[Accepté] État de Libye - دولة ليبيا

Alors que le gouvernement, élu il y a seulement deux mois, a annoncé il y a une semaine sa démission, il était encore possible d'espérer que le parlement actuel se maintienne et qu'un nouveau gouvernement puisse être formé. Malheureusement, un désaccord entre la majorité des élus au sujet du futur proche du pays a été fatal à l'unité parlementaire. Le parlement venait tout juste d'être installé à Tobrouk en raison du climat d'insécurité permanente régnant dans la capitale Tripoli. Depuis la chute de Kadhafi, la situation en Libye est chaotique. Le pays, sans plus personne à sa tête, est désormais considéré comme une anarchie où les milices extrémistes se partagent le territoire et continuent à s'entretuer.

La ville de Zenten, aux mains de la milice du même nom, abrite également de nombreux Kadhafistes, parmi lesquels Saïf al-Islam, l'un des fils de feu Mouammar Kadhafi. La milice, comptant environ 10000 combattants entraînés et armés, souvent avec des armes en provenance du marché noir turc, préparerait une offensive pour reprendre la totalité de la capitale Tripoli, actuellement détenue par la milice de Misrata. Toutefois, l'aéroport est tenu et sécurisé par la milice de Zenten, ponctuellement épaulée par des katibas pour contrer toute offensive des milices rivales. Alors que l'armée a fait défection, la population ne peut plus compter que sur les milices pour assurer sa sécurité face aux miliciens adverses. L'objectif est clair et n'est plus caché : le but serait de faire revenir au pouvoir le clan Kadhafi par l'intermédiaire de Saïf al-Islam. Et le contrôle du pays passe justement par la reprise de la capitale ainsi que des centres névralgiques et stratégiques comme la ville de Benghazi, capitale des hydrocarbures libyenne, puisque reliée au gazoduc principal d'une part, et point de départ du principal pipeline du pays d'autre part.

Une fois de plus, la ville de Beni Walid, ancien bastion du Colonel Kadhafi, a été le théâtre d'affrontements sanglants entre deux milices rivales, dont l'une est plutôt proche de la milice de Zenten. Au total, ce sont près de 450 personnes qui ont péri en moins d'une semaine sous les feux miliciens, dont environ la moitié serait des civils. La situation sanitaire est abominable dans la ville : de nombreux corps gisent partout dans les rues du centre-ville, des dizaines de bâtiments dont la plupart sont des habitations ont été complètement détruits et l'aéroport, déjà rendu inutilisable par de précédents affrontements, a été presque totalement incendié. La ville est maintenant coupée du reste du pays alors que les deux milices en question se partagent le contrôle de la totalité du territoire urbain. Les habitants, du moins ceux qui n'ont pas pu fuir à temps, sont donc pris en otage et n'ont pour lutte que celle d'espérer survivre. Selon l'OMS, la situation sanitaire de la ville doit être décrétée en état maximal d'urgence : des centaines de personnes sont blessées et ne peuvent trouver secours, puisque les deux hôpitaux de la ville ont été incendiés et rendus inexploitables. Les rats commencent à faire leur apparition au milieu des tas de cadavres présents dans certaines rues. Une odeur épouvantable de charogne est constatée dans l'ensemble du centre-ville. Les enfants jouent au milieu de ce paysage morbide comme si de rien n'était, mais risquent d'attraper de graves maladies en raison de l'hygiène inexistante.