Intrigues de palais en Chine

Le centralisme démocratique a ça de bon de cacher les dissensions dans le Politburo. Mais elles existent et menaces toujours d’éclater au grand jour.

Rappel des factions
Réformistes: Hu Yaobang, Zhao Ziyang et Peng Dehuai, (audits)
Modérés:Chen Yun, Deng Xiapoing et Lui Shaoqui, (économie)
Conservateurs: Lin Biao, Zhou Enlai et Hua Guofeng, (diplomatie, armée)
Maoïstes: gang des 4 et lui même (écarté)

Jusqu'à où pousser les réformes ? Ce qui est sûr, c'est que le peuple veut la prospérité, la stabilité et l'abondance, pas des discours volontaristes maoïstes. Peut importe la couleur du chat pour cacher la souris. Si le peuple veut de l'économie de marché, soit. Si il veut une démocratie à la mode du bloc de l'Ouest, soit aussi.
Mais comment faire comprendre cela au politburo ? Les attentes connues en 1961 sont fondés sur les remontrances des intellectuels en 1957. Pour nos réformistes, il faut l'introduction des diverses libertés politiques et civiles (expression, association, de mouvement) pour faire pression sur le reste du politburo. C'est aussi le seul moyen de s'assurer de ne pas se faire vilipender par ce même peuple, dont les attentes ont surpris Mao en 1957.
Un État de droit avec une justice indépendante est une condition nécessaire pour que le Yuan de contrôle marche. Comment pouvoir faire accepter, les réformistes n'en ont aucune idée. Mais cela devra être fait tôt ou tard.
Pour permettre l'épanouissement scientifique et technique - et donc productif - des chinois, il faut mettre fin à l'isolation du pays. Mais comment faire alors que personne - sauf les thaïlandais que ne seront jamais oubliés- n'ont aidé les chinois en 1960 ? Pire encore, il semble que à la fois l'URSS - cela est clair avec la rupture - et les États Unis conspirent à la destruction de la Chine (cela est il est vrai plus tiré des analyses de Le Duan quant au silence américain que des preuves concrètes [1]). Peux être que la communauté scientifique internationale comme celles des intellectuels serait moins taiseuses ?
Comment forcer la main à l'Occident ? Peux être que la question des réfugiés et du développement conjoint de Hong Kong et du delta de la rivière des perles fournit de la matière pour les britanniques, les seul qui n'ont pas été ingrats au point de snober les délégations chinoises ?
Peut être que Sun Fo, le fils de Sun Yat Sen, en brouille avec Chiang Kai Chek depuis les années 30 car il était le leader de la coopération KMT-PCC contre les japonais, et exilé au États Unis pourra reconnaitre que les vrais héritiers des Trois Principes sont sur le continent et pas sur l'ile ?
Beaucoup d'interrogations et peu de solutions. Mais la naissance de la république de l'empire putréfié des Qing a aussi été un chemin difficile et le portrait de Sun sert toujours de motivateur en 1961.

Mao fulmine. Des rapports de crash d’avions espions U2, la visite en grande pompe de Kennedy à Taïwan, et les rumeurs d'achats massifs de navires qui en suivent sont autant de preuves que les États unis vont attaquer la Chine de manière imminente. D'un autre coté, les réformes anti-GBA sont pour lui du cryptocapitalisme, et clairement pour Mao, les chinois peuvent mourir pour la pureté idéologique. Il n'est pas le seul à penser cela. Les conservateurs sont aussi désabusées de l'agressivité américaine et réclament vengeance. De plus la justification de réformes pour effacer le chaos du GBA commence déjà à ne plus tenir pour eux. Alors que ces même personnes ont participé au retrait de Mao il y a un an, ils comment a souhaiter son retour. Pourtant la radicalisation des maoïstes refroidit. Les idées de guerre nucléaire normalisée, et de désurbanisation/isolation de la Chine a en effet de quoi refroidir. Mais déjà, certains, comme Lin Biao, choisissent d'ignorer la politique intérieure qui s'annonce désastreuse de Mao pour faire fusionner conservateurs et maoïstes sous la ligne d'une diplomatie très agressive, à base de guerre conventionnelle et moins conventionnelle.
Les conservateurs demandent cependant du temps à Mao: pas un retour immédiat. Le moment venu sera le moment où la Chine aura assez d'ogives (autour du millier) pour pouvoir s'assurer d'une parité nucléaire avec les américains, dans la région Asie-Pacifique évidemment. Soit 5 ou 6 ans d’après Lin Biao qui promet de faire accélérer au maximum le programme "2 Bombes 1 Satellite".
Mao n'est pas convaincu: la Chine, même sans bombe, peut entrer en guerre dès maintenant selon lui, il suffit de purger les éléments réformistes. C'est une grosse ligne de fracture, qui profite aux conservateurs: Il n'ont juste qu'a attendre et s’assurer de la paix pour 5 ans pour que l'immédiat de Mao rejoignent leur temporisation.