Rencontre de Varsovie (1887)

Les riches décorations du train impérial rutilaient sous le soleil de l'été polonais. D'éblouissants aigles bicéphales d'or et d'argent, perchés sur la toiture du monstre dévoreur de charbon, protégeaient de leur regard strict ce convoi qui s'avançait à fière allure le long de la route qui menait à la capitale de feu la Pologne du Congrès. À l'intérieur Alexandre III, qui cette fois-ci n'était pas venu escorté de sa famille. Sa femme et ses plus jeunes enfants étaient restés à Pétersbourg, tandis que de son côté le Tsarévitch avait fort à faire en tant que second commandant de la garnison de Riga.

Un bruit métallique assourdissant, puis l'effervescence d'une fourmilière en état d'alerte. Il n'y avait pas de temps à perdre, l'autocrate de toutes les Russies était en retard à la suite d'un malheureux problème technique. D'un pas rapide entouré de son escorte, le Romanov s'élance dans les rues de Varsovie en direction du Palais Royal où était arrivé le Kaiser quelques heures plus tôt. Pas essoufflé pour un sou, le géant slave baissa le torse pour saluer son homologue germanique en entrant dans la pièce de cérémonie où celui se trouvait.