Rencontre d'Ostie

État espagnol

En ce mois d'octobre 1921, la délégation espagnole chargée par José Millán-Astray de prendre langue avec les plus hautes autorités italiennes pose le pied à Ostie. A sa tête un jeune diplomate d'une trentaine d'années issue de la fine fleure de l'aristocratie ibérique : José de Yanguas y Messía, vicomte de Santa Clara de Avedillo.

Sitôt le pied posé sur le sol italien, le vicomte et ses collaborateurs sont conduits dans le luxueux hôtel où les attendent leurs interlocuteurs transalpins. Une fois arrivé dans la salle de conférence, José de Yanguas y Messía a été agréablement surpris par l'accueil chaleureux que lui a réservé le vieux Boselli, qui lui a annoncé tout de go qu'il acceptait les propositions formulées par José Millán-Astray dans sa missive du mois d'août. La partie serait donc facile.

Naturellement l'émissaire de Madrid se dit tout à fait favorable aux trois propositions formulées par la partie italienne et à la signature d'un traité italo-espagnol destiné à être la pierre angulaire des relations entre les deux pays pour les années à venir. En ces temps troublés une coopération militaire, policière et économique entre Madrid et Rome ne pourra que contribuer à assurer la stabilité et la prospérité en Méditerranée occidentale.

Lors d'un entretien en tête-à-tête avec le président du Conseil, à l'abri des oreilles indiscrètes, le vicomte de Santa Clara de Avedillo s'attache toutefois à sonder le vieux Boselli pour en savoir plus sur ses intentions. Jusqu'où Rome est-elle prête à aller en matière de coopération militaire et d'assistance réciproque ? A vrai dire l'espagnol ne cache pas vraiment son jeu et fait comprendre au chef du gouvernement italien que le temps est venu pour l'Italie et l'Espagne de se partager d'une manière ou d'une autre les possessions anglaises en Méditerranée (Malte pour l'Italie, Gibraltar pour l'Espagne). A Gibraltar les choses ne pourront se faire pacifiquement et l'aide italienne pourrait être la bienvenue. Rome aurait d'ailleurs tout intérêt à voir le Rocher sous contrôle ibérique plutôt qu'anglosocialiste si elle souhaite assurer sa prédominance en Méditerranée occidentale, la France étant maintenant hors jeu ou presque.

Une fois les entretiens d'Ostie terminé, le vicomte José de Yanguas y Messía poursuivra sa mission diplomatique au service du gouvernement espagnol en se rendant à Rome présenter ses respects au roi Victor-Emmanuel III et, en tant que bon catholique, à Sa Sainteté le pape Pie XI.