V1919 - Topic Officiel - Année 1920

EMPIRE OTTOMAN
Brève
Evènement

Les troubles se répandent à travers les provinces arabes de l'Empire. Après la révolte de Beyrouth et la reprise de La Mecque, l'imam Yahya Mohammed Hamid ed-Din a déclaré l'indépendance du Yémen ottoman le 10 septembre 1920. Jouissant déjà d'une relative autonomie depuis le début du siècle, le vilayet avait vécu en indépendance de facto durant la Grande Guerre, et la Sublime Porte n'avait su restaurer son autorité. Après quelques combats sporadiques opposant la garnison ottomane aux miliciens fidèles à l'imam, ces derniers ont chassé l'armée impériale du vilayet, permettant ainsi à Yahya de proclamer la création du Royaume mutawakkilite du Yémen, s'étendant à la majeure partie de l'ancien vilayet. Les régions sunnites du nord d'Asir et de Jizan, sous l'autorité de l'émir Sayyid Muhammad ibn Ali al-Idrisi, échappent néanmoins à ce contrôle bien que nominalement intégrées à ce vilayet et sont réunies au sein de l'Émirat idrisside d'Asir.

En parallèle, à Beyrouth, les principaux dirigeants arabes de Syrie se sont réunis clandestinement, avec la présence notable de Lawrence d'Arabie, dans le cadre du Congrès général syrien. Si les musulmans étaient majoritaires à cette réunion présidée par Salim Ali Salam, de nombreux représentants chrétiens et juifs étaient également présents. Lors de ce Congrès fondateur tenu le 14 septembre, les dirigeants se sont accordés pour demander l'indépendance de la Syrie vis-à-vis de l'Empire ottoman, revendiquant un Etat indépendant s'étendant sur la Syrie, le Liban, la Palestine et la Jordanie. Outre cette indépendance, plusieurs principes généraux ont été adoptés par les dirigeants, notamment celui de la tolérance envers les minorités ethniques et religieuses, et l'égalité juridique entre elles, ce qui emporte un certain écho auprès des populations chrétiennes et juives, certes minoritaires, mais dont les communautés forment une partie non-négligeable de la population. La question de la forme du régime a néanmoins été laissée en suspens, aucun accord n'ayant été trouvé entre la république ou la monarchie.

Civil war

Glasgow, 2 novembre 1920
La cérémonie organisée par le syndicats des ouvriers de la construction navale en hommage à la grande grève de 1917 était un franc succès. Plusieurs centaines de travailleurs étaient encore présents malgré l’heure tardive. Le bal se terminait, les hommes débouchaient des bouteilles de mauvais whisky, les jeunes tentaient leur vas tout pour séduire une jeune fille avant la fin de festivités. Un mot d’ordre des plus sérieux avait cependant émaillé la soirée, demain, il fallait voter la grève. La construction navale, portée par les commande de la marine de guerre souhaitant maintenir sa suprématie sur la flotte allemande ainsi que celles de la marine marchandes devant se reconstruire après avoir été victime de la guerre sous-marine à outrance, était l’un des rares secteurs d’activités britannique à être florissant dans cette période. Pourtant, les salaires ne suivaient pas, et les ouvriers qui avaient été victimes de la forte inflation de la sortie de guerre ne s’en sortaient pas. L’arrivée de la froideur de l’automne écossais et les pénuries de charbon et de bois de chauffage, c’était la goutte de trop, les patrons allaient devoir partager.

Le lendemain, la grève appelée par l’United Society of Boilermakers and Iron and Steel Shipbuilder et appuyée par le restes des conseils d’ouvriers des usines concernée prenaient très bien. L’ensemble des arsenaux de Glasgow cessaient le travail d’un même mouvement pour la première fois depuis 1917. Les revendications des ouvriers incluaient des augmentations de salaire mais aussi le respect des promesses faites par le gouvernement en 1918 pour mettre fin à la crise sociale. Cette dernière demande provoqua un vent de panique chez les autorités municipales.

En l’espace d’une semaine, le mouvement de grève s’étendait comme une traînée de poudre. L’Écosse était à l’arrêt en quelques jours, le Pays de Galles suivait, tout comme les imposantes cités industrielles du nord de l’Angleterre. Le 8 novembre, la grève était décrétée par des dizaines de milliers d’ouvriers à Belfast, paralysant l’ensemble de l’Irlande du Nord, impactant au passage fortement l’Irlande, dépendante du commerce avec la Grande-Bretagne.

Tout cela rappelait évidemment le spectre des évènements de l’automne-hiver 1917-1918. Sous la pression des autorités londoniennes, ce fût le choix de la répression la plus dure qui allait être mis en place, le gouvernement souhaitant en effet « profiter » de l’évènement pour définitivement décapiter la chienlit rouge. A Glasgow, l’intervention de la police appuyée par des milices composées d’anciens combattants et de criminels de droit commun a qui l’ont promit des remises de peine en échange de leur engagement provoque des affrontements inédits. L’intervention des conseils de vétérans de la ville du côté des grévistes mène à une nuit de fusillades d’une extrême violence dont le bilan atteint les soixante morts dont une vingtaine de policiers. Des combats meurtriers d’une ampleur moindre ont aussi lieu dans la plupart des villes touchées par les grèves. Le Parlement se saisit de  l’évènement pour faire interdire l’Union des conseils d’anciens combattants dans son ensemble ainsi que plusieurs syndicats radicaux dont celui des ouvriers de la construction navale mais aussi celui des mineurs, celui des métallurgistes ou encore celui des ouvriers des transports. Le Parti socialiste britannique est lui aussi dissous et une partie de son leadership arrêté, ceux ayant réussi à échapper au coup de filet poursuivent le combat en clandestinité. De nombreux figures publiques reliées à la gauche appellent désormais ouvertement à la révolution armée.

GEORGIE
Brève
Evènement

Alors que la jeune république navigue dans son indépendance, le gouvernement menchevik de Géorgie annonce un projet de loi instaurant le Géorgien comme langue unique de l'Etat. Une décision politique qui n'a pas manqué de faire réagir. Des manifestations ont eu lieu en opposition, organisées par les représentants politiques de différentes minorités nationales (Arméniens, Abkhazes, etc...). Le plus inattendu est sans doute le fait que le mouvement de contestation ait été rejoint par des locuteurs du Mingrélien, langue kartvélienne parlée près de la côte. Alors que différents partis régionaux comme nationaux prennent position sur le sujet, la question linguistique prend une place majeure dans le paysage politique du pays

Civil war II

Suivant l'offensive rhétorique en bonne et due forme de la gauche, le gouvernement souhaite écraser le mouvement dans l’œuf avant que celui-ci n’ait le temps de dégénérer et proclame la loi martiale dans l’ensemble du pays. L’armée se déploie partout et commence à organiser le cassage des grèves et l’arrestation des militants socialistes et syndicalistes. Plusieurs centaines sont fait prisonniers dans les premiers jours suivant le serrage de vis du gouvernement.

Le 10 novembre, Le charismatique secrétaire général du très puissant East end general workers’ council londonien, Clement Attlee, est arrêté à la sortie d’un meeting durant lequel il avait pourtant appelé à éviter les affrontements afin de ne pas nourrir la rhétorique belliciste du gouvernement. S’en est trop pour les ouvriers londoniens qui décident de prendre les armes. Dans la soirée, plusieurs colonnes d’ouvriers armes à la main marchent depuis l’est vers le centre-ville. Ils sont finalement stoppés par une force conséquente de l’armée britannique autour du Tower Bridge, tout proche de Westminster et de Buckingham. Le drapeau rouge flotte sur la Tour de Londres. Des affrontements impliquant des mitrailleuses et des tankettes embrasent le quartier pendant toute la nuit et se poursuivent le lendemain. La bataille de Londres commence.

Rapidement, tout l’est de la capitale est pris en charge par les insurgés, bien organisés et ravitaillés. A Londres, plusieurs unités militaires font défection après des moments de fraternisation avec les ouvriers. Dans la panique, la famille royale ainsi que le gouvernement et le Parlement s’enfuient vers Bath, ville thermale remplie d’hôtels qui sont en capacité d’accueillir l’administration britannique. Dans la foulée, plusieurs figures du Popular Front appellent le gouvernement à stopper cette folie, à céder aux revendications majeures des grévistes, à démissionner et à dissoudre le Parlement afin d’organiser le retour au calme. Le roi Edward VIII qualifie ces prises de positions de « factieuses » et « déloyales », provoquant une tôlée jusqu’au sein du Labour party qui évoque une trahison du peuple en parlant des propos du roi. Churchill fait interdire le Parti travailliste ainsi que le Trade Union Congress. Certains députés de la gauche sont arrêtés mais une grande partie parvient à prendre la fuite.

Alors que plusieurs villes ouvrières tombent aux mains des insurgés après de très violents mais courts combats, les forces loyalistes organisent leur repli vers le sud du pays, laissant de l’espace aux rebelles. Les combats se poursuivent au sein de certaines villes, en particulier Londres et Birmingham. Dans cette dernière ville, les milices ouvrières sont particulièrement bien organisées mais sa position stratégique au sein de la géographie britannique a poussé le gouvernement à ne pas la lâcher et à y envoyer des renforts plus que nécessaires.

Les trois cuirassés français qui avaient décidé de se mutiner et de rejoindre le Royaume-Uni étaient restés à quai à Scapa Flow où leurs équipages avaient été accueillis pour le moment. Londres caressait à ce moment là l’idée de reprendre l’expansion de sa flotte afin de s’assurer que les Allemands ne puissent jamais traverser la Mer du Nord. Les problèmes financiers et politiques qui ont affecté le pays depuis la signature de la paix n’ont pas permit de définir un plan solide allant en ce sens et le cas des navires français n’a finalement jamais été tranché. Aujourd’hui, leurs marins participent désormais à l’insurrection. Ceux-ci ont joué un rôle extrêmement actif dans la chute, le 19 novembre, de la base de Scapa Flow au profit des révolutionnaires. Plusieurs jours de combat ont été nécessaire ainsi que le renfort de diverses milices ouvrières venu de villes plus au sud. Le leader des insurgés français, le marin André Marty, a été élu chef du conseil des marins de Scapa Flow dans la foulée, au nom de l'internationalisme du mouvement actuel. Si la base a du être abandonné pour des raisons stratégiques, la Home Fleet, surveillé comme du lait sur le feu par le gouvernement et bien tenu politique est en grande majorité restée fidèle à Churchill, elle s'est dirigée vers le sud et se rebase temporairement à Southampton, port située stratégiquement entre Bath et Londres.

De la taïga aux mers britanniques

L'Angleterre brûle, et les Bolchéviks dansent. Une révolution encore plus proche de leurs idées est en cours de l'autre côté du monde, En plus, ce bon vieux Lénine, exilé après la paix, se trouve actuellement à Londres. De quoi faire grincer des dents aux autres partis politiques russes. À travers les grands centres urbains du pays, et en particulier Petrograd et Moscou, des rassemblements semi-spontanés encadrés par des militants bolchéviques ont eu lieu en soutien aux conseils ouvriers anglais. "Vive les Soviets de Londres, de Birmingham et de toute l'Angleterre !" - voici les mots par lesquels Zinoviev en personne, du haut de la direction du parti, a commencé son discours à la Douma demandant la reconnaissance par la Russie du gouvernement révolutionnaire comme gouvernement légitime de l'Angleterre. En face de lui, il fallait convaincre : la plupart des représentants de groupes ethnico-religieux n'avaient pas vraiment d'avis sur la question et comptent suivre le mouvement ; les mencheviks et les dissidents bolchéviks de Lakoba soutenaient la chose ; dans les rangs de la coalition gouvernementale, le malaise était palpable. Evidemment que les SR, en bons troudoviks, étaient ouvertement contre la reconnaissance de la révolution ; Par contre, du côté des Populaires-Socialistes, on ne savait pas trop quoi penser. Beaucoup d'entre eux avaient en travers de la gorge le fait de s'être vus imposer une tsarine par la régence, et conservaient un certain idéal révolutionnaire qui les faisait pencher du côté des camarades anglais. Et de l'autre côté, l'alliance gouvernementale avec les SR était trop importante pour risquer de tout faire capoter. À la fin de la journée, la direction PS tranche : Le parti apporte sa sympathie démocratique aux ouvriers du Royaume-Uni, mais continue de considérer la reconnaissance du gouvernement de Winston Churchill comme la norme tant que ce dernier conservera le pouvoir effectif sur une grande partie du territoire britannique. Une question de mois ?

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Dans son palais, Marie lit le journal qu'a déposé un employé du palais. Elle a immédiatement jeté les feuilles qui parlaient d'autre chose que l'Angleterre. Elle s'inquiète pour Louis, qui est à Londres et qui est peut-être pris dans les combats. Et si des miliciens l'avaient attrapés et s'en étaient pris à lui ? L'idée même place un noeud dans son coeur et serre sa gorge. Elle a du mal à trouver son souffle. La tsarine attrape un verre d'eau, mais se rend bien vite compte qu'elle n'arrivera pas à en ingérer le contenu. La panique s'installe. Elle doit sauver Mountbatten, tout de suite, au plus vite. Elle se lève, se jette vers le bureau en pas décousus, et attrape une plume. Son écriture est tremblante, mal-droite, comme celle d'une personne ivre. Elle écrit aux Mountbatten pour leur demander de venir se réfugier à Petrograd, qu'elle financera leur installation sur ses deniers personnels. Quelques minutes plus tard, quand le vieux Nicolas Nicolaïevitch entre dans la pièce pour faire part de ses inquiétudes quant à la faisabilité du mariage d'Albert Windsor avec Marie, il la trouve évanouie, avec une servante à côté d'elle. Pas de trace de la lettre sur le bureau, la brave employée l'a cachée dans sa robe. Il vaut mieux que le Grand-Duc ne sache pas qu'aucun mot à l'intérieur n'est destiné au frère d'Edouard VIII

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"- LETSGOOOOOOOOOOOO !"

Un bouchon vole dans un bruit de zinzin au-dessus de la clientèle du café des châtaigners, et de la bière se déverse partout sur le comptoir. Une bande de beausardiens pétersbourgeois entonnent des chants socialistes pendant qu'une serveuse rousse remplit les verres. Madelyn paie sa tournée ce soir, au nom de toutes les ouvrières libres du monde. Elle avait fait partie du groupe de femmes volontaires que la Grande-Bretagne avait autorisé à partir combattre en Russie pendant la guerre. Fervente socialiste, elle avait participé aux conseils de soldats, à la débâcle aussi. Elle est restée à Petrograd, et travaille depuis dans un des salons les plus prisés des artistes de la capitale. Ce soir, c'est la fiesta.

Economies

L'économie russe a pris très cher, et les finances ont du mal à suivre. Et un des points qui coûtent le plus cher au gouvernement russe, c'est l'armée. Une armée qui a grandement perdu en taille, mais qui reste énorme au vu de la place de la Russie dans l'échiquier géopolitique. Une armée vue comme dispensable en ces temps où il est absolument certain pour les forces politiques majeures du pays qu'il est hors de question de se lancer dans une nouvelle grande guerre. Ainsi, il a été annoncé que le service militaire des classes 1920 (ayant débuté cette année), 1921, 1922 et 1923 serait réduit à une durée d'un an pour l'infanterie et l'artillerie, et deux ans pour les autres armes. Un tel changement équivaut à une réduction par trois de la taille du corps conscrit en activité courante. Les réformes ne changent rien aux engagés volontaires ainsi qu'à la situation des cosaques. En revanche les régiments de la garde, acteurs majeurs de la révolution de 1917, perdent leurs statuts spéciaux et deviennent des régiments comme les autres dans l'organisation militaire russe, bien que conservant les attributs de leur prestige. Pour les remplacer, le gouvernement travaille à l'établissement d'une garde impériale purement symbolique reprenant le système de la garde républicaine française, bien qu'il soit envisagé, sur le modèle de la garde suisse papale ou des cosaques persans, de les recruter dans une nation étrangère à déterminer.

Empire du Japon - 大日本帝國



Manifestations contre la Guerre


Un agitateur socialiste.

« Camarades ouvriers, camarades paysans ! Le gouvernement nous ment ! L'Empereur est une marionnette ! Ils nous font souffrir au Japon pour faire souffrir toute l'Asie ! »
Le public reste circonspect face au vocabulaire du tribun enflammé qui s'époumone sur une caisse de bois, mais il n'en reste pas moins d'accord avec le fond. C'est pour ça que près de 100 000 japonais, à travers le pays, manifestent. Plutôt que de calmer les relations avec le monde après la fin de la Grande Guerre, le gouvernement japonais n'a cessé de les embraser, et la déclaration de guerre contre le France représente une énième manœuvre couteuse et inutile.

La baisse de demande européenne avec la fin de la guerre a été le premier coup de marteau dans l'économie japonaise. Depuis, les achats des forces armées pour soutenir l'Armée du Kwantung et les expéditions navales japonaises continuent de faire augmenter le coût du charbon et de la nourriture, en plus de coûter cher au contribuable. Cette vague de japonais manifestant leur mécontentement a lieu au milieu de nombreux conflits de travail qui depuis les dernières années ont amené plusieurs affrontements entre policiers et grévistes. En fait, depuis les émeutes du riz de 1918, le gouvernement arrête près de 20 000 personnes chaque année pour différentes activités subversives. Le Japon est dans une course contre la montre, est-ce que ses nouvelles conquêtes satisferont les japonais avant que leur coût ne devienne insupportable ?

Les Deux Armes de l'Empire

Avec la récente déclaration de guerre contre la France, la vaste majorité des instructeurs d'aviation français ont quitté le pays, suivant leur ambassade sous la réprimande. Ce ne sont maintenant qu'une poignée d'individus, principalement des américains et des britanniques, qui forment le corps étranger de l'école d'aviation interarmes. L'école d'aviation travaille aussi maintenant avec Mitsubishi et l'ingénieur britannique Herbert Smith, présentant de nouveaux prototypes et demandant des conseils. Malgré isolation et guerre civile, la suprématie culturelle anglo-saxonne continue de rayonner alors que l'anglais s'impose dans les services aériens de l'Empire Japonais.

Ce sont en effet les deux faces des forces armées japonaises, l'Armée et la Marine, qui se séparent une maigre force aérienne. L'Armée, dans les dernières années, a subit de lourdes coupures passant de 350 000 hommes et 22 divisions à 250 000 et 16 divisions. Trois de ses divisions forment l'Armée du Kwantung, deux sont postés en Corée et une dernière garnisonne Taiwan. Parmi les dix divisions de l'Archipel, deux sont en route pour Taiwan, où ils feront escale avant l'Indochine. La Marine, quant à elle, continue de grandir et comptera bientôt 200 000 hommes et 200 bâtiments. En plus du nouveau porte-avion Hosho, les chantiers navals japonaises produisent plusieurs destroyers et sous-marins chaque année. La majorité de ces forces étant absorbés par la guerre contre l'Allemagne, et maintenant la France, seule la moitié de la flotte est encore libre pour protéger l'archipel et contenir Chine et Russie.

Changement de plan pour les 20 belges à Tokyo. Toujours coincés par la situation géopolitique, la déclaration de guerre du Japon à la France rend leurs présence vraiment intenable et incongrue. Heureusement, leurs compères en Primorye viennent à la rescousse. Après une distribution de visas diplomatiques par l'ambassade belge, toute la bande, avec le corps diplomatique de la Belgique se tire en camion jusqu’à un ferry pour la Corée. De là, un chemin de fer jusqu’à la frontière à Vladivostok. Pas d’arrêts pour récupérer des plantes, tout le monde est pressé de sortir de ce bourbier. Le seul reliquat de ce fiasco est quelques cristaux de glutamate.

A la frontière russo-japonaise :
- Donc vous êtes belges, vous venez du japon et vous cherchez des lianes ?
- Oui.
- Vous avez pas un alibi plus crédible ?
- Mais c'est la vérité, regardez nos laisser passer.
-Ce genre de chose ne s'invente pas, et puis c'est pas mon problème vous êtes en règle avancez.

Et c'est donc sous le regard étonné et un poil moqueur des gardes frontières que la délégation franchit le garde poste. Il reste a contacter l’équipe de Russie avant de partir avec eux en Belgique. La mission japonaise n'a que trop durée.

La venue en grande pompe des ingénieurs et commerciaux de BASF à Anvers ne pouvait plus mal tomber. Reçus par la municipalité avec un tapis rouge, mais fusillés du regard par la population qui tolère mal la venue d'allemands qui vont s’établir sur leurs terres, et surtout les dockers qui sont aux premières loges pour soutenir leurs collègues du Royaume-(Dés)uni. Et la tension s'accumule, surtout que les représentants de la Belgique sont coincés : Placées par l'Allemagne à la suite de la recomposition du RvV dans la législation belge, ils doivent tout au Reich et ne répondent que théoriquement aux belges. Ils ne peuvent donc pas demander aux allemands de se faire petits pour le moment. Et quand la tension augmente, le claquage devient possible...

Iechyd da

Village de Llandrillo, nord du Pays de Galles, 3 décembre 1920

- Comment va m'sieur George ? Demanda Mary, l'une des épicières de Llandrillo, mais aussi une vieille amie de David Lloyd George.
- Le mieux possible. Vous savez Mary, je ne suis pas certain qu'il était prêt à vivre les évènements actuels.
- Personne n'était prêt.
- Vous  n'avez pas tort Mary. Après avoir fini sa phrase, Lloyd George se retourna, du bruit avait attiré son attention. Des hommes en uniformes arrivaient sur la place du village.
- Je reviens Mary, c'est la première fois que des soldats viennent ici depuis le début. Il sortit de la boutique.

Tous ces nouveaux venus étaient en uniforme de l'armée britannique et portaient le brassard rouge autour du bras droit. Ils étaient une grosse douzaine. Ils semblaient extrêmement jeunes. Le nord du Pays de Galles n'avait connu quasiment aucuns combats en un mois de conflit et c'était en effet la première fois que des troupes de l'un ou l'autre des deux camps venaient ici. Tout le monde était intrigué d'autant que celui qui semblait être le chef avait appelé les badauds à rassembler tous les habitants du village. Une fois qu'un nombre suffisamment important de personnes fut rassemblé, le chef, le plus âgé, commença sa proclamation. Il annonça aux gens que suite aux actes de trahison du peuple et de la patrie par le gouvernement Churchill, un gouvernement provisoire chargé de conduire les affaires jusqu'à la fin de la Révolution avait été mis sur pied à Liverpool, regroupant des personnalités allant du Popular Front jusqu'au Parti national-libéral. Cette dernière affirmation fit sourire Lloyd George, ses gars traçaient donc réellement leur route.

Une Armée rouge avait été mise sur pied, regroupant l'ensemble des forces de la révolution, miliciens, anciens combattants, soldats d'active, dans une seule force bien organisée et capable de mener le combat contre les ennemis intérieurs et extérieurs. L'Armée rouge, d'ailleurs, avait besoin de combattants et il était possible de s'engager. Saviez-vous qu'une force allemande serait sur le point de débarquer à Douvres pour sauver le gouvernement illégitime ? C'est en tout cas un bruit qui court, nous vous tiendrons informés. Ces nouvelles et tant d'autres étaient trouvable dans le Welsh Worker, journal du TUC gallois distribué par les soldats qui contenait d'ailleurs un éditorial d'Edmund Allenby (il s'avèrera plus tard qu'il fut publié au sein de toute la presse syndicale et socialiste du pays) appelant l'ensemble des vétérans, des membres des forces armées et des patriotes en général à rejoindre le gouvernement provisoire et l'Armée rouge, seuls représentants d'une Grande-Bretagne libre et indépendante.

Lorsqu'ils eurent fini de parler, les soldats commencèrent à distribuer du bois de chauffage, des haricots et des pommes de terre, du pain ou encore du thé. Ensuite, les plupart des habitants s'en allèrent. Lloyd George s'en alla discuter avec l'un des hommes.
- Bonjour soldat. Je vois que vous portez le brassard des anciens combattants. Vous me semblez plutôt jeune pourtant.
- J'ai 18 ans monsieur. Je me suis engagé volontaire dès que j'ai entendu que les français craquaient, malheureusement le temps que je termine ma formation, nos gars avaient déjà du rendre les armes dans la Somme. Je n'ai pas combattu c'est vrai mais j'ai été affecté à une unité.
- Dans ce cas ça compte, fils. Sourit Lloyd George.
Soudain le chef des soldats arriva en trombe, le visage déconfit.
- Monsieur le premier ministre ?!
- Ça fais longtemps que je ne le suis plus, vous savez.
- Bien sur, excusez moi, je ne pensais pas vous trouver par ici. Harold tu n'as pas reconnu monsieur Lloyd George, il était notre chef pendant la guerre. Va lui chercher quelques saucisses et du tabac immédiatement. Le jeune soldat salua puis partit d'un bon pas chercher les dites victuailles pour l'ancien premier ministre. Lloyd George alluma sa pipe, trop heureux de savoir qu'il serait bientôt ravitaillé.
- Alors soldat, quelles sont les nouvelles du front.
- Tout se passe bien je crois, les derniers fidèles à Churchill sont en déroute dans beaucoup d'endroits. Ils ne le disent pas dans le journal mais nos gars ont  libéré monsieur Attlee alors qu'il était transféré de Londres vers une prison plus au sud.
- Attlee est un bon gars, ils l'auraient sans doute fusillé.
- C'est une grande nouvelle, Attlee est l'un de nos chefs les plus sérieux. Je pense que nous auront bientôt gagné, ensuite nous pourrons travailler à mettre fin aux pénuries.
- C'est bien mon garçon. Dieu vous garde, courage, l'hiver est rude lorsque l'on est un soldat.
- Je sais monsieur, au revoir, nous avons encore beaucoup de villages à voir d'ici la fin de la journée.

La petite révolution

L'Angleterre est prise dans les turbulences révolutionnaires. En France, le pouvoir d'Auguste Isaac se fait de plus en plus ferme et les conditions de travail de plus en plus dures, notamment maintenant qu'il est nécessaire de prévoir les paiements des indemnités à l'Autriche et à l'Allemagne.

Dès novembre et l'explosion du contexte socio-politique en novembre, les forces socialistes françaises ont suivi avec intérêt le développement de l'actualité outre-Manche. Le 5 décembre, à l'occasion d'un contrôle d'officiers de police allemands à Calais, une dispute éclate. Les dockers français en viennent aux mains avec la police allemande. Le résultat ? Trois dockers sont grièvement blessés, et un policier allemand est jeté dans le port et disparait dans les flots.

Le gouvernement français envoie des excuses officielles à l'Allemagne, et dès le 6 décembre la situation explose. Si le Nord et notamment la Zone Administrative Spéciale sous supervision allemande est relativement calme et que les heurts s'assimilent à des combats de rue, la banlieue lyonnaise, Paris et le Midi de la France se soulèvent pour contester les conditions de travail, la défaite, le gouvernement de bourgeois dirigé par Isaac et la répression des Camarades de Calais. Dans l'arrière fond, on admire les travailleurs britanniques qui ont su faire front.

Le 8 décembre 1920 la grève générale est déclarée par la CGT et la SFIO. C'est l'Union des Gauches, que certains appellent ironiquement l'Union Profane en référence à l'Union Sacrée. 180 000 grévistes à Lyon, 150 000 à Paris, 70 000 à Montpellier, 65 000 à Marseille et plusieurs milliers dans d'autres villes. Le Creusot et les villes industrielles françaises sont évidemment un haut-lieu révolutionnaire.

Très rapidement c'est la panique qui s'empare de la France entière. D'un côté, les forces révolutionnaires qui sont très fragmentées : CGT, LRS, SFIO, mais aussi des grèves plus ou moins indépendantes. De l'autre, les forces gouvernementales, bourgeoises, qui sont très largement soutenues par l'armée qui ne rejoint pas le camp des grévistes. C'est là un facteur décisif.

Le 10 décembre 1920 à Paris alors que le Président Clemenceau lance un appel au calme, des émeutiers affiliés à la CGT s'attaquent directement au Palais Bourbon. Ils sont plus de 30 000 à charger le siège de la démocratie française aux slogans de : " Pouvoir au peuple ! Vive la Commune ! Vive les peuples français et britanniques, vive les prolétaires ! ". Alors que les tensions sont vives, les premiers coups de feu sont entendus. L'armée française vient d'ouvrir le feu sur les masses révolutionnaires devant le Palais Bourbon, avec l'assentiment du Président du Conseil Auguste Isaac et du gouvernement. Les balles pleuvent, et à la fin de l'après-midi, on comptera 270 morts parmi les révolutionnaires contre une vingtaine parmi les soldats français. Paris est dans la nuit du 10 au 11 décembre prise dans un calme morose, entrecoupé de quelques détonations suspectes.

La "petite Révolution" comme la nomme les journaux prend une tournure différente. Face aux restrictions militaires imposées par l'Allemagne, le gouvernement français ferme les yeux sur les organisations paramilitaires qui fleurissent dans le pays depuis un an et demi. A Marseille, le quartier général de la Ligue pour la République, ou LR, 800 vétérans armés jusqu'aux dents viennent déloger les grévistes des usines des Calanques. Coups de crosse, coups de feu et passage à tabac font une dizaine de morts parmi les grévistes.

La France est parcourue à la mi décembre de mouvements qui échappent au gouvernement et se basent sur de multiples organisations révolutionnaires armées ou contre-révolutionnaires tout aussi armées. A Blois, une filature textile résiste aux hommes de la Ligue pour la République et surprennent la petite ville en tirant des coups de fusil sur les miliciens d'extrême-droite. La révolution se défend, et le drapeau rouge de la Ligue Révolutionnaire Syndicaliste flotte au vent sur quelques bâtiments de la ville. L'armée est appelée en renfort et c'est à l'artillerie que la filature est détruite. Les salves de mitraille font des ravages. Si les révolutionnaires de la LRS ne comptent que 65 tués, c'est une proportion gigantesque quand on considère que la filature ne comptait que 350 ouvriers et 200 syndiqués.

Les combats de rue durent tout le mois de décembre, et opposent des bandes armées, principalement en dehors de la Zone Démilitarisé. Le mois de décembre 1920 s'achève le 21 décembre par la démission d'Auguste Isaac de son poste de Président du Conseil et de Ministre de l'Industrie et du Commerce. C'est Frédéric François-Marsal, qui le remplace à ce dernier poste, et Millerand qui est nommé Président du Conseil par Clemenceau avec l'aval d'une représentation nationale qui panique. Millerand, l'homme du consensus, sans affiliation politique claire, semble plus à même de calmer la situation que l'austère Isaac.

Millerand, Président du Conseil des Ministres nommé le 21 décembre 1920

Dès le 23 décembre et juste avant Noël, alors que la France ensanglantée voit la violence baisser de manière notoire mais les tensions subsister, Millerand reçoit à Paris des représentants de l'Action Française et de la Ligue pour la République. Si Millerand est un modéré, il reste cependant un ennemi du peuple comme le signalent de nombreux journaux de gauche révolutionnaire. La journée se termine par un projet de loi sur la censure de la presse, visant à rendre nécessaire l'obtention d'une accréditation délivrée par le Président du Conseil avec l'aval du Ministre de l'Intérieur pour qu'un journal puisse publier.

La fin du mois de décembre est plus calme en France, et dans la dernière semaine le calme revient. L'incident qui a commencé à Calais aura secoué tout le pays du Nord au Sud, n'épargnant que quelques régions, notamment la Bretagne, la Vendée, les Alpes et la Côte d'Azur. La France panse ses plaies, et dans un cimetière de Blois le jeune Louis enterre ses camarades avec une rage brûlante. Plusieurs milliers de révolutionnaires, entre 4 000 et 7 000, auront été tués. L'armée française aura perdu quelques centaines de soldats, et les milices comme la Ligue pour la République quant à elles entre 2 000 et 3 000.

Bim bam boum

Le député Rothbauer sort de sa résidence pétersbourgeoise pour se rendre à la Douma. Ancien SR, il avait été élu sous l'étiquette populaire-socialiste après avoir mené campagne près de Saratov. Allemand de Volga, il n'en était pas moins un paysan de Russie qui soutenait les projets de réforme agraire. C'est d'ailleurs à une commission pour l'établissement de cette dernière que celui-ci se dirige. La réforme avance à pas de fourmi du fait des divergences majeures entre les deux partis principaux au pouvoir, et il va encore s'emmerder à parler de zinzineries pseudo-légales avancées par les Troudoviks pour protéger des propriétaires terriens. Boum.

L'Allemand de la Volga tombe au sol. Un coup de feu vient de le frapper dans le ventre. Il appuie sur la plaie en hurlant sa douleur. Des badauds s'approchent. La victime les appelle à l'aide. Quand ils sont enfin à ses côtés, Rothbauer découvre avec angoisse les cannes de fer qu'ils sortent de leurs manteaux. Le député est copieusement passé à tabac jusqu'à ce qu'il expire, et encore quelques minutes ensuite.

L'attentat est revendiqué par la Légion de l'Archange Michel, organisation paramilitaire liée à l'Union du Peuple Russe. Dirigée par Pourichkévitch, acquitté lors de son procès pour l'assassinat de Raspoutine, l'UPR est un petit parti qui monte dans le silence des médias. Quand bien même l'immense majorité de la paysannerie russe soutient la réforme agraire, et la majorité des bolchéviques la révolution socialiste, le nationalisme russe et le panslavisme sont des courants idéologiques loin d'être disparus. Soutenus par de riches nobles, et comptant dans leurs rangs de nombreux membres de la petite bourgeoisie urbaine comme rurale, les hommes de Pourichkévitch ont réussi à devenir le point de gravité majeur de l'extrême-droite du pays. Ils forment ainsi l'itération la plus moderne du mouvement de la Centurie Noire, responsable de plusieurs assassinats politiques par le passé et dont les différents tenants ont été aux prises avec les militants bolchéviques. Rothbauer est cependant la première victime majeure de ces organisations depuis la révolution, et il y a là largement de quoi inquiéter les autorités du pays.

IRLANDE
Brève
Evènement

Le drapeau rouge flotte à Belfast, et tout ça ne plait guère du côté républicain de la frontière. C'est également là une opportunité pour Michael Collins d'achever ce qui n'avait pas pu être obtenu de Londres quelques années plus tôt, à savoir la réunification pleine et entière de l'île d'Irlande. Le dirigeant de l'Eire a ainsi déclaré de manière officielle que Dublin considérait absolument nécessaire et inévitable le rattachement de l'Irlande du Nord à la République. Dans les faits, aucune attaque n'a encore eu lieu contre les conseils ouvriers de la région, mais la petite armée irlandaise a massé des troupes à sa frontière, de manière à mettre sous pression les insurgés