¤ V1945 ¤ Topic officiel

Empire du Japon - 大日本帝國

Le bruit qui court..

Malgré les efforts acharnés de Douglas MacArthur et des autorités d’occupation pour étouffer les conséquences des bombardements atomiques de Nagasaki et Hiroshima s’étant déroulés au cœur de l’été 1945, une lancinante rumeur traverse les campagnes japonaises depuis maintenant septembre. Parfois rapportées par des témoins direct des explosions, ayant entamé après coup l’étrange tâche de parcourir le pays à pied afin de rapporter leurs souvenirs au peuple japonais, la terrible réalité du feu nucléaire se diffuse dans le pays.

Ce mouvement, touchant quasiment exclusivement les campagnes, beaucoup moins étouffées par l’influence américaine que les centres urbains se construit d’une drôle de manière et commence désormais à être rapporté avec insistance aux autorités américaines comme le signe d’un potentiel danger. En effet, de manière très régulière, dans le sillage des étranges marcheurs porteurs des nouvelles des villes rasées par l'arme atomique, des marches blanches spontanées, silencieuses, mais bien souvent emplies d’une froide colère, se tiennent au cœur des villages de l’archipel nippon. La figure martyr de l’Hibakusha, littéralement la « personne affectée par la Bombe » prend une place grandissante dans ces manifestations. D’autant que nombre des ces énigmatiques personnages ayant entamé leur quête à travers le pays sont de ceux-ci. Mutilés physiquement, mais aussi au plus profond de leur âme par la Bombe, ils multiplient, dès qu’ils rencontrent un compatriote sur leur route, les discours mêlant anti-militarisme, anti-américanisme et antifascisme. Ils sont les racines grandissante d’un nouveau mouvement de plus en plus massif apparu au sud du Japon, région la plus touchée par la guerre, rassemblé autour d’une idée, celle d’unir l’espèce humaine, après le terrible désastre de 37-45, dans une seule grande Nation, purgée de tout esprit militariste.

Après avoir écouté le visiteur, nombreux sont les villageois, de toute façon parfois privés de travail si ils ne sont pas contraint à travailler le ventre vide, dans l’unique objectif bien abstrait de nourrir les villes, à partir eux aussi, sur les chemins de la ruralité japonaise. S’échinant sur leur route à propager cette fameuse vérité, ils provoquent de fait l’accélération exponentielle de cet étrange processus. Bien souvent accueillis par d’autres villageois incrédules, surpris de voir arriver un de leur compatriote, rongé par la faim, risquant sa vie pour leur raconter une histoire, l’histoire d’Hiroshima, l’histoire de Nagasaki.

Ce sentiment présent dans les campagnes d’un détachement de plus en plus grand du monde urbain se renforce avec le retour au pays de millions de combattants, ravagés par la guerre, dans les villages. Ces soldats revenant, bien souvent après plusieurs années au régime de l’armée impériale, ou pire, du camps pour prisonnier de guerre, ne trouvent au pays pas de nourriture, ni de travail, ni même d’espoir, et se retrouvent confrontés à la réalité apportée par ces êtres déformés par l’atome, aux chevaux voir à la peau tombant d’elle même, soumis à la décomposition accélérée imposée par les radiations. Des situations qui ne provoquent bien souvent que haine et résignation, un bien dangereux mélange.

Après trois mois de traque au peigne fin à la fois par les archives bureaucratique et aussi par la police secrète, qui a d’ailleurs gonflé pour remplir cette mission, le gouvernement provisoire peut être confiant vis à vis des preuves récoltées et donc les tribunaux populaires pour juger à la fois les criminels de guerre, mais aussi les fascistes en tout genre peuvent commencer. La justice n’étant pas totalement noyauté par les communistes staliniens, les procès seront un minimum justes, ce qui ne veut pas dire clément et indulgent à outrance. Les fonctionnaires, et autres associés encourent généralement seulement du sursis et un rappel à l'ordre si il s’avère qu'ils n'ont rien fait sinon être dans une organisation. Des actes plus graves seront sanctionnés, comme le militantisme la promotion des idées fascisantes ou des actions violentes, par de l’emprisonnement et de la rééducation voir la peine de mort pour les commandants, dont est évidemment inclus Antonescu.

"Un diplomate sincère, c'est comme de l'eau sèche ou du fer en bois" - Joseph Staline

Dans la foulée de la consultation tenue en Mandchourie, Moscou a notifié les membres principaux des Alliés en Asie (République de Chine, Etats-Unis d'Amérique, Royaume-Uni) de sa décision de reporter le départ de l'Armée rouge de Mandchourie, initialement prévu pour commencer ce mois-ci - à savoir février 1946 - le temps de la construction politique de la volonté démocratique exprimée par le peuple de Mandchourie. Au vu du résultat, il est désormais évident que l'Armée rouge n'a pas l'intention de quitter l'endroit, ni aujourd'hui ni demain. Petit à petit, les forces de police organisées autour du PCM sont intégrées de manière de plus en plus assumée au sein de leurs homologues soviétiques. Li Zhaolin a été pressé de réorganiser des institutions politiques sur le modèle soviétique : le 25 février, un ensemble gouvernemental a été nommé, composé de membres approuvés par les autorités soviétiques.

À Moscou même, certains sont perplexes quant à la volonté qu'affiche Staline d'annexer la Mandchourie, alors même que l'annexion de la république populaire mongole avait été repoussée pour maintenir de bonnes relations avec la République de Chine. Staline lui-même s'est montré hésitant en privé, pendant que les éternelles intrigues de palais du régime communiste cherchaient à le convaincre d'un côté ou de l'autre. Béria et Molotov se sont tous deux prononcés pour l'établissement d'une Mandchourie communiste mais indépendante comme état-tampon. Le colonel Likhaschev, personnalité forte de l'administration civile en Mandchourie et homme de confiance du nouveau directeur du MGB Viktor Abakoumov, et Terenty Shtykov, protégé de Jdanov et chef de la Corée soviétique, ont vu leurs protecteurs s'allier. Pour Jdanov comme pour Abakoumov, il est en effet nécessaire d'annexer la Mandchourie. Le poids démographique - la Mandchourie est plus peuplée que l'Ukraine - et économique de la nouvelle RSS serait en effet, malgré les difficultés d'intégration, largement bénéfique à Moscou. De plus, Jdanov et Abakoumov ont su trouver le bon levier pour convaincre le paranoïaque géorgien (pas Béria, l'autre) : Li Zhaolin étant un chef résistant extrêmement prestigieux, il vaut mieux le contrôler fermement afin d'éviter tout écart.

Kim Il-Sung tenant un discours, derrière lui des généraux soviétiques

En Corée, Terenty Shtykov commence lui aussi à établir une ferme influence soviétique dans la partie nord. Le Parti du Travail de Corée, fondé sous son égide, se dote de syndicats et d'ensembles de structures, ayant toutes des activités civiles d'organisation des mouvements sociaux et d'assemblées de travailleurs dans la partie sud de la péninsule. Si au nord, elles sont intégrées dans la construction d'institutions politiques, au sud des rapports de force non-violents sous la forme de manifestations sont mises en oeuvre pour faire pression sur l'occupant américain. Les milices et services d'ordre du Parti du Travail - pour l'instant exclusivement au Nord - sont équipées en grand nombre de véhicules et armes capturées à l'armée du Kwantung par l'Union Soviétique en prévision de violences potentielles. Par des réseaux clandestins d'infiltrés au Sud et avec l'aide du NKVD, des caches d'armes sont également mises en place dans la zone d'occupation américaine.

La constitution Yougoslave est promulguée !

Après quelques mois de rédaction, la Constitution de la Yougoslavie a été établie en ce 30 janvier 1946. Avec cette constitution, le parti communiste devient le parti unique du pays.
Des rumeurs ont circulé d'une division du pays en 6 républiques autonomes. Après de nombreux débats, Tito a néanmoins tranché pour le maintien du découpage régional existant avant l'avènement de la république populaire, selon le schéma ci-dessous. Ces régions avaient été séparées en 1929 avec l'optique de ne pas correspondre à des critères ethniques.
Dans le même temps, la constitution tranche largement avec le centralisme monarchique en garantissant le fédéralisme, et une autonomie des régions en ce qui concerne le personnel administratif. Pour ce qui est de la langue, le serbo-croate est considéré comme langue unitaire.

Spoiler:

Occupation militaire de la Corée :

L'hiver tombe sur la péninsule coréenne. Ravagée par l'occupation nippone, celle-ci est en souffrance. Les soldats américains, débarqués en novembre pour les premiers et en masse en décembre font face à une population civile désœuvrée.

Troupes américaines arrivant dans un village coréen, 1945-46

Plusieurs incidents ont eu lieu. Tout d'abord les coréens semblent très peu réceptifs au fait que la plupart des administrateurs nippons aient vu leur service prolongé en tant que conseillers du gouvernement militaire américain en Corée. Une manifestation appelant à leur jugement devant un tribunal coréano-américain et à leur mise à mort a du être réprimée à Séoul. Fort heureusement, aucune victime n'est à déplorer.

Les coups de force soviétiques en Asie inquiètent cependant au plus haut point l'administration. Kim Il-Sung, un résistant proche des soviétiques, semble se placer sur le devant de la scène. Les idées du socialisme ne sont pas impopulaires en Corée, et les Américains manquent d'une figure derrière laquelle les modérés et les libéraux pourraient se ranger. Il a ainsi été décidé de rapatrier en Corée l'exilé Syngman Rhee depuis la Californie où il vivait. Ancien bureaucrate Coréen dans les années vingt et Président de la République provisoire Coréenne il y a vingt ans, c'est un allié proche de Washington.

Discours de Syngman Rhee à Séoul, février 1946

Ainsi dans les premiers jours de février, Syngman Rhee débarque à Séoul en avion. Il est immédiatement assigné à la création d'une ligne de conduite impliquant les forces politiques locales en ce qui concerne la formation d'une Corée libre, démocratique et unie. Syngman Rhee est quelques jours plus tard promu en qualité de représentant général des forces politiques locales de la zone d'occupation.

Du rififi en Mandchourie :

Il devient de plus en plus clair, et notamment depuis la conférence interministérielle de Moscou, que l'Union Soviétique ne semble pas vouloir se retirer dans un futur proche de la Mandchourie chinoise. Cela pose plusieurs problèmes majeurs aux Etats-Unis. Premièrement, la présence soviétique en Asie est grandement renforcée, mettant directement en confrontation potentielle l'Union Soviétique et l'allié Chinois. Deuxièmement, l'Union Soviétique semble ne pas tenir compte de la souveraineté Chinoise, membre du Conseil de Sécurité des Nations-Unies et Allié victorieux du fascisme nippon. Qui sait ce que l'avenir réserve face à cet expansionnisme soviétique ?

La première mesure du State Department a été un télégramme urgent envoyé à Nankin, capitale de la République de Chine fraîchement libérée. Ce télégramme rassure le gouvernement du Kuomintang sur le soutien de l'administration américaine face à la question mandchoue. En effet, les Etats-Unis ont clairement refusé d'aborder cette question à Moscou il y a quelques semaines. La demande d'aide logistique américaine est également répondue.

A la Marshall Mission, qui cherche à se placer en médiateur entre les forces socialistes révolutionnaires du pays et le gouvernement pour arriver à une situation stable et pacifiée, est ajoutée l'envoi de l'United States China Mission ou USCM. Celle-ci sera composée de :

- 500 officiers américains destinés à former l'Armée chinoise et notamment à transformer les nombreuses milices levées pendant la guerre en corps d'armées solides et institutionnels
- 5 000 tonnes de matériel médical et de vivres pour soulager la région de Beiping
- Un don de 80 avions Curtiss C-46 Commando qui seront livrés sur une période allant d'immédiatement à l'été 1946 pour palier aux soucis logistiques de la République de Chine

Communiqué à la France :

La demande est acceptée, pour un prix de 9 millions de dollars. Les deux classe Casablanca seront accompagnés de leurs escadres de Corsair et de 6 classe Fletcher destroyers pour leur escorte ASW.

"La révolution n'est pas un dîner de gala ; elle ne se fait pas comme une œuvre littéraire, un dessin ou une broderie ; elle ne peut s'accomplir avec autant d'élégance, de tranquillité et de délicatesse, ou avec autant de douceur, d'amabilité, de courtoisie, de retenue et de générosité d'âme. La révolution, c'est un soulèvement, un acte de violence par lequel une classe en renverse une autre" - Mao Tsé-Toung

La défection de Li Zhaolin est un coup dur pour le Parti Communiste Mandchou, dont le caractère fantoche vis-à-vis du PCUS est un secret de polichinelle. La réaction ne se fait pas attendre. Huo Peng (personnage fictif), haut-gradé local et vétéran de la lutte anti-japonaise, est nommé en remplacement. Le colonel Likhaschev, le réel homme fort de la région, lui fait prononcer, lors de son instauration à ce poste, un discours condamnant "les collusions des complotistes tojo-maoïstes contre les intérêts des révolutions mandchoue et chinoise. En laissant l'armée du Nord-Est être vaincue en Mandchourie, puis en discutant à la table des impérialistes nationalistes pour mendier des places au gouvernement, la caste dirigeante du PCC joue le jeu des réactionnaires".

C'est ainsi à travers toute la Mandchourie que les agents du NKVD se chargent de traquer les membres éminents du PCC en même temps que les anciens collaborateurs du Japon fasciste, à grands coups de slogans souhaitant la mort définitive des tojo-maoïstes. Dans le même temps, l'Armée rouge sur place, non insensible aux provocations du KMT, se met en alerte. L'armée du maréchal Vassilievski, vainqueure de l'armée du Kwantung en deux semaines, met dès à présent en branle des positions défensives, bardées de barbelées, casemates et champs de mines, s'inspirant de ce qui a pu être fait par le passé à Koursk notamment, afin de sanctuariser la frontière. Des divisions blindées sont déployées en arrière pour contre-attaquer ou servir de pompiers du front. Les troupes soviétiques à la frontière du Xinjiang et en Mongolie sont elles aussi placées en état d'alerte maximale, en cas de tentative d'escobarderie des nationalistes chinois dans ces régions.

En Corée, pendant ce temps et de manière secrète, les premières unités nord-coréennes équipées d'armes japonaises se préparent à grande vitesse du fait de la quantité d'armement disponible : les caches d'armes au sud se remplissent petit à petit pour armer des colonnes communistes en arrière du front potentiel. Ordre est donné au Parti du Travail de multiplier les manifestations pour faire monter la tension et la présence du Parti dans les esprits à grands coups de propagande présentant la résistance communiste comme artisane de la libération. Dans les hautes sphères du Kremlin, on envisage de plus en plus sérieusement la potentialité d'un coup de force en Corée en cas d'escalade de la tension en Asie.

Empire du Japon - 大日本帝國

Le roi et l’oiseau

Issei sorti de la grande cours du palais impérial de Tokyo, dans la rue, il était désormais à la merci du vent qui accompagnait cette froide soirée de mars. La fin de l’hiver était pourtant proche. Il enfila son chapeau et alluma dans la continuité de son geste une cigarette bon marché américaine, celles-ci inondaient les rues de la capitale depuis la fin de l’année 45. Du coin de l’œil, il aperçu une bergeronnette du Japon s’envoler de la corniche qui bordait le bureau même de l’empereur Hirohito, où celui-ci devait encore travailler en ce moment même. Son costume impeccablement repassé, obligatoire pour tous les servants du palais, servait en fait de bien maigre cache misère. Le jeune homme vivait au jour le jour dans une petite baraque en banlieue de Tokyo, construite de bouts de taule et de bois qu’il avait pu récupérer, son ancienne demeure avait disparu dans les flammes des bombardements américains au début de l’année 1945. Mais aujourd’hui, il ne rentrait pas chez lui, il avait rendez vous avec un ami pour manger dans Tokyo. Les transports étant dans un état encore tout à fait désastreux, il allait devoir marcher la majorité du chemin. Mais lui et le reste des tokyoïtes s’étaient déjà habitués à cette vie. Habitué, peut être pas, lui en tout cas acceptait de la subir, en attendant des jours meilleurs.

Il arriva au petit vendeur de ramen où il avait rendez-vous relativement tard. Son ami était déjà là. Ils se serrèrent la main et commandèrent un bol de nouilles chacun. Une fois servi, ils se regardèrent, les affaires importantes pouvaient désormais commencer à être discutées.

- Alors comment cela se passe-t-il au Palais ?
- A merveille. Je suis chanceux mais je n’en peux plus. Tous les jours au Palais j’entends les nouvelles des fascistes condamnés à mort par le tribunal de Tokyo, et dès que je sors dans la rue, il ne se passe pas une minute sans que je croise un de ces porcs d’américains  se pavaner. De ma perspective, le pays semble comme bloqué, pris au piège entre la peste, dont il commence à se débarrasser, et le choléra qui prend insidieusement sa place petit à petit. Je n’arrive pas à apercevoir l’avenir radieux dont nous rêvons tant.
- L’horizon pourrait arriver plus tôt que tu ne le crois Issei, mais nous avons besoin de toi. Tu ne peux pas t’en apercevoir car tu ne fréquentes pas les campagnes, mais le peuple est en ébullition hors des villes, là où les américains ne sont pas. Ils réclament quotidiennement le pain, la dignité, la paix. Nous avons quelques centaines de camarades, entre Tokyo et Nagoya, prêts à se soulever.
- Ce que tu dis me chauffe le cœur Akemi. Mais comment faire pour affronter l’Amérique et ses forces qui semblent infinies avec quelques centaines de militants ?
- Nous avons beaucoup appris grâce à ceux qui se battent aux quatre coins du monde pour la liberté et l’égalité entre les hommes Issei. Nous avons besoin de frapper fort pour entraîner les paysans derrière nous et débuter à leur côté une longue lutte qui boutera les américains et les réactionnaires hors du pays. Tout cela n’est qu’un pas sur une route sinueuse et difficile. Mais il est temps.

Issei était un jeune japonais d’origine coréenne. Arrivés au début des années 20 pour s’installer aux abords de Tokyo afin de profiter de l’industrialisation naissante du pays du soleil levant pour trouver un travail bien payé, ils l’avaient eu peu de temps après leur arrivée. Le garçon n’avait pas vraiment eu le temps de se construire d’opinions politiques alors qu’il avait commencé à travailler dès ses 13 ans, à une époque où, déjà, la propagande politique était extrêmement contrôlée dans les usines japonaises, chose qui allait évidemment s’empirer dans les années suivantes. Il avait fini par se faire embaucher au palais impérial en 1942, pour un salaire rondelet qui permettait de sortir ses parents de la misère, après avoir accepté de coucher avec un des recruteurs qui, en échange, avait fermé les yeux sur son origine coréenne. D’abord plongeur dans les cuisine du palais, il avait réussi à gravir les échelons jusqu’à devenir un servant à part entière, aidé il faut le dire, par la mort prématurée de plusieurs de ses anciens collègues dans les vagues de bombardements américains, parfois à la guerre après avoir été mobilisés. Ses parents étaient tous deux morts en février 1945, brûlés vifs par les bombes incendiaires américaines alors qu’il était au travail. C’est quelques semaines plus tard qu’il avait été approché par un groupuscule gauchiste anti-stalinien qui profitait de l’effondrement progressif de l’État japonais pour se construire dans ce contexte monstrueux. Évitant les villes, où il était trop facile de se faire repérer, à l’exception de quelques prises de choix comme Issei. Faisant preuve d’une discipline et d’un professionnalisme à toute épreuve, il avait tout de même réussi à se tisser une toile impressionnante en quelques mois, dans la campagne du centre du Japon. Cela en disait long sur le déboussolage du peuple japonais en ces temps terribles.  Quoi qu’il en soit, Issei était maintenant des leurs, un « rouge » caché à cœur du palais impérial. Le jeune coréen ne s’en rendait peut être pas compte, mais il était sans aucun doute le « rouge » le plus dangereux du Japon à l’heure actuelle.

- Mais comment ranger les masses derrière nous, les gens sont épuisés par la guerre, ils ne veulent pas en recommencer une.
- Les gens ne souhaitent qu’une chose : sortir de leur misère, et ils savent que cela ne pourra pas se faire avec les américains, ni avec leurs chiens qui aboient à la Diète. Ils sont prêts, ils ont vu les réalités du monde que leurs promettent les capitalistes depuis toutes ces années. La destruction, l’arme atomique, la faim. Non. Ce dont ils ont besoin pour comprendre que le moment est venu d’en finir, c’est un signe fort. C’est pour ça que nous avons besoin de toi.
- Comment ça ?
- Il faut que tu assassine l’empereur Hirohito.

"Nous, les prolétaires grands-russes, qui ne défendent aucun privilège d'aucune sorte, ne défendons pas ce privilège non plus. Nous luttons sur le sol d'un état défini; nous unissons les travailleurs de toutes les nations vivant dans cet état; nous ne pouvons garantir aucun chemin particulier de développement national, car nous marchons vers notre objectif de classe parmi tous les chemins possibles" - V.I. Lénine

Mis sous pression par le Kuomintang et, indirectement, par l'ensemble des puissances impérialistes, le gouvernement fantoche de Harbin n'a pas d'autre choix : Huo Peng a officiellement déclaré l'indépendance de la République populaire démocratique mandchoue, et a immédiatement ensuite, demandé à être intégré au sein de l'URSS. Officiellement, Moscou a reconnu le nouvel état - qui est de fait gouverné depuis Moscou de toute manière - mais a souhaité temporiser quant à son intégration définitive au sein de l'Union Soviétique.

Au Moyen-Orient, de leur côté, les troupes soviétiques ont évacué en ordre le pays comme prévu lors des conférences interalliées. Staline avait pour projet un coup de force dans la région, mais les tensions en Chine accaparent bien trop les moyens et l'attention du pouvoir soviétique pour se le permettre.

Du rififi en Mandchourie vol.2 :

Réaction du State Department :

Face à ce qui ne peut plus être caché comme une pure et simple annexion du Nord-est de la République de Chine libéré par l'Armée rouge, le gouvernement américain est en panique générale. Immédiatement, une dénonciation officielle est publiée par le State Department.

" Les Etats-Unis d'Amérique dénoncent la proclamation illégale d'indépendance de la République Mandchoue, effectuée en dehors de tout cadre légal et consultatif avec la République de Chine, autorité légitime sur ces terres. Le gouvernement américain confirme son soutien à la République de Chine. Cette politique de conquête de la part de l'Union Soviétique brise les efforts effectués par les Alliés pour instaurer un climat de paix, de respect, et de diplomatie mondiale. " - déclaration du Secrétaire d'Etat Byrnes

Déploiement militaire américain en Corée et au Japon :

Suite aux actions soviétiques en Asie, le commandement militaire américain ordonne le déploiement immédiat de 40 000 troupes supplémentaires en Corée, faisant ainsi passer le nombre de soldats américains de 15 000 à 55 000.

En ce qui concerne le Japon, les forces d'occupation se voient doter d'un renfort aérien en organisant le déploiement immédiat d'une quarantaine de B-29 Superfortress et leurs escortes sur l'archipel nippon. Deux Carrier Battlegroups sont également placés en état d'alerte jusqu'à nouvel ordre.

Indépendance des Philippines :

Comme promis par les Etats-Unis, les Philippines accèderont à l'indépendance dès l'été 1946. La nouvelle de la confirmation est reçue avec joie parmi le peuple philippin. Manuel Roxas, l'homme fort de la politique philippine, est un proche allié de Washington.

Si les Philippines deviennent indépendantes, les Etats-Unis conserveront néanmoins le droit d'usage sur certaines bases militaires de l'archipel et notamment Subic Bay qui restera elle sous administration américaine pour une durée de 20 ans renouvelables. De la même manière, les Philippines et les Etats-Unis conserveront un traité d'assistance mutuelle, comme précédemment organisé lors des négociations des 10 dernières années, et dont la nécessité s'est faite sentir lors de l'invasion japonaise, puis de la libération de l'archipel par les troupes américaines et philippines. Ces dernières ne recevront cependant pas de pension américaine pour leur service.

"Quand vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres, ne soyez pas troublés, car il faut que ces choses arrivent. Mais ce ne sera pas encore la fin. Une nation s'élèvera contre une nation, et un royaume contre un royaume; il y aura des tremblements de terre en divers lieux, il y aura des famines. Ce ne sera que le commencement des douleurs." - Marc 13:7-8

Comme annoncé aux Etats-Unis d'Amérique, 40 000 soldats soviétiques supplémentaires, en partie issus des troupes retirées d'Iran, sont envoyés au nord de la Corée. Si en revanche, le positionnement de bombardiers lourds à Vladivostok relève uniquement de la posture et du bluff, l'URSS ne disposant en réalité pas de tels appareils, 400 chasseurs Bell P-63 Kingcobra et autant d'avions d'attaque au sol Iliouchine-2, opérés par des pilotes soviétiques, sont repeints sous cocardes coréennes et stationnés de manière secrète dans les bases aériennes laissées vacantes par l'empire japonais.

Empire du Japon - 大日本帝國

Le vent se lève

1946 était une année électorale, la première en fait depuis 1942, et surtout la première qui allaient se tenir dans des conditions les plus démocratiques possibles. Les femmes étaient autorisées à voter depuis l’arrivée des américains et bon nombres de partis, dont en particulier le parti communiste, avait pu présenter des candidats.
Malgré tout le symbole que représentaient ces élections, ce n’était pas un secret qu’elles n’allaient pas servir à grand-chose, l’autorité militaire américaine n’avait en aucun cas prévu de laisser le pouvoir au nouveau gouvernement qui en sortirait, mais le général MacArthur souhaitait tout de même travailler avec celui-ci dans le travail effectué pour offrir une nouvelle constitution au Japon. Les partis candidats s’étaient formés dans l’immédiat après-guerre sur les ruines de la vie politique postérieure à 1942, évoluant au fil de l’action du Tribunal de Tokyo et des purges menées par MacArthur qui n’hésitait pas à aller chercher des cadres de ces nouveaux partis. Trois d’entre eux faisaient office de favoris, la parti socialiste, le parti libéral et le parti progressiste, d’extrême droite.

Malgré l’enjeu, clairement minime, il apparu durant la campagne électorale que beaucoup de japonais trouvèrent dans la mise en avant de ces nouveaux politiciens apparaissant sur le devant de la scène, un moyen de trouver des perspectives dans ce Japon en ruine. Tout ne semblait plus perdu et il était même étrange pour certains d’entre eux de voir plusieurs de leurs compatriotes se battre ostensiblement pour leur avenir et celui de leur pays. Les japonais faisaient l’étrange expérience de la démocratie. La campagne se fit de plus en plus passionnée au fur et à mesure que les hommes politiques découvraient l’attention grandissante de la Nation pour leurs passes d’armes. L’on vit se développer des choses nouvelles dans la vie politique japonaise. De grands meetings à la sortie des usines, arme favorite des candidats communistes. La participation de socialistes à des actions coup de poing dans les campagnes pour appeler à la réforme agraire. L’utilisation de spots radiophoniques par le parti libéral. Bref, la vie politique se développait, pour le plus grand bonheur des autorités américaines, heureuse de voir que le Japon adhérait de plus en plus à des valeurs qui leurs étaient étrangères.

Peut être que le retour du printemps et de la floraison des cerisiers avait permis ce miracle. Mais les élections connurent une participation massive, en particulier de la campagne où l’on attendait pourtant pas énormément de votants. Considéré comme plus conservatrice et bien tenue par des grands propriétaires terriens locaux, beaucoup pensaient que les votes seraient rare dans ce Japon reculé. Il n’en fut rien. Et les grands vainqueurs de cette participation surprise furent les socialistes. Réussissant sans aucun doute à se construire de véritables bastions au cœur de la ruralité, ils réussirent pas une campagne centrée autour de la réforme agraire et de la paix un tour de force impressionnant mais qui ne nécessita finalement que d’instiguer l’espoir au sein des masses paysannes, chose que les autres partis furent incapables de faire. Il faut tout de même noter que cela inquiète fortement les autorités américaines, ces résultats sont évocateurs de l’apparition d’une certaine « conscience de classe » chez les paysans japonais et d’un affaiblissement difficilement explicable de l’influence des grands propriétaires et de la religion. Il est possible que ces résultats électoraux ne soient qu’un prologue à une montée des tensions dans ces territoires où les américains n’ont somme toute que peu d’influence.

En fait, le résultats est si bon pour les socialistes qu’ils remportent la majorité absolue, presque 250 sièges. Une performance inespérée. Les communistes réussissent eux aussi à clore une belle campagne par la première entrée de leur histoire à la Diète et y enverront 15 députés, tous issues de circonscriptions populaires liées à des centres industriels. La parti progressiste connaît une cinglante défaite après une campagne en dent de scie. Plus grave, le parti libéral, qui constituait le principal espoir américain pour construire un Japon intégré au bloc occidental, ne parvient pas à effectuer de percée et n’accroche qu’une soixantaines de députés. Le très charismatique Tetsu Kayatama est donc nommé premier ministre, avec le soutien notable, car pas nécessaire, des députés du parti coopératif japonais, un parti agrarien dont les membres ont fini par travailler main dans la main avec les socialistes dans la campagne et ce, malgré l’absence d’accord entre les deux partis. Outre le réveil des campagnes, ces élections marquent plus largement un glissement vers la gauche de la société japonaise qui semble choisir la voix du socialisme pour échapper à la chape de plomb mise en place par le régime autoritaire pré-1945.

Les Alliés demandent une élection libre, démocratique, à bulletin secret, ce que devra faire la Roumanie cet automne après la mise au ban des fascistes cet été via un tribunal allié.
Parmi les demandes, se trouve la garantie d'un ministre du parti paysans et un ministre du parti libéral. Aucun problème vu que ces deux partis font front commun avec le PCR, dans le FDP réunissant des sociaux démocrates du PSDR, le FP paysans dont Petru Gorza, l'actuel premier ministre, est le dirigeant, les libéraux du PNL de Tătărescu, actuel vice-président. Tous ces partis sont noyautés par des communistes appliquant la tactique du salami pour bolcheviser cette façade démocratique d'union nationale.

Les témoignages, les pièces à convictions, les aveux ont été récoltés, et donc tout cela est livré avec les divers accusés arrêtés depuis un ans au juge britannique et aux quatre juges soviétiques dans le cadre des Tribunal International. Le gouvernement provisoire de Roumaine espérè un jugement rapide et non laxiste.