[Rencontre] Négociations entre le Royaume de Syldavie et l'Hetmanat Maghar

♛ Hetmanat Maghar ♛

................Au franchissement de la frontière nord-est, Stanislas V. Cipris, le Président du Conseil, se remémorait le long voyage à travers son doux pays. En partant secrètement de Liedau avec un cortège restreint de diplomates, de chefs d'entreprises et de militaires d'escorte, il rejoignit en train la ville de Rudelsau, la cité-forteresse comme la surnomme les locaux car nichée au sommet d'une colline au cœur de la forêt brune. Il y fit un arrêt de quelques jours, se reposant sagement avant de repartir d'une traite pour Toditz; déjà le changement de climat se faisait sentir : au sud de la Rosta, le climat océanique rend les écarts de températures moins violents qu'au nord du fleuve, où les vastes plaines parsemées de taïga impliquent des hivers rudes et des étés assez chauds mais pas comparables à ceux des Cités Libres d'Atlantas. Il n'y avait pas que le climat qui changeait mais aussi la population : les syldaves se mélangeaient aux colonisés et aux scittes à Toditz, communauté formée il y a quelques années grâce au commerce le long du fleuve. Lorsque la troupe arriva en gare, le chef de l’État ne put qu'admirer ce mélange étrangement calme des cultures et des peuples qui régnait ici, bien loin des révoltes des chardons de 1848 où les combats entre communautés faisaient rage. Une heure plus tard, l'expédition officieuse prenait un autre wagon en partance pour Novykarolina, la nouvelle ville la plus proche du territoire maghar. Nommée ainsi par des royalistes convaincus venant de Plavsko, l'ambiance était moins chaleureuse qu'à Toditz : on sentait la crainte qui régnait dans le cœur des gens, la propagande des précédents gouvernements ayant réussi à leur faire croire que la Horde se nourrissaient de bambins. A partir de là, le voyage se ferait à cheval le long du fleuve pour rejoindre le territoire de l'Hetmanat. Après quatre jours de promenade en territoire connu, Stanislas V. Cipris, le Président du Conseil, fut le premier syldave à franchir la frontière nord-est, balisée par des piquets où les militaires avaient écrit "Heslo a Odchází" ou en commun "Passe et Trépasse". Au bout de deux heures de marche, l'expédition vit un petit hameau dans lequel les enfants chahutaient, les femmes s'affairaient à la cuisine et les hommes pêchaient dans la Rosta. Le chef de l’État ne voulait pas aller à leur rencontre : il voulait juste être remarqué par ces paysans maghars qui iraient prévenir leurs seigneurs qui viendraient faire connaissance. Cela fut fait rapidement, le village entier ayant décidé de fuir à travers les plaines en suivant le fleuve, craignant peut-être une attaque syldave. Le campement fut monté et l'attente commença.

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♛ Hetmanat Maghar ♛

................Impressionné par la troupe qui vint à son encontre, le Président du Conseil, Stanislas V. Cipris, en déduisit que les maghars éprouvaient le même ressentiment vis à vis des syldaves et inversement : la peur et la méconnaissance du voisin rendaient le premier contact difficile, les milliers de soldats de l'Hetmanat étant prêts à foncer sur le ridicule contingent royaliste si ce dernier se révélait menaçant. Répondant lui-même à l'invective du chef des éclaireurs dans un commun parfait, le chef de l’État syldave lança : « Tout d'abord sachez que je ne suis en aucun cas une personne de sang royal mais un représentant choisi par le peuple de mon Royaume. Sinon, vous êtes perspicace : effectivement nous sommes venus ici pour parlementer avec le Khan qui réussit à terroriser les populations d'un continent entier. Si vous pouviez nous emmener à sa demeure, ce serait avec un profond respect que nous vous suivrions. » L'éclaireur se retourna vers ses compagnons et après quelques minutes durant lesquels les chevaucheurs des steppes nordiques discutèrent dans un dialecte inconnu, Mcakna accepta la proposition. Plusieurs centaines de cavaliers décidèrent d'escorter les diplomates syldaves jusqu'à des embarcations accostées sur les rives de la Rosta; après avoir embarqué, Stanislas V. Cipris put découvrir cette nation singulière durant le voyage qui le menait à Fort-le-Vent : le paysage se composait de vastes plaines et de petites collines dominées par la taïga, sur lesquelles indigènes et maghars vivaient en harmonie. Les premiers étaient sédentarisés dans des villages ressemblant à ceux des syldaves, tandis que les seconds préféraient jouir de la liberté qu'offrait la nature dans ces contrées. Bizarrement, ces deux peuples coexistaient dans un système fonctionnel : les locaux faisaient vivre le petit tissu industriel ainsi que l'agriculture, tandis que les maghars s'occupaient de la protection du territoire et de la chasse. Arrivés dans la capitale de l'Hetmanat, le Président du Conseil reconnut quelques influences architecturales des pays alentours : les maghars étaient donc une sorte de confédération de peuples divers, dirigés par le Khan Csanád qui arriva en retard, signifiant sa supériorité en langage diplomatique. Le représentant du Royaume de Syldavie prit alors la parole :

................« C'est donc vous qui avez réussi à faire trembler de peur plusieurs millions d'êtres humains ... Je suis Stanislas Valter Cipris, Président du Conseil des Ministres du Royaume de Syldavie, représentant de sa Majesté Caroline II, par la Grâce de Dieu, Reine de Syldavie, Protectrice de la Danau et de la Rosta et Grand-Croix de l'Ordre d'Emilis. Depuis votre établissement en tant que nation affirmée, nos relations diplomatiques n'ont cessé d'être déplorables : les précédents chefs de mon pays ont mené une politique de méfiance vis à vis de vous, nos alliés ayant attenté des actions militaires à votre encontre. Cependant, moi, nouveau dirigeant de la Syldavie, en a décidé autrement : lorsque l'Empire dominait le nord-ouest de l'Aradie et donc notre peuple, ses frontières étaient perpétuellement harcelées par des hordes de cavaliers guidés par la liberté et la soif de gloire, les maghars. Maintes fois les impériaux ont tenté de vous soumettre mais en vain, vous étiez trop puissants. Lorsqu'ils s'effondrèrent et que les différents entités composant l'Empire devinrent indépendantes, vous avez saisi quatre-vingts années plus tard le souhait de vous établir en tant que peuple fort et égal des autres de ce Monde. Nous, vos voisins, ne l'avons pas fait et c'était une erreur. C'est pourquoi je viens vous voir pour réparer cette injustice et faire en sorte que nos deux pays soient liés par des liens fraternels que nous et vous chérissons. Nous sommes prêts à rédiger et respecter un pacte pour la prochaine décennie à venir, pacte que nous vous proposons si vous acceptez de parlementer. »

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................« Nous sommes honorés par votre accord. Nous ne souhaitons pas vous impressionner ou vous rabaisser, comme l'ont sans doute fait d'autres visiteurs, c'est pourquoi je vous demande de prendre ces propositions de façon détachée et non dans le souvenir de nos conflits passés, propositions qui vous permettrait de vous intégrer dans la politique de notre continent. Tout d'abord, notre pacte porterait sur les affaires étrangères : le Royaume de Syldavie communiquera publiquement sous peu la promulgation de la doctrine Geradiev, nouvelle politique mondiale que devrait suivre toutes les nations du nord-ouest de l'Aradie. Appliquant la reálpolitika des conservateurs de mon gouvernement, cette doctrine délimitera un périmètre global à l'intérieur duquel l'ingérence militaire des nations étrangères se verrait sanctionnée par nos puissances respectives; en échange, nous n'interviendrions pas dans les conflits extérieurs au nord-ouest du continent. Dans quel but ? Simplement, pour respecter une politique isolationniste générale, politique que vous chérissez, qui nous permettrait d'échapper à la poudrière du centre aradien. Ne craignez pas un replis sur soi complet : chaque pays pourra échanger avec les étrangers mais il faudra éviter au maximum leur ingérence dans nos affaires. La doctrine Geradiev serait suivie par la Panhellénie, les Spartans, les Cités Libres, les Brumes, le Royaume de Syldavie et vous si vous acceptez. Respectée, cette politique redéfinira les rapports que vous entretenez avec voisins : nos alliés vous prendront enfin au sérieux, soutenant votre intégration au sein du Conseil d'Aradie et d'une alliance de défense regroupant les pays précédemment définis, vous élevant au rang de nation égale aux autres.

................Concernant nos liens directs, nous souhaiterions devenir des alliés précieux de l'Hetmanat, vous offrant un frère sur lequel compter en cas de guerre : l'ouverture de nos frontières respectives aux marchands serait un bon début, en plus de la fin de la propagande dépeignant le voisin de barbare sanguinaire. Pour vous faire évoluer économiquement, nous serions prêts à prendre en charge la création de vos lignes de chemins ferrés ainsi que de télégraphe, expliquant la présence d'industriels syldaves à mes côtés. Nous considérons aussi le transfert de technologies militaires comme étant possible contre la libre-circulation totale de tous les navires voguant sur la Rosta. En outre, concernant les territoires colonisés, nous vous proposons de rétrocéder deux kraj nous appartenant dans la forêt brune en échange de la non expansion de votre pays au delà des frontières actuelles. Enfin, mes chefs militaires sont très intéressés par vos cavaliers que nous souhaiterions engager au sein de nos forces armées en tant que mercenaires. »

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