Re: [V1423] Topic officiel

par **Oberyn** Lun 29 Avr 2024 - 0:12

Jean de Lancastre
Régence du Royaume de France

Les festivités vont bon train à Amiens. Depuis qu'un accord a été trouvé avec le duc Philippe de Bourgogne, c'est comme si quelqu'un avait ouvert d'un coup toutes les fenêtres du palais, laissant la bonne humeur s'installer. C'est à ce moment qu'arrive finalement le duc Jean V de Bretagne. Il est impassible, sévère, et je constate immédiatement qu'une partition compliquée devra être jouée avec lui. Les tensions dans la manche ont laissé un passif, et je décide finalement pour l'instant d'éluder le sujet. La signature d'une triple alliance à l'issue de cette rencontre d'Amiens est le plus important. J'ai appris avec surprise l'echec des premiers raids orchestrés par le comte de Montaigu, et je sais qu'un appui à l'ouest du royaume est aujourd'hui capital. La guerre se jouera probablement ici. Pour joindre le duc solidement à notre cause, je ne vois pas d'autre issue que de lui promettre un territoire actuellement situé sur les terres que nous convoitons. Je lui promets ainsi solennellement le titre de Duc de Touraine, aujourd'hui sous contrôle français et promis par Charles à un noble écossais, sous réserve que soit menée à bien la reconquête des terres de l'ouest. Le duc écoute, hoche la tête, mais habile en diplomatie sait cacher comme toujours ses intentions. Serait-ce suffisant pour finalement clore ce sommet et entériner un traité d'alliance tripartite à Amiens ?

A peine m'apprêtais je à rentrer dans mes quartier quand je reçois une missive du duc Amédée de Savoie. Il requiert une alliance avec le royaume d'Angleterre, pour mener avec lui la guerre contre les troupes de Charles. L'annonce est extrêmement bienvenue, la Savoie peut être un allié naturel du royaume en France. Je n'ai pas d'enfant à lui promettre. Reste la possibilité d'un mariage du duc de gloucester, je lui transmets une missive en ce sens, même si je sais qu'il avait également des vues sur le Hainaut, déjà convoité par Philippe de Bourgogne. Un mariage du duc de gloucester avec la fille du duc de Savoie pourrait ainsi m'enlever une épine dans le pied dans mes relations avec la Bourgogne me faire remporter un allié solide dans le sud est français. S'il venait à refuser, resterait un autre parti : le jeune roi en personne. Mais il faudrait que je rentre à Paris pour m'occuper de cela.

C'est à ce moment que je reçois encore un nouveau courrier, lui indiquant qu'un certain Godefroy, représentant du Royaume de Navarre, l'attend à Paris. Un autre partenaire potentiel ? Il répond sporadiquement en demandant à ce qu'il soit parfaitement bien traité, et assure qu'il s'apprête à rentrer.

Un nouveau courrier arrive : une gigantesque offensive française se serait mise en route vers le nord. Elle serait menée par Charles en personne. Jean confie à John Talbot la charge de lever les armées massives en Normandie et à Paris pour aller à sa rencontre. Thomas Montagu doit quant-à-lui préparer les défenses des villes en première ligne avec les troupes qui lui avaient été confiées pour sa chevauchée. Il serait vraiment temps que ce traité soit signé.

par **Pierremenez** Lun 29 Avr 2024 - 19:49

Royaume de Navarre et Duché de Nemours

Cela faisait quelques instants que Godefroy de Navarre et son escorte de cavaliers étaient arrivés à Paris. Le joyau du Royaume de France grouillait de vie, dans les rues de la ville se mêlait une foule disparate allant du moine prononçant sa litanie, au môme faisant la manche. Mais pour les Navarrais, cette grande cité n’était pas ce qu’ils s’imaginaient, elle était sombre, sale et puante. Certains gardes royaux regrettaient déjà leur affectation et voulaient d’ores et déjà rentrer au château d’Olite. Mais pour le bâtard, Paris était synonyme de plaisirs et surtout d'opportunités. Ekhi, le commandant des francs-coureurs, était quant à lui hypnotisé par les Parisiennes, bien plus sophistiquées que les paysannes et bergères qu’il avait l’habitude de fréquenter dans ses montagnes pyrénéennes. L’excitation montait et le rustre basque prit la parole :

« Maître Godefroy, pouvons-nous faire un tour dans les tavernes ?
- Pas maintenant, sale chien ! objecta-t-il.
- Mais nous méritons…
- Tu ne mérites rien, fils de catin ! Tu auras tout le loisir de t’amuser, toi et tes hommes, quand nous mettrons à feu et à sang la terre de France, l’interrompit le bâtard de Navarre.
J’espère bien ! Je ne suis point un homme d’honneur et j’ai vu ce que font les bandits français sur cette terre, ce ne sera rien par rapport au Basque, fanfaronna Ekhi.
- Pour l’instant, tiens-toi et tiens tes bêtes enragées. Ne me fait pas honte devant le régent anglais, je compte bien vendre nos services. »

par **Davoan** Lun 29 Avr 2024 - 23:49

Un pour tout !

Chroniques du Pays Lorrain

Année 1423

Une petite réunion de famille sur la Moselle..

Le jour se levait à peine sur la résidence de la princesse Isabelle. René était parti plus tôt, dans le village en contre-bas, faire un petit tour auprès des rares fermiers et paysans qui y habitaient. Levée à l'aube pourtant, après une reposante et agréable nuit de sommeil, Isabelle faisait les cent pas dans la maison qu'ils habitaient depuis quelques mois déjà, qui leur avait été construite spécifiquement, non loin de la Moselle, car Isabelle et son mari aimaient s'y baigner. Elle était angoissée, et pressentait qu'aujourd'hui ce ne serait pas un très glorieux jour, car son père était sensé arriver depuis déjà quelques jours, dans le cadre de son tour du pays, mais il n'y avait pas de nouvelles. Elle avait un mauvais pressentiment, mais il ne fallait rien dire à René. Ce dernier, toujours désireux de satisfaire sa femme, aurait fait mobilisé tous les gardes de la région à la recherche du duc, et ce probablement pour rien car Isabelle avait toujours été assez angoissée lorsque son père tardait à revenir de ses voyages.

Au bout de deux heures, René revint, et annonça à sa femme qu'il avait demandé à ce que l'on cuisine le gibier chassé sur la route pour rentrer, ce qui lui chassa toute angoisse d'autant qu'il lui avait dit qu'ils avaient pu chasser des lapins et surtout, un beau sanglier, bien dodu et bien gras. La préparation allait prendre un peu de temps, mais l'attente en valait la peine, disait-elle. Pendant que le repas était en train d'être préparé, René partit dans la bibliothèque, et Isabelle alla se balader dans leur jardin, qu'elle aménageait avec sa servante Clara (une jeune napolitaine, qu'elle avait recueilli sur le port de Naples car elle était sans le sou et crève-la-dalle, suppliante envers la jeune princesse) depuis quelque mois. Clara parlait désormais parfaitement le franc, et apprenait également le Lorrain. En échange, Isabelle apprenait de sa jeune napolitaine leur langue à eux, ainsi que le florentin, que Clara avait appris lorsqu'elle faisait la putain pour de riches florentins en voyage à Naples.

Après plus d'une heure de préparation, le repas était enfin prêt. René se mit à table, et lorsque Isabelle vint pour s'asseoir, Clara toujours à ses côtés, l'on entendit, au loin, le bruit des sabots d'une petite troupe de chevaux. Isabelle ne prit pas le temps de se mettre sur son siège, et s'empressa d'aller guetter par les fenêtres, suivi de près par Clara et ensuite par René, qui s'empressa lui de sortir, reconnaissant de loin les blasons du duc. Celui-ci n'était pas seul cependant : derrière lui, une autre troupe à cheval l'accompagnait, et elle ne portait pas le blason lorrain. Isabelle reconnut elle rapidement les blasons de son cousin, le comte Antoine de Vaudemont. Que faisait-il ici ? Ces derniers mois, ce dernier s'était montré très insistant auprès de son père, le duc, pour ce qui concernait les questions d'héritage du duché. Isabelle le savait, le moment de tous se réunir pour en discuter une bonne fois pour toutes était arrivé, et elle redoutait ce moment.

Charles, duc de Lorraine, s'installa en bout de table. Son plus fidèle conseiller, un gros bonhomme barbu que l'on aurait cru venir de loin à l'Est tellement il était rude et barbare, s'était lui assis à sa droite, tandis que son écuyer, un jeune homme très pâle, aux yeux bleus et aux cheveux blonds et longs - sur lequel Isabelle avait par ailleurs craqué mais qu'elle ne pouvait plus avoir maintenant qu'elle était mariée - s'était installé à la gauche du duc. Antoine, son cousin, s'était installé à l'autre bout de la table, juste en face du duc. A la droite d'Antoine, inquiet et stressé par la situation, siégeait René. Isabelle savait très bien que ce dernier n'avait que très rarement été à une table de négociations sans un des autres membres de la famille d'Anjou, et que la situation était plus qu'angoissante pour lui. Enfin, Isabelle s'était mise à la gauche du conseiller de son père, en face de son mari. La table était prévue pour six personnes, et le repas était plus que suffisant : c'était à en croire que le Seigneur avait prévu cette réunion de famille.

Charles, après que le repas fut fini et que tout le monde ait terminé sa chopine, initia la conversation que tout le monde redoutait :
« Bon. Vous vous doutez bien, chers tout le monde, que nous ne sommes pas là simplement pour déjeuner et discuter de comment nous allons. Les affaires sont sérieuses, et concernent l'avenir de notre famille. Alors je demanderais à tout le monde de ne pas perdre de temps, et que l'on en vienne au seul sujet qui compte : mon héritage. Je suis bien conscient que si ma fille, Isabelle, ici présente, venait à hériter du duché, alors ce dernier serait rapidement mêlé aux possessions de la maison d'Anjou, que représente ici ce cher et brave René que j'affectionne beaucoup. Mais alors la maison de Lorraine perdrait sa possession principale et majeure, et l'on pourrait considérer cela comme un drame. De surcroît, si Isabelle héritait et venait à négocier de pouvoir gouverner par elle-même le duché, tandis que René se contentait des possessions de sa famille, alors au sein des autres duchés, royaumes et comtés, l'idée qu'une femme gouverne serait mal venu. Maintenant, imaginons que Antoine, ici présent en face de moi, hérite, en tant que seul héritier mâle de cette lignée, de l'ensemble de mes titres. Il y aurait plusieurs avantages, mais aussi plusieurs inconvénients : les avantages, ce serait qu'un homme, de la maison de Lorraine, serait toujours à la tête du duché et de ses possessions inférieures, ce qui permettrait à la fois de se garder le respect des autres souverains, mais également de conserver de sûr nos possessions au sein de la maison de Lorraine. Mais les inconvénients sont multiples également : tout d'abord, Isabelle pourrait continuer à revendiquer sa légitimité à hériter des titres de son propre père, et cela pourrait créer des tensions. Et je ne veux pas qu'une guerre éclate entre vous deux il regarda Antoine, puis Isabelle, d'un air autoritaire et sévère. Mais également, cela ferait rentrer le duché directement en conflit avec la maison d'Anjou, qui aurait également des revendications sur mes titres une fois ces derniers hérités par Antoine.
- Eh bien, mon oncle, le coupa Antoine, un peu pressé visiblement mais aussi agacé d'être à cette réunion, que proposez-vous ?
- Voilà ma proposition, chers enfants. Je propose de confier mes titres à Antoine, à plusieurs conditions : Isabelle, tu renonceras à tes prétentions sur les titres, et tes enfants également ne revendiqueront plus le titre de duc de Lorraine ainsi que les responsabilités affiliés. Mais René, au nom de la maison d'Anjou, tu devras informer ta famille de cette nouvelle, et cette dernier aura un droit d'approbation ou de désapprobation de cette décision. Antoine, dans ton cas, tu t'engageras à cesser toute revendication si la maison d'Anjou vient à refuser que tu hérites de mes titres. Est-ce bien clair pour chacun d'entre vous ?
- Je ne peux pas dire que cela me convienne totalement, mais si telle est votre décision, alors je m'y plierais, fit Isabelle, la tête baissée et évitant le regard de son mari mais aussi de toute autre personne à la table, terriblement malheureuse et surtout déçue de ce qui était en train de lui arriver.
- J'en informerais ma famille, mais pour l'instant, cela me convient également, répondit René, qui s'empressa de regarder sa femme, cherchant son regard approbateur de d'habitude, mais n'y trouvant que des yeux baissés vers les cuisses, décelant un regard triste et déçu. Il ajouta alors, ma famille, cependant, risque de ne pas accepter, mais nous pourrons convenir d'une autre alternative pour qu'Isabelle soit héritière du titre et que ce dernier ne soit pas incorporé dans notre maison.
- Cela convient, mon oncle, et je vous remercie. J'accepte de ne plus revendiquer le titre si la maison d'Anjou vient à refuser, car bien que j'estime mériter cet héritage selon les lois ancestrales de nos terres, je n'oserai pas rentré en conflit avec mon cher et tendre beau-cousin, ainsi que sa famille, envers lesquels j'ai bien trop de respect et d'amitié.
- Très bien. René, vous viendrez me chercher à Nancy pour m'annoncer la réponse de votre famille dès que cette dernière vous sera parvenu. Maintenant, je dois vous laisser. Il me reste quelques comtes et chevaliers à voir et auxquels donner quelques ordres avant d'enfin rentrer à Nancy. Je vous transfèrerais des invitations pour un banquet avec d'autres nobles et importantes familles d'ici peu, lorsque toute cette situation aura été mise au clair, pour célébrer notre paix et notre capacité à discuter et à faire de la diplomatie, de la parole, une meilleure arme que les épées et les lances.

Le duc se retira, suivi de près par son conseiller, par son écuyer, puis quelques minutes après, par Antoine, qui regardait Isabelle d'un air moqueur, comme quand ils étaient plus jeunes, les yeux rougis par le vin et la bière. René regarda Antoine, qui baissa les yeux immédiatement, intimidé par l'héritier de la maison d'Anjou. Ce dernier vint trouver Isabelle, pour discuter de tout cela avec elle, mais elle préféra partir, pour d'abord embrasser son père, puis pour ensuite retourner à ses occupations dans le jardin, informant Clara de dire à René, s'il la cherchait, que madame n'était pas disponible avant demain, et qu'elle ne souhaitait aucunement discuter.