Troubles en Indochine française

par **Shikkoku** Dim 5 Déc 2021 - 12:50

Nous sommes en septembre 1931. Sur les quais de Saïgon, des dizaines de recruteurs de l'Armée française font avancer en file indienne des centaines de recrues indochinoises, à destination d'un navire de transport de la Marine nationale. Leur destination ? Le port de Marseille, puis le front européen contre l'Allemagne.

Angkor Wat, carte postale de 1931

L'Indochine, fortement touchée par la crise économique suite au retrait des investissements américains, est en forte tensions. Le prix des matières premières et notamment du bois s'est effondré, menant de nombreuses familles à s'installer dans des bidonvilles autour de Saïgon ou Hanoï. Ces familles, face à l'impératif économique, envoient leurs fils à la guerre pour la France, contre un maigre revenu de soldat colonial.

Cependant, la Seconde Grande Guerre mobilise encore plus les colonies françaises que celle de 1914. On dénombre des dizaines de milliers d'Indochinois partant sur le front tous les mois. Certains reviennent, et parmi eux nombreux sont les mutilés de guerre.

Sur les quais du port de Saïgon donc, ce sont des centaines de recrues qui embarquent chaque jour à destination de la France. Mais aujourd'hui, 11 septembre 1931, un incident allait éclater. Alors qu'un jeune homme changea d'avis et se refusa au dernier moment à embarquer, il fut bousculé avec force par les soldats de l'Armée française et leurs auxiliaires indochinois. Rapidement, les insultes fusent, et notamment de "traîtres" envers les auxiliaires de l'Armée française. C'en est trop pour les accusés, qui passent à tabac le jeune récalcitrant devant une foule de badauds. Celui-ci décède quelques heures plus tard de ses blessures.

La même nuit, plusieurs soldats français sont pris à parti avec leurs auxiliaires, et des rixes éclatent dans Saïgon. On dénombre une centaine de blessés et une poignée de morts, peut-être une dizaine tout au plus. La loi martiale est déclarée à Saïgon et Hanoï, et celle-ci est prête à être étendue à l'entièreté de l'Indochine française.

L'Indochine, malgré les tensions, doit continuer à fournir son sang pour l'Empire.