V1919 - Topic Officiel - Année 1924

The United States of America

Southern demokrats

Des luttes internes au sein du Ku Klux Klan ont permis de faire émerger l'étrange figure d'Hiram Wesley Evans. Après avoir évincé Simmons avec l'aide d'un certain nombre de membres de la direction du Klan, Evans s'est débarrassé de ceux-ci et règne désormais seul. Son objectif principal est de profiter du momentum acquis par l'organisation pour sérieusement entrer sur la scène politicienne et permettre d'influencer les politiques du pays. Le Klan compte début 1924 près de trois millions de membres, il tient des États entiers, en particulier dans le sud mais pas que, l'exemple du Maine dans lequel le KKK mène la lutte contre les canadiens français catholiques illustre bien la percée très récente et rapide de l'organisation en Nouvelle-Angleterre.

La proximité d'un certain nombre de démocrates avec le Klan est bien connue mais la tendance est à l’aggravation. Si le président Bryan n'est pas lui même un clansman, beaucoup de ses conseillers et certains membres de son administration en sont. La puissance du courant conservateur démocrate fermement soutenu par une des plus grosses organisations de masse du pays vient marquer la primaire actuellement en cours qui semble déjà largement acquise au président sortant. Tout cela participe à décourager le courant progressiste du parti qui peine largement à imposer ses propres thèmes au milieu de la peur panique de se faire grand-remplacer par les catholiques, de voir les Noirs accéder à la propriété ou les ouvriers se remettre à boire de l'alcool.

Cependant, la quête du gloire et de reconnaissance national du Klan ne veut pas dire qu'il met fin à ses activités violentes et terroristes. Les meurtres, attaques et lynchages se poursuivent à un rythme tranquille sous l’œil plus ou moins complice des autorités qui peinent à maîtriser ce groupe qui est capable de leur faire perdre la prochaine élection si il décide de mener une campagne contre eux.

The United States of America

The Wisconsin's Buckaroo

Le sénateur du Wisconsin Robert M. La Follette, étincelant représentant du courant progressiste républicain et se revendiquant de l'héritage de Teddy Roosevelt, est en campagne depuis quelques mois. Anciennement républicain donc, mais indépendant depuis qu'il s'est lancé dans la course à la Maison Blanche, La Follette est en course pour l'investiture du Parti progressiste - qu'il a en réalité lui même monté - et symboliquement pour celle du Parti républicain. Sa participation à cette dernière primaire lui servant principalement de tremplin afin de lancer sa campagne à l'échelle nationale et à engranger des soutiens.

La Follette cherche aussi activement à obtenir le soutien de la Conference for Progressive Political Action, désormais clairement positionnée comme organisation centralisant les forces de gauche américaine. Celle-ci s'était déclarée en quête d'un candidat pour représenter le mouvement ouvrier américain, il semble que La Follette soit le parfait candidat. Il était présent à la troisième conférence qui s'est tenue à Saint Louis, Missouri, et à laquelle étaient présents à peu près 900 délégués venant de diverses organisations syndicales et politiques. La crise économique a été le principal sujet abordé, mais aussi la place du Ku Klux Klan dans l'Amérique des années 1920.

Si la nécessité de combattre la crise à bien sur fait l'unanimité, le Klan a été très largement déclaré organisation terroriste et principal adversaire du mouvement ouvrier suite à ses agissements de ces derniers mois contre syndiqués, grévistes et organisateurs de gauche. Si il était évident que les membres du parti socialiste ou que les représentants des IWW voteraient contre lui, les délégués de l'AFL ont eux aussi très massivement voté pour l'affrontement avec le Klan, marquant un tournant important dans la politique du premier syndicat d'Amérique et rendant de plus en plus bancale sa collaboration avec le parti démocrate.

La Follette a tenu un discours remarqué appelant à mettre sur pied une organisation indépendante des deux vieux partis afin de représenter les mouvements progressistes et ouvriers. Il a déclaré que sa candidature visait à briser la mainmise des grands trusts et des financiers sur la vie économique et politique du peuple américain et a fermement chargé le KKK, l'accusant d'être une organisation de meurtriers et de terroristes qui aurait du disparaitre en même temps que la Confédération. Il s'est revendiqué de l'héritage d'Abraham Lincoln et de Theodore Roosevelt et, plus largement, du progressisme républicain. La Follette a finalement assumé ne vouloir présenter des candidats progressistes aux élections pour le Congrès seulement si les candidats démocrates ou républicains en course sont conservateurs. L'ensemble des déclarations de La Follette étant largement approuvées par la Conference, ouvrant la voix à un soutien actif de celle-ci ainsi qu'à un pacte électoral entre le Parti progressiste et l'ensemble des partis représentés au sein de la CPPA.

ROYAUME DE ROUMANIE

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Si le Royaume de Roumanie est sorti vainqueur de son aventure hongroise, il n’en reste pas moins que cette campagne a été particulièrement couteuse.

Une foule en liesse a saisi Bucarest pour fêter le retour, dans le giron roumain, de la région historiquement roumaine de Transylvanie. Le pays entier est animé par un élan patriotique et d’aucun rêve déjà d’une Grande Roumanie en tant que puissance régionale incontournable et des idées irrédentistes parcourent les bouches du peuple roumain.
A cet égard, une fièvre nationaliste anime les populations roumanophones faisant l'apologie du roumain guerrier et conquérant et déjà se fait sentir un climat de tension autour de la composition multiethnique du Royaume de Roumanie. En effet, la minorité hongroise forte de près d’un million et demi d’âmes a vécu l’issue de la guerre comme une terrible catastrophe et, principalement, la minorité issue de la région de Transylvanie. Si une partie  d’entre-deux a choisi le chemin de l’exil, la grande majorité reste assujettie Royaume de Roumanie et celui-ci craint déjà l'hostilité de la minorité magyare. Aussi, la propagande performante mise en place durant la guerre laisse place à des discours de discréditation de la piètre tentative de révolution hongroise, couteuse en homme et surtout témoin de leur incompétence évidente à diriger quelque pays soit-il. La masse hongroise vivant sur le sol roumain est naturellement perçue comme une menace étant donné l'idéologie dégénérée ayant animé la révolution. A cet égard et sous l'impulsion des grands héros de la guerre, un conseil extraordinaire se tiendra prochainement dans le ville symbolique de Cluj afin de discuter et d’établir une feuille de route au sujet de la question hongroise. Le parti radical, chrétien et patriote mais également les grandes figures ayant émergé de la guerre sont invités à proposer des solutions efficaces.

Diplomatiquement, l’intervention de l’Allemagne en faveur de la Roumanie est venue porter au pinacle une alliance tacite entre les deux nations et le Roi Ferdinand Ier réaffirme son amitié à l'Empire Allemand.

La réponse

4 milliards d'années d'une arène gladiatoriale, cela ne se liquide pas facilement. Staf de Clerk s'est essayé à une campagne de relation publique qui a foiré d'une manière colossale.
Il a voulu arracher de manière naturelle, bien virile, c'est à dire à la main sans protection les berces du Caucase devant les caméras, sous le regard embarrassé de ceux qui savent. En bref, s'exposer inutilement au mécanisme de défense de cette plante, les furocoumarines suite à l'auto-endoctrinement dans sa caisse de résonance.
Et donc, le lendemain, à la première exposition au soleil, des signes d'irritations se sont présentés. Les UV catalysent la liaison entre les furocoumarines et l'ADN des cellules exposés, ce qui induit inflammation et mort cellulaire. La cascade s'empire au point de consigner le dirigeant du Frontpartij à l'ombre pendant une bonne semaine. Six mois plus tard, il est toujours aussi photosensible que les films au moment où ils ont capturé en HD ce fail. Heureusement que la météo belge est la météo belge.
Le comble de cet incident est que la berce arrachée a repoussé par ses racines, dont il suffit d’avoir quelques bouts pour induire une nouvelle pousse. En plus, l'incident médiatisé jusqu’au moment où il a tourné au vinaigre, donne un surnom à cette plante caucasienne qui fait bouillir l’extrême droite flamande : La Vengeance de l'Entente. Un bel effet Streisand.
Les réactions politiques au delà de cette boutade sont d'une part une apologie du martyr d'un coté, et un petit "cheh fallait prendre des gants mon petit" de l'autre.

La Vengeance de l'Entente:

ROYAUME DE ROUMANIE

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Réforme de l'industrie pétrolière

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6ème producteur mondial de pétrole et l’un des premiers exportateurs européens, la Roumanie possède un sous-sol riche en or noir dont sa gestion et sa maîtrise sont des enjeux clé de la réussite économique de notre pays.

Dans le prolongement du décret-loi du 18 avril 1920 qui, pour rappel, rendait parfaitement le monopole des exportations de pétrole au gouvernement roumain face aux investisseurs étrangers (allemands, français, britanniques), une seconde loi dite de réforme pétrolière a été promulgué par le gouvernement actuel réputé pour son incorruptibilité et sa fermeté. Cette loi permet, dans un premier lieu, de redéfinir l’intérêt industriel pétrolier et de refonder la relation du gouvernement avec l’industrie pétrolière. Ensuite, il s’agit d’encourager et de favoriser la participation majoritaire des nationaux dans l’industrie pétrolière largement dominée par la compagnie Steaua Romana par des conditions fiscales et financières favorables. Par ailleurs, il est a noté que la Roumanie dispose largement des techniques et du savoir-faire lui permettant de gérer l’extraction de la matière première ainsi que son raffinage, pour rappel la première raffinerie au monde a été construite à Ploiesti en 1857. C’est à cet égard que la Roumanie est en mesure d’imposer ses prérequis légaux et techniques pour l’exploitation de son territoire et d’imposer notamment les conditions d'une rémunération équitable, mais encore les concessions de nouveaux terrains, charges fiscales et douanières. Au sujet des concessions de nouveaux terrains, sous l’influence des mouvements nationalistes frileux à l’idées de concéder des terrains à des compagnies étrangères, ceux-là seront prioritairement céder à des compagnies nationales et les sociétés étrangères devront admettre des capitaux roumains dans leurs actifs pour y avoir accès.
Enfin, le gouvernement roumain entend reprendre la main sur sa production pétrolière et, notamment, sur la consommation intérieure au pays. Aussi le gouvernement roumain se réserve la priorité pour l'achat des quantités dont il a besoin et ce à des prix dits « intérieurs ».  

Par ailleurs, le gouvernement a laissé entendre qu’il serait certainement judicieux de proposer des pourparlers avec les autres puissances pétrolières européennes, notamment celles jouissant de territoires extra-européens riches en ressources pétrolières, afin de proposer une logique d’harmonisation.

AFRIQUE DU SUD
Brève
Evènement

Les élections sud-africaines approchent et les grandes manœuvres politiques ont été entamées. Les Travaillistes qui ont tenté vaille que vaille de reconstruire une vitrine légale à leurs activités qui leur permettrait en particulier de participer aux élections n'ont pas réussi à y parvenir. Au contraire, deux ans après la révolte du Rand, la répression se poursuit sans relâche et ne semble pas prête de s’apaiser. Le péril rouge effraie alors que l'Afrique du Sud se sent seule et isolée et que Churchill n'est pas en capacité de donner les garanties que tout continuera comme avant. Pour cette raison, libéraux et nationalistes ont décidé d'enterrer la hache de guerre. Après un long parcours de tractations et de rapprochements, le congrès de Durban du Parti national de mars 1924 a voté en faveur d'une candidature commune avec les libéraux pour les prochaines élections et pour le lancement d'un projet d'unification politique entre les deux partis. Quelques jours plus tard, c'est au tour du bureau exécutif libéral d'avancer dans cette direction.

Libéraux et nationalistes se présenteront donc sous l'étiquette United National South African Party. L'accord de gouvernement prévoit le maintien du Général Jan Smuts, premier ministre sortant, à la tête du gouvernement sud-africain, il sera cette fois affublé d'un vice-premier ministre, le Général James Barry Munnik Hertzog, leader du Parti national. Les deux partis s'accordent en terme de politique extérieure pour avancer vers un certain degré d'autonomie pour l'Afrique du Sud afin de prendre acte de la réalité de la situation internationale tout en restant fidèle à la Couronne. Au niveau intérieur, la priorité est la lutte contre les tentatives de subversions diverses que connait le Dominion et la lutte contre la crise économique par la poursuite des politiques économiques libérales que mène le gouvernement actuel.

Il va sans dire que cette coalition est l'immense favorite pour remporter les élections, elle ne sera concurrencée que par un parti progressiste composé de quelques illuminés de gauche non-travaillistes rejoints par une partie de l'aile gauche du parti libéral. A droite, l'aile droite du parti national tente de reprendre des forces afin de relancer la bataille pour l'indépendance et la proclamation de la république, sans grandes perspectives pour le moment.

L’aviateur, le poète et le cosaque

La montée en puissance de Ghassem Khan Vali dans l’appareil d’Etat ne se fait pas sans résistance au sein de ce même appareil d’Etat. Des ex-gendarmes luttent contre les tendances autocratiques du premier ministre mais malheureusement ces soldats sont quelque peu isolés les uns et d’autres et entretiennent que peu de liens. Entre le groupe mené par le major Abolqasem Lahouti et celui mené par le colonel Pessian, il y a un monde et surtout des centaines de kilomètres de distance.

Reza Khan qui sent le vent tourner et voit le pouvoir lui échapper des mains, tente petit à petit d’unifier ce foyer de protestations en entretenant des liens avec tous ceux qui s’opposent à son ancien allié, devenu depuis son mortel ennemi, Ghassem Khan Vali. Du Khorassan jusqu’à Tabriz, tout ceux qui tiennent en horreur le premier ministre sont ses amis.
Parmi ceux qui s’opposent à Ghassem Khan, il y a d’abord l’audacieux colonel Pessian, celui qui sans relâche dans le Khorassan lutte contre l’influence des tribus. Il ne supporte pas la reforme militaire que veut mettre en place Ghassem Khan Vali, cela réduirait grandement son influence au sein de la gendarmerie et plus généralement au sein de l’armée. Ses positions sont menacées et il compte bien riposter.

Puis il y a le major Abolqasem Lahouti, socialiste de son état, le plus moderne des (ex)gendarmes, il fédère autour de lui des hommes empreints de républicanisme et de socialisme et ne désire qu’une seule chose : voir la tyrannie mourir et quitter cette terre. Il est de ceux qui veulent la liberté pour tous. Le major n’est pas seul, ses liens politiques sont multiples et l'(ex)gendarme socialiste se sent particulièrement proche des travaillistes iraniens d’Avestis Sultan-Zade et des socialistes de Soleiman Eskandari. Deux partis politiques bien implantés dans la région de Tabriz et qui ont un ancrage dans les masses de cette même région avec le Central Council of Trade Unions.

Enfin il y a Reza Khan lui-même, le général qui a perdu le soutien de son propre corps d’armée l’ex-division des cosaques, qui de ministre de la Guerre est passé à opposant politique. Les luttes de pouvoir et les différents politiques ont raison de son alliance avec Ghassem Khan Vali et le voilà maintenant en guerre ouverte avec lui. Son plan d’actions est simple, faire un contre coup d’Etat et regagner le pouvoir au sein de l’Etat persan. Au colonel Pessian, il promet de restaurer son pouvoir au sein de l’armée, de faire de lui le plus prestigieux des militaires de la Perse et au major Abolqasem Lahouti l’instauration d’une république en Iran, projet qu’il mûrit depuis longtemps et qui est une des raisons de son éviction du gouvernement.

Un groupe d’hommes hétéroclites, n’est-ce pas ? Entre l’aviateur, le poète et le cosaque il y a bien des différences notables mais tous sont unis contre Ghassem Khan Vali car tous ont des intérêts qui s’opposent à ce dernier.

En plus de chercher le soutien des gendarmes séditieux, Reza Khan fait un important travail politique au sein des partis iraniens, que cela soit les travaillistes, les socialistes ou bien encore le parti du progrès (scission du parti de la renaissance voir mon post sur les élections https://chacunsonpays.forumgratuit.org/t9928p50-v1919-topic-officiel-annee-1922#126484). Il espère que ces derniers soutiendront sa révolte contre Ghassem Khan Vali.

Cependant pour communiquer avec tout ce beau monde, Reza Khan est bien obligé de recourir à des subterfuges car la plupart de ses interlocuteurs sont éloignés de milliers de kilomètres. Or par un heureux hasard, un de ses messages fut intercepté par des autorités persanes assez proches de Ghassem Khan Vali et ce dernier eut été alors au courant du complot que Reza Khan ourdissait contre le pouvoir en place.  En récoltant d’autres informations grâce à d’habiles espions, le premier ministre accumula alors les preuves contre Reza Khan, il put prouver qu'il voulait renverser la monarchie. Sans piper mot, il fit arrêter l’ex-ministre de la Guerre…..

ROYAUME DE ROUMANIE

Tous les cours d’eau dans l’océan Roumain

La question hongroise

Comme convenu, un sommet extraordinaire est organisé à Cluj, en Transylvanie, afin de traiter et de discuter de l'intégration des populations de la région dans le Royaume de Roumanie.

Le Maréchal Averescu dont la prestance, la fermeté et la dignité ne sont plus à prouver s’est montré, sur la question, d’une très grande détermination. Proche conseiller et ami fidèle du Roi Ferdinand Ier, héro de la campagne de Hongrie, le Maréchal, on le sait, jouit d’une position influente, respectable et respectée. Au sortir de la guerre, Averescu a été nommé Chef d’Etat-Major des Forces Armées Roumaines (en plus de son poste de Premier Ministre) et cette position prestigieuse s’accompagne, bien entendu, de grandes responsabilités. Parmi elles, en étroite collaboration avec le général Prezan, Gouverneur militaire de Transylvanie, se trouve le maintien de l’ordre et l’intégration des populations transylvaines dans le Royaume de Roumanie. Tâche ardue au regard de cette masse que représente la minorité hongroise dont on devine l’exaspération si ce n’est l’esprit revanchard qui l’anime. Et c’est le sujet majeur du présent conseil extraordinaire. Si ce dernier est présidé par Sa Majesté le Roi Ferdinand Ier, les débats sont largement occupés par les grandes personnalités qui sont sorties vainqueurs de cette trouble période, à commencer naturellement par le Maréchal… C’est par ailleurs son discours et les décisions qui en ont émanées qui furent au centre et décrit en ces termes :

Le Maréchal retira lentement son gant blanc de cérémonie, après avoir recoiffé sa moustache grisonnante, et ayant regardé attentivement ses deux camarades le Général Prezan, Gouverneur militaire de Transylvanie et le Ministre de la Guerre Traian Mosoiu deux autres héros de la campagne de Hongrie, il s’adressa aux conseillers dans une voix rauque et majestueuse qui le caractérise :
« Mes amis, c’est avec la plus grande des fiertés que je m’adresse à vous dans cette magnifique région de Transylvanie. [blablabla] Si à chaque fable suffit sa morale, quelle est celle de la révolution hongroise avortée ? L’évidence d’un peuple belliqueux incapable et incompétent ? Une idéologie aussi incohérente que dévastatrice ? Une culture barbare qui s’est encore illustrée ? Qu’importe, mes amis, l’Histoire jugera les meneurs de cette fichue révolution pour ignominie, pour indignité et pour collaboration. Toutefois, mes amis, mes frères, une nation aussi grande et magnanime que la notre se doit de faire les efforts nécessaires à l’intégration des populations transylvaines et à la stabilité au nom de la paix. A cet égards, Messieurs, Votre Majesté, je vous prie d’accepter les conditions durables de la paix en Transylvanie :

- Les terres transylvaines majoritairement détenues par la noblesse hongroise sont confisquées relativement aux réformes agraires de 1921 et 1923 en Roumanie et redistribuées aux paysans roumains ET hongrois.
- Les biens de l’Eglise Hongroise protestante sont confisqués.
- Politique de românizare : la langue roumaine est promue par tous les moyens à commencer par tous les actes administratifs. En effet, les administrations du Royaume n’accepteront plus que des documents rédigés en roumain.
- Toutes localités de la Transylvanie, à grande majorité hongroise ou non, seront rebaptisées par son équivalent roumain au même titre que les noms des rues, panneaux ou les enseignes. Ces dernières appartenant à des commerçants ou autre devront au minimum proposer des enseignes bilingues (doublement taxées par ailleurs).
- Naturellement l’école (obligatoire et gratuite dès 7 ans jusqu’à 13 ans) sera uniquement dispensée en roumain.
- Le service militaire est naturellement élargi aux transylvains mais reste sur des critères ethniques et géographiques. Les roumains auront pour obligation de faire leur service militaire à 17 ans et cela pour 1 an et demi. Les minorités bulgares, russes, ukrainiennes, polonaises, allemandes, hongroises auront pour obligation d’effectuer leur service militaire à l’âge de 17 ans et cela pour une durée de 1 an. Toutefois les minorités allemandes et hongroises de Transylvanie devront effectuer leur service militaire au sein de garnisons affectées à l’Est des Carpates. => Les minorités juives et roms sont exemptées de service militaire, leur volontariat est possible et sera minutieusement examiné au cas par cas.

Le Maréchal termine son discours par ces quelques mots :

Hier, mes Frères Roumains, l’humiliation, l’occupation, l’oppression. Hier, la Roumanie oubliée et offensée. Demain la Roumanie de nos cœurs, la Roumanie grande comme la Roumanie de Trajan, brave comme la Roumanie de Mihai, héroïque comme la Roumanie des pompiers, sublime comme la Roumanie du peuple sur le Champ de la Liberté, demain la Roumanie notre mère et notre fille rompra le voile qui couvre son front, et son diadème sera notre fière parure et la joie du monde. Frères Roumains ! Jamais la croyance en l’avenir de la Roumanie, une, grande, non divisée, n’a quitté notre cœur !

»

Les derniers mots du Maréchal font le tour des rédactions et bientôt "le discours de Cluj" fait le tour des villes du pays, dans les marchés, sur les bancs de l'église, dans les couloirs d'école on ne parle plus que de ça. Le discours reçoit évidemment un accueil retentissant de telle sorte que le Maréchal Averescu prend une place centrale (trop ?) dans le paysage roumain.

The United States of America

Immigration Act of 1924

Le président Bryan est de moins en moins sur de lui concernant sa réélection en novembre. Pour cette raison, il a été décidé d'accélérer l'avancée législative d'une loi visant à restreindre l'immigration, vieux serpent de mer. Cette fois ça y est, l'Immigration Act of 1924 prévoit la mise en place de quotas raciaux ainsi qu'une limitation à 350 000 immigrés par an. La loi, portée par des représentants démocrates comme républicains, est très populaire et est soutenue tout aussi bien par l'AFL que par le KKK, illustrant bien l'unité du pays contre l'immigration. La peur des slaves, des catholiques, des asiatiques et des allemands est extrêmement forte dans le pays, le peuple américain se replie sur lui même, traumatisé par l'aventure malheureuse de la Grande Guerre.
De cette façon, Bryan espère surtout relancer sa campagne et prouver aux américains qu'il est capable de faire les choses. Too little too late ?

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La Follette's wild ride

La convention nationale du Parti progressiste à donné sans surprise l'investiture à Robert M. La Follette. La dernière étape avant le lancement de la véritable campagne présidentielle pour lui étant désormais la convention républicaine du mois prochain. Dans tous les cas, le début de l'aventure électorale de La Follette est une indiscutable réussite. Le gouverneur du Wisconsin mène une campagne énergique, originale, très active, typique du populisme de l'Ouest. La forme est très moderne et La Follette emploie tous les moyens à sa disposition : interventions radiophoniques, meetings, omniprésence du candidat. Ce style plaît et la mayonnaise semble prendre, cela se voit d'ailleurs au sein du Parti républicain chez lequel La Follette a réussi à obtenir quelques prises, par exemple le représentant de la chambre de New York, Teddy Roosevelt Jr. mais aussi au sein du Parti démocrate, le colistier de La Follette étant Burton K. Wheeler, sénateur démocrate progressiste du Montana. En réalité, La Follette répond à une demande que les courants majoritaires des grands partis ont abandonné, lui permettant de se tailler une place d'importance dans le monde politique national américain et de construire de ses bras un pôle progressiste structuré qui semble prêt à s'installer pour un certain temps.

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Cold Calvin

La convention nationale républicaine qui s'est tenue à Cleveland, Ohio, a permit de trancher. Malgré un très bon candidat en la personne de Frank Orren Lowden, la branche Hughienne du parti n'est pas parvenu à l'emporter, toujours effrayante malgré sa repentance et son retour au conservatisme et à l'isolationnisme. Ce sont les "nouveaux républicains" qui l'emportent malgré la mort imprévue de leur candidat initial, Warren G. Harding. C'est le gouverneur du Massachusetts Calvin Coolidge qui aura récupéré la candidature et qui emporte le soutien de la convention, il sera affublé de l'encore plus conservateur sénateur du Kansas Charles Curtis en tant que candidat à la vice-présidence. Le vieux camp progressiste représenté à la primaire par Hiram Johnson ainsi que par Robert M. La Follette est balayé. Coolidge est un homme froid et austère qui plait à la classe moyenne, d'autant qu'il fait campagne sur un programme économique extrêmement libéral prévoyant de découper le budget de l’État afin de supprimer l'essentiel des taxes et impôts permettant à l'économie de retrouver plus de liberté et de mettre fin à la crise.

Les gendarmes de Tabriz

Comme cela était probable, l’arrestation de Reza Khan eut en Perse des conséquences incontrôlables sur l’ensemble du territoire, une des plus prégnantes fut sûrement la révolte des (ex)gendarmes de Tabriz. Ainsi un corps de soldats de 700 hommes contre le gouvernement centrale de Téhéran se révolta, mené par le major Abolqasem Lahouti ils pénétrèrent dans la ville de Tabriz et en prirent le contrôle. Les soldats de la ville, sympathisant avec la cause du major ne prirent pas la peine de l’arrêter. C’est donc sans résistance que les soldats entrèrent dans Tabriz.

L’arrestation de Reza Khan a joué dans le déclenchement de la révolte des gendarmes de Tabriz mais cela n’est pas la cause profonde de cette rébellion, une série de facteurs autres ont indubitablement eut un rôle plus important : les conditions matérielles d’existence extrêmement rudes dans l’armée, le développement des idées républicaines et socialistes en son sein, la montée de la contestation suite à la réforme militaire, et bien évidemment la faiblesse ainsi que l’impopularité de la dynastie des Kadjars. Tout cela à permis aux fleurs de la révolte d’éclore et la mis aux arrêts de l’ancien commandant de la Brigade des cosaques ne fut que l’étincelle qui mit le feu aux poudres.

Le major Abolqasem Lahouti

En effet le major Abolqasem Lahouti ainsi que ses plus proches lieutenants craignant de subir le même sort que Reza Khan et voyant le tournant autoritaire que prenait le régime de Ghassem Khan Vali déciderait de précipiter leur révolte en haranguant les soldats sous leurs ordres. Une tentative aventuriste mais le major n’a guère froid aux yeux, pour la liberté il se bat et pour la liberté sûrement il mourra.

Le conseil de soldats qui selon toute vraisemblance est présidé par le major, une fois installée dans la ville de Tabriz, décida non sans audace de voter l’abolition de la monarchie et la mise en place d’une république en Iran. Rapidement les drapeaux des Kadjars sont retirés de la ville, à la place trône fièrement le drapeau rouge de la révolution. Cependant une fois passé ce coup d’éclat, la structuration du mouvement des gendarmes de Tabriz devait irrémédiablement se poser et la formulation de revendications précises être adoptée, et ce, pour être audibles au niveau des masses persanes. Dans l’euphorie de la "révolution", le conseil de soldats publia un programme en 9 points :

1- Proclamation de la république iranienne
2- Reforme agraire afin de redistribuer des terres aux paysans
3- Réduction de l’influence des Oulémas dans le pays, mise en place d’un système d’éducation laïque et séparation entre le système judicaire et la religion. Laïcisation progressive du l’Etat persan
4- Egalité devant la loi de tous les citoyens de Perse/Iran, et ce, sans distinctions de genre, de religion, etc
5- Politique d’indépendance nationale vis-à-vis des puissances étrangères *
6- Démocratisation complète du régime et adoption du nouvelle constitution
7- Reduction de l’influence réactionnaire des tribus
8- Nationalisation du pétrole.
9- Mise en place de politique sociale

Il va sans dire que les conservateurs/réactionnaires iraniens en voyant pareil programme ne sont guère contents. A Ghassem Khan Vali, ils supplient de mettre fin à cette ignominie qu’est la révolte des gendarmes de Tabriz.

Quant à Abolqasem Lahouti, il sait bien que seul, avec ses quelques fidèles lieutenants, il ne peut pas faire le poids contre l’armée de Ghassem Khan Vali. Il espère cependant que sa révolte fasse des petits car déjà les forces du premier ministre se mettent en marche.

The United States of America

Shattered democrats

La convention nationale démocrate de juillet 1924 a dévoilé un parti très divisé, en difficulté pour serrer les rangs avant le sprint final. Si le sortant William J. Bryan a obtenu une confortable investiture avec son colistier le vice-président McAdoo, son principal adversaire, le gouverneur de l'Ohio James M. Cox, représentant de l'aile progressiste du parti fait un score faible mais honorable. Sa réussite est d'avoir coalisé autour de sa candidature une force très hétéroclite composée de modérés pro-business, de conservateur anti-Klan ou anti-prohibition, ou encore de véritables progressistes. Cette coalition est parvenue à faire trembler la majorité du parti à plusieurs reprises lors de la convention, en particulier lorsque le sénateur de l'Alabama Oscar Underwood a tenté de solennellement faire reconnaître par le parti le caractère terroriste et anti-américain du Ku Klux Klan. Cette motion a provoqué une levée de bouclier inédite au sein du courant majoritaire qui a poussé le vice-président McAdoo à intervenir en personne lors d'une prise de parole afin de défendre le Klan, lançant à son tour ses adversaires dans un concert d'indignation.

Bryan se relance donc dans la course avec de quoi douter. L'existence d'un candidat progressiste solide en la personne de La Follette risque de lui coûter beaucoup de voix, son parti est extrêmement divisé, beaucoup plus que l'adversaire républicain, finalement, la popularité du président n'est pas à son plus haut, la crise économique qui n'en finit pas fait quelque peu oublier le fétiche de l'isolationnisme et les esclandres passées des républicains.

The United States of America

The Boss

Depuis mai dernier, J. Edgar Hoover a prit la tête du Bureau of Investigation, plus large administration fédérale en charge de la sécurité intérieure, du contre-espionnage et de la protection des intérêts américains à l'extérieur du territoire national. C'est ainsi peu dire qu'il s'agit d'une institution particulièrement stratégique. Hoover est un anti-socialiste fourbu, un organisateur de génie et un homme d'Etat dans l'âme. Sa nomination va de paire avec la solide volonté de l'administration Bryan de réprimer les velléités révolutionnaires d'une parti du mouvement ouvrier et d'assurer le maintien d'un ordre conservateur qui ne puisse être trop durement ébranlé par les forces progressistes qui agitent le pays.

La principale mission d'Hoover depuis sa prise de position est donc la lutte acharnée contre les socialistes et apparentées, le fantasme de la subversion ouvrière étant renforcé par les conséquences sociales de la crise économique qui provoquent des vagues de grèves inédites aux États-Unis depuis 1920 ainsi que par l'émergence d'un bloc progressiste radical puissant et très lié au mouvement ouvrier qui inquiète grandement à Washington. Pour toutes ces raisons, d'aucuns militent en faveur d'un renouveau de la Red Scare, un programme qui convient tout à fait à monsieur Hoover qui s'est lancé avec volontarisme dans cette aventure et qui a entamé une nouvelle vague de surveillance et de répression contre les socialistes.

La concentration sur la lutte contre les socialistes éloigne les moyens fédéraux des deux autres grands ennemis de la loi et de la stabilité à l'échelle nationale : le Ku Klux Klan ainsi que la criminalité organisée ayant connu une croissance absolument folle grâce à la prohibition. Certaines villes connaissent de véritables hémorragies de violences et d'assassinats de nature criminelle sans que personne ne prenne réellement les choses en main. Un exemple éloquent est celui de la ville de Chicago. Partiellement tenue par des mafias extrêmement organisée, mais aussi confrontée à des grèves ouvrières de grande ampleur, les autorités municipales, l’État ainsi que le fédéral sont tous tombés d'accord pour mettre la priorité sur la répression anti-syndical et anti-socialiste. Le cap est donné, nous verrons où cela mènera le pays.

N’est pas mort ce qui s’endort

L’audacieuse tentative des gendarmes de Tabriz de se rebeller contre l’Etat central, de faire tomber Ghassem Khan Vali et d’instaurer une république en Iran échoua malencontreusement. Ce n’est pas faute d’une résistance acharnée de la part des hommes du major Abolqasem Lahouti qui durant plus 4 mois ont tenu la ville de Tabriz, aidés par une partie de la population nostalgique de la république démocratique de Tabriz mais surtout par certains partis politiques locales notamment les socialistes et les travailleurs iraniens.

Cependant face au rouleau compresseur qu’est l’armée persane, leur résistance fut écrasée et la ville reprise. Cette période d’euphorie révolutionnaire fut suivie par une période de répression politique intense où les exactions et exécutions furent le lot des habitants de Tabriz. Drôle d’ironie que le premier maire de la cité soit celui qui en fut aussi le bourreau. Le gendarme-poète Abolqasem Lahouti, quant à lui, fut capturé puis exécuté par le pouvoir persan. Une légende empreinte de romantisme révolutionnaire veut que le major avant de mourir eut composé de derniers vers :

N’est pas mort ce qui s’endort
Mais au fil de ces ères obscures
Peut même mourir la mort

Des paroles énigmatiques n’est-ce pas ? Mais qui animent encore aujourd’hui le cœur des Iraniens car pour sûr la révolte des gendarmes de Tabriz fut un événement majeur de l’histoire de la gauche persane.

Le colonel Pessian, lui, après moult péripéties se révolta aussi contre le pouvoir en place, et ce, alors que l’armée persane fut occupée par la révolte des gendarmes. Bien évidemment cela échoua mais lui ne connut par le même sort que le major Lahouti. L’aviateur réussit à s’enfuir et s’exila en Europe, de là-bas, il devint le chef de file des républicains et sécularistes iraniens en exil.

Enfin Ghassem Khan Vali n’ayant plus aucun adversaire au sein de l’armée, contrôlant entièrement l’appareil d’Etat, soumettant le parlement à sa personne put aisément déposer Ahmad Shah Kadjar et fonder une nouvelle dynastie persane celle des Vali. Son règne fut marqué par un autocratisme prononcé, ainsi qu’une série de réformes visant à transformer l’Etat persan notamment en réduisant l’influence des tribus et enfin par une volonté d’étouffer toute contestation sociale qu’elle soit de Gauche ou de droite. Le valisme en tant qu’idéologie était né. Ghassem Shah Vali autocrate, Ghassem Shah Vali tyran oui mais Ghassem Shah Vali roi d’Iran et d’Orient.

Cependant malgré le triomphe retentissant de Ghassem Khan Vali, les paroles du major Abolqasem Lahouti résonnent encore en Iran et partout dans le monde. N’est pas mort ce qui s’endort, mais au fil de ces ères obscures peut même mourir la mort……..