V1919 - Topic Officiel - Année 1919

Bon jeu à tous.

The United Kingdom of Great Britain and Ireland

Shithole

Après plusieurs mois passés dans le Mannschaftslager de Lechfeld au milieu de nul part en Bavière profonde, Joseph avait pu rentrer à Swansea grâce à la signature d'accords de paix et bonne et due forme entre son gouvernement et celui adverse. C'était le cas de centaines de milliers d'autres tommys déjà de retour au pays ou en transit. Sans doute devraient-ils être heureux de rentrer au pays et de profiter de la paix mais il n'en était rien. Les humiliation de leurs anciens geôliers, la grossièreté allemande leur restait en tête, comment ces porcs avaient-ils pu vaincre le Royaume Uni ? L'avaient-ils vraiment vaincu d'ailleurs ? Ces bons à rien de français avaient sans doute cédés, mais les britanniques avaient été emportés dans le tourbillon, le gouvernement n'avait pas tenu. Les planqués l'avaient forcé à déposer les armes, à tout offrir au Kaiser. Quelle humiliation. Toutes ces années à se battre, voir les copains crever, tenir leurs entrailles entre ses mains, tuer des boches à coup de pelles, combattre la dysenterie et le tétanos, affronter les tranchées. Tout cela pour rien. Qu'est-ce qui leur restait finalement à ces pauvres gars, les anciens combattants. Rien.

Des centaines de milliers, des millions d'entre eux rentraient petit à petit au pays. L'économie du pays était exsangue, privée des débouchées nouveaux que devait apporter cette guerre, incapable d'absorber les mobilisés qui rentraient au pays, la catastrophe à venir ne faisait aucun doute. De son côté, la classe politique n'avait aucunement la force de l'affronter, Lloyd George souffrait d'une dépression nerveuse sérieuse qui le forçait à s’enfermer au Ten pendant la majorité de ses journées. Puisque personne ne voulait le remplacer au poste de Premier ministre, il était pour le moment obligé de se maintenir. L'autorité de la Couronne s'était largement dissipé et Georges V se faisait lui aussi discret, caché dans son palais. En réalité, c'est un peuple entier qui baissait la tête, portant le fardeau d'une génération sacrifiée, du traumatisme de la guerre et de la défaite, de la disette s’aggravant de mois en mois. Le Royaume Uni traversait en fait sans trop s'en rendre compte une période de deuil collectif informel. Gare à ce qu'il arrivera lorsque celle-ci se terminera.

14 juillet 1919 :

Sur les pavés des Champs Elysées cette année, pas de défilé militaire. Celui de l'an dernier était déjà particulier : l'armée allemande lançait une offensive qui allait se solder, 3 mois plus tard, par la capitulation française. Depuis, ils étaient là. Les Allemands.


Louis était venu à Paris depuis Blois, pour voir sa cousine Marie. Le jeune homme de 17 ans avait participé à la défense de la Loire dans les derniers jours de l'offensive allemande. Armé d'un fusil qu'un soldat sale, hirsute et à moitié ivre lui avait donné, il avait défendu sans succès Sézanne, puis avait suivi la retraite jusqu'à Créteil. C'était la première fois qu'il allait à Paris, en octobre l'an dernier. Là c'était la deuxième fois et il priait pour que ça soit la dernière. La présence allemande lui était insupportable.

Alors qu'il allumait une cigarette, échangée un peu plus tôt contre du lard fumé sous le manteau dans un café, Louis vit une drôle de scène se dérouler sous ses yeux. Un petit groupe d'hommes, la trentaine, se mit à marcher au pas sur le centre des Champs Elysées. Tout le monde était sidéré. Ils n'avaient pas d'uniformes, mais on voyait qu'ils étaient des soldats. Et après tout, qui ne l'a pas été en France. Rapidement, la police arrive, et le ton monte. On leur demande de cesser : "C'est une provocation ce que vous faîtes messieurs !" vocifère un policier. La petite troupe ne cesse pas sa marche, et autour d'elle bientôt une petite foule de badauds les regarde, amusés pour certains, la larme à l'œil pour beaucoup. Un policier sort son bâton et se place rapidement devant les marcheurs, bloquant le passage. Le premier, un solide gaillard aux cheveux blonds, écarte le policier d'un coup de poing au visage. Les coups de sifflet résonnent, et en quelques dizaines de secondes, la douzaine de braves manifestants est arrêtée et embarquée vers la Rue Lincoln et le commissariat qui s'y trouve.

Louis suit l'attroupement, et voit les policiers français jeter les gaillards dans l'entrée du bâtiment, avant d'en refermer la porte. Après une dizaine de minutes, il ne reste plus personne dans la rue, à part Louis. Par la fenêtre, il aperçoit des policiers bien sûrs, mais aussi un officier de la police impériale allemande. Il crache par terre et quitte les lieux. Maria l'attend et il commence à se faire tard.

Rivages lointains

Le son de la vieille sirène de bateau sort Artyom de ses rêveries. Terminus, tout le monde descend. L'ancien officier de la République russe récupère sa casquette de général dans un sourire avant de s'engouffrer dans les couloirs de l'embarcation. Le voyage avait été long depuis Petrograd. À peine a-t-il passé la porte qu'une voix féminine l'interpelle :

- Monsieur Sakhalinski !
- Hm ? Il y a un souci Anastasia ?
- Vos cheveux sont défaits ! Laissez-moi vous aider.

La jeune femme s'avance, et remet en ordre la tresse blonde du soldat. Celui-ci ferme les yeux, serre les poings, mais se laisse faire. Il est un coureur de jupons assez notoire, mais il a beaucoup trop de fierté pour s'amuser de cette amourette. Il a dirigé les forces armées de la république, ce n'est pas demain la veille qu'il s'amusera à flirter avec les rejetonnes du tsar. Cela l'ennuie déjà bien assez de devoir jouer la nounou improvisée pour des princesses surprotégées qui n'ont que les officiers qui les surveillent sur qui avoir des crushs.

- Papa !

Le cri vient du dehors, et est accompagné de toute un brouhaha. Les yeux de la princesse Anastasia s'illuminent, et elle se met elle aussi à courir vers l'extérieur. Sakhalinski souffle une nouvelle fois, un peu blasé. Lui prendra tout son temps. Les escaliers de bois usé craquent sous ses bottes alors qu'il monte sur le pont. En haut, le soleil éblouissant le force à mettre sa main en visière le temps de réajuster son couvre-chef. Le paysage n'est pas ce à quoi il a été habitué en Europe de l'Est. D'un côté la vaste étendue de la Caspienne, de l'autre une steppe aride où dominent les teintes de beige.

Et au milieu de tout ça, Krasnovodsk. Un peu moins d'une vingtaine de milliers d'habitants. Le double d'avant la guerre. Des échafaudages sur nombre de façades rappellent la nouveauté des bâtiments. C'est ici que plusieurs milliers d'Arméniens de Bakou ont atterri. En baissant les yeux, le socialiste-révolutionnaire voit l'attroupement des adolescents autour d'un homme portant un uniforme vieilli par le soleil brûlant du Turkestan. Un homme autrefois plus puissant que quiconque, et désormais un officier exilé aux confins de la Russie. Lorsqu'il pose le pied sur le quai, l'évidence frappe Sakhalinski. Il était exactement comme le vieil homme et les Arméniens de la ville. Krasnovodsk est la plage où viennent s'échouer les débris brisés par les flots bouillonnants de l'histoire. Il tend la main en regardant perçant les de son regard les yeux de son homologue.

- Bonjour, général Romanov.

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Des opérateurs du SIS en Égypte, 1919

Continuation war

Certaines administrations refusent de tomber dans la torpeur qui touche le pays depuis la signature du traité de Strasbourg. C'est le cas du Secret intelligence service qui prend son autonomie de fait sous la direction de l'Amiral Sir Hugh Sinclair qui a récupéré la tête de l'organisation juste après la fin de la guerre. Ce dandy en fin de quarantaine pétri d'humour britannique n'en est pas moins l'un de ceux qui refusent la défaite, et en l'absence de leadership politique, il avait toute latitude pour orienter ses hommes vers la poursuite de la lutte contre la Triplice. Sa stratégie était simple, il fallait s'attaquer aux marges de ce nouvel ordre européen, lui même n'avait que peu de moyens et il fallait frapper les faibles. C'est pour cela qu'il avait rendez-vous avez le capitaine Price, chef de la Task Force 141 du SIS, spécialisée dans l'action violente. Cette unité avait pu s'illustrer à de nombreuses reprises au cours de la guerre sur de nombreux théâtres d'opération mais en particulier au Levant où elle avait accompagné à plusieurs reprises Lawrence d'Arabie sur sa route. Price et ses hommes avaient été choisis par Sinclair pour leur connaissance du terrain, ils allaient en effet prendre la route de l’Égypte.

Le patron de l'espionnage britannique avait encore un certain nombre de contacts dans le Sultanat et serait capable d'installer ses gars sans provoquer trop d'esclandres ni chez les diplomaties étrangères, ni au sein du Royaume Uni même, cette mission n'avait en effet été validée par aucune autorité politique bien entendu. Une fois sur place, Price allait devoir se mettre en contact avec les vieux amis arabes de la Couronne afin de préparer la suite de la guerre au Levant et dans l'ensemble du Moyen Orient. Cette fois en plus, l'Empire Britannique n'a plus rien à perdre dans cette région.

Continuation war II

Cela faisait plusieurs jours que le capitaine Price et ses hommes avaient traversé le canal de Suez. Ils avaient pu retrouver sur l’autre rive des vieux camarades de l’insurrection arabe qui leur avaient promis de les amener à leur objectif. Si le monde avait basculé, le désert du Sinaï, lui, n’avait pas bougé depuis leur dernière visite durant la guerre. Le bruit des chameau, le souffle du vent lourd du désert étaient seuls à perturber le silence. Personne ne parlait, il fallait économiser sa salive car les réserves en eau commençaient à s’épuiser. Ils devaient bientôt arriver ou mourir dans le désert comme cela a pu arriver à tant d’hommes qui se sont cru capable de dompter les sables.

Soudain, depuis le sommet d’une dune, la petite troupe aperçut un petit campement au loin.
- Ce sont eux ? Demanda Price.
- Oui Sidi.
Le britannique esquissa un sourire. Ils firent accélérer leurs montures.

Le camp était constitué d’une demi douzaine de tentes couleur sable de diverses tailles, des arabes équipés des M1917 Enfield et de vieux fusils allemands patrouillaient aux alentours. Quelques chameaux se désaltéraient tranquillement dans des abreuvoirs, c’était le début de soirée et quelques feu de camps avaient été allumés afin de fournir chaleur et lumière. Le guide des britanniques échangea quelques mots en arabe avec un des gardes qui s’interrogeait sur leur présence ici. Finalement, il invita d’un geste simple Price et ses hommes à le suivre. Ils marchèrent en direction de la tente la plus imposante du campement. Devant elle, un homme habillé à la bédouine avec coiffe et djellaba lisait un vieil exemplaire du Tercüman-ı Hakikat en tirant sur une chicha. A sa ceinture pendait d’un côté un sabre rangé dans un fourreau à ornements et de l’autre un Luger P08. En le voyant, le guide murmura « le voila ». Price se précipita vers son vieil ami, connu dans cette contrée sous le nom de Lawrence d’Arabie.

Les britanniques s’échangèrent les nouvelles, ils ne s’étaient pas vu depuis des années et étaient très heureux de se retrouver comme d’anciens compagnons d’armes. Lawrence s’était converti à l’islam et vivait désormais la dure vie des bédouins. Il se débrouillait pour continuer d’entretenir une maigre force militaire pour le moment dispersée mais autour de laquelle pourra se  greffer le peuple arabe au moment opportun.

Alors que Price donnait des nouvelles de vieux amis croisés en Égypte pendant la guerre et désormais de retour au pays pendant que Lawrence versait du thé à ses invités, un cri retenti. « un avion » marmonna Lawrence, « vite, dans la tente ». De trois coups de talons bien placés il écrasa le foyer du feu de camp et rangea du même geste tous les objets qui traînaient à l’extérieur de la tente dans celle-ci. En quelques minutes, tout était à l'abris, les chameaux  et les hommes cachés sous les tentes couleur sable, très difficiles à détecter depuis le ciel à moins que l’on sache ce que l’on cherche. L’avion turc passa à faible allure et s’en alla sans montrer signe d’une quelconque méfiance. Cependant, Lawrence décida de changer le camp d’emplacement, ils allaient se déplacer pendant la nuit. Il cria des ordres en arabes et, quelques heures plus tard, le campement entier avait disparu et une colonne de chameaux se dirigeait dans le désert vers l’inconnu. Une excitation sourde prit Price qui n’aurait pas pu rêver mieux que de retrouver cette vie, il était fait pour ça et ne le savait que trop bien.

Elections de janvier 1920 :

C'est officiel depuis le 10 août 1919 : la France se dotera d'une nouvelle Assemblée Nationale suite à des élections en janvier 1920. Le Président de la République M. Poincaré a assuré dans un discours devant l'Assemblée et largement retranscris dans les journaux que la démocratie française ne vacillera pas.

Mais quels partis en lice ? Le Président du Conseil Painlevé et son Parti Républicain-socialiste ont en effet mené l'Union Sacrée, appuyée par Clémenceau. Mais tous les hommes du gouvernement ou presque jouissent d'une image ternie par la défaite. Ils sont absents du quotidien des français, à l'exception de Georges Clémenceau qui continue des visites hebdomadaires dans les hôpitaux militaires de la région parisienne, en apportant son soutien aux familles endeuillées. Il est le seul qui semble avoir la volonté et la carrure de continuer à incarner la continuité gouvernementale française.

Du côté de l'opposition la plus ferme au gouvernement se trouve la Confédération Générale du Travail. Celle-ci est en pleins troubles. La ligne défendue par Léon Jouhaux qui était de soutenir pleinement le gouvernement français dans la guerre n'était déjà pas hégémonique en 1914, et Pierre Monatte qui s'y est opposé depuis le début jouit d'une grande aura politique notamment dans les milieux ouvriers et en particulier miniers et du textile, qui ont été le fer de lance des grèves de L'Hiver Sanglant.

Pierre Monatte

Seul problème : la CGT n'est pas un parti politique, et elle n'apporte pour l'instant son soutien directe à aucune formation partisane. En réalité, elle est déchirée de l'intérieur, mais le congrès de septembre, destiné à mettre fin aux tensions entre partisans de Monatte et de Jouhaux qui devra se dérouler à Montpellier devrait pouvoir éclaircir la ligne politique de la CGT.

Les réfugiés catalans :

Depuis la chute de la République catalane, pas moins de 60 000 réfugiés ont franchi les Pyrénées. Ils ont été internés dans des camps, les anciens camps de conscription du Midi notamment, et pour l'instant on ne sait pas vraiment quoi faire d'eux.

Sur ces 60 000 réfugiés, environ 45 000 sont des femmes, des enfants ou des vieillards. Il a été décidé qu'ils seraient rapidement libérés, et qu'on leur donnera des papiers spéciaux afin d'être identifiés. Ils seront transportés vers Perpignan, Montpellier, Marseille, Narbonne ou encore Carcassone, dans un environnement que les agents administratifs jugent convenable à leur caractère méditerranéen.

Le reste, formé d'hommes au nombre d'environ 15 000, cause plus de problèmes. Des altercations ont déjà eu lieu entre certains d'entre eux et des soldats français. Ils seront pour l'instant conservé dans les camps et feront les vendanges dans le Languedoc, un appui agricole bien salué des paysans locaux.

La frontière franco-catalane, qui continue sa lente hémorragie, est cependant fermée par décret du Conseil des Ministres. Il est désormais, en date du 3 août 1919, interdit à quiconque de franchir la frontière entre Cerbère et Andorre et celle-ci sera patrouillée par une escadre de chasseurs alpins. Si la fermeture de la frontière et la fin de l'accueil des réfugiés catalans risque de jeter un froid entre les milieux républicains libéraux de Barcelone et la France, la décision est prise pour préserver au mieux la paix entre la France et l'Espagne, mais aussi ne pas vexer l'Allemagne.

Royaume de Pologne - Królestwo Polskie

Fin de la régence : le couronnement du nouveau souverain Polonais

Le 12 juillet 1919, le royaume de Pologne entrait dans une nouvelle ère. En effet, le 12 juillet marque la date du couronnement du nouveau souverain polonais, après une période de régence à l'issue du conflit mondial, et dans un contexte d'impossible stabilité du royaume. Désormais relativement stable et la paix restaurée sur le continent, la Pologne peut enfin avoir un véritable dirigeant à sa tête. Parmi tout les potentiels prétendants, et notamment des potentiels princes prussiens, c'est au final le prince Ernst Heinrich de Saxe qui est couronné roi de Pologne, sous le nom de Ernst Ier de Pologne. Le tout s'est fait durant une cérémonie solennelle qui s'est tenu à Varsovie, durant laquelle le prince, âgé de 22 ans à peine, a prêté serment et a été officiellement intronisé à la tête de la couronne polonaise, signe d'un tournant historique pour la Pologne, qui n'avait pas connu de "liberté" depuis des décennies.

Le choix du prince saxe Ernst Heinrich est le fruit d'une décision politique conjointe entre l'Allemagne et la Pologne, le prince ayant été approuvé par le conseil de régence qui a été destitué quelques jours après le couronnement et au moment de la prise de fonctions effective du souverain. Mais beaucoup, parmi les Polonais, estiment que cette décision a surtout été le fait des dirigeants allemands. Le roi est en effet issu d'une dynastie allemande, d'un grand duché qu'est celui de la Saxe, et ce choix qui n'est donc pas anodin n'a pas été au goût de l'ensemble de la population polonaise. Cette influence allemande s'est notamment remarquée dans la cérémonie du couronnement, qui a été marquée d'un mélange entre un protocole royal semblable à celui de l'Allemagne, et une symbolique purement polonaise. Le message est fort, pour beaucoup : le protocole, symbole du fonctionnement politique et de la liberté décisionnel du pays, est typiquement allemand ; et la symbolique, qui n'est qu'une simple question d'apparat, a été léguée aux Polonais. Les journalistes les plus anxieux vis-à-vis de l'Allemagne analysent cela comme la preuve irréfutable que la Pologne n'est là qu'en guise de décoration, de même pour le titre, mais qu'en réalité le territoire n'est plus qu'une simple extension de l'Empire allemand.

Le pays se retrouve donc divisé politiquement, car malgré cette ambiance qui est à la surveillance envers les Allemands et leurs velléités vis-à-vis de la Pologne et de ses habitants, une grande partie de la population semble approuver sans questionner ce qui se passe. Cela s'est vu lorsque, à la fin de la cérémonie, le Roi a pu retrouver une foule enthousiaste de Polonais, mais aussi d'Allemands, qui lui ont exprimé leurs espoirs d'une ère de paix, et de prospérité, et ce sous l'égide de l'Allemagne qui selon beaucoup, saura préserver la Pologne, ses habitants et leur sécurité. Lors de son discours d'intronisation, Ernst Ier a remercié chaleureusement ses sujets polonais pour leur accueil chaleureux, et a promis de travailler, sans relâche, pour répondre aux espoirs de la population et aux défis qui se poseront à lui, parmi lesquels le plus important reste la reconstruction du pays, et la consolidation d'un véritable pouvoir pour éviter toute crise politique.

En dehors de la capitale polonaise, cependant, l'on a pu voir de nombreux groupes de polonais exprimer un certain mécontentement, avec notamment des manifestations qui ont éclaté dans certaines parties du pays, les manifestants remettant en question la légitimité de ce nouveau Roi, et du royaume en lui-même. Cette crainte d'une vassalisation du royaume de Pologne par l'Empire Allemand, à qui personne ne saurait plus donner de réponse équivalente, et qui n'hésiterait pas à n'accorder que des pouvoirs superficiels et faibles au souverain polonais.

Ce couronnement marque un tournant dans la nouvelle configuration politique en Europe de l'Est, avec des années à venir qui, bien que tournées notamment vers la reconstruction du pays, verront aussi croître au fur et à mesure la question de la véritable souveraineté de la Pologne. Se pose aussi la question des relations avec les voisins, notamment avec l'Ukraine, tout jeune Etat au Sud-Est de la Pologne, dont une partie de la population a été intégrée à la Pologne par les traités ; et aussi, les relations avec l'Autriche-Hongrie, à laquelle la Galicie a été enlevée au profit du nouvel Etat polonais, et qui pourrait dès lors prétendre à vouloir récupérer, quand la situation se sera améliorée, cette région.

Casse-tête

- Ohlala mais il nous emmerde celui-ci avec ses Tatars, on aura bien le temps de régler ça plus tard
- Mais il faut bien commencer à y penser ! Vous avez bien vu aux élections constituantes !
- Fadaises ! L'important c'est de trouver un nouveau tsar au plus vite. La Douma s'occupera du reste !
- On doit tout de même s'occuper des affaires courantes !

Le climat est tendu dans le salon du Palais d'Hiver où les deux vice-présidents du Conseil de Régence se disputent. Le premier est Nikolai Pokrovsky, nationaliste notoire, américanophile et dernier ministre des affaires étrangères de l'Empire avant la révolution de Mars. Le second, Sergueï Oldenbourg est encarté chez les Cadets. Il est également un orientaliste notoire, expert du bouddhisme et instigateur de la Commission pour l'Etude de la Composition Tribale des Frontières de la Russie, devenue Commission aux Affaires des Nationalités après la révolution. Dans un coin de la pièce, le président du Conseil de Régence les regarde. Alexandre Trepov a été premier ministre de l'Empire, et comme les deux autres il s'était prononcé en faveur de la continuation de la guerre. Des idées qui sont bien hors du temps. Un autre point sur lequel s'accordent les trois hommes, qui représentent chacun une faction (Cadets/Octobristes/Nationalistes) au conseil de régence, est la volonté de mettre en oeuvre une monarchie constitutionnelle.

La régence joue cependant contre la montre. Les travaux à propos d'une nouvelle constitution russe ont d'ores et déjà avancés dans une loi constitutionnelle votée début juillet, et nombre de concessions ont dû être faites vis-à-vis de feu l'assemblée constituante. Le suffrage universel total a été maintenu, tout comme le principe d'élections via un système de proportionnelle régionalisée. Une seule chambre, et surtout, des élections fixées au 20 janvier 1920. La loi constitutionnelle l'affirme, la Douma reprendra l'initiative constitutionnelle dès son élection. Les régents le savent, leurs partis vont perdre les élections, et l'abandon des projets monarchistes par la nouvelle Douma si la nature du pouvoir exécutif n'est pas finalisée d'ici là est une quasi certitude.

La question épineuse n'est pas tant de définir l'ampleur des pouvoirs de la monarchie. Elle sera symbolique et ne conservera que le commandement des armées et la contre-signature symbolique, de toutes les prérogatives dont elle disposait jusque 1917. La question est : Qui ? Les pistes les plus évidentes sont des traquenards complets. Nicolas II est détesté par les Russes et refuse de toute manière la couronne. Ses cousins, frères et oncles sont soit des débauchés soit biberonnés à l'autocratie. Personne ne veut prendre le risque de mettre le tsarévitch sur le trône pour qu'il cane sans héritier dans quelques mois à cause de son sang savonneux. Reste alors la possibilité d'un prince étranger mais là encore, les nobles les plus prestigieux sont tous allemands, et si la Pologne veut bien s'abaisser à poser un Saxon sur son trône, la Russie ne mange pas de ce pain-là.

- Et pourquoi pas un prince italien ?
- Ne faites pas l'imbécile Alexandre. Un Italien ! Et pourquoi pas un Turc tant qu'on y est ? Mieux ! Nous n'avons qu'à demander à l'empereur du Japon si un de ses fils veut bien nous diriger ! Un Italien...
- Oui bon ça va, j'essaie de trouver des pistes, pas la peine de réagir comme ça...

Vereinigtes Baltisches Herzogtum

La Victoire du Reich sur les pays de l’Entente permet la libération des territoires baltes, et la formation d’un pays basé sur l’héritage germanique de cette région. Représentants de la plus ancienne culture présente dans le pays, avant les estoniens et lettons, une réunion a lieu entre les représentants allemands pour décider de l’avenir du pays.

Le Prince Oskar de Prusse, fils du Kaiser Wilhelm II, vétéran des batailles de Belgique et de Verdun ou il s’est distingué par son courage, est désigné pour prendre la tête du Duché Balte Uni. Il sera suppléé d’un conseil de régence composé du Majorgeneral Graf von der Goltz commandant de la Ostsee Division qui occupe la région, l'amiral Georg Alexander von Müller représentant la Reichsmarine et le comte Pilar von Pilchau représentant la noblesse allemande locale.

Le pays sera dirigé sur le modèle de monarchie semi constitutionnelle allemande avec une assemblée à Riga, le Vereinigter Landesrat qui sera composée de trente-cinq députés germanophones, treize députés estoniens et onze lettons. Le Pays est divisé en huit Kanton : Kurland, Riga, Lettgallen, Südlivland, Nordlivland, Ösel, Estland et Pleskau.

La situation dans le pays est pour l’instant stable, la noblesse germanophone de la Baltique possédant la plupart des terres et manufactures du pays permet de relancer rapidement un semblant d’économie et l’armée allemande assure les tâches de police le temps de la formation de l’Etat balte. Les nationalismes lettons et estoniens bien que calmés par la révolution échouée en Russie et la victoire du Reich restent un problème majeur pour le Prince Oskar, autant que les sympathisants bolchéviques encore nombreux.


Le prince Oskar von Preußen arrive à Riga à bord du cuirassé SMS Elsass avec sa femme la Princesse Ina-Marie et leurs trois enfants, accompagné par un détachement de hussards jusqu’au chateau de Riga qui est sa nouvelle demeure, construit par les Schwertbrüder au XIVeme siècle et servant de résidence pour les différents gouverneurs de la ville jusqu’à ce jour.

United States of America

Août 1919 : fin de partie pour le Président Hughes

Pour la première fois de leur histoire, les États-Unis d’Amérique se sont ingérés de façon massive dans une guerre européenne et, plus largement, dans les affaires du monde. Et le moins que l’on puisse dire et que cela ne leur a pas réussi. Au total, plus de 150 000 Américains sont morts en Europe. Parmi eux l’ancien Président Theodore Roosevelt, tombé au champ d’honneur en France aux côtés de ses frères d’armes. Au pays le sacrifice de ces milliers de « boys » venus d’Alabama, du Tennessee ou encore de Californie passe mal, d’autant plus qu’il n’a servi à rien. En effet l’intervention américaine, sans doute trop tardive, n’a absolument pas permis de renverser le cours de la guerre, qui s’est soldée par une lourde défaite des puissances de l’Entente.

Dans le fond, les États-Unis ne perdent pas grand-chose dans cette défaite : aucune clause du traité de Strasbourg ne les concerne et leur territoire ainsi que leur économie n’ont absolument pas souffert du conflit. Au contraire même puisque les besoins de la guerre ont permis de booster l’industrie ou encore la finance. Mais le coup est rude pour le prestige de l’Amérique, et à Wall Street l’on se demande comment la France et, dans une moindre mesure, le Royaume-Uni vont bien pouvoir honorer leurs dettes vis-à-vis des banques états-uniennes.

Dans l’immédiat, des centaines de milliers de soldats et autres membres du corps expéditionnaire américain en Europe débarquent dans les ports de la côte Est. Ces hommes, qui ont pour certains croupit durant plusieurs mois dans des camps de prisonniers allemands, sont rapidement rendus à la vie civile et aucun dispositif d’accompagnement spécifique n’est prévu.

Malgré la défaite, des parades sont organisées dans certaines villes, comme ici à Washington DC, pour rendre hommage aux boys

Au point de vue économique, les perspectives ne sont gère réjouissantes : la fin des commandes gouvernementales pour l’armée conduit d’ores et déjà à des licenciements massifs dans les usines investies dans l’effort de guerre et va obliger ces dernières à réorienter leur production. Dans le même temps les citoyens doivent composer avec une forte inflation, les prix ayant quasiment doublé depuis la période d’avant guerre. Dans ces conditions le retour de centaines de milliers de jeunes hommes au pays ne peut se traduire dans l’immédiat que par une importante hausse du chômage, d’autant plus que le gouvernement fédéral a clairement annoncé que les forces armées américaines (qui mobilisent à l’heure actuelle près de 3 millions d’Américains) ont vocation à revenir à un format proche de celui de l’avant guerre. Pas question pour les États-Unis d’entretenir une armée pléthorique.

Tous ces éléments créent un climat de tension extrême dans le pays : l’agitation ouvrière atteint des niveaux inédits et les grèves se multiplient ; au sein des élites économique et politique l’on craint une diffusion des idées socialistes et communistes qui pourrait mener à terme à une remise en cause de l’ordre établi ; le climat d’intolérance qui s’est développé durant la guerre se prolonge et se traduit par une recrudescence des lynchages de Noirs et des émeutes raciales, y compris dans le Nord du pays…

A la Maison Blanche, Charles Evans Hughes semble dépassé par les évènements. Ses « 14 points » qui avaient vocation à refonder les relations internationales sur des bases saines, marquées du sceau du droit et de la paix, se sont fracassées sur la défaite et l’on entend plus guère parler du projet de « Ligue des Nations » que voulait porter le Président. Au Congrès les démocrates, qui dominent les deux chambres, tirent à boulet rouge sur l’exécutif et se font les porte-voix d’une opinion publique désormais très majoritairement isolationniste et pacifiste, tandis que chez les Républicains l’on se mord les doigts d’avoir soutenu la politique étrangère d’un Président vis-à-vis duquel nombre d’élus prennent leur distance (à l’image du chef de la minorité républicaine au Sénat, Henry Cabot Lodge). La parenthèse interventionniste initiée par Hughes n’a que trop duré et il est temps de « revenir à la normale ». Dans beaucoup de foyers américains l’on en vient à regretter le bon Wilson et sa prudente diplomatie qui avait permis de maintenir l’Amérique hors du brasier européen.

A vrai dire l’Administration Hughes sombre dans l’immobilisme le plus total, se contentant de gérer les affaires courantes. En juillet le secrétaire d’État Elihu Root, l’un des principaux artisans de l’entrée en guerre des États-Unis, remet sa démission à la Maison Blanche, suivi par plusieurs autres membres du Cabinet. C’est un coup dur pour Mr Hughes, désormais totalement piégé dans une impasse.

C’est dans ce contexte que, le 14 août 1919, un communiqué de la Présidence transmis aux correspondants de presse basé à Washington annonce, dans un style laconique, que Charles Evans Hughes a finalement choisi de démissionner de sa charge. Cette décision, qui sonne comme un coup de tonnerre dans les milieux politiques américains, sera effective le 1er septembre, date à laquelle la lettre de démission du Président sera officiellement transmise au secrétaire d’État. Ce délai de deux semaines va permettre au Vice-Président, le conservateur Charles W Fairbanks, de prendre connaissance des dossiers et de préparer son installation à la Maison Blanche.

Charles W. Fairbanks, futur Président des Etats-Unis

The Vets




Le centre-ville de Swansea, été 1919

« - Staff sergeant Joseph Poovey, suite au vote des membres de notre honorable association, je vous nomme très officiellement secrétaire de la section de Swansea-est de l’Union of veterans councils. » Un sourire malicieux bien visible en dessous de sa moustache distingué, le colonel James Conway de la 38ème division d’infanterie galloise et chef de l’Union au Pays de Galles, qui connaissait bien Joseph depuis Péronne venait d’offrir à ce dernier un nouveau travail, en plus de son statut de chef d’équipe à la mine et de ses responsabilités au syndicat. Ce dernier l’acceptait avec gravité et honneur. Il avait mit pour l’occasion son uniforme de sous-officier et avait accroché sur sa poitrine les diverses médailles engrangées au fil de la guerre.

L’Union of veterans councils était l’une des nombreuses organisations d’anciens combattants qui fleurissaient dans le pays depuis le démobilisation mais elle était aussi désormais la plus importante de très loin. Ancrée à gauche et très liée au Trade unions Congress qui la finançait elle portait en son cœur l’union populaire autour des acquis de la grève générale de novembre 1917 et s’inspirait du souvenir des conseils de soldats qui fleurirent sur le front français durant la période. L’idée que la défaite n’était due qu’à la trahison des élites bourgeoises et que sous une direction prolétarienne le Royaume Uni aurait remporté la guerre lui était chevillée au corps.

Grâce aux financements colossaux du TUC, l’Union avait entamé une activité de grand ampleur pour aider les soldats victime du chômage endémique de retour au pays mais aussi l’ensemble des familles en difficultés par des soupes populaires, des actions classiques d’entraide mais aussi en organisant des activités culturelles et festives gratuites.

Surtout, l’Union avait réussi à attirer des anciens combattants venant de tous milieux et de toutes opinions politiques et pas uniquement des socialistes ou des syndicalistes. Sa plus grande prise par exemple se constitue du très conservateur Edmund Allenby, héro du front moyen-oriental, qui se déclare désormais en accord avec les analyses de l’Union et qui s’affiche régulièrement en train de distribuer des victuailles aux chômeurs dans l’East end londonien.

Empire du Japon - 大日本帝國



La Grande Guerre

C'est un matin de juillet particulièrement froid dans le Pacifique. Sur la terre, le Capitaine Ozawa n'aimait pas faire la lecture, mais il aimait amener des piles de journaux avant de partir en mission. Que ce soit pour les messages radio ou les journaux, c'était la voix de l'Enseigne Ueda qu'il écoutait. Le vent sur le pont rugissait, et le pauvre garçon devait presque hurler le contenu d'un bout de papier qui ne demandait qu'à s'envoler. Depuis qu'ils avaient quitté le port de Taipei, tous les journaux ne parlaient que d'une chose : la paix en Europe, les boys revenu en Amérique, les parades à Berlin, et les mille façons dont les vaincus ont été humiliés.

Le Capitaine Ozama avait un goût amer dans la bouche. Il était encore prêt à combattre alors que les européens avaient lâché l'éponge. Il craignait l'arrivée des allemands tout en moquant leur défaite du Jutland. L'Empereur avait fermement refusé la défaite et la restitution de territoires au Reich Allemand. Le Japon à son tour réclamait le départ de toutes les troupes allemandes d'Asie et la reconnaissance de l'autorité nipponne sur leurs précédents territoires soit Samoa, la Nouvelle-Guinée et les concessions en Chine. Voilà pourquoi Ozawa patrouillait de vastes eaux à la tête de son cuirassé Kongo et de trois destroyers. Ils faisaient tous parti d'une encore plus grande force, la majorité de la flotte japonaise étendue de Taiwan jusqu'au Samoa, à être stationné au Pacifique Sud, prête à empêcher l'arrivée de renforts allemands et à contrer la marine teutonne de front.

Ruines idéales

Attablé sur le pas d'une maison en bois, Nikolai Larsson rédige consciencieusement ce que lui dicte la vieille paysanne en face de lui. Son fils est revenu du front avec un bras en moins, et c'est très difficile pour eux de s'en occuper avec le peu de terres qu'ils ont. Des histoires bien trop fréquentes que le jeune homme d'origine suédoise a entendu des centaines de fois. Les paysans russes ont tellement souffert de la guerre, et les promesses révolutionnaires ont été mises en suspens par la défaite. Un peu partout en Russie, des scènes ont lieu dans lesquelles des paysans décident eux-mêmes de s'approprier les terres de riches propriétaires terriens, allant jusqu'à s'en prendre violemment à eux dans les pires des cas. Diplômé en agronomie à Petrograd, il avait dirigé la Commission exceptionnelle de l'égalité paysanne instituée par le gouvernement Tchernov pour préparer une réforme agraire qui n'a pas pu avoir lieu.

Lorsque le Parti Socialiste Unifié a éclaté après la chute de Petrograd, la gauche russe s'est éclatée plus encore. Les bolchéviques sont toujours menés par Zinoviev. Nestor Lakoba, transfuge bolchévique, a créé un Parti Communiste de Russie (KPR) qui n'est en réalité qu'un contre-parti bolchévique avec peu de divergences idéologiques majeures. Difficile également pour les bolchéviques de capitaliser sur leur ancien atout majeur, à savoir leur militantisme directement sur le front auprès des soldats. Quant aux Socialistes-Révolutionnaires, ils sont bel et bien finitos. Alexandre Kerenski et diverses personnalités de la droite du parti, dont la majorité des députés SR à l'ancienne Assemblée constituante, ont fondé un Nouveau Parti Socialiste-Révolutionnaire (NPSR). Leur corpus idéologique est néanmoins entâché de leur position bien plus modérée que celle de l'ancien gouvernement à propos des promesses de réformes agraires. L'aile gauche des SR a quant à elle généralement trouvé refuge chez les Mencheviks, qui ont accueilli à bras ouverts ce mouvement tant ils étaient désespérés de trouver de quoi combler la perte cruciale de leurs représentants géorgiens dans le spectre politique. Finalement, un troisième parti majeur a émergé, l'Union Socialiste-Paysanne (USP), proche des SR de droite dans sa vision de l'économie en règle générale, des SR de gauche dans l'opposition au chauvinisme grand-russe, mais surtout en faveur d'une réforme agraire extrêmement ambitieuse mettant les paysans au coeur de la représentation nationale. Larsson fait partie de cette dernière.

Après la paix, il avait dû choisir un endroit où s'installer : le natif de Vyborg ne se voyait pas retourner vivre dans la Finlande indépendante. Finalement, il a posé ses bagages à Tambov. Une ville morne, où les maisons sont lisses et où la plupart des rues non majeures deviennent des mares de boues à peine qu'il pleut. Dire que ça aurait pu devenir la capitale modèle de la Russie révolutionnaire. Difficile pour le jeune agronome, en voyant une un pâté de maisons au bois terni par les éléments, de ne pas s'imaginer un grandiose palais des nationalités, ou bien une station de tramway électrique sur une place richement décorée. Elle aurait pu être si belle la Russie... C'est pour ça qu'il recueille les doléances des paysans. À son échelle, il compte bien mettre un peu de lumière dans cet avenir déprimant.

La situation post-guerre en Ukraine est préoccupante, l’opération Déméter est un coup de couperet pour l’économie ukrainienne essentiellement agraire tant que la responsable d’une massacre de près d’1,5 millions d’individus.

Mais à la fin août, les forces allemandes commencent à abandonner les terres agricoles saisies, la question de la redistribution de celles-ci se pose en Ukraine. Pour Pavlo Skoropadsky, c’est une opportunité de saisie par l’État de ces terres, renforçant alors directement le budget et donc le champs d’action du gouvernement.

Malheureusement, s’il peut compter sur les anciens vétérans des brigades ukrainiennes il doit s’aliéner les élites aristocratiques de son propre parti. Mais que faire ? Dès lors il lui faut de nouveaux alliés. Il les retrouvent dans la tranche centriste des socialistes-révolutionnaires qui d’ailleurs avait déjà émis le projet de collectivisation des terres agraires.

Protégé indirectement par la présence allemande qui l’avait soutenu précédemment, le Chef de la Rada triomphe alors le 7 septembre est offre à l’État ukrainien la Primauté de l’État sur la restitution des terres agricoles.