[En cours] Guerre civile indienne (1921-)

INDE
Brève
Evènement

Etat des lieux de la guerre civile indienne en janvier 1922
- À l'Ouest, les combats dans l'arrière-pays sont verrouillés par des systèmes de tranchées : les champs de bataille ressemblent de plus en plus à ce que l'Europe a connu lors de la Grande Guerre
Néanmoins, au sud, une offensive du gouvernement musulman a réussi à grandement désorganiser les positions congressistes et pousser jusqu'aux portes du Kâthiâwar. L'état-major de la Ligue prépare une offensive prochaine pour tenter de prendre la ville symbolique d'Ahmedabad
- À l'Est, ce sont les forces congressistes qui progressent, alors que d'intenses combats urbains ont commencé à Calcutta, dans une bataille qui semble partie pour durer et devenir une boucherie
- Au sud, et principalement dans les régions tamoulophones, des discours prêchant une différence raciale entre les Indiens du Nord et les locuteurs de langues dravidiennes au sud commencent à émerger dans les milieux intellectuels, sans grand écho pour l'instant
- Les escarmouches deviennent régulières aux frontières entre l'état d'Hyderabad et les territoires congressistes.

L'horreur d'une guerre fraternelle :

La péninsule indienne est ravagée par une guerre en cours depuis maintenant deux ans. Les armées de la Ligue Musulmane et du Gouvernement du Congrès s'affrontent de manière sporadique mais extrêmement violente. La stagnation relative de la guerre a emplit les coeurs de fatigue et de haine, et les exactions sont de plus en plus courantes.

Soldat du gouvernement du Congrès regardant le No Man's Land dans le Punjab

250 000 soldats sont morts au combat ou de maladie depuis le début de la guerre, et environ le même nombre de civils a péri des affres de la faim et de la misère liée au déplacements forcés. Pour des millions d'indiens, la guerre a été un ravage, les forçant à quitter leurs terres de manière temporaire, la perte de leur emploi, la perte d'un proche, la perte d'un foyer.

En ce mois de mars 1923 cependant, le 10 mars 1923 a 12h00 très précisément, c'est un silence assourdissant qui s'abat sur le front. L'armistice a été décrétée par les gouvernements de Delhi et de Lahore. Les canons se taisent, et dans la presse indienne on se réjouit de la possibilité d'un fin de la guerre civile.

S'ouvre maintenant l'heure des négociations, et elles seront hardues. D'un côté, la Ligue Musulmane, menée par Muhammad Ali Jinnah et de l'autre le gouvernement du Congrès mené par Chakravarti Rajagopalachari. Chacun des factions se dit prête à la paix, mais à Lahore comme à Delhi, des voix minoritaires appellent à la partition immédiate de pays en deux Etats. La guerre a brisé quelque chose en Inde.

Fort heureusement, le 11 mars 1923, le lendemain de l'annonce de l'armistice, un communiqué joint de Muhammad Ali Jinah, Chakravarti Rajagopalachari et d'autres figures majeures des mouvements d'indépendance nationale comme Mohandas Karamchand Gandhi intitulé le "Lahore-Delhi Call for Unity" met en place quelques points d'accord entre les gouvernements qui semblent être l'armature des négociations de paix :

- L'unité indienne doit être préservée, de la frontière afghane aux vallées d'Assam
- La reconnaissance de la richesse culturelle et religieuse indienne, notamment entre religions hindouistes et Islam, qui ont cohabité pendant des siècles sur la terre indienne
- L'attachement du peuple indien aux valeurs démocratiques et parlementaires
- Le respect des systèmes de gouvernance politique locaux
- La mise en place de systèmes de quota et de représentation minoritaire pour les religions, groupes ethniques et groupes linguistiques en situation d'infériorité démographique dans leur circonscription électorale, afin de garantir une représentation juste
- La dénonciation de la colonisation britannique comme un acte de guerre permanente et d'assujetissement du peuple indien
- La construction d'un mouvement national fort, indépendant, et prêt à représenter l'Inde dans le monde

Les termes sont lâchés dans les rues indiennes. La proposition du Lahore-Delhi Call for Unity est floue, mais semble dessiner les contours d'une proposition démocratique, qui n'irait cependant pas à l'encontre des élites princières locales de manière trop abrupte, et l'instauration de quota religieux, ethniques et linguistiques dans les futures assemblées. La Grande-Bretagne en prend également pour son grade et forme le point le plus consensuel de l'appel : la colonisation britannique est honnie, dénoncée, rejetée.

Après l'heure des fusils, c'est désormais l'heure des courriers et des tables rondes qui s'ouvre. La ville de Ludhiana, à mi-chemin entre Delhi et Lahore, a été choisie pour être le lieu des pourparlers.