Conférence de Berlin (Allemagne - Portugal)

Cher kaiser, nous sommes satisfaits de pouvoir enfin vous rencontrer, afin d'évoquer avec vous des affaires importantes, notamment au niveau des colonies africaines. Nous espérons pouvoir trouver un terrain d'entente et mettre fin à nos querelles passées. La fin de la monarchie au Portugal a été marquée par une volonté d'accroître les relations diplomatiques avec l'ensemble des puissances mondiales, dont vous faites partie, et de mettre en place des échanges. Puisque vous êtes mon hôte, je vous laisse l'honneur de choisir le sujet sur lequel nous allons débattre en tout premier.

Effectivement, toutes ces querelles appartiennent au passé, et il n'y a plus aucune raison de se vouer une hostilité réciproque. Au niveau de l'Afrique, je ne pense pas qu'il y ait de conflit d'intérêts entre l'Allemagne et la France. J'accepte avec plaisir votre proposition de traité, et vous invite à le signer dès la fin de notre entrevue. Celui-ci est une grande nouvelle pour notre jeune et naissante république qui a besoin de s'ouvrir au monde et aux grandes nations européennes.

En ce qui concerne le conflit nippon-siamois, le Portugal ne désire pas s'y engager et se déclare neutre. Cependant, nous partageons votre avis quant-à l'agressivité nippone quelque peu démesurée face à un pays encore en voie de civilisation et dont l'armée est rudimentaire. Bien que nous soyons une nation amie de la France, partenaire du Japon, nous n'admettons pas la politique agressive de ce dernier, et avons décidé de geler toute relation diplomatique avec lui. Nous aimerions jouer le rôle de médiateur car il est vrai que nous craignons que ce conflit ne s'étende au monde entier. Je vais donc envoyer plusieurs de mes navires dans les eaux siamoises afin d'observer ce qui s'y passe. Si vous le souhaitez, vous pouvez utiliser notre port militaire de Macao afin d'y amarrer vos navires de guerre. J'ai bien noté la volonté de l'Allemagne d'intervenir dans cette région du monde afin d'y apaiser les tensions. Considérez donc que vous avez le soutien total du Portugal dans ce rôle, et que vous pourrez librement faire usage de nos installations militaires asiatiques.

En ce qui concerne le Siam, il est clair que la capitale a été entièrement dévastée par l'attaque française, tuant ainsi des milliers de civils innocents. Étant donné l'état actuel de ce pays, je pense qu'il serait opportun de débattre de son avenir immédiat lors du sommet de Lisbonne. Si le pays devait être placé sous tutelle politique, j'estime que chaque empire colonial a le droit d'y prendre part, et pas seulement la France et le Japon. Malgré sa stratégie de non-aligné, le Portugal argumentera en faveur d'un partage de ce royaume entre chaque entité représentative. A mon humble avis, le Siam va nécessiter une tutelle étrangère d'une décennie au minimum, pour l'aider à se reconstruire sur le plan économique et industriel. Mais je ne milite pas non plus pour une occupation du Siam au-delà du terme de sa reconstruction. En attendant, les combats doivent cesser, il y a eu assez d'effluves de sang en Asie de l'Est. J'ai aussi pris connaissance de votre volonté d'organiser une conférence de paix pouvant mettre un terme à cette guerre, et suis absolument favorable à son organisation urgente. Je suis d'accord pour qu'elle se tienne à Pékin, bien évidemment si le nouveau dirigeant chinois l'accepte.

Si la France est effectivement notre partenaire économique ainsi que notre allié de circonstance, nous ne soutenons pas pour autant l'ensemble de sa politique coloniale. Il est vrai que les Français ont tendance à dériver vers un impérialisme radical - ce que ne font pas le Portugal et l'Allemagne - et que la situation marocaine est assez ambiguë. Monsieur le Président de la République française m'a sommé de ne pas évoquer le cas du Maroc lors du Sommet de Lisbonne, ce que je trouve bien dommage, car cette rencontre inédite et exceptionnelle entre toutes les entités coloniales ne devrait pas se reproduire avant longtemps. Mettre l'ensemble des cartes sur table afin de régler toutes les querelles aurait été intéressant. Je suis toutefois prêt à essayer de jouer le rôle d'intermédiaire entre l'Allemagne et la France dans ce cas particulier, afin que chaque partie trouve son intérêt.