[France] Hôtel de Hirsch, n°2 rue de l'Elysée
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[France] Hôtel de Hirsch, n°2 rue de l'Elysée
République française
Secrétariat général de l'Elysée aux affaires africaines et malgaches.
................Récemment acquis par l'Elysée pour y étendre ses bureaux, l'hôtel de Hirsch connaît une certaine activité. Les cartons déballés, les photos de famille installés sur les bureaux, les téléphones branchés, le secrétariat général de l'Elysée aux affaires africaines et malgaches est désormais pleinement opérationnel. Le cadre est plutôt idéal : l'hôtel est de bonne facture, un chef d'œuvre architectural - quoi que parfois critiqué par les envieux -, à deux pas des Champs Elysées et surtout en face du palais présidentiel. A la tête de ce secrétariat dépendant directement de l'Elysée, et qui dirige la diplomatie française vis-à-vis de ses anciennes colonies, Jacques Foccart, lieutenant-colonel, ancien résistant, n'est pas un bellâtre, c'est sûr, mais il est efficace, et c'est tout ce qui compte pour de Gaulle. Secondé par l'ambassadeur de France auprès de la Fédération malienne, Fernand Wibaux, l'homme est chargé de défendre les intérêts français en Afrique.
Sirda- Modérateur
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Re: [France] Hôtel de Hirsch, n°2 rue de l'Elysée
République française
Secrétariat général de l'Elysée aux affaires africaines et malgaches.
Au n°2 rue de l'Elysée, on ne chôme pas. La mise en place du processus de transition en Algérie et la certitude acquise par tous à l'Elysée que le vote indépendantiste sera majoritaire donne du travail à Jacques Foccart et aux siens. Même si le dossier ne relève pas directement de leur compétence, mais plutôt de celle du Secrétaire d'Etat aux affaires algériennes, le Monsieur Françafrique s'en saisit puisque dans six mois, la future Algérie indépendante tombera sous son escarcelle.
Contrairement aux autres colonies devenues indépendantes, Paris n'a pas pu placer ses pions dans les postes stratégiques, et doit s'efforcer de conserver une certaine influence dans ce futur Etat pour protéger ses intérêts. La manœuvre a d’ores et déjà commencé, à vrai dire, dès les négociations d’Evian avec la nomination de Ferhat Abbas comme président de l’Exécutif provisoire : l’homme apparaît comme un indépendantiste modéré, soucieux d’établir une démocratie en Algérie. Son passé maurrassien aide aussi, cela lui fait un point commun avec de Gaulle. Mais Jacques le sait : le GPRA est un nid de vipère, et certains de ses influents dirigeants sont quant à eux moins enclins à adopter un régime politique occidental, préférant le socialisme autoritaire de l’est.
Assis sur un fauteuil Louis XVI, Foccart fixe une tapisserie de la Manufacture des Gobelins, fumant une cigarette et écoutant d’une oreille attentive son interlocuteur, le nouveau chef du bureau Algérie du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage.
« – Ben Bella, c’est une menace. Il est trop proche des milieux militaires, et trop proche des Frères musulmans. On aurait dû l’exécuter lorsqu’on en avait l’occasion. Maintenant qu’il va être libéré, qui sait ce qu’il est capable de faire ? […] Après, entre le château d’Aunoy et Orly, la chaussée n’est pas si sûre… »
Foccart sourit, mais rejette l’idée d’un mouvement de la main.
« – Boumediene n’est guère mieux. Il a l’armée des frontières à ses côtés, et on le dit nassériste. On ne va tout de même pas avoir perdu la France de Dunkerque à Tamanrasset pour avoir l’Arabie de Tlemcen à Hassaké ! Sa popularité est trop grande auprès de l’armée, il est trop dangereux. »
« – Le problème, voyez-vous, c’est que la lutte entre les meneurs du Gouvernement provisoire et ceux de l’Armée de libération nationale a d’ores et déjà commencé. Et les premiers ne sont pas nécessairement en odeur de sainteté, parce qu’au lieu de se battre, ils parlaient à Tunis, à Rabat, ou ailleurs, mais n’étaient pas sur le terrain. Cela leur est reproché. »
« – Belkacem ? Il a de l’autorité militaire, et reste proche d’Abbas. »
Au bout de plusieurs heures de discussions, parsemées de cigarettes, cigares et verres de spiritueux, une liste est finalement dressée : Krim Belkacem, Ahmed Boumendjel, Hocine Aït Ahmed, Ahmed Francis et Kaddour Sator doivent être activement, mais secrètement soutenus par l’administration française en Algérie selon la consigne afin de créer un noyau politique dur autour du président Ferhat Abbas, que l’on espère être désigné futur chef de l’Etat algérien à l’indépendance. Pour cela, le Haut-Commissaire en Algérie reçoit l’instruction de les faire monter en grade dans l’Exécutif provisoire et dans l’administration, eux et leurs proches. Certains sont démocrates, d’autres sociaux-démocrates, mais tous nationalistes : il s’agit de concentrer les efforts français sur des clans de modérés.
Sur un autre papier, une autre liste est préparée. Y figurent des noms tels que Ahmed Ben Bella, Houari Boumédiène, Rabah Bitat, Mohamed Khider. Eux doivent voir leur influence être réduite autant que possible, voire, être exclus du pouvoir par tous les moyens – sauf l’assassinat, du moins, pas à la demande de Paris. On n’hésitera pas à constituer de faux dossiers d’échanges secrets douteux entre eux et les autorités françaises, et des faits tendant à permettre leur discrédit rapide et efficace auprès des Algériens, mais aussi si possible auprès des fellaghas, pour les empêcher d’accéder à de trop hautes fonctions politiques à l’avenir. Mais cela doit se faire en douceur, il s’agit de ne pas compromettre le processus politique.
Sirda- Modérateur
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