[Rencontre] Sommet de Singapour

La délégation japonaise est accueillie dans la Goverment House, dite Istana, dans le Territoire Britannique de Singapour enclavée au sein de la Fédération de Malaisie. Le Premier Ministre Ichiro Hatoyama, récemment élu, rencontre son homologue Anthony Eden dans la résidence du Gouverneur après une ballade, courte, du port jusqu’à la demeure par un temps ensoleillé entre les ruelles de la ville. Eden, passionné des cultures d’Orient, fait le salut japonais avant de tendre une main amicale au dirigeant, puis les deux hommes partent s’asseoir à la table de réunion, après quelques formalités, avec leurs conseillers.


Le Premier Ministre est conscient, et rappelle, qu’il s’agit là d’un moment historique dans l’histoire des relations entre le Royaume-Uni et le Japon et, plus globalement, dans l’histoire de l’Asie. Entre 1938 et 1947, et plus avant encore, ces relations ont été marquées par de la méfiance, de l’hostilité, de la rancune, puis le refroidissement qui atteignait des températures au-delà du glacial a finalement stagné avec la fin du conflit mondial et de l’embargo mené, surtout, par la France, le Royaume-Uni et le Bénélux.

Cette reprise était toutefois un balbutiement, qui stoppait le saignement d’une plaie diplomatique et ouverte et recoupée continuellement, sans y attaquer quelconque point de suture indispensable à sa pleine cicatrisation.

Le Premier Ministre est prêt à reconnaître le Traité de Tokyo, c’est-à-dire la légitimité de l’Empire de Mandchourie et l’autorité japonaise sur la Corée. En contre-partie, il réclame simplement la reconnaissance de l’autorité britannique sur les territoires placés sous autorité de la Couronne en Asie, notamment la Malaisie; les villes de Singapour, Malacca, Penang, Labuan; les îles du Pacifique; la Birmanie; le Raj britannique. Tandis que les Britanniques ne chercheront par aucun moyen à contester ou favoriser des mouvements de contestation de l’autorité japonaise dans les territoires que l’Empire administre, les Japonais feront de même dans les territoires que la Couronne britannique administre.

Il propose la signature d’un pacte de non-agression d’une durée de 10 ans, renouvelable, faisant suite à la volonté de supprimer toute ingérence de l’un des Empires dans les affaires de l’autre, qui se veut l’assurance que désormais la voie diplomatique sera préférée pour résoudre tout litige entre les deux États.

Il propose aussi la normalisation des relations économiques, rouvrant formellement toute possibilité d’investissements japonais dans l’Empire britannique et d’investissements britanniques dans l’Empire japonais. La Hong Kong & Shanghai Banking Corporation pourra ainsi de nouveau s’implanter dans la péninsule, l’organisation British Council ouvrir ses portes au Japon, des bureaux de change du yen vers la livre sterling et de la livre vers le yen établis de Singapour à Osaka.