[Rencontre] République du Portugal - Royaume d'Espagne

República Portuguesa

Sommet de Séville

……….L'arrivée d'António de Oliveira Salazar à Séville en ce début de l'année 1961 est l'exemple même de la situation actuelle au sein de la péninsule Ibérique : les Espagnols, et le Caudillo Franco, organisèrent un accueil magistral à la délégation portugaise, au sein d'une cité marquée par la richesse, la stabilité et la tradition face à l'anarchie et au bolchévisme. Honoré par le discours de son homologue, le Président du Conseil sut goûter aux plaisirs de cette ville colorée, et aux charmes de ses habitants. Malgré la différence de caractère entre les deux chefs d’État (Salazar vivant presque en ascète, tandis que Franco est réputé pour ses extravagances), ils s'entendent à merveille par leur vision politique et idéologique commune qui forge depuis maintenant trois décennies l'histoire de la péninsule Ibérique. Malheureusement, ce lien particulier entre le Portugal et l'Espagne ne se matérialise pas dans les faits, et cause plusieurs problèmes vis-à-vis du reste de l'Occident : d'une part, le seul traité en vigueur est le pacte ibérique établissant un pacte de non-agression entre nos pays, et d'autre part les Portugais et les Espagnols sont isolés sur la scène internationale par leur radicalisme face à l'hydre rouge. De ce fait, le Portugal et l'Espagne manquent de relations factuelles liant les deux puissances, et l'Occident reste méfiant face à l'organisation politique et sociale de nos nations. Cependant, la péninsule Ibérique voit depuis la fin des années 1950 une évolution notable sur le plan diplomatique : face aux velléités de l'URSS et de ses alliés, les partenaires européens et américains comprennent enfin qu'intégrer totalement le Portugal et l'Espagne à la lutte face au communisme est une nécessité. Ainsi, il devenait capital pour Salazar et Franco de forger une nouvelle approche commune face aux problèmes engendrés par la guerre froide, d'où cette énième rencontre.

……….Pour Salazar, trois sujets brûlants méritent l'attention de son homologue espagnol. Dans un premier temps, les organismes économiques mondiaux prévoient que le Portugal et l'Espagne connaissent au cours de la prochaine décennie un miracle économique incroyable par des mesures de libéralisation partielle ; cette libéralisation, prévue à Lisbonne par le plan quinquennal de 1959, serait bénéfique si elle était entretenue conjointenement. De ce fait, nous proposons l'établissement d'une commission permanente luso-espagnole destinée à coordonner, comprendre et conseiller les réformes entreprises au sein de nos nations. La création de cette structure technocratique serait alors déterminante pour savoir ce qui est tenté de chaque côté de la frontière, ce qui fonctionne et ce qui serait bénéfique à nos deux nations. Car en effet, le Portugal et l'Espagne présentent des structures de production similaires : organisation en corporations, retard économique vis-à-vis des autres pays de l'Occident, prédominance de l'agriculture malgré une industrialisation galopante, place encore importante des colonies, ... Ainsi, en plus de cette commission permanente qui permettrait d'établir par la suite des projets communs d'infrastructures, nous serions pour l'établissement d'une vision ibérique par rapport aux organisations européennes : la Communauté économique européenne par exemple cherche à créer un marché commun et à harmoniser le développement de ses membres ; si nous intégrions cet ensemble au même moment, notre compétitivité incroyable (par notre main-d’œuvre bon marché et nos produits à bas prix) permettrait de renforcer notre décollage économique. Cette collaboration sur les affaires européennes nous empêcherait donc d'entrer en concurrence. Après les sujets économiques (partenariat bilatéral sur le long terme et politique européenne commune) viennent les sujets diplomatique et militaire. Vous n'êtes pas sans savoir que le Portugal souffre de plusieurs troubles dans ses territoires ultramarins (perte de Goa en 1960 et déclenchement d'une insurrection en Guinée il y a quelques semaines) : un accord de soutien mutuel (diplomatique, financier et militaire dans les limites désirées) vis-à-vis des affaires extra-européennes, quelle que soit la politique employée, serait déterminant. En outre, des partenariats en métropole sur l'armement et les services de renseignement permettrait de combattre efficacement les éléments socialistes sur notre territoire. Enfin, après les affaires économiques (partenariat bilatéral sur le long terme et politique européenne commune) et militaires (soutien sans faille vis-à-vis des territoires ultramarins et partenariats dans l'armement), Salazar termine son exposé par la diplomatie. Nous pensons que l'intégration de Madrid dans l'Organisation du traité de l'Atlantique nord est capitale pour le combat face au bolchévisme, tandis que l'entrée dans la CEE permettrait à nos deux nations de régler un problème de taille : l'isolement diplomatique. Nous attendons avec impatience la réponse du Caudillo.

República Portuguesa

Sommet de Séville

……….Le Président du Conseil Salazar est heureux de voir que le Portugal et l'Espagne, les deux nations soeurs de la péninsule Ibérique, trouvent de nombreux terrains d'entente après plusieurs décennies de franche camaraderie mais sans coopération réelle. Par des négociations rondement menées par les deux parties, plusieurs points d'accord ont déjà été trouvés entre Lisbonne et Madrid. D'abord, sur la coopération économique, la création d'une commission permanente sera actée par le traité qui terminera ce sommet, intégrant à l'échelle de la péninsule des projets communs d'infrastructure, tout en comprenant le besoin essentiel de libéralisation de l'économie et d'investissements publics pour entretenir les taux fulgurants de croissance que connaissent nos deux nations ; les corporations, qui constitueront toujours la colonne vertébrale de nos économies, pourront ainsi se retrouver complémentaires lorsque certaines de nos industries nationales pourraient rencontrer des lacunes. Ainsi, dans le cadre de nos économies corporatistes, nous avons donc décidé de coordonner notre politique économique de libéralisation et d'investissements dans cette prochaine décennie par la création d'une commission permanente (qui resterait consultative, sans pouvoir de décision) : nous proposons qu'elle siège à Saint-Jacques-de-Compostelle, haut lieu historique, et qu'elle soit présidée par l'espagnol Félix Gordón Ordás, célèbre industriel franquiste, pour une durée de cinq ans. Sur les affaires ultramarines, là aussi les deux alliés ont trouvé un accord : une entraide totale (diplomatique, financière voire militaire) lors de conflits extraeuropéens est décidée, se matérialisant dès maintenant par le partage sécurisé des renseignements entre nos polices politiques. L'Espagne souleva aussi plusieurs points qui furent soutenus directement par le Portugal : sur le plan de l'industrie de l'armement, la commission économique permanente pourrait piloter plusieurs projets qui pourraient garantir l'indépendance militaire de la péninsule Ibérique, tout en la confortant dans son rôle de gardien de la liberté et de la tradition face à l'anarchie. En matière d'éducation, effectivement nous souffrons d'un énorme retard et nous nous rejoignons sur la nécessité de faire avancer ce dossier : dans ce cadre, établir un cursus scolaire et universitaire identique tout en proposant des échanges culturels permettraient de forger, dans l'esprit de nos jeunesses, l'amitié qui nous anime. Enfin, sur les affaires diplomatiques, l'administration salazariste se rend bien compte des difficultés qui nous feront face au sein de la CEE et de l'OTAN mais c'est en adoptant une position commune dans ces affaires que nous pourrons peser dans les discussions : dès l'année prochaine, nous pourrions demander officiellement de rejoindre la CEE pour bénéficier au mieux des avantages économiques dont nous disposons, tout en soutenant l'entrée de Madrid dans l'alliance militaire occidentale en vue d'étendre son réseau d'alliance au-delà des États-Unis d'Amérique (élément clé d'après nous pour arrêter le bolchévisme). Ainsi, le renforcement des relations culturelles et militaires, tout en coordonnant une politique de libéralisation et d'investissements couplée à l'intégration dans le marché européen, seraient la clé du décollage incroyable qui nous tend la main. Si le Caudillo n'a pas d'autres idées, un traité peut être rédigé et signé dès janvier 1962. Les premiers projets de la commission et les évolutions diplomatiques pourraient alors se mettre en marche dès l'été de la même année.