éloge de l'entrée de la République de Chine dans le vingtième siècle. Explicitant la notion de nationalisme Chinois unifiant les 5 peuples chinois, mongols, tibétains, tartares et mandchoues, celle de démocratie libérale et celle de socialisme, le livre fait aussi brièvement référence quelquefois à la situation internationale, glissant par ci et par là des références aux défunts 14 principes de Hughes (signe d'un refus de la domination Allemande) et contre la colonisation (signe d'un refus des impérialismes Européens et Japonais).

La diffusion du livre est aussi une occasion pour le gouvernement Chinois de faire de la propagande pour sa nouvelle campagne de grande envergure: l'alphabétisation. En effet, pour la modernisation de la Chine, l'apprentissage et la transmission des idées par la lecture est largement prônée par le "Mouvement pour la nouvelle culture". En ce sens, Cai Yuanpei, le président de l'Université de Pékin, conseille et bénéficie du soutien du gouvernement. Partout dans le pays, les universités ouvrent de nouvelles annexes et surtout, on ouvre des écoles dans les milieux les plus ruraux afin de donner l'occasion aux enfants d'obtenir une instruction adéquate.