¤ V1960 ¤ Bilan Géopolitique

Modération

Bilan géopolitique :

L’année 1960 n’a pas été l’objet de bouleversements majeurs dans le monde, toutefois de nombreux évènements ont marqué l’année qui s’achève.

Au niveau des relations Est-Ouest l’année a vu la poursuite d’une certaine « Détente » entre les États Unis et l’Union Soviétique. Ce rapprochement entre les deux Grands a notamment été symbolisé par la visite du président Eisenhower à Moscou, réponse directe au voyage de Khrouchtchev aux USA en 1959. Malgré « l’affaire du U2 » qui a quelque peu crispée les relations entre Washington et Moscou en fin d’année celle ci s’achève donc sous le signe de la détente entre les superpuissance et aucune crise majeure n’est survenue entre les deux blocs ni même au sein de l’un d’entre eux. Preuve de ce climat plus apaisé les soviétiques ont même proposés en décembre la tenue d’un sommet visant à un certain « désarmement » en l’Europe du sud est.

Au niveau interne les deux superpuissances n’ont pas non plus connues de bouleversements majeurs. Malgré un tout relatif ralentissement économique aux USA la croissance a été au rendez vous dans les deux pays, et plus globalement dans le monde entier, et aucune crise majeure n’est survenue. A vrai dire le fait marquant de l’année se situe plus dans les changements au sein des équipes au pouvoir. 1960 a ainsi vu l’élection aux États Unis de Richard Nixon à la présidence et la mise à l’écart de Khrouchtchev au Kremlin. Ce dernier a en effet été « renversé » par la nomenklatura au profit du héros de la Seconde Guerre Mondiale subitement revenue en grâce, le Maréchal Joukov qui fait désormais figure de nouveau numéro un du régime depuis son accession à la présidence du conseil des ministres. L’année 1961 devrait voir son sacre définitif avec son élection au poste de secrétaire général du Parti lors du Congrès de ce dernier.

Le continent américain a lui été marqué par l’affaire de Cuba et les agissements de la République dominicaine. Le gouvernement castriste a ainsi consolidé son emprise sur l’île et entamé une politique clairement anti américaine à base de nationalisations et de rapprochement avec Moscou. En réponse les États Unis ont décrétés un embargo économique total vis à vis l’île mais le régime cubain tient malgré tout bon pour l’instant. La République dominicaine, dictature pourtant officiellement pro américaine a également été mise au ban de la communauté américaine suite à la tentative d’assassinat du président vénézuélien fomentée par son dirigeant. En sursis auprès de Washington la dictature dominicaine a de plus du affronter en fin d’année une tentative de coup d’État manquée fomentée depuis Cuba.

En Afrique l’année a tout d’abord été marquée par les tentatives ratées du président guinéen Sékou Touré d’étendre à des pays voisins son Union des Etats africains ( rassemblant actuellement Ghana et Guinée ). Déployant à l’extérieur une politique étrangère tournée vers l’URSS le président a toutefois du affronter en fin d’année une tentative ratée de coup d’État au cours de laquelle il a été blessé. La République Arabe Unie s’est elle engagée dans une réforme administrative visant à la transformation de l’Union en une vraie fédération tout en poursuivant le développement de son outil militaire auprès de Moscou. Le Maroc lui aussi s’est lancé dans de vastes projets visant à développer le pays mais ce dernier a été frappé en fin d’année par un terrible séisme qui a profondément endeuillé le pays. Plus au sud le Congo Léopoldville sombre dans une sanglante guerre civile, le pays est d’ores et déjà séparé entre deux gouvernements rivaux auxquels il faut ajouter deux régions sécessionnistes. Enfin l’Afrique du Sud est elle devenue officiellement une République au cours de l’année tandis que son gouvernement cherche à approfondir l’apartheid et la séparation des blancs et des noirs, notamment en assurant le développement réel des bantoustans ( politique au final assez mal reçue par les blancs sud africains qui craignent des expropriations au profit des noirs dans certaines zones ).

En Europe le Royaume Uni et la France ont poursuivie leur politique de décolonisation. Le gouvernement britannique a ainsi présenté un complexe plan de partage de l’Afrique selon un découpage ethnique qui devrait aboutir en 1961 tandis que la grande majorité des colonies françaises d’Afrique noire ont également accédées à l’indépendance ( même si ces nouveaux États restent fortement liées à la France dans le cadre de la Communauté Française ). Seule ombre au tableau la question algérienne. La France ne semble en effet pas décidée à décoloniser les départements algériens, l’année a donc été marquée par une intensification des « évènements » tant en Algérie ( plan Challe et revers du FLN, intensification de la répression ) qu’en métropole ( attentats du FLN, forte répression policière du préfet Papon ). Le président de Gaulle semble actuellement pencher en faveur de la mise en place d’une Algérie « associée » à la France mais le conflit est loin d’être réglé. Ailleurs en Europe aucun évènement majeur. En guerre avec l’Inde pour Goa le Portugal de Salazar intensifie ses contacts diplomatiques avec les pays occidentaux et cherche à développer son outil militaire tout en se refusant à toute décolonisation. L’Espagne reste elle sous la férule du Général Franco qui cherche également à assurer l’ancrage occidental de son pays et à développer l’économie tout en se refusant à la décolonisation de ses dernières possessions africaines. A l’est rien de nouveau outre le développement de la culture du raisin dans la glorieuse Albanie du camarade Hoxha et les efforts de la RDA pour faire de Berlin Est la vitrine du socialisme.

En Asie l’Inde de Nehru a pris le contrôle de Goa au prix d’une grave crise avec le Portugal. Au niveau interne le gouvernement poursuit une politique de développement économique à tous les niveaux et cherche à multiplier les accords extérieurs ( accords avec les USA et l’URSS ). La République Populaire de Chine tente elle de sortir de l’échec du Grand Bond en Avant maoiste et a lancé un nouveau plan quinquennal chargé de rétablir la situation et de poser les bases d’un développement futur tandis que le PCC a profité de l’année pour se rapprocher de son camarade soviétique et intensifier ses liens avec les PC d’Asie du Sud Est. En Indonésie le président a entamé une politique de rapprochement avec Washington au grand dam du puissant parti communiste local. L’Irak s’est retrouvé au cœur d’une grave crise diplomatique avec les occidentaux suite à la nationalisation de son pétrole en début d’année et a été réduite au payement de lourdes indemnités.