Opération barkhane

Task Force Takuba:

La mi-année 2022 marque la fin de la restructuration de l'opération Barkhane. Depuis la fin d'année dernière, les troupes françaises se sont retirées des bases de Kidal, Tessalit et de Tombouctou qui ont été remises à l'armée malienne. Désormais, c'est la Task Force européenne Takuba qui va assurer les missions de lutte contre le terrorisme dans la zone des trois frontières, notamment depuis les bases de Gao et de Ménaka, qui vient de terminer son déploiement. Dans un contexte plus que tendu depuis le coup d'état et l'arrivée au pouvoir de la junte militaire, la coopération entre les armées françaises et maliennes est théoriquement gelée. Les opérations n'ont pas cessé pour autant puisque les djihadistes sont toujours traqués par les services de renseignement avec l'aide logistique des Etats-Unis et l'action sur le terrain de la Task Force.

La coopération entre la junte militaire malienne, sous le coup d'importantes sanctions de la Cédéao, et la Task Force Takuba est cependant pleinement nécessaire à la réalisation de ces objectifs : traquer et éliminer des djihadistes est une mission sans fin pour peu qu'il n'y ait pas de solution politique durable aux problèmes du pays, et ce sont les armées nationales des pays souverains du Sahel qui doivent être à même d'assurer la sécurité de leur territoire.
La République Française réitère donc ses questions vis à vis de l'échéancier prévu par le gouvernement de transition malien, jugeant que la coopération ne pourrait reprendre qu'en cas d'engagement clair contre tout dialogue ou négociation avec les différents groupes terroristes de la région ainsi qu'avec l'annonce d'élections démocratiques et transparentes pour que le peuple malien puisse élire ses dirigeants d'ici à la mi-2023 au plus tard. Paris fait part d'une vive inquiétude quant à l'implantation des mercenaires russes de la Wagner sur le sol malien, et met en garde le colonel Assimi Goïta sur la dimension déstabilisatrice d'une arrivée de la Russie dans la gestion du pays via les accords financiers annoncés et les prêts contractés auprès de la Russie, redoutant une hausse alarmante et rapide de la corruption dans le pays et au sein des forces armées. La restructuration de l'opération Barkhane ne doit pas être perçue comme un abandon, puisque les effectifs de la Task Force Takuba seront constitués de forces spéciales dotées d'équipements plus élaborés pour accomplir leurs missions.
En parallèle, la République Française a dépêché sur place de nombreux colis humanitaires afin d'aider les populations locales à faire face à la famine qui sévit tout particulièrement dans le nord du pays, les produits de première nécessité n'étant évidemment pas sous le coup des embargos de la Cédéao. Le ministre des Armées Jean-Baptiste Lemoyne réitère l'attachement de la France à la lutte contre le terrorisme au Mali et plus largement au Sahel.

Pour contexte, la Task Force Takuba est destinée à incarner la présence Européenne sous commandement Français au Sahel, avec un objectif de 2500 personnes déployées au Sahel d'ici fin 2023 dont une colonne vertébrale d'environ 700 français. L'objectif principal de la mission reste la formation des forces armées des nations souveraines du G5 Sahel.

Membres de la Task Force:

MALI

Le ministre et porte-parole du gouvernement malien Abdoulaye Maïga devant la télévision nationale a catégoriquement écarté toute remise en question du calendrier de transition retenu par le gouvernement malien malgré les pressions internationales « Le peuple malien libre a été consulté pendant un mois lors d’Assises sur toute une série de questions pour refonder le Mali. Et le gouvernement de transition s’appuie sur les recommandations de celle-ci pour son calendrier devant aboutir au retour d’une démocratie saine et fonctionnelle d’ici 5 ans. ».
Le porte-parole réaffirme néanmoins « l’engagement et la volonté de l’armée patriotique malienne » pour combattre la menace terroriste. Et c’est dans ce sens que le Mali a développé un partenariat avec la Fédération de Russie avec la présence de formateurs militaire pour renforcer les capacités de défenses du pays. Le Mali continue de nier la présence de mercenaires russes sur son sol, dénonçant « des rumeurs visant qu’à déstabiliser notre pays en remettant en question notre indépendance nationale ». Sur cette question de la souveraineté, le pouvoir malien bombe le torse et a demandé au Danemark de retiré ses troupes fraîchement arrivées dans le cadre de l’opération Takuba au motif que « ce déploiement, c’est fait sans le consentement des autorités maliennes ». Copenhague plia rapidement, et l’ensemble des troupes danoises faisant partie du groupement européen de forces spéciales se retireront d’ici deux mois. Malgré le ton ferme de Bamako, le Mali indique qu’elle compte toujours sur l’aide européenne pour repousser les groupuscules djihadistes du Sahel et qu’aucun dialogue n’est prévue avec eux.